Un meilleur monde – partie 19
OOC : Bonjour à tous. Je vous présente le dernier chapitre de cette histoire alternative. J'espère que vous apprécierez. Je remercie à tous qui ont suivi cette aventure jusqu'au bout et qui m'ont soutenu. Cela m'a bien motivée à continuer ! En attendant avec impatience la partie 2 de ff7 remake. Bonne lecture !
« Petite lumière au milieu des ténèbres... »
Nero fredonna l'air de la chanson qui lui trottait en tête.
Elle ne le quittait pas. C'était comme si elle était ancrée en lui, en son être.
A se demander à quelle occasion avait-elle été chantée. Ce n'était pas une chanson très joyeuse, quand bien même elle avait un côté très poétique, très envoûtant. Il ne s'agissait pas non plus d'un chant de guerre qu'on crierait sur le champ de bataille.
Non... on aurait dit... une berceuse.
Une berceuse qu'on chantait pour endormir quelqu'un.
Etrange. Nero n'avait jamais connu de berceuse dans son enfance... sauf celle des ténèbres. Pourtant, humer son air le rassurait. Les paroles avaient un côté assez réconfortant.
Il l'avait eu en tête quand il avait étreint Weiss, au milieu de ce qui restait de la dimension, après la défaite d'Héméra. Il ne l'avait pas oubliée non plus quand les forces de l'ORM, menées par Reeve Tuesti en personne, les avaient retrouvés ici. Ils avaient braqué leurs armes sur les deux frères, leur ordonnant en hurlant de se rendre.
Nero et Weiss étaient épuisés, exténués... ils avaient donné tout ce qu'ils pouvaient dans leurs combats respectifs. Et Nero n'était pas sûr d'endurer une nouvelle bataille après son duel avec la déesse du Jour. Pourtant, bouillonnant de fureur, il avait été prêt à une dernière tentative afin de tous les absorber.
Il venait de retrouver son frère bien-aimé. Plus personne ne le lui volerait ! Plus personne ! Tant pis si le corps de Nero lâchait à la suite de la surpuissance de ténèbres dont il avait usé.
Mais contre toute-attente... Weiss l'avait dissuadé de le faire, ce qui avait choqué le cadet. Il lui avait simplement dit de les laisser les capturer. Cette décision avait crucifié Nero, et quand bien même il avait essayé de protester, Weiss lui avait simplement répondu qu'il savait ce qu'il faisait.
Bien qu'à contrecœur, Nero n'était pas du genre à douter de son frère. Et voir le corps meurtri de Weiss avait achevé de le convaincre de le suivre.
Peu importe où il irait. Peu importe ce qui leur était réservé.
Un sort bien cruel, sûrement. Sans se lâcher la main, les deux leaders du Deepground avaient suivi les soldats de l'ORM jusqu'à un véhicule blindé. Là-bas, ils croisèrent Sonon qui avait observé la scène avec attention.
Quand les yeux magenta de Nero rencontrèrent ceux marron du Ninja, ce dernier lui adressa simplement un triste sourire.
Comme s'il savait quelque chose que Nero ignorait.
« ... Tu ne seras pas séparé de Weiss, » lui promit-il doucement. « Je m'en assurerai. »
Il... ne comprenait pas pourquoi il ferait une telle chose pour lui. Mais ses mots étaient sincères. Cela apaisa Nero qui le crut.
Au milieu de tous ces humains, les mêmes qu'ils avaient essayé d'anéantir autrefois, il avait envie de croire en quelqu'un. Juste la promesse que plus personne ne lui enlèverait Weiss.
Que ce soit dans la vie ou dans la mort... c'était tout ce qui comptait.
Et Sonon avait tenu parole.
Nero avait à nouveau humé la mélodie quand lui et son frère s'étaient retrouvés enfermés au QG de l'ORM, dans une cellule sécurisée. Pas de chaînes, pas de puces. Juste une porte blindée et des barreaux, dans une pièce vide éclairée de la faible lueur d'une lampe.
Ils ne virent pas Vincent Valentine, qui lui-même était en soins intensifs. Il avait été poignardé par Sephiroth lui-même et c'était un miracle qu'il soit encore en vie.
Malgré tout, ils étaient seuls, livrés à eux-mêmes avec les soldats. A quoi bon, de toute manière ? Nero n'espérait pas que Vincent intervienne en leur faveur, quand bien même ils s'étaient alliés pour une courte, très courte durée.
Une alliance qui lui avait permis d'éviter son destin... une alliance qui lui avait permis de vivre.
Et par-dessus tout, une alliance qui lui avait permis de retrouver la personne qui l'aimait et qu'il avait toujours aimé.
Ils étaient seuls. Enfin réunis. Enfermés, comme autrefois, avec un sort encore incertain...
Mais réunis.
« Jusqu'à l'or du soleil... »
« Nero ? » lui chuchota doucement son amour.
Le Tsviet sombre se retourna pour lui faire face. Weiss était adossé contre le mur froid, son œil céruléen caché derrière ses mèches blanches.
Il fixa Nero à la fois avec tendresse et inquiétude.
- ... Cette chanson...
- Weiss...
- D'où est-ce qu'elle vient ? Où l'as-tu entendue ?
Nero ouvrit la bouche pour lui répondre, avant de la refermer. Il secoua la tête. La réponse ne lui venait pas.
- ... Je l'ignore, avoua-t-il d'une petite voix. Je ne sais pas pourquoi je la chante. J'ignore d'où elle vient.
Il se sentait... honteux. Presque coupable. Il avait l'impression d'avoir oublié quelque chose de très important. Cette berceuse en était la preuve.
Weiss acquiesça en silence avant de détourner le regard. Son poing se referma sur le mur, pliant et dépliant les doigts.
- Weiss ?
Tout de suite, Nero se rapprocha. Weiss frissonnait. On aurait dit qu'il avait froid... Inquiet, Nero s'arrêta, son torse à quelques centimètres de son dos, et posa délicatement une main sur son épaule pour l'inviter à le regarder.
Weiss inhalait, exhalait... mais ses lèvres tremblaient. Et cette seule vue heurta le cœur du Tsviet sombre.
- Weiss... je n'aime pas te voir comme ça, lui adressa-t-il d'une voix suppliante.
Son grand frère renifla avant de se couvrir le visage. Ses épaules montaient et descendaient. Nero l'incita à se retourner pour le détailler attentivement.
- ... Qu'est-ce qui me prend ? demanda Weiss alors que sa voix se brisait.
Lui aussi avait oublié quelque chose d'important... Peut-être la même chose que lui...
Nero oublia sa propre peine. A l'heure actuelle, il devait rassurer son grand frère. Il n'hésita pas et l'enlaça, l'embrassa, pansa les plaies par son seul contact...
- Weiss, lui chuchota Nero alors qu'il le tenait fermement contre lui.
- Oui ?
- ... Je ne te quitterai jamais. Je ne t'oublierai jamais. A partir de maintenant, je reste avec toi.
Il marqua un temps avant de fermer les yeux.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi, Nero...
Weiss enfouit son visage dans son épaule, refermant ses bras autour de sa taille.
- ... Chante-moi cette berceuse. Je veux l'entendre, au moins une fois.
- Tout ce que tu voudras, mon frère adoré.
Et à nouveau, Nero chanta la berceuse.
Quand bien même cette cellule était toujours plus confortable que tout ce à quoi ils avaient eu droit à Deepground, il s'agissait toujours d'une prison. Encore une fois, leur liberté leur était enlevée.
Pourtant, en dépit de ce que percevait Weiss comme étant une injustice, il y trouva malgré tout un maigre réconfort, au milieu de toute cette dureté. Nero et lui s'étaient endormis, l'un dans les bras de l'autre, allongés dans le lit qui leur avait été attribués.
Weiss aurait souhaité rester comme ça, de manière définitive. La main enfouie dans la crinière noire de Nero, son menton contre son front, Weiss plongea dans les bras de Morphée, en espérant qu'il rêverait d'un endroit autre qu'une prison, où la liberté était illimitée.
Ce ne fut pas le cas.
Weiss se réveilla dans un espace lumineux, au bord d'un puits. Un puits qui lui était très familier.
Il s'agissait du même puits qu'ils avaient utilisé pour invoquer le Grand Gospel. Lorsqu'Omega avait pris temporairement le contrôle de son Hôte.
Il ne comprenait pas ce que cela signifiait. Pourquoi était-il ici. L'Empereur de Deepground s'y pencha doucement pour tenter d'apercevoir quelque chose au fond du puits.
Mais il n'y vit rien. Seulement le néant.
« Grand frère ? »
Weiss se retourna.
Nero l'avait rejoint. A nouveau, ce fut une consolation. Comme autrefois, à défaut de ne pas se retrouver dans la vie réelle, les deux frères se rejoignaient dans les rêves qu'ils partageaient.
Son cadet ne parut pas rassuré. Tout de suite, Weiss s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras, l'étreignant avec force. Une manière de le rassurer ainsi que pour s'assurer qu'il ne disparaisse pas.
- Qu'est-ce qu'on fait ici... ? lui demanda Nero en regardant autour de lui.
- Je vous attendais, leur murmura une voix derrière leurs épaules.
Weiss et Nero se retournèrent d'un bloc.
Il la reconnaissait. Minerva, plus majestueuse que jamais. Toutefois, elle ne portait pas son armure blanche et dorée habituelle.
Non... elle portait une immense robe de couleur noire. Symbole du deuil.
Il savait pourquoi. Quelque part, cela réconforta Weiss de savoir que les sentiments de Genesis à son égard n'avaient pas complètement été à sens unique. Minerva les toisa, sévère, quand bien même une fatigue évidente brillait dans ses yeux profonds.
- J'aimerais vous parler. A tous les deux.
Weiss et Nero s'échangèrent un regard. Par automatisme, Weiss plaça doucement Nero derrière lui. Ne savait-on jamais. Peut-être que Minerva avait décidé que leurs actes n'avaient pas été assez payés et qu'ils méritaient d'être punis.
- On n'a plus rien à vous dire, lui répliqua Weiss, dédaigneux. On n'a plus à vous servir.
- Weiss... tu n'as pas changé, soupira Minerva. En dépit des circonstances, tu demeures le même.
Weiss haussa les épaules, gardant un air nonchalant.
- On n'a jamais été vos serviteurs, ni vos esclaves après tout. C'était Genesis, votre Gardien. Si vous croyez qu'on va assurer son Rôle à sa place...
- Parce que vous croyez qu'il s'agit de la raison de ma venue ?
Derrière son épaule, Weiss sentit son cadet se tendre.
- Vous avez été privée de votre Gardien, Minerva. Il s'agit d'une perte considérable. Irrémédiable, à moins de trouver un autre Gardien.
- J'en suis consciente. Genesis...
Minerva marqua un temps, avant de se raviser. Les sourcils froncés, elle secoua la tête avant de se reprendre :
- Il s'agit de mon affaire. Je sais que le Rôle de Genesis ne sera pas facile à assurer... mais vous avez tort de croire que je vous ai appelés pour le remplacer.
Quelque part, ce n'était pas surprenant. Genesis avait certes commis des crimes, notamment pour trouver un remède à sa maladie et survivre, mais Weiss et Nero en avaient commis des pires.
Peut-être que Minerva considérait aussi que leur seule existence constituait un péché, comme les humains avaient tant pensé d'eux.
- Et donc ? l'interrogea Weiss en croisant les bras sur sa poitrine, attendant la suite.
- J'imagine que tu trouves toute cette situation injuste, n'est-ce pas ? lui demanda Minerva en croisant les bras, l'air pensif.
- Cette situation ? répéta-t-il.
- Être à nouveau enfermé derrière les murs.
Le silence tomba.
La mâchoire serrée, Weiss poussa un profond soupir.
- ... Qu'attendez-vous comme réponse, au juste ? Je pourrais mentir, c'est vrai, et prétendre qu'on méritait d'être enfermés. Mais ce n'est pas le cas et je ne cherche pas à assumer le contraire.
- Donc, vous croyez être des victimes, constata Minerva.
- Je juge seulement que si nous devons être emprisonnés pour nos crimes, d'autres le méritent autant que nous.
Notamment Cloud. Après tout, n'était-ce pas lui qui avait cédé aux appels de Sephiroth ? Et Héméra, Charon ?
Oui, ils avaient perdu leurs souvenirs. Mais Weiss jugeait qu'il s'agissait d'une punition encore trop tendre.
- C'est vrai. Je dois être juste envers chacun d'entre vous, affirma Minerva en les considérant attentivement. Mais vous n'êtes quand même pas irréprochables. Surtout toi, Nero le Sable.
Nero se raidit.
- Il a fait tout ça pour moi, pour me retrouver, le défendit Weiss avec hargne. Si vous êtes venue le châtier, châtiez-moi aussi. Mais vous risqueriez bien d'y perdre une main.
- Weiss ! s'interposa Nero, choqué.
- Je le sais. Vous êtes deux moitiés d'un même tout. Vos destins sont étroitement liés, dans cette réalité comme dans une autre, approuva Minerva.
Weiss plissa les yeux à cette remarque.
- Il s'agit du sujet de ma visite, déclara Minerva avec amertume. Le destin... Son concept. Il a été sévèrement modifié et la Planète se doit de restaurer cette erreur. Peu importe les conséquences.
Le destin...
Alors, Minerva leur était apparus pour cette seule raison... Par réflexe, Nero se rapprocha de Weiss et lui saisit la main pour la serrer fortement dans la sienne.
- Vous ne pouvez pas lui échapper, déclara Minerva. Du moins, pas complètement. Au fond, vous le savez aussi bien que moi.
- Alors, cela signifie que...
- Tu es toujours l'Hôte d'Omega, Weiss. Et tôt ou tard, tu devras fusionner avec l'Arme Suprême. Tu devras lui céder ta place pour protéger la Planète quand son heure viendra.
« Tu dois survivre, maintenant. Pour accomplir ton Rôle... »
Oui... Genesis avait été clair à ce sujet. Weiss ferma les yeux et la main de Nero agrippa presque la sienne, comme s'il avait peur qu'il ne disparaisse.
- Et toi, Nero...
- Je devais périr de la main d'Héméra, conclut Nero. Je le sais.
Ils devaient rétablir l'ordre des choses. Pourtant, au fond de lui, Weiss souhaitait encore lutter contre ça. Il souhaitait faire preuve de résistance, il souhaitait prendre les armes et combattre...
Mais que pouvait-il faire de plus ?
- Vous savez donc ce qui vous attend, déclara Minerva, le ton dénué d'émotion.
- J'ai donc trois ans à vivre ? Si je me rappelle bien de la date, fit Weiss en détournant le regard.
Trois ans...
C'était plus long que trois jours...
- En réalité, compléta Minerva en le fixant droit dans les yeux, on a échangé avec les autres dieux... dont Omega et Erebus.
Intéressant...
- Et... quand bien même vous méritez toujours une lourde punition, je dois reconnaître que vous nous avez quand même rendus un fier service. Tous les deux. Ou plutôt... tous les trois.
Oui. Elle évoquait certainement Genesis. Mais ses mots les surprirent.
- Et nous avons décidé, déclara-t-elle, la détermination dans sa voix, de vous octroyer un temps supplémentaire.
Cette nouvelle fut accueillie avec sidération et incompréhension. Weiss et Nero en demeurèrent sans voix.
- Quoi ?
- Oui. Pendant que la Planète se relève de ses blessures, j'ai décidé de vous laisser davantage de temps pour que vous profitiez l'un de l'autre. Il s'agira d'une récompense, sous réserve que vous ne détruisiez pas la Planète durant ce lapse de temps.
Bien sûr... Weiss émit un sourire amer alors que son épaule touchait celle de Nero.
- Donc, en gros... si j'ai bien compris, on a un sursis ? J'ai un sursis ?
- C'est ce que j'ai dit.
- Et combien de temps ? demanda Nero, sa voix trahissant son émotion. Plus que trois ans ?
Minerva garda le silence.
- Vous n'avez pas à le savoir, dit-elle. Tout comme les humains n'ont pas à savoir la durée de leur propre vie. Ils connaissent le début du fil, mais ils ignorent jusqu'où il peut s'étendre.
C'était... une nouvelle surprenante.
- Nous ne sommes pas de simples humains, émit seulement Weiss à titre de commentaire.
C'était même plutôt clément de la part de la Planète. A croire que les dieux n'étaient peut-être pas aussi idiots que Weiss ne le croyait. Enfin, ce geste de pitié n'ôterait pas son opinion d'eux.
Genesis y était certainement pour quelque chose, dans cette décision.
- Mais il s'agira de votre conduite, leur rappela sévèrement Minerva. Si vous décidez d'anéantir l'humanité, ce temps vous sera immédiatement retiré. Alors... ne le gâchez pas.
- Et pour Nero ? l'interrogea Weiss.
Oui... Héméra devait le tuer, mais comment était-ce possible si elle avait perdu ses souvenirs ? Elle devait déjà le tuer lors de leur affrontement. Peut-être que Minerva avait décidé d'accorder ce simple temps à Weiss et que Nero serait épargné... qu'il n'aurait pas à mourir à une date fatidique.
- Je laisse à Nero le choix, répondit Minerva en s'adressant au cadet qui se rapprocha d'elle, sans quitter la main de son grand frère.
- Le choix ? répéta Nero, incrédule.
- Erebus a plaidé ta cause. Etant donné ta bravoure contre Héméra, quand bien même il ne s'agissait que d'un jeu pour toi... j'en suis venue à la conclusion que tu serais bien plus utile en temps qu'Hôte d'Erebus qu'en tant que Tsviet. Au moins, de cette manière, tu ne menacerais pas la Planète.
Ses mots n'effacèrent pas la confusion sur le visage de Nero. Même Weiss était perdu. Que voulait-elle impliquer ?
- Quand le temps viendra... tout comme Weiss avec Omega, tu devras fusionner avec Erebus. Vous ne retournerez à la Planète que lorsque vos rôles seront accomplis.
- Attendez...
Weiss se redressa de toute sa hauteur, furieux.
- Vous êtes en train d'insinuer que Nero subira le même destin que moi ? Qu'il disparaîtra au profit d'Erebus ?
- Oui, lorsque son heure viendra, le confirma Minerva. Ce sera la seule manière pour vous deux d'éviter la Rivière de la Mort.
- Hors de question ! cracha Weiss.
Hors de question d'accepter ce marché si cela impliquait que Nero subisse un sort pareil ! Les dieux ignoraient la douleur, l'horreur d'avoir son corps possédé par un autre ! Qu'est-ce qu'ils ne comprenaient pas à ce sujet ? Weiss retirait tout ce qu'il avait dit plus tôt. Les dieux n'étaient que de foutus égoïstes !
- Mais il s'agit d'un fait. Nero doit mourir aussi, dit Minerva. Ainsi que tous ceux qui auraient dû mourir lors de ces crises.
- Ils auraient tous un temps supplémentaire comme nous ?
Minerva acquiesça.
- Sauf qu'ils ne seront pas forcés à fusionner avec des divinités, grinça Weiss, perfide.
- Je considère que mon offre est généreuse, aux vues de vos actes et des circonstances.
- Weiss...
Weiss était sur le point de protester quand Nero posa une main délicate sur son épaule, incitant son grand frère à le regarder.
Il parut... le supplier du regard, ce qui déconcerta l'Empereur de Deepground.
- ... Pour moi, cela me convient, fit Nero en regardant Minerva. Si cela signifie que je serais proche de Weiss...
- Erebus savait que tu demanderais cela.
- Nero... non. Tu ne connais pas les conséquences de ce que ton choix impliquerait, s'emporta Weiss alors qu'il se retournait vers lui pour le saisir par les biceps, le forçant à reconsidérer sa décision. Tu vas finir comme moi. Une marionnette sans âme.
Mais Nero n'avait pas peur. Weiss ne sentait chez lui aucune peur.
Juste... de la résignation mêlée à une sorte de soulagement.
- On est deux moitiés d'un même tout, Weiss. Il est logique que je partage ton destin. Que je t'aide à porter ce poids, lui répondit Nero. Si je peux être proche de mon frère bien-aimé... même si ma conscience disparaît... je préfère ce sort plutôt que mourir de la main d'Héméra.
- Nero... je ne peux pas... je le refuse.
- Weiss, l'interrompit doucement Nero en posant un doigt délicat sur sa bouche. Ecoute-moi. Je préfère vivre une éternité de servitude avec toi plutôt que de vivre une éternité de liberté sans toi.
La vue de Weiss s'embua à ses mots. Nero se rapprocha doucement de lui, posant son front contre le sien.
- J'ai déjà fait un avec les ténèbres. Ce n'est que la suite logique des choses.
- Nero...
- Ma décision est prise. Surtout qu'elle me permet de profiter encore un peu de toi. Laisse-moi... faire ce choix par moi-même, Weiss. Mon frère adoré. S'il te plaît.
Weiss devait l'accepter... Il ne le voyait pas au début, ou plutôt, refusait-il de le voir...
Mais son petit frère, celui qu'il avait tant cherché à protéger à Deepground, avait grandi. Au-delà du fait qu'il était devenu commandant en second, puis leader de Deepground, puis Hôte d'Erebus, il avait pris une maturité que Weiss n'avait pas soupçonné.
Nero était devenu un homme. Un adulte qui savait prendre ses propres décisions.
Il avait été toujours plus courageux que lui, en fin de compte. Cette situation l'illustrait bien.
- Si c'est que tu souhaites...
- Je t'ai promis qu'on ne se quitterait plus jamais, Weiss. J'ai l'intention d'honorer cette promesse.
Weiss sourit tristement à cette remarque avant d'attirer Nero contre lui pour l'étreindre, fermant les yeux tandis qu'ils profitaient de ce contact si cher qui leur avait été privés pendant bien trop longtemps.
A côté d'eux, Minerva acquiesça, approbatrice.
- Je suis contente que vous preniez la bonne décision. Même si j'imagine que vous ne le faites pas pour la Planète... et que vous pensez à vous-mêmes avant tout.
- Tu ne nous changeras pas, Minerva, lui adressa Weiss, le ton léger.
Et pour la première fois, depuis qu'ils se connaissaient, Minerva s'autorisa presqu'à leur sourire. Presque. Ce qui fut autre chose que la froideur habituelle qu'elle dégageait à leur égard.
Alors qu'elle s'effaçait peu à peu, signe qu'ils ne tarderaient pas à se réveiller, elle ajouta, le ton énigmatique :
- J'ai également décidé de vous offrir une autre faveur.
- Hein ? s'étonnèrent Weiss et Nero alors qu'ils tournaient la tête vers elle, toujours dans les bras l'un de l'autre.
- Vous pouvez remercier Aerith... la dernière Cetra. Celle qui a donné sa vie pour protéger la Planète. C'est elle qui m'a convaincue.
- Que voulez-vous dire... ?
Mais Minerva ne répondit jamais.
Elle était déjà partie, laissant les deux frères seuls.
Weiss se réveilla en sursaut. Lorsqu'il revint à lui, le plafond gris sombre de sa cellule l'accueillit.
Dans ses bras, Nero. Lui aussi s'était réveillé. Tendrement, il prit le visage de Weiss de ses mains tremblantes.
C'était presque comme s'il convulsait. Et quand Weiss plongea son regard dans le sien, il remarqua qu'il pleurait.
Et quand Nero essuya ses larmes d'un revers de pouce, son aîné se laissa presque tomber contre lui.
« ... Tu... tu... » répéta Nero, ne parvenant pas à achever sa phrase.
- Oui, répondit Weiss avec chaleur, la gorge nouée.
Une autre faveur...
Alors... c'était ce que la Déesse évoquait...
Tout en gardant Nero contre lui, qui se laissa aller à ses sanglots, Weiss jeta un coup d'œil à la plume noire qu'il avait ramassée, posée sur leur table de chevet, symbole de l'existence de leur grand frère.
Un sursis... un temps supplémentaire pour eux...
Ainsi qu'à tous ceux dont le destin avait été de mourir au cours de ces crises...
Weiss le savait. Il savait qu'il ne leur restait pas beaucoup de temps.
Mais peu importe combien il en restait, il ferait en sorte d'en profiter pleinement.
Et alors que des nouveaux plans s'échafaudaient dans sa tête, Nero se remit à fredonner la berceuse dans l'obscurité.
Et cette fois, Weiss l'accompagna.
Une berceuse avec laquelle ils espéraient transcender les murs de cette prison, pour atteindre ce qui leur était cher...
Cela ne faisait que commencer.
Trois ans plus tard
« ... Etes-vous sûr de cela, Reeve Tuesti ? »
Ils étaient réunis à la salle de réunion de l'ORM. Accoudé à la table, un stylo à la main, Reeve était prêt à signer la pile de documents qui lui était présenté. A ses côtés, Shelke le fixait avec curiosité.
Elle le sentait hésiter... elle se demandait s'il irait réellement jusqu'au bout. Reeve fronça les sourcils. Il lui jeta un coup d'œil oblique, comme une manière pour lui de se rassurer. Shelke se contenta d'acquiescer, sans un mot.
Il reporta ensuite son attention sur son interlocuteur, assis à l'autre bout de la table, qui lui adressait un sourire satisfait. Ils étaient quatre en tout. Général MacKurie servait de témoin officiel avec Shelke.
Il finit par soupirer. Oui. Sa décision était prise.
- Je ne le fais pas par gaieté de cœur.
- Je le conçois bien.
- Mais à l'heure actuelle, il s'agit de mettre nos différends de côté et œuvrer ensemble pour reconstruire la Planète. Alors...
Reeve n'hésita pas plus et signa en bas de page.
C'était officiel. Rufus Shinra était désormais détenteur d'un siège permanent à l'ORM. Il n'était plus seulement un donateur anonyme. En échange, ses donations que l'ORM utiliserait pour reconstruire la Planète seraient bien plus généreuses. Reeve tendit les documents au concerné qui signa à son tour, entouré de Tseng et d'Elena. Il était clairement le seul ouvertement ravi par cette tournure.
Reeve sentit Shelke tiquer derrière lui, mais elle se garda d'émettre le moindre commentaire. Elle avait toujours été discrète et de plus, elle savait contenir ses émotions, quand bien même il s'agissait d'un ancien réflexe gardé de Deepground.
- J'espère que je n'aurais pas à le regretter, Rufus, lui adressa amèrement Reeve.
- Vous avez intérêt à être sincère, rabroua Général MacKurie.
- Vous ne le regretterez pas, « Président », lui adressa-t-il avec un sourire charmeur. Je mettrai tout en œuvre pour honorer ma promesse de me racheter auprès de la Planète.
- L'ORM n'est pas la SHINRA.
- Je le sais.
Rufus s'étira. Il adressa un signe de tête à Tseng qui lui répondit de manière similaire, sans pour autant montrer d'émotion.
- Je pense qu'il conviendrait de trinquer à notre arrangement. Désirez-vous du champagne, Reeve Tuesti ? Général ?Shelke ?
Les deux concernés répondirent par la négative.
- Sans façon.
- Moi j'aurais besoin de quelque chose de plus fort, soupira le Général avant de se lever et sortir de la salle. Et je n'ai pas besoin que vous m'accompagnez.
L'idée de partager ne serait-ce qu'un verre avec cet homme soulevait l'estomac de Shelke. Rufus haussa les épaules, un peu déçu, avant de se redresser. Il était prêt à partir. Probablement pour fêter sa « victoire » de son côté en compagnie des Turks, les seules personnes qu'il traitait décemment.
- Dernier sujet, ajouta-t-il avant de partir. Quand est fixée la date du procès de Weiss et Nero ?
Le silence tomba.
Reeve plia et déplia ses doigts, essayant de trouver les mots. A côté de lui, Shelke ne put s'empêcher de tressaillir.
- Pas avant le mois prochain.
- Il en a fallu du temps, pour juger des criminels aussi dangereux. Les garder enfermés était un pari risqué. Ensemble, en plus, déclara Rufus.
- En effet.
- Ils auraient pu avoir idée de s'échapper à tout instant.
Si Reeve avait pu les juger avant, il l'aurait fait. Malheureusement, les dégâts causés par Sephiroth et Héméra avaient été extrêmement difficiles à réparer. Il s'agissait de la priorité de l'ORM. Reconstruire les bâtiments détruits, redonner un toit aux familles qui avaient perdu le leur et s'étaient retrouvées à la rue...
Juger Weiss et Nero n'avaient pas été une priorité quand bien même elle aurait dû l'être. Pourtant, oui... ils étaient tout aussi surpris que lui. Durant ces trois ans, ni Weiss ni Nero n'avaient essayé de s'échapper.
Eux qui aspiraient à la liberté, c'était... étrange de leur part.
Mais c'était un fait. Weiss et Nero étaient restés dans leur cellule. Quand on leur apportait à manger, quand on devait interagir avec eux, ils se laissaient faire et étaient même réceptifs. Ils n'essayaient même pas de tuer leurs geôliers à la seconde où ils étaient dans la même pièce qu'eux. Il y avait eu seulement quelques incidents où Nero avait presque failli perdre contrôle de ses ténèbres, mais personne n'avait été absorbé. A croire que la présence de Weiss était bénéfique pour tout le monde.
Reeve avait longuement hésité à les placer ensemble dans la même cellule et avait eu idée de les séparer, au risque qu'ils conspirent pour s'évader, mais peut-être avait-il pris la bonne décision.
Si Weiss et Nero souhaitaient réellement faire amende honorable demeurait un mystère. Reeve avait envie d'y croire, mais Shelke était persuadée que Weiss les manipulait encore et qu'il était sage comme une image juste pour pouvoir les poignarder dans le dos. Pour elle, ils étaient incapables de changer.
Peut-être était-ce le cas. Mais cette bonne conduite avait motivé Reeve à agrandir leur cellule. Il ne pourrait pas les relâcher. C'était hors de question.
Mais il pouvait au moins faire en sorte que leur cellule ressemble à autre chose de plus confortable.
- J'ai essayé de parler à Weiss, l'informa Rufus en croisant les bras. J'avais promis de m'incliner devant lui et m'excuser pour tout le mal que la SHINRA avait causé, à lui et à son frère.
Reeve grimaça.
- Vous savez comment il a réagi ? fit Rufus en esquissant un sourire.
- Pas bien, j'imagine.
- Il a écouté mes explications jusqu'au bout. Il ne m'a pas interrompu. Quand j'en ai eu terminé, il a simplement souri et m'a remercié d'avoir plié le genou. Cela lui avait fait chaud au cœur.
Ah ?
- Et ensuite, il m'a poliment invité à aller me faire voir, avant de me détailler point par point la manière dont il me torturerait et me tuerait quand il sortirait d'ici.
- Oui... fusiller, empaler, pourchasser, récita Shelke en levant les yeux au ciel. Typiquement Weiss, ça.
- Vous croyez donc qu'il s'est racheté une conduite et que le garder vivant est une bonne idée ?
Reeve poussa un soupir.
Ils avaient déjà discuté du sujet dans le passé. Cela ne servait à rien de tourner en rond là-dessus plus longtemps.
- Je ne les condamnerai pas à mort, Rufus.
- C'est ce que j'aurais fait... s'il n'y avait pas eu les circonstances à côté, répondit l'ancien Président, le ton vague. Weiss demeure l'Hôte d'Omega, après tout. Donc, la prison à perpétuité sans possibilité de sortir serait le meilleur compromis ? Je doute que cela fonctionnera.
Pour être honnête, Reeve ignorait. Il ignorait quelle décision prendre. Ce procès serait particulièrement houleux quand il débuterait. Notamment pour les victimes.
- On en parlera plus tard. Nous avons encore le temps.
- Du temps... en effet. Devons-nous dévoiler la date à la presse ? Les victimes souhaiteraient peut-être y participer.
- Non.
Reeve marqua un temps, songeur.
- Pas pour l'instant.
Il préférait que tout cela demeure dans l'ordre du privé pour qu'il n'y ait aucun débordement. Rufus haussa simplement les épaules avant de poser sa main sur le code de la porte, prêt à sortir.
- Bien. C'est vous qui voyez. Mais je vous aurais prévenu, Reeve.
Reeve ne répliqua rien. Il se contenta seulement d'hocher la tête alors que Rufus sortait de la pièce, accompagné par Tseng et Elena.
Au revoir, Monsieur.
Une fois seul avec Shelke, Reeve rangea ses affaires. La journée avait été éprouvante. Alors qu'il était sur le point de demander à Shelke si elle avait prévu des plans ce soir et si elle souhaitait dîner avec lui, l'ancienne Tsviet déposa un papier sur la table.
- Shelke ?
- S'il te plaît, Reeve.
Reeve fronça les sourcils, surpris. Finalement, il s'exécuta et attrapa la lettre pour la lire.
Ses yeux s'agrandirent à son contenu. Il releva le regard vers Shelke, déconcerté.
- Je ne comprends pas.
- Je suis désolée, Reeve Tuesti, répondit-elle sans donner d'explication.
- Tu... tu veux démissionner ?
C'était inattendu... Reeve chercha, fouilla dans sa mémoire pour trouver la raison qui pousserait Shelke à démissionner. Lui avait-il causé du tort sans s'en rendre compte ?
- Reeve, ce n'est pas de ta faute. Je sais qu'être Président revient à prendre des décisions qui ne plaisent pas à tout le monde.
Reeve demeura bouche bée.
- C'est... c'est à cause de cet arrangement avec Rufus Shinra ? C'est pour ça ?
- Pas seulement, avoua Shelke sans le regarder.
- Shelke... il s'agit de ton travail. Tu es un bon élément pour nous, pour l'ORM !
- Oui, mais...
Elle inhala, exhala, avant de compléter :
- ... Je ne peux pas rester dans ce bâtiment quand je sais que Weiss et Nero y demeurent. C'est au-dessus de mes forces.
- Shelke...
- Pardon. Je sais que c'est très égoïste de ma part... et Shalua n'aurait jamais fait ça...
Sa voix se brisa. Immédiatement, Reeve l'attrapa contre lui pour l'étreindre de la manière qu'un grand frère ou un père le ferait.
En la voyant dans cet état, il ne put s'empêcher de se radoucir.
- ... Si c'est ta décision, Shelke... je ne peux que la respecter. Si tu penses que tu en seras plus heureuse.
- Merci, Reeve.
- Je ne souhaite que ton bonheur. Nous faisons partie de la même famille, toi et moi.
Shelke esquissa un sourire ému et incroyablement sincère.
- Cela fait plaisir à entendre.
« Moogle Rouge lance sa super attaque : Le lance-rocket des étoiles ! »
« Noooon ! Les Moogles sont trop forts ! »
« Je reviendrais une prochaine fois. »
« ... Ce que c'est nul », grinça Weiss en visionnant la série qui défilait à l'écran.
Nero ne put s'empêcher de sourire brièvement alors qu'il laissa son pouce caresser distraitement le dos de la main de son grand frère. Les deux étaient assis ensemble sur le même canapé.
Oui... lui non plus n'y comprenait pas grand-chose.
- Il n'y a même pas de sang ni de douleur, soupira Weiss en levant les yeux au ciel. Juste de la niaiserie.
- Mais tu regardes quand même.
- Pas pour ça, releva son grand frère, bougon.
- Alors, pour quelle raison ? lui demanda Nero, amusé.
Weiss haussa les épaules.
- Voir si Moogle Rouge et Moogle Jaune vont enfin finir par sauter le pas.
- Je crois que Moogle Rouge préfère Moogle Vert, commenta Nero en observant les deux personnages combattre ensemble à l'écran.
- Ils ne vont pas du tout ensemble.
- Tout ce que tu veux, mon frère adoré. Je relate seulement les faits.
Sa moitié esquissa seulement un sourire narquois alors que le générique apparut sur l'écran. Discrètement, Nero posa sa tête contre son épaule en fermant les yeux.
Oui... d'un point de vue extérieur, on aurait pu croire qu'ils n'étaient pas enfermés. Cet endroit ne possédait pas l'apparence d'une cellule. Ce n'était pas comme les premiers jours où ils n'avaient eu droit qu'à un lit et un lavabo.
Non. Reeve Tuesti avait fait en sorte de l'aménager. Ils disposaient d'un lit un peu plus grand, d'un canapé, d'une table avec deux chaises pour manger ainsi que d'une télévision pour se divertir. Ils avaient même entendu les gardes se plaindre qu'on laissait les prisonniers avoir accès à de tels loisirs. Mais les deux frères s'en moquaient bien.
Ce n'était pas la situation la plus déplaisante, même si cet endroit était toujours une prison à leurs yeux. Après tout, leurs faits et gestes étaient observés tous les jours à travers des caméras de surveillance, sauf pour les moments intimes comme prendre une douche. Ils ne pouvaient pas se déplacer librement pour les besoins les plus rudimentaires. C'était quelqu'un de l'extérieur qui leur faisait les courses et leur apportait à manger.
Ils n'avaient pas le droit de sortir. Pour Weiss, ce n'était pas une liberté.
Même si... faire quelque chose d'aussi simple que de s'installer dans un canapé et de regarder la télévision avec son amour était pour Nero comme goûter à un plaisir interdit.
Alors que la scène post-générique commençait, Nero détailla Moogle Bleu et Moogle Violet marcher dans un champ de fleurs, main dans la main.
L'instant d'après, Moogle Violet se plaça à genou devant Moogle Bleu et lui présenta une boîte contenant une bague à l'intérieur.
Surpris, cela piqua la curiosité au Tsviet sombre. Mais aussitôt que la scène se termina, Weiss coupa simplement la télévision. Il n'y aurait pas d'autre épisode ce soir.
- Gardien ! cria Weiss en s'adressant à la porte blindée. J'aimerais couper les caméras un petit peu.
Le gardien de l'autre côté râla en guise de réponse.
- Et pourquoi donc ?
- J'aimerais prendre une douche... et faire l'amour à ma moitié, ricana Weiss.
Les joues de Nero s'empourprèrent. Le gardien grogna qu'il n'avait pas besoin des détails, mais s'exécuta et contacta le service en charge. Quelques minutes plus tard, les caméras s'éteignirent.
- Vraiment ? sourit Nero alors que Weiss prenait son visage dans ses mains.
- Oui. Mais avant... j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi.
Nero comprit sans avoir besoin de mots.
Ces humains étaient réellement stupides, parfois. Mais le Tsviet sombre exécuta la volonté de son frère. Alors que Weiss faisait le guet, Nero fit apparaître un clone qui prit sa place sur le canapé.
L'instant d'après, Nero avait quitté la prison par le biais de portails.
Reconstruire un lieu sacré pour accueillir le nouveau Deepground en son sein ne se produirait pas en un jour. Weiss et Nero le savaient très bien.
Mais ils ne faisaient rien de mal, après tout. Ce n'était pas comme s'ils construisaient secrètement une armée pour marcher vers l'ORM et envahir Gaia. Cela avait été le plan de Weiss, autrefois. Ils le concevaient.
Mais ils étaient nés à Deepground. Ils avaient toujours, toujours appartenu à Deepground. Et même si on leur offrait la liberté dans un meilleur monde, il n'y avait qu'à Deepground où ils se sentiraient chez eux.
Une fois que tout serait prêt, ils s'évaderaient. Mais seulement quand tout serait prêt...
Et qu'ils seraient sûrs que...
Nero secoua la tête, préférant ne pas penser à ce sujet sensible, quand bien même cela faisait trois ans maintenant.
Trois ans...
Lui et Weiss commençaient à trouver le temps long... surtout que même si Minerva leur avait accordés un sursis, ils ne pouvaient s'empêcher de penser à la date fatidique. Etait-ce réellement une faveur qu'elle leur avait offerte ?
« Sir ! »
Oh. Officier Courage, soupira Nero. Oui. Il savait qu'il se faisait appeler East. Mais qu'est-ce que son attitude l'irritait. Dire qu'il avait mis la main dessus avant qu'il ne se fasse capturer par les forces de l'ORM. Lui... ainsi que d'autres officiers.
East débarqua au pas de course avant de faire le salut habituel.
- Avé, Weiss ! Sir. Les campements seront bientôt achevés. Néanmoins, il nous manque encore du nécessaire.
- Quel genre ? demanda Nero, las.
- Du nécessaire de soin. Pour moi, releva Officier Este-D. Et je ne peux pas m'infiltrer dans un hôpital pour...
- Je m'en occupe, déclara Nero en disparaissant dans un trou de ténèbres.
Parfois, ces soldats n'étaient pas aidés. Mais peu importe. Il s'agissait de la volonté de Weiss. Alors qu'il quittait la dimension dans laquelle il avait combattu Héméra, il entendit East raconter à sa camarade des ragots sans queue ni tête à propos d'un danseur qui l'aurait abordé.
Et fier de lui, en plus. Une punition s'imposerait plus tard. Nero atterrit dans le monde des humains, dans une salle d'hôpital où était rangé tout ce dont Officier Este-D aurait besoin pour assurer les soins en cas de problème.
Une fois qu'il eut saboté les caméras, Nero rassembla ce qu'il trouva. Néanmoins, son regard se porta vers un panneau d'affichage dans le couloir.
L'un d'eux indiquait « soins intensifs ».
Et pendant un instant, un bref instant, Nero se fit violence pour ne pas s'y rendre.
Juste pour... le voir.
Au moins pour savoir s'il allait bien. Même s'ils en avaient des nouvelles tous les jours, ce n'était pas la même chose que le voir en vrai. Et Weiss aussi, aimerait en avoir des nouvelles.
Mais au dernier moment, Nero reprit raison. Il secoua la tête avant de finir de rassembler ce qui était à sa portée. Alors qu'il était sur le point de prendre congé, il vit quelqu'un passer dans le couloir.
Nero se camoufla dans les ténèbres, mais son regard demeura braqué sur la personne qui errait. Il portait une blouse blanche.
Un médecin, probablement. Il semblait lire des rapports médicaux en fumant une cigarette.
Le sang de Nero se glaça et son regard se durcit. Aussitôt, la haine ainsi que l'envie de tuer le prit.
Avant de retourner à Deepground... Nero décida de faire un détour et le suivit dans l'ombre. Il suivit le médecin jusqu'à l'ascenseur qui monta jusqu'à sa salle de repos où il se fit un café.
Nero ne l'absorba pas. Non.
Bouillonnant de fureur, il se contenta seulement... de le fixer silencieusement. Sans détacher ses yeux magenta. Et peut-être que l'humain sentait que quelqu'un l'observait puisqu'il regarda autour de lui, manifestement mal à l'aise.
Et quand une urgence l'appela et qu'il se rendit en salle d'opération, Nero continua de l'épier, tel un chasseur traquant sa proie.
Lorsqu'il rejoignit Weiss et fit disparaître son clone de ténèbres, il trouva son frère aîné dans la même position que lorsqu'il l'avait quitté.
En l'observant plus attentivement, Nero remarqua qu'il jouait avec la plume noire de leur grand frère. L'Empereur de Deepground se retourna vers lui, une expression indéchiffrable.
« Alors ? » lui demanda-t-il dans un chuchotement.
Nero plissa les yeux, essayant tant bien que mal de contenir son émotion. Il finit par lui sourire tristement avant de s'avancer vers lui pour lui prendre la main, la serrant fortement dans la sienne.
- ... Rien. Comme toujours.
- Je vois.
Weiss détourna le regard, l'amertume évidente.
- ... Nos projets avancent, fit Nero, dans une maigre tentative de le réconforter.
- Tant mieux. Ce n'est plus qu'une question de temps, alors.
Le grand frère déposa la plume noire sur la table avant de se retourner doucement vers son cadet.
Finalement, il prit Nero dans ses bras, l'étreignant fortement. Suffisamment fort pour ne pas le laisser partir. Mais ce n'était pas l'intention du Tsviet sombre qui lui rendit son étreinte, enfouissant son visage dans sa poitrine tandis qu'il le fixait amoureusement.
Weiss l'embrassa sur les lèvres. Il s'agissait d'abord d'un baiser chaste, avant qu'il ne devienne davantage passionné. Sentant son corps trembler contre lui, Nero laissa ce contact l'enivrer alors que Weiss lui dévorait la bouche, le pressant contre le mur en même temps qu'il lui mordillait le cou, lui laissant une traînée de petits baisers au fur et à mesure qu'il descendait de plus en plus bas.
- Weiss... hmm... gémit Nero en fermant les yeux.
- J'ai dit... aah... que je te ferais l'amour, non ?
En effet, les caméras étaient toujours éteintes. Nero ne put s'empêcher de sourire tandis qu'il se laissait faire. Weiss ôta sa veste et abaissa son pantalon, et son cadet ne tarda pas à faire de même, retirant sa combinaison toute entière alors que la chaleur et la luxure montaient en son être.
- Aah...
Un échange, un lien qui leur rappelait qu'ils étaient ensemble, qu'ils étaient vivants...
Les jambes de Nero s'enroulèrent autour de la taille de son frère. Et quand Weiss entra en Nero, l'enfonçant contre le mur en même temps qu'il le refaisait sien, son cadet enfonça ses ongles dans sa chair en criant son nom encore et encore.
Je ne te quitterai plus jamais.
Sa valise était prête.
Une fois qu'elle eut passé les portes de l'ORM, Shelke s'arrêta un bref instant pour la poser au sol, avant de se retourner vers l'endroit qui avait été son lieu de travail durant trois ans maintenant.
L'émotion était à son comble... Une boule à la gorge, l'ancienne Tsviet tâcha de ne pas penser à la manière dont elle abandonnait les autres. Elle laissait tomber Reeve, elle laissait tomber l'ex-AVALANCHE... et plus que tout, elle laissait tomber Vincent.
Elle n'avait pas eu le courage de lui dire en face... non. Elle s'était seulement contentée de lui laisser un message sur son téléphone. Mais peut-être que les autres l'avaient déjà prévenu.
Shelke se demandait comment Shalua réagirait. Nul doute que sa sœur aînée serait déçue d'elle. Mais elle ne pouvait pas... c'était trop pour elle.
La jeune fille se contenta de ramasser sa valise. Elle tourna les talons pour se diriger vers la gare.
Où irait-elle, alors ? Elle n'avait nulle part où se rendre, maintenant. Peut-être devrait-elle acheter un billet pour une destination qu'elle ne choisirait pas avec précaution, et se laisser porter jusqu'à la dernière station.
Ainsi, seul l'avenir savait ce qu'on lui réservait...
Oui. C'était mieux comme ça.
« Shelke ! »
Shelke se retourna brusquement, surprise.
Yuffie se tenait derrière elle, les bras serrés. Elle la dévisageait avec fureur et incrédulité. Immédiatement, la Ninja fonça vers elle pour la rejoindre.
- Hé ! C'est quoi, ça ? Qu'est-ce que c'est que cette valise ? Ne me dis pas que tu t'en vas, là !
- Je...
- Où vas-tu ?
La gorge nouée, Shelke souhaitait paraître assurée. Mais ce n'était pas le cas. Elle perdit ses mots face à l'attitude de la Ninja.
- Tu nous abandonnes ? Tu abandonnes tes amis ? Après tout ça ? Après tout ce qu'on a traversé ? Tu abandonnes Vincent, aussi ?
- Je ne vous abandonne pas...
- Ce n'est pas l'impression que tu donnes !
- J'avais juste besoin... de faire le point avec moi-même.
Yuffie plongea son regard dans celui de Shelke. Tout de suite après, elle s'écarta pour se placer derrière elle. L'ancienne Tsviet réalisa qu'elle se tenait sur son chemin, comme prête à lui barrer la route.
- Pourquoi ? Juste... Dis-moi pourquoi !
- Tu t'en doutes, répondit Shelke un souffle.
- Quoi ?
La Wutaïenne fouilla dans son esprit. Son expression se durcit.
- Tu t'en vas à cause d'eux ? De Weiss et Nero ? Encore maintenant, tu les laisses te malmener comme autrefois ?
- Je...
- C'est quoi, cette attitude ? C'est ça, Shelke ? C'est « ça », celle qui nous a aidés à sauver la Planète à deux reprises ? Parce que ton passé te suit, parce que ces deux cinglés ne seront pas condamnés à mort, tu t'enfuis comme ça ? Je ne comprends pas ! Tu as toujours été plus forte que ça !
- Yuffie...
- Hé ! la coupa Yuffie. Laisse-moi finir, d'accord ? Moi aussi, ils m'ont pourri la vie ! Ils ont pourri la vie de Sonon. Ils nous ont volé quelque chose, des années plus tôt !
Elle marqua une pause.
- Pourtant, on continue ! On ne les laisse pas nous atteindre ! On continue de vivre, compris ? Il est hors de question que tu laisses toute cette situation te dépasser ! La Grande Yuffie ne va pas te laisser partir comme une voleuse de Matéria !
Yuffie plaça ses mains sur ses hanches, la toisant avec hauteur. Shelke se mordit la lèvre. Elle n'aurait jamais pensé que ce serait Yuffie, parmi tous ceux qu'elle avait rencontrés, qui viendrait pour elle.
On deviendra amies.
Peut-être était-ce déjà le cas...
- Moi, je ne te lâche pas ! lui adressa Yuffie, sûre d'elle. Je ne t'abandonne pas, compris ?
- Pourquoi... ? Après ce que j'ai fait...
- On ne va pas en reparler ! Le destin a dit qu'on était liées, toutes les deux. Qu'on était amies. On ne va pas modifier le destin encore une fois ! Et Vincent ? Tu as pensé à sa souffrance ? Il serait malheureux si tu partais !
Le destin...
Shelke émit un timide sourire à cette remarque. Oui. Elle avait raison. Le destin qui leur était réservé était plus radieux qu'elle ne l'avait imaginé.
En partant ainsi, elle se privait peut-être de quelque chose. Et Vincent... oui. Elle ne pouvait pas l'abandonner comme ça, non plus.
Cela avait été idiot de sa part. Yuffie lui adressa des yeux de chien battu et Shelke se demanda s'il s'agissait d'une tentative ratée pour l'émouvoir.
Elle n'eut pas besoin de le faire. Shelke abandonna sa valise.
- ... Entendu. Je reste.
Cette réponse eut pour effet de faire crier la Ninja de joie.
- Super ! Héhéhé, je savais que je te convaincrais ! La Grande Yuffie a encore gagné ! s'exclama-t-elle avant de prendre son bras sous le sien. Allez, viens à la maison ! Sonon et moi, on a préparé des gyozas ! Enfin, surtout Sonon... mais j'ai contribué, d'accord ?
- J'espère seulement que Reeve ne m'a pas déjà remplacée, soupira Shelke.
- Tu rigoles ? Il a déchiré ta lettre de démission !
- N'est-ce pas plutôt toi qui l'as déchirée ?
- Euh... il m'a laissée le faire en toute bonne conscience.
Yuffie se gratta l'arrière de la nuque, embarrassée. Shelke abaissa le regard et, alors qu'elle fixait la main gauche de la Ninja qui lui tenait le bras, elle y remarqua quelque chose briller d'un faible éclat au soleil.
Une bague en bronze à son annulaire.
Shelke ouvrit la bouche, mais se ravisa. Elle n'eut pas besoin d'émettre le moindre commentaire.
- Tu viens ? insista Yuffie en la tirant vers l'intérieur du QG. Gyozas, gyozas, gyozas ! Et après, je t'emmènerai chasser des Matérias ! Je te montrerai la grandeur des Ninjas du Wutaï !
Shelke ferma les yeux en souriant. Elle était un cas désespéré. Mais il s'agissait toujours d'une agréable surprise.
- Tout ce que tu voudras... amie.
La porte de leur cellule s'ouvrit.
Le gardien leur annonça qu'ils avaient de la visite. Weiss et Nero s'échangèrent un regard confus.
Ils lui demandèrent s'il s'agissait de Reeve Tuesti, mais le gardien le démentit.
« Seul Nero est concerné par cette visite », les informa-t-il alors que Weiss emboîtait le pas de son frère.
Nero le fusilla du regard. Il était prêt à refuser. S'il était concerné, Weiss l'était tout autant.
Mais lorsqu'il releva le regard vers le visiteur qui se tenait derrière l'épaule du gardien, les observant de loin, les mots se perdirent dans sa bouche.
Sonon... c'était Sonon qui venait le voir. Ce n'était pas la première fois depuis qu'ils étaient emprisonnés, mais à chaque fois, cela lui faisait toujours un choc. Voyant Nero se raidir, Weiss haussa un sourcil, à la fois boudeur et intrigué.
- Hé bien, je ne croyais pas qu'il existait des gens nous appréciant assez pour nous rendre visite, soupira Weiss, la mauvaise humeur évidente dans sa voix.
- Il y a également quelqu'un qui souhaite vous voir, Weiss, lui adressa le gardien sans le regarder.
Ce fut au tour de Nero d'hausser un sourcil, les ténèbres s'agitant autour de lui. Cette information l'agita, mais Weiss se contenta de poser une main sur son épaule pour le rassurer, amusé.
- Vas-y, alors. Cela te fera sortir.
- Weiss...
En guise de réponse, Weiss l'attira vers lui pour l'embrasser avec fougue, sous les yeux choqués du gardien. Quant à Sonon, il sursauta face au geste des deux frères. Et alors que Nero lui rendait son baiser, Weiss adressa au Ninja une expression de défi.
Oh...
- Moi qui t'avais proposé un plan à trois, plaisanta Weiss avant de lui donner une tape sur les fesses. Je comprends pourquoi tu avais refusé. Tu en avais ta propre idée.
- Grand frère, soupira Nero en levant les yeux au ciel.
- Dis-lui de ma part que s'il te brise le cœur, je lui brise la nuque.
- J'ai entendu, râla Sonon.
Nero se contenta de suivre le gardien qui était de plus en plus confus face à la situation qui lui était présentée. Alors que les portes se refermaient, Weiss adressa une expression significative à Sonon, lui indiquant silencieusement que ses mots n'étaient pas des paroles en l'air.
Weiss s'attendait à sa visite.
Ophelia se tenait assise de l'autre côté de la paroi. Raide sur son siège, la première question de Weiss fut évidente. C'était la raison même pour laquelle ils avaient choisi de rester dans cette cellule durant trois ans, tout en préparant le nouveau Deepground.
« ... Il est stable », se contenta-t-elle de lui répondre timidement.
Ce n'était pas une mauvaise nouvelle. Mais ce n'en était pas une bonne non plus. En dépit de la tension, leurs échanges étaient cordiaux. Même elle comprenait qu'au-delà de ses actes, Weiss avait autant le droit qu'elle d'avoir des nouvelles. Lui et Nero.
Et contrairement à eux, elle était libre. Et c'était elle qui s'en occupait depuis maintenant trois ans.
Celle qui se tenait à ses côtés, jour et nuit, en espérant que son état s'améliore.
Weiss la dévisagea attentivement. Lorsqu'ils avaient appris que tous ceux qui auraient dû mourir lors de la crise avaient droit à un sursis offert par la Déesse, il avait tenu à être le premier qui annoncerait la nouvelle à Ophelia.
Il avait été direct et n'avait pas mâché ses mots. Il se souvenait très bien de sa réaction. Elle avait pâli. Elle avait manqué de s'évanouir sous ses yeux face à cette information. Finalement, elle s'était levée et avait quitté le parloir pour ne plus jamais y revenir jusqu'à aujourd'hui.
Actuellement... elle avait repris des couleurs. Elle paraissait en forme. Weiss croisa les bras sur sa poitrine, pensif.
- J'imagine que vous êtes là pour me demander quelque chose.
- Je...
Weiss la coupa.
- Vous souhaitez rentrer au Wutaï, maintenant ? Et vous avez peur de la réaction des autres ? De votre père ? Maintenant qu'ils connaissent la vérité ?
Ophelia ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Weiss garda sa posture nonchalante. Il finit par soupirer.
- S'il y a besoin que je fasse quelque chose... pour restaurer votre honneur. J'imagine que là-bas, l'honneur est sacré ? Selon ce que vous m'avez raconté.
- ... Oui.
Elle poussa un soupir.
- En temps normal, quelqu'un qui a... fait sienne une femme et qui lui a donnée un enfant doit l'épouser.
Elle n'avait pas employé « souiller ».
- ... Epouser ?
Il ne comprenait pas la signification de ce mot. Lorsqu'Ophelia lui en expliqua la définition, Weiss fit preuve de retenue pour ne pas se décomposer.
- Et c'est ce que vous souhaitez de moi ?
- Non.
Ah. Enfin, elle le disait librement. Le mot sacré.
Pour être franc, Weiss ne se serait pas senti capable d'accepter. Sauf s'il s'agissait d'un cas d'urgence et qu'il en était affecté, il aurait peut-être pu considérer la proposition.
- Je ne retournerai pas au Wutaï, lui avoua Ophelia. Pas tout de suite, du moins. Je vais rester ici et ouvrir ma propre Pâtisserie. Comme ça, je resterais proche de l'hôpital.
Cette nouvelle... le surprit, mais en même temps, le soulagea.
- Vous mettez donc votre vie entre parenthèses.
- Non. Je préfèrerai vivre pleinement le temps qu'il me reste. Et il n'y a pas d'autre endroit où je souhaiterais aller. Je serais incapable de quitter le pays en sachant que...
Elle ne finit pas sa phrase. Mais Weiss comprenait.
- Il vous en a fallu du temps et du courage pour arriver à cette décision.
Mais cela n'expliquait pas pour autant la raison de sa venue. Ophelia ouvrit son sac et en sortit un document qu'elle posa sur la table.
- J'ai seulement besoin que vous le reconnaissiez.
- Bien sûr que je le reconnais, fit Weiss, le ton morne, ne comprenant pas l'absurdité de la situation.
- Vous devez le faire officiellement.
- Les humains et leur administration. Des idiots, franchement.
- ... Je suis d'accord avec vous.
Weiss et elle s'échangèrent un bref sourire complice. Finalement Ophelia fit passer le document à travers la fente pour que l'Empereur de Deepground le reçoive.
Alors qu'il signait, il fut surpris de voir le nom à côté du sien. Ce n'était pas Ophelia.
La réalisation le frappa et Weiss ricana, fier de sa victoire.
- Je vous dois toujours un rencard et une première fois.
Et il éclata de rire en voyant la mine déconfite d'Ophelia.
« Donc... c'est fait ? »
Une fois qu'elle eut reçu le document signé, elle était retournée à l'hôpital. Lorsqu'elle entra dans la chambre, elle y trouva deux personnes qui l'y attendaient.
Vincent et Tifa. Apparemment, la reconstruction du bar était en cours d'acheminement. Mais c'était doux de leur part de prendre du temps pour venir a l'hôpital.
Cette dernière berçait doucement la poussette afin qu'Aerith s'endorme.
Elle fixa Ophelia avec inquiétude, mais cette dernière leur adressa seulement un sourire fatigué.
« Je pense que j'ai pris la bonne décision. »
Ophelia déposa son sac et ôta son manteau rouge. Elle prit une chaise et se plaça au chevet du patient.
Elle le contempla en silence, l'amertume mêlée à de la douceur sur son visage.
- Ophelia... cela doit être vraiment douloureux pour vous, commenta tristement Tifa, la voix tremblante. Je... je sais que si quelque chose arrivait à Aerith, je... je ne serais certainement pas capable de l'endurer.
- Je crois que vous pouvez endurer beaucoup de choses, Tifa, lui répondit Ophelia, le ton incroyablement serein en dépit des circonstances.
Vincent suivit son regard avant d'acquiescer.
- ... Je suis d'accord.
- Bien sûr, c'est dur mais... c'est mon rôle. Et je suis bien plus heureuse ici que je ne le serai jamais au Wutaï. Qui sait ? Peut-être que j'ai trouvé ma place... un endroit auquel j'appartiens.
Derrière elle, Vincent émit un bref sourire face à ses mots.
- Et... au fait, je ne m'appelle pas Ophelia.
La jeune Wutaïenne déposa un baiser sur le front de Shiro. Son enfant ne réagit pas. Bien sûr... il ne se réveillerait pas du coma par le biais d'un baiser.
Trois ans que cette situation durait... mais peu importe. Elle attendrait le temps qu'il faudrait.
Elle l'attendrait jusqu'au jour où il se réveillera.
- ... Mon nom est Aika.
« Je sais que vous préparez quelque chose », lui souffla Sonon alors que lui et Nero étaient assis sur un banc, dans la partie extérieure de la cour du QG de l'ORM.
Parfois, si Nero et Weiss se comportaient bien, ils avaient le droit de sortir une heure tout au plus. Leur périmètre était toutefois limité et toujours sous haute surveillance. Toutefois, cela leur faisait du bien. De voir le ciel, de goûter aux lueurs du soleil. Le vrai soleil.
- J'ignore ce que tu veux dire par là, mentit Nero.
- Tu sais très bien ce que je veux dire.
Nero ne le regardait pas. Il se contenta seulement de hausser les épaules.
- On ne fait rien de mal, Sonon Kusakabe. Peu importe ce que tu t'imagines.
- J'ai parfois du mal à vous croire.
- Tu penses qu'on ruinerait le temps supplémentaire que Minerva nous a accordés en échafaudant des plans pour détruire la Planète ? Même si nous haïssons les humains, à l'exception de quelques-uns, ce n'est pas dans nos projets à l'heure actuelle.
Il avait bien insisté sur les « quelques-uns », en adressant un coup d'œil significatif au Ninja qui se contenta de soupirer.
- Alors...
- Nous voulons seulement être libres.
- Je le comprends, Nero. Mais... Reeve ne vous condamnera pas à mort.
- Ils ne prendraient pas ce risque en sachant que Weiss est l'Hôte d'Omega. En le tuant, cela risquerait de perturber le cycle de la Planète, même s'ils peuvent très bien me condamner, moi. Rien ne les en empêcherait.
- Tu sais que j'ai interjeté en ta faveur pour que cela ne se produise pas.
Nero sourit amèrement alors qu'il se rapprochait de Sonon, leurs épaules se touchant presque.
- Tu es tellement gentil, Sonon Kusakabe. Trop gentil, même, parfois.
Il marqua un temps avant d'ajouter, le ton bas :
- ...C'est ce que j'aime chez toi.
Oui... Il pensait qu'en retrouvant Weiss, il n'aurait plus besoin de Sonon et du manque qu'il était parvenu à combler en l'absence de son grand frère.
Mais les sentiments qu'il avait développé, peu importe de quoi il s'agissait, n'avaient pas disparu du jour au lendemain. Peut-être ne disparaitraient-ils jamais.
- ... Si tu souhaites être des nôtres...
Sonon le coupa doucement.
- Non.
- Weiss prévoit de construire un sanctuaire. Un nouveau Deepground sur lequel nous règnerons, insista Nero. Il n'aura rien à voir avec l'enfer que tu as vécu. Tu pourrais y trouver ta place.
Mais le Ninja refusa ostensiblement.
- Je ne veux plus être affilié à Deepground.
- Mais tu as accepté cette part de toi, Sonon Kusakabe.
- Cela ne veut pas dire que je souhaite continuer à y vivre. Je suis humain. J'appartiens au monde des humains. Vous aussi, vous pourriez y trouver un certain équilibre.
Nero se contenta de sourire, à la fois attendri et amer.
- J'ai fait mon choix, Nero, lui répéta fermement Sonon.
- Je le conçois, lui répondit-il, franc. Je l'accepte. J'aurais seulement voulu que...
Il marqua un temps avant de tourner la tête, à la fois embarrassé et découragé.
- ... j'aurais souhaité te garder auprès de moi un peu plus longtemps. Et j'avoue que te laisser partir me... fait plus mal que ce que je croyais.
- Nero...
Sonon le considéra avec tristesse. Il finit par poser sa main sur celle de Nero, leurs ténèbres respectives s'emmêlant ensemble.
- ... Je ne pense pas que Weiss accepterait. Il me déteste.
- Il ne te déteste pas, lui répondit Nero, le ton léger. Je pense qu'au contraire, tu l'intéresses. Il se demande comment tu as pu survivre aussi longtemps et comment est-ce que tu as réussi à gagner mon intérêt.
- Tu crois ?
- Je le connais autant qu'il me connait.
Nero finit par se lever du banc, le regard perdu dans le vague.
Il était sur le point de prendre congé, de faire ses adieux à Sonon de manière définitive. Mais avant même qu'il ne retourne à sa cellule, le Ninja l'attrapa doucement par la main pour le retenir.
- On a ce lien entre nous. Rien ne changera ça, lui dit-il sérieusement. Si mes visites te procurent du bien, je pourrais continuer à venir te voir... si tu m'y autorises, bien sûr.
Nero abaissa le regard, silencieux.
- Tu fais partie de ma vie, acheva Sonon. C'est un fait indéniable. Et je veux... Non. J'ai besoin de toi.
C'était... le plus proche d'une confession que Sonon pouvait lui donner.
Le Tsviet voulut mentir, nier... mais finalement, il ôta une nouvelle fois l'armure.
- ... Oui. J'avoue que... j'apprécierais de continuer de te voir. J'aimerais que tout cela ne s'arrête pas.
Sonon esquissa un faible sourire.
Sans le relâcher, Nero observa la main du Ninja, intrigué par l'anneau en bronze qu'il portait.
- De quoi s'agit-il ?
- C'est...
Sonon vérifia l'heure. Ils avaient encore un peu de temps devant eux.
- ... C'est ce que les gens qui s'aiment font.
Lorsque le Ninja lui expliqua, de manière détaillée, la signification de cet anneau, les yeux magenta de Nero s'agrandirent avec intérêt.
Ce que les gens qui s'aiment font...
- Je ne comprends toujours pas, mais... les humains ont parfois de drôle de coutumes.
- Tu comprends donc pourquoi je n'appartiens pas à Deepground.
Nero ferma les yeux avant d'acquiescer à contrecœur.
- ... Tu vas fusionner avec Erebus, déclara Sonon, le ton sombre.
- Tu es inquiet pour moi, alors.
- Bien sûr.
Peut-être avait-il encore une chance... quand bien même Sonon semblait prétendre le contraire.
- Mais dans ce cas, qu'adviendra-t-il de moi ?
- Qui sait ? Peut-être deviendras-tu le prochain Hôte des Ténèbres quand je ne serais plus là.
Nero apposa sa main froide sur la joue chaude de Sonon, l'incitant à le regarder.
- On sera unis ensemble dans les Ténèbres. Mais pour l'heure... profite de la vie que tu mérites.
Sonon ne répondit pas. Il se contenta d'incliner sa tête, approfondissant le contact. Nero le relâcha.
La visite était terminée.
- Sonon ?
- Oui ?
- ... Si un jour, tu as besoin de moi, tu sais où me trouver, lui adressa Nero avant de rejoindre sa cellule.
Il entendit seulement Sonon lui chuchoter quelques mots.
Parmi eux, le vœu d'être libre.
« ... C'est demain, n'est-ce pas ? » entendit-il Weiss murmurer derrière son épaule.
Assis à table, Nero se retourna doucement vers Weiss, l'interrogeant du regard.
- ... La date, lui précisa-t-il depuis le canapé, sans tourner la tête vers lui.
Nero ferma les yeux. Ses épaules montèrent et descendirent face à ce douloureux constat. Ils ne pouvaient pas l'ignorer.
- ... Oui. C'est demain, lui confirma-t-il.
Weiss laissa sa tête retomber lourdement contre le dossier du canapé, poussant un profond soupir.
- Je sais que Minerva nous a accordés un sursis... mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
- Moi aussi.
Nero détourna le regard. Quand bien même il ne laissa rien transparaître, ses pensées fusant à toute vitesse dans son esprit.
Ce que les gens qui s'aimaient faisaient...
Le devait-il ? Est-ce que... Weiss ne le prendrait pas mal ? Nero se mordit la lèvre, pesant le pour et le contre.
C'était... stupide. Intéressant, oui. Mais stupide.
Mais s'il ne le faisait pas et qu'il avait des regrets par la suite... ?
Non. Il en avait assez d'avoir des regrets. Sans un mot, Nero se leva de sa table. Son visage se durcit de détermination.
Qu'ils aillent tous au diable.
Sa décision était prise. Le pas lent, Nero s'avança dans le dos de Weiss. Son grand frère se retourna, étonné.
Pendant un instant, son oeil d'un bleu profond lui fit perdre tous ses moyens. Mais peu importait. Nero irait jusqu'au bout.
Il inhala, exhala.
Il tendit sa paume vers Weiss, laissant les filets de ténèbres apparaître dans le creux de sa main.
- Nero... Qu'est-ce que tu...
Nero l'ignora et persista, absorbant Weiss dans les ténèbres.
L'instant d'après, ils disparurent de leur cellule.
Nero l'avait téléporté au bord du lac, à l'abri des regards. A l'abri des autres soldats du Deepground.
Lorsque les ténèbres se dissipèrent, Weiss resta immobile, confus et désorienté par ce que venait de faire Nero.
« Nero ? »
Pourquoi l'avait-il emmené ici ? Ne devaient-ils pas attendre que tout soit prêt, que leurs plans soient achevés ? Weiss observa vivement les alentours, cherchant la moindre trace de son cadet.
Il n'apparut que quelques secondes après, émergeant des ténèbres, se tenant droit avec un masque dur en guise d'expression.
« ...Nero ? Pourquoi... ? »
Weiss n'acheva pas sa phrase.
Nero se contenta simplement de s'approcher timidement, les mains derrière son dos, fermant la distance entre eux.
Il releva la tête vers son aîné, l'émotion évidente dans ses yeux.
« ... Weiss... Mon frère bien-aimé... »
Il ne s'était jamais senti nerveux que jusqu'à présent... Ce qui était ridicule. Quelques heures plus tôt, il ignorait tout de ce rituel. Toute cette tradition. Nero avait vécu pire à Deepground. Il avait affronté des épreuves bien plus terribles que ce qu'il était sur le point de faire actuellement.
Et voilà qu'aujourd'hui, l'anxiété l'envahissait pour quelque chose d'aussi idiot. Pendant un instant, Nero faillit changer d'avis. Il faillit ramener Weiss jusqu'à leur cellule et le supplier d'oublier ce qu'il venait de commettre plus tôt.
Mais contre toute attente, il décida de continuer jusqu'au bout.
Sans ajouter quoi que ce soit, Nero se laissa tomber à genoux devant Weiss. De la même manière qu'il l'avait fait autrefois. Un commandant face à son Empereur. Toutefois, il ne détacha jamais ses yeux de son amour.
Celui de Weiss s'agrandit, stupéfait.
Nero déglutit. Il inspira, expira avant de commencer son discours, de la même manière qu'il proclamerait serment à son Empereur de donner sa vie pour lui :
- Je sais que... la Déesse nous a donnés du temps supplémentaire. Je sais qu'à l'origine, tu aurais dû fusionner avec Omega à cette date. Tu aurais dû disparaître, me laissant seul derrière toi. Même si nos destins sont éternellement liés, j'ose très bien imaginer la douleur que j'aurais pu ressentir à ce moment-là. A l'idée de te dire au revoir, à l'idée de te laisser partir pour ne plus jamais te retrouver...
- Nero...
La voix de Nero craqua. Il était bouleversé quand bien même il poursuivit :
- Alors... dans tous les cas, je souhaite n'avoir aucun regret. Je refuse de te laisser partir. Jamais, Weiss. Pas une nouvelle fois. Et je refuse encore moins de te laisser partir sans t'avoir dit tout ce que je ressentais pour toi...
Le visage de Weiss se radoucit.
- ... Je l'imagine bien, lui répondit-il tendrement.
- Je... je veux te montrer à quel point je t'aime... pas seulement en tant que commandant en second, pas seulement en tant que frère... Je veux tout te donner de moi. Mon corps, mon âme, mes sentiments... Absolument tout, sans exception.
Nero inclina la tête sur le côté. Weiss gardait le silence, quand bien même il écoutait tout attentivement.
Joignant le geste à la parole, Nero tendit la main vers lui. A nouveau, les ténèbres s'assemblèrent dans le creux de sa paume pour faire apparaître ce qu'il comptait lui offrir depuis le début.
Lorsque les ténèbres se dissipèrent, deux objets apparurent dans la main du Tsviet sombre. Deux simples anneaux en argent, façonnés avec le peu de matériel qu'il possédait. Argent étant le mélange du blanc et du noir.
Deux anneaux que Nero présenta à Weiss.
L'Empereur ne réagit pas immédiatement à son geste. Pourtant, son masque contenant ses émotions s'était effondré depuis longtemps.
- ... Nero...
Sa voix se perdit. Nero renifla avant de compléter, la voix secouée par les sanglots :
- Je sais que cela ne veut rien dire. C'est quelque chose qu'on ne comprend pas, toi et moi. Moi-même, j'ai encore du mal à le comprendre. On hait les humains... mais ils disent que... lorsque deux personnes s'aiment, ils prouvent leur amour de cette façon.
- Au contraire, Nero.
De manière inattendue, Weiss s'abaissa à hauteur de Nero, un genou à terre, son œil bleu rencontrant ses yeux magenta.
Un sourire sincère apparut sur son visage, ce qui fit fondre le cœur de son cadet.
Pourtant, son sourire ne dura pas. Il céda à la tristesse que Weiss essayait tant bien que mal de camoufler.
- Je sais très bien ce que tu essaies de faire maintenant, Nero. Et crois-moi que cela me touche. Du plus profond de mon cœur. Dans d'autres circonstances, je l'accepterai. Mais...
Nero attendit avec appréhension la suite. Weiss baissa simplement la tête, cachant son œil derrière sa crinière blanche.
- ... J'ai déjà demandé si c'était possible pour nous. Mais cette coutume typiquement humaine n'est pas applicable dans notre cas.
- Que veux-tu dire ?
- Nous sommes frères. C'est inenvisageable pour nous. On peut épouser d'autres personnes... mais pas l'un l'autre. C'est comme ça.
Le silence tomba entre eux, Nero encaissant douloureusement les mots de son aîné, sa paume se refermant sur les anneaux.
- Je suis désolé, renchérit Weiss, le ton bas.
- Je ne veux pas d'une autre personne, répliqua Nero, la voix sourde. Je préfère ne pas m'unir du tout si ce n'est pas avec toi.
- Nero...
- Non. Tout ce que je veux, c'est toi. Il n'y a qu'à toi que je... que je souhaite offrir cet anneau, aussi insignifiant soit-il.
Nero rapprocha son visage du sien, son souffle chaud chatouillant son visage, l'expression indéchiffrable.
- Même si c'est interdit dans le monde des humains, même si cela n'a rien d'officiel... Ce n'est pas un problème pour moi. On n'est pas obligés d'obéir fidèlement aux coutumes humaines. Ces anneaux... ils peuvent tout simplement symboliser notre relation et le fait qu'on appartient l'un à l'autre. Il peut s'agir d'un symbole de mon amour pour toi. Il n'a peut-être aucune valeur particulière et cette cérémonie... cette cérémonie serait impossible dans le monde des humains. Mais pour moi, cela signifierait tellement beaucoup.
Weiss ouvrit la bouche en guise de réponse, avant de la refermer. Il savait que ses mots l'atteignaient profondément.
- ... Qui s'en soucie ? Si cela nous rend heureux, tous les deux ? compléta Nero d'une petite voix. On se moque de ce que disent les humains. On se moque même de ce que dirait Deepground. Je... j'ai seulement envie d'être avec toi. Je t'aime, Weiss... et ça, c'est ma manière ultime de te le prouver. Encore plus quand... je n'ai sûrement jamais pu le faire dans cette réalité où tu fusionnais avec Omega à la date fatidique.
Incapable de retenir ses émotions plus longtemps, Nero laissa sa tête retomber lourdement contre l'épaule de Weiss.
Il pleurait. Il pleurait toutes les larmes de son corps, mais au moins... il avait dit ce qu'il avait à dire. Il avait pu lui confesser ses sentiments. Peu importe ce qu'en ferait Weiss, s'il acceptait de le rejoindre ou non.
Au moins, même s'il s'agissait d'une idée stupide, il n'aurait aucun regret par la suite. Peut-être demain se sentirait-il honteux d'avoir cédé à la tentation d'une cérémonie provenant d'un monde qui n'était pas le leur. Mais qu'importait.
Tout ce qui comptait... c'était eux.
Juste eux.
Weiss entoura ses épaules de ses bras dans une étreinte passionnée. Nero se laissa faire, caressant le dos et les épaules de son amour de manière presque frénétique.
Doucement, précautionneusement, son grand frère prit les anneaux offerts, les observant attentivement.
- ... Tu as bien choisi.
Et ce fut tout. Tout ce dont Nero avait besoin.
A nouveau, il céda aux sanglots.
Mais cette fois-ci, il s'agit de larmes de joie. Encore plus lorsque, l'instant d'après, Weiss attrapa délicatement la main de son cadet pour lui placer l'anneau à l'annulaire de sa main gauche.
- Weiss...
Lorsque Nero tendit la main, déplia ses doigts pour examiner la marque de son lien indéfectible avec Weiss, l'anneau lui parut tout de suite beaucoup plus beau que lorsqu'il l'avait récupéré.
A son tour, il passa l'autre anneau au doigt de Weiss, tâchant de se souvenir de chaque seconde de ce précieux moment.
L'instant d'après, ils se regardèrent intensément avant de se retrouver de manière naturelle, leurs lèvres se rejoignant dans un baiser ardent.
C'était ça, l'amour. Le vrai.
Ils ne reviendraient pas à l'ORM. Ils ne retourneraient pas à leur cellule.
Non. C'était la dernière fois. Aujourd'hui, ils étaient libres.
Et même si demain était leur dernier jour ensemble, Nero et Weiss avaient l'intention d'en profiter pleinement.
« ... Mon papa ? »
Tous les jours, à la même heure.
Serrant sa peluche Moogle contre son sein, la petite fille dévisagea l'infirmière avec supplication. La jeune femme secoua la tête, l'air sincèrement désolé pour elle.
- Je suis désolée. Il n'est pas venu travailler aujourd'hui non plus.
Lorraine peina à retenir ses larmes. Elle se contenta de s'incliner maladroitement avant de tourner les talons, prête à partir.
- Petite, l'interpella l'infirmière. Tu peux l'attendre ici, si tu le souhaites. Je suis sûre qu'il reviendra très vite.
- ... Non.
Elle marqua un temps avant de compléter.
- ... Il ne reviendra pas. Je le sens.
Elle n'ajouta rien de plus et se précipita à l'extérieur de l'hôpital. Elle manqua de s'effondrer et s'appuya contre le mur, avant de céder aux sanglots.
Plusieurs mois s'étaient écoulés, maintenant. Plusieurs mois depuis qu'il était parti, sans prévenir personne. Même pas sa famille. C'était comme s'il s'était volatilisé. Les avait-il abandonnés ? C'était ce que se demandait Lorraine depuis sa disparition.
Que lui dirait-elle si elle le revoyait, de toute manière ? Comment lui annoncerait-elle la nouvelle ?
Elle n'avait que huit ans... elle ne pouvait pas... annoncer à son père ce qui s'était produit durant son absence.
Maman... Mitsuko... son petit frère...
Encore maintenant, Lorraine peinait à comprendre ce qui s'était produit. Elle savait seulement ce que les adultes lui avaient rapportée. Ils avaient péri dans un accident. Comme ça, d'un seul coup.
Leur maison n'existait plus. Suite à cela, Lorraine avait été prise en charge par l'ORM et elle attendait actuellement un foyer d'accueil. Elle serait bientôt sous la responsabilité d'autres personnes qui deviendraient ses parents.
Mais tous les jours... tous les jours, elle se rendait à l'hôpital. En espérant y croiser son père. En espérant qu'il reviendrait pour elle, qu'il la serrerait dans ses bras et la ramènerait à la maison.
Mais plus les jours passaient, plus elle perdait lentement espoir. Lorraine ferma les yeux, poussant un petit soupir abattu alors qu'au-dessus d'elle, les nuages recouvraient le ciel.
Que deviendrait-elle ? On lui répétait qu'elle ne serait pas toute seule. L'image de Shelke fit irruption dans son esprit et Lorraine détourna le regard.
« ...Ouaf ! »
Un chien ? Lorraine rouvrit les yeux. Intriguée, ravalant ses larmes, elle chercha partout la source du bruit.
« Ouaf ! »
Hein... ? Le bruit se rapprochait. Immédiatement, Lorraine se redressa.
Ce ne fut pas un chien qui se présenta à elle.
Non. Il s'agissait d'un Carbuncle. Blanc, le poil en bataille, la langue pendante, il s'approcha doucement de la petite fille et colla son museau contre sa paume.
Trop mignon. Malgré sa tristesse, l'apparition du Carbuncle fit naître un sourire sur les lèvres de Lorraine alors qu'elle le caressait doucement.
Mitsuko répétait qu'elle savait y faire avec les animaux...
- Comment t'appelles-tu ? Tu es perdu ?
- Ouaf !
- ... Tu veux à manger ?
- Ouaf !
Le Carbuncle poussa un petit jappement ravi. Lorraine s'empressa de fouiller dans sa poche et en ressortit une barre de chocolat qu'elle lui tendit. Le Carbuncle s'empressa de la dévorer avec appétit avant de se lécher les babines.
Cela fit rire la petite fille qui lui tapota la tête.
- Tu es lié à quelqu'un ?
- Ouaf...
Immédiatement, le Carbuncle changea d'attitude. Lui qui se montrait tout guilleret, le voilà qui se recroquevilla en boule, la tête baissée.
- Où est-il ?
La créature émit un signe de tête en direction de l'hôpital.
Oh...
- Tu veux dire qu'il est à l'hôpital ? lui demanda Lorraine d'une petite voix.
Pas étonnant qu'il soit si triste, pensa-t-elle avec amertume. Si son invocateur était à l'hôpital, c'était que quelque chose s'était forcément produit.
Le Carbuncle réitéra son geste et Lorraine ne comprit pas. L'instant d'après, la créature se détourna d'elle et se dirigea vers l'hôpital.
- Hein ? Attends ! Ne pars pas comme ça !
En guise de réponse, le Carbuncle tourna la tête vers elle, lui adressant un regard significatif.
Puis, il continua son chemin. Ce fut à ce moment-là que Lorraine comprit.
Il voulait qu'elle le suive.
Ne lâchant pas sa peluche Moogle, Lorraine s'empressa d'emboîter le pas au Carbuncle.
Lorsque le Carbuncle s'arrêta enfin, ce fut devant une chambre d'hôpital.
La petite fille cessa sa course, essoufflée, et s'approcha doucement pour observer à l'intérieur à travers la vitre.
Une jeune femme en manteau rouge était penchée sur un chevet. Lorraine pouvait entendre d'ici les « bips » de la machine reliée au corps du patient, rythmée par les battements de son cœur.
« ... Je vais juste déposer les papiers. Je n'en ai pas pour longtemps, Shiro. »
Shiro ?
La femme ferma les yeux, semblant découragée. Néanmoins, Lorraine la vit sourire, comme s'il s'agissait d'une discussion anodine.
« ... Je reviens très vite. »
Immédiatement, Lorraine s'écarta de la porte. Bientôt, elle s'ouvrit sur la femme qui sortit dans le couloir et passa devant elle. Elle lui adressa simplement un bref coup d'œil ainsi qu'un sourire fatigué avant de s'éloigner.
Lorraine se mordit la lèvre et reporta son attention vers la chambre. Plus particulièrement, vers le patient à l'intérieur.
Le Carbuncle pressa son museau contre sa paume, comme une manière de lui dire d'entrer.
« Non, je ne vais pas... »
Le Carbuncle insista. Lorraine poussa un bref soupir avant de céder et, après avoir pesé le pour et le contre, elle poussa la porte et pénétra à l'intérieur de la pièce.
Une fois debout, face au chevet du patient, elle put le détailler plus attentivement.
C'était un petit garçon aux cheveux blancs... il devait avoir à peu près son âge.
« Hé ! J'ai rencontré un petit garçon aux cheveux blancs ! Je suis sûre qu'il te plairait, Lorraine ! »
Lorraine ignorait pourquoi elle se rappelait des mots de sa sœur. Cela s'était passé il y a trois ans. Et cela ne pouvait pas être lui, hein ? Cela serait une trop grosse coïncidence.
« ... Bonjour », le salua-t-elle timidement.
Le garçon ne réagit pas. Ses yeux demeurèrent clos, comme s'il était profondément endormi. Lorraine vérifia rapidement que personne de l'extérieur ne venait et prit une chaise pour s'asseoir.
A côté d'elle, le Carbuncle poussa un petit glapissement abattu.
- Je comprends, le rassura-t-elle. Je sais ce que ça fait. D'attendre que quelqu'un nous revienne.
Il attendait que son maître se réveille. Lorraine baissa la tête vers le dénommé Shiro.
- Il est beau.
Timidement, elle tendit le bras vers lui avant de se raviser.
- Mais pourquoi m'as-tu amenée à lui ?
Le Carbuncle lui adressa une expression suppliante. Et Lorraine comprit.
- ... Je ne peux pas le réveiller. Je ne suis pas une princesse qui peut réveiller son prince endormi avec un baiser, plaisanta vainement Lorraine.
Et même si c'était le cas, elle ne le connaissait pas. Le Carbuncle ne changea pas d'expression, ne détachant pas ses yeux d'elle.
Finalement, à défaut d'un baiser, Lorraine réitéra son geste.
Doucement, précautionneusement, elle prit la main de Shiro dans la sienne. Encore une fois, le garçon ne réagit pas à son contact.
Lorraine esquissa un faible sourire. Il avait l'air... si serein. C'était comme s'il dormait et qu'il se réveillerait à tout instant.
Elle finit par soupirer. Si elle restait ici et qu'elle était attrapée, elle aurait sûrement des problèmes. Elle lâcha la main de l'enfant aux cheveux blancs.
Elle reporta son attention sur sa peluche.
- Peut-être que Mitsuko le protégera dans ses rêves. Peut-être qu'elle le guidera et lui montrera qu'il n'est pas seul.
Oui... C'était stupide. Elle le savait.
Mais à l'heure actuelle... c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour lui. Lorraine déposa avec précaution la peluche qu'elle chérissait plus que tout sur le lit, à côté de la tête de Shiro.
S'il se réveillait un jour, elle savait qu'il en prendrait soin. Lorraine se leva de sa chaise, tapotant une dernière fois la tête du Carbuncle.
- Puisses-tu nous revenir, chuchota-t-elle en direction de Shiro.
Aucune réponse. Lorraine sourit tristement et se dirigea vers la porte. Alors qu'elle posait la main sur la poignée, elle lui jeta un dernier regard par-dessus son épaule.
Puis, elle quitta la pièce, laissant Shiro avec Mitsuko.
Lorsqu'Aika revint, environ une heure plus tard, elle manqua de lâcher son sac alors qu'elle se tenait dans l'entrebâillement de la porte.
Ce fut comme si tout s'arrêta.
Vincent fut l'un des premiers à l'apprendre.
Bientôt, la nouvelle se répandit aux oreilles de chacun. Denzel, Marlène, Tifa, Cloud, Sonon, Yuffie, Barret, Cid, Shelke, Reeve, Nanaki…
Chacun l'apprit. Chacun eut la même réaction. Le choc, la surprise, l'incompréhension...
Et surtout, la joie. Tout le monde était en émoi d'apprendre ce qui s'était produit. Lorsqu'ils voulurent se rendre à l'hôpital pour le voir, on leur indiqua que seule la famille était autorisée, étant donné que le patient était encore faible et très fatigué.
Cela en frustra certains, mais ils comprenaient. Ils comprenaient qu'ils n'étaient pas prioritaires. Et que l'honneur d'être présent au chevet du patient était réservé à d'autres personnes.
Notamment Aika. Mais pas seulement elle.
Malgré tout, Vincent demeura à l'extérieur de l'hôpital, les bras croisés, surveillant avec attention ce qui se passait à l'intérieur de la chambre de Shiro.
Il l'avait toujours surveillé.
L'image de Sephiroth lui traversa l'esprit. Cette froideur, les ténèbres dans ses yeux...
Par réflexe, Vincent porta sa main à l'endroit exact où il l'avait poignardé avec la Masamune.
Il secoua la tête, préférant la balayer. Il repensa à Lucrecia et à l'un des seuls souvenirs positifs et heureux qu'ils avaient partagé ensemble. Ce jour où ils s'étaient arrêtés pour un pique-nique.
Voulez-vous m'accompagner, Monsieur Valentine?
Il ne put s'empêcher de sourire à cette image.
Peut-être qu'au bout du compte, ils étaient sur la bonne voie.
Si Sephiroth revenait un jour, ils seraient présents. Et peut-être étaient-ils sur le chemin de trouver un moyen d'arrêter Jenova de manière définitive.
Il préférait l'espérer.
Quand ils l'apprirent, ils étaient au lac, à bord d'une barque. Ils étaient enlacés, l'un contre l'autre, leurs anneaux d'argent au doigt, liés de manière officielle.
Leur maison, celle dans laquelle ils avaient été destinés à habiter, venait d'être reconstruite. Ils avaient passé la première nuit là-bas. Une nuit d'un sommeil sans rêve, partageant un lit aux draps frais, dans les bras l'un de l'autre.
Les rêves n'étaient pas nécessaires. Ils venaient d'accomplir le leur, après tout.
Ils l'avaient senti. Ils avaient senti que quelque chose s'était produit. Ils n'avaient pas osé y croire... mais tout l'indiquait.
Leurs doigts entremêlés, ils s'étaient regardés.
Au lieu de faire disparaître l'existence de Shiro, Minerva avait choisi un sort plus doux, moins radical.
Il s'agissait de la faveur de la Déesse.
Mais ils n'avaient pas imaginé qu'il se réveillerait un jour... ils avaient perdu tout espoir jusqu'à présent, quand bien même cela ne les avait pas empêchés de construire une chambre supplémentaire pour une troisième personne. Même s'il ne se réveillait jamais, cette pièce lui avait toujours appartenu.
Ils savaient que revenir, rentrer au monde des humains, même pour le voir, était risqué pour eux. Ils s'étaient enfuis. Ils risquaient une punition conséquente.
Mais le risque n'avait jamais fait peur aux frères de Deepground. Et, d'un commun accord, de manière silencieuse, ils se sourirent.
Weiss posa la tête contre l'épaule de Nero alors que ce dernier invoquait les ténèbres qui les recouvrirent, les téléportant pour la dernière fois au monde des humains.
Ils se retrouvèrent ainsi dans la chambre d'hôpital. Aika était au pied du lit de Shiro, lui tenant la main.
Elle leur adressa simplement une expression indéchiffrable en même temps que les deux frères se rapprochaient du lit, sans aucune once de menace à leur égard.
Il y eut simplement... de la joie. De la curiosité.
Cédant aux émotions qu'il contenait depuis des années, Weiss fut le premier à s'avancer et prit l'autre main de Shiro, avant de lui chuchoter des mots dans le creux de son oreille.
Seul Nero demeura en retrait.
Pendant un instant, il eut idée de les laisser tous les trois. Le père, la mère et son enfant.
Il n'était que l'oncle, après tout.
Shiro releva doucement la tête vers lui, plongeant son regard dans le sien.
Sans hésiter, il tendit les mains vers lui, pour lui demander une étreinte.
Et Nero s'empressa de le rejoindre à son tour.
« Oniisan ! Tu as raison ! Le coquillage... c'est génial ! J'entends les bruits de la mer ! »
Shiro sourit en direction de Melphie. Elle venait de sortir de l'eau, trempée et grelottant de froid. Il s'empressa immédiatement de la recouvrir d'une serviette avant de la serrer contre lui.
- Je te l'avais dit, non ?
- C'est même encore plus fort que le château de sable !
- Je te promets qu'on le refera ensemble, la prochaine fois qu'on reviendra ici.
- Promis ? On reviendra demain ?
Shiro n'hésita pas.
- Promis.
Melphie lui rendit son sourire, enthousiaste à l'idée de tenir cette promesse. Shiro la laissa quitter ses bras et la petite fille énergique s'étira.
- Hé. Papa va s'inquiéter ! Il serait temps de rentrer ! Il a préparé des gyozas !
- Entendu. Laisse-moi rassembler mes affaires.
- Oh ! Lorraine-oneechan vient d'arriver ! Regarde!
Shiro suivit la direction du doigt de Melphie.
En effet... La jeune femme venait d'apparaître au loin. Elle leur adressa un timide geste de la main.
A sa vue, le visage de Shiro s'éclaira. Elle les attendait. Ils les attendaient tous pour dîner.
- Alors ? On y va ? insista la petite.
Le ton tranquille, Shiro acquiesça doucement.
- Oui...
Pourtant... il avait encore quelque chose à faire.
Dans le creux de sa main, le cristal. L'homme aux cheveux blancs le fixa, avant de refermer doucement son poing dessus.
- Donne-moi juste un peu de temps.
- Pourquoi faire ?
- Juste... pour profiter un peu de la mer. Elle regorge de rêves et de souvenirs, tu sais ?
Ses mots avaient été spontanés. Il n'y avait pas réfléchi.
Melphie le toisa avec curiosité. Néanmoins, elle n'insista pas et se contenta de lui demander, alors qu'elle se dirigeait vers Lorraine, accompagnée par Ruby qui aboya en les apercevant.
- Tu me les raconteras ? Tes rêves et tes souvenirs ?
- Bien sûr.
- Super ! Merci, Oniisan ! Je pars devant, alors !
Shiro la remercia silencieusement alors que la petite fille se remit à courir, s'éloignant pour accourir dans les bras tendus de celle qu'elle considérait comme sa grande sœur de cœur.
Maintenant, il était seul.
Caressant le cristal du pouce, Shiro ferma les yeux, un sourire calme et serein sur son visage alors qu'il faisait face à la mer.
Non. En réalité, il n'était pas seul. Il n'était jamais seul.
Quelque part, il avait à nouveau huit ans. Ses cheveux blancs étaient plus courts et ses yeux bleus étaient pétillants de découverte et d'aventure.
Il était un petit garçon qui attendait. Qui attendait que ses parents viennent le chercher.
Ils ne tardèrent pas à arriver.
Nero et Weiss apparurent à ses côtés. Ils s'installèrent dans le sable, imitant sa position. Weiss était penché en arrière, prenant une attitude décontractée en même temps qu'il effleurait tendrement la main de Nero.
Quant à Nero, le Tsviet sombre caressa doucement la chevelure blanche de l'enfant avant de l'attirer contre lui.
Shiro lui accorda simplement un sourire fatigué et laissa sa tête reposer sur ses genoux.
Il ferma les yeux, prêt à s'endormir.
C'était exactement comme autrefois.
Une image paisible d'eux trois, le décor derrière eux parsemé par les petites lumières des lanternes relâchées dans le ciel.
Quelque part, dans une autre réalité, l'adulte savait que ces instants étaient réels.
Le temps était éphémère. Et même s'il s'agissait d'un autre Shiro qui avait droit à ce bonheur perdu, il n'eut aucun regret.
Il en était sûr, maintenant. Les sourires que lui adressèrent Aerith et Genesis le lui confirmèrent.
Cela en valait la peine.
