Chapitre 6 – Confrontations et réactions en chaîne
Il se maudissait John, il fulminait, vexé, comme jamais, au centre d'une attention qu'il jugeait assez dérangeante. Pour ne pas dire carrément malaisante. Quelque peu contrarié par le regard que cet homme posait sur lui. Avec ce sourire au bord des lèvres qu'il aurait voulu lui faire ravaler. Bien déterminé à régler ses comptes, et à reprendre sa place. Sans avoir à baisser les yeux, ou à s'en excuser. Qu'importe qu'il puisse se trouver pathétique dans l'instant. Pas vraiment à son avantage. Il l'avouait. Il le reconnaissait. Quarante ans, et la certitude indéfectible que ce qui ne tuait pas rendait plus fort. Du mauvais côté de la porte. En colère, et profondément affecté par sa propre incapacité à gérer la situation. Pas en mesure de garder ses distances, beaucoup trop impliqué. Trop engagé. Trop. Juste trop. Sans doute à un tournant décisif de son existence. Il le pressentait. Se voiler la face ne lui servant plus à rien désormais, plus le temps de reculer. Ni même de tergiverser. De la tendresse dans chaque battement de cœur qui l'animait, tel un retour brutal des vagues sur elles-mêmes quand elles frappaient un obstacle. Un cri d'amour étouffé qu'il retenait au creux de l'or qui entourait ses silences. L'heure des aveux approchant à grand pas dans sa direction. Alors que la réalité dépassait l'entendement, bien au-delà de tout ce qu'il avait pu s'imaginer. Aucun mot ne suffisant dès lors à décrire ce qu'il ressentait, dans une sorte de va-et-vient incessant.
Lorsqu'il se répétait pour lui seul qu'il aurait dû le retenir. L'empêcher de partir. Avant qu'il ne soit trop tard. Avant que. Le garder, seulement avec des si… rien que des spéculations vaines et inutiles. Par conséquent...
Il se jurait de faire regretter à cet autre de s'en être pris à un membre de son équipe, à Ronon en l'occurrence. Plus du tout disposé à gentiment attendre que les choses se passent de façon réglementaire. À bout de patience. L'envie meurtrière de couper la main qu'il voyait glisser sur le torse du Satedien le prenant aux tripes. Un geste déplacé, qu'on imposait. Il ne s'y trompait pas. Une étreinte possessive et presque abusive, qui l'agressait et à laquelle il ne demandait qu'à mettre fin. Dans les plus brefs délais. Sans la moindre sommation d'usage, quitte à entrer dans cette cellule pour arracher ce bras qui lui donnait une impression d'étau, et ensuite le broyer. Contraint une fois encore à la passivité, simple spectateur de la scène invraisemblable qui se déroulait sous ses yeux à travers la vitre.
- Il nous regarde ton ami, reprit le vampire à l'adresse de Ronon tout en pointant la porte du doigt pour lui désigner Sheppard qui les fixait d'un regard noir et menaçant. Après quoi, il le libérait de son étreinte pour aller s'asseoir en face de lui. Qu'est-ce qui te permet de dire que je mens ? Qu'est-ce que tu peux bien savoir de la vérité, toi…
- Je sais juste qu'un homme désolé ne se comporterait pas comme tu le fais, c'est tout. Et John ferait la même chose pour n'importe lequel d'entre nous. Que ce soit Teyla, Rodney ou même le docteur Weir. C'est son job de veiller sur nous. Puis, le docteur Beckett lui a demandé de garder un œil sur moi jusqu'à ce qu'on rentre enfin chez nous. Lui jeta alors le Satedien à la figure, comme si les murs du SGC lui redonnaient de la force et de la combativité.
- C'est donc toi qui espère m'apprendre la bonne manière de me comporter, intéressant.
- Qu'est-ce que tu veux Elijiah ? Pourquoi tu fais ça… essaya-t-il de comprendre en croisant les bras sur la table.
- Je te l'ai dit, je me sentais seul. Est-ce que c'est si difficile à comprendre ? Mais tu as raison sur un point, je mens. La vérité c'est que je ne regrette absolument rien, tu sais pourquoi ? Parce-que je n'ai plus rien à perdre. Et que grâce à toi, j'ai eu l'impression pendant l'espace d'un court instant que tout reprenait sa place… lui répondit ce dernier sur un ton de confidence en imitant ses gestes et en croisant à son tour les bras sur la table. Malheureusement pour moi, il a fallu que… John ! vienne fourrer son nez dans mes affaires et foutre en l'air tous mes plans. Lorsque je t'ai vu dans ce bar, je n'avais pas encore compris que tu appartenais déjà à un autre. Et puis, tu es si facile.
- Pardon… t'insinues quoi là exactement ? l'interrogea Ronon en se braquant. J'ai rien cherché avec toi, c'est toi qui m'a manipulé ! Je t'ai jamais allumé ni fait croire que tu me plaisais. Tout ce que j'ai fait, c'est sauvé ta peau. Enfin, c'est ce que je pensais… tout ça, c'était prémédité. Tu m'as attiré dans un piège ! Espèce de…
- Chut. Ne dit rien que je pourrais ensuite te faire regretter, lui intima le vampire en lui coupant la parole. N'oublie pas à qui tu parles, et que ta survie ne dépend plus que de mon bon vouloir. Alors on va se calmer, tous les deux. Et pour information, je n'ai jamais prétendu que tu m'avais allumé. Je faisais plutôt allusion à cette empathie qui se dégage de toi, à cette compassion que tu sembles naturellement éprouver pour les plus faibles, pour tous ceux qui souffrent, laissa-t-il échapper en perdant de son assurance avant de se reprendre et de poursuivre, pour être plus clair je parlais uniquement de cette facilité que tu sembles avoir à ressentir les émotions et à les laisser te guider. Même si je te l'accorde, un homme, un vrai n'est-ce pas ? Ça doit assumer les conséquences de ses erreurs. Effectivement. Ce qui m'amène à la conclusion suivante, j'aurais pu m'abstenir de planter mes crocs dans la gorge du premier venu simplement parce-qu'il avait un joli petit cul, acheva celui-ci.
Pas pour se montrer blessant. Quoique. Sur la défensive, les apparences se montrant parfois trompeuses. Dans la provocation gratuite. Certes. Mais avec pour seule ambition la ferme intention de se protéger. Et peut-être qu'un jour il lui dirait la vérité, qu'il lui confesserait tous ses plus fragiles secrets. Peut-être qu'il se livrerait, et qu'il lui ouvrirait tous ces endroits aussi sombres que dans son imagination. Le Satedien se relevant brusquement sur ses derniers mots, le visage défait. Décomposé. Pris d'un élan de rage incontrôlable lorsqu'il renversait la table.
- J'appartiens à personne ! Et je dépends de personne, là d'où je viens les hommes se battent pour leur liberté. Puis si tu le connaissais, tu saurais que Sheppard ne considère pas les autres comme sa propriété ! Cracha Ronon.
La réflexion de trop, celle qui faisait tout basculer. Tout capoter. Pour rendre l'équilibre déjà précaire encore plus instable. Un grain de sable dans l'engrenage qui entraînait à sa suite une succession de réactions en chaîne, pour aller à la confrontation. Le vampire ayant à peine eu le temps de s'extirper du carcan que formaient la chaise et la table autour de son corps pour sauvagement l'empoigner, et puis l'encastrer dans le mur. Fini de jouer. Un râle de douleur s'extirpant de sa gorge sous la force brute de l'impact. Pas dans son état normal. Plus vraiment lui-même, traqué par ce chasseur d'âmes alors que le ton se durcissait : « J'ai dit qu'on allait se calmer, tous les DEUX ! Et ton Sheppard, je l'emmerde. Il est trop tard pour vous chéri...» sur un fond de menace à peine voilé qu'on ne cherchait plus à masquer, ni à lui dissimuler. Crash, crash. Sur quoi, on l'embrassait. On. Les lèvres d'Elijiah se plaquant contre les siennes. Sans lui laisser le choix. Impitoyable. Un geste qui l'écœurait. Mais qui avait néanmoins le mérite de le confronter à la nature déviante de ses délires. Des fantasmes qu'on enfonçait dans son crâne malgré lui, et qui sortis de leur contexte le révoltaient. Dans un éclat de lucidité passager. Une fulgurance qui le traversait tout entier. Il savait. Qu'ON le manipulait. Qu'ON le conditionnait. Il le disait, il l'admettait, même s'il ne trouvait plus les ressources nécessaires pour se défendre. L'ange et l'acide. L'emprise du vampire sur son esprit écrasant désormais les miettes de volonté qu'il lui opposait. Conscient des choses, sans pour autant avoir la moindre prise sur le cours des événements. Complètement annihilé. Un fétu de paille entre ses mains. Et il le haïssait. Les fondements de sa personnalité se mettant à vaciller lorsque les dents de ce dernier éraflaient sa lèvre avant de s'y planter. Des dents qui s'allongeaient jusqu'à devenir des crocs acérés qu'il sentait le perforer.
Pour lui infliger une morsure assassine, et pourtant salvatrice. Comme si à travers son sang, le vampire aspirait tout le mal qui le rongeait de l'intérieur. Les hallucinations dont il souffrait s'atténuant de manière assez significative. Pour lui rendre un peu de calme, lui offrir un instant de paix des plus illusoires. John restant littéralement paralysé devant la gueule bestiale de ce démon qui semblait le posséder, un mangeur de monde qui lui dévorait la bouche. Envie de vomir. De se vider, il dépérissait. Avant de renaître. Le teint cireux, quand soudain la porte de la cellule s'ouvrait en grand. Éveillant une lueur d'espoir au fond de son regard vitreux. Un violent coup de pied à l'arrière du genou, pile au niveau de l'articulation, obligeant le vampire à lâcher prise. Un coup de crosse en plein sur la tempe terminant de le jeter à terre. Ronon glissant le long du mur.
- Reculez, TOUT DE SUITE ! qu'il ordonnait, Sheppard. Hurlant, en pointant son arme droit sur le vampire.
- Sinon quoi ? Siffla Elijiah, en affrontant son regard sans rien lui concéder. L'arcade sourcilière ouverte.
- Sinon je vous fais exploser la cervelle ! Autant de fois qu'il le faudra, et jusqu'à ce que mort s'en suive.
- Vraiment…
- J'en sais rien ! Vous voulez tenter votre chance pour voir, lui proposa froidement John très motivé par l'idée d'en finir tout de suite. Maintenant, vous allez lentement vous relever et tranquillement aller vous asseoir dans le coin de la pièce. Vous deux, faites sortir Ronon d'ici ordonna-t-il à l'attention des deux soldats en faction devant la porte.
Les deux hommes s'exécutant, et s'empressant de ramasser le Satedien dont les jambes refusaient de le porter. Tandis que John reculait avec prudence pour les rejoindre, prêt à appuyer sur la détente.
- Vous commettez une grave erreur… renchérit Elijiah. Sans sa dose quotidienne, son état ne fera qu'empirer. Et vous voulez que je vous dise ce qui va se passer ? Bientôt, John, c'est vous qui viendrez me supplier de le mordre.
- Encore un mot, et…
- Sheppard… vint l'interrompre Ronon en l'appelant dans un souffle inanimé.
- J'arrive Chewie, s'empressa-t-il de lui répondre. On en a pas terminé tous les deux ! Promit-il au vampire.
- J'y compte bien… lui répondit Elijiah. Tapis dans l'ombre, alors que la porte de la cellule se refermait sur lui.
Une bonne heure maintenant que ça durait. Qu'il se vidait. Malade à en crever, l'estomac complètement retourné. Des crampes au ventre et puis aussi, des douleurs abominables qui n'en finissaient plus de le plier en deux sans lui accorder le moindre instant de répit. Au sens propre comme au sens figuré. Dans une lente agonie. Une sensation lancinante qui lui coupait le souffle. Agenouillé au sol. Le visage au-dessus de la cuvette des toilettes, son corps se tendant péniblement sous les brûlures qu'il sentait courir et affluer le long de sa gorge. Les doigts qui cherchaient à maladroitement s'agripper à l'abattant en plastique. Simple réflexe archaïque. Mécanique. Une réaction primitive qui déposait contre sa peau une fine pellicule d'un liquide collant et poisseux, quelque chose d'humide. Une odeur désagréable remplissant ses narines d'amertume, alors que ses intestins se tordaient, qu'ils se nouaient, et qu'ils se contractaient à intervalles réguliers. Lui laissant juste le temps de respirer avant de se remettre à vomir. John lui tenant les cheveux pour éviter à ses dreadlocks de tremper dans ce qu'il crachait, et de s'imbiber de bile. Un détail parmi tant d'autres. La lèvre toujours en sang. Blessé dans sa chair, le militaire accompagnant chaque spasme qui secouait ses épaules. Un peu humilié, prétendre le contraire serait mentir. Même si voilà. On arrêtait pas la guerre à cause d'une balle perdue. Un fier Satedien, mais dont les yeux se remplissaient de détresse. Un regard semblable au jour pas si lointain de leur rencontre. Pire encore. Lorsqu'il s'affaissait, les fesses assises sur ses talons.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? qu'il demandait à Sheppard, la voix roque et qui se cassait.
- Ce qu'on fait toujours Chewie, se serrer les coudes et s'en sortir ! Tous ensemble, une évidence assez incertaine pour l'heure mais que le lieutenant-colonel se faisait pourtant un devoir de lui affirmer.
- Et comment on va faire ça ? Poursuivit Ronon, tout en s'essuyant la bouche d'un revers de la main.
- Et ben… on va suivre le plan, avança ce dernier de manière assez hasardeuse.
- Parce-qu'on a un plan ?
- Pas encore, mais McKay va trouver une solution c'est sûr !
- Sheppard, je veux pas que les autres me voient comme ça…
- Vous allez dormir et manger, et demain vous serez à nouveau vous même. Faut pas vous en faire.
- Sheppard, je plaisante pas.
- Je sais, et je vous le promets. D'accord ?
- D'accord… aidez-moi à me relever, lui demanda alors le Satedien.
- Vous êtes sûr ? Enfin, le prenez pas mal surtout mais je vous trouve pas bonne mine.
- Non… gémit-il en recommençant à vomir.
John se relevant pour lui laisser un peu d'intimité et sortir, besoin de prendre l'air. Malade lui aussi de le voir dans cet état. La main sur la crosse de son arme. Des envies de meurtre au bout des doigts qui le démangeaient, envie de le tuer. Cet autre. De le faire disparaître, le cœur accroché aux lèvres du Satedien. Tous les deux, ça sonnait à la vie à la mort dans ses oreilles. Bang, bang, bang. Qu'importe ce qui se passait, pour lui il pourrait se prendre une balle. Qu'elle soit perdue ou pas. La base. Ce qui l'amenait à la réflexion suivante, à savoir qu'il devait absolument régler la situation. Le plus rapidement possible. Avant que ça pourrisse, que tout s'abîme. Et s'en même le réaliser, il entrait dans une toute nouvelle dimension. Ce qu'il éprouvait se précisant. Donc. Plus le choix, il lui fallait vite supprimer le problème. Sans passer par la case du brave soldat qui demandait la permission de. Quitte à être sévèrement sanctionné, puis à répondre de ses actes devant la cour martiale. De toute façon, une fois Ronon sauvé le reste n'aurait plus aucune importance. Son propre sort le laissant indifférent, pas homme à ne pas assumer ses responsabilités. Quoi qu'il en coûte. Ce fut à ce moment précis, que le docteur Beckett surgissait du couloir. Leurs chemins se télescopant, juste quand il franchissait le seuil de la porte du quartier des invités.
- Colonel Sheppard, est-ce que je peux vous demander où vous allez comme ça ? le stoppa Carson. On m'a rapporté votre entrevue avec le prisonnier, et loin de moi l'idée de vous donner des ordres, mais à votre place j'irai plutôt chercher quelque chose de léger à manger pour Ronon plutôt que de songer à lui faire justice vous-même. Ses yeux glissant du visage de John à la main qui tenait la crosse de son arme. Ça n'aidera personne, croyez-moi.
Une mise en garde qui n'appelait pas à la discussion, un simple conseil. Beckett entrant pour rejoindre le Satedien et l'aider à se relever. Le conduisant à la salle de bain « On va arranger ça mon garçon, venez.»
Sans faire un bruit, Sheppard déposait sur la table le plateau qu'il portait. Un bol de soupe, une tranche de pain, et un verre de jus d'orange constituant l'intégralité du repas qu'il réservait au Satedien. En supposant que ce dernier puisse avaler quoi que ce soit. Ce dont il doutait. Mais en tout cas, un menu approuvé par le docteur Beckett. Et il le regardait. Dormir. Prenant une chaise pour venir s'asseoir à côté du lit, ses doigts effleurant son front. Sa peau trop chaude le brûlant. Son teint livide le faisant pâlir jusqu'à se sentir dépérir. Les traits qui se creusaient, qui le défiguraient, puis des cernes qui apparaissaient tout autour de ses yeux. Alors que doucement, il lui prenait la main « Je crois que je vous aime Chewie.» Un aveu qu'il aurait voulu muet, mais qui se répandait déjà entre les murs du SGC. Résolument pas doué pour dire ces choses là. Des choses qui ne se prévoyaient pas, qui arrivaient comme ça. Ignorant qu'on l'observait lorsqu'il lui parlait « Je donnerais n'importe quoi pour être à votre place.»
- John… l'interpella à cet instant précis l'Athosienne qu'il n'avait pas entendu frapper à la porte.
- Ne le prenez pas mal Teyla, mais j'ai demandé à ne pas être dérangé. Et c'est valable pour vous aussi. Lui répondit-il assez froidement, sans même prendre la peine de se retourner. Ses doigts se resserrant sur ceux du Satedien.
- Je sais John. Je voulais simplement prendre de vos nouvelles. Comment va-t'il ?
- Carson lui a donné un anti-vomitif, commença-il à lui expliquer. Il a aussi recousu sa lèvre, avec un ou deux points il ne savait plus. Et toujours selon le docteur Beckett, les sédatifs avec lesquels on l'a bourré à notre retour à la base ont fini par faire effet et par l'assommer comme vous pouvez le voir. Maintenant, laissez nous s'il vous plaît. J'ai promis à Ronon que personne ne le verrait dans cet état, la congédia-t-il sans ménagement.
- Je comprends oui, mais n'oubliez pas que vous n'êtes pas seul. Lui rappela la jeune femme avant de se retirer. Ses dernières illusions d'amour se brisant contre le détachement que le militaire lui témoignait..
Il s'en voulait. Trop con parfois, à sa décharge fortement perturbé par la force d'attraction de ce qu'il éprouvait. Mais pas une raison valable pour négliger ses amis et manquer de considération à leur égard. Il devrait s'excuser. D'autant plus que Ronon n'approuverait pas. Homme d'honneur. Lui d'habitude inébranlable, un coureur, un survivant, un combattant dont la férocité n'égalait que sa grandeur d'âme envers les siens. D'une fidélité à toute épreuve. En attendant, il gisait dans ce lit. Inerte et absent. Et jamais il n'avait remarqué à quel point le Satedien pouvait avoir l'air jeune. Une prise de conscience qui lui conférait une responsabilité lourde de sens.
"Le premier jour de notre vie c'est demain Chewie, tenez bon."
Une pensée. Il s'y engageait.
Tout allait changer. Les événements s'enchaînant et précipitant l'échéance. Rien de fraternel entre eux. Comme il le prétendait depuis des mois. Comme il essayait de s'en convaincre histoire de sauver les apparences, avec toutes ses femmes. Collectionnant les aventures, sans jamais s'engager ou s'impliquer dans une quelconque relation. Et pour cause… maintenant il comprenait, préférant la compagnie du Satedien à celle de n'importe qui d'autre.
