Comme envoûté, Richard s'assit pour contempler le corps nu et tatoué qu'il fit grimper sur ses cuisses. Cette peau fine et douce, il la croyait intouchable et en rêvait depuis longtemps, raison pour laquelle ce fut sans attendre qu'il l'explora de haut en bas. Il s'imprégna lentement de chaque recoin pour ne faire qu'un avec Paul, aussi bien avec ses lèvres que ses mains. Des épaules aux clavicules, des hanches aux cuisses, des fesses au sexe dressé... cette vision le fit fondre autant que la respiration s'accélérant près de lui. De son côté, Paul fut impressionné de voir à quel point ses iris disparaissaient peu à peu sous ses pupilles dilatées.

- Si tu voyais tes yeux, j'ai l'impression de voir un camé en plein shoot ! dit-il, fasciné.

- Mais mon ange, tu es magnifique !

- Entre tes mots et mon estime...

- Tu es mon canon à moi ! insista Kruspe.

- Si tu le dis, gros charmeur.

Paul regarda son propre corps en faisant la moue alors que subjugué, Richard le détailla de façon quasiment obsessionnelle en le qualifiant de "huitième merveille du monde".

- Tu en fais peut-être un peu trop quand même...

- Grrr... je le dis et redis.

Attendri et touché, Landers ajouta néanmoins :

- Je n'ai rien de spécial. C'est toi qui as toujours été le plus séduisant d'entre nous, et pourtant... ouh !

Pour le faire taire, Richard avait fondu sur un de ses tétons pour l'aspirer en le mordillant goulûment. Gémissant en se mordant la lèvre inférieure alors que son érection devenait douloureuse, Paul maintint fortement sa tête contre lui pour l'empêcher de se défaire, sa respiration haletante, puis déposa des baisers dans ses cheveux en grognant de plaisir sous cette bouche qui le torturait. Dès que Landers le relâcha, Richard haleta en le regardant dans les yeux.

- Moi j'ai toujours tout aimé chez toi. Ton éternelle bonne humeur, ton sourire, ta façon d'éviter les conflits et de vouloir rapprocher les autres quand ça va mal... Tu es l'incarnation d'un ange pour moi.

"J'aime quand tu parles comme ça" pensa Paul en déposant un baiser sur son front. Richard étant toujours sincère dans ses compliments, il jugea donc risqué de le contredire de peur de le blesser et refroidir cet instant. Le plus jeune savait que Paul était un modeste, aussi difficile que lui à appâter avec des éloges sur son physique. Il avait plutôt tendance à se déprécier et pensait que les gens faisaient preuve d'ironie lorsqu'ils le flattaient. Il faisait une exception uniquement lorsque cela venait de ses proches car il avait toujours accepté leurs jugements sans douter de leur parole. Paul n'aimait pas son apparence frêle en dépit du fait que ses amis lui avaient longuement répété que cela ne comptait pas pour les personnes qui l'aimaient. Il était juste satisfait que son corps inchangé lui ait permis de garder ses tatouages intacts avec le temps. Il chassa cette pensée sans rapport avec cet instant magique et revint à l'essentiel tant Richard semblait vouloir se rassasier de lui, chose qui lui redonna toute son estime. L'attirant davantage par les fesses, Richard longea sa barbe naissante du revers du doigt tout en murmurant ces paroles qui firent dangereusement rougir Paul :

- Je peux te sucer ? Ça compenserait un peu l'absence de lubrifiant.

Après un court moment passé à devoir retrouver son teint habituel, Paul lui passa un doigt sous le menton en demandant :

- Ça me tente un max, mais ce n'est pas plutôt parce que tu en meurs d'envie ?

Richard haussa les épaules et déposa des baisers sur sa clavicule.

- Je n'en cacherai rien, mais c'est de ta faute si tu me donnes envie.

Passant une main autour de l'érection de Paul pour sentir la chaleur de son organe sensible, il lui jeta un regard suppliant.

- Elle est tendue vers moi, regarde comme elle m'appelle.

Levant les yeux au plafond, Paul craqua et rigola.

- Oh toi alors !

Il emprisonna ses lèvres, les mordillant en savourant les caresses interminables et délicieuses du plus jeune. Gémissant en titillant le gland humide, Richard recula ses lèvres le temps de reprendre sa respiration puis ils se communiquèrent d'un regard la force de leur envie.

- C'est vrai en plus, une fellation peut nous éviter la douleur. Enfin non ! Juste à toi parce que moi, je n'aurai aucune chance d'y échapper. Ou alors sans vouloir en faire trop, tu peux aussi cracher un coup comme on voit dans... non, oublie.

Alors que Richard évita soudainement son regard, Paul pensa qu'il regrettait ses propres mots. Après tout, Richard avait envie de l'avoir en lui et cherchait toute solution utile, mais Landers se demanda s'il n'avait pas plutôt peur de l'embarrasser lui en parlant trop vite et de façon crue. Il fit donc disparaître ce sentiment avec de l'humour.

- Dans les pornos, j'avais saisi. Et tu dis que je dois avoir un historique douteux, espèce de cochon ! Mmm ?

Même si Paul savoura sa mine troublée, cette proposition de Richard laissa vite place à une moue de tristesse qui l'obligea à se reprendre.

- Désolé si je te dégoûte, je ne voulais pas te choquer.

- Loin de là !

Paul lui assura le contraire en le regardant dans les yeux et l'embrassa de façon à l'en convaincre.

- Je ne suis pas innocent à propos des pornos, je blaguais. J'ai des goûts variés comme n'importe qui, même tordus parfois et le coup du crachat ne me dégoûte pas si ça vient de toi. Dans ma tête, je peux être assez obsédé.

Au moins, Kruspe retrouva le sourire. Posant ses mains dans le cou de Paul, il les descendit jusqu'à ses fesses qu'il caressa minutieusement.

- C'est juste que Karen me manquait pendant la tournée. Même si je me sentais coupé en deux à force de penser à toi aussi, je n'étais pas prêt à me retrouver seul. La solitude, j'en ai trop de mauvais souvenirs. Mais je l'étais alors j'ai du faire avec. J'ai explosé intérieurement pour éviter d'en arriver là, je ne suis pas un habitué des pornos en général mais j'ai fini par le faire. J'ai allumé mon ordinateur et j'ai surfé un peu sur tout. Femmes, hommes... et peu importe qui dominait qui, je voulais juste m'exciter un peu. Sauf que rien ne fonctionnait entre mes jambes.

- Ah bon ?

Paul lui dégagea une mèche de cheveux.

- Gros blocage, je ne voyais que ça dans ce contexte. C'est la personne elle-même qui me fait de l'effet, pas la pensée de baiser. Comme il n'y a qu'un homme au monde qui me plaît, le porno gay ne m'a pas excité non plus. Je n'arrivais pas à me projeter dans ce que je voyais, pourtant j'étais doué pour penser à ces choses-là avant. Je ne pouvais pas me concentrer, je pensais trop à toi pour que ça me fasse quoi que ce soit.

Paul hocha doucement la tête pour signifier sa compréhension et lui murmura qu'avec son goût prononcé pour la masturbation, il n'aurait jamais osé le prendre de haut pour avoir été sur des sites pornographiques afin d'oublier sa solitude.

- Tu sais... comme je t'ai déjà dit l'autre fois, je ne suis pas un aimant à femmes contrairement à toi alors... ta bouche !

Paul l'avertit doucement en pointant un doigt vers lui alors que Richard ne demandait qu'à le contredire.

- Laisse-moi finir, je te vois venir.

- Ok... même si je te trouve ultra sexy ! sourit Kruspe en levant les mains.

- Bon ! Comme j'allais dire, j'ai plus souvent été célibataire que toi alors même si je souris sans arrêt comme un nœud-nœud, ça ne veut pas dire que je n'avais pas besoin de quelqu'un dans ces moments-là. Même si tu es plus susceptible de frôler une overdose de cul que moi, j'en ai parfois envie aussi.

Émettant un soupir de plaisir lorsque les doigts de Paul entrèrent dans son caleçon, Richard ôta vivement son t-shirt devenu collant. Pris d'une pulsion, il baisa son buste fin, le lécha et plaça ensuite Paul à genoux de façon à savourer le frottement de son pénis humide entre ses pectoraux. Tenté, il n'attendit pas l'autorisation de l'aîné avant de tendre la langue pour lécher le gland d'où s'échappait le liquide pré-séminal.

- Oh putain ! s'exclama Paul sous la surprise.

Il aimait ça et en redemandait, Richard le sentit dans sa gestuelle empressée et gagna en confiance. Le goût de son amant et la sensation de lui faire du bien l'encouragèrent à monter d'un cran et il engloba la moité de son sexe afin de tester Paul. Ce dernier se mit à gémir comme jamais alors qu'un violent coup de chaud vint envahir son corps. Il attrapa la tête contre lui et après quelques allers, il s'enfonça jusqu'en butée dans la bouche désireuse. Sa main agrippa les cheveux de Richard tandis qu'il augmenta la puissance de ses coups de reins. Sentir son érection se faire polir par cette bouche envieuse et mouillée raviva une fougue sexuelle que Paul n'avait pas ressentie depuis des années. Sentant grimper son plaisir à un point jamais atteint, il tenta de profiter du plaisir en accélérant la vitesse tout en réduisant sa pénétration. Ensuite, il inversa les choses et diminua sa vitesse pour s'enfoncer au maximum dans la gorge de Kruspe. Il continua ainsi deux minutes durant laquelle il se retint d'éjaculer trop vite pour mieux ressentir cette nouveauté. Son plaisir s'accentuant dangereusement, il ne réalisa s'être trop enfoncé que lorsque Richard s'étouffa et que sa bouche faisait pression sur son organe. Se retirant rapidement, il regarda le brun tousser et l'aida à reprendre sa respiration. Essuyant avec attention la salive qui s'écoulait de la bouche de Richard depuis qu'il avait rompu le lien avec son érection, Landers lui caressa la joue avec douceur.

- Tu vas bien ? Je suis désolé, je me sentais si bien que j'étais ailleurs.

Les yeux bleus-gris de Kruspe étaient humides à cause du manque d'oxygène, mais cela ne l'empêcha pas de lui sourire de bonheur. Alors que Paul s'inquiétait sans comprendre, Richard demanda :

- On remet ça ?

Estomaqué, l'aîné lui agrippa le cou sans lui cacher son hésitation.

- Attends là, tu es sérieux ? Je t'ai fait suffoquer et on dirait que tu as aimé ça.

- J'ai confiance en toi, tu as arrêté après m'avoir entendu étouffer. Pourtant, ne me dis pas que ça ne t'a pas excité de te sentir aussi puissant alors que je le sentais...

Son compagnon émit un petit rire, signe d'une réponse positive. Cependant, Richard sembla se refroidir après avoir repensé à ses propres mots et cela frappa Paul. Le brun ayant baissé la tête, il fit comme s'il n'avait rien remarqué afin de l'encourager à rester en état. Il fronça légèrement les sourcils puis prononça son prénom avec le même ton assuré et excité, avant de s'emparer de ses lèvres de manière à le tirer de toute pensée négative. Constatant sa réussite lorsque la langue de Richard titilla la sienne, il recula et le regarda en ricanant après avoir palpé le renflement senti plus tôt en parcourant son sous-vêtement.

- Je crois que tu vas devoir dire bye bye à ton caleçon.

À sa grande surprise, Richard refusa gentiment et se pencha en arrière pour s'allonger.

- C'est honneur à mon petit ami ce soir, parce que j'ai faim de lui et il le sait. Si je perds mon caleçon, ce sera uniquement pour sentir ta belle bite franchir mon entrée.

Il attira Paul par les fesses et bien que ce dernier l'embrassa avidement, sa position lui parut de plus en plus haute par rapport au bas-ventre de Kruspe. Se penchant avec sérieux, Paul eut des doutes quant à cette position que Richard persistait à lui faire adopter car il savait comment il allait le positionner au final. Bien que Richard se sentait encore coupable et se concentrait davantage sur l'organe si près de son visage, il assuma sa responsabilité.

- J'ai l'impression que tu essaies d'exorciser ton petit démon. C'est le cas ? demanda Paul.

Reprenant sa respiration, Richard commença à masturber la verge tendue près de lui le temps de lui donner une réponse positive timide d'un mouvement de tête. Ne voulant en rien qu'il se sente obligé de payer pour ce qu'il lui avait fait, Landers caressa son visage le temps de recroiser son regard.

- La position importe peu, Richard. Ouh... oh c'est bon !

Richard titillait son gland du bout de la langue mais malgré le plaisir procuré, l'aîné poursuivit sur sa lancée.

- Mais tu sais, ça aurait très bien pu se passer avec la position du missionnaire. Tu étais bourré et comme je t'ai vexé, tu as agis sous l'impulsion. J'étais assis et comme tu es plus fort, tu as facilement pris le dessus mais aujourd'hui c'est fini. Tout ce qui compte, c'est que nous soyons là tous les deux à passer un des meilleurs moments de notre vie. Je vais te laisser avoir un peu le dessus pour que tu saches où peuvent être mes limites vis-à-vis des autres positions. Tu es d'accord ?

Étant donné que Richard aimait être libre de tout faire sexuellement, Paul s'attendit à ce qu'il accepte pour lui donner un aperçu de son appétit mais à la place, il le vit afficher une petite moue boudeuse. Plutôt que de lui forcer la main, il le regarda en attendant sa réaction.

- Je veux te laisser entièrement le rôle du dominant pour cette fois ! expliqua le plus jeune avec une mine d'espoir.

Tout aussi satisfait, Paul accepta à la seconde et lui sourit.

- Une telle demande ne saurait être refusée, ça me va aussi.

Il lui passa un doigt sur les lèvres en affichant un sourire lubrique.

- Si c'est ce que monsieur désire... et puis on a tout le temps pour se montrer des choses tous les deux. Viens par là !

Après lui avoir dévoré le cou, Paul se passa rapidement une main le long du sexe le temps de revenir à la hauteur du visage de l'homme qu'il voulait. Il sut que Kruspe en voulait toujours autant lorsqu'il l'accueillit en lui sans la moindre hésitation, commençant à le sucer voracement et à un rythme effréné. Rapidement, Paul émit des grognements de plaisir incontrôlés et s'enfonça totalement au fond de la gorge de Richard. Impressionné par sa performance pour une première fois, il perdit vite pied et appuya ses mains de chaque côté de sa tête pour gérer lui-même les mouvements. Tant que son amant semblait suivre le rythme sans s'étouffer, il continua de marteler sa gorge avec sauvagerie. Il ressentit un énième mouvement de recul de la part de Richard mais lorsqu'il voulut le laisser respirer, le plus jeune lui attrapa les fesses pour le ramener vers lui.

Acceptant de le laisser tester les limites de son oxygène, Paul l'encouragea tout en le surveillance par prudence :

- Oh oui, Reesh... suce !

En écoutant sa gourmandise de plus en plus ardente, Richard tenta de déterminer le moment où lui-même se sentirait prêt à laisser Paul le pénétrer. Cette agressivité sexuelle découverte chez l'aîné lui plaisait et il comptait en profiter sous toutes ses formes. Mais alors qu'il s'était perdu dans ses pensées, il s'étouffa pour de bon et Landers s'en aperçut. Libérant la bouche de Richard qui reprit bruyamment sa respiration, Paul l'embrassa avant de flatter son endurance.

- Tu fais ça très bien, sûrement mieux que moi.

- Oh crois... crois-moi, tu le fais très bien aussi. Mais je vais éviter de perdre tout mon souffle sinon je ne pourrai pas goûter à ton parfum.

D'un petit rire, Paul lui caressa les lèvres et sentit une des mains de Richard remplacer sa bouche pendant ce temps.

- Tu sais qu'on a le temps, tu n'es pas obligé de tout faire ce soir.

Déstabilisant son regard en l'emprisonnant alors qu'il se perdait dans une profonde réflexion, Kruspe afficha inconsciemment un sourire. Il avait du suffisamment peser les mots de Paul puisqu'il hocha la tête, mais de façon lente et continue. Riant, Paul prononça son prénom deux fois avant de poser ses mains dans son cou. Pourtant, contrairement à ce à quoi il s'attendait, Richard lui murmura des mots auxquels il ne put rester insensible. Pour cause, le plus jeune venait de lui proposer droit dans les yeux de "prendre une dernière bouchée avant de la recevoir derrière". Envoyant donc aux oubliettes sa proposition de prendre leur temps, Paul rougit. "Qu'est-ce que j'aime ton sourire" pensa t-il. Pour lui signifier son acceptation, il embrassa de nouveau Richard avant de fourrer à nouveau son organe dans sa bouche. Grognant tel un animal et de façon incontrôlée lorsqu'il sentit sa gorge, il réalisa n'avoir jamais ressenti un tel plaisir avec une femme. Il replaça Richard à plat de façon à dominer tous ses mouvements et s'étendit pour mieux entrer en lui.

- C'est si bon...

Violenté de l'intérieur par son extase, Landers savoura les sons d'étouffement et de succion alternés émis par son amant. Alors que Richard le suçait, il lui caressait les cuisses et les fesses en s'y accrochant. Bien que cela excitait davantage Paul, il ne pouvait rester sans s'inquiéter car il se sentait devenir trop agressif. D'autant plus qu'il se sentait mal d'être à la place que Richard avait occupée quelques jours plus tôt. Décidant à la place de chérir cet instant, il oublia rapidement le passé et profita de son bonheur. Allant et venant dans la bouche de Richard, étonné de sa gourmandise alors qu'il l'attirait au plus profond de sa gorge, il sut à quel point cet homme l'aimait. Lorsqu'il sentit son amant arriver au bout de son oxygène, il se retira doucement pour le laisser respirer et caressa son visage. Respirant fort, Kruspe sentit son visage le brûler et lorsque Landers passa une main sous ses fesses avec un air interrogateur, il comprit et lui lança un sourire.

Se redressant pour l'embrasser promptement, Richard finit par haleter et murmura :

- Je suis prêt, tu peux y aller.

Dans l'éventualité où Paul tenterait de l'en dissuader une nouvelle fois, Richard lui mordit la bouche et sentit les vibrations de son rire à l'intérieur de la sienne. Pour son plus grand plaisir, il vit l'aîné accepter en hochant la tête aussi légèrement qu'il le put. Pinçant les tétons de Richard pour le torturer un peu, Paul entendit son grognement se changer... en ce qui se rapprochait d'un ronronnement. Charmé à l'extrême, il ferma les yeux pour savourer cette douceur auditive. Passant rapidement une main sur son propre sexe, Paul lui mordilla ensuite les tétons avant de murmurer suavement :

- C'est mignon ce petit bruit que tu fais.

- Tu trouves ? Je n'ai jamais pu y échapper, ça vient tout seul quand je me sens bien.

- Carrément sexy ! Tourne-toi, mon petit chaton.

Avant de s'exécuter, Richard afficha une mine montrant son appréciation par rapport au surnom et Paul en fut heureux, continuant à le lui susurrer aux oreilles après être passé au-dessus de lui. Ce petit nom provoquait des frissons dans le dos de Richard que Paul ne put louper. Il y passa ses mains avant d'embrasser sa peau brûlante, puis il descendit le long de sa colonne vertébrale afin de toucher l'endroit désiré. Ses fesses rondes, solides et blanches prouvant bien la pudeur de l'homme en cas de soleil, bien qu'il vivait seul. Paul longea doucement la fente et sentit l'homme se raidir sous lui.

En l'absence de lubrifiant, il adopta la solution proposée par Richard. Il se lécha goulûment l'index droit avant de l'introduire avec précaution dans le corps de Richard. Ce dernier se mit légèrement à trembler mais Paul n'en fut pas surpris, gardant son doigt enfoncé afin de l'habituer doucement. Il se pencha de façon à pouvoir embrasser sa nuque et remua son doigt.

- Ça va aller, tu encaisses très bien.

Sortant sa tête qu'il avait enfouie dans l'oreiller, Richard demanda :

- Tu arrives à voir où tu vas ?

Sans comprendre le but de la question, Paul accéléra légèrement les mouvements de son doigt pour élargir l'orifice de Richard.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Richard eut un rire après avoir émis un gémissement, signe que Paul atteignait le bon endroit.

- Raser mes zones intimes n'a jamais fait partie de mes priorités, sauf pour enfiler mes tenues de scène. Alors si tu veux que je le fasse plus tard...

- Mon beau, ne fais surtout pas ça ! coupa Landers avant de le caresser de sa main libre.

Très lentement, il déposa de sa salive sur l'orifice de Kruspe avant d'y introduire un deuxième doigt qui ne manqua pas de le faire crisper.

- Shht... ça va aller ? Je voulais dire que je veux que mon mec reste naturel, surtout si c'est sa volonté. Je suis poilu aussi et on en parlait sous la douche, ça ne m'a jamais dérangé dans la vie. Elles disent ce qu'elles veulent mais la plupart des femmes aiment les hommes velus ne serait-ce qu'un peu.

Gémissant en les imaginant tous les deux au naturel, sans le moindre rasage et en contact l'un sur l'autre, le brun souffla avec plaisir :

- C'est vrai ça.

Crachant sur ses doigts, Landers l'étala sur son gland qu'il ne tarda pas à poster devant l'anus de son amant. Moins ils attendraient et mieux ce serait, autant pour le stress de Richard que pour l'humidité sur son organe. Néanmoins, il tenait à ce que l'autre homme soit sûr de lui.

- Richard ? Mon amour, j'admire ta façon de vouloir à tout prix me laisser faire. Mais toi-même, tu as eu la patience d'attendre que je me sente prêt à passer à l'action alors je te le dois bien en retour si ça te fait trop mal. On peut encore attendre ton retour de New-York, on sera réunis tous les deux.

Attristé mais impressionné tout de même en voyant son amant refuser d'un signe de tête, Paul lui embrassa la nuque.

- D'accord ! Alors je me lance.

Il retira ses doigts avant d'introduire sa verge dans l'anus encore dilaté, évitant ainsi que Richard ne perde trop vite la sensation de prise. Paul l'entendit grogner de douleur car en plus d'être une seconde pénétration, celle-ci fut également plus large et profonde. Il se pencha et posa ses mains sur celles de Richard, serrées contre le matelas comme pour supporter l'intrusion. Il embrassa passionnément son cou pour le rassurer puis commença à s'enfoncer au maximum dans cette délicieuse source de chaleur, donnant des coups de reins mêlés à des paroles suaves et provocantes. Bien que le but premier était de faire oublier la douleur à son amant, cela lui fit aussi passer le temps jusqu'à ce que la douleur de Richard ne se change lentement en plaisir. Alors que sa frénésie grandissait, Paul dut la retenir par égard pour Richard mais nota une chose en caressant son dos.

- En voilà un corps bien luisant !

Il fit glisser ses doigts du dos jusqu'à la raie en admirant la brillance qui résultait de leur plaisir, satisfait d'entendre le plus jeune gémir son prénom.

- Là mon chaton, tu es déjà moins étriqué. Tu le sens ?

- Mmm... oui, je le sens.

Effectivement, Richard était si nerveux mais excité que son corps s'était empli de sueur, ce qui humidifiait son anus et facilitait les poussées de Paul. Pour en être certain, ce dernier se retira et entra de nouveau dans le corps musclé sous lui. Bien qu'il le sentit encore un peu tendu, il tomba littéralement sous le charme lorsque son amant commença à alterner les gémissements d'encouragement et grognements de plaisir. Saisi par une pensée, Landers proposa à Richard :

- Tu veux essayer de te mettre sur le dos ?

Tournant la tête, le plus jeune sembla hésiter mais accepta en voyant le regard rassurant de celui qu'il aimait. Alors qu'il se retira pour le laisser se placer sur le dos, Paul caressa son corps en sueur et s'allongea sur lui.

- Tu as ma parole que si ça te fait mal, j'arrête et on se replace comme avant. Sauf si tu décides d'arrêter aussi, je serai à l'écoute.

Malgré ces mots, il savoura la hardiesse de Richard lorsqu'il attira son visage pour l'embrasser. Lui attrapant les fesses, le brun lui lécha la bouche avec fougue avant de murmurer :

- C'est gentil de ta part mais ne t'en fais pas autant pour moi, je ne suis pas en sucre.

S'exécutant, Kruspe se plaça correctement avant d'attirer l'aîné sur lui. L'envie furieuse dans les yeux de ce dernier aurait inquiété Richard s'il n'avait pas eu autant confiance en lui. Paul replaça sa verge de façon à le pénétrer et Richard s'arqua légèrement afin de l'y aider lorsqu'il sentit le gland le toucher. Le lorgnant d'un regard bouillant, Richard lui attrapa la nuque pour que cette appréhension de pénétration disparaisse vite et que Paul ne soit au plus vite en lui. Avide, ce dernier se jeta dans son corps afin de satisfaire son désir de plus en plus violent.

- Oh Reesh ! murmura t-il avant de l'embrasser voluptueusement.

Alors qu'il vérifiait en même temps du regard que son amant ne souffrait pas trop de sa brutalité, il s'encouragea lui-même à doubler en vitesse et en puissance. Son amant gémissait, fermait de temps en temps les yeux en grimaçant de douleur, puis grognait en l'encourageant à poursuivre. Paul sentit les mains de Kruspe lui saisir les hanches comme s'il avait peur de le voir s'éloigner, ce qui l'incita à donner tout ce qu'il avait alors qu'il se sentait sur le point d'éjaculer. Il se lova totalement sur lui et après avoir laissé leurs chaleurs corporelles fusionner, il explora au plus profondément de son corps jusqu'à buter contre sa prostate. Il se sentit encore plus excité lorsque Richard lui indiqua par un fort gémissement qu'il venait de lui faire atteindre le même plaisir qu'à lui. Foudroyé par les sensations, Landers attrapa la verge durcie de son compagnon avant d'effectuer de rapides va-et-vient pour l'amener au plaisir ultime. Lorsque sa main s'attaqua à ses testicules en les malaxant, Richard trembla et lui passa les bras autour afin qu'il ne s'arrête pas. Paul, en sueur, ne put cependant s'en empêcher le temps de lui demander de se retourner à nouveau. Mais à sa grande surprise, le brun afficha un sourire avant de lui obéir. Le retrait de Paul ne sembla peu ou pas lui avoir provoqué de douleur, de même que sa pénétration suivante qui se fit sentir de façon plus sensuelle et aisée. Le dominant à volonté, Landers passa sa langue le long de la fente offerte et humidifia l'antre de son homme en le léchant goulûment, l'écoutant gémir son prénom.

- Paul !

Ce dernier ne put tenir plus longtemps et pénétra brutalement son anus avant de satisfaire définitivement leurs envies. Transporté, il se fia aux sons émis par le plus jeune lui indiquant qu'il était également sur le point de jouir et les amena tous les deux sur le même nuage. La chair brûlante de Richard lui transmit chaque degré de son plaisir lorsqu'il bégaya en serrant le drap entre ses doigts.

- Oh putain, Paul...

- C'est trop bon, trop bon... Tu veux que je me retire pour gicler ?

- Non, je le veux en moi.

Répondant à cela, Landers se déchaîna en son intérieur et sa nature passa littéralement de douce à bestiale. Éjaculant dans un grondement indiscret qui raisonna dans les oreilles de Richard, il se jeta à son cou pour le mordre et prolonger ainsi son orgasme. Cette douleur, Richard sut l'apprécier et il se délecta de cet aspect primitif, alors que Paul ralentissait ses coups de reins tout en gardant sa chair entre ses dents. Repu, il s'arrêta et se laissa tomber sur le dos de Richard, épuisé mais encore excité avant de l'entendre respirer très fort. Pour ne pas le délaisser, il se releva en se retirant doucement. Il replaça ensuite son amant sur le dos et caressa ses zones érogènes, souhaitant l'entraîner vers une plus forte jouissance alors que Richard appela ses lèvres en se masturbant.

- Je regrette d'avoir... attendu si longtemps pour me rendre compte... de ce que je ressens ! susurra Landers entre deux baisers voraces.

Il passa une main entre les cuisses de Richard pour malaxer ses testicules, ce dernier s'arquant en pliant les genoux sous la violence du plaisir.

- Je t'aime aussi, mon petit ange. Mais là, je sens que je vais...

Les yeux brillants de luxure, Paul descendit son visage au niveau du sexe gonflé. Salivant devant l'organe rougi par le sang, il le masturba tout en embrassant et léchant les testicules. Se mordant les lèvres, non sans grimacer sous la douleur, son amant grogna et gesticula sous l'impatience avant qu'un gémissement explicite ne prévienne de son éjaculation. Accélérant son maniement, Paul recula la tête afin de contempler son expression de plaisir. Mais pour en profiter pleinement, il remplaça sa main par sa bouche avide pour le sucer à toute vitesse et en profondeur, recueillant le sperme qui en germa l'instant d'après. Il sentit les mains de Richard le maintenir sur sa verge en grognant pour lui faire entièrement englober son érection, puis le liquide chaud se fraya un chemin jusqu'au fond de sa gorge alors que le bas du corps de Richard se souleva. Avalant difficilement, Landers commença à étouffer puis se sentit doucement relâché. Rougi par le manque d'oxygène, il avala ce qui coula de sa bouche, puis reprit sa respiration avant de lécher l'organe encore souillé. La respiration rapide de Kruspe l'encouragea à relever la tête. Ce dernier fixait le plafond et lorsqu'il croisa enfin ses yeux, Paul se retrouva fasciné par son expression de plaisir. Son visage luisait et ses lèvres tremblaient. Se redressant le temps de ramener Paul vers lui, Richard contempla le bonheur dans ses yeux en se demandant s'il égalait le sien, car lui en tout cas était comblé.

- Je n'en reviens pas qu'on l'ait fait ! souffla Paul en s'allongeant sur lui.

Acquiesçant, Richard caressa ses cheveux en respirant au bord de ses lèvres et l'embrassa avec une pure tendresse. Notant que cet instant lui avait fait oublier son traumatisme du jour, Paul lui passa prudemment une main le long de la verge.

- Ça a l'air d'aller mieux à cet endroit. Tes couilles, ta queue et même ton visage. Tu n'as plus peur quand je te touche.

Ce détail lui ayant échappé, Kruspe haussa les sourcils puis sourit.

- C'est vrai que je ne faisais plus attention. J'ai toujours la douleur pourtant ! C'est l'effet "Paul" qui a tout occulté.

Flatté, le concerné se découvrit une véritable addiction pour le corps dénudé et transpirant de Richard. Voyant ses yeux le dévorer de la tête aux pieds en le parcourant de ses mains, Richard caressa le corps qui lui était également offert.

- Je t'aime, mon petit ange.

Ne sachant si ces mots seraient répétés par son amant, bien que déjà prononcés dans un contexte différent, il veilla à lui couper la parole pour ne pas le brusquer. Il déposa plusieurs baisers sur ses lèvres et dans son cou jusqu'à l'entendre gémir. S'abaissant jusqu'au ventre glissant, Paul lui montra toute sa tendresse en l'embrassant aussi. Alors qu'il sentit un soubresaut à son bassin, il entendit la respiration de Richard s'amoindrir. Son corps venait de se crisper. Pour trouver une raison à son silence quelque peu inquiétant, Landers vérifia si son compagnon était redevenu sensible au niveau du sexe, dans le cas où sa peur aurait été ravivée par le simple fait d'en avoir parlé. Les baisers déposés autour de sa verge ne provoquèrent aucune réaction négative, pas plus que le petit coup de langue sur son pénis, ce qui obligea l'aîné à regarder en dessous... et ce fut à cet instant qu'il constata un saignement anal.

- Tu saignes un peu, Richard.

- Ah ? C'est rien, t'inquiète pas.

Se cambrant plus encore lorsque Paul revint à sa hauteur, le plus jeune dissimula mal sa douleur par son sourire. Pourtant, Paul se renseigna le plus possible sur l'intensité de cette douleur car bien que Richard sembla la tolérer, le saignement anal d'une première fois entre hommes n'était pas négligeable.

- Reesh ! Je ne veux pas que tu laisses ça de côté même si le saignement est petit, ce n'est pas n'importe quel endroit. Je vais te passer un peu d'eau dessus et après...

- Paul, mais je ne suis pas en sucre ! couina Richard.

Paul soupira puis jeta un œil sur l'endroit dont le saignement s'était effectivement arrêté.

- Tais-toi, c'est un ordre. On a beau être solides mais nos corps n'ont pas pris le temps de s'habituer à une pénétration jusqu'à maintenant, alors dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. Même un peu d'eau et je file t'en chercher. Je sais que tu as mal même si tu ne le dis pas, on n'est pas des surhommes. Il n'y a pas de honte à ressentir la douleur, ça n'enlève pas ton plaisir.

Il vit une main se glisser sur sa joue et bien que sa douleur fut encore vive, Richard l'attira à lui pour l'embrasser.

- Ce n'est pas ça, il faut juste savoir l'apprécier. C'est une douleur qui fait plaisir alors je peux la supporter. De toute façon, on devra nettoyer les draps demain.

Landers le regarda dans les yeux en révélant son appréhension précédente à propos du traumatisme lié à l'agression, puis il s'étonna de voir le prolongement de leur échange donner les larmes aux yeux à son compagnon. Richard s'accrocha à son visage et serra la mâchoire pour s'empêcher de pleurer. Paul sut qu'y repenser lui avait fait mal et après être allé éteindre la lumière, il vint se lover contre lui en les recouvrant tous les deux avec le drap et la couverture. Il s'en rapprocha le plus possible et le caressa en murmurant :

- Je ne laisserai personne te faire du mal.

Il savait à quel point Richard se sentait diminué lorsqu'une personne le défendait ou cherchait à le protéger, ce fut pour cela qu'il sentit son cœur s'alléger lorsque Richard sembla en prendre conscience cette fois. En effet, il murmura un "merci" presque inaudible, mais qui suffit à Paul. Il le serra contre lui une dernière fois et alors qu'il entendit Kruspe bâiller, il repensa à le prévenir de ce qui l'attendrait le lendemain.

- J'ai oublié de te dire, mais attends-toi à recevoir un énorme câlin de la part de Flake demain matin.

D'une petite voix, Richard répéta sans comprendre :

- Pourquoi ça ?

Landers acquiesça.

- Je lui ai dit de te laisser tranquille cet après-midi alors il l'a fait, mais demain tu vas y passer et peut-être que Doom va te coller aussi. En tout cas, s'il met sa fierté de côté.

Son amant secoua légèrement la tête.

- Pour l'un comme pour l'autre, je ne vois pas l'intérêt. Je fais la gueule le matin et tout le monde le sait alors crois-moi, ils ne vont pas prendre un tel risque. Ce serait comme s'approcher d'une centrale nucléaire en état d'alerte.

Bien qu'il eut envie de rire sachant que c'était vrai, Paul resta sérieux et lui jeta un regard perçant.

- Ah bon ? Alors il faudra que j'aille voir par moi-même ce que cette Thea a de si particulier pour avoir eu droit à ton "affection" de si beau matin. Non, je plaisante. Ce que je veux dire, c'est que Flake pense que c'est de sa faute si ces gars te sont tombés dessus puisqu'il t'a fait sortir de la maison.

Kruspe resta muet car étant rancunier, il en voulait toujours à leur ami pour sa provocation l'ayant justement entraîné à l'extérieur. Hors, si le mari était venu ici pour régler ses comptes, c'était bien par sa faute à lui et Lorenz n'avait rien à voir là-dedans. "Les tords sont partagés" pensa le guitariste. Au moment où il voulut se forcer à prononcer ces mots, il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que Paul l'encouragea à dormir, facilitant son envie de garder le silence. Après s'être longuement embrassés et souhaités une bonne nuit, ils s'endormirent face à face en gardant leurs mains jointes.

ooOOoo

Le lendemain, Richard émergea tout doucement puis après avoir senti que son amant était réveillé aussi, il se tourna face à lui. Le fait de remuer dans le lit engendra un gémissement camouflé chez l'aîné et Richard sourit. Seul le haut de la tête de Landers dépassait de sous la couverture, raison de ce son étouffé. Voyant l'aîné trop s'approcher du bord en voulant bouger, Kruspe l'attira doucement contre son torse afin de le garder en sécurité. Bien qu'il aimait avoir son espace au réveil, Paul comprit la raison de son geste et le laissa agir en lui facilitant la tâche. Une fois collé à lui, il s'étira en bâillant avant de s'agripper au bras qui était passé devant lui.

- Mmm... b'bé, vas bien ?

Toujours aussi hachés, les mots de Paul au réveil attendrirent Richard qui déposa un baiser sur son oreille.

- J'ai un peu mal au cul, mais c'est une bonne douleur.

Avec une moue compatissante, Paul passa une main derrière lui et chercha la partie endolorie pour la caresser.

- D'solé mon chaton !

- Ne le sois pas, c'était génial.

Richard se lova davantage contre lui et lorsque Paul entendit ce "ronronnement" découvert la veille, il fondit et ses yeux s'ouvrirent. Il se tourna lentement pour le regarder et constata une sérénité nouvelle chez son amant. Malgré ses yeux fermés, un sourire était dessiné sur les lèvres de Richard et allait de pair avec cet irrésistible grondement intérieur. L'aîné referma les yeux et savoura ce moment.

- Qu'est-ce que j'aime entendre ça, c'est aussi doux qu'un câlin.

Il sentit la main de Richard changer de place, quittant le dessous de la couverture pour venir lui caresser le visage. Pour un homme hargneux au réveil, Paul se considéra comme un privilégié étant donné le traitement auquel il eut droit. En dépit de son mal, Richard était d'une douceur sans faille dans ses gestes comme dans ses mots. Pour se rassurer sachant qu'il serait capable d'édulcorer pour masquer une souffrance plus grande, Landers redescendit une main sur ses fesses. Ouvrant les yeux pour déceler tout mensonge, il le questionna sur l'intensité ressentie.

- Tu es sûr que ça va ?

Il vit le sourire du brun s'élargir.

- C'est la seule douleur qui m'ait fait du bien dans la vie. Crois-moi, je vais très bien.

Richard ouvrit les yeux et l'embrassa après s'être assuré de sa persuasion. Après avoir hoché la tête, Paul passa une main dans ses cheveux noirs avant de longer ses lèvres fines, puis murmura :

- Ravi de l'entendre alors. Il y en aura d'autres, je te le garantis.

Cette fois, ce fut lui qui prit l'initiative d'un baiser beaucoup plus long et ardent que le précédent. Mais lorsque la mollesse du réveil le rattrapa assez vite, il posa son front contre celui de Richard mais afin de conserver la magie de l'instant, il passa au-dessus de lui. Richard apprécia grandement ce geste et maintint ses hanches en savourant leurs corps qui se touchaient.

- Rick !

- Oui ?

Paul chercha les bons mots.

- Tu sais... je n'aurai jamais imaginé pouvoir ressentir la même chose que toi. Surtout aussi vite après ce qu'il s'est passé. Je savais que j'avais un petit quelque chose pour toi au fond de moi, mais je n'aurai jamais pensé que ça se révèlerait par ce que tu as fait. Au départ, je voyais ça comme un mélange d'amitié et de... disons de ce qui peut pousser deux amis proches à pouvoir s'embrasser et se toucher aussi facilement sans s'y sentir obligé. Et ce n'était que pour toi...

- Pardon Paul !

Il vit les yeux de son amant s'humidifier mais bien qu'il s'y était attendu, il tint à les faire disparaître.

- Tu n'as plus rien à te faire pardonner. J'avais besoin de me rendre compte de ce que je ressentais pour toi.

- Tu n'avais pas besoin que je te fasse du mal ! grogna Richard en tournant la tête.

- Je veux dire en étant bousculé un peu.

Pour le calmer et changer de sujet, Paul plaqua ses lèvres sur les siennes un long moment. Il chercha surtout à réentendre ce fameux bruit qui l'apaisait autant qu'il le faisait craquer... et qui ne tarda pas.

- J'ai envie de passer toute la journée au lit avec toi.

- On peut si tu veux, mais bon... ce serait étonnant que personne ne vienne nous déranger pour savoir s'il ne se passe pas des choses louches.

- Louches du genre ? La ronronthérapie n'a rien de louche.

- Tout le monde est réveillé ? La douche de l'étage est occupée, pas possible d'aller me laver.

La voix de Flake qui se renseignait un peu trop fort depuis le couloir fit râler Richard.

- Et merde ! C'est quoi ce mauvais hasard ? Tu crois qu'il faut faire semblant de dormir ?

- Ils ne vont quand même pas entrer, ce serait culotté ! répondit Paul.

Bien que Landers eut pensé cela de leurs amis en toute honnêteté, ce fut également pour rassurer son amant mais il n'avait pas prévu ce qu'ils entendirent.

- Je vais aller voir.

Ils grognèrent tous les deux avant de simuler le sommeil en se replaçant de façon appropriée. Ils entendirent le cliquetis discret précédant l'ouverture lente de la porte, donnant une vue sur eux au curieux. Bien que l'identité exacte de l'intrus leur fut masquée par leurs paupières, ils en eurent une idée : Flake ! Après tout, il était celui qui avait posé la question. Mais alors qu'ils entendirent la porte se refermer, ils se regardèrent, souriants et victorieux avant de garder le silence sans plus oser parler. Ce moment fut doux et oxygénant pour eux. Inconsciemment, ils recommencèrent à bâiller avant de se rendormir l'un après l'autre.

Ils se réveillèrent à peine une heure plus tard, leur sommeil ayant été court mais revigorant. En remuant, Richard laissa entrer un courant d'air sous le côté de la couverture et frissonna. Bien que lui était entièrement réveillé cette fois-ci, il préféra vérifier qu'il en était de même pour Paul. Il attendit que celui-ci n'ouvre les yeux et le regarde, ce qui tarda tellement Paul se sentait bercé contre lui.

- Tu veux dormir encore un peu ? s'enquit-il.

Landers hocha la tête.

- Je ne pense plus pouvoir.

- Ah ben tant mieux ! Viens par là, ma bouillotte.

Kruspe souleva délicatement puis allongea Paul sur son propre corps après s'être placé au milieu du lit. L'aîné étant léger, ils eurent toute la place sans plus atterrir au bord du lit. Étant donné qu'ils avaient privé Flake de sa douche il y a une heure, ils évoquèrent un possible retour de sa part en riant au cas où il aurait volontairement évité la salle de bain du haut rien que pour les embêter.

- Ça m'étonnerait, la salle de bain de l'étage a une baignoire. Tu voudras la tester ? demanda Paul avec un sourire coquin.

- Je ne dis pas non mais le problème, c'est que je me sens tellement sale qu'il faut que j'y aille tout de suite.

Devant la moue du plus jeune, il n'insista pas.

- Alors demain si tu veux ? On a le temps.

- Ça marche.

Après l'avoir embrassé, Paul proposa de lui apporter un café sur la table de nuit. Il savait que ce problème entre lui et Till ne se réglerait pas facilement car ses deux amis étaient trop fiers et têtus comme des mules. Sa proposition acceptée, il se rendit à la cuisine non sans pester contre la froideur du carrelage du couloir des chambres.

Il fut à peine entré dans la cuisine que tous les regards se posèrent sur lui. Stoppé, Paul les regarda tous avant de froncer les sourcils et de regarder la pendule. Il n'était encore que le milieu de la matinée.

- C'est quoi ce tableau ? Je sais que j'ai une drôle de tête le matin mais vous me faites peur, alors arrêtez de me regarder comme ça.

Sans se sentir concerné, Lindemann fit les gros yeux.

- Comment il nous parle dès le réveil lui !

Schneider ajouta :

- Oui, le petit va se manger une tarte à cinq doigts.

Alors que Paul sortit deux tasses pour son amant et lui, il entendit Ollie murmurer ce qu'il ne fallait pas pour l'achever le matin.

- En plus, il n'y a pas qu'au réveil que tu as une drôle de tête.

Par vengeance alors qu'ils commencèrent à se moquer gentiment, Paul revint pour sauter sur le plus grand en s'accrochant à son dos. Surpris, Oliver dut faire attention à ne pas renverser son café en manquant de tomber du tabouret. Till et Schneider arrivèrent derrière Paul et le décrochèrent du bassiste en rigolant, mais avec du mal tellement Landers s'accrocha.

- S'ils m'attrapent, tu tombes avec moi.

Leur bagarre amicale du matin enfin passée, Paul chercha à savoir qui n'était pas encore passé à la salle de bain. Il servit ensuite le café pour Richard et lui et les réchauffa au micro-ondes avant de retourner à la chambre avec les tasses.

- ON PUE AU MOINS ? demanda Flake.

Paul hurla depuis le couloir :

- OUI !

Till baissa les yeux car il connaissait la raison de son évasion. De son côté, le guitariste regretta d'avoir fermé la porte de la chambre car il ne fut pas pratique pour lui de baisser la poignée avec une tasse dans chaque main. De retour à l'intérieur, il les posa sur la table de nuit avant de rendre une visite surprise à Richard dans la salle de bain.

- Bébé, je t'ai ramené ton... oh !

Mais la surprise fut autant pour lui lorsqu'il constata dans quel état se trouvait son compagnon.

à suivre...