Disclaimer : Les lieux et les personnages appartiennent à JK Rowling, l'intrigue appartient à Ashwinder et la traduction m'appartient.
Note : Les paroles de l'auteure sont entre crochets [].
Réponses aux reviews :
Célina : La voilà.
Ataensic : Merci beaucoup pour ta review. Oui je compte la traduire jusqu'au bout en essayant de garder la cadence d'un chapitre par semaine. Je compte aussi traduire la suite, mais j'ai déjà dit que je la mettrais à jour sûrement beaucoup moins régulièrement car même si j'adore ces fics, ça me prend vraiment trop de temps de traduire chaque semaine.
Cécé Johnson : Evidemment que c'est bien ! HG c'est même le meilleur couple. Pour ce qui est de mettre plusieurs chapitres en même temps il n'y a aucune chance, j'ai déjà du mal à tenir cette cadence alors...
Ève : Merci beaucoup
solla : Oui je sais c'est triste mais je ne peux pas changer l'histoire, merci pour tous tes compliments, comme d'habitude.
alana chantelune : Ouais je sais je l'adore aussi. Je suis sûre que l'auteure appréciera tes compliments.
Rowena4 : Merci beaucoup d'avoir pensé à reviewer.
PikaSpy : Ce n'est pas grave si tu n'as pas mis de review avant. Merci beaucoup de nous avoir fait part de ton opinion.
Wynzar : Merci beaucoup. J'aime bien le style de tes reviews.
Lunenoire : Je suis désolée mais je ne sais pas si tes yeux vont aimer ce chapitre...
Miya Black : Cette phrase là au moins, elle est de moi ! Une des rares choses qu'on ne doive pas à la merveilleuse auteure...
Csame : Ta review m'a fait rire. J'ai toujours su qu'auteure n'existait pas, mais quand tu y réfléchis il n'y a pas longtemps on ne disait pas non plus avocate... Pourquoi y a-t-il autant de mots qu'on ne peut pas mettre au féminin ? Et puis de toute façon, avec le nombre de mots qui se retrouvent dans la langue française parce qu'on les a inventé ou parce qu'on les a emprunté à d'autres langues (frencher, review...). Ce sera à l'auteur(e) de décider si elle veut garder son "e" ou pas, voilà ! [Au Québec on met auteur au féminin justement. C'est accepté dans la langue écrite, et c'est même recommandé. Puisque j'habite au Québec, je garderais bien mon "e". J ]
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Ginny's Gift, Chapitre Vingt
"Tout est de ma faute," répéta Ginny, ses yeux emplis de larmes.
"Non, Ginny, ne dis pas ça."
"Mais c'est vrai."
Harry mit ses mains sur ses épaules. "Non ce n'est pas vrai. Ça n'est la faute de personne à part Voldemort." Il savait qu'il aurait probablement pu avoir l'air plus convaincant, mais s'il ne l'était pas c'était seulement parce qu'il avait lui-même des pensées similaires à celles qu'elle avait exprimées. Elle le regardait les yeux grand ouverts et secouant la tête, n'y croyant pas.
Harry soupira. "Assieds-toi." Doucement, il la poussa jusqu'à ce qu'elle soit assise sur son lit. Il s'assit à côté d'elle et prit une de ses mains. "Ginny, ton frère..." Il déglutit avant de dire le nom pour la première fois depuis qu'il avait appris la nouvelle. "...Charlie savait dans quoi il s'embarquait quand il a rejoint l'Ordre. Il savait que ça allait être dangereux et qu'il n'en sortirait peut-être pas vivant. Mais il n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement. Il était courageux, tu le sais. Un vrai Gryffondor."
Harry ne savait pas d'où venait tout ça, mais il espérait qu'il pourrait se convaincre pendant qu'il le disait. Une boule se formait rapidement dans sa gorge alors que ses émotions menaçaient de le submerger une fois de plus. Il avala difficilement et continua. "Il savait que ça pouvait arriver, et il a quand même décidé d'y faire face."
"Est-ce que tu essaie de rejeter la faute sur Charlie ?"
"Non ! Bien sûr que non ! Ça n'est la faute de personne à part du Mangemort qui lui à jeté le sort de la mort !"
"Sirius ne te l'as pas dit ?"
"Dit quoi ?" Sirius avait très bien pu le lui dire, mais il ne l'écoutait pas.
"Comment c'est arrivé."
Harry secoua la tête.
"Il a sauvé ton parrain, Harry. Il s'est jeté devant Sirius pour qu'il ne soit pas touché."
"Alors tu vois ? C'était un vrai Gryffondor."
Plus de larmes s'échappaient, coulant silencieusement à présent. Harry ne s'était jamais senti aussi mal. Il était déchiré entre se sentir soulagé pour Sirius et en colère contre les réflexes rapides de Charlie. Ginny s'essuya les yeux, et Harry mit ses bras autour d'elle, la berçant légèrement. Ça le calmait, lui aussi.
"Je n'y arrive pas, Harry," dit-elle après un moment. "Je ne peux pas y échapper."
"Quoi ?"
Elle sortit de son étreinte. "J'aurais pu le sauver, Harry !" gémit-elle. "J'aurais pu lui fabriquer un talisman. J'aurais pu en faire un pour Bill. Mais je ne l'ai pas fait. J'étais trop égoïste !"
Harry se souvint que Sirius avait dit dans une lettre qu'il avait rencontré Bill et Charlie sur le continent l'automne précédent. Bill combattait toujours pour l'Ordre quelque part. "Ginny..." commença-t-il à protester.
"Non, c'est vrai. J'aurais pu lui fabriquer un talisman et lui sauver la vie, et à la place j'en ai fait un pour Voldemort !"
Harry la regarda, ébahi. Elle avait dit le nom, mais il ne pensait pas qu'elle s'en soit même rendu compte.
"Et tout ça simplement parce que je ne voulais pas souffrir," continua-t-elle. "Et bien je n'ai pas pu m'empêcher de souffrir, si ? C'est simplement une différente sorte de douleur !"
"Ginny, ne t'infliges pas ça. Ce qui est fait est fait !"
Elle se leva abruptement, ses yeux brillants de colère. "Non, ce n'est pas fait ! Ce n'est pas près d'être fini ! Tu sais que Voldemort ne va pas s'arrêter !"
"À moins que quelqu'un ne l'arrête," répondit calmement Harry, espérant qu'elle attraperait la perche et se calmerait.
"Exactement !" Elle se tourna et commença à avancer vers la porte.
"Attends !" l'appela Harry complètement paniqué. "Où vas-tu ?" Il n'aimait vraiment pas les conclusions auquel il était arrivé d'après ses actions.
"Faire ce que je peux !"
Il la rattrapa et attrapa son poignet, la ramenant dans la chambre. "Attends un peu, tu ne peux pas partir comme ça !"
"Ne me dis pas ce que je peux ou ne peux pas faire, Harry Potter !"
Harry ne savait vraiment pas comment ils étaient arrivés à se disputer tout à coup, mais c'était fait. Les yeux de Ginny lui lançaient des éclairs, et soudainement il se sentit aussi en colère qu'elle avait l'air de l'être. Il sentit sa figure prendre des couleurs. "Tu pourrais au moins me dire ce que tu as l'intention de faire."
"Ne t'inquiète pas," dit elle d'un air sarcastique." Je ne vais pas prendre ta place et aller défier Voldemort."
"Ça ce n'était pas mérité !"
Elle continua à avancer, l'ignorant. "Oh non ! Rien d'aussi dramatique que ça ! Mais au moins je peux protéger Bill."
"Tu n'as pas l'intention de faire un autre talisman ! Ginny, tu es énervée. Tu n'es pas en état..."
Elle croisa les bras sur sa poitrine. "Et tu es devenu un expert tout d'un coup ?"
"Ginny, tu viens juste de subir un choc. Souviens-toi du temps que ça t'a pris pour récupérer la dernière fois ? Et tu es seulement remise. J'ai eu l'impression que ça t'as pris plus longtemps cette fois-ci que l'été dernier. Et si c'est pire cette fois-ci ?"
"C'est un risque que je vais devoir prendre."
Harry avait envie de maudire l'entêtement des Weasley, mais une partie lucide de son esprit réalisa que ce ne serait pas une bonne chose à faire. "Non, pas forcément." Il venait de penser à quelque chose. Peut-être qu'il pouvait faire d'une pierre deux coups. Il alla voir dans son armoire et chercha jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il cherchait. "Voilà." Il lui lança le collier. "Bill peut prendre le mien !"
"Harry, je l'ai fabriqué pour toi !"
Elle n'allait pas voir ça comme un rejet d'elle, si ? "Ginny, il n'y a rien de personnel. Je pense que ce serait mieux si je ne le gardais plus. Tu sais comme ça peut bloquer la douleur dans ma cicatrice. Et je le portais à Noël et je l'ai oublié..."
"Oh, ne commence pas maintenant ! De toute façon ça n'a pas d'importance. Je l'ai fait pour toi. Il ne marchera pas pour qui que ce soit d'autre. Mais si tu ne l'aimes pas..."
Un sanglot l'empêcha de continuer, et elle se tourna, se cognant dans Ron, qui venait juste d'entrer. "Vous vous rendez compte qu'on peut vous entendre jusque dans la salle commune ?"
Harry ne répondit pas. Ginny avait déjà profité de l'interruption et était sortie. Harry serra le collier dans son poing et écarta Ron pour passer, le laissant la bouche ouverte dans une pièce vide.
Harry ne pensa même pas à l'endroit où il allait jusqu'à ce qu'il sente l'air froid sur ses joues et la neige mouillant ses chaussures. Puis il comprit qu'il était sorti dans le parc sans sa cape. Il faisait déjà noir et un vent vigoureux soufflait. Il frissonna, mais il accueilli la gêne. Il continua à marcher, son esprit complètement vide jusqu'à ce qu'il arrive au bord du lac.
Puis il s'arrêta et regarda l'eau noire clapotant contre la rive incrustée de glace. Il repensa à ce qui venait juste de se produire dans le dortoir, essayant de trouver le moment où ça avait dégénéré. Il n'avait aucune idée de ce qui avait mal tourné, et il n'avait absolument pas eu l'intention de contrarier Ginny davantage. Aucun d'entre eux n'avait besoin d'une autre raison d'être bouleversé.
Il sortit son poing de sa poche, et déroula ses doigts d'autour du collier. La gemme blanche brilla d'un air moqueur dans la lumière pale de la lune. À ce moment-là il se dit qu'il aurait préféré ne jamais poser les yeux dessus. On aurait dit que ce collier était responsable pour tout ce qui allait mal en ce moment. Il regarda du collier à l'eau, puis le collier de nouveau, renforçant sa résolution. Puis il referma ses doigts dessus une fois de plus, leva le bras, et recula d'un pas, ayant l'intention de le lancer aussi fort et aussi loin que possible.
"Je ne ferais pas ça si j'étais toi, Harry. Un jour viendra peut-être ou tu pourrais avoir besoin de lui."
La voix l'avait interrompu juste avant qu'il puisse relâcher le collier. Il laissa retomber son bras et se tourna pour faire face à Dumbledore. La figure du directeur était majoritairement dans l'ombre, faisant ressortir les rides de souci encore plus que d'habitude. Il mit une main sur l'épaule d'Harry. "Les moments comme ceux-là ne sont jamais faciles, particulièrement pour la famille. Parfois la tristesse pousse les gens à dire des choses qu'ils ne pensent pas et à faire des choses qu'ils n'ont pas envie de faire."
Harry ne répondit pas. La main sur son épaule appuya plus fermement. Dumbledore commença à marcher, ramenant Harry vers le château. "Madame Pomfresh me tuerait si elle savait que je t'ai laissé dehors sans cape. Si nous nous dépêchons nous arriverons à temps pour le dîner. Il y a un bon, chaud Lancashire hot pot au menu, si je ne me trompe pas."
Harry n'avait pas très envie de manger, mais il suivit Dumbledore à l'intérieur du château tout de même.
*
Les jours suivants passèrent rapidement. Une sorte d'engourdissement avait envahi Harry, très similaire à celui qui était apparu quand Sirius lui avait appris la nouvelle pour la première fois. Il ne chercha pas à voir son parrain ; il ne se sentait pas d'humeur à voir qui que ce soit. Il faisait toujours les actions de se lever et d'aller en cours, mais à l'intérieur il se sentait glacé.
Pour une certaine raison, la mort de Charlie semblait affecter Harry plus encore que celle d'Hagrid ne l'avait fait, et il avait du mal à comprendre pourquoi il en était ainsi. Il avait mieux connu Hagrid ; il avait passé plus de temps avec lui, en tant qu'élève et en tant qu'ami ; il avait déjà vécu ça plusieurs fois avec des gens qu'il avait connu.
La façon dont Hagrid était mort n'était pas si différente que ça. Il avait été envoyé comme un émissaire aux géants durant l'été après la quatrième année d'Harry pour convaincre les géants de ne pas se rallier à Voldemort. Ils ne l'avaient pas tous écouté, pourtant. Certains d'entre eux étaient peut-être déjà alliés à Voldemort. En tout cas, quand Hagrid était retourné les voir l'été suivant, on lui avait tendu une embuscade. Harry était déjà retourné chez les Dursley pour les vacances sans personne pour le consoler, en fait, quand il avait reçu la nouvelle. On avait pris des dispositions pour qu'Harry puisse être présent aux funérailles à Poudlard, et il avait vu Ron, Hermione et Sirius là-bas. Ils avaient traversé cette période ensemble et s'étaient soutenus les uns les autres par courrier pendant le reste de l'été.
Peut-être qu'Harry avait simplement oublié le sentiment de vide avec l'écoulement du temps. Peut-être que c'était le fait que Charlie ait été beaucoup plus jeune. Ou peut-être que c'était parce que Ginny ne lui parlait pas. De toute évidence, elle n'avait pas disparu quelque part pour fabriquer un talisman à Bill, mais Harry l'avait à peine vue. Elle refusait de rester dans la même pièce que lui. Durant les rares occasions où il avait réussi à croiser son regard pour un court instant, elle avait eu l'air renfermée, pas seulement envers lui, mais envers tout le monde. Il aurait aimé plus que tout pouvoir lui jeter un sort pour lui faire baisser la garde, mais il y avait un mur entre eux à présent, et il ne savait pas comment il devait le briser.
C'était un samedi après-midi, et Ron et lui mettaient leurs robes les plus habillées pour le mémorial, qui devait avoir lieu dans la Grande Salle. Aucun d'entre eux ne disait grand chose. Les Weasley pouvaient arriver à n'importe quel moment à présent, et la réunion promettait d'être sombre en fait. Harry n'était pas particulièrement heureux de devoir y aller.
Il y avait un petit coup à la porte, suivi par Hermione, qui passa sa tête dans l'entrebâillement. "Êtes-vous bientôt prêts ? Ils sont là." Elle avait relevé ses cheveux, et son badge de Préfète en chef avait l'air particulièrement brillant. Ron acquiesça et il avança vers la porte.
"Allez-y tous les deux," dit Harry. "J'arrive dans un instant."
Même s'il avait très envie que ce jour soit déjà terminé, il était soudainement réticent à descendre et à faire face aux Weasley. Il attendit jusqu'à ce qui lui semblait être la dernière minute avant de descendre les marches de son dortoir. Il était presque en bas de l'escalier quand il entendit des voix venant de la salle commune.
"Ginny, ton père et moi nous ne te tenons absolument pas responsable pour tout ça."
C'était Mrs Weasley. Harry se figea sur la dernière marche. Elle essayait de faire sortir Ginny de sa culpabilité, comme il l'avait lui même fait. Ce n'était probablement pas une bonne conversation à interrompre. Harry eut l'image de Ginny l'apercevant et sortant de la pièce.
"Mais j'aurais pu le sauver, maman !" protesta Ginny.
"C'est le sort de la mort qui a touché Charlie. Rien ne peut repousser le sort de la mort. Tu sais cela." Mrs Weasley avait l'air résignée.
Harry aurait pu se frapper pour ne pas avoir lui-même pensé à ça. Si seulement il avait écouté Sirius, il aurait peut-être pu utiliser cette information. Mais à ce moment-là il n'avait absolument pas anticipé la réaction de Ginny à cette situation.
"Le talisman d'Harry a renvoyé le Doloris au Chemin de Traverse l'été dernier," argumentait Ginny.
Il y eut une pause, et Harry imagina Mrs Weasley ayant l'air surprise. "Le Doloris est peut-être un Sortilège Impardonnable, et un très fort, mais rien ne peut repousser le sort de la mort."
"Harry l'a fait quand il était bébé." Ginny semblait se raccrocher aux branches maintenant.
"Ce n'était pas grâce à un talisman. Dans tout les cas, ils ne sont pas totalement infaillibles. Si quelque chose était arrivé à Charlie alors qu'il travaillait avec les dragons, un talisman ne l'aurait pas sauvé. Ça ne l'aurait pas rendu invincible."
Harry était assez étonné que Mrs Weasley puisse parler de ça aussi calmement, mais peut-être qu'elle avait déjà fait son deuil. Ou peut-être qu'elle faisait un effort Herculéen en restant composée pour le bien de Ginny. Il se pencha un peu hors de l'escalier pour essayer d'apercevoir sa figure, mais elle lui tournait le dos.
Ginny, d'un autre côté, faisait face aux escaliers, et il ne pensait pas qu'elle apprécierait qu'il les ait écouté. Ses intestins se tordirent de culpabilité à ce qu'il faisait, et il se remit dans l'escalier. Il savait qu'il ne devrait pas écouter, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il n'avait pas envie d'interrompre, évidemment, mais il n'avait pas envie de se retirer plus haut dans les escaliers, où il ne pourrait pas entendre ce qu'elles disaient. Une partie de lui avait sûrement très envie d'entendre Ginny dire quelque chose qui lui donnerait de l'espoir qu'elle voudrait lui parler à un moment ou à un autre.
"Mais Bill..." essayait de protester Ginny.
"Ginny, ça ne te ferait aucun bien de t'épuiser de nouveau comme ça. Et as-tu réfléchi au fait que plus tu fabriquera de ces objets, plus les autres auront des chances de le découvrir ? Pourra tu renvoyer toutes les personnes qui demanderont ton aide ? Tu te tuerais d'épuisement très rapidement." Sa voix commençait à trembler alors qu'elle atteignait les limites de son contrôle. Il y eut une pause, et quand elle continua, elle eut l'air beaucoup plus composée. "Ginny, j'ai déjà perdu un enfant. Je ne suis pas prête à en perdre d'autres."
"Exactement, maman, c'est pour ça que tu dois me laisser aider Bill."
"La vie pendant des temps sombres comme ceux-là n'est jamais facile, mais nous devons faire confiance à Bill pour qu'il fasse ce qu'il a à faire et qu'il prenne soin de lui."
Harry pensa entendre Ginny émettre un petit sanglot à cela."C'est tellement difficile à faire, maman."
"Je le sais, ma chérie. Parfois c'est le plus dur de tout."
Harry risqua un autre coup d'oeil dans la salle commune et vit la mère et la fille enlacées. Il battit rapidement en retraite alors qu'elles se séparaient.
"Où est Harry dans tout cela ?" entendit-il Mrs Weasley demander. "Je ne l'ai pas vu."
"Pourquoi est-ce que tu m'interroge à son propos ?" la voix de Ginny était devenue tranchante.
"Et bien, d'après ce que j'ai vu à Noël, je pensais..."
"Tu pensais mal, maman. Je n'ai pas envie d'en parler. Viens, maman, nous allons être en retard."
Harry resta sur l'escalier, stupéfait, jusqu'à ce qu'il les entende enjamber le trou du portrait. Puis il s'obligea à aller jusqu'à la Grande Salle, regrettant de ne pas s'être occupé de ses affaires.
La Grande Salle avait l'air différente de son apparence habituelle. Toutes les tables avaient été enlevées, remplacées par des chaises, et les bannières des maisons avaient été remplacées par des tentures noires. Harry vit immédiatement que toute l'école n'était pas présente, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle le soit. Les professeurs étaient présents, bien entendu, la plupart d'entre eux ayant enseigné à Charlie durant sa scolarité à Poudlard. Les sixième et septième années Gryffondors étaient tous là, comme l'équipe de Quidditch de Gryffondor au complet, pour soutenir Ron et Ginny. Il y avait quelques élèves de Serdaigle et de Poufsouffle : Harry reconnut Ami, la fille que Fred avait dragué à la fin du trimestre précédent. Pas un seul Serpentard n'était là, mais ce n'était pas vraiment surprenant, et Harry en était heureux. Il semblait y avoir beaucoup de gens qu'Harry ne connaissait pas, mais il pensa reconnaître un des amis de Charlie qu'il avait vu en première année quand il avait recueilli Norbert pour Hagrid.
Toute la famille Weasley était assise, l'air sombre, en un demi-cercle de chaises sur l'estrade où se tenaient normalement les enseignants. Harry pouvait voir Hermione assise avec Ron, Percy était avec sa femme Pénélope, et George avait amené Pauline. Fred et Bill assistaient seuls, alors que Ginny était assise entre ses parents. Il n'y avait pas de place à côté d'elle pour Harry.
Un grand chien noir vint le voir et lécha sa main. Il le regarda d'un air implorant, gémissant un peu jusqu'à ce qu'Harry se baisse et le caresse. "Bonjour, Sniffle," dit-il.
Sniffle prit la main d'Harry dans sa gueule et tira dessus, le tirant en avant. Harry s'assit sur le siège libre à côté de Ron, regrettant immédiatement de l'avoir fait. Il se retrouva en train de faire face à Ginny de l'autre côté de l'estrade, et elle refusa de rencontrer son regard. Mais il était trop tard pour changer de place à présent. Le mémorial commençait.
Dumbledore eut l'air d'apparaître de nulle part et vint se placer au milieu de l'estrade, bloquant temporairement la vue de Ginny à Harry. "Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour commémorer la vie de Charles Weasley. Pour certains d'entre nous il était de la famille, pour d'autres un ami, élève ou collègue, mais pour nous tous il sera toujours un héros. Il n'est pas le premier à tomber, et il ne sera pas non plus le dernier, malheureusement, mais nous le devons à lui, à nous et au futur de se rappeler comment il a choisi de vivre."
Le directeur fit un pas de côté alors, et une par une, les personnes qui avaient bien connu Charlie firent un pas en avant et partagèrent leurs souvenirs : des souvenirs de dressage de dragons en Roumanie, de week-ends à Pré-au-Lard avec des amis, de victoires de Gryffondor au Quidditch, de promenades de minuit dans les murs de Poudlard. Ceux qui avaient passé du temps à poursuivre les Mangemorts avec lui sur le continent racontèrent comme il réussissait toujours à remonter le moral des autres quand les choses avaient l'air sinistres. Bill se leva finalement et partagea ses mémoires d'enfance en tant qu'aîné, devant toujours garder un oeil sur son petit frère, son "complice de bêtises", et riant aux problèmes qui avaient toujours réussi à les rattraper.
Quand il eut fini Dumbledore s'avança de nouveau, déroulant un bout de parchemin. "On m'a demandé de partager cela avec vous," dit-il. "L'auteur ne pouvait pas être présent, malheureusement. Nous avons entendu parler de la vie de Charlie. Maintenant nous devons tous être forts et faire face à la manière dont il est mort. Cela, comme tout le reste, nous montre quelle sorte de personne Charlie avait choisi d'être."
Harry écouta alors que Dumbledore commençait à lire un récit de la dernière mission de Charlie, décrivant comment ils avaient appris qu'un groupe de Mangemorts agissait dans le Kent, un groupe qui pouvait peut-être les mener à Voldemort lui-même. Les Mangemorts avaient planifiés des attaques sur des Moldus et des sorciers d'origine Moldue dans les environs, et le groupe de Charlie avait réussi à localiser la maison qu'ils utilisaient comme base d'opérations. Le groupe de Charlie avait entouré la maison et l'avait surveillé, avant de planifier minutieusement une attaque qui devait surprendre l'ennemi quand la majorité était présente. L'opération avait bien commencé, mais d'une façon ou d'une autre un des Mangemorts avait réussi à lancer un appel pour avoir des renforts. Charlie et ses collègues avaient été attaqués par derrière, mais ils avaient tous continué à se battre vaillamment, figeant les nouveaux arrivants, afin de pouvoir les arrêter ensuite. Tous sauf un, en fait. Celui-ci était resté caché, sortant soudainement de son camouflage, lançant un sort de Réduction puissant, qui avait touché l'un de leur groupe dans l'explosion, avant de se tourner vers l'auteur de la lettre avec le sortilège de la mort. Et si Charlie ne s'était pas interposé entre l'auteur et le sort, ça aurait été l'auteur qui serait mort ce jour là.
Harry avait depuis longtemps compris que Sirius était l'auteur de ce parchemin, mais il avait remarqué qu'aucun nom n'avait été mentionné. Il supposait que Remus Lupin avait été celui touché par le sort de Réduction, et que c'était comme ça qu'il avait été gravement blessé. Harry avait envie de baisser le bras et de gratter Sniffle, qui s'était allongé par terre aux pieds de Harry au début du mémorial, mais Harry ne voulait pas trahir quoi que ce soit. Même ici à Poudlard, il semblait que la sécurité était toujours de très grande importance. Sniffle était maintenant tout à fait étendu par terre, avec son museau entre ses pattes. Harry se dit que si un chien pouvait pleurer, alors Sniffle ferait exactement ça.
"L'auteur de ce parchemin doit rester anonyme," concluait Dumbledore, "mais la famille Weasley connaît son identité."
Harry fut surpris de ce qui se produisit ensuite. Dumbledore agita sa baguette, et deux choses se produisirent. Tout d'abord, une chope se mit à flotter dans les airs devant lui et toutes les autres personnes dans la salle. Au même moment une grave mélodie se mit à jouer grâce à des instruments invisibles, emplissant le hall et transperçant le coeur d'Harry.
Dumbledore prit sa chope, et les autres firent pareil, puis il commença à chanter. Ceux qui connaissaient la chanson firent de même. La famille Weasley au complet avait l'air familière avec; Harry pouvait entendre Ron essayant de suivre dans une voix croassante. Regardant autour de lui, Harry remarqua aussi Seamus Finnigan chantant. Harry ne connaissait pas les paroles, alors il se contenta d'écouter, essayant de les retenir.
Oh, all the money e'er I had, I spent it in good company.
And all the harm that ever I've done, alas it was to none but me.
And all I've done for want of wit to mem'y now I can't recall;
So fill to me the parting glass, Good night and joy be with you all.
Les yeux d'Harry se posèrent sur Ginny. Elle regardait par terre, des larmes roulant silencieusement sur ses joues, alors qu'elle essayait courageusement de suivre. Il voulait qu'elle le regarde, pour pouvoir au moins avoir un contact visuel et lui indiquer sa présence, mais elle continua à regarder vers le bas. Il se demanda si elle pouvait sentir qu'il la regardait. Il avait l'impression que son coeur gonflait dans sa poitrine jusqu'à exploser. Elle ne lui avait jamais dit qu'elle l'aimait, si ? Peut-être que c'était parce qu'elle était honnête. Ses yeux commencèrent à piquer, et il regarda vers le plafond, qui reflétait les nuages bas, gris du jour à l'extérieur.
Oh, all the comrades e'er I had, they're sorry for my going away.
And all the sweethearts e'er I had, they'd wished me one more day to stay.
But since it falls unto my lot, that I should rise and you should not,
I gently rise and softly call, Goodnight and joy be with you all.
"Que la joie vous accompagne tous," pensa amèrement Harry. En ce moment il avait l'impression qu'il n'aurait plus jamais quoi que ce soit qui lui ferait ressentir de la joie. La musique se termina, et tout le monde leva sa chope. Harry fit la même chose, se souvenant comme il avait levé sa coupe en mémoire de Cédric Diggory à la fin de la quatrième année. Cédric avait été le premier ; d'autres élèves n'étaient plus présent non plus à l'école maintenant : Justin Finch-Fletchley, Hannah Abbot, d'autres dans d'autres années qu'il ne connaissait pas. En même temps que les autres, il but de longues gorgées de bière amère qui le brûlèrent jusque dans l'estomac. Il grimaça au goût mais l'accueilli tout de même. Ça allait parfaitement avec ce qu'il ressentait.
L'heure suivante passa en un tourbillon de personnes exprimant leurs condoléances à la famille Weasley, dont aucun des membres n'avait réussi à garder les yeux secs durant le mémorial. Harry avait été parmi les premiers à approcher Mr et Mrs Weasley. Il n'avait pas vraiment su quoi leur dire, mais ses mots avaient dû être assez appropriés, car Mrs Weasley s'était jetée sur lui, l'étouffant pratiquement. Quand elle l'avait relâché, elle avait dit, "Oh, Harry, je te considère vraiment comme un de mes enfants."
Après ça il s'était senti assez obligé de se tenir avec le reste de la famille, bien qu'il trouve cela de plus en plus gênant. Sniffle était resté avec lui tout le temps, et Harry était heureux de sa présence, bien que cela, aussi, ajoutât à sa gêne.
Il avait pensé à ce que Sirius devait ressentir de savoir qu'il était toujours vivant parce que quelqu'un d'autre s'était sacrifié pour lui. Ça ne devait pas être facile ; en fait Harry savait d'expérience que ce n'était pas une chose facile à assumer, parce qu'il avait dû faire face à cette même réalité à la fin de sa première année. Maintenant que la réalisation totale de ce que son parrain devait traverser l'avait pénétré, il regrettait de ne pas avoir demandé à voir Sirius les jours précédents. Harry était sûr que Sirius partirait bientôt, et la possibilité de lui parler s'amenuisait. En tout cas, ils ne pouvaient pas le faire ici.
Harry se sentit soudainement étouffé par tout ça. Il devait partir. Il baissa la tête et vit Sniffle le regardant comme s'il pouvait lire dans les pensées d'Harry. Harry tendit le bras et le caressa, puis il s'autorisa à se fondre de nouveau dans la foule et à se glisser vers la porte. Sniffle suivit.
Harry sortit dans le parc sans sa cape une fois de plus. Ils ne pourraient pas rester dehors en tout cas, parce qu'ils auraient besoin d'un endroit sûr pour que Sirius puisse se transformer. Harry pensa à la vielle hutte d'Hagrid et commença à marcher dans cette direction.
La hutte était restée inoccupée depuis la mort d'Hagrid. Le nouveau gardien des clés vivait quelque part dans le grand château, comme le faisait le Professeur Grubbly-Plank, le professeur de Soins aux Créatures Magiques. Les cours de Soins aux Créatures Magiques avaient lieux en-dehors de la hutte, et de temps en temps le Professeur Grubbly-Plank l'utilisait pour abriter temporairement certains des petits spécimens étudiés en cours. Harry était sûr que Sirius et lui pouvaient utiliser la cabine sans risquer d'être interrompus.
Il ouvrit la porte avec sa baguette et entra. Ça avait l'air étrangement inchangé depuis le temps où Hagrid y habitait. Les seules choses manquantes semblaient être les jambons pendus au plafond. L'énorme lit avec son couvre-lit coloré était toujours dans le coin, et il y avait la table près de la cheminé, qui, bien que froide, semblait contenir un bon nombre de cendres. Harry se souvint que le Professeur Grubbly-Plank avait récemment gardé une cage de Focifères ici. C'étaient des oiseaux tropicaux, et ils devaient être gardés au chaud.
Sniffle suivit Harry à travers la porte et se transforma dès qu'elle fut fermée de nouveau. "Harry, comment vas-tu ?" demanda-t-il, inquiet.
Harry n'avait pas envie d'accabler Sirius encore plus, alors il mentit. "Bien."
Sirius le regarda d'un air sceptique, mais ne fit aucun commentaire. À la place il parla d'autre chose "Le Professeur Dumbledore m'a raconté que tu as eu une véritable aventure à Noël."
Harry acquiesça. Cela avait l'air d'un sujet plutôt sûr tant qu'il ne se penchait pas sur ses sentiments pour Ginny. Alors il raconta l'histoire, faisant un effort pour garder sa figure et son ton neutres.
Quand il eut fini, Sirius secouait la tête, stupéfait." Je suppose que ça ne servirait à rien de te dire de ne pas t'attirer de problèmes."
Harry sourit presque à cela. "Tu as vraiment du mal à accepter ça, n'est-ce pas ?" demanda Sirius.
Mais Harry n'avait pas l'impression qu'ils devraient parler de lui. Il avait passé trop de temps durant les jours précédents à penser à quel point il se sentait mal, et il était fâché contre lui-même d'être si égoïste. "Je m'en remettrais. Ça ne doit pas être facile pour toi, ce que Charlie a fait."
Sirius soupira, et quand il parla, il avait l'air résigné. "Non, ça ne l'est pas, mais j'ai dû apprendre à faire avec beaucoup de vérités difficiles dans ma vie. Je gérerais ça, aussi. Mais..."
Il aurait pu continuer, mais il y eut un bruit soudain à l'extérieur de la hutte. Quelqu'un arrivait. Avant qu'Harry ne puisse réagir, Sirius avait reprit sa forme canine. L'instant suivant, le Professeur Grubbly-Plank se tenait à la porte, ayant l'air surprise.
"Potter, que faites-vous ici ?" Puis elle regarda autour d'elle. "Je pensais avoir entendu des voix."
"Désolé, Professeur je devais simplement m'éloigner de... ce qui se passe un peu. Je suppose que vous m'avez entendu parler à Sniffle qui est là."
Elle regarda Sniffle durement. "Et que faisait un chien à un mémorial ?"
Harry réfléchit rapidement. Pourquoi n'avait-il pas lui-même réalisé à quel point cela aurait l'air étrange qu'un chien assiste à un mémorial ? "Il appartient aux Weasley. Professeur Dumbledore a insisté pour que la famille entière soit présente. Et puis, et bien, je me suis dit qu'il aimerais sortir un peu du château, au cas où, vous savez... Et aucun des membres de la famille ne pouvait le sortir. Et en fait, je n'avais pas ma cape, alors j'ai pensé que je me réchaufferais un peu ici..."
Cela sembla être une explication suffisante pour le Professeur Grubbly-Plank, car elle répondit, "Je vais devoir vous demander de le sortir d'ici, j'en ai peur. J'ai l'intention de faire entrer des Diricos, et s'ils remarquent l'odeur d'un chien ici, ils risquent de vouloir disparaître. En fait, je vais devoir nettoyer cet endroit."
"Désolé," marmonna Harry. "Nous allons partir alors. Viens, Sniffle."
Ils retournèrent alors vers le château, pendant que le Professeur Grubbly-Plank restait là-bas, et, supposa Harry, enlevait les traces d'odeur de chien de la hutte. Mais Sniffle ne voulait pas entrer dans le château. Il s'assit sur les marches et regarda Harry avec des yeux tristes. Harry comprit qu'il allait devoir partir de nouveau. Il regrettait à présent de ne pas avoir eu plus de temps pour lui parler, mais il ne pouvait rien y faire. Harry se baissa et serra Sniffle au niveau du cou avant de lui donner une dernière caresse et d'entrer dans le château seul.
Note : Les paroles rapportées (en italique dans le texte) viennent d'une ballade Irlandaise traditionnelle qui s'appelle "The Parting Glass". L'auteure les a pris d'un site de Shane MacGowan. Je ne les ai pas traduites car ça aurait enlevé les effets de style et les rimes, je prie tous ceux qui ne comprennent absolument pas l'anglais de m'excuser.
Le Lancashire Hot Pot est un plat typiquement anglais.
