Notes

Casting hypothétique :

Gaia Weiss dans le rôle de Sophie de Mafart

Suggestions musicales :

La visite de Sophie :
- Mrs. M. Coulter — Lorne Balfe, The Musical Anthology of His Dark Materials. (Jusqu'à 01:00)


-o-


Pendant ce temps, bien plus loin au nord-ouest, plusieurs employés du Centre de Surveillance Mondial de la Désextinction étaient attroupés autour de la machine à café et discutaient. Leur sujet de conversation principal fut l'évolution de l'affaire des animaux d'InGen volés.

En effet, dans la nuit du 5 au 6, après avoir reçu un appel de la part d'un mystérieux contact, des policiers en avaient trouvés une partie dans un entrepôt situé aux abords de l'aéroport international de San Francisco mais malheureusement les deux malfrats chargés de le surveiller avaient pris la fuite avant d'avoir pu être rattrapés et interrogés au sujet du sort des autres, probablement déjà expédiés vers des destinations inconnues, probablement à l'étranger. Peu après, une équipe d'InGen Security avait débarqué sur les lieux et remercié la police pour son intervention avant d'emporter au siège de Palo Alto les animaux trouvés. Lorsqu'il fut interrogé par la presse le matin-même, Edward Torres avait déclaré que ses équipes mettaient tout en œuvre pour retrouver les autres, qu'InGen avait à cœur leur bien-être et usé d'autres arguments pour le moins mielleux pour ceux qui se méfiaient de la multinationale et de ses représentants les plus notables, et qui savaient que c'était surtout leur valeur marchande qui les importait. Là où le CSMD savait que c'était des représentants de petites espèces qui avaient été volées, ils ignoraient lesquels avaient été retrouvés et lesquels étaient encore portés disparus, InGen n'ayant pas encore communiqué cette information.

Au même moment, une jeune femme arborant une coupe à la garçonne pénétra dans le centre, enleva ses lunettes de soleil pour les accrocher au col de son chemisier bleu, et se présenta à l'accueil.

— Bonjour, lui dit la réceptionniste.

— Bonjour. Est-ce que Guillaume Vuillier est là ? Demanda l'arrivante avec un fort accent français.

— Laissez-moi vérifier.

Les ayant entendus, Peggy alla à la rencontre de la femme. Elle fut impressionnée par son apparence. Agée d'à peine trente ans, elle était dotée d'un corps élancé et athlétique de haute stature. Sans les talons hauts qui exagéraient cette dernière, elle faisait quand même presque un mètre quatre-vingt. Elle était plus grande que Guillaume et une grande partie des employés du CSMD. Sa beauté, son corps à la fois gracieux et musclé et ses cheveux blonds la faisaient ressembler à une guerrière viking aux yeux de l'assistante.

— Bonjour Madame, je suis son assistante, dit Peggy. Monsieur Vuillier est là mais il est occupé. Qui dois-je annoncer ?

La femme se tourna vers elle et inclina son visage fin et anguleux vers le bas pour la regarder.

— Lieutenant Sophie de Mafart, répondit l'arrivante avec assurance. Je suis une vieille amie à lui.

Peggy fut encore plus impressionnée en apprenant que cette femme était non seulement une militaire ou une policière, mais aussi quelqu'un d'origine aristocratique. Bien que ses connaissances de la langue et de la culture française n'étaient pas très profondes, il lui semblait en tout cas que la particule de dans un nom de famille indiquait une ascendance noble.

— Très bien, suivez-moi jusqu'à son bureau.

Sophie de Mafart lui emboîta le pas et alors qu'elle marchait à côté d'elle, Peggy ne put s'empêcher de se sentir intimidée… Non seulement, leur visiteuse était une officier et semblait pouvoir aisément se débarrasser du premier malandrin venu, que ce soit par la force ou la ruse, mais en plus de la grande assurance dans sa démarche altière, il y avait aussi une certaine forme d'arrogance. De Mafart marchait avec le menton légèrement relevé et faisait de grandes enjambées, poussant presque Peggy à accélérer son rythme de marche pour ne pas se laisser distancer. C'était comme si la Française avançait en terrain conquis et qu'elle s'estimait supérieure à toutes les autres personnes autour d'elle.

C'est surement une gosse de riche. Ce ne serait pas étonnant si c'est le cas. Elle me rappelle certaines camarades de promo, pensa l'assistante.

Lorsque la porte du bureau de Guillaume, d'autres pensées lui traversèrent l'esprit.

J'espère que ce n'est pas une ex à lui. Ou pire, la femme qu'il voit en ce moment. Il se croit discret mais la petite souris que je suis a bien remarqué son air de temps à autre rêveur et son allure de déterré certains matins.

Elle alla frapper à la porte.

— Oui ? Fit la voix du directeur du CSMD.

— Guillaume. Vous avez une visiteuse.

— Qui ?

— Une jeu…

Une vieille amie ! L'interrompit la visiteuse, parlant dans sa langue natale.

Sophie ? Dit le directeur d'un ton interloqué en reconnaissant sa voix.

Elles l'entendirent se lever et se diriger vers la porte.

Mais qu'est-ce que tu fous là ? Demanda-il tout étonné lorsqu'il l'ouvrit.

Etudiant l'expression de son supérieur, Peggy sut que ça faisait un certain temps qu'il n'avait pas vu cette femme mais qu'il était agréablement surpris de la voir.

Ça n'a pas l'air d'être sa copine, son plan-cul ou je ne sais pas quoi. Ouf. Un gars comme lui mérite mieux, pensa-elle.

J'ai appris que tu bossais ici maintenant. Je passais dans le coin et je me suis dit que je pourrais peut-être passer te dire bonjour, répondit Sophie.

Guillaume s'écarta de l'embrasure de la porte et tendit un bras à l'intérieur de son bureau dans un geste accueillant.

Ben entre, lui dit-il. Merci, Peggy, ajouta-il en anglais à l'égard de son assistante.

Sophie pénétra dans le bureau de son ami et il ferma la porte derrière eux. Il désigna la chaise devant son meuble de bureau.

— Je t'en prie, assieds-toi.

Alors qu'il en faisait le tour pour s'asseoir dans son fauteuil, Sophie pencha la tête sur le côté pour regarder son écran d'ordinateur. Elle remarqua qu'il affichait un article traitant de l'odyssée qu'avaient vécus quatre survivants de la chute d'Isla Nublar, quatre adolescents qui séjournaient dans un certain Camp Crétacé lorsque le volcan s'était réveillé et avait déchaîné sa fureur trop longtemps contenue. Sur la photo associée à l'article, prise des semaines après la catastrophe, juste après qu'ils aient été ramenés sur le continent, elle vit les adolescents en question. Il y avait deux garçons plutôt maigres, âgés de quinze ans, l'un était afro-américain et l'autre blanc avec des cheveux bruns et un visage fin; une costaricaine de seize ans, plutôt costaude avec des cheveux coupés au niveau des épaules ; et l'aînée du groupe, âgée de dix-sept ans, était une fille d'origine moyen-orientale, dotée de longs cheveux noirs et d'un corps svelte et sportif. L'article faisait également mention de deux autres adolescents, qui ne s'en étaient pas sortis et dont les photos étaient affichées plus bas. Il y avait une fille de quinze ans avec des cheveux colorés en rose, et un garçon nippo-américain grand et fin âgé de dix-sept ans.

Sophie nota aussi que Guillaume avait surlignés certains passages de l'article et elle crut voir le mot braconnage dans l'un d'eux.

— Sur quoi tu bosses ? Lui demanda-elle.

— Une histoire de braconnage de dinosaures dans une Isla Nublar post-apocalyptique, répondit-il en remettant ses lunettes. Selon ces gamins, il y aurait eu des cas une à deux semaines après la chute du parc.

— Ils étaient encore sur l'île ? Je croyais que tous les visiteurs encore vivants avaient été évacués le jour de Noël.

— Oui, ils n'ont pas évacué car ils se sont retrouvés dans le nord de l'île après tout un concours de circonstances et ont dû se réfugier en catastrophe dans un bunker lorsque tout un pan du Mont Sibo a glissé et crée une puissante onde de choc qui les aurait pulvérisés s'ils ne s'étaient pas abrités. Ils sont restés coincés sous terre pendant plusieurs jours et ce qu'ils y ont traversés et vu ont failli les rendre dingos. Une histoire de démons des abysses d'après leurs témoignages. Ensuite, ils ont eu des mésaventures avec des dinosaures en liberté et des braconniers, et ont dû fuir par bateau dans les Cinq Morts pour échapper à ces derniers. Et là aussi ils ont eu des emmerdes… Les quatre là l'ont réchappé belle.

— Sacrée histoire.

Guillaume cliqua sur le bouton réduire et l'article disparut de l'écran, ne laissant que le bureau. Il se cala ensuite dans son fauteuil et regarda son amie en croisant les doigts.

— J'ai appris par le biais de ton père que tu as intégré la DGSE, l'informa-il. Félicitations.

— Merci.

— Comment va Jean-Yves, il n'est toujours pas partit en retraite ?

— Mon père va bien, merci. Il a encore quelques années devant lui avant la retraite. Après tous les bons et loyaux services qu'il a rendus, je pense qu'Interpol aimerait le garder encore un peu à son service.

— Je pense aussi. Je suis content qu'il aille bien.

Il marqua une pause puis demanda :

— Vu que tu travailles pour les services secrets de notre cher pays désormais, as-tu déjà rencontré Jupiter 1er en personne ?

Sophie eut un sourire en coin.

— Non, pas encore. Il y a des intermédiaires entre nous.

— Tu as déjà eu des missions ?

— Quelques-unes.

— Où, si ce n'est pas indiscret ? Demanda-il en haussant un sourcil d'un air taquin.

Elle rit et secoua la tête.

— Secret d'état, Guillaume, répondit-elle. Si je t'en dis trop, je serais forcée de te tuer. Tu ne veux pas finir dans la baie à nourrir les poissons ? Je pourrais même faire passer ta mort pour un accident. Tu étais sur les quais bouteille à la main, tu as trop bu et paf, tu es tombé à la flotte et tu t'es noyé. Simple comme bonjour.

Il sourit puis laissa échapper un rire.

— Tu es en mission là ?

— Non. Je suis en vacances.

— Tu es arrivée quand ?

— Il y a quelques jours. Je loge chez un ami, un expatrié. Comme toi.

— Intéressant.

Du coin de l'œil, Guillaume vit une notification apparaître dans le coin de son écran, lui indiquant qu'il venait de recevoir un mail. Sophie vit une certaine lueur apparaitre dans ses yeux et il s'empressa d'ouvrir l'email.

— Tu as reçu une bonne nouvelle ? Demanda-elle.

— Oui. Une amie vient de me prévenir que ses soucis étaient réglés. Un petit démêlé avec la justice.

— Une amie dis-tu ?

Le directeur du CSMD se recala dans son fauteuil, inclina la tête pour la regarder dans les yeux par-dessus les verres de ses lunettes.

— Oui, une amie, insista-il. Et encore, plutôt une relation professionnelle qu'une véritable amie. Tu vois, ajouta-il après un silence, elle a un gamin en bas-âge et un mec, un grand baraqué qui s'occupait d'animaux très dangereux. Et ils s'aiment, profondément. Il me désosserait comme un poulet s'il s'apercevait que j'avais des vues sur sa gonzesse. Il m'a l'air d'être un chouette type mais quand tu le vois en face de toi, tu n'as pas envie de le faire chier, crois-moi. Et je ne chasse pas sur le territoire de quelqu'un d'autre.

— Ce n'était pas l'avis de ton ex-femme…

Guillaume se pinça la lèvre et soupira.

— Ne remets pas ce malentendu sur la table, s'il te plaît.

— Désolée…, s'excusa Sophie avec un sourire. Tu finis quand ?

— A cinq heures et demie.

Sophie regarda l'heure : Il était environ seize heures et quart. Encore une heure et quart.

— Tu as beaucoup du boulot ? Demanda-elle.

— Oh ça oui, en ce moment je dois surtout garder un œil sur la fin de l'Opération Royaume Déchu d'InGen.

— Ouais, j'ai suivi ça vite fait aux infos. Ils vont vendre leurs dinosaures à des zoos au cours d'une soirée dans le manoir d'un vieux quelque part dans le nord de l'état. C'est la semaine prochaine, c'est ça ?

— En effet. D'ailleurs, j'y suis allé il y a une semaine et demie. J'ai pu causer avec le vieux comme tu dis ; le gérant de sa fondation, qui m'a l'air d'être un sacré faux-cul soit dit au passant ; et un certain généticien à la réputation pour le moins… controversée.

— Le professeur Henry Wu ? Devina-elle. Le savant en chef d'InGen ? Celui qui a réussi à récréer les dinosaures il y a plus de trente ans ? Le créateur de l'Indominus rex ?

Guillaume hocha de la tête.

— Toi aussi tu rencontres d'éminentes personnalités dans ton taf, ajouta-elle.

— Oui, et beaucoup sont des cons, dit-il d'un air fatigué. Et après on s'étonne qu'il y ait des incidents quand tu vois les spécimens qu'on peut trouver dans des postes à responsabilité.

Tout en le regardant, Sophie se mit à caresser du bout des doigts le rebord de son pot à stylo.

— Pourquoi tant de morosité ? Tu as un boulot tranquille et plutôt bien payé je suppose, le pire est derrière toi. Si j'en crois mon père, tu en assez vu quand tu étais plus jeune.

— On ne le croirait pas mais on vit une époque charnière. Le monde est en train de changer, et je ne suis pas sûr d'aimer la direction qu'il prend…, déclara-il avec sérieux.

— Si tu le dis.

Après un moment de silence, Sophie ajouta :

— Si tu as beaucoup de travail, je ne vais peut-être pas te déranger plus longtemps.

— Tu restes longtemps à San Francisco ? Demanda-il. On pourrait se voir plus tard si tu veux discuter ?

— Justement, j'étais en train d'y penser. Mais tu n'as qu'à aller venir dîner avec moi et Nicolas ce soir. Si tu es libre, bien sûr.

— Je le suis.

— Allez, je t'invite.

— Ok, cool. Ce sera où ? Chez lui ou ailleurs ?

— Au resto. On va au centre-ville ce soir. On n'a pas encore décidé où précisément. File-moi ton numéro, pour que je te dise où et quand. Je te préviendrais avant que t'ai fini de bosser.

Peu après, ils se levèrent et Guillaume accompagna son amie jusqu'à la sortie du bâtiment.


Notes

Au sujet des campeurs :

Contrairement à leurs versions de la série Netflix, les campeurs ont deux ans de plus. Etant donné que je sous-entends que les événements qu'ils ont traversés sont beaucoup plus dramatiques que ceux de la série Netflix (sans parler de la mort de Brooklynn et de Kenji qui, bien entendu, survivent dans le canon officiel), j'ai décidé de les vieillir pour mieux « faire passer la pilule » (Tout comme Game of Thrones a vieilli les enfants Stark ainsi que Daenerys par rapport à leurs équivalents littéraires à cause de certaines scènes graves dans lesquels ces personnages sont impliqués).