Rivalité.

Chapitre 6 :

            Max était recroquevillé dans un coin du jardin près de la grande véranda, il avait depuis quelque temps vu évoluer la relation de Kai et Rey en même temps que ses propres sentiments pour Kai. Il savait a présent, pour avoir surpris non seulement leur conversation sur le passé Kai, mais aussi et surtout les regards que ce dernier avait pour le chinois, que lui le "gentil petit maxou que tout le monde adore" n'avait pas sa place dans le cœur de Kai. Quelle ironie, j'ai toujours prôné que l'amitié était le plus grand des trésors... mais maintenant que je sais que c'est tout ce que j'obtiendrai jamais de Kai cela me semble bien maigre...

            Le temps tournait au gris, des nuages chargés de pluie s'amassaient à l'horizon. L'atmosphère se faisait mélancolique alors que le vent chantonnait doucement ce qui semblait être une complainte à la tristesse. Les vagues se fracassaient inlassablement et avec une régularité monotone contre les parois du vieux château qui surplombait la ville portuaire. Les siècles avaient semblé reculer pour plonger ce lieu en plein Moyen-âge. Quiconque observerait ce paysage aurait pu jurer que le temps avait cessé de s'écouler, s'il n'y avait eu cette silhouette, accoudée aux créneaux sans âge, qui sanglotait doucement, seul représentant de la vie en ce crépuscule morne.   

            Rey courait à travers l'hôtel, une rage froide faisait scintiller ses prunelles dorées. Jamais il ne se souvenait avoir été dans un tel état, il n'avait qu'une idée à l'esprit : faire payer à ce connard le mal qu'il faisait à son Kai!!! Il trouva enfin le vieillard assis sur un banc, dans une véranda bondée de monde. Le jeune homme se dirigea vers lui d'un pas décidé, il demanda sans la moindre sympathie dans la voix :

-"Vous êtes bien le grand-père de Kai? Je me trompe?!"

-"C'est effectivement qui je suis... mais vous, qui êtes vous?" sa voix avait pris quelque soupçon d'ironie qui mirent Rey tout à fait hors de lui.

Mais pour qui se prend ce vieux con??!!

-"Je m'appelle Rey et je suis un ami de votre petit-fils."

-"Tiens donc..." se fut trop, le chinois laissa libre cours à sa colère :

-"Cessez de parler sur ce ton je vous pris, vous ne m'impressionnez pas le moins du monde, je suis venu vous parler de votre comportement envers Kai et sachez que vous ne vous débarrasserez pas de moi tant je n'aurait pas fini de vous exposer ma façon de penser quand à ce dit comportement!" la voix de Rey avait pris de l'ampleur au fils de son discours, si bien que quand il se tu toute la véranda fut plongée dans un profond silence alors que toutes les têtes étaient tournées vers lui. En une autre occasion il aurait sans doute été plus que gêné dans de telles circonstances, mais sa colère envers cet homme lui permis de faire abstraction de son malaise et de reprendre la parole.

-"Quel que soit pour vous le degré de responsabilité de Kai dans la mort de votre famille, vous ne pensez pas qu'il a été plus que largement puni? Il les aimait, et les aime toujours, au moins autant que vous! Et lui a vu sa maison brûler! Putain, il a tenu sa sœur entre ses bras alors qu'elle était en train de mourir!! Est-ce que vous imaginez seulement le choc que ça lui a fait!! Il en cauchemarde encore!! Il en pleure encore!! Il n'a pas besoin en plus de vos accusations stupides et déplacées pour se sentir coupable!!" Rey arrêta-là, pour un temps, son discours, prenant un malin plaisir à foudroyer du regard cet homme qui le dégoûtait au plus haut point.

-"Tout ce que vous me dite, jeune homme, n'empêche pas Kai d'être bel et bien coupable..."

-"Vous êtes foncièrement con ou vous le faites exprès?!?!" le jeune chinois souleva alors le vieil homme de sa chaise, le maintenant en l'air à bout de bras. Ses yeux n'étaient à présent  plus que deux brasiers, prouvant à eux seuls, bien mieux que n'importe quelle parole, l'état de rage à peine contrôlé dans lequel se trouvait leur propriétaire.

-"Ecoute-moi vieux débris, ou tu te met rapidement à réfléchir à tout ce que je t'ais raconté et tu présentes des excuses sincère à Kai, ou bien tu sors de sa vie à jamais!! Je me suis bien fait comprendre...?"

-"Sans l'ombre d'un doute...-sous l'apparente contenance du vieil homme, Rey eut tout de même la joie d'entendre sa voix trembler- ... mais vous ne serez pas toujours là pour le protéger..."

Fixant son regard dans le sien Rey prononça d'un ton empli de menaces implicites : "Détrompez-vous". Suite à cela le jeune homme lâcha son fardeau, laissant le bourreau de Kai tomber au sol (NDLA* je brûle d'ajouter "comme une grosse merde").

            Max avait observé la scène de derrière la baie vitrée, la jalousie et la tristesse l'étouffaient tandis que résonnait les derniers mots de Rey dans sa tête. "détrompez-vous" une parole innocente mais qui, en les circonstances, prenait pour le petit blondinet des tournures dramatiques! Des larmes qu'il ne pouvait plus retenir coulaient à flot de ses yeux d'océan.

            Rey respirait profondément en quittant la pièce, tentant d'atténuer sa colère. Il n'avait maintenant qu'une seule idée en tête : retrouver Kai. Mais où pouvait-il bien être? Dans un endroit calme et isolé, c'était certain... mais cette description regroupait pas mal de lieu! Il se mis donc à interroger le personnel de l'hôtel, et eut bientôt l'affirmation que son cher et tendre avait quitté la résidence à peu près une demi-heure plus tôt. Cela ne va pas me faciliter la tâche... il peut être n'importe où... Son interrogatoire se poursuivit donc dans les rues de la ville. Une fine bruine se mis alors à tomber, vidant rapidement les trottoirs d'hypothétiques témoins. Merveilleux!! Il n'y a plus un chat dehors, il ne va pas tarder à tomber des cordes et je hère seul dans une ville que je ne connais pas à la recherche d'un mec qui ne se sent chez lui que dans les dédales de rues!! En gros, à moins que Dieu ne soit réellement très clément avec moi ce soir, je suis foutu!!

Le jeune homme partit donc au hasard des carrefours, dans ce milieu qu'il haïssait plus que tout : la ville. Il lui semblait qu'il marchait depuis des heures, la pluie coulait à présent à flot et il désespérait de ne jamais retrouver Kai. Au fils de ses pas sa peur avait grandit, il n'avait cessé de se repasser sa conversation avec Kai et à force de réflexion il en était venu à la conclusion que le garçon qu'il aimait risquait fort de faire une bêtise ce soir... le genre de bêtise que rien ne peu réparer. Des larmes coulèrent sur ses joues sans même qu'il s'en aperçoive.            

            Alors qu'un jeune homme courait, désespéré, dans les rues calmes et silencieuses de la cité, un autre garçon regardait avec fascination les puissantes vagues se fracasser contre la muraille d'un château séculaire. Il semblait comme hypnotisé par la danse immortelle de l'océan... 

*note de l'auteur

N'hésitez pas à me laisser une petite review!!!

Merci.