Bonsoir tout le monde et une très bonne lecture !


La maison Malefoy habituellement calme et digne était tout sauf cela le matin du procès de Black. Lucius fut réveillé par son fils affolé un peu après cinq heures, apprenant à cette occasion que Bosworth le rat avait disparu dans la nuit.

« Potter a quelque chose à voir avec ça, j'en suis sûr ! » dit Hydrus, se tournant vers une Narcissa encore un peu endormie.

Lucius échangea un regard avec sa femme et ils se levèrent tous les deux, suivant Hydrus jusqu'à sa chambre où se trouvait la boîte vide dans laquelle Pettigrow avait dormi pendant un an.

« Je ne pense pas que M. Potter ait volé Bosworth. » dit Narcissa en échangeant un autre regard avec Lucius, qui pouvait sentir son monde entier menacer de s'effondrer.

L'une de ces trois choses avait du se produire : Pettigrow avait été capturé (si c'était le cas, alors Lucius pourrait parier son compte chez Gringotts que c'était de la faute de McKinnon), Pettigrow avait été rattrapé par sa conscience dans la nuit et s'était rendu – dans ce cas, son nom serait partout dans la Gazette – ou Pettigrow était retourné se cacher, juste au cas où. Lucius priait pour que ce soit la dernière option, même s'il doutait d'être si chanceux.

Un coup de baguette lui confirma que les seules choses vivantes dans la maison étaient sa famille, Potter, McKinnon, Dobby et leur hibou.

« Et s'il l'a fait ? » demanda Hydrus en les foudroyant du regard.

Lucius se pinça l'arrête du nez, parce qu'il était beaucoup trop tôt pour s'ennuyer à gérer les caprices de son fils, en plus de la perte de Pettigrow.

« Sachant que M. Potter a sauvé Bosworth récemment, dit-il. Je pense que ça serait improbable qu'il souhaite le moindre mal au rat ou qu'il ait joué le moindre rôle dans son kidnapping. »

« Mais que- »

« Retourne au lit, dit Narcissa en plaçant une main sur l'épaule de Hydrus. Peut-être qu'il est juste parti se promener. »

« S'il n'est pas revenu quand tu te réveilles, viens-nous le dire immédiatement, lui conseilla Lucius, tandis que Hydrus grimpait dans son lit. Cela dit, ce serait mieux de ne pas mentionner cela à M. Potter, juste au cas où. S'il a joué un rôle dans tout ça, nous ne voudrions pas qu'il sache que nous le soupçonnons. »

Hydrus acquiesça avec solennité et Lucius remercia Merlin que son fils aîné, au moins, accepte ses conseils sans discuter. Si ça avait été Drago, il y aurait eu des centaines de questions au lieu d'un hochement de tête.

« Dors. Il faut que tu sois en forme pour notre visite à Tante Bella. » dit Narcissa.

Le visage de Hydrus se contracta.

Oui, pensa Lucius, parce que lui dire ça va aider le garçon à dormir. Bellatrix était capable de le garder éveillé certaines nuits et il était adulte. Il secoua la tête et suivit sa femme en dehors de la chambre.

« Je vais informer Severus par la Cheminée, dit Narcissa à voix basse. Demande à Dobby de t'aider à vérifier les protections et vois s'il est parti à l'aide de la magie. »

Une heure plus tard, Lucius était toujours loin de trouver Pettigrow. Il aurait été impressionné s'il n'avait pas été aussi furieux. Le rat savait comment se cacher et c'était aussi indéniable que frustrant. Selon Dobby, il avait utilisé la Cheminée – Lucius ne voulait même pas penser à la façon dont il avait eu accès au mot de passe – et était parti au Chaudron Baveur. Cette Cheminée était utilisée régulièrement, à toutes heures du jour et de la nuit. Il serait donc impossible de le traquer.

Et donc, Lucius en fut réduit à se servir un – très – petit verre de cognac à six heures du matin. Et comme si ce n'était pas assez pathétique, Narcissa et Severus lui tombèrent dessus alors qu'il prenait sa première gorgée.

« On commence tôt, Lucius ? » le railla Severus.

Lucius épargna un regard noir à son vieil ami et vida son verre.

« Ce n'est pas sans raison, je peux te l'assurer. »

« C'est ce que j'ai appris, dit Severus en jetant un œil vers Narcissa. Puis-je demander ce que je fais là, cependant ? Tu ne penses sans doute pas que j'ai quelque chose à voir avec ça ? »

« Bien sûr que non, s'écria Lucius. Mais étant la seule personne qui le connaisse- »

« Si tu espères une analyse du personnage, tu ferais mieux d'essayer Lupin, dit Severus, la lèvre retroussée. J'ai bien peur de ne pas avoir la moindre idée de l'endroit où pourrait être aller le rat. »

Et il avait l'air sincèrement ennuyé par cela. Lucius leva la bouteille de cognac, Severus afficha un rictus et secoua la tête. Lucius soupira et résista à la tentation de se servir un autre verre.

« Cela dit, je peux t'assurer que s'il est attrapé, il ne sera pas capable de révéler quoi que ce soit … d'incriminant … à propos de nous trois. »

« Il- vraiment ? »

Narcissa pencha la tête.

« J'ai parlé à Severus quand il a ramené Drago hier- »

« Ces leçons tiennent toujours ? demanda Lucius, momentanément distrait. Drago peut être à nouveau un Serpentard. Nous avons Potter- »

« Pour l'instant, dit Severus avec douceur. Rien n'est encore officiel et Narcissa et moi avons pensé que c'était plus sûr de continuer les leçons jusqu'à ce que les choses se concrétisent. »

Lucius secoua la tête. Il n'était toujours pas très sûr de savoir ce que Narcissa pensait que Drago allait gagner grâce à ses leçons de Gryffondor avec Severus – Severus était Directeur de Serpentard, pas de Gryffondor, au nom de Merlin – mais il ne comptait pas protester, parce qu'il avait remarqué des changements dans le comportement de Drago.

« Très bien. Alors, Pettigrow ? »

« Narcissa a mentionné l'incident avec le Kelpie- »

Lucius acquiesça brusquement.

« -et je m'inquiétais que cela n'ait pu créer une dette de vie. Narcissa connaît les détails, dit Severus lorsque Lucius ouvrit la bouche pour demander de quoi il s'agissait. Elle sera capable de t'expliquer le reste plus tard. Pour résumer, je crains que Peter ne soit … enclin – consciemment ou même sans le réaliser – à se rendre, et je craignais pour notre sécurité. J'ai été capable de lui administrer une potion qui, combinée avec de la Légilimancie, permet de cacher des souvenirs particuliers. »

« Merci Merlin. » souffla Lucius.

Et juste comme ça, sa journée eut l'air un peu plus enthousiasmante.

Une autre heure plus tard, Severus était parti et Lucius regretta vivement d'avoir laissé la pensée d'une journée brillante passer dans sa tête. Dobby avait reçu l'ordre de Hydrus de l'aider à trouver Bosworth et n'accordait donc pas beaucoup d'attention au petit-déjeuner. Lucius ordonna à Dobby d'aller dans la cuisine et de pincer ses oreilles dans le four, mais cela ne changea pas le fait que le petit-déjeuner de Lucius était brûlé et véritablement désagréable. Il avait avalé son thé – et n'avait même pas pris la peine d'y ajouter du sucre – et avait observé le chaos se déclencher devant lui.

Potter fut le premier à arriver en bas et pour la première fois depuis un moment, McKinnon n'était pas avec lui. Il était en pyjama, ce qui était devenu normal pour le garçon, et Lucius espérait silencieusement qu'une fois cette journée terminée, Potter serait officiellement un Malefoy et qu'il pourrait mettre un terme à ce comportement de paresseux. Malheureusement, il avait aussi l'air fatigué – Rita Skeeter et d'autres parasites de la Gazette écriraient certainement un article à propos de maltraitance – mais il affirma avoir dormi toute la nuit et Lucius ne parvint pas à rassembler suffisamment d'énergie pour le contredire.

Drago avait également l'air fatigué et même s'il était habillé correctement et avait avancé une raison (il avait passé la moitié de la nuit à lire un livre que Severus lui avait prêté la veille) plus convaincante que Potter, il était aussi d'une étrange humeur. Si Lucius n'avait pas déjà deviné que cette journée serait terrible, il serait tombé des nues en entendant Drago commencer à parler.

« Je pense que je suis pour les nés-moldus, Père, annonça-t-il sans même esquisser un bonjour. Les chasser semble être une terrible perte de temps à mes yeux et je ne suis pas vraiment sûr que ce soit juste. »

Lucius s'en trouva bouche bée, mais Drago était occupé à fixer la paume de sa main. Finalement, il leva les yeux vers Potter, qui avait l'air aussi stupéfait que Lucius.

« Ta mère est une née-moldue, pas vrai, Potter ? »

« Euh … ouais. » dit Potter.

Celui-ci se tourna vers Lucius, comme s'il pensait que Lucius serait capable d'expliquer ce qu'il se passait.

« Elle l'était. »

« Dommage qu'elle soit morte. J'aurais aimé lui poser quelques questions. »

Lucius n'arrivait pas à décider s'il voulait rire ou pleurer et Potter semblait lutter contre le même dilemme.

« Beurk. »

Drago baissa les yeux sur la pile de toasts brûlés en face de lui, surpris.

« Qu'est-ce que Dobby a fait avec le petit-déjeuner ? Il mérite d'être puni pour ça, Père. »

« Je m'en suis déjà occupé. » dit faiblement Lucius.

Il avala une nouvelle gorgée de son thé et reposa la tasse avec une main tremblante.

« Bien, dit Drago en choisissant un toast qui n'était pas aussi noir que les autres. Père, je peux venir au procès aujourd'hui ? »

« Ta mère vous emmène, toi et Hydrus, voir votre tan- »

Lucius se figea. Il n'était pas certain de savoir ce qui allait mal chez Drago ce matin – c'était probable qu'il soit juste fatigué – mais Lucius n'était pas prêt à envoyer le supposément pro-nés-moldus voir Bellatrix. Elle le détruirait.

« En fait, ce serait mieux si tu venais avec moi, Drago. »

« Vraiment ? » demanda Drago, l'air satisfait.

« Oui, je pense que ce serait mieux, dit Lucius en hochant la tête. Dis à ta mère de ne pas t'attendre. Mais Drago ? »

Drago – qui était déjà presque sorti de la salle à manger – s'arrêta pour le regarder.

« J'aimerais te parler de ta nouvelle … attitude. »

« Vraiment ? » demanda Drago.

« Oui, vraiment. » dit Lucius, déterminé à comprendre d'où cela venait.

Il pouvait gérer un fils à Gryffondor – même si ça ne serait sans doute plus nécessaire – mais il ne pourrait pas tolérer un amoureux des moldus. Pas dans sa maison. Plus vite Drago comprendrait ça, mieux ce serait.

« Vas-y et trouve quelque chose d'approprié à porter pour le Ministère. Et aide M. Potter quand tu as finis. »

Lucius jeta un œil aux cheveux ébouriffés de Potter et à son pyjama froissé.

Il aura besoin de toute l'aide possible.

« Bien, dit Drago sur un ton irrité. Viens, Potter. »

Drago tira sur le bras de Potter – et Lucius blâma sa femme pour la nouvelle nature tactile de leur fils – jusqu'à ce que l'autre garçon bouge et le suive hors de la pièce.

« Nous partons dans une heure ! » leur lança Lucius.


« Si ton père est prêt à t'emmener, dit Mme Malefoy à Drago. Alors vas-y, je t'en prie. »

Harry ne pensait pas qu'elle avait l'air très heureuse à propos de ça.

« Mais sois- Peu importe. On se voit cet après-midi. »

Elle se leva soudainement et s'approcha de Harry.

« J'imagine que nous nous verrons aussi cet après-midi, M. Potter. » dit-elle avec un sourire triste.

Harry se força à lui rendre son sourire. Il était si occupé à essayer de conserver une expression polie sur le visage qu'il fut complètement pris par surprise lorsqu'elle s'approcha encore et l'enlaça.

« Bonne chance. » murmura-t-elle, avant de le lâcher.

« Merci. » dit Harry.

Elle lui sourit à nouveau. C'était le geste le plus chaleureux qu'elle lui avait adressé pendant tout son séjour et c'était plutôt déconcertant.

« Je- euh … Au revoir. »

« Mère fait les meilleurs câlins, tu ne crois pas ? » demanda Drago, tirant Harry jusqu'en dehors de la bibliothèque.

« J'imagine. » dit Harry.

Mais en privé, il pensait que les câlins de Mme Malefoy n'avaient rien à voir avec ceux de Patmol.

« Hey, tu sais à propos de- »

« C'est quand ton anniversaire, Potter ? » demanda Drago en le coupant.

« En juillet. Pour- »

« Je vais t'acheter un dictionnaire, dit Drago, déterminé. Tu as bien besoin d'apprendre un peu plus de vocabulaire. »

« Très drôle. » s'écria Harry.

Harry réalisa qu'il ne plaisantait pas vraiment lorsque Drago eut l'air un peu offensé.

« Écoute, tu sais à propos de l'histoire avec le Kelpie ? »

Les yeux de Drago s'agrandirent et il entraîna Harry dans la chambre de celui-ci, avant de fermer la porte.

« Je pensais qu'on s'était mis d'accord pour ne pas parler de- »

« Oui, dit Harry en espérant que cela n'allait pas lui retomber dessus. C'est juste … Écoute, tu m'as rendu un service en me prévenant que ce n'était pas quelque chose qui devait se savoir, ok, et j'essaye de te rendre ce service. »

« Je ne suis pas assez stupide pour faire quelque chose comme ça- »

« Tu l'as déjà fait. » dit Harry.

Les insultes ne glissaient pas très bien sur lui. Même si sa déception et sa frustration de ne pas être capable de trouver Peter avaient été plus ou moins annulé par son impatience du procès de Patmol, il n'en demeurait pas moins qu'il s'était couché à trois heures du matin et s'était réveillé tôt, mais il se mordit la langue car Drago avait déjà l'air confus et offensé, et que lui crier dessus n'aiderait pas beaucoup.

« Tu as dit que tu étais pro-nés-moldus- »

« J'ai dis que je pensais l'être. » renifla Drago.

« Ouais et c'est super, dit Harry en le pensant. Mais je ne pense pas que ton père partage ce point de vue- »

« Je peux le convaincre. » répondit Drago avec assurance.

Il jeta un coup d'œil à Harry.

« Je pourrais avoir besoin de ton aide avec ça, d'ailleurs. Tu vois, si je coupe ta main- »

« Couper ma main- Peu importe, ça n'a pas d'importance. Prends juste mon conseil ou refuse-le- »

« Tu ne m'as rien conseillé, répondit sarcastiquement Drago. Alors- »

Harry grogna dans sa direction et ils furent tout deux si surpris qu'aucun d'eux ne prononça le moindre mot.

« Tu parles aussi le dragon maintenant ? » demanda finalement Drago.

« Je pense que c'était plutôt le loup. » dit Harry en grimaçant.

Drago le dévisagea.

« Et tu pourrais juste arrêter de m'interrompre et écouter ? Tu peux essayer de convaincre ton père si tu veux, mais je ne pense pas que ça va marcher. C'est un peu comme mon histoire avec le Kelpie. C'est- le truc des nés-moldus … C'est probablement quelque chose que tu devrais garder pour toi. »

« C'est rare ? »

Les yeux de Drago se mirent à briller.

« Très, dit Harry avec ironie. Écoute, ton père va essayer de te convaincre du contraire – aimer les nés-moldus, je veux dire – et il sera probablement en colère si tu ne changes pas d'avis. Ton père n'aime pas les nés-moldus- »

« Je sais, mais il écoutera- »

« Non, il n'écoutera pas, dit Harry. Je t'ai fais confiance pour le Kelpie, alors crois-moi avec ça, d'accord ? »

Drago avait l'air dubitatif.

« Si tu veux continuer à les aimer, fais-le en secret, au moins pour l'instant. »

Harry ne comprenait pas toutes les conséquences sociales pour un Sang-pur qui exprimait une vision sans préjugés sur les origines des sorciers, mais il était presque sûr qu'il en savait assez et certainement plus que Drago.

« Demande à ta mère de te parler du 'mouton blanc', dit Harry en se souvenant de quelque chose que Patmol lui avait dit une fois. Il y en avait deux – elle saura qui c'est. »

« Le mouton ? »

« Le mouton blanc. » répéta Harry.

« Ok. » dit Drago

Il avait toujours l'air dubitatif, mais Harry pensa qu'il avait aussi l'air convaincu. Et s'il ne l'est pas … Et bien, personne ne pourra dire que je n'ai pas essayé.


Je ne pense pas que je puisse faire ça, pensa Marlène. Il était huit heures et demi, le procès devait commencer à dix heures et elle n'avait toujours pas réussi à rassembler suffisamment de courage pour se lever de son lit. Toute la famille Malefoy et Harry devaient probablement être levés depuis des heures et elle avait passé la matinée à se cacher dans sa chambre.

Elle se sentait malade. Elle se sentait effrayée et nerveuse, excitée et confuse et ce n'était pas une façon agréable de se réveiller. Elle voulait juste se terrer sous ses couvertures et se cacher jusqu'à ce que Sirius retourne à Azkaban, et si ça faisait d'elle une lâche, alors tant pis. Mieux valait être une lâche qu'une épave terrifiée. A ce rythme, elle allait finir avec Alice et Franck, avec un sévère cas de traumatisme psychique. Quelqu'un frappa à sa porte, la faisant sursauter.

« Oui ? » demanda-t-elle, regrettant l'instant d'après de ne pas avoir fait semblant de dormir.

La porte s'ouvrit pour révéler Lucius, la foudroyant des yeux depuis le pallier.

« Je me demandais si tu étais levée. » dit-il sournoisement.

« Et bien, oui. » répliqua-t-elle, sa voix tremblant un peu.

« Ça se discute. »

Ses yeux glacés se posèrent sur ses cheveux décoiffés, son pyjama et ses lèvres se retroussèrent.

« Je t'ai informé hier soir que nous partons à neuf heures- »

« Je t'ai entendu. »

« Tu seras- »

« Oui ! s'écria-t-elle. Je serais prête ! »

« Alors- »

Ses yeux se focalisèrent sur quelque chose en dehors de la chambre.

« Potter, pourquoi tu es toujours en pyjama ? »

Marlène n'entendit pas la réponse, mais quoi que ce soit, Lucius se pinça l'arrête du nez et s'en alla en criant.

« Drago, je pensais t'avoir dit d'aider ! »

Marlène agita sa baguette en direction de la porte, qui se referma, et se laissa tomber contre ses oreillers. Assister au procès était une obligation pour les apprentis – il y aurait probablement des questions sur le procès lors de leurs examens au début du mois prochain – mais elle était tentée de ne pas y assister. Elle n'était pas assez forte. Elle avait eu l'opportunité de le tuer elle-même et n'en avait pas été capable, parce qu'apparemment, elle ne l'avait pas vraiment souhaité. Cette partie d'elle-même était toujours là – quelque part dans le bazar de son esprit – et elle ne pensait pas être capable de regarder ce qui allait se passer. Que Sirius soit condamné ou innocenté, ces parties d'elle perdraient.

Son Sidekick vibra sur sa table de chevet et elle fut au moins assez courageuse pour s'en saisir. Elle murmura la phrase pour l'ouvrir et il s'ouvrit d'un coup.

« McKinnon. » dit Gawain.

Bien sûr que c'était lui. Gawain, un peu comme Dumbledore, avait une troublante habileté à savoir quand on avait besoin de lui.

« Bonjour. » dit-elle bêtement.

« T'as l'air aussi en forme que je m'y attendais. » dit-il, presque sympathique.

« Merci. » dit-elle.

Mais il n'y avait rien dans son ton qui était sarcastique, contrairement à ce qu'elle avait voulu exprimer. C'était pathétique, en fait, mais elle ne pouvait pas s'en préoccuper. Une partie d'elle-même était impressionnée qu'elle fut même encore capable de parler.

« Gawain, je ne pense pas que je puisse- »

« Oh non, tu peux, dit-il fermement. La présence est obligatoire, McKinnon. »

« Je- Je ne peux pas- »

Une sensation de panique grandissait dans la poitrine de Marlène et sa respiration était tremblante.

« Tout se passera bien. Tes amis seront là, moi et Maugrey, et Dumbledore et Harry qui voudra que tu sois là- »

« Et quand je perdrais la tête à la moitié du procès, ils seront tous là pour le voir, murmura-t-elle. Je ne pense pas que je sois capable de m'asseoir là et juste … Je ne serais pas capable de regarder- »

« Tu peux fermer les yeux, dit Gawain, mais il avait l'air inquiet. McKinnon, il faut que tu te calmes. »

« Je ne p-peux pas. » dit-elle.

Elle se mit à pleurer, mais tant qu'elle ne commencerait pas à renifler, Gawain ne pourrait pas le savoir.

« Gawain, s'il te plaît, ne me force pas à y aller- J'ai besoin de- Je- Je ne veux pas- S'il te plaît, s'il te plaît- »

« McKinnon, écoute-moi. Ça va bien se passer. Il faut que tu te calmes – prends quelques longues inspirations – et que tu réfléchisses. Sirius est un sale type- »

« O- Oui, mais- »

« Je ne veux rien entendre, dit brusquement Gawain. Il fait des choses terribles et aujourd'hui, il sera finalement jugé pour tout ça. »

« Et s'il reçoit le Baiser du Détraqueur ? »

« Ils ne feront pas ça. Ils auront encore besoin de ses réponses, dit Gawain. Il sera condamné et il passera ensuite quelques jours d'interrogatoire, avant d'être renvoyé à Azkaban. »

Il était si sûr, si calme que Marlène se sentit un peu plus calme également.

« D'accord ? »

« D'accord. » dit-elle.

« Brave fille. Bon, tu n'as pas l'air en état pour surveiller quoi que ce soit aujourd'hui, alors je vais venir d'ici quinze minutes pour chercher Potter et M. Malefoy- »

« Mais, mais je- »

« Tu as juste un peu plus d'une heure avant que le procès commence et tu vas utiliser ce temps pour te préparer à ce qui va se passer, ok ? »

« D'accord. » dit-elle avec une voix tremblante.

Les ordres étaient quelque chose auxquels elle pouvait se rattacher.

« Alors … Alors je dois me préparer à voir Sirius condamné ? »

« Exactement. Pas de surprises, McKinnon – tout le monde sait ce qui va se passer – alors prépare-toi et dis-moi quand tu seras au Ministère. Je serais près de toi tout le temps et tout va se passer comme je l'ai dis, d'accord ? »

Marlène se raccrocha à la certitude dans sa voix. C'était rassurant de trouver un peu de certitude quelque part, quand elle n'était que confusion dernièrement. C'était comme trouver un rocher pour s'asseoir au milieu d'un océan tempétueux.

Comme Azkaban ? lui lança une voix sans esprit, de manière narquoise. Marlène renifla.

C'était les dernières choses qu'elle se sentait de faire, mais elle avait des ordres à suivre, alors elle se leva du lit et enfila une robe propre. Rouge. Peut-être que la fierté de sa Maison allait lui donner du courage. Elle passa une brosse dans ses cheveux et se regarda dans le miroir jusqu'à ce qu'elle soit convaincue qu'elle n'avait pas l'air prête à s'effondrer.

Elle se sentait toujours comme ça et ce n'était pas simple d'ignorer tous ses problèmes comme elle aurait pu le faire six mois plus tôt. Mais par chance, aujourd'hui serait le dernier jour où elle devrait porter ce masque. Elle devait croire qu'après ce jour, tout irait bien, parce que si ce n'était pas le cas, alors elle s'effondrerait. Elle redressa ses épaules pour avoir l'air forte, même si elle ne sentait pas cette force, et se laissa glisser dans son rôle d'apprentie Auror, plus que dans celui de Marlène. Marlène l'apprentie était plus forte.

« Ok, dit-elle en refermant son Sidekick. Ok, je serais prête. »

Elle pensait savoir comment se préparer. Elle se sentait plus forte lorsqu'elle était au clair avec les sentiments qu'elle éprouvait pour Sirius. Sa plus forte émotion envers lui était aussi celle qui pourrait l'aider à traverser cette journée. Elle avait besoin de se souvenir combien elle le détestait et elle avait besoin de s'en souvenir sans utiliser son attitude envers elle comme une excuse. Au moment où elle avait laissé ses sentiments prendre le dessus, les choses étaient devenues incontrôlables.

Heureusement, quand elle prenait un peu de distance, elle avait encore trois bonnes raisons de détester Sirius et encore mieux, elle pouvait rendre visite à ces trois raisons dans l'heure. Elle remplit sa valise d'un coup de baguette, lança un sort pour la rétrécir et la glissa dans sa poche

Ensuite, elle prit une longue inspiration et sortit de la pièce, à la recherche de la première raison. Il se trouvait trois chambres plus loin, occupé à se disputer avec un Lucius frustré.

« Je ne vois pas ce qu'il y a de mal avec la verte. » entendit-elle en s'approchant de la chambre.

« Le noir, c'est mieux. » dit Harry.

Ses yeux croisèrent ceux de Marlène au moment où elle entra dans la pièce. Il était assis sur son lit défait, tenant une robe dans ses mains, tandis que Lucius brandissait une autre robe.

« Bonjour. » dit-il.

Elle le trouva nerveux. Il avait l'air de ne pas avoir dormi, elle sentit son cœur se serrer un peu et sa haine augmenter. Harry perdait le sommeil à cause de Sirius.

« M. Potter, Sirius Black est- »

« Mon parrain, dit Harry. Et mon tuteur légal. »

Il adressa un sourire poli à Lucius et étrangement, cela ne rappela à Marlène ni James, ni Lily, ni Sirius. Non, ce sourire était entièrement Lupin.

« Et puisque je ne pense pas qu'il trouve à redire que je porte du noir à son procès, je ne comprends pas pourquoi vous pensez le contraire. Jolie robe. »

Il avait ajouté la dernière partie en souriant largement à Marlène, un sourire bien plus proche de celui de Sirius. Lucius grogna et Marlène esquissa un sourire.

« Monsieur, vous pensez que je peux porter du rou- »

Lucius jeta la robe noire à Harry et se redressa.

« On va être en retard, dit-il en faisant signe à Marlène de le suivre hors de la chambre. Mets-ça, je reviens dans cinq minutes pour t'aider avec tes cheveux. »

Harry fronça les sourcils et leva la main pour toucher ses cheveux en bataille, comme s'il ne pouvait pas comprendre ce qu'il y avait à arranger.

« Je vois que tu es levée. » la railla Lucius en fermant la porte de la chambre de Harry.

« En effet » dit-elle en refusant de le laisser la mettre en colère.

Elle avait besoin de rassembler sa colère contre Sirius.

« Je suis aussi sur le départ. L'Auror Robards va venir pour vous escorter au procès, toi et Harry. »

« Et où comptes-tu aller ? »

« J'ai des ordres. » dit-elle avec un sourire narquois.

« Et quels sont-ils ? »

« Rien qui te concerne, je peux te l'assurer. » dit-elle poliment.


« Oh, bordel. » gémit Remus en tentant de se cacher derrière Matt.

Malheureusement, Matt était trop petit de quelques centimètres et ne voulait certainement pas se placer au milieu de cette confrontation. Même si Remus était comme un oncle ou un grand frère pour lui, Remus avait agi de façon absolument ridicule dans cette situation et Matt pensait sincèrement qu'il méritait ce qui allait lui arriver.

« Tiens, dit-il en attrapant Remus par les épaules. Occupe-toi de lui. »

« Traître. » souffla Remus, tandis que Matt le poussait vers Tock, ou Tonks, ou peu importe quel était son nom.

« Ça devait arriver un jour. » répondit Matt sur le même ton, avant de s'écarter.

Quelque-soit-son-nom avait les cheveux rouges vif et des yeux qui étaient plus jaunes que marrons. Elle avait l'air furieuse – elle avait sorti sa baguette et tout – et plus qu'effrayante.

« Salut Dora. » dit Remus.

Matt put sentir sa culpabilité malgré qu'il se trouvait plusieurs mètres derrière. Dora – Matt avait décidé que c'était logique de l'appeler comme Remus le faisait – se jeta à son cou et Matt étouffa un rire. Il s'était attendu à ce qu'elle jette un sort à Remus, pas qu'elle l'enlace.

« Tu vas bien. » dit-elle, tandis que Remus lui tapotait maladroitement le dos.

Matt abandonna l'idée de conserver un visage impassible et se mit à rire en les observant. Remus leva la main et lui adressa un geste obscène, mais Matt se contenta de ricaner. Dora lâcha Remus et le dévisagea un moment, avant de – sans autre avertissement que ses cheveux qui étincelaient – le frapper au visage.

« Oh, oh. » dit Matt en s'approchant d'un pas, se demandant s'il devait intervenir.

Remus leva la main sur sa mâchoire. Dora avait pris la revanche de toutes les femmes bafouées du monde. Elle avait les mains sur ses hanches (l'une d'elle tenait toujours sa baguette, l'autre était toujours serrée en poing) et son regard noir était un peu effrayant.

« Je méritais ça. » dit faiblement Remus.

Dora n'avait plus l'air aussi violente à présent, alors Matt patienta.

« Oh, tu crois ? demanda-t-elle. C'était si difficile de prendre une plume et d'écrire une lettre ?! Je ne demandais pas un compte-rendu de tes journées- »

« Je ne savais pas quoi écrire. » dit Remus sur le même ton un peu penaud.

« 'Dora, je suis en vie' aurait été une foutue bonne façon de commencer ! »

Remus sembla se rapetisser, bien que Matt pense que c'était plutôt du au fait qu'en même temps qu'elle criait, Dora était aussi en train de grandir.

Qu'est-ce que-

« Mieux vaut les laisser gérer ça tout seul, petit gars. » dit une voix grognante.

Matt se retourna pour voir l'Auror qui s'était assis avec lui à Sainte-Mangouste jusqu'à l'arrivée de Remus. Son œil bleu était fixé sur Remus et Dora, mais le noir observait Matt.

« C'est vous, dit Matt avec un grand sourire. Je ne me souviens pas de votre nom, mais je me souviens de votre … euh ... »

« Vigilance constante ! »

Matt se souvenait l'avoir entendu dire ça plusieurs fois la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

« Alastor Maugrey, Rosier. »

« Maugrey. » dit Matt en hochant la tête.

Il jeta un œil à sa montre.

« Vous ne pensez pas qu'on devrait- »

« Elle a répété ça pendant trois jours et elle va probablement te tuer si tu l'interromps. » dit Maugrey d'une voix plutôt sinistre.

« D'accord. » dit Matt, avant de ricaner.

« -en vacances où tu étais, Remus- »

Le visage de Dora était presque aussi rouge que ses cheveux et Matt ne pouvait s'empêcher d'être impressionné. Maugrey avait aussi l'air fasciné.

« -et la dernière fois que je t'ai vu, tu n'étais pas vraiment toi-même, alors tu penses vraiment que tu peux m'en vouloir de m'être inquiété ?! »

« Je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes de- »

« Si tu finis cette phrase, je jure à Godric que je vais- »

« Viens. »

Maugrey agita une main abîmée et fit signe à Matt de le suivre.

« Si on reste là plus longtemps, je vais commencer à dire ses lignes avec elle. »

Matt se mit à rire et jeta un dernier coup d'œil derrière lui. Remus avait l'air franchement embarrassé et l'expression de Dora était un étrange mélange de confusion et de frustration.

« Tu es sûr qu'on devrait les laisser seul ? »

« Non, répondit Maugrey. Mais j'ai survécu aussi longtemps en choisissant mes batailles. Si tu es assez courageux pour t'interposer, je t'en prie. »

Matt les fixa pendant encore un moment, avant de secouer la tête et de suivre Maugrey dans la salle d'audience déjà bondée.


Marlène entra dans le cimetière en se sentant presque furieuse. C'était un peu effrayant, en réalité. Elle avait toujours détesté Sirius, mais elle n'avait jamais essayé activement de forcer ce genre d'émotion. Maintenant qu'elle le faisait … Et bien, les résultats étaient un peu écrasants. Elle avait déjà fait exploser un lampadaire moldu à cause d'un éclat – embarrassant – de magie accidentelle. Elle n'avait pas perdu ainsi le contrôle depuis ses douze ans. Elle sentait chacun de ses nerfs au point de rupture et la haine parcourait sa poitrine. Cela la terrifiait, mais c'était aussi agréable de ressentir autre chose que du vide ou de la confusion.

Elle marcha le long du chemin familier – entre les tombes et les caveaux – vers Lily et James. Elle était déjà passée devant la statue et cela serait son dernier arrêt avant le Ministère, parce que le procès avait commencé voilà déjà dix minutes et que son Sidekick la brûlait depuis vingt minutes. Elle l'avait ignoré jusque là.

Elle fut un peu surprise de voir que quelqu'un se tenait déjà là, debout devant les tombes dans le soleil du matin, les mains fourrées dans les poches d'un manteau miteux.

Pendant un moment, elle pensa que c'était Lupin – il avait les mêmes cheveux clairs – mais elle écarta rapidement cette idée. Les cheveux de cet homme étaient trop fins et lui-même était trop petit de plusieurs centimètres. Et même s'il n'était pas vraiment gros, il semblait malgré tout plus costaud que Lupin.

« Bonjour ? » dit-elle avec hésitation.

Il sursauta et la regarda par-dessus son épaule. Elle ne reconnaissait pas son visage, mais avait l'impression qu'il était familier.

« B-bonjour, dit-il. Vous êtes aussi venus les voir, je suppose ? »

« Oui, je suppose. » répondit-elle en se plaçant près de lui.

Il ne la regardait pas et ses yeux balayaient les alentours comme s'il cherchait à planifier une sorte d'évasion. Ses yeux pâles passèrent sur le visage de Marlène et recommencèrent une nouvelle fois, rapidement. L'homme sortit sa langue pour humidifier ses lèvres.

« Vous allez au procès ? » demanda-t-elle en fixant les belles lys qui poussaient autour de la tombe.

Elle ne savait pas qui les avait planté, mais elle était habituée à voir ces fleurs maintenant.

« N-non. M-mieux vaut rester éloigné, je crois. »

Il se tordit les mains et finalement, Marlène fut capable de le reconnaître.

« Pettigrow ? » lâcha-t-elle, haletante.

« C-comment vous savez- »

« C'est moi, dit-elle. Marlène. »

« McKinnon ?! »

Ils se dévisagèrent dans une sorte de silence incrédule.

« Mais- mais les Mangemorts t'ont tué. » dit-il timidement.

« Presque, dit-elle. Je pensais que Sirius- »

« Presque. » répéta-t-il, l'air terrifié.

Il fallut un moment pour que Marlène comprenne les conséquences de cela. Si Pettigrow était en vie, alors Sirius était innocent d'au moins une des charges pour lesquelles il avait été incarcéré. Enfin, c'était ça ou alors elle était devenue folle et hallucinait. Elle n'était pas sûre de savoir ce qu'elle préférait. Et si Sirius disait la vérité ? Et s'il était innocent – pour tout ?

Non, se dit-elle. Non, il doit y avoir une explication logique … Elle ne voulait pas réfléchir à ce que cela voudrait dire si elle avait tort.

« Comment tu t'es échappé – ils ont trouvé un doigt- »

« Ce n'était pas le mien. » dit Pettigrow en levant les mains.

Ses doigts tremblaient, mais les dix étaient bien là.

« Tout le monde pense que tu es mort. » dit-elle doucement.

Tout le monde sauf Sirius, bien sûr.

« C'est l'idée, dit-il nerveusement, et elle se mit à froncer les sourcils. P-pas tout le monde, cependant. J'ai dit- quelques personnes connaissent la vérité. »

« Qui ? »

« D-Dumbledore, murmura-t-il. Et m-ma mère. Ils ont promis de ne rien dire à personne- tu dois aussi me le promettre, maintenant que tu sais ! »

« Bien sûr, répondit de suite Marlène. Est-ce que Lupin est au courant ? »

« R-Remus ? »

Pettigrow hésita et secoua la tête.

« Je ne pouvais pas prendre le risque- et si lui et Sirius … Toujours proches, ces deux-là … Je ne pouvais pas être sûr ... »

Les yeux bleus de Pettigrow s'écarquillèrent.

« Tu ne fais pas équipe avec eux, n'est-ce pas ? Sirius ne t'a pas envoyé pour trouver- »

« Moi, faire équipe avec Sirius ? demanda Marlène, en riant sans humour. J'ai essayé de le tuer il y a quelques semaines – je pense que je le déteste encore plus que toi. »

« Oh, merci Merlin, dit-il, l'air soulagé. Tu comprends ! Ces derniers temps, c'était comme si tout le monde voulait m'attraper … C'est comme s'il n'y avait plus aucun endroit sûr. Tout était si confus … Je veux dire, Sirius était mon ami et je ne veux pas le voir retourner à Azkaban, mais il a fait des choses si terribles- »

« Ce sera fini ce soir, dit Marlène en empruntant l'assurance de Gawain. Il sera enfermé- »

« Je veux juste me sentir de nouveau en sécurité. » dit Pettigrow.

Sans même y penser, Marlène l'étreignit. Finalement, quelqu'un comprenait ce qu'elle ressentait, ô combien tout était confus … Elle pensait que Pettigrow devait être aussi détruit qu'elle et cela la réconforta un peu. Sirius les avait blessé tous les deux.

« Je veux juste m'assurer que Sirius ne va pas me chercher de nouveau- »

« Te chercher ? » demanda Marlène en le dévisageant.

La sensation d'avoir trouvé quelqu'un qui comprenait disparut. La version officielle des événements était que Pettigrow avait poursuivi Sirius pour venger Lily et James … La seule personne qui avait dit que ça s'était passé de la façon dont Pettigrow venait de le décrire à l'instant était Sirius lui-même. Marlène se sentit brusquement glacée à l'intérieur. Sa colère se transforma et fut remplacée par une horrible sensation maladive.

« Ce jour-là- le jour après ... »

Pettigrow fit un geste en direction de la tombe en face d'eux.

« Il est venu me trouver … Il voulait tous nous tuer. D'abord Lily, James et Harry et ensuite, moi et Remus. Et s'il savait que tu étais encore en vie … Il nous voulait tous morts ! »

Marlène resta silencieuse. Elle était un peu confuse. Lupin lui avait dit que Sirius était chez lui. Alors pourquoi, si ce que disait Pettigrow était vrai, Sirius n'avait-il pas essayé de tuer Lupin ? C'était une nuit de pleine lune, alors un sortilège de Cordes d'argent aurait fait le travail et Sirius n'aurait même pas eu besoin de s'approcher. Il était si proche. Et si elle mettait ça de côté, il y avait aussi le fait que bien que Pettigrow soit un sorcier compétent, il n'était pas aussi doué que Sirius. Si Sirius avait voulu le tuer, alors Pettigrow serait mort … Je voulais Sirius mort et je n'ai pas pu le tuer, pensa-t-elle.

Oui, confirma une autre voix, celle qui voulait croire Sirius depuis le début. Mais si Sirius était capable de laisser mourir Lily et James, il ne se serait pas préoccupé de Pettigrow. Habituellement, elle ignorait cette voix, mais cette fois, cela avait du sens.

« Alors comment tu as fait pour survivre ? » demanda-t-elle tout haut.

Pettigrow eut l'air un peu offensé.

« J'ai lancé un charme du Bouclier juste à temps – ma baguette a été détruite, mais d'une façon ou d'une autre, la magie a tenu bon – et ça l'a empêché de me t-tuer. J'ai été soufflé en arrière et quand je suis revenu, Sirius riait comme un f-fou- »

Pettigrow frissonna.

« -et les Tireurs d'élite de baguettes et les Aurors sont arrivés et l'ont emmené. J'ai couru droit chez Dumbledore pour lui raconter ce qu'il s'était passé et pour lui dire que j'allais me cacher. »

« Tu es allé chez Dumbledore pendant que Sirius était arrêté ? » demanda-t-elle en se sentant malade.

Elle pensait qu'elle pourrait même vomir. Dumbledore était avec elle à Sainte-Mangouste quand Sirius avait été arrêté, parce qu'un Fol-Oeil sinistrement triomphant avait débarqué et avait surpris Marlène au point de lui faire renverser son thé. Pettigrow n'y était pas et s'il mentait à propos de ça, alors-

Alors j'ai essayé de tuer un homme innocent.

« Tu vas bien ? demanda Pettigrow. Tu sen- tu as l'air malade. »

Marlène se laissa tomber au sol et Pettigrow s'accroupit près d'elle, l'air inquiet.

« Tu peux me donner un verre d'eau ? » demanda-t-elle.

« Je n'ai pas de baguette, dit-il. Grâce à Sirius, je ne peux pas vraiment entrer chez Ollivander ces temps-ci. Il y a un supermarché au village, alors je peux- »

« Non, ça va. » dit-elle, pas prête à lui laisser l'opportunité de sortir de son champ de vision.

Elle sortit sa propre baguette et il ne sembla pas inquiet de la voir faire ça. Il semblait lui faire confiance et au lieu de trouver cela amusant, elle se sentit encore plus mal, parce qu'elle se ferait aussi confiance si elle s'était trouvée dans la position de Pettigrow. Elle avait essayé de tuer un homme innocent.

Oh, Godric, si j'avais vraiment réussi ? Elle vomit alors véritablement. Pettigrow laissa échapper un cri révolté et se recula d'un pas, mais il n'essaya pas de partir. C'était malin de sa part, de ne pas lui donner une raison pour le pourchasser. S'enfuir aurait été suspicieux et Pettigrow était visiblement très bon pour ne pas attirer l'attention. Marlène se rinça la bouche et fit disparaître les dégâts d'un coup de baguette, avant de se demander pourquoi au nom de Merlin, elle n'avait pas encore arrêté Pettigrow.

« Tu devrais vraiment être dehors ? » demanda Pettigrow en se rapprochant à nouveau.

« Probablement pas. » dit-elle, la main plaquée sur son estomac.

Elle se sentait absolument révoltée.

« Tu peux m'aider à me lever ? Je ne crois pas que mes jambes vont me tenir. »

Elle en était vraiment persuadée. Et Pettigrow, serviable, mais surtout ce monstre, menteur, traître, meurtrier, s'accroupit, plaça un bras autour de sa taille – elle se sentit de nouveau malade à l'idée de le toucher – et fit passer son bras à elle autour de ses épaules, avant de les relever.

C'était trop facile. Marlène ne tenta pas du tout de l'aider et bien qu'elle soit mince, elle était aussi plutôt grande. Alors, pendant qu'il se concentrait pour l'aider à se lever, elle pointa sa baguette sur son cou – sans même qu'il ne le remarque – et elle pensa Dormio.

Peter Pettigrow s'endormit en un clin d'œil et Marlène tomba en même temps que lui. Sa santé mentale fit de même, se brisant en mille morceaux.


Sirius s'était réveillé trois fois par jour pour manger et utiliser la salle de bain, mais à part ça, il avait passé toutes ses journées, sauf deux – parce qu'il lui avait fallu deux horribles journées pour reconstruire Azkaban – assis dans sa vieille cellule. Patmol avait été sa seule compagnie, bien qu'il ait eu droit à quelques rapides visites de Harry, James, Remus, Lily et même Peter, Marlène et Reg dans ses souvenirs.

D'une façon un peu tordue, ça avait été comme des vacances. Il n'avait aucune responsabilité et aucune inquiétude – Harry lui manquait, mais il savait que Marlène assurerait sa sécurité – et il avait passé une semaine à ne rien faire, à part revivre les meilleurs moments de sa vie et passer en revue tout ce qu'il voulait dire à son procès.

Il avait choisi ses mots avec prudence – il savait mieux que quiconque le talent du Magenmagot pour relever certaines choses – et il considéra les questions qu'on lui poserait et les réponses qu'il offrirait. Il était prêt et c'était un sentiment agréable.

Et à cette heure-ci demain, je serais à la maison, pensa-t-il, et Patmol se mit à briller. Maintenir Patmol était ridiculement facile désormais – presque une seconde nature – parce qu'il avait passé beaucoup de temps à pratiquer et parce que tout était plus facile que cette horrible nuit d'il y a deux semaines.

Il sentit une main fantomatique sur son épaule et vit un Détraqueur glisser près de lui, tenu à distance par son Patronus. Puisque Patmol était presque à pleine puissance et que jusque-là, les Détraqueurs s'étaient tenus à distance, il pensait que c'était logique de penser qu'il avait été envoyé. Souriant, Sirius envoya une charge avec Patmol et se laissa retomber dans son corps.

Il souriait toujours lorsqu'il ouvrit les yeux et il vit un Détraqueur fuir – très rapidement – hors de sa cellule, comme si quelque chose était après lui. Un autre rentra et Sirius tint Patmol prêt, mais tout ce que fit le Détraqueur, ce fut de poser une robe propre sur le sol avant de s'en aller. Sirius comprit l'allusion, prit sa douche et s'habilla, avant de frapper à la porte. Elle s'ouvrit et quatre Détraqueurs s'approchèrent, patients. Deux tendirent les bras vers lui.

« Bien essayé. » dit-il en envoyant à Patmol le souvenir de la tête de Malefoy quand Narcissa avait suggéré que Marlène reste chez eux.

Les Patronus venaient désormais si facilement à Sirius qu'il pouvait les créer avec des souvenirs qui, voilà un an, n'auraient jamais suffi. Il avait toujours besoin d'être heureux pour en lancer un, mais le maintenir était facile. Les Détraqueurs se reculèrent, échangèrent des regards – enfin, pas des regards, mais Sirius n'avait pas de meilleur mot pour décrire ça – et patientèrent.

« Je peux marcher. »

Et donc, il s'exécuta. Deux Détraqueurs flottaient à environ un mètre devant lui et deux autres se trouvaient quelques mètres derrière lui. Si Sirius l'avait voulu, il aurait pu s'enfuir. Il ne voulait vraiment, vraiment pas le faire, cependant. Il avait obtenu son procès.

Il y eut un grand souffle dans la salle lorsqu'il entra, sans être maintenu par les Détraqueurs, et le nez de Sirius fut bombardé d'odeurs de peur, de haine et de temps à autre, de fascination. Il éternua et décida de respirer par la bouche avant de finir avec un mal de tête à cause d'une saturation sensorielle. Plusieurs appareils photos s'activèrent et des flashs éclatèrent depuis les gradins.

« Que- » commença Fudge, mais Sirius l'ignora et alla s'asseoir sur la chaise.

En revanche, il ne posa pas ses bras sur les accoudoirs, sachant que cela activait les chaînes. La pièce devint complètement silencieuse et Sirius jeta un œil autour de lui. Il y avait des centaines de personnes entassées dans la salle et la majorité, étrangement, portait des robes très colorées. Bleu – bleu ciel, pas bleu marine – violet et jaune moutarde étaient les plus populaires et il réalisa pourquoi quand il remarqua Harry et Remus qui portaient du noir, ce qui les faisaient se démarquer.

Noir pour Black, pensa-t-il avec un sourire et il adressa un clin d'œil à Harry qui rayonnait. La bouche de Remus frémit, mais il était évidemment prudent. Harry se trouvait entre Malefoy et l'un des fils Malefoy, qui avait Rogue – vêtu d'une robe verte plutôt que son habituelle robe noire – à ses côtés, et il y avait également McGonagall et Hagrid. Derrière eux se trouvait l'ami de Remus, Matt – qui avait opté pour une robe bleu marine – Remus, Dora, Fol-Oeil et plusieurs des apprentis Aurors que Sirius avait rencontré pendant sa rétention. Oui, Remus devait être prudent. Sa robe était déjà suffisamment risquée.

« Les bras sur les accoudoirs, Black. » s'écria Fudge, et sa voix résonna.

« J'aime bien faire des gestes quand je parle, dit Sirius en souriant largement à Fudge. Je pense que je vais avoir besoin de mes mains. »

Scrimgeour s'approcha et avec un regard d'avertissement à Sirius, appuya ses mains sur les accoudoirs. Il se retrouva rapidement enchaîné et Sirius soupira. Scrimgeour retourna s'asseoir sur un banc du devant. Les Aurors qui étaient avec lui portaient tous des robes colorées, mais Scrimgeour portait du gris. Sirius se demanda si cela voulait dire quelque chose ou si c'était simplement parce que Scrimgeour n'avait pas de robes colorées en sa possession.

« Procès criminel du dix mai- » commença Fudge.

Sirius tourna vers lui toute son attention, même s'il remarqua qu'Ombrage avait commencé à prendre des notes avec une plume violette.

« -concernant des crimes commis pendant et immédiatement après la Guerre contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ainsi qu'à partir de février 1989 jusqu'à ce jour, par Sirius Orion Black- »

L'expression de Fudge s'assombrit.

« -domicilié dans un lieu actuellement inconnu. Le prévenu sera interrogé par Cornelius Oswald Fudge, Ministre de la Magie, Amélia Susan Bones, Directrice du Département de la Justice Magique, Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, Président du Magenmagot. Greffière d'audience : Dolorès Jane Ombrage. Témoins de l'accusation : Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, Victoria Marie Knight, Christopher Stanley Clearwater et John Andrew Dawlish. »

Sirius fut un peu surpris que Marlène n'ait pas été listé et jeta un rapide coup d'œil aux alentours. Juste parce que nous sommes ennemis maintenant, se dit-il à lui-même, et c'est bien de savoir où se trouvent nos ennemis.

Menteur, dit une voix qui ressemblait un peu à la sienne.

Tais-toi, grommela-t-il en regardant à nouveau dans la salle, incapable de la trouver. Il pouvait, cependant, voir Robards près de la porte, tenant quelque chose de petit et de doré dans la main – un gallion peut-être ? - mais Marlène ne se trouvait pas avec lui et il était trop loin pour que Sirius puisse lire son expression. Fudge s'éclaircit la gorge, remarquant apparemment la distraction de Sirius.

« Témoins de la défense : Sirius Orion Black … C'est tout, je suppose ? »

« O- »

La réponse de Sirius, cependant, fut coupée par une autre voix, qui résonna dans la salle d'audience.

« En fait, non. »

Les gens retinrent leur respiration et une vieille sorcière en bas des gradins gémit et s'évanouit. Presque simultanément, toutes les têtes de la salle d'audience se tournèrent vers celui qui avait parlé. Il se leva, l'air nerveux, mais déterminé. Il lissa sa robe noire et leva le menton.

« Second témoin de la défense : Remus John Lupin. »