le juste vivra par sa loyauté
En l'honneur de l'anniversaire de Sirius et des chers lecteurs qui continuent à être présents. Merci à Lily, lectrice anonyme et à Celeste-B-7 et bienvenue à Zephy ! J'espère que tout le monde recevra un message d'alerte pour ce chapitre cette fois-ci. Bonne lecture ! (c'est long, très long)
Chapitre 38 : Le solstice d'hiver
MERCREDI 23 DÉCEMBRE – 22h28
Le solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année, alors peut-être était-ce normal que chaque seconde qui passait, Eva avait l'impression qu'elles duraient une éternité. Pourtant, cela faisait moins d'une demi-heure depuis qu'elle était arrivée à la soirée – une bonne heure après l'apparition des premiers invités dans la salle de transplanage – car oui, adjacente à la salle de bal se trouvait une pièce dédiée spécialement à l'accueil des transplanages.
D'un côté, c'était tout simplement ridicule, une frivolité à laquelle seuls les plus aisés songeraient mais, d'un autre côté, c'était certainement la meilleure solution pour réguler les aller et venus lorsqu'on accueillait autant de monde – encore plus dans des temps aussi incertains. Euphémia n'avait pas lésiné sur les mesures de sécurité – des sortilèges complexes empêchaient quiconque hormis la famille proche d'accéder aux pièces de vie du manoir. Les invités étaient restreints à l'aile gauche du manoir où se trouvait l'époustouflante salle de bal qu'Euphémia avait scrupuleusement décoré de sa main verte qui donnait sur l'arrière du jardin.
En arrivant dans la pièce bondée, Eva avait été intimidée par le nombre de personnes présentes. Par automatisme, elle avait redressé son dos et avait entrepris de traverser la foule en regardant droit devant elle, faisant attention de ne pas marcher sur l'ourlet de sa robe dont la couleur rouge attirait l'œil à la lumière des chandeliers flottants.
Au bout de quelques minutes à prétendre avoir une destination, Eva avait cru reconnaître le profil de Sirius qui fendait la foule d'une démarche rapide. Elle avait entrepris de le suivre aveuglement jusqu'à ce qu'elle ne tombe sur Euphémia qui avait résolument posé sa main dans le creux de son coude pour présenter Eva à une énième connaissance. Officiellement à la retraite depuis la naissance de James, Euphémia prenait soin de garder son carnet d'adresse rempli et d'y mélanger tout type de sorcier.
À l'instant présent, Eva écoutait Euphémia discuter avec Miranda Flint du niveau qui était exigé à leur époque pour les B.U.S.E.S. Si elle avait pu, Eva aurait pris la fuite dès qu'Euphémia avait débuté ses retrouvailles avec sa jadis camarade de classe en mentionnant les excellents résultats de James à ses examens de B.U.S.E.S.
Eva ressentait un certain malaise à entendre les anciennes têtes de promotion débattre de la baisse de niveau des B.U.S.E.S. Bien sûr, Euphémia n'avait pas manqué de mentionner avec un sourire complice l'Optimal qu'avait eu Eva en Botanique et (entièrement grâce au zèle de Charlotte) en Potions il y a un an et demi maintenant mais Eva ressentait un inconfort persistant – une impression qui n'était en rien atténuée par la tenue formelle qu'elle portait.
Elle ne se sentait pas à sa place. Et, plus les secondes passaient, plus son inconfort se transformait en de l'agacement. Contre James qui devrait être là à souffrir avec elle, contre Miranda Flint dont elle ne supportait pas le regard, contre la foule compacte qui remplissait la salle de bal, contre Euphémia qui avait déjà commencé deux personnes plus tôt à présenter Eva comme une sorcière exceptionnelle afin d'arracher une promesse d'embauche pour septembre prochain, contre ses talons qui la faisaient surplomber encore plus que d'habitude la majorité des sorcières – la faisant ressortir du lot alors qu'elle voulait juste s'effacer – et contre Sirius qui n'était pas là non plus.
Durant l'après-midi qu'ils avaient passé à jeter d'infini sortilèges de nettoyage pour parfaire la salle de bal et apporter des derniers soins aux roses d'hiver, d'un bleu couleur de givre, dont les ronces s'étendaient sur les parois, Sirius avait taquiné Eva sur son agitation de moins en moins discrète plus l'heure fatidique se rapprochait.
Lorsqu'Eva avait décidé de prendre une pause, elle s'était blottie contre Oscar sur le tapis du salon. Après quelques minutes passées à engloutir le contenu de la cuisine avec James, Sirius s'était assis à l'indienne à côté d'elle.
Caressant le crâne d'Oscar tandis qu'Eva avait joint ses mains sur le dos du chien allongé sur elle, Sirius avait fini par dire :
« Je déteste ce genre de grandes réceptions somptueuses. Elles sont toujours remplies de connards qui attendent la première occasion pour te planter.
– Et c'est pour ça que tu t'es proposé pour faire le ménage ? »
Sirius avait ricané puis, toujours concentré sur Oscar :
« Eh bien, je fais du mieux que je peux pour rester le préféré d'Euphémia. Mais si tu veux… »
Il avait levé ses yeux clairs vers elle et Eva avait été frappée par l'intimité du moment – le crépitement du feu de cheminée derrière elle, la murmure de la voix de James qui essayait d'amadouer Possy pour un feuilleté de saucisse, le museau d'Oscar sur son sein et l'effleurement du genou de Sirius contre sa côte.
Inconscient du trouble d'Eva, Sirius avait terminé à mi-voix, comme s'il voulait que sa proposition reste un secret entre eux :
« – on a qu'à joindre nos forces pour survivre à la plus longue nuit de l'hiver. »
C'était tout bonnement stupide d'être énervée contre Sirius mais, en quelques jours à peine, Eva était déjà devenue trop habituée au confort de sa compagnie.
« Je sais que tes affiliations avec Albus Dumbledore t'empêchent d'avoir un regard neutre sur sa politique d'enseignement, Euphémia, continuait Miranda Flint de son air snob, mais tu te dois d'admettre qu'il existe un manque cruel de culture générale chez les jeunes générations. Dumbledore peut juger que l'apprentissage de la magie plus primitive n'est plus essentiel, soit. Mais dans ce cas, il pourrait au moins apprendre aux jeunes les bases pour tenir une maison. L'été dernier, Rudolph a ramené une Serdaigle à la maison. Elle était incapable de jeter le moindre sortilège d'entretien ménager. »
C'était la deuxième fois qu'Eva se trouvait face à Miranda Flint et son opinion de la jadis camarade de classe d'Euphémia ne s'améliorait pas.
Il y a un an, à ses 16 ans, lorsqu'Eva avait assisté pour la première fois à la fête du solstice des Potter, elle avait été plutôt curieuse de rencontrer la fameuse Miranda Flint, cette figure obscure dont Euphémia se plaignait toujours en des chuchotis remontés à Fleamont mais qui ne manquait jamais d'adresser un cadeau à la famille Potter à Noël.
De ce qu'Euphémia avait bien voulu lui expliquer, Miranda Flint était une amie d'enfance avec qui elle avait toujours eu quelques différends. De ce que Fleamont lui avait révélé avec amusement, Miranda Flint avait toujours eu un esprit de compétition féroce et considérait Euphémia comme sa rivale – une rivalité, au premier regard, à sens unique. À Poudlard, les deux femmes rivalisaient pour la 1ère place pour chaque discipline. Elles avaient toutes les deux été préfètes – Miranda à Serpentard et Euphémia à Serdaigle – mais c'était Miranda qui avait obtenu le titre de préfète-en-cheffe. Puis, à la sortie de Poudlard, Euphémia, fraîchement fiancée à Fleamont, avait débuté sa carrière à Gringotts tandis que Miranda Flint s'était consacrée à son nouveau-né puis à ses trois autres enfants les années qui suivirent.
« Voyons Miranda, si tu veux parler d'affiliation, pourquoi ne transmets-tu pas tes remarques sur le programme scolaire à ton frère ? Charlie fait toujours partie du conseil d'administration de Poudlard si je ne me trompe pas. »
Miranda Flint renifla dédaigneusement, la pointe de son chapeau distingué s'agitant à son mouvement :
« Penses-tu, le bougre ferait une crise cardiaque rien qu'à l'idée de contredire son idole. »
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres d'Euphémia qu'Eva ne remarqua pas, occupée à siroter le jus de pomme pétillant dans son verre à pied.
« Eh bien, demandons aux principales concernées, s'exclama Euphémia en se tournant vers l'ombre de la matriarche Flint. Margaret, que penses-tu des cours à Poudlard ? Te plaisent-ils ? »
La petite-fille de Miranda écarquilla les yeux à l'entente de son prénom puis regarda sa grand-mère, comme pour s'assurer que c'était bien à elle de répondre. Il suffit d'un regard pour que Miranda Flint se fasse comprendre. Margaret rougit et, triturant son index, elle balbutia une réponse qu'Eva n'écouta que lointainement.
Lors des brèves introductions, Miranda Flint avait précisé que sa petite-fille était à Serpentard depuis septembre. Eva n'avait pas le souvenir d'avoir déjà vu la 1ère année mais, en l'observant de plus près, c'était facile de voir le lien familial entre la petite Margaret et Rudolph Flint de l'équipe de Quidditch, notamment grâce à leurs oreilles décollées.
Eva se demanda si, malgré son apparence timide, Margaret Flint faisait partie de ceux qui maltraitaient Edgar et Nao. Les plus discrets n'étaient pas forcément les plus innocents – Ronan Parkinson l'exemple le plus probant. En parlant de lui, Eva priait pour qu'il ne soit pas présent – malgré les tensions dans la communauté sorcière, Eva avait réalisé l'année dernière en voyant Amélia Avery et Lizzie Lestrange au solstice des Potter que certaines familles Sang-Purs prenaient soin de ne se mettre personne à dos. Pour l'instant, elle n'avait vu personne de son année.
« – quelle Maison êtes-vous ? »
Perdue dans sa contemplation de la foule, ce fut cette fois-ci Eva qui fut surprise qu'on lui adresse la parole.
« Poufsouffle, répondit succinctement Eva, ne souhaitant pas répéter l'année précédente où Miranda Flint avait arqué ses sourcils en direction d'Euphémia à l'entente de cette information.
– Ça explique vos bons résultats en Botanique. »
Miranda Flint le dit d'un ton neutre mais Eva resta sur ses gardes, consciente que certains Sang-Purs considéraient qu'aucune jeune fille de bonne famille ne devrait travailler la terre de ses propres mains, les botanistes et apothicaires ayant comme rôle de le faire.
« Merci. Professeure Chourave est une excellente professeure.
– Unique en son genre, certainement.
– Nous ne pourrions pas avoir une meilleure Cheffe de Maison, » acquiesça Eva avec un sourire.
Peut-être qu'Eva ne se contrôlait pas aussi bien qu'elle ne le pensait car Euphémia brisa rapidement l'échange de regard entre Eva et Miranda Flint, demandant à Margaret si elle avait déjà croisé Eva à Poudlard :
« Hum, non, mais des amis m'ont parlé d'elle. »
Au bref regard en coin que la petite lui jeta, Eva sentit son ventre se tendre.
Quelles rumeurs avait-elle entendu sur elle ?
« Elle joue aux baveboules avec eux.
– Aux baveboules, vraiment ? commenta Euphémia en adressant un regard surpris à Eva dont la mâchoire s'était détendue. Tu ne m'avais pas dit que tu t'y étais remise.
– Professeure Chourave cherchait quelqu'un pour apprendre les règles aux 1ère années, expliqua Eva.
– Je suis surprise qu'un enfant sorcier ait encore besoin à 11 ans qu'on lui apprenne les règles de ce jeu, » commenta Miranda Flint et, encore une fois, les lèvres d'Eva se tordirent en un sourire crispé.
Les Sang-Purs assistant au solstice d'hiver étaient certainement les plus modernes d'entre eux mais ça ne voulait pas dire qu'au fond ils ne partageaient pas les mêmes opinions que ceux qui, au fil des ans, avaient cessé de fêter le solstice avec les Potter. Ils étaient juste plus prudents avec leurs mots.
« Peut-être que ce serait une bonne addition au programme d'étude des 1ère année, » sourit Euphémia, beaucoup plus diplomate qu'Eva.
Elle devait partir avant d'exploser.
Eva déposa son verre vide sur le plateau qui glissait entre les invités et dit à Euphémia qu'elle allait retrouver James. Le regard que lui adressa Euphémia lui fit comprendre que sa marraine n'était pas dupe mais elle la laissa partir après avoir dit au revoir aux deux Flint.
Cet après-midi, lorsqu'Eva avait forcé en riant James à faire une valse, leurs pas avaient fait écho dans la salle vide. Maintenant, alors qu'Eva glissait entre les convives qui jacassaient avec bonne humeur, profitant des petits fours qui volaient sur des plateaux à travers la salle, le silence n'était plus qu'un lointain souvenir.
« Avez-vous suivi le dernier discours de Harold Minchum ? Il sort totalement des compétences attribuées à un Ministre, je ne serais pas étonné que le Magenmagot lui fasse un rappel à l'ordre. »
« Et comment trouvez-vous votre emploi au Ministère ? Mon neveu, Matthew Greengrass, n'est-il pas dans votre département ? »
« J'ai croisé Abraxas Malefoy sur le Chemin de Traverse hier. Il était aussi pâle qu'un cadavre. Je crains qu'il ne se soit pas encore remis de sa maladie bien qu'il veuille faire croire le contraire. Il était obligé de s'appuyer sur sa cadette pour rester debout ! »
« Savez-vous si Edward sera présent ce soir ? Il n'a jamais été la personne la plus facile à contacter mais il est comme un fantôme depuis quelque temps. »
« Et qui est donc ce charmant jeune homme qui vous accompagne, ma chère Amélia ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà fait sa connaissance.
– Luke Carstein, madame. »
À l'entente de cette voix bien familière, Eva s'arrêta. Deux personnes plus loin, Luke Carstein lui tournait le dos. Eva reconnut à côté de lui Amélia Avery dont les cheveux blonds étaient arrangés en une couronne dorée.
« Je suppose que les fiançailles sont pour bientôt, dit la sorcière qui jaugeait le couple derrière un éventail.
– Nous prévoyons une cérémonie en petit comité pour le Nouvel an, répondit Amélia Avery d'une voix douce et agréable qu'elle n'avait jamais utilisé avec Eva.
– Quelle heureuse nouvelle, Ronald doit se réjouir de – »
Eva s'éloigna d'un pas décidé, se concentrant sur James. Où était-il ? Il n'était pas assez idiot pour s'être enfui – Euphémia ne lui pardonnerait pas. Il n'était pas comme Eva ou comme Sirius qui avaient le droit d'échapper à la phase d'accueil des invités, il était l'héritier des Potter. Il avait des obligations.
« Eva ! »
Eva se retourna et posa les yeux sur la mère d'Amos qui paraissait ravie de la voir. Parmi les figures maternelles de ses amis, la mère d'Amos était de loin sa préférée – la grand-mère de Jeff faisait perpétuellement preuve d'une politesse austère, la mère d'Emmeline avait une attitude hautaine qui mettait Eva mal à l'aise, la mère d'Akash était adorable mais avait tendance à parler dans un mélange d'anglais et d'hindou qui perdait Eva et la mère de Charlotte était une femme de peu de mots.
La bonne humeur de la mère d'Amos fut contagieuse car Eva se surprit à sourire jusqu'à ce que la conversation arrive naturellement à sa fin.
« C'était un plaisir de te revoir, Eva. N'hésite pas à nous rendre visite, Eddy serait très heureux de retrouver sa partenaire de jeu. »
La mère d'Amos tapota affectueusement la main d'Eva qu'elle tenait dans la sienne puis partit rejoindre son mari qui hocha sa tête en direction d'Eva lorsque sa femme lui glissa quelques mots avant de reprendre sa conversation.
Eva se remit à arpenter la salle de bal et fit sans hésiter un détour lorsqu'elle aperçut Corbas Yaxley en compagnie de celui qui devait être son père et de Slughorn. Puis, enfin, Eva aperçut l'arrière du crâne reconnaissable de James. Elle se glissa avec plus d'empressement entre les convives, la longueur de sa robe l'empêchant d'avancer aussi vite qu'elle le souhaitait.
Elle était si concentrée sur James qu'elle ne vit pas venir la collision alors qu'elle contournait un pilier à l'extrémité de la pièce.
Quelqu'un se cogna contre son épaule et Eva se sentit partir sur le côté – ses talons mettant en faille son équilibre d'habitude parfait. Mais une main chaude se referma autour de son avant-bras recouvert par les manches longues de sa robe, la retenant de peu.
Eva leva des yeux écarquillés vers Sirius qui ne le regardait même pas. Il regardait par-dessus son épaule, offrant à Eva la vue de sa mâchoire anguleuse qui n'était pas cachée derrière ses cheveux noirs qu'il avait exceptionnellement ramenés en arrière avec du produit.
Le col de son costume était redressé et il avait l'air majestueux. Eva sut à cet instant que, même des années plus tard, elle se souviendrait encore parfaitement de son apparence.
Eva se redressa et Sirius la lâcha. Puis, sans toujours la regarder, Sirius fit un pas sur le côté pour la contourner et, incrédule, Eva se réveilla :
« Tu pourrais au moins t'excuser, » s'emporta-t-elle.
Eva reconnut l'irritation dans la posture de Sirius alors qu'il se tournait vers elle mais elle garda le dos droit et les mains jointes sur son ventre, reflétant inconsciemment la posture des autres femmes parées des plus belles robes de bal. Au début, Sirius parut ne pas la reconnaître, le début d'une remarque acerbe sur le bout de la langue. Puis, il cligna des yeux, les sourcils froncés. Une fois, deux fois, puis ses yeux s'écarquillèrent :
« Eva ? dit Sirius comme une question, l'air confus.
– C'est toi qui m'es rentré dedans. La moindre des choses c'est de s'excuser. »
Mais Sirius ne l'écoutait pas. Non, sans une once de discrétion, il la décortiquait du regard. Ses yeux se posèrent d'abord sur les épaules d'Eva, la seule partie de son corps à découvert. Le buste de sa robe était en forme de Ʌ, partant du bas de son cou. Ses manches commençaient à la moitié de ses arrière bras. Sa robe rouge coquelicot était cintrée à hauteur de son nombril, sa jupe épaisse allant jusqu'à recouvrir ses talons. Des broderies de lierre sublimaient la robe, complexes et serrées sur le buste avant de s'estomper en intensité – sur sa jupe, seules quelques lierres étaient cousus, ils s'agitaient face à un vent invisible.
C'était impossible de rester de marbre alors que Sirius fixait avec des yeux sombres la mèche bouclée qui caressait la joue d'Eva avant de s'attarder sur ses lèvres peintes de rouge à lèvres. Soudainement, Eva en voulut à Possy de n'avoir relevé que la moitié de ses cheveux, elle sentait des gouttes de sueur s'accumuler sur sa nuque sous le reste de sa chevelure.
« Je ne t'avais pas reconnu. »
La voix de Sirius déclencha une chaleur étrange dans le bas ventre d'Eva. Tout à l'heure, elle le cherchait désespérément et maintenant elle aurait préféré ne pas l'avoir trouvé.
Sirius se racla la gorge et amorça un geste pour passer sa main dans ses cheveux, oubliant qu'ils étaient déjà ramenés en arrière. Réalisant son erreur, il camoufla son geste en posant sa main sur sa nuque.
« Je n'entends toujours pas d'excuse. »
Cette fois-ci, ce fut Eva qui se racla la gorge en entendant sa voix. Merlin, elle qui voulait rendre la situation plus normale, elle était mortifiée.
« Mes plus plates excuses. »
Si Sirius retrouvait son air sarcastique, c'était le premier pas vers la normalité mais Eva n'eut pas le temps de s'en réjouir puisque Sirius brisa efficacement ce moment de répit en baissant peu discrètement ses yeux vers les lèvres d'Eva. Ou peut-être Eva était-elle la fautive puisqu'elle était celle qui avait pincé les lèvres.
« Je te cherche depuis tout à l'heure, dit-elle, se fustigeant la seconde suivante. Où est-ce que tu étais ? continua-t-elle comme une enfant en manque d'affection.
– C'est toi qui ne sortais pas de ta chambre. J'ai toqué à ta porte. »
Porte contre laquelle elle était restée assise une éternité sous les yeux curieux d'Oscar, incapable de bouger à l'idée de faire face de nouveau à la foule et de croiser le regard calculateur de Sang-Purs. Possy était partie depuis une bonne heure, ayant fait d'Eva une princesse avec ses doigts d'elfe.
« J'ai pris du temps pour me préparer.
– Ça semble en avoir valu la peine. »
Encore une fois, Sirius la balaya du regard de haut en bas et Eva eut le plus grand mal à prendre avec nonchalance sa remarque.
« Je pourrais dire la même chose pour toi. »
En effet, c'était presque un plaisir pour les yeux de le regarder. Habillé en noir, Sirius faisait réaliser à Eva que des choses pourtant insignifiantes lui faisaient de l'effet. Comme par exemple son cou qui était de manière inexpliquée mis en valeur par son col relevé où deux têtes de lions argents rugissants se faisaient face ou bien ses poignets gracieux alors qu'il rajustait son bouton de manchette argenté. Elle pourrait rester une éternité à l'admirer mais Eva était beaucoup trop embarrassée pour laisser son regard s'attarder sur Sirius comme il s'était permis de le faire la concernant.
« Tu es très…
– Je suis très… ? » s'enquit Sirius d'un air amusé.
Merlin, et voilà que maintenant il se moquait d'elle. Eva se redressa, les joues indéniablement roses d'embarras :
« Élégant, termina-t-elle le plus dignement possible. Tu es élégant. »
Sirius sourit avec amusement et l'étrange tension entre eux s'atténua enfin.
« Je pourrais dire la même chose pour toi, » dit-il, répétant sa phrase de tantôt, puis il brisa la distance entre eux en tendant sa main vers elle.
Interdite, Eva le laissa prendre sa main dans la sienne. Il se pencha, un bras croisé derrière son dos. Alors que son souffle réchauffait le dos de la main d'Eva, Sirius leva les yeux vers elle et murmura :
« Tu es très élégante. »
Eva fut comme foudroyée, incapable de faire autre chose que de fixer ce brun qui se prosternait avec aisance devant elle. Il ne lui fit pas de baisemain cette fois-ci mais c'était tout comme. Elle sentait le toucher fantôme de ses lèvres contre sa peau et c'était électrisant.
Eva serait incapable de dire quel visage elle lui offrait mais elle fut plus que consciente de la réaction de Sirius – l'agitation de sa pomme d'Adam et la teinte plus sombre de ses yeux.
« Ta mère n'a eu de cesse de se morfondre sur ton manque de manières mais je vois que tu sais reconnaître leur importance dans certaines circonstances. »
L'interruption était si soudaine qu'Eva prit quelques secondes à trouver du regard la sorcière qui venait de s'arrêter à côté d'eux. C'était la même sorcière qui avait félicité plus tôt Luke Carstein et Amélia Avery pour leurs fiançailles. Les yeux de la femme étaient fixés sur Sirius qui avait été plus rapide qu'Eva à réagir. Il s'était redressé en un bond.
La femme d'un âge mûr tenait un éventail fermé à hauteur de son visage, son coude dans le creux de sa main. Elle portait une robe noire simple dans son élégance, un corbeau argent cousu couraillant sur sa poitrine. Un chapeau épinglé maintenait sa chevelure grise en un chignon serré. Le seul bijou qu'elle portait était une paire de boucles d'oreilles en forme de serpents qui sifflaient comme des êtres vivants.
Sirius lâcha la main d'Eva.
« Je t'ai déjà dit de dégager. »
Il y a quelques secondes encore, Sirius lui avait donné l'impression qu'à son toucher elle serait brûlée. Il était maintenant si glacial qu'Eva fut totalement désorientée par ce changement brutal.
« Euphémia Potter est l'hôtesse de cette célébration. Tant qu'elle ne me dira pas de partir, je peux rester aussi longtemps que je le souhaite, répondit calmement la sorcière.
– Je ne veux pas te voir.
– Dans ce cas, tu aurais dû dire à ta bienfaitrice de ne pas inviter les membres de ta famille, rétorqua la sorcière, ses sourcils arqués. J'avoue que c'est plutôt culotté de sa part – ta mère a été très remontée en recevant son hibou – mais Euphémia Potter a toujours su flirter avec la limite de l'insolence. Sans doute que c'est ce côté insolent qui l'a fait s'entourer par des Gryffondors. Et la liste s'allonge plus les années passent. Certains pourraient penser que c'est volontaire de sa part. »
Les rides de la sorcière se plissèrent alors qu'elle souriait – un sourire piquant, tranchant.
« Tu boudes ? reprit la femme face au silence de Sirius. Je suis désolée de te décevoir mais je n'ai pas de sucette au citron avec moi.
– Je m'en fous, siffla Sirius. Tout ce que tu as à dire, je m'en fous complètement. Je ne te dois rien. »
Il n'haussait pas la voix mais celle-ci était tremblante, tremblante de colère.
« Tout est question de devoir dans notre famille, Sirius. Je te l'ai déjà dit.
– Vous n'êtes pas ma famille. »
Il y avait quelque chose de brut dans la voix de Sirius, comme un animal écorché à vif. Eva se sentit comme une voyeuse, l'impression qu'elle ne devrait pas entendre cette conversation. C'était de la colère, presque de la haine qui faisait trembler la voix de Sirius, et ce fut instinctif pour Eva d'enrouler ses doigts autour du poignet de Sirius. Sa peau était chaude, son poing serré. Eva ne supportait pas sa douleur.
Cette action n'échappa pas à la sorcière. Les doigts crispés autour de son éventail fermé, la femme regarda pour la première fois Eva. Au cours de l'échange venimeux, Sirius s'était décalé, comme s'il voulait cacher Eva de la vue de la sorcière qui avait les mêmes yeux que lui. C'était peine perdue, à cause de ses talons, Eva le dépassait de quelques centimètres.
La pointe de l'éventail fermé fut pointée dans sa direction. Eva se sentit aussi menacée que si l'objet dans la main de la sorcière était une baguette.
« Et elle ? Comptes-tu faire d'elle ta famille ? »
Sirius se positionna plus franchement devant Eva. Sous ses doigts, Eva sentait le pouls de Sirius galoper.
« Ça ne te regarde pas, cracha-t-il.
– Tu te déguises peut-être comme un Potter – les yeux de la sorcière se baissèrent vers les deux lions du col de Sirius, puis, sa voix devint pour la première fois glaciale – mais tu es toujours un Black, Sirius. »
Eva était si proche de Sirius qu'elle sentit plus qu'elle ne vit les épaules de Sirius se tendre.
« Elle a brûlé mon nom, gronda-t-il à mi-voix.
– Un simple emportement. »
La sorcière ouvrit son éventail d'un geste sec, découvrant un corbeau et un serpent qui s'entrelaçaient autour d'un B. C'était un membre de la famille Black, aucun doute là-dessus.
« Elle m'a dit de ne plus jamais revenir, objecta Sirius.
– Tu es le seul qui réussisses à la rendre aussi irrationnelle. Elle ne le pensait pas. »
Sirius poussa un rire moqueur et Eva resserra sa prise sur son poignet :
« Toujours à lui trouver des excuses. Tu es aussi dérangée qu'elle. »
Une émotion se glissa dans la façade autrement désinvolte de la sorcière, lui donnant l'espace d'une seconde l'air vulnérable, avant qu'elle ne se durcisse de nouveau. À mi-voix, comme si elle avouait un secret bien gardé, elle dit :
« Elle n'a pas quitté le manoir depuis que tu es parti.
– Tant mieux. Je ne veux plus jamais la voir. »
Les deux Black se fixèrent en silence. Comme pour tout autre Sang-Pur, c'était difficile de lire le visage de la sorcière mais, dans les yeux gris de cette inconnue, Eva avait l'impression d'y voir une agitation désespérée, fatiguée.
La sorcière se rapprocha, l'ourlet de sa robe noire effleurant les chaussures en cuir bien cirées de Sirius. Sirius se tendit et regarda de haut la femme qui dût lever le menton pour pouvoir le regarder droit dans les yeux.
De plus près, Eva pouvait voir la beauté des traits fins et anguleux de la sorcière qui semblait avoir une quarantaine d'années. C'était impossible de nier le lien familial entre Sirius et cette femme. Tous les Black se ressemblaient-ils autant ? Déjà le père de Sirius avait été sa copie cachée, seul leur écart d'âge empêchant de les prendre pour des jumeaux.
Un chuchotis, comme une vérité avouée seulement dans le secret du confessionnal d'une église :
« Tu lui as brisé le cœur. »
Et ces mots hérissèrent le poil de Sirius qui se redressa de toute sa hauteur. Il siffla :
« N'essaye même pas de me rendre coupable de sa pourriture. Pendant des années elle voulait que je me taise, qu'elle profite du silence et qu'elle y crève. Je ne lui dois rien.
– Tu ne le penses pas.
– Si j'ai de la chance, la prochaine fois que je la verrai ce sera en enfer. Quand tu retourneras lui susurrer ce que tu as entendu ici, tu n'auras qu'à lui dire ça. »
Eva ne vit pas le sourire dérangé, presque féroce qu'adressa Sirius à la sorcière Black mais elle vit très bien celle-ci ciller. La sorcière se recula, les traits fermés, la partie inférieure de son visage dissimulée par son éventail :
« Vous vous êtes toujours trop ressemblés. »
Sirius rit, un rire vide de tout humour :
« Toutes les excuses sont bonnes pour toi. Justifie sa démence comme tu veux, je n'en ai plus rien à foutre maintenant. Au revoir, Lucretia. »
Sirius s'éloigna d'un pas décidé mais Eva ne le suivit pas tout de suite. Eva ne savait pas réellement ce qu'il s'était passé – ce qu'il se passait toujours – au sein de la famille Black, mais ce qu'elle avait deviné l'empêchait de rester silencieuse. Elle n'avait jamais su être une spectatrice face à la douleur de ses proches alors elle ignora le regard confus que lui lança Sirius trois pas plus loin et elle leva le menton face à Lucretia Black :
« Aucun enfant n'est responsable des torts de ses parents. Les devoirs d'une famille vont dans les deux sens.
– Eva, » l'appela Sirius.
Eva arracha son regard de la sorcière qui l'observait avec une intensité dont Sirius avait hérité puis partit rejoindre le Gryffondor qui posa sa main dans le creux de son dos, un geste qu'il ne s'était jamais permis avant.
Alors qu'ils lui tournaient le dos, Lucretia Black leur adressa un dernier avertissement :
« Vous feriez mieux d'être prudente, jeune fille. Ce n'est pas un long fleuve tranquille que de s'attacher à un Black – encore moins pour une sang-de-bourbe bâtarde.
– Vieille harpie mal baisée, je t'avais – »
Un couple se retourna pour adresser un regard scandalisé à Sirius qui ne le remarqua pas, cherchant avec des yeux noirs la destinataire de sa colère. Mais Lucretia Black avait déjà disparu.
En entendant le violon qui semblait être au milieu d'un morceau couplé aux éclats de voix des convives qui ne dansaient pas, Eva réalisa que Lucretia Black avait certainement jeté un sortilège pour que personne n'écoute leur conversation. Ils avaient été comme dans une bulle hermétique et peut-être que l'impression d'Eva n'avait pas été si fausse – peut-être que dans l'éventail de Lucretia Black se trouvait bien sa baguette.
« Sirius, elle est partie. »
Eva posa ses doigts sur le coude de Sirius alors qu'il cherchait avec détermination la sorcière qui avait disparu comme par magie – pourtant, il était impossible de transplaner dans la salle de bal. Eva attendit que Sirius la regarde enfin :
« Elle n'aurait jamais dû te parler comme ça, s'agita-t-il.
– Ce n'est pas grave, elle est partie, essaya-t-elle de le calmer.
– Si, c'est grave, affirma Sirius, son regard perçant réfutant la moindre protestation.
– Elle ne sera pas la dernière à le dire.
– Je m'en fous, tu ne devrais pas être habituée à l'entendre. »
Sirius était si sincère dans son outrage qu'Eva sentit malgré elle un début de sourire se former sur ses lèvres, touchée de voir avec quelle ténacité il voulait la défendre.
« Merci. Mais tu n'as pas –
– Excusez-moi de vous déranger mais il nous manque un couple pour la prochaine danse. Seriez-vous d'accord de nous rejoindre ? »
Un jeune homme les interrompit, un sourire aimable aux lèvres et une rose d'hiver dans la poche de son costume. Il avait des cheveux bruns bouclés qui allaient jusqu'à son menton. L'homme pencha légèrement la tête et Eva aperçut une boucle d'oreille avec un crochet de serpent.
« Pas maintenant, refusa sèchement Sirius, contrarié d'avoir été interrompu.
– Oh voyons Sirius Black, je suis sûr que tu connais les pas, insista l'inconnu sans se départir de son sourire amical, une boucle brune glissant sur son sourcil.
– Je suis censé te connaître ? demanda froidement Sirius en retour, jaugeant de haut l'inconnu.
– Nous n'avons pas encore eu la chance de faire connaissance mais chaque sorcier de bonne famille sait reconnaître un Black. Francis Mountbatten. »
Francis Mountbatten tendit sa main. Sirius ne daigna même pas baisser les yeux contrairement à Eva. Elle remarqua des traces comme des vieilles cicatrices sur la main tendue. Sirius fixa sans ciller Francis Mountbatten jusqu'à ce que celui-ci ne rétracte sa main avec un rire :
« La rumeur court que l'aîné des Black est un animal sauvage que ses parents n'ont jamais réussi à dresser, je vois qu'elle disait vrai. »
Il continuait de sourire comme s'il ne venait pas d'insulter Sirius.
Eva s'empressa de réagir avant que la situation ne prenne un tournant plus dramatique, consciente des nerfs déjà à vif de Sirius après son altercation avec Lucretia Black :
« Je suis désolée mais nous ne sommes pas intéressés. Peut-être plus tard. »
Le dénommé Francis Mountbatten se désintéressa du regard menaçant de Sirius. Eva pouvait presque entendre Francis Mountbatten réfléchir alors qu'il s'attardait sur la proximité familière entre elle et Sirius. Avant d'être interrompus, Sirius et Eva avaient la tête penchée l'un vers l'autre mais, même après l'interruption, l'épaule à découvert d'Eva était toujours réchauffée par la chaleur du corps de Sirius.
Eva refusa de reculer. Elle n'avait pas à se questionner sur son comportement avec Sirius à cause d'un jeune homme qui, lui-même, faisait semblant de ne pas comprendre les signaux qu'ils lui adressaient.
« Mes excuses, je ne crois pas que nous ayons déjà eu l'occasion de nous rencontrer. Vous êtes… ?
– Toujours pas intéressée, » cingla Sirius et le dos de la robe d'Eva se froissa sous sa main crispée.
Francis Mountbatten rit de nouveau, son sourire commençant à devenir dérangeant plus il insistait.
« Tu es vraiment exceptionnel Sirius Black, je n'avais encore jamais rencontré de Sang-Pur aussi – »
Mais Francis Mountbatten ne put pas terminer sa phrase car la dernière personne imaginable s'interposa : Amélia Avery.
« Lord Mountbatten, j'ai entendu que vous cherchiez un couple de danseurs. »
C'était si inattendu que même le sourire de Francis Mountbatten vacilla. Lord, avait dit Amélia Avery et la Serpentarde ne faisait jamais d'erreur. Francis Mountbatten était donc le chef de sa famille bien qu'il ne paraisse pas avoir encore 30 ans. Étant donné la longévité des sorciers, c'était plus qu'étonnant.
« Amélia, salua Francis Mountbatten, peinant à cacher sa surprise.
– Eh bien ? reprit Amélia Avery, arquant ses sourcils d'un air presque ennuyé. N'était-ce pas urgent ?
– Le morceau va commencer d'un moment à l'autre, » expliqua Luke Carstein, infiniment plus cordial que sa fiancée qui étonnait Eva par sa manière presque brute de s'adresser à Francis Mountbatten.
Malgré son nom de famille qu'Eva ne connaissait pas, Francis Mountbatten semblait être un Sang-Pur. Jamais Eva n'aurait pu imaginer Amélia Avery s'adresser à un compère Sang-Pur de la même manière qu'elle s'adressait à elle, une minable Poufsouffle qu'elle jugeait être son inférieure. Mais il n'y avait pas de doute, c'était du mépris qu'il y avait dans le menton relevé de la préfète-en-cheffe. Qui exactement était Francis Mountbatten ?
« En effet, acquiesça finalement Francis Mountbatten, son sourire de nouveau fixé, avant de s'adresser à Sirius qui imitait involontairement l'expression méprisante d'Amélia Avery. À une prochaine danse, je l'espère, » ajouta-t-il, terminant sa phrase en fixant son regard sur Eva.
Puis, avec élégance et rapidité, il s'empara de la main d'Eva qui n'était pas enroulée autour du coude de Sirius et y déposa un baisemain.
La main de Francis Mountbatten était étonnamment rugueuse.
Avec un sourire, Francis Mountbatten se redressa et Eva dégagea sa main, désarçonnée par ce geste provenant d'un parfait inconnu qui semblait mettre un point d'honneur à provoquer Sirius puisque ce fut Sirius que l'homme fixa en se redressant.
Derrière le dos de Francis Mountbatten, le visage d'ordinaire impassible d'Amélia Avery laissait transparaître son mépris.
« La danse commence, » prévint Luke Carstein alors que le groupe de lutins irlandais débutait un nouveau morceau au violon et à la harpe.
Même si Eva était toujours précautionneuse de ne pas paraître familière avec Luke – en particulier devant Amélia Avery – elle ne put s'empêcher d'adresser un regard reconnaissant au Serdaigle. Il avait toujours eu le don d'intervenir au bon moment.
Heureusement, Francis Mountbatten parut être satisfait de son petit effet car il lâcha enfin Sirius du regard et tourna les talons. Deux secondes de plus et le solstice d'hiver de 1976 aurait été à jamais entaché par la mémoire de Sirius Black ensanglantant de son poing le sourire provocateur de Francis Mountbatten.
Luke Carstein adressa un petit sourire à Eva puis suivit Francis Mountbatten avec qui il entama une conversation, laissant derrière lui Amélia Avery qui resta à observer Sirius. Des poètes seraient inspirés pour comparer Amélia Avery à la déesse Aphrodite avec sa couronne de cheveux d'or, son cou sublimé par l'imposante pierre de topaze de son collier et sa robe de la couleur des plus belles mers azurées sur laquelle se tortillaient des vagues.
« Qu'est-ce que tu veux ? » cingla Sirius en fusillant du regard la Serpentarde, sa patience comme celle d'Eva ayant atteint ses limites.
Amélia Avery adressa un bref regard aux convives les entourant puis, semblant juger que la musique ne couvrirait pas entièrement sa voix, elle se rapprocha d'eux. De plus près et bien qu'elle soit légèrement plus petite qu'eux, la Serpentarde était encore plus intimidante.
« Je t'avertis seulement parce que je déteste les rats comme Mountbatten, expliqua Amélia Avery avec condescendance à Sirius. Ne réagis pas stupidement à ses provocations comme tu en as l'habitude, c'est exactement ce qu'il veut. Il cherche à se créer une réputation par tous les moyens et les scandales sont le moyen le plus rapide et efficace qu'il ait trouvé.
– Pourquoi est-ce que tu me dis ça ?
– Parce que, malgré ce que tu t'imagines, tu es encore un des nôtres et j'ai en horreur ceux qui ne connaissent pas leur place. »
Et à ces derniers mots, Amélia Avery posa son regard bleu glacial sur Eva. Eva refusa de baisser les yeux et Amélia se détourna avec les narines frémissantes.
« Toujours une garce égoïste, à ce que je vois, railla Sirius.
– C'est mieux que d'être un lâche et un traître, répliqua Amélia Avery, affrontant stoïquement le regard noir de Sirius.
– Amélia ! s'écria avec entrain une voix bien familière. Quelle heureuse surprise ! »
À leur stupeur à tous, James apparut et attrapa la main d'Amélia Avery qu'il déposa galamment sur son bras. Avant de forcer la Serpentarde jusqu'à la piste de danse, James glissa entre ses dents Sirius et Eva qui l'observaient avec ahurissement :
« Maman est juste derrière avec Slughorn alors venez danser ou je vous laisse vous démerder. »
Il n'en fallut pas plus pour qu'ils le suivent. Eva se retrouva donc face à Sirius sur le parquet de la piste de danse, cinq mètres d'écart entre eux. Amélia Avery se tenait à la gauche d'Eva, James face à elle.
James semblait avoir réalisé l'absurdité du moment car il peinait à contenir un fou rire alors que, à côté de lui, Sirius semblait lui adresser des insultes en attendant que le violon donne le signal pour qu'ils se joignent à la danse à mi-parcours.
« Ne pensez pas que je l'ai fait pour vous. »
Eva tourna la tête vers Amélia Avery, interrompue dans sa réminiscence de ses cours de danse du début de sa scolarité – la voix de Narcissa Black en tête. La Serpentarde regardait droit devant elle, ne daignant pas lui porter publiquement son attention ni la tutoyer. C'était ridicule, elles avaient beau être majeures, elles étaient toujours des adolescentes. Mais, pour Amélia Avery, c'était encore plus ridicule de faire croire qu'elles étaient sur un pied d'égalité.
Eva serra les dents et observa James se prendre une claque sur le bras de Sirius.
« Ça ne m'a pas traversé l'esprit. »
Quelques secondes de silence, puis :
« C'est à croire que vous le faites exprès, » pesta Amélia entre ses dents.
Amélia Avery était toujours parfaitement en contrôle. Aujourd'hui était la deuxième fois qu'Eva l'entendait perdre son calme. La première fois avait été il y a plus d'un mois sur le terrain de Quidditch lorsque la Serpentarde avait ordonné avec fureur à Royce d'arrêter. Cette fois-ci c'était sur Eva qu'était vrillé le regard furieux de la préfète-en-cheffe :
« Francis Mountbatten est le cousin de Royce.
– Quoi ?
– Vous m'avez parfaitement entendu, cingla Amélia Avery d'un ton venimeux qui appartenait en temps normal à Lizzie Lestrange. Alors faites-moi plaisir et disparaissez. Vous avez déjà fait assez de dégâts. »
Deux autres violons et un piano se joignirent à la mélodie et la rangée de danseuses s'inclina en direction des hommes avant de s'avancer. L'impression de s'être prise une claque en pleine figure, Eva arriva avec un temps de retard au milieu du parquet où l'attendait Sirius.
Leurs mains droites se firent face sans se toucher alors qu'ils se tournaient autour :
« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Sirius à peine Eva eut-elle croisé son regard.
– R – rien. »
Ils se séparèrent puis revinrent l'un vers l'autre. Leurs mains se joignirent cette fois-ci.
« Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? » insista Sirius alors qu'ils tournaient en cercle, les bras tendus.
Y avait-il réellement une raison de lui cacher ce qu'elle venait d'apprendre ?
« Francis Mountbatten. C'est – »
Mais ils durent se lâcher. Eva tourna sur elle-même face à un sorcier âgé qui lui adressa un sourire poli. Lorsqu'Eva retrouva Sirius vingt secondes plus tard, il lui prit la main et ils s'avancèrent au milieu de la rangée de danseurs et de danseuses.
« Qu'est-ce qu'elle t'a dit sur ce connard ? » reprit Sirius.
Merlin, elle était fatiguée de garder des secrets.
« Mountbatten, ce serait le cousin de Royce Mulciber. »
Eva tourna les yeux vers Sirius qui la regardait avec surprise. Il n'eut pas le temps de répondre à sa révélation car ils étaient arrivés au bout de la chaîne. Ils se lâchèrent pour retourner sur leur pas dans leur rangée respective. Eva suivit la ligne de danseuses tandis que Sirius se joignait à la ligne d'hommes. Alors qu'elle avançait, Eva avait toujours l'impression de sentir sur elle le regard inquisiteur de Sirius. Arrivée à sa place initiale du début de la danse, Eva se retourna pour faire face à Sirius, quelques mètres les séparant.
Cette-fois, lorsqu'ils se rejoignirent, ce fut pour de bon. Sirius posa sa main sur la taille d'Eva, Eva posa la sienne sur son épaule et ils valsèrent. Eva se concentra sur le menton de Sirius pour ne pas avoir le tournis.
« Est-ce que tu veux que j'aille lui casser la gueule ? » demanda soudain Sirius avec le plus grand sérieux.
La surprise fit pouffer Eva :
« Non. Si quelqu'un doit le frapper, je veux être la première. C'est moi qui a dû subir un baisemain, grimaça-t-elle.
– Je te couvrirai, promit Sirius. Je ne sais pas quel est le problème de ce gars-là mais s'il revient avec son sourire de psychopathe, je t'aiderai à lui péter les dents sans hésiter.
– Pour un peu, on aurait cru qu'il essayait de te draguer. »
Sirius lui adressa un regard outré qui la fit éclater de rire.
« Tu n'es pas sérieuse ?! s'indigna-t-il.
– Quoi ? C'est vrai, insista Eva, amusée par l'expression de dégoût de Sirius. Il ne te quittait pas des yeux, même quand il m'a fait un baisemain, c'est toi qu'il regardait. Peut-être qu'il a le béguin pour toi. »
Le visage de Sirius se tordit en une grimace qu'Eva n'avait encore jamais vu sur son visage et elle rit de plus belle. Puis, Sirius leva le bras et Eva tournoya sous celui-ci avant qu'ils ne se remettent en position de valse, leurs corps plus proches cette fois-ci. La main de Sirius était posée plus fermement dans le creux du dos d'Eva, obligeant leurs jambes à s'entremêler alors qu'ils tournaient en rythme. 1, 2, 3. 1,2,3. 1 et 2 et 3.
« Je vais faire des cauchemars maintenant, » grommela Sirius et Eva baissa momentanément les yeux vers ses lèvres à sa prise de parole.
Sirius avait le regard rivé devant lui, vérifiant par-dessus l'épaule d'Eva que la voie était libre alors qu'il les guidait à travers la piste de danse.
« Ne t'inquiète pas, je protégerai ta vertu, » le taquina Eva.
Sirius lui adressa un sourire amusé. Sa bouche s'ouvrit puis, il hésita, et finalement ne dit rien.
« Quoi ?
– Quoi ? l'imita Sirius.
– Tu allais dire quelque chose. Dis-le. »
Sirius l'observa un instant avant de se concentrer de nouveau sur leur trajectoire. Eva resserra sa prise sur l'épaule de Sirius, froissant le tissu de son costume entre ses doigts.
« Dis-le, répéta Eva, puis, en réalisant les yeux résolument fixés devant lui de Sirius et sa mâchoire contractée, elle sentit un début de rougissement lui monter au cou : C'est quelque chose d'embarrassant ? »
Eva avait une idée de ce que Sirius avait failli dire.
« Ça dépend pour qui, » dit-il en fuyant toujours son regard.
Ils valsèrent en silence. Eva avait chaud, la main de Sirius dans son dos comme une fournaise. Puis, comme Eva était masochiste, ce fut elle qui rompit le silence alors qu'elle reconnaissait les notes de la fin du morceau.
« Tout à l'heure… »
Eva avait du mal à se rappeler à quoi ressemblait l'indifférence sur le visage de Sirius lorsqu'il la regardait comme ça. Mais elle avait commencé à creuser sa tombe alors autant qu'elle aille jusqu'au bout. Ô damne sa dignité, elle voulait redevenir une personne honnête. Et puis, il était celui qui avait eu le courage de se dévoiler (« Tu me plais, Eva. »), aussi vulnérable cela l'avait-il rendu. Il méritait qu'elle se mette à découvert parce qu'elle l'appréciait – à un point qui l'empêchait de réfléchir correctement dès qu'il était à proximité et qui l'empêchait de l'oublier même lorsqu'il n'était pas là.
« Je voulais te dire que tu es très beau ce soir – même un peu trop, ne put-elle s'empêcher d'ajouter. Pas seulement élégant. »
La musique se termina et, figés au milieu de la foule de danseurs que le reste des convives applaudissaient, Eva sentit Sirius expirer sous ses doigts. Il ne bougeait pas, il clignait à peine des yeux et, alors qu'il la fixait avec ses yeux gris soudainement intimidants, Eva était incapable de dire ce qu'il pensait. Elle allait pour ramener ses bras contre sa poitrine lorsque les doigts de Sirius se glissèrent autour de son poignet.
Eva releva les yeux. Il avait l'air…frustré.
« Putain, Eva, expira-t-il, frottant ses yeux avec agitation de sa main libre. C'était à moi de dire ça. »
– Alors pourquoi tu ne l'as pas fait ? » répondit Eva sans réfléchir.
Sirius rit tout bas, un rire dépréciateur. Il gardait les yeux rivés sur sa main qui effleurait la dentelle de la manche d'Eva.
« Parce que tu me rends con. Et lâche, ajouta Sirius après un instant de réflexion, grimaçant comme si ce mot laissait un arrière-goût amère sur sa langue.
– Arrête de faire l'idiot. Tu n'es pas lâche, » s'agaça Eva.
Eva était lâche – pas lui, jamais lui. Elle ne supportait pas qu'il accorde la moindre importance à la remarque d'Amélia Avery. « Lâche » était le contraire de tout ce qu'il était.
Un début de sourire grimaçant courba les lèvres de Sirius :
« Tu me fais me comporter comme un idiot, » dit-il, jouant avec la dentelle de la manche d'Eva.
Et comme la tension entre eux ne s'améliorait pas, Eva utilisa l'humour, cherchant à capter le regard de Sirius dont la confiance habituelle semblait l'avoir déserté :
« Tu te comportes toujours comme un idiot, souffla Eva, souhaitant juste qu'il relève la tête.
– Pas comme ça, nia-t-il puis, relevant légèrement la tête pour lui adresser un regard à travers ses cils : Je n'ai aucune idée de ce que je fais.
– Moi non plus, avoua Eva, la langue lourde. Peut-être qu'on peut patauger ensemble pour trouver une solution. »
Sirius pouffa de rire, lui adressant un regard jugeur. Impuissante, Eva se sentit sourire.
« Quoi ? rit-elle.
– C'était le conseil le plus vague que j'ai jamais entendu, pouffa-t-il en secouant la tête.
– Arrête un peu, tu n'es pas mieux que moi, se défendit-elle, loin d'être offusquée. Tu te mets à déprimer quand on te fait un compliment. »
Sirius poussa un grognement, rejetant sa tête en arrière pour adresser son inconfort au dôme de verre du plafond.
« La réaction normale est de dire merci, ajouta Eva, exaltée de ne pas être pour une fois celle dans l'embarras.
– Tu fais la maligne mais tu es encore pire que moi. Je dois te rappeler ta réaction sous les gradins ? »
Sirius lui adressa un regard entendu. Eva était terriblement embarrassée rien que d'y repenser mais elle voulait oser être téméraire alors elle inspira et le mit au défi :
« Prouve-le. Faisons un coup d'essai. »
Sirius la jaugea du regard, soudainement prudent.
Son cœur battait à un rythme anormal dans sa poitrine mais Eva le pensait réellement. Elle qui était toujours fuyante dans leur flirt – souvent involontaire mais devenu naturel, elle voulait lui montrer que l'intérêt qu'il lui vouait était bien réciproque par autre chose que des rougissements embarrassés et des coups d'œil furtifs. Sirius dut lire la lueur de défi dans son regard car il se redressa et posa ses mains sur les épaules d'Eva, piégeant son regard dans le sien :
« Tu es magnifique. »
Il était si solennel qu'Eva ne put s'empêcher d'éclater de rire :
« Pourquoi est-ce que tu le dis comme ça ?
– Tu vois ? sourit triomphalement Sirius. Où est ton merci ?
– Merci mais –
– Comment ça mais ? l'interrompit-il et Eva lui adressa un regard entendu.
– Merci, Sirius, souffla-t-elle avec un sourire.
– Je vous en prie, mademoiselle. Voulez-vous bien m'accorder une autre danse ? lui proposa-t-il pompeusement en lui offrant sa main.
– Si ça peut me permettre d'échapper à une conversation avec Slughorn, répondit Eva en posant sa main dans celle de Sirius.
– De sages paroles. »
Eva gloussa et, en un clin d'œil, la nouvelle danse commença. C'était si facile de se perdre dans les pas, d'accueillir Sirius avec un sourire à chaque fois qu'ils se retrouvaient après avoir changé de partenaire de danse. Elle n'appartenait pas à ce monde scintillant à la lumière des chandeliers et des bijoux, un monde parfumé comme une potion d'Amortentia, élégant et gracieux où la soie se mêlait à l'or et à l'argent mais avec la bonne compagnie, elle pourrait y croire.
Ça faisait des années qu'elle ne l'avait pas vu mais Eva entendait le murmure de la voix de Narcissa Black lui indiquer chaque pas de danse – redresse ton dos, tourne ton poignet avec plus d'élégance, trois pas en avant, une révérence en offrant ta main, puis tourne. Elle avait toujours perçu Sirius comme anti-conformiste mais il était un partenaire de danse irréprochable, commettant un sans-faute sur les quatre autres danses qu'ils firent avant de se mettre d'accord pour faire une pause.
Sirius réussit l'exploit de tenir trois verres d'une couleur différente sans rien renverser et il réussit sans trop de mal à convaincre Eva de prendre le verre d'une nuance de vert peu naturelle où tourbillonnaient des paillettes d'or. Une main toujours libre, Eva fut en charge d'amasser autant de petit-four qu'elle pouvait sur une assiette.
Après un temps de recherche, ils finirent par s'installer derrière le gigantesque sapin de Noël dont Eva avait du mal à l'apprécier à sa juste valeur après avoir passé une partie de la journée à nettoyer ses aiguilles bien qu'elle soit très fière de sa décoration qu'elle avait peaufinée avec Euphémia. Sirius leur dégota une table libre puis, après avoir déposé sa collection de boissons, il déplaça plus loin trois chaises pour n'en laisser que deux pour eux. Visiblement, il était peu désireux que quelqu'un prenne les chaises vides à leur table comme une invitation pour les rejoindre. Étant donné l'enchaînement de mauvaises rencontres qu'ils avaient fait, Eva ne se moqua qu'un petit peu de lui.
Sirius leva le verre à pied au contenu vert fluo et or, désireux de s'empoisonner avec :
« À notre sauveur James Potter !
– Puisse son âme reposer en paix, » plaisanta Eva en levant son verre de vin d'elfe – l'option la plus sûre –, ne ressentant qu'un remord très léger à l'égard de James qu'ils avaient abandonné aux griffes d'Amélia Avery.
Sirius éclata de rire puis avala une première gorgée de son poison. Cette fois-ci, ce fut Eva qui rigola en voyant Sirius cligner des yeux sous l'effet du choc, son souffle coupé :
« Merlin, c'est dégueulasse. »
Et il reprit une autre gorgée.
De manière un peu pitoyable, Sirius n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour convaincre Eva de goûter la boisson verte et or. Elle n'avait pas bu d'alcool depuis une éternité – suite à la soirée de mars qui avait marqué un changement de cap dans sa relation avec Sirius, Eva s'était seulement laissée aller à la rentrée lorsqu'Amos avait sorti une bouteille d'hydromel dans le confort de la chambre de dortoir des garçons. Mais elle se sentait audacieuse ce soir, impulsive, et elle avait oublié à quel point ça lui avait manqué.
Partageant leur collection d'alcools, Sirius et Eva s'amusèrent à critiquer la tenue des sorciers dans leur champ de vision. Sirius fut particulièrement inspiré à la vue d'un accessoire fait d'ailes de paon à l'arrière du crâne d'une vieille sorcière. Au lieu d'être horrifiée à l'idée qu'un pauvre paon ait été sacrifié, Eva fut prise d'un fou rire alors que Sirius sortait une quantité impressionnantes d'insultes sans même avoir besoin de reprendre son souffle.
Ils continuèrent leur manège un long moment, prenant un malin plaisir à observer Corban Yaxley se voir forcer par son père à danser avec une sorcière d'un grand âge qu'ils avaient croisé plus tôt sur la piste de danse et s'étaient empressés de s'en éloigner lorsque les effluves de son parfum avaient atteint leurs narines. Les Serpentards étaient connus pour leur visage impassible mais Corban Yaxley peinait clairement à camoufler son dégoût.
Sirius s'était assis en diagonale de leur table ronde, le corps tourné en direction d'Eva. Il avait croisé les jambes et sa chaussure effleurait l'ourlet de la robe d'Eva. Il encerclait le pied de son verre de son pouce et de son index lorsqu'il la regarda, soudainement sérieux :
« Tu ne vas pas me demander qui c'était tout à l'heure ?
– Je pensais que tu ne voudrais pas en parler. »
Sirius continua de la fixer très sérieusement et Eva ne réussit pas à détacher son regard du sien. Puis, après un instant de silence, Sirius lui dit :
« Demande-moi. »
Eva savait que le sujet de sa famille était un sujet sensible pour Sirius. Elle n'en avait jamais parlé directement avec lui mais elle avait entendu des bribes de conversations chuchotées entre Euphémia et Fleamont à chaque fois que James revenait au manoir en compagnie de Sirius après un rendez-vous censé n'être qu'une après-midi au Chemin de Traverse durant les vacances. Elle était aussi consciente de la distance entre lui et son petit frère et il aurait fallu être aveugle pour ne pas comprendre son aversion envers les Serpentards.
Le premier Black à Gryffondor, une anomalie qui était l'héritier d'une dynastie remontant à des siècles, mentionnée dans les premiers écrits de la société sorcière britannique. Mais il était celui qui voulait qu'elle lui pose la question alors Eva expira :
« La sorcière de tout à l'heure, qui c'était ?
– Ma tante, Lucretia Prewett.
– Prewett ? répéta Eva, prise de court à l'entente de ce nom de famille qui la ramenait des années en arrière. Comme les jumeaux Prewett ?
– Elle doit être…leur tante par alliance ? dit Sirius après un instant de réflexion. Lucretia est mariée à Ignatius Prewett. Les jumeaux sont déjà venus à des repas de famille très élargis quand j'étais petit.
– Et est-ce que vous…est-ce que vous étiez proches avec ta tante ?
– Lucretia était très souvent au square Grimmaurd – la maison ancestrale des Black, expliqua Sirius face à la confusion visible d'Eva. Elle adore se moquer de mon père, la seule qui en ait le droit on pourrait dire, dit-il avec un rictus amusé. Et elle est toujours à susurrer à l'oreille de ma mère. Elle n'a jamais eu la patience pour moi. Elle le faisait bien comprendre quand mon grand-père lui ordonnait de nous surveiller, Regulus et moi, quand nos parents sortaient pour une énième soirée mondaine. Et comme je le savais, je faisais exprès d'embarquer Regulus avec moi pour qu'on se cache. Lucretia s'en fichait pas mal qu'on ait disparu mais ce qu'elle n'aimait pas c'est l'hystérie de ma mère quand elle rentrait et la voyait faire tranquillement ses peintures sans aucun enfant en vue. Elle n'aime pas les enfants et – il ricana – pas de chance pour elle, j'étais le pire d'entre eux.
– Pourtant, elle…elle me donnait l'impression de tenir à toi. »
Parce que si quelqu'un n'avait pas la patience pour vous, il ne prendrait pas la peine de venir à votre rencontre. Parce que quelqu'un d'indifférent ne serait pas blessé. Le silence, c'était tout ce qu'un parent indifférent offrait.
Le regard de Sirius s'assombrit, fixant sans le voir réellement son verre :
« Si elle en a quelque chose à foutre de moi, elle a une drôle manière de le montrer. De toute façon, il n'y a pas d'amour chez la noble et très ancienne maison des Black. S'il y en a, c'est juste une version foireuse et empoisonnée. Famille, devoir, honneur, énonça Sirius avec un rictus méprisant. C'est ce qu'on m'a toujours répété. Un ramassis de conneries. Tout le monde se déteste chez les Black et pourtant on est censé y être loyal à cette Maison, pesta-t-il. Tout ça parce que le sang dans nos veines ferait de nous des demi-dieux. Ils me répugnent, j'ai honte d'avoir le moindre lien de parenté avec eux. »
Il y avait des choses qu'Eva n'avait jamais avoué à personne – pas même à la psychologue cet été –, une vérité qu'elle n'avait jamais dit à voix haute mais que les Potter connaissaient en partie, les seuls spectateurs de son enfance trouble toujours présents. Une vérité si vile que, comme la semaine précédente dans la salle commune de Poufsouffle, Eva réussit sans aucune magie à imiter l'effet d'un stupéfix. Mais quand elle l'avoua, de manière surprenante, Eva n'eut aucun mal à regarder Sirius contrairement aux mots qui, eux, eurent du mal à sortir :
« Ma mère...elle n'a jamais réussi à se comporter comme une mère. Je ne pense pas qu'elle m'aimait, elle me tolérait parce qu'elle le devait. Elle n'a jamais su quoi faire de moi et tout ce que je faisais – des heures de retenue, des bonnes notes, la musique à fond dans ma chambre, rentrer tard le soir, ne pas lui dire quand je sortais, ça ne l'intéressait pas. À une période, j'avais mal au ventre rien qu'à l'idée de la regarder parce que j'étais terrifiée de voir l'indifférence sur son visage. Au bout d'un moment, j'ai tout simplement décidé de ne plus la regarder. C'était lâche mais c'était la seule chose que j'avais trouvé pour rester en colère. Et elle rendait ça si facile, expira Eva, parce que…souvent, elle disparaissait. Du jour au lendemain, sa chambre était vide. Parfois c'était seulement quelques jours mais ça lui est déjà arrivé de disparaître un mois entier. Elle revenait toujours mais elle ne s'expliquait jamais. Et puis, l'été dernier, elle a soudainement commencé à s'intéresser à moi. »
Eva sourit tristement parce que la vérité était si pathétique qu'elle en avait terriblement honte et qu'elle en avait la boule à la gorge. Sirius continua de la regarder sans rien dire, immobile et infiniment attentif :
« J'ai passé à des années à devoir presque la supplier de me porter de l'attention. Et dès qu'elle m'a donné…des miettes, rit-elle faiblement, je lui ai tout pardonné. Aussi facilement que ça, comme si je n'avais aucun amour propre.
– Eva…, expira Sirius comme un réflexe, l'agitation plissant son front, mais il ne dit rien de plus.
– Tu sais le pire dans tout ça ? sourit Eva, les yeux quelque peu brillants, appréciant qu'il ne l'interrompe pas mais, après tout, ce n'était pas la première fois que Sirius se montrait si patient avec elle. Je ne vois même pas la différence depuis sa disparition. Parce qu'elle n'a jamais été là et ça craint, putain. La première chose à laquelle j'ai pensé quand on m'a appris sa disparation, c'était à Oscar. En quelques mois, il m'a donné plus d'affection que ma propre mère. Et depuis octobre, tu sais combien de fois j'ai pleuré pour elle ? Deux fois. Quand on m'a annoncé la nouvelle puis dimanche quand je suis allée à l'appartement. Honnêtement, je m'attends toujours à ce qu'elle revienne, sans aucune excuse et en se plongeant dans le travail à la première occasion. »
Il n'y eut pas de poids imaginaire qui disparut de ses épaules. Au contraire, Eva se sentit même moins légère, la vérité – laide qu'elle était – la laissait à vif et écorchée. Aucune famille n'était parfaite, elle en était consciente après avoir vu celles de ses amis – la rancœur entre les parents d'Emmeline, la distance du père de Charlotte et le mutisme de sa mère, la surprotection et dureté de la grand-mère de Jeff, le dirigisme d'Euphémia et le carriérisme de Fleamont, la famille de Sirius … – mais la sienne craignait particulièrement.
« Ce que tu as dit à Lucretia tout à l'heure, sur la responsabilité des enfants. Je comprends mieux pourquoi tu l'as dit. »
Eva prit quelques instants à comprendre ce dont Sirius parlait et, quand elle comprit, son sourire devint un peu moins peiné :
« C'est Charlotte qui me l'appris, elle est beaucoup plus intelligente que moi sur ce genre de choses. »
« Les devoirs d'une famille vont dans les deux sens. Aucun enfant n'est responsable des torts de ses parents. »
Ces paroles, Charlotte les avait dites à une heure tardive dans le dortoir lorsque l'obscurité facilitait les aveux. Elle ne les avait pas pleurées mais les avait crachées avec une colère qu'elle taisait face à son père qui ne comprenait pas la vie de sa fille et ses aspirations totalement inimaginables pour un garagiste qui avait beaucoup sacrifié pour offrir à son fils des études de comptable mais qui ne voyait pas la valeur de la magie. Face à sa mère qui ne disait jamais rien contre son mari, qui ne défendait pas les aspirations de sa fille unique mais qui se perdait dans ses aiguilles et ses tâches ménagères.
C'était terriblement hypocrite de sa part mais Eva n'avait jamais dit l'entière vérité à Charlotte bien que celle-ci lui ait si facilement ouvert les portes à sa vie de famille qui n'avait pourtant rien d'idéale avec seulement un grand-frère qui lui donnait librement de l'affection. Ce n'était pas qu'Eva ne faisait pas assez confiance à Charlotte mais elle n'avait jamais eu l'envie de souiller ses moments les plus heureux avec cet aspect sombre de sa vie et Dieu sait que Charlotte avait été son pilier depuis ses 11 ans. Alors elle s'était contentée de la vérité la plus sobre : « je ne m'entends pas très bien avec ma mère ». Parce que même si la vie à Poudlard était un monde à part, c'était difficile de cacher l'absence flagrante d'un parent sur le quai 9 ¾ des années de suite.
La faute reposait sur Eva. Avant même Royce, elle avait la malsaine habitude de tout garder pour elle. La plaie avait beau s'infecter, elle préférait taire et ignorer ses tourments plutôt que de leur faire face.
Si je ne parle pas de maman, elle ne me blesse pas. Si je n'écoute pas les cours, c'est parce qu'ils ne m'intéressent pas et pas à cause du mépris de maman. Si je dévie la conversation quand Euphémia me pose des questions, tout va bien. Si je viens voir James, c'est juste parce que je m'ennuie chez moi.
Depuis toujours, il y avait quelque chose de cassé chez Eva et Royce n'avait qu'empirer les ravages qu'avaient laissés derrière elle sa mère. Quelle ironie du sort que c'était seulement après que Royce l'ait détruit que sa mère ait enfin changé d'attitude.
« Je ne t'ai jamais entendu parler d'elle mais je ne pensais pas que…
– Je n'aime pas vraiment en parler, sourit Eva avec un sourire fatigué.
– Et James est au courant ?
– En partie.
– Il ne m'en a jamais parlé.
– Une véritable tombe quand il veut, pouffa Eva. Aussi loyal qu'un Poufsouffle, plaisanta-t-elle et Sirius lui répondit par un faible sourire.
– Il ne t'a pas dit pour moi alors ? dit Sirius, grattant avec son ongle la nappe de la table mais ne la quittant pas des yeux.
– Pas dit quoi ? »
Sirius expira et, pour la deuxième fois de la soirée, il baissa les yeux. Il figea son index puis posa à plat sa main sur la nappe.
« Cet été, ma mère…elle m'a désavoué de la famille. »
Les yeux d'Eva s'écarquillèrent et, à sa réaction, Sirius sourit d'un air amer :
« Alors tu ne le savais vraiment pas, s'esclaffa-t-il. Je pensais que la rumeur avait fait le tour du château depuis le temps. Il n'y a jamais rien qui reste secret là-bas et Sirius Black, le petit con traitre à son sang qui se fait rejeter pour de bon par sa famille ? Il n'y a rien de plus croustillant. »
Mais Eva ne trouvait pas d'humour dans la situation. Lentement, elle collait bout à bout des phrases qu'elle avait entendu ces derniers mois mais qu'elle n'avait jamais réellement cherché à comprendre la cause, bloquée entre sa manie de ne pas poser de questions dérangeantes et cet espèce de survivalisme égoïste qui la rendait aveugle aux autres.
« Je suis désolée. »
Le front de Sirius se plissa, la confusion peignant ses traits :
« Pourquoi ? Tu n'y es pour rien. »
– Parce que n'importe qui devrait être fier de t'avoir dans sa famille, de t'avoir de son côté. »
Un autre jour, jamais Eva n'aurait été si honnête. Un autre jour, Eva serait restée dans sa tête et sa langue ne se serait pas déliée aussi facilement, la peur paralysante de donner trop d'elle à quelqu'un d'autre. Elle avait toujours opté pour un câlin pour offrir son réconfort à ses amis mais elle devait faire mieux.
Sirius rit, posant sa main sur sa nuque et malaxant sa peau mais Eva le pensait réellement, l'alcool affermissant sa certitude :
« Et je pense que ta famille le sait elle aussi. Ta tante...ton père aussi, ils n'auraient pas pris la peine de te trouver s'ils t'étaient vraiment indifférents. »
Sirius inspira. Elle l'avait mis en colère mais c'est d'une voix prudemment contrôlée que Sirius reprit la parole :
« Ce ne sont pas des bonnes personnes, Eva, dit Sirius, les yeux flamboyants. Ne leur trouve pas des excuses. Mon père, il est peut-être venu me parler à King's Cross mais il ne l'a pas fait à cause d'un élan d'amour. Il a juste ce foutu besoin de tout contrôler, cracha Sirius, la tension irradiant de son corps crispé. Lui et tout le reste des Black. Je suis sans famille mais c'est mille fois mieux que de faire partie de la leur. »
Eva baissa les yeux vers le poing crispé de Sirius sur la table, ses propres mains entremêlées sur ses genoux. Après un instant de silence entre eux, elle le marmonna presque :
« Je pourrais...je pourrais être ta famille. »
Eva avala et, le rouge lui montant aux joues, elle se força à le dire d'une voix claire :
« Je peux être ta famille. On est déjà deux orphelins adoptés par les Potter, ça nous fait assez de points communs, non ? »
Sirius la dévisagea avec des yeux écarquillés, ne disant rien pendant de longues secondes où seul le brouhaha des convives et la mélodie harmonieuse d'une valse lui répondirent.
Puis, après ce qui parut être une éternité à Eva, Sirius éclata de rire. Le sourire étincelant qu'il lui adressa ensuite ne fit pas trébucher le cœur d'Eva mais le fit tomber pour de bon. L'avertissement de sa mère n'était plus qu'un chuchotement lointain alors que Sirius ne lui avait jamais semblé aussi radieux que lorsqu'il lui dit en riant toujours :
« Je ne vois pas comment je pourrais refuser une proposition pareille. »
Chez les sorciers, il y avait une tradition à suivre à chaque solstice d'hiver. Les Potter, malgré leur penchant plus modernisme que d'autres familles Sang-Purs, ne dérogeaient pas à la règle. C'était même la grandeur de la tradition chez les Potter qui faisaient qu'autant de sorciers assistaient à la réception organisée par Euphémia Potter. À minuit, tous les convives se dirigeaient vers le jardin à l'arrière du manoir. Chaque sorcier se déchaussait puis couvrait sa chevelure avec la capuche de sa robe de sorcier. Le trio de Potter menait ensuite la file de sorciers à travers la forêt dont Fleamont condamnait l'accès le reste de l'année, un chant en latin agitait les lèvres de chacun et se mêlait aux bruits mystérieux d'une forêt en pleine nuit. Comme appelés par le chant, des créatures de la forêt se joignaient au cortège, les fées, des petites boules de lumière zigzaguant dans les airs, éclairant leurs pas.
Puis finalement, le cortège s'arrêta dans un pré au milieu de la forêt où se trouvait un gigantesque feu de camp au centre duquel était érigé un majestueux cerf en bois. Lors de la nuit la plus longue de l'année, les sorciers rendaient hommage au roi de la forêt. Et pour aider les jours à prendre de nouveau le dessus sur l'obscurité, les sorciers donnaient une offrande. L'année précédente, Eva avait raté cette cérémonie, s'éclipsant après une moquerie de Lizzie Lestrange sous le regard froid d'Amélia Avery. Cette année, elle admira avec des grands yeux la grandeur du cerf en bois, debout entre James et Sirius.
En tant que chef de famille, Fleamont fut le premier à déposer son offrande dans le feu de camp qui fit bondir le feu. Euphémia déposa son offrande puis James. Eva admira avec un sourire inconscient le feu qui grandissait à chaque nouvelle offrande jusqu'à ce que James ne l'interpelle. Elle ne comprit pas pourquoi au début, adressant un regard confus aux gros yeux que lui faisait James jusqu'à ce que Sirius ne lui chuchote à l'oreille :
« La famille d'abord, Eva. »
Puis, lui adressant un sourire amusé, Sirius la poussa en avant.
Eva s'avança, consciente du cortège de sorciers d'ascendance infiniment plus noble que la sienne qui patientait derrière elle. Elle avait beaucoup hésité sur quelle offrande donner jusqu'à finir par décider que, pour sa mère dont le plus grand amour avait toujours été la magie, il n'y avait rien de plus approprié que de lui dire adieu dans une cérémonie magique. Alors elle laissa tomber dans le feu une photo qu'elle avait récupéré à l'appartement il y a quelques jours ainsi qu'une mèche de cheveux.
Le sourire crispé de Mary Brown et sa main posée sur l'épaule menue de sa fille de huit ans qui venait de gagner la compétition d'athlétisme de l'école primaire furent mangé par les flammes. En quelques secondes à peine, les flammes grimpèrent d'un mètre supplémentaire.
Ça avait été une bonne journée, une très bonne journée, Eva se rappelait encore de son sourire qui ne la quittait plus jusqu'à ce que sa mère lui annonce le lendemain qu'elles déménageaient. Eva avait piqué une colère, criant puis pleurant qu'elle ne voulait pas partir, ayant enfin été accepté par ses camarades de classe grâce à sa victoire. Elle ne voulait pas devoir encore être exclue du reste de la classe à cause d'étranges évènements causés par sa magie accidentelle. Une gifle et une réprimande sèche, c'est tout ce que son accès de colère lui avait valu. Mais Eva ne voulait plus en vouloir à sa mère, elle voulait que la magie du solstice d'hiver aide sa mère à reposer en paix où qu'elle soit.
La chaleur du feu la réchauffant, Eva prit la main que James lui tendait avec une grimace amicale. Elle observa Sirius sortir une bague de sa poche puis, après quelques secondes d'hésitation, le visage fermé, il la laisser tomber dans les flammes. Lorsqu'il se rapprocha, Eva se demanda si c'était seulement la force des flammes qui humidifiaient les yeux de Sirius. Elle garda sa question en silence et lui tint la main.
Lentement, la procession continua jusqu'à ce que le cortège ne forme un cercle autour du feu qui était monté jusqu'aux bois du cerf. Leur magie amplifiée par leurs mains jointes et leurs pieds en contact direct avec la terre humide, le regroupement d'une centaine de sorciers entama un nouveau chant en latin, plus joyeux cette fois-ci. Tentant de chanter aiguë d'une manière correcte alors qu'autour d'elle Sirius et James chantaient d'une voix grave, Eva sourit.
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titre : le solstice d'hiver
nombre de mots : 12 834
une chose que je déteste : les descriptions. Que ce soit pour les vêtements ou pour les lieux. J'espère que le solstice vous aura semblé assez magique malgré tout. Et que les invités étaient à votre goût ;)
aucune promesse pour le prochain chapitre, j'ai travaillé sur celui-ci depuis l'année dernière et le prochain n'est malheureusement qu'au tout début. encore merci de votre lecture et n'oubliez pas de laisser un petit commentaire xoxo
