Bonjour à toutes ! Me voici de retour pour l'avant dernier chapitre de cette fiction qui est un épilogue. Je préfère annoncer la couleur, c'est fort en émotions, donc j'espère que vos petits cœurs sont bien accrochés. Je vous promets que le dernier chapitre sera plus joyeux, plus facile à lire, mais celui-ci était malgré tout nécessaire.

Pour vous remercier de m'avoir suivie dans cette aventure depuis le mois de février, je ne posterai pas le dernier chapitre dimanche, mais demain histoire de ne pas vous faire languir davantage.

J'espère que vous prendrez le temps de m'écrire une petite review si le cœur vous en dit. En attendant je vous souhaite une bonne lecture et vous dis à demain !


Trois jours plus tard.

Hermione était profondément endormie dans le lit conjugal, et Drago était assis à côté d'elle sur un tabouret inconfortable qu'il n'avait pourtant pas quitté depuis plusieurs heures. Il lui tenait une main et la caressait de son pouce, tandis que son autre main effleurait son front, ses pommettes, ses lèvres. Voilà des jours qu'elle dormait, des jours qu'elle n'avait pas dit un mot lors de ses rares périodes d'éveils… Ces jours allaient-ils s'étirer en semaines ? En mois ? Cette seule pensée secoua Drago d'un sanglot qu'il peinait à retenir depuis bien trop longtemps.

Derrière-lui, quelqu'un frappa à la porte mais n'attendit pas d'être invité à entrer pour le faire. La main chaude et familière de Pansy se referma sur son épaule, et il ne put s'empêcher de fermer les yeux un bref instant pour savourer ce contact réconfortant.

− Va te reposer, proposa-t-elle dans un murmure. Je prends le relais.

Drago secoua la tête. Il ne voulait pas partir. Il ne le pouvait pas. Car quand elle se réveillerait, et qu'elle chercherait des explications, un soutient, il voulait être là. Il ne voulait pas la laisser seule face à la douleur. Pansy soupira, mais ne sembla pas surprise outre mesure du choix de Drago. Elle prit un second tabouret et s'installa à côté de lui, avant de poser une main sur l'épaule d'Hermione.

− Elle est forte, dit-elle. Je sais qu'elle surmontera cette épreuve.

L'estomac de Drago se noua. Et si elle ne la surmontait pas ? Qu'adviendrait-il d'elle ? D'eux deux ? Comment tout avait-il si mal tourné ? Comment cela avait-il pu se produire ? Drago en venait à regretter de l'avoir épousée… Il ne lui avait fait que du tort. Elle avait subi la violence, la peur, la colère en l'épousant. Lui avait-il jamais apporté un peu de quiétude et de paix ? Il en doutait fortement. Il voyait bien qu'elle ne se réveillait pas. Le souhaitait-elle seulement ? Avait-elle envie de vivre dans un monde qui l'avait tant faite souffrir ?

− Comment va Blaise ? demanda finalement Drago.

− Il pense que son état nécessite que je sois à ses petits soins nuit et jour. J'en déduis donc que ça va.

− Il a failli perdre sa jambe, Pans', lui rappela Drago avec patience.

− Failli ! S'il l'avait perdue, bien sûr que j'aurai été aux petits soins. Mais le médicomage a fait des merveilles. Il lui a dit de garder le repos pour la forme, mais je suis sûre qu'il peut très bien marcher, ce bougre.

Drago esquissa un faible sourire. Blaise irait mieux très vite, et il savait que son ami faisait traîner les choses pour qu'on s'occupe de lui et pour pouvoir dispenser ses blagues à quiconque lui rendrait visite. C'était sa façon à lui de détourner les esprits du chagrin plus grand encore qui rôdait dans le château Malefoy.

− Il insiste pour que je dorme avec lui, mais il ronfle comme un sanglier, dit Pansy sans s'émouvoir du sort de son ami. Qu'en est-il de mon sommeil, à moi ? Tout ça parce que j'ai été assez maligne pour m'en sortir indemne. Me voilà bien récompensée.

Elle avait prononcé cette dernière phrase d'un air mélodramatique, mais posa précipitamment une main sur sa bouche quand elle comprit l'horreur de sa phrase. Certains ne s'en étaient pas aussi bien sortis qu'elle, et n'étaient pas plus récompensés… Elle posa une main sur celle de Drago et s'excusa :

− Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire…

Drago posa son autre main sur la sienne et la serra doucement.

− J'ai très bien compris ce que tu voulais dire, la rassurra-t-il.


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Trois semaines plus tard.

− Elle ne saigne plus, dit le médicomage à Drago alors qu'il quittait la chambre de sa patiente.

− Et c'est… une bonne chose ? demanda Drago, inquiet.

− En effet. Son corps a bien réagi à la magie et au traitement. Physiquement, elle est sur la voie de la guérison.

Le fait que le médecin se sente obligé de préciser « physiquement » en disait long sur la santé émotionnelle d'Hermione. Celle-ci était sortie de son coma une semaine après être la bataille qui s'était tenue au couvent. A son réveil, cependant, il avait fallu lui dire… lui expliquer tout ce qui s'était passé. Elle avait alors sombré dans un mutisme inquiétant, et passait ses journées, alitée, les yeux rivés par la fenêtre d'où elle regardait un point dans le vide sans jamais s'en détourner.

− Est-ce que ….

Drago cherchait ses mots. Il passa des mains nerveuses dans ses cheveux, avant de se frotter le visage. Il était cerné, dormait peu, avait maigri et ne s'était pas rasé depuis des jours.

− Est-ce qu'on ne peut rien faire pour… pour le reste ? demanda-t-il faiblement.

Le médicomage l'observa de longues secondes avant de poser une main sur l'épaule de Drago et de la presser doucement.

− De la patience, Monsieur Malefoy, c'est tout.

− Et si elle ne … redevient pas elle-même ?

Le médecin soupira, visiblement embêté qu'une telle chose se produise.

− L'heure n'est pas à la résignation. Gardez espoir, c'est tout ce dont elle a besoin.

L'espoir… la patience… tant de concepts qui n'avaient plus aucun sens dans l'esprit de Drago. Il ne passait plus ses journées assis à côté d'elle. Parce que cela le rendait fou et qu'il ne voulait pas qu'elle ressente tout sa tension. Il se contentait de passer la voir matin, midi et soir, avant de se coucher à côté d'elle chaque nuit et de la serrer dans ses bras. Le fait qu'elle se laisse faire lui donner encore un peu d'espoir, mais pas assez pour se projeter dans l'avenir.

Le problème résidait dans le fait que Drago avait beaucoup de choses pour lesquelles s'inquiéter, en plus de l'état de son épouse. La bataille du couvent ne s'était pas ébruitée, grâce aux compétences magiques de Pansy qui avait modifié la mémoire de tous les soldats encore vivants et fait disparaître les corps des moins chanceux. En revanche, ce qui n'était pas passé inaperçu était la disparition d'Hermione, destinée à être la favorite du roi.

Bien évidemment, quand l'information s'était glissée jusque dans l'oreille royale, le Roi n'avait pas tardé à envoyer une escouade entière sur les terres de Drago afin de s'assurer qu'il ne la retenait pas. Il avait fallu ruser, et grâce à la magie, les soldats n'y avaient vus que du feu. Il était cependant aisé de cacher Hermione tant qu'elle gardait le lit. Les seuls à être au courant en plus de Drago, étaient Blaise, Pansy, Hannah, Thomas et deux femmes de chambres de confiance. Mais si son état venait à s'améliorer et qu'elle devait recommencer à vivre normalement, il faudrait la camoufler davantage. C'était pour cette raison que Pansy et Hannah s'étaient lancées depuis deux semaines dans la confection de quantité astronomique de Polynectar. Sa fabrication était longue et fastidieuse, mais Pansy était optimiste quant au fait que la première fournée serait prête d'ici quelques semaines.

Quand le médicomage fut parti, Drago entra dans la chambre et s'installa sur le lit, près d'Hermione.

− Il dit que tu es sur la voie de guérison, Milady. C'est une excellente nouvelle.

Hermione ne lui répondit pas, mais il savait qu'elle l'entendait, et il espérait que cela lui ferait du bien d'entendre tout cela. Il déposa un baiser tendre sur le front de sa femme, et la serra dans ses bras un long moment. Elle restait contre lui, pantelante, sans esquisser le moindre geste dans sa direction, mais il ne lui en tenait pas rigueur. Il espérait… non, il savait, que le jour viendrait où elle lui rendrait son étreinte.

Cette nuit-là, comme toutes les autres, Drago avait eu du mal à trouver le sommeil. Il s'était finalement endormi alors que la Lune était bien haut dans le ciel, mais fut réveillé quelques temps après par le cri strident d'Hermione, secouée de sanglots. Se redressant, en alerte, il alluma à l'aide de sa baguette autant de bougies qu'il le put et se tourna vers son épouse qui s'était assise dans le lit et se tenait le ventre en pleurant. Le spectacle cloua Drago sur place.

C'était le sinistre spectacle de celle qui aurait pu être mère tenant entre ses mains son ventre autrefois si plein, et à présent si vide. Elle se berçait elle-même, s'étreignant comme elle aurait étreint son nourrisson et sanglotait dans la nuit en murmurant : « Mon bébé… rendez-moi mon bébé ».


x.X.x.X.x.


Trois mois plus tard.

Alors que chacun avait perdu espoir, Hermione s'était levée de son lit un beau matin ensoleillé, plus de deux mois après la bataille du couvent. Elle s'était habillée seule, et s'était rendue dans la salle à manger sans en avertir qui que ce fut, si bien qu'elle avait provoqué de grandes effusions de sentiment quand elle avait pénétré dans la salle où les autres étaient en train de petit-déjeuner.

Elle s'était peu à peu remise à vivre dans l'effervescence du château, acceptant de boire quotidiennement le polynectar préparé par Hannah et Pansy afin de ne pas attirer l'attention. Elle ne parlait que très peu, mais faisait l'effort d'être présentes lors des repas, et avait aussi décidé de rouvrir son infirmerie, pour le plus grand plaisir de Drago. Il espérait que cela lui changerait les idées.

Elle continuait à faire des cauchemars chaque nuit, en appelant l'enfant qu'elle n'avait pas vu naître, mais au petit matin, elle faisait comme si de rien n'était, refusant d'en parler avec Drago ou avec qui que ce fut d'autre. Et puis un jour…

Drago était dans son bureau, penché sur des liasses de parchemins commerciaux quand elle entra sans frapper. Elle s'avança d'une démarche assurée et vint se planter devant Drago avant de déclarer :

− Je suis prête.

Drago l'observa, bouche bée. A quoi était-elle prête ? Devant son air interrogatif, Hermione continua :

− Je dois me recueillir sur sa tombe, dit-elle d'une voix blanche.

Les fantômes qui dansaient derrière ses yeux lui glacèrent le sang. Il se leva doucement et s'approcha d'elle avant de venir l'entourer de ses bras.

− Tu es sûre ?

− Oui, souffla-t-elle.

Drago s'était demandé si ce jour viendrait. Quand elle avait dû accoucher de l'enfant mort-né, Hermione n'était pas en état de marcher, ni même de penser. Elle avait sombré dans le comas et Drago avait dû se charger seul du petit corps de son bébé. A la sueur de son front, il avait creusé un trou dans le cimetière familial, et avait déposer le cercueil si petit, à l'intérieur duquel reposer son fils, si petit. Sur la pierre tombale, il avait inscrit « Noah Malefoy, enfant chéri. Que la paix berce son repos ». Il avait dû faire face à ce deuil, seul, tandis que ses inquiétudes à propos de l'état de santé de sa femme le détournaient de son chagrin. Il avait pleuré des heures durant sur cette petite tombe. Il avait crié, hurlé à s'en briser la voix : ce n'était pas juste. Rien ne l'était jamais quand il s'agissait de la douleur.

A présent, il ne serait plus seul à le pleurer. Car Hermione était fin prête à l'accompagner sur ce chemin et il espérait qu'ils seraient plus forts à deux.

Ils marchèrent ensemble jusqu'au petit cimetière, et Hermione repéra immédiatement la pierre sous laquelle gisait son fils. Elle s'agenouilla et posa une main sur la terre avant de fermer les yeux. Drago vit ses lèvres bouger dans une prière silencieuse, et attendit qu'elle eut terminé pour s'agenouiller à ses côtés. Des larmes baignaient le visage d'Hermione.

− Noah… chuchota-t-elle. Mon fils.

Elle porta sa main à son cœur et serra sa poitrine de longues minutes avant de se retourner vers Drago.

− Comment était-il ? demanda-t-elle faiblement.

− Magnifique, souffla-t-il.

− Est-ce qu'il te ressemblait ?

− Oui, sourit faiblement Drago. Mais il avait ton nez.

Un sanglot déchirant s'échappa des lèvres d'Hermione.

− Noah, Noah, répéta-t-elle en boucle.

− C'est un vieux prénom qui signifie « reposé », « apaisé ». Je voulais que son prénom l'accompagne après la mort et qu'il soit le synonyme de ce qui l'attend.

− Merci.

Il ignorait de quoi elle le remerciait, mais lui-même était reconnaissant de retrouver enfin son épouse. Brisée, certes, mais vivante. Sans même qu'il n'ait à le demander, Hermione se pressa contre lui et il referma ses bras autour de son corps chaud, secoué de sanglots. Il lui caressa les cheveux de longues minutes, en lui murmurant des mots doux, jusqu'à ce que ses pleures s'apaisent.

− Je suis heureuse qu'il soit ici, auprès de nous, finit-elle par dire.

− Il veillera sur nous, j'en suis sûr.