Note : Ceci est le recueil frère de Fragments d'âmes et est consacré uniquement à Asgard (version de l'animé de 1986). Le mot plume dans le titre fait référence aux plumes des ailes des Valkyries dans la mythologie scandinave / viking. Si vous désirez un OS, les règles se trouvent dans le recueil d'origine.
Dédicace : Pour koyalau, qui apprécie les guerriers divins et qui m'a donné envie d'écrire sur eux avec sa fic Peaceful Days Saison 4 - Happy Summer Wedding que je vous conseille de lire.
Correctrice : Clina
Personnages : Fenrir d'Alioth, Hilda de Polaris
Mention de : Siegfried de Dubhe, Ging, Freya
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié, réconfort
Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.
Lieu : Le palais d'Asgard
Autre : premier d'une série d'OS, n'hésitez pas à proposer des idées.
Nombre de mots : 1947
Titre : Meute
Ils étaient revenus à la vie. Tous. Du moins c'était ce que les autres disaient. Ils étaient heureux. Ils fêtaient cela et ils créaient des liens. Lui, il se sentait exclu. Il ne les comprenait pas toujours. Il avait toujours haï l'Humanité. Non c'était faux, tout petit, il ne les détestait pas vraiment. Parfois il repensait à ce que son adversaire lui avait dit. Il ne savait plus trop quelle était son opinion sur le sujet. Et honnêtement cela lui importait peu. Il trouvait juste compliqué de retrouver sa place, de comprendre ce qu'on voulait de lui. Il avait voulu fuir, partir, parce qu'il était un être libre, qu'on ne pouvait garder enfermé. Mais ils n'avaient pas voulu. Il était un Guerrier Divin, serviteur d'Odin et de sa Prêtresse, un protecteur d'Asgard. Ils ne comprenaient pas que dans sa tête ce n'était pas un honneur. Il s'en foutait lui d'être un guerrier, d'être important et compagnie. Il ne se sentait pas à sa place entre ces murs de pierres. Alors il s'isolait comme il pouvait. Siegfried pouvait pester et lui faire des remontrances parce qu'il évitait les entraînements, il n'y venait quand même pas. Et pour le moment son chef n'avait trouvé aucun moyen de le faire plier et de le soumettre à ses ordres. Siegfried n'était pas son Alpha de Meute.
Ils étaient tous revenus à la vie, sauf ses loups. Sa Meute, sa famille, il l'avait définitivement perdue. C'était la seconde fois qu'il se retrouvait orphelin. C'était horrible. Et il savait par expérience qu'un loup solitaire ne faisait pas de vieux os. Assis, ici, dans un coin reculé du château face à la forêt nordique, il trouvait un semblant de paix. Il n'avait pas besoin de la compagnie des Humains, lui. Les escaliers en pierre étaient usés par les années, la neige fraîche et fragile de l'automne recouvrait le décor. Elle aurait disparu avec le soleil de l'après-midi. À cette heure matinale, il devait théoriquement s'entraîner avec les autres. Mais encore une fois, il avait réussi à s'échapper. Et encore une fois, on ne mettait pas un loup en cage ou il dépérissait. Il n'avait pas d'attache. Il avait l'impression que la forêt l'appelait. Mais il n'y allait pas. Il se sentait comme exclu de son monde d'origine. La peine, le deuil et la solitude lui pesaient énormément. Il entendit les pas dans son dos. Si savoir que quelqu'un errait par ici comme lui l'étonnait, il ne se retourna pas. Les pas étaient légers et accompagnés du frôlement d'un tissu sur la pierre froide. Le Cosmos était chaleureux, loin du froid des contrées. Il savait plus ou moins qui venait à lui. Et il se demandait pourquoi.
Hilda s'arrêta près de lui et elle observa le décor au lointain. Le silence s'éternisa. Fenrir se demandait ce qu'elle faisait là, seule surtout. Elle n'avait pas son protecteur attitré avec elle ou un autre Guerrier Divin ? Aucun d'eux ne redoutait qu'il soit désagréable ou dangereux pour elle ? Ils n'avaient pas grand-chose à se dire, elle et lui. Ils n'appartenaient plus au même monde. Bien sûr Fenrir aurait pu appartenir à ses proches, à son Conseil. Du peu qu'il avait comme souvenir, sa famille était aristocratique et appartenait à l'entourage royal. Mais il n'avait pas grandi à la cour. Il n'avait jamais côtoyé les êtres vivant ici. Fenrir osa un regard à sa souveraine et maîtresse. Hilda n'avait plus rien avoir avec la femme qui l'avait indirectement recruté. Elle ne dégageait plus cette aura froide et forte, cette envie de domination du monde. Elle avait en vrai un caractère assez doux et bienveillant, bien qu'on puisse ressentir sa culpabilité et sa tristesse. Elle avait été heureuse de voir revenir à la vie tous ses Guerriers et leur offrir de rester au palais était naturel pour elle.
« Puis-je m'asseoir ? », demanda-t-elle avec douceur et un léger sourire.
Fenrir releva le museau et il la regarda avec surprise. Elle était chez elle, non ? Il devait y avoir une règle sociale de politesse qui lui échappait. Après tout, il n'avait jamais vécu en société. Et en ce moment dire non le démangeait. Il voulait rester seul dans son coin, pour panser les plaies de son âme. Un animal blessé se cachait pour se soigner. C'était bien connu. Cependant il ne voulait pas s'attirer plus d'ennuis qu'il en avait déjà en refusant d'obéir aux ordres et en évitant les entraînements. Il opina de la tête. Hilda rassembla ses jupons gris et elle s'installa près de lui sur l'escalier en pierre. Cela ne devait pas être confortable et elle allait salir sa jolie robe claire. Mais elle se contenta d'un autre sourire et elle observa à nouveau la forêt. Fenrir savait qu'elle ne le forcerait pas converser avec elle. Il tourna le regard à nouveau vers sa chère forêt.
« C'est un paysage magnifique, n'est-ce pas ? », commenta Hilda de sa voix douce et chaleureuse.
« Hum… », répondit Fenrir. Non vraiment, la conversation ce n'était pas son truc. Et il espérait que sa Reine n'attendait pas de lui qu'il discute normalement. Mais elle ne poursuivit pas. Elle resta juste un moment près de lui sans rien dire avec un léger sourire, les cheveux balayés par la brise du matin.
« Je comprends que ce soit difficile pour toi. », murmura-t-elle finalement en tournant la tête vers lui. « Nous sommes des étrangers à tes yeux. Nous ne sommes pas ta Meute, n'est-ce pas ? », le questionna-t-elle de sa voix mélodieuse.
Fenrir ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire de toute manière. Ils n'étaient pas sa Meute. Sa Meute était morte en combattant pour lui, pour le protéger et l'aider ou pour le venger après sa mort, dans un esprit purement animal et social de clan. Le Guerrier divin observa à nouveau sa Reine. Elle ne le lâchait pas des yeux. C'était un regard mélancolique et tendre. Elle ne dégageait vraiment plus la même aura. De ce que le Loup du Nord avait compris, Hilda avait été possédée par une espèce d'anneau. Il ne pouvait pas juger si elle était différente d'avant cet épisode tragique, vu qu'il n'avait connu que la Reine guerrière prête à sacrifier le monde pour son peuple. Et ses motivations lui avaient peu importé. Ging s'était soumis. Il avait suivi son chef de Meute. Et maintenant, il découvrait la vraie personnalité d'Hilda. Et son aura bienveillante avait un effet apaisant même sur lui. Mais il ne le dirait jamais à voix haute.
« Je suis désolée. Je n'ai pas pu ramener ta Meute. Et crois bien que j'aurais aimé. Je sais aussi combien rester ici t'est compliqué. Je le comprends tu sais. Parfois je rêve aussi de m'évader dans les régions boisées, de profiter de la nature et de ses bienfaits… Cela étant je risquerais de me perdre seule. », Hilda continua de parler avec la même voix douce et mélodieuse, sans se formaliser qu'il ne répondait pas. « Mais peut-être qu'avec un guide qui connaît bien les lieux… quelqu'un comme toi ? »
« Pourquoi moi ? », demanda-t-il un peu surpris. Il était persuadé que les autres seraient heureux de servir d'escorte à Hilda.
« Parce que tu connais mieux la forêt, que tu fais sûrement moins de bruit et que tu ne me traiteras pas comme une pauvre princesse, qui risque de se tordre la cheville à chaque pas… Et je pense que tu connais les panoramas les plus beaux, non ? », expliqua-t-elle avec un air sûr d'elle et un plus grand sourire. Ses yeux pétillaient un peu de malice. C'était une nouvelle facette de sa Reine que Fenrir découvrait.
« Sûrement… », répliqua-t-il. Ses phrases restaient courtes et basiques. Il n'avait pas vraiment besoin de discuter avec ses loups. Il n'en avait pas vraiment l'habitude.
« Bien. Je m'en souviendrais. » Hilda conservait son air de petite fille à qui on faisait une promesse. Peut-être avait-elle vraiment envie de découvrir les forêts d'Asgard. « Fenrir, je sais qu'on est des étrangers pour toi. Mais tu sais j'aimerais que tu nous laisses une chance. On pourrait devenir ta Meute, si tu le souhaites, avec du temps bien sûr. Laisse-nous une chance pour te prouver qu'on mérite au moins ta confiance. »
La proposition le surprit. Il pencha la tête comme un louveteau curieux, qui observait une chose nouvelle. La reine Hilda semblait sérieuse. Elle ne s'imposait pas comme lors de leur rencontre. Étrangement, Fenrir eut l'impression qu'il avait le choix. Il ne pouvait pas rendre son armure divine. Il avait déjà essayé de le faire. C'était un don de leurs Divinités, qui ne se rendait qu'avec la mort. Et en le ramenant à la vie, on lui avait remis son armure bien sûr. Il avait voulu partir. On lui avait refusé. Son devoir était ici. Alors il avait montré sa mauvaise foi et son besoin de solitude. Au départ par besoin personnel, après réflexion parce qu'ils se lasseraient et qu'ils finiraient par le laisser partir. Ce n'était pas amusant, ni digne de leur rang de courir après lui non stop. Il y avait peu de personne qui arrivait à le mettre à l'aise au palais. La reine Hilda et sa sœur cadette, Freya, étaient les seules toujours aimables et pas trop envahissantes avec lui. Alors certes, elle ne lui demandait pas la lune non plus. Fenrir pourrait sûrement apprécier sa compagnie, comme c'était le cas en cet instant. Il pourrait trouver amusante aussi celle de la cadette. Mais il ne reconnaîtrait jamais Siegfried comme chef, ni les autres. Cela lui prendrait du temps pour faire confiance aux autres guerriers. Mais Hilda ? Hilda avait été choisie par Ging. Elle était un bon Alpha de Meute, prenant soin de tous et les protégeant.
« Je peux essayer. », Fenrir ne faisait jamais aucune promesse. Mais cette simple phrase illumina le visage de sa souveraine.
« Je ne t'en demande pas plus. Et je vais te faire une promesse en retour. Tu peux aller errer en forêt si tu le souhaites. Je te demande juste de revenir passer la nuit au palais. Et je te dispense des entraînements, tant que tu n'éprouves pas le besoin de partager cela avec les autres. », Hilda faisait aussi des concessions. Mais si elle voulait conserver Fenrir auprès d'elle et tisser un lien avec lui, elle savait qu'elle devait lui laisser son indépendance. « Et si tu veux ramener un loup ou deux au palais, ils seront les bienvenus. Je te le promets. » Peut-être y avait-il des louveteaux orphelins quelque part qu'il pourrait adopter, ou des survivants de sa Meute. Elle soutient le regard doré curieux.
« D'accord. », répondit Fenrir en hochant de la tête. Si elle pouvait lui offrir une part de liberté, il pouvait bien revenir la nuit dormir à ses pieds pour veiller sur ses nuits. Il sentit la main fine sur la sienne qui serrait doucement ses doigts. « Merci. », ajouta-t-il pour être poli.
Hilda ne libéra pas ses doigts. Mais elle tourna la tête pour observer à nouveau les étendues boisées face à eux. Ils restèrent en silence à profiter du calme des lieux et du paysage. Aucun mot de plus ne fût échangé. Et la main chaude resta sur la sienne sans qu'il ne la repousse. C'était le seul réconfort qu'il pouvait lui apporter, lui qui ne la jugeait pas et n'estimait pas avoir quelque chose à lui pardonner. Elle avait fait au mieux pour son peuple après tout. Ils restèrent comme cela un très long moment, jusqu'à ce que des voix ne se fassent entendre. On cherchait forcément la reine d'Asgard.
Merci d'avoir lu. J'espère que ça vous a plu.
