S02E02

Je détestais cet endroit. Je n'y avais passé que trois jours mais c'était suffisant pour me rendre compte que c'était l'enfer. Il y avait même un mec qui m'avait pointée du doigt en disant que j'étais sa maîtresse. Je ne savais pas s'il pensait que j'étais sa professeure ou s'il pensait qu'il était un chien mais il me suivait partout dès que nous étions dans la même pièce, que ce soit dans la salle commune, dans le jardin ou dans le réfectoire. Aussi, je m'étais réfugiée dans ma chambre où les infirmiers et aide-soignants l'avaient empêché de me suivre.

Une aide-soignante vint me chercher, m'annonçant une visite. Je lui souris impatiente et curieuse de savoir qui c'était. Je la suivis dans les couloirs jusqu'à celui qui menait à la sortie du centre. Nous ne passâmes pas la porte verrouillée, elle me fit entrer dans une pièce située juste avant, face à un petit bureau ouvert sur le couloir, elle me laissa entrer et me demanda d'attendre un instant, elle verrouilla la porte pour ne pas que je sorte. Je réalisai alors qu'elle m'avait piégée dans cette pièce en m'appâtant avec l'idée que quelqu'un voulait me voir. La pièce était grande avec une table carrée entourées de quatre chaises au centre et deux canapés se trouvaient l'un en face de l'autre au fond. Les meubles avaient été vissés au sol comme ceux de ma chambre et des autres salles, pour ne pas qu'on les vole.

L'aide-soignante revint avec Bella derrière elle, je souris grandement et me jetai sur ma sœur pour l'enlacer.

« Je me suis dit que tu aurais besoin d'un peu de soutien, m'informa-t-elle. Même si ça ne fait que trois jours, je voulais venir hier mais c'est l'enfer à organiser pour te rendre visite.

J'avais dit que c'était l'enfer, ici.

« Il faut appeler en avance, en fait. Prévenir qu'on veut te voir, ils nous rappellent pour voir nos disponibilités ainsi que ceux du service et nous rappelle ensuite ou nous envoie un mail le jour même pour nous confirmer si la visite est possible ou non selon si ton psychiatre pense que tu puisses ou non recevoir de la visite. J'ai eu de la chance d'avoir une visite si rapidement, ils m'ont fait une fleur parce que je me suis déplacée pour rien, hier.

Elle se détacha et me proposa de nous asseoir, ce que j'acceptai. L'une en face de l'autre, elle m'étudia pendant que je traitai ce qu'elle venait de me dire. Ça voulait dire qu'ils pouvaient refuser que j'aie de la visite ?

« Je ne veux pas rester là, avouai-je.

« Jamie... tu dois rester là, juste le temps qu'ils t'aident. On ne peut pas te faire sortir.

Je baissai la tête pour regarder mes mains que je triturais.

« Envoie un message à Edward, dis-lui de venir me chercher, lui il pourra me sauver.

« Tu sais que c'est pour ton bien et ça ne fait que trois jours que tu es là. Tu n'as pas besoin d'être sauvée, les médecins vont t'aider et après, tout ira mieux.

« Tu mens.

« Tu es ma sœur et je t'adore, je ferai tout ce que je pourrais pour te sortir d'ici si je ne savais pas que c'était pour ton bien, même si j'ai horreur que tu sois ici.

Elle prit mes mains dans les siennes.

« Ce n'est peut-être que pour quelques mois, me rassura-t-elle. On devrait bientôt connaître la durée de ton séjour, le Dr Stan a dit que ça prendrait environ deux semaines pour établir un plan de thérapie adapté.

« Et si non ? Il y en a qui sont là depuis des années.

« Ce n'est pas pour la même chose, je pense que ça ne sera que quelques mois.

« Je veux pas, pleurnichai-je.

« Je sais mais tu dois te montrer forte et patiente, d'accord ? Ensuite, on ira voir Edward.

« C'est trop long.

« Ça passera vite, me réconforta-t-elle.

Je lui fis une grimace pour lui signifier que je n'étais pas d'accord.

« Viens, souffla-t-elle.

Elle se leva, fit le tour de la table et me prit la main pour m'emmener jusque l'un des canapés bleus. Nous nous installâmes l'une à côté de l'autre, elle me prit dans ses bras et nous restâmes ainsi plusieurs minutes. Ensuite, elle me parla du lycée et d'à quel point certains lui cassaient les pieds. Elle me dit qu'elle soupçonnait Charlie et Sue d'avoir commencé une relation amoureuse puisqu'elle continuait de venir à la maison et qu'elle les avait surpris en train de se tenir la main. Je rigolai quand elle me mima la tête que Charlie avait fait.

« Je vais devoir y aller, fit-elle finalement.

Nous nous levâmes mais avant de partir, elle s'arrêta.

« Tu ne peux avoir qu'une visite par semaine donc papa et moi avons pensé que maman devrait venir te voir la semaine prochaine, papa viendra la semaine d'après, ça te va ? Maman est au courant, je l'ai prévenue qu'elle devrait prévenir le centre à l'avance, sinon toutes les visites seront retardées.

Je hochai la tête, triste qu'elle s'en aille déjà. Bella m'enlaça puis sortit, je voyais l'aide-soignante assise derrière le petit bureau, elle se leva et demanda à Bella d'attendre.

« Tu dois patienter ici, Jamie, c'est pour ta sécurité.

Je pense que c'était plutôt pour ne pas que je profite de la sortie de Bella pour forcer le passage et m'enfuir. Je ne l'aimais pas. Elle revint et me raccompagna dans ma chambre puisque c'était là que je lui avais dit vouloir aller.

-§-

Je me promenai dans le jardin, je me retournai de temps en temps pour voir Matthias toujours en train de me suivre. J'avais appris qu'il avait été abusé par une femme plus âgée qui l'avait complètement détruit et que sa situation passée était devenue comme sa zone de confort et c'était pour ça qu'il me suivait partout et obéissait à tout ce que je lui disais. Je lui avais demandé de me sortir de là mais il n'avait pas trouvé comment alors je le laissais me suivre et parfois, je lui demandais de faire des trucs idiots parce que je trouvais ça amusant. Je me faisais reprendre par le personnel quand ils me voyaient faire parce que je n'étais pas censé profiter de son problème à son insu. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas lui donner d'ordres puisque c'était ce qu'il voulait que je fasse et il était si enthousiaste à m'obéir. Parfois, il refusait, cependant. Il souriait toujours à ces moments, je ne savais pas pourquoi il avait arrêté de m'obéir la première fois, mais il avait fini par me dire qu'il voulait que je le punisse. Alors je le mettais au coin ou l'envoyais dans sa chambre parce que c'étaient les seules punitions que je connaissais mais il était toujours déçu de mon choix.

Mon jeu préféré avec lui, c'était le faire marcher à quatre-pattes et le promener en faisant semblant d'avoir une laisse. Vu qu'il était un chien-humain, c'était de circonstances. Mon psychiatre m'avait dit qu'il ne se prenait pas pour mon chien mais qu'il ne pouvait pas me dire quoi parce que je n'étais pas susceptible de vraiment comprendre. J'étais sûre que mon psy mentait et que Matthias était vraiment un chien.

Je m'arrêtai et m'assis sur le banc.

« Assis, ordonnai-je à Matthias.

Il s'assit à genou sur ses pieds devant moi et resta silencieux, attendant le prochain ordre que j'aurais. Ça faisait deux semaines que j'étais ici, on était mi-mai et les jours commençaient à se réchauffer. Je n'avais pas eu de visite depuis Bella, je savais que ma mère allait bientôt venir me voir mais je commençais à me demander si elle n'avait pas oublié. Le Dr Stan arriva, c'était le psychiatre qui me suivait ici, il soupira en voyant Matthias à genou devant moi.

« On a déjà parlé de ta façon de traiter Matthias, Jamie.

Je lui fis une moue boudeuse. Il s'assit sur le banc à mes côtés.

« Matthias, va dans la salle commune s'il te plaît, il manque quelqu'un pour jouer aux cartes ou peut-être voudrais-tu regarder un film ?

Matthias me regarda et je hochai la tête parce que je savais qu'il n'irait pas si je ne lui donnai pas l'autorisation. Deux jours auparavant, j'avais refusé qu'il obéisse à l'infirmier et ils avaient dû l'emmener de force, j'avais écopé d'un certain temps en isolement à cause de ça.

« Je vais devoir veiller à toujours vous séparer, tous les deux. Ce n'est pas l'aider que le conforter dans son problème, tu comprends ?

Je secouai la tête, s'il était heureux, je ne comprenais pas pourquoi c'était mal.

« Bon, on en reparlera plus tard. Comment te sens-tu ?

« Je veux rentrer chez moi.

« C'est ce que tu me dis à chaque fois, ce n'est pas possible, pas pour le moment. Écoute, tu as une visite imprévue mais ce ne sont pas des personnes de ta famille.

« Il y a plusieurs personnes ?

Je pensais que ce n'était qu'une personne à la fois, les premiers temps.

Il hocha la tête. Ça pouvait être Edward et je ne sais pas, peut-être Carlisle.

« Ne prends pas peur, tu n'as pas de problème, d'accord ?

Je plissai les yeux.

« Ce sont des agents fédéraux, ils ont besoin de t'interroger et même si je leur ai expliqué que ce n'était pas pour ton bien de les laisser faire, ils ont insisté, ils ont un mandat alors je ne peux pas t'y soustraire.

J'avalai ma salive qui s'était un peu accumulée et angoissai à l'idée d'aller en prison, finalement.

« Tu n'as pas de problème, ils veulent juste te poser des questions.

« Et si je réponds mal ?

« Il n'y a pas de mauvaise réponse, tu réponds seulement aux questions, le plus honnêtement possible. Même si c'est à propos de quelque-chose de mal que tu aurais fait, tu ne peux pas être poursuivie pour ça parce que tu ne peux pas être tenue responsable de tes actes, tu comprends ?

« Oui, ok. Je n'irai pas en prison, alors ?

« Non, bien sûr que non.

Il me guida jusqu'au salon de visite, comme il appelait ça. Comme la première fois, il me demanda d'attendre et m'y enferma le temps d'aller chercher les agents fédéraux. Quelques secondes plus tard, la porte se rouvrit, Dr Stan laissa entrer deux hommes et une femme, je reculai de quelques pas, effrayée. Ils étaient habillés de capes de sorcier par dessus leurs costumes pour les hommes et un tailleur pour la jeune femme. Ils avaient des lunettes de soleil comme dans Men in black. Des agents du FBI sorciers qui arrêtaient des aliens. Je me demandai si Bella n'avait pas été attaquée par les extra-terrestres parce qu'elle était si maladroite que c'était possible. La bouche du plus âgé – la trentaine, je dirai – s'ouvrit comme s'il était surpris de me trouver là alors qu'il devrait déjà le savoir puisqu'il venait pour moi. L'agent aux courts cheveux blond vénitien commença à fermer la porte mais Dr Stan posa sa main pour l'en empêcher.

« Attendez, vous ne pouvez pas la voir seule, je dois être présent.

« Hors de question, c'est une enquête et vous ne pouvez pas y être mêlé. Attendez dehors où je vous arrête pour outrage à agent, contra l'agent dans un parfait anglais mais son accent n'était pas américain.

Mon médecin referma la bouche et laissa l'agent refermer la porte sur son nez. L'homme plus âgé me sourit, il avait les cheveux bruns, longs tirés vers l'arrière. La jeune femme à côté avaient de longs cheveux ondulés, ils avaient l'air beaux tous les trois sous leurs lunettes mais la femme faisait plus sorcière que les autres.

« Bonjour, Jamie Swan, c'est bien ça ? S'enquit-il avec un accent plus prononcé que l'autre agent.

Je hochai la tête.

« Je peux pas aller en prison, le docteur l'a dit, je ne suis pas responsable, le prévins-je.

« Ne t'inquiète pas, nous ne sommes là que pour te poser quelques questions, ensuite, nous te laisserons tranquille et nous nous en irons. Si tu veux bien t'asseoir, ça ne prendra pas trop longtemps.

Il m'indiqua les canapés, ils s'assirent tous les trois sur l'un tandis que je m'assis sur l'autre.

« Quel âge as-tu, dis-moi ?

« J'aurais 17 ans, fin juin.

Il sourit comme s'il en était heureux. Peut-être qu'il voulait que je l'invite à mon anniversaire ? Mais il me faisait peur et il était trop vieux pour être mon ami.

« Vous ne viendrez pas à mon anniversaire, lui indiquai-je.

Il sourit comme simple réponse.

« Nous voulons te parler de Jacob Black. Nous avons eu vent que tu le pensais être un loup-garou. Est-ce qu'il l'est ?

J'hésitai puis hochai la tête.

« Comment avez-vous su ?

« Nous avons eu le compte rendu du procureur. Tu l'as vu se transformer ?

« Non mais il me l'a dit. Il va aller en prison ? Je savais qu'il était méchant.

« Les loups-garous le sont, effectivement. On doit l'éliminer avant qu'il ne tue quelqu'un.

J'écarquillai les yeux. Jake aurait vraiment pu me manger, en fin de compte.

« Sais-tu s'il y en a plusieurs ?

« Oui.

« Combien ?

« Je ne sais pas.

Il se leva et me tendit sa main pour m'aider à me lever. J'y plaçai la mienne mais la repris aussitôt. Je pris peur et courus jusque la porte mais les trois agents se téléportèrent devant, m'empêchant de l'atteindre alors je montai sur la table et me plaçai au centre en leur faisant un signe de croix avec mes index.

« Mon sang n'est pas comestible, me mangez pas.

Je pense que vous avez deviné. J'étais à mi-chemin entre hurler de peur et pleurer de désespoir. Sa main était glacée comme celle d'Edward, ils étaient des vampires. Le trentenaire leva les mains devant lui, fit un pas en avant puis en fit un autre en arrière. Il regarda devant lui un instant, commença un autre pas mais replaça son pied comme s'il hésitait à avancer. Il retira finalement ses lunettes et je découvris ses iris rouges qui me pétrifièrent, les autres firent de même, ils se nourrissaient tous les trois d'humains, c'était sûr.

« Tu as raison, nous sommes des vampires mais ton signe de croix ne nous fera rien.

Hésitante, je baissai mes mains, il entama un autre pas mais comme tout à l'heure, se remit à sa place initiale avec confusion. Cherchait-il à... danser ?

« Et nous ne voulons pas te faire de mal, seulement te protéger de Jacob et de ses amis loups-garous.

Je posai un regard mauvais sur lui mais il ne semblait pas s'en formaliser.

« Vous ne me ferez pas de mal ? M'enquis-je avec soupçons.

« Non, bien sûr que non.

« Vrai ?

« Vrai, répéta-t-il. Tu as ma promesse.

Je consentis à rejoindre le sol et m'arrêtai quelques pas devant eux, toujours peu sereine. J'entendis l'air passer d'une quelconque fissure et regardai autour de moi pour savoir d'où ça pouvait bien provenir.

« Je suis Aro Volturi, je te présente Demetri et Chelsea Volturi, ils font parti de mon clan. Nous voulons seulement empêcher les loups-garous de tuer les humains.

Je connaissais ce nom, Edward m'en avait déjà parlé mais je ne me souvenais plus qui ils étaient.

« Mais vous, vous les mangez.

« Seulement ceux qui le méritent. Les criminels en tout genre, me renseigna-t-il en balayant l'air de sa main.

« Vrai ?

« Vrai, m'assura-t-il.

« D'accord.

« Puis-je prendre ta main ? S'enquit-il en me présentant la sienne.

Je hochai la tête et plaçai ma main sur la sienne, il posa son autre main par dessus. Je ne savais pourquoi mais ça me fit penser à Jake, à certains moments quand il était mon petit-ami puis à notre conversation quand je l'avais confronté sur son statut de loup. J'entendis à nouveau l'air de la fissure. Puis je pensais à tout ce dont je me rappelais depuis mon enfance. Les souvenirs de James étaient pénibles à revivre et je sursautai à certains d'entre eux, quand il frappait ma mère ou quand il m'avait frappée. Aro posa sur moi un regard empli de compassions et ça retira ses mauvaises pensées de mon esprit. J'essuyai la larme qui m'avait échappée puis je pensais à mon enfance avec Bella, mon adolescence puis à l'arrivée des Cullen, à Edward, mes discussions avec lui, quand il m'avait sauvée du serpent, quand je l'avais embrassé devant sa chambre d'hôtel, mes pensées sautèrent la suite contre ma volonté pour passer directement à notre voyage dans le Montana puis au moment où Edward me rendit à mon père. Je ne savais pas pourquoi tout d'un coup, tout ça m'était venu à l'esprit.

« Tu connais d'autres vampires ? S'enquit Aro.

Je secouai la tête, il sourit.

« Dommage, je sais que des amis étaient dans le coin il y a quelques temps, je pensais que, peut-être, tu les connaissais aussi, les Cullen.

Je fus surprise puis souris.

« Oui, en fait, je les connais mais je devais garder leur secret alors je ne pouvais pas vous le dire.

« Tu étais proche d'eux ?

« D'Edward, oui, c'est mon petit-ami. On vivra ensemble quand je sortirai d'ici et que je pourrais... et bien vivre avec lui mais je dois finir mes études avant.

Ce qui allait être compliqué si je restais coincée ici.

« Ne voudrais-tu pas le rejoindre plus tôt que prévu ? S'enquit-il.

« Si, fis-je désespérée. Mais j'ai pas le droit de sortir d'ici.

« Tu ne veux pas rester là, je me trompe ?

Je fis non de la tête.

« Tu pourrais venir avec nous, en Italie, Edward doit nous rendre visite dans peu de temps, il sera ravi de t'y retrouver, ça serait une bonne surprise pour lui.

« Mais le médecin...

« On va régler ça, ne t'inquiète pas.

« Et mon père et Bella ?

« Et bien ton père doit travailler mais Bella viendra avec nous, si elle le veut bien. Sinon, on peut te laisser ici mais j'ai bien peur que tu ne puisses jamais sortir de cette clinique.

Je fronçai les sourcils.

« Mais...

« J'ai entendu le médecin parler de toi avec une infirmière. Il a dit que tu ne pourrais jamais sortir d'ici. C'est comme tu veux, bien sûr.

« Je veux pas rester ici.

« Très bien, Demetri et Chelsea vont s'occuper de signer les feuilles de sortie, nous les attendrons là.

À nouveau, l'air de la fissure s'engouffra dans la pièce. Les deux vampires sortirent pour signer les papiers et j'attendis ici, avec lui.


Ah... Je vous avais dit que peut-être le résumé mentait. Elle pense être sauvée mais... les Volturi sont les Volturi. RIP Jamie :'(