Cette Fanfiction a été écrite dans le cadre du Crackfest organisé par FESTUMSEMPRA. La liste complète des œuvres participantes est disponible sur la collection : archiveofourown collections / Crack_Fest

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Les trois contraintes :

- défi loufoque : Arthur Weasley est un moldu qui veut devenir sorcier

- thème sérieux : L'amour est-il est un pouvoir ?

- crackship : Arthur/Gilderoy


Titre : Amour quand tu nous tiens


L'amour est-il un pouvoir ?

Arthur Weasley se pose la question en tournant délicatement les pages du livre posé sur ses genoux. Apparemment, le personnage principal en est persuadé. Ou peut-être est-ce plutôt l'auteur qui le pense… Lui ? Il n'en est pas certain. Peut-être. Ou pas. Arthur pousse un soupir et referme le vieux roman décoloré avant de le poser sur l'étagère de son studio, sans même avoir besoin de se lever. Sûrement le seul avantage de son petit espace : tout est à portée de main. Il pourrait presque cuisiner depuis sa douche. Mais il ne regrette pas de devoir faire ce sacrifice pour ses études. Vivre à Londres est son rêve d'enfant. Et ce qu'il y a découvert a dépassé ses espérances les plus folles.

Arthur est désormais prêt à tout pour poursuivre son rêve : devenir un sorcier. Avoir des pouvoirs. Faire partie de ce monde dont il n'a eu qu'un vague aperçu, totalement par hasard, alors qu'il partait en vélo pour sa fac de littérature et qu'il s'était perdu. Comme d'habitude. Son vélo avait déraillé et, alors qu'il pestait contre sa malchance, il avait vu un jeune homme dans un costume rose détrempé et quelque peu étrange, s'arrêter devant un bar miteux. L'homme avait regardé autour de lui, ne remarquant absolument pas le vélo ni son propriétaire dans l'ombre des bâtiments, et il avait agité un bout de bois avec pour résultat… De complètement sécher son costume !

Arthur s'était frotté les yeux, la bouche grande ouverte, et avait dû essuyer une quinte de toux après qu'une mouche soit venue se perdre au fond de sa glotte. L'homme, qui avait déjà commencé à pousser la porte du bar - si miteux qu'Arthur n'y aurait touché pour rien au monde -, s'était retourné et l'avait enfin remarqué.

Le coucou strident de son studio ramène Arthur à l'instant présent.

- Oh non, je vais être en retard !

Le jeune homme attrape sa veste d'une main, son portefeuille de l'autre et court hors de son appartement. Il a un rendez-vous. Un de ceux qui vous font vous demander si l'amour est un pouvoir et si c'est celui de vous rendre idiot. La seule chose qu'il sait c'est que celui qui fait battre son cœur un peu trop vite a bien des pouvoirs. Et qu'il pourrait être sa porte d'entrée vers ce monde inconnu et absolument fascinant qu'est la magie.

L'homme qu'il a croisé près du bar miteux il y a plusieurs mois de cela l'attend déjà à la terrasse du café. Plus il s'approche, plus son cœur accélère. BOUMBOUM BOUMBOUM. Un peu plus et son organe jaillirait de son corps pour aller se coller à celui du sorcier. Peut-être qu'un sort en est capable ? Par pitié, reste dans ma poitrine, j'ai encore besoin de toi, se surprend-il à penser.

- Bon… Bon… Bonjour. Idiot, idiot, idiot, se morigène-t-il en s'entendant bégayer.

Un sourire éclatant de blancheur lui répond. Il aurait pu se prendre un faisceau de lumière en pleine nuit qu'il ne s'en serait pas retrouvé plus ébloui. Son cerveau s'en trouve si retourné qu'il ne sait même plus comment il s'est assis ni ce qu'il a commandé. Peu importe. La conversation roule toute seule. Gilderoy Lockhart semble ravi d'avoir trouvé quelqu'un qui l'écoute avec autant de passion, si ce n'est de dévotion. Son thé à la rose arrive. Thé à la rose ? A-t-il vraiment commandé ça ? Sérieusement ? Gilderoy sirote son jus de cerise face à lui et la couleur de ses lèvres teintées de rouge menace de faire imploser son petit cœur de moldu. L'amour est-il un pouvoir ? Si l'amour peut tuer, il doit bien y avoir des traces de pouvoir dedans.

Et tout à coup, il l'entend. La phrase de ses rêves.

- Veux-tu visiter le Londres magique avec moi ? En te déguisant un peu, tu pourrais passer inaperçu…

- C'est possible ? Je peux, vraiment ?

Il sait qu'il a des étoiles plein les yeux à cet instant. Peut-être même la galaxie entière. Ou l'univers. Mieux, il sait que cela plaît à Gilderoy, alors pourquoi s'en priver ?

- Il suffit que je te prête une fausse baguette magique et que l'on t'invente une nouvelle identité… Et, surtout, que tu restes près de moi quoi qu'il arrive. Tu ne dois pas me perdre. C'est bien compris ?

- C'est compris ! réplique-t-il aussitôt, comme un enfant le soir de Noël.

Arthur aurait dit oui à n'importe quoi. Il aurait offert son âme au sorcier si on lui avait dit que c'était le seul moyen pour lui d'entrer dans leur monde et en devenir un lui-même.

- Allez viens, on y va, dit-il en jetant un sortilège d'oubliette au serveur qui repart avec une tasse de thé à la rose et un verre de jus de cerise. Le pauvre se demande pourquoi il continue un job dans lequel il passe ses journées à se faire insulter pour la lenteur de son service.

- Euuuh… Ce n'est pas par là, le monde magique ? demande Arthur en se sentant un peu ridicule de pointer le nord du doigt.

Gilderoy lui glisse un clin d'œil peu subtil tout en se dirigeant vers une ruelle sombre. Les sorciers ont-ils donc un goût prononcé pour les endroits insalubres ?

- Je vais te donner un avant-goût du monde sorcier, tu vas voir, donne-moi ta main.

À peine glisse-t-il sa main moite dans celle, toute douce, du sorcier exubérant qu'il se sent comme attrapé par le nombril et aspiré dans le vide infini de l'univers… Avant de vomir dans un pot de fleur à l'atterrissage. Pot de fleur outré qui lui donne un coup de pied avant de s'en aller en grognant. Arthur comprend qu'il a définitivement bien changé de monde. Une main secourable l'aide à se relever et il remercie Gilderoy d'un sourire, tout en regardant autour de lui.

Ils sont dans une petite rue qui a l'air de déboucher sur une grande avenue, pleine de monde. Gilderoy s'y dirige d'un pas guilleret et Arthur le suit comme son ombre, concentré pour ne pas le perdre de vue, la main droite serrée autour d'une baguette qu'il sait être factice mais qu'il ne peut s'empêcher de toucher. Il essaye de ne pas trop dévorer les gens du regard, mais la mode sorcière semble si… Pittoresque qu'il ne peut s'empêcher d'observer les gens autour de lui. Là-bas, une dame avec un animal empaillé sur son chapeau. Ici, une jeune femme toute de rose vêtue, un chat immonde ronronnant dans ses bras. Et devant la vitrine d'un magasin, un jeune garçon aux cheveux plus emmêlés que la bobine de fil de sa grand-mère et habillé d'une étrange cape noire à capuche brodée de rouge. Il l'entend supplier :« Papa, je peux avoir le nouveau Comète, s'il te plait ? ».

Curieux, Arthur s'approche de la devanture. Le Comète est un… Balai ? Les sorciers doivent être très à cheval sur la propreté songe-t-il, si même les enfants sont aussi excités à l'idée de faire le ménage. Un balai magique… Balaie-t-il plus vite que son ombre ? Plus rapide que la lumière ?

Oh, peut-être qu'il pourrait ramener des souvenirs du côté moldu pour ne jamais oublier cette journée, songe-t-il ! Fouillant dans ses poches et les trouvant toujours aussi vides que sa page de mots croisés, il décide de partir à la recherche de l'endroit où les sorciers rangent leurs distributeurs.

En quête d'argent, Gilderoy complètement oublié, Arthur passe de devanture en devanture jusqu'à la librairie. Il ne peut s'empêcher de vouloir y rentrer lorsqu'un cri strident le cloue sur place. La porte d'entrée claque et un homme échevelé avec une manche de veste en moins sort en courant, poursuivi par un… Livre ? Le jeune homme les regarde passer la bouche grande ouverte.

- Faites attention, vous pourriez avaler un Joncheruine, lui conseille un homme d'une blondeur presque blanche.

Serait-ce un type de mouche magique ? Un peu comme la mouche Tsé-Tsé, se demande Arthur, mais il n'a même pas le temps de poser la question que l'homme a déjà disparu dans la foule. Haussant les épaules, Arthur décide sagement de rester hors de la librairie et continue d'avancer tranquillement, toujours à la recherche de son distributeur.

- Ma robe ! Entend-il hurler à quelques pas de lui.

- Ma bièraubeurre !

Intrigué, le jeune homme s'avance et observe avec intérêt deux jeunes hommes qui dégainent leurs baguettes, prêts à se battre. Va-t-il pouvoir voir un combat de magie dès son premier jour ?

- C'est un dessert la bièraubeurre ? demande-t-il à une vieille dame au chapeau pointu qui se trouve à côté de lui.

Celle-ci le regarde de travers, marmonne quelque chose qu'il ne comprend pas et s'en va à petits pas rapides. Apparemment les personnes âgées ne sont pas plus sympathiques chez les sorciers, songe-t-il tout en regardant le combat qui s'annonce épique. Il se croirait presque à un feu d'artifice.

Quand Arthur arrive enfin à s'arracher à sa contemplation, Gilderoy a disparu. Depuis combien de temps ? Arthur s'arrête au milieu de la rue au risque de se faire bousculer, désorienté. Où est-il passé ? Pourtant, son costume or et pailleté d'argent se repère de loin. Il décide de continuer à avancer le long de l'avenue, tout en scrutant les devantures des magasins. Ce n'est qu'en arrivant devant une petite place qu'il le retrouve, en pleine discussion avec une jeune femme. Magnifique cette jeune femme.

Jalousie.

Le sentiment est si inattendu qu'Arthur en sursaute. Gilderoy le voit et lui fait signe d'approcher.

- Arthur, je te présente une amie d'école, nous étions dans la même Maison. Elle s'appelle Helen. Helen, je te présente Arthur, un ami.

Ami ? Pour la première fois, Arthur a envie d'être méchant avec quelqu'un de façon totalement gratuite. Si l'amour peut vous faire ressentir cette colère, le pouvoir doit en effet être quelque part dans ce sentiment.

- Vous au moins on se demande pas où vous l'avez votre balai, marmonne-t-il un poil trop fort.

- Oooh, vous aussi vous avez deviné ? s'exclame Helen avec ravissement.

Dire qu'Arthur est perdu serait un euphémisme. Il regarde la jeune femme avec de grands yeux et se demande ce qui est en train de se passer. Est-elle encore plus stupide qu'elle en a l'air ?

- Il est vrai que mes premiers entraînements de Quidditch en équipe nationale se passent à la perfection, n'est-ce pas Gil' ? continue la jeune femme en posant sa main sur le bras du sorcier susnommé. Gil. Ridicule. Et la voilà qui bat exagérément des cils, comme si cela allait l'aider à s'envoler. Cette fois Arthur s'abstient de toute remarque mesquine, peu sûr de la sanité d'esprit de la personne qui lui fait face. Il ne manquerait plus qu'elle trouve une autre anecdote à raconter pour rester encore plus longtemps collée à SON petit ami.

Heureusement, Helen prend congé rapidement et il se retrouve à nouveau seul avec Gilderoy, qui lui sourit chaleureusement.

- Je suis désolé, je ne lui ai pas dit que l'on sortait ensemble, ce n'est pas très bien vu chez les sorciers et j'avais peur que cela te retombe dessus par la suite… Tu m'en veux ?

Arthur secoue la tête par réflexe. Si c'est pour le protéger qu'il a menti… Alors ça va, non ?

- Ecoute, j'ai une proposition à te faire, lui dit Gilderoy. Je vais bientôt partir en voyage et j'aurais besoin d'un assistant. Est-ce que le poste t'intéresse ?

Arthur le regarde avec des yeux écarquillés.

- Sérieusement ? Dans le monde magique ?

- Oui, j'ai besoin de quelqu'un de confiance et je sais que je pourrais compter sur toi.

- Bien sûr que tu peux compter sur moi !

- Peut-être même que l'on trouvera un moyen pour que tu puisses faire de la magie durant l'un de ces voyages… lui souffle Gilderoy dans l'oreille.

La phrase le fait frissonner.

L'amour est-il un pouvoir ? Arthur en est certain à présent. Oui. Sans aucune hésitation.

L'amour est un pouvoir. Un pouvoir multiple, qui peut aussi bien vous enfermer dans une cage dorée, qu'offrir les ailes nécessaires à votre envol. L'amour possède le pouvoir que vous décidez de lui donner.

Arthur vient de décider que l'amour vaut tous les sacrifices. Et tant pis si c'est l'amour de la magie plutôt que l'amour de Gilderoy Lockhart.