Bonjour à toutes, bonjour à tous !

J'espère que vous avez apprécié le reposant chapitre 18 ! Il était temps de se poser un peu après toutes ces aventures, pas vrai ? Cette semaine les choses bougent à nouveau, alors accrochez-vous les amis ! Comme d'habitude quand je poste un des chapitres que j'aime le plus je flippe bien comme il faut, donc tenez-moi au courant et dites-moi ce que vous en pensez !

Je voulais toutes et tous vous remercier pour vos messages, vous êtes chaque semaine un peu plus nombreux à me lire et ça me touche. On approche des 200 reviews ! C'est dingue ! C'est un peu malheureux mais les reviews, les favs et tout ça font monter les compteurs de FFNet et AO3 et plus ils sont hauts, plus ça attire de monde pour lire... Enfin, c'est comme ça ! Le plus efficace pour attirer de nouveaux c'est encore le bouche à oreille, donc si cette histoire vous plaît parlez-en autour de vous !

Peu de choses à dire cette semaine, si ce n'est le merci habituel ! Et le non-moins habituel shoutout à Pouik et Shik-Aya-chan pour la correction, merci d'être là mesdames, tout ceci serait bien moins bon sans vous !

Bonne lecture !


Chapitre 19

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Détonation sur le Lac Noir


Dans les jours qui suivirent, Albus ne parla plus de ses sentiments à Scorpius. Celui-ci lui avait dit qu'il avait besoin de temps pour y réfléchir et il respectait cela. Il lui laisserait tout le temps qu'il jugerait nécessaire, même s'il mourait d'impatience et qu'il avait de plus en plus de mal à retenir ses élans d'affection pour son ami.

Vivre cloîtré dans vingt-cinq mètres carrés avec le garçon qui emplissait ses rêves et désirs sans pouvoir ne serait-ce que le serrer contre lui quand il le voulait relevait du supplice. Albus se surprenait si souvent à laisser son regard dériver sur le visage de Scorpius, à observer ses yeux bleus candides, ses lèvres souriantes, ses cheveux blonds ordonnés sur la droite, ce que son col de chemise révélait de son torse, qu'il devait se répéter une douzaine de fois par jour de se concentrer et d'arrêter de rêver.

Mais c'était si difficile ! Il ne voyait pas Scorpius comme un simple objet de désir, certainement pas ! Il voulait bien plus que de l'avoir dans son lit, bien que la simple évocation d'une telle chose ne manquât jamais de faire cascader en lui un flot d'émotions si puissant qu'il lui fallait en général quelques secondes pour pouvoir se calmer. Chaque fois qu'ils parlaient, même de sujets sans importance, Albus se sentait un peu plus amoureux de Scorpius. Sa manière de dire les choses, son air toujours si naïf mais bienveillant, son sourire quand il le regardait, son humour constant… Bon sang, il ne pourrait jamais s'en passer ! Il priait, parfois, la nuit, pour que la destinée veuille bien les laisser vivre ensemble toute une vie. Juste une ! Une vie, et puis il ne demanderait plus rien.

Chaque nouveau jour voyait son cœur se gaver de la tendresse qu'il ressentait pour son ami. Toute la force de sa volonté parvenait encore à empêcher ce palpitant traître de prendre les commandes de ses actes, mais pour combien de temps ?

Le weekend qui vint fut l'occasion pour Albus de soumettre aux pires épreuves sa résistance à la tentation. Il avait l'impression que Scorpius complotait pour sa perte tant il multipliait les allers et venues entre son lit et la salle de bains en n'étant vêtu que d'une serviette ou d'un boxer, ou les occasions de se pavaner sans porter de t-shirt. Par exemple, tous les matins, Scorpius avait pris l'habitude de lui faire enchaîner quelques pompes afin de le remplumer un peu et de bien commencer la journée. Eh bien, si les trois premiers jours il gardait son pyjama pour le faire, dès le quatrième il préféra le faire torse-nu, sans raison particulière. C'était plus confortable, disait-il !

Pour un jeune adolescent comme Albus, les matinées n'étaient jamais propices à garder le contrôle sur cette partie de son anatomie. Mais là, avec un Scorpius aux petits soins pour lui et foutrement attirant, il n'avait aucune chance de pouvoir se contrôler. Par chance, il parvenait à rester discret, la position de pompe étant peu encline à dévoiler son état malgré la légèreté de son pyjama.

De plus, les repas s'étaient mués en séances de torture. Il retrouvait toujours les mêmes plats dans son assiette, sans compter que leur lourdeur pesait sur son estomac et qu'il avait par conséquent souvent mal au ventre, ce qui se répercutait sur son humeur générale. Heureusement, le weekend leur permit de décompresser un peu. Ils eurent un peu moins de visites, avec tout de même un passage de Neville qui venait les voir au moins une fois par jour, quelques minutes à peine, pour s'assurer qu'ils n'avaient besoin de rien.

— J'aimerai bien voir Rose, avait un jour demandé Albus.

— C'est encore un peu tôt, Al. Mais je te promets qu'elle sera autorisée à vous rendre visite bientôt. J'attends juste de voir comment votre disparition est vécue par les autres élèves et quelles sont les rumeurs qui vont inévitablement en découler avant de prendre le risque de laisser vos camarades vous rendre visite.

Il s'était ensuite tourné vers Scorpius et avait dit :

— Je suppose que Mademoiselle Bell vous manque également, Monsieur Malefoy.

— Pas vraiment, avait grogné Scorpius à la surprise de son directeur et à la plus grande joie d'Albus.

— Oh… Eh bien elle réclame tout de même de pouvoir vous visiter. Je peux la faire patienter, si vous le souhaitez.

— Je… Je veux bien, merci Monsieur. Je vous dirai quand je serais prêt.

Neville avait alors acquiescé et les avait laissés. Durant le weekend, ils reçurent la visite de leurs deux parents, qui ne paraissaient plus s'inquiéter pour eux. Enfin, en apparence… Car Albus crut déceler à plusieurs reprises des coups d'œil inquiets de Monsieur Malefoy vers l'extérieur, comme pour s'assurer qu'aucun intrus n'était en train d'escalader le mur du château. Ils étaient entre de bonnes mains, à l'infirmerie, mais le père de Scorpius restait inquiet pour la sécurité de son fils. Albus ne trouvait pas cela étonnant, lui qui quelques jours plus tôt lui avait assuré que Poudlard était impénétrable… Il devait s'en mordre les doigts !

Leur temps libre était encore amputé par les brèves mais régulières visites de Madame Shelby dans leur royaume. Si les quelques premiers jours elle ausculta chaque fois Scorpius, elle ne manquait jamais de s'informer de l'appétit ou du sommeil de Albus. Puis plus le temps passa, plus Albus eut l'impression qu'elle se détournait de son ami pour s'attarder de plus en plus longtemps sur lui, à s'enquérir de son poids, ses nuits, ou ce qu'il avait mangé. Il était par ailleurs persuadé qu'elle lui lançait parfois quelques sortilèges de diagnostic, sans savoir ce qu'ils révélaient de lui. Il se résolut à ne pas s'en offusquer car au fond de lui, il lui en savait gré.

Le reste du temps, ils étaient seuls à l'infirmerie. Ils le passaient donc soit à discuter légèrement, soit à jouer aux échecs, lire des livres ou faire des devoirs.

Le mardi suivant, Albus observait Scorpius essayer de tromper son anxiété en lisant, assis sur ses pieds dans le fauteuil au centre de la pièce. Il lui avait emprunté ce roman qu'il avait acheté à Salisbury, sur le type envoyé dans le labyrinthe. Scorpius se demandait s'il allait pouvoir voler ou si son cours particulier n'allait encore qu'être composé d'exercices au sol, puisqu'ils n'avaient pas le droit de sortir de leur chambre. Cette question l'avait torturé toute la matinée si bien qu'il préféra se mettre à lire plutôt que de tourner en rond. Albus appréciait qu'il ait réussi à se calmer de lui-même, car il était épuisant de devoir gérer un Scorpius qui trépignait d'impatience.

Il eut bientôt sa réponse, lorsque Harry arriva avec Drago à quatorze heures pétantes, habillé de pied en cap, avec un Nimbus et son Éclair de Feu dans les mains. À cette vue, Scorpius se redressa sur ses genoux, plein d'espoir.

— Oh, on peut voler ? demanda-t-il d'une voix pleine d'anticipation.

— Tu as deviné, Scorpius. Habille-toi, on va sortir par la fenêtre et on ne mettra pas pied à terre avant de revenir.

— Mais les gens vont nous voir sortir ! s'étonna-t-il tout en trépignant sur place. Cela ne dérange pas Londubat ? Enfin, je veux dire, Monsieur le Directeur ?

— Non. Il a juste dit que les fenêtres savent ce qu'elles font. Je sais pas ce que cela signifie, mais je pense qu'il a pris ses précautions.

Au comble de la joie, Scorpius sauta sur ses pieds, prit sa robe de vol et se jeta dans la salle de bains pour se changer. Il n'attendit même pas d'y être pour enlever son pull aux couleurs de Serpentard. Albus observa son dos nu disparaître derrière le battant de la porte.

— Quant à nous, enchaîna le maître des potions, nous allons avoir besoin d'espace.

Drago agita sa baguette, ce qui plaqua aussitôt les lits l'un sur l'autre au fond de la pièce en laissant à peine à Albus le temps de sauter sur ses pieds. Dans l'espace vide, apparurent trois paillasses pleines de matériel. Il reconnut d'un coup d'œil tous les composants.

— Oh… Vous voulez retenter la potion de perceptivité ? s'inquiéta Albus, anxieux.

— Pas cette semaine. En revanche, oui, j'aimerai le faire la semaine prochaine. Et pour nous assurer d'y arriver, nous allons faire ce que nous aurions dû faire dès la première fois : nous entraîner à récupérer les particules de sérum de saulier !

Albus hocha la tête, un peu rassuré. Se prouver qu'il était capable de faire cette manipulation était sans doute la clé pour avoir confiance en lui le moment venu.

La porte de la salle de bains s'ouvrit sur un Scorpius habillé de pied en cap pour le vol, jusqu'aux lunettes qui lui donnaient un air de martien. Ceci mis à part, ses vêtements lui allaient si bien qu'Albus se sentit rougir en le dévisageant.

— Woah ! Quel bazar, constata-t-il en voyant les paillasses pleines de matériel.

— Tu peux parler ! commenta Albus avec un léger sourire. Tu ressembles à une grosse mouche !

Scorpius lui adressa un discret clin d'œil en guise d'appréciation qui lui chamboula le cœur. Puis Harry lui lança son Éclair de Feu qu'il enfourcha avec impatience.

— Je te laisse rejoindre le milieu du lac. On va s'éloigner un peu du domaine, Scorpius !

Il acquiesça, puis fila comme une flèche à travers la fenêtre de leur petite chambre, qui, au lieu de donner sur la roseraie et la Forêt Interdite, comme à son habitude, offrait une vue plongeante sur le viaduc comme s'ils avaient ouvert l'une des fenêtres de la Tour des Escaliers. La bourrasque qu'il produisit au passage emporta quelques parchemins qui traînaient sur le bureau.

Albus l'observa partir sans pouvoir s'empêcher de se sentir jaloux de voir une fois de plus son ami sur l'Éclair de Feu. Apparemment, son père le remarqua, puisqu'il vint se mettre à sa hauteur, le prit par les épaules, et lui dit :

— Si tu veux, un de ces jours, on ira voler tous les deux, Al. Tu prendras le Nimbus, et on fera un petit parcours. Si je juge que tu te débrouilles assez bien, je te laisserais essayer l'Éclair. Tu en dis quoi ?

— Pour de vrai ? s'illumina Albus, qui n'en croyait pas ses oreilles.

— Pour de vrai !

— Trop cool !

Harry eut un petit rire, puis il lui dit :

— Tu sais, je t'en donne peut-être pas l'impression, mais je suis fier de toi, Al. Continue à exceller en potions, et… courage, d'accord ?

Albus ne savait pas trop pourquoi son père lui disait tout cela, mais il se sentit touché par sa sincérité et sa maladresse. Il hocha un peu la tête, et son père finit par enfourcher son balai et partir par la fenêtre à son tour.

Lorsqu'ils furent seuls, Drago referma la fenêtre, et annonça :

— Bon ! Maintenant que ces babouins nous ont enfin débarrassé le plancher, que dis-tu de faire de la vraie magie un peu ?

Albus ne put s'empêcher de rire.


La fenêtre de l'annexe de l'infirmerie s'ouvrit d'un seul coup dans un fracas sourd, comme une porte que l'on aurait violentée. Scorpius et Harry fusèrent comme deux boulets de canon dans la petite salle, avant de freiner de justesse pour ne pas rentrer dans le mur opposé. Leur arrivée provoqua un tel remous qu'Albus sursauta et laissa échapper son sortilège d'attraction, si bien que des particules de sérum retombèrent dans son chaudron en produisant une petite gerbe de fumée à l'odeur âcre.

Les deux voltigeurs rentraient avec presque une heure d'avance, leur séance interrompue par une pluie battante qui s'était mise à tomber. Au départ, Harry avait trouvé l'occasion intéressante pour s'entraîner à naviguer sous des trombes d'eau, cependant, vint un moment où l'intensité de l'orage fut telle qu'il aurait été dangereux de rester dehors.

— Vous autres macaques à balai ne savez pas entrer dans un lieu sans vous faire remarquer ! s'exclama Drago d'une voix traînante.

— Désolé les losers, les mecs cools sont de retours, faites place ! lança joyeusement Harry.

Albus releva la tête de son chaudron, le visage couvert de suie à la suite de la petite explosion. Scorpius éclata de rire.

— J't'emmerde, Scorp ! grogna Albus en s'essuyant précipitamment.

Scorpius ne parvint pas à répondre, trop occupé à se moquer d'Albus.

Leur retour marqua la fin de séance, car la présence bruyante de deux voltigeurs encore chargés d'adrénaline rendait impossible le travail minutieux des potionnistes. De toute façon, ils s'étaient assez entraînés et Albus était prêt à retenter la potion de perceptivité. Les deux adultes quittèrent les lieux après avoir remis la petite salle en place et souhaité une bonne soirée aux deux garçons.

Albus et Scorpius se retrouvèrent donc l'un face à l'autre, seuls dans l'annexe, l'un avec le visage encore barbouillé de suie, l'autre avec des grosses lunettes qui lui donnaient un air d'insecte et des vêtements dégoulinants. Scorpius était trempé jusqu'aux os et frissonnait de froid.

Albus acheva de se nettoyer le visage dans la salle de bains, puis rejoignit son ami dans la petite pièce.

— Tu as l'air glacé, Scorp…

— Ça allait bien jusqu'à ce qu'on rentre, mais là le fait de plus bouger… Il fait si froid.

— Ben sèche-toi, patate ! Allez, file sous la douche. Je vais aller demander une boisson chaude à Shelby. Et enlève tes fringues mouillées aussi ! À croire que tu aimes être congelé...

— Merci, Al…

Tandis que Scorpius se dirigeait sous la douche, Albus poussa avec précaution la porte de sa chambre en s'assurant que personne ne le voyait. Il y avait bien un groupe de Serdaigles en habits de Quidditch trempés autour d'un lit, mais pas un ne remarqua sa présence. Shelby, en revanche, vit immédiatement pivoter ce pan du mur qui aurait dû rester inerte.

— Cachez-vous, Monsieur Potter ! gronda-t-elle à voix basse en passant. Nous ne faisons pas tous ces efforts pour que vous vous montriez à la première occasion venue !

— Je suis désolé, Madame. Faudrait genre, un bouton pour qu'on puisse vous appeler ou quoi…

Shelby voulut répondre quelque chose de cinglant, mais elle se retint. À la place, elle demanda avec un soupir :

— Que voulez-vous, Potter ?

— C'est possible d'avoir un thé ?

— Non mais dites, vous ne voudriez pas un elfe de maison également ?

— Je suis désolé… S'il faut, laissez-nous une théière et je le ferai volontiers moi-même !

— Je vais vous trouver ça. On ne me paye pas à faire le thé, tout de même…

Elle referma la porte au nez d'Albus. Il retourna dans la petite chambre et patienta un moment, jusqu'à ce que la douche cesse de faire du bruit dans la salle de bains. Quelques secondes plus tard, Scorpius ouvrit la porte, en boxer, tandis qu'il achevait de se sécher les cheveux avec une serviette trop humide.

Comme chaque fois qu'il passait ainsi devant lui, Albus se forçait à détourner les yeux pour éviter de le dévorer du regard, mais c'était foutrement compliqué. Plus le temps allait, plus il avait envie de lui sauter dessus et de n'en faire qu'une bouchée. Il se forçait encore à garder le contrôle de lui-même parce qu'il s'agissait de Scorpius et qu'il ne voulait pas le brusquer. N'importe qui d'autre n'aurait pas eu le droit à de tels égards.

— Scorp… Tu veux bien t'habiller, s'il te plait ?

— Hmm ? Oh, désolé, s'excusa-t-il.

Ce qui était horrible, c'est qu'Albus ne savait pas si ce spectacle visuel que son ami lui offrait était volontaire ou non. Scorpius avait beau ne plus pouvoir ignorer ses sentiments, il avait toujours été impudique dans le passé. Bien entendu, il ne se serait jamais montré ainsi devant une fille, mais il n'imaginait sans doute pas à l'époque qu'Albus puisse être attiré par lui… Et si tel était le cas, comment savoir s'il avait la moindre intention malicieuse ou envie de drague derrière la tête lorsqu'il pavanait son corps parfait et son mignon petit visage devant lui ?

Scorpius enfila les vêtements qu'il portait avant sa séance de sport, avec un air contrarié qui paraissait dire qu'il regrettait qu'on l'y forçât.

— Les Serdaigles s'entraînaient au Quidditch, aujourd'hui, dit Albus pour faire la conversation. Je suppose que c'est Serdaigle contre Poufsouffle ce samedi…

— Oh… Ça fait si bizarre de ne plus être avec le reste de l'école…

— Je préfère te savoir à l'abri, Scorp.

Scorpius lui adressa un regard mi-affectueux et mi-agacé.

— Je ne pense sincèrement pas que les Fils du Phénix retenteront quoi que ce soit de sitôt… Si tu veux mon avis, cette histoire d'isolement c'est un peu n'importe quoi.

Albus n'était pas du tout d'accord. Sa vie lui paraissait à présent si liée à celle de Scorpius qu'il ne pouvait imaginer que quoi que ce soit lui arrivât. S'il devait s'enfermer pendant des mois ici, il préférait cela à devoir subir une vie sans Scorpius à ses côtés…

Il n'eut cependant pas le temps de dire tout cela, car Shelby arriva bientôt avec une théière fumante qui sentait bon l'Earl Grey, au sujet de laquelle elle ne manqua pas de mentionner que ce serait l'unique fois qu'elle servirait ainsi de bonne et qu'à l'avenir, ils pouvaient bien se débrouiller un peu seuls, non mais sans blague…

Bientôt, ils eurent tous les deux une tasse de thé dans les mains. Albus s'était assis sur le fauteuil face au lit de Scorpius, les jambes repliées sous ses fesses, tandis que son ami s'était allongé sur son matelas, la nuque appuyée contre la tête de son lit. Albus aurait eu envie de parler un peu plus de la menace des Fils du Phénix, mais Scorpius paraissait tellement heureux d'avoir volé qu'il n'avait pas envie d'alourdir l'ambiance. Le garçon racontait sa séance de vol avec un grand sourire et des yeux brillants, si bien que le voir ainsi découragea Albus de changer de sujet.

— J'ai l'impression de ne plus trop progresser, expliquait-il. J'espérais étudier la feinte de Wronski, mais ton père refuse de faire des piqués depuis l'accident de la dernière fois. Même le plongeon d'Orazio, il ne veut pas me laisser l'essayer.

— Oh, euh… Il sait que c'est moi qui l'ai provoqué ? s'inquiéta Albus à voix basse en se sentant rougir de honte.

— Non. J'avais beau te haïr de tout mon être après ton sale coup, je n'ai pas pu me résoudre à te balancer... Je n'ai rien dit. À personne.

Albus resta les yeux fixés sur sa tasse de thé. Il ne méritait pas un ami aussi précieux que Scorpius Malefoy… Il se sentait toujours affreusement mal à l'aise en repensant à son manque de lucidité et aux conséquences terribles qui avaient suivi. La douleur de Scorpius, puis sa haine envers lui… Il avait payé le prix fort, et il l'avait mérité.

La conversation sur leurs séances respectives s'éteignit peu à peu, alors ils restèrent ainsi en silence à boire leur thé pendant plusieurs minutes.

— Scorpius ? finit-il par demander après un moment.

— Oui ?

— Tout à l'heure, tu as dit que tu ne voulais pas revoir Oriana… Tu le pensais vraiment ?

Scorpius soupira.

— Oui, mais… Je ne veux pas que tu te fasses de faux espoirs, Al, je ne sais toujours pas où j'en suis avec tout ça… Et avec toi. Je sais juste que la voir ne m'aidera pas… Alors je préfère m'éloigner un peu.

— Je peux te poser une question à son sujet ?

Scorpius lui donna l'impression qu'il aurait préféré ne pas avoir à parler d'elle, mais il n'osa pas refuser. Il hocha légèrement la tête.

— Quand tu l'as embrassée, dans le train… Tu l'aimais, à ce moment ?

— Oh, bon sang, Al ! Tu n'as rien de plus fourbe à me poser comme question ? grommela Scorpius.

Albus fronça les sourcils. Il ne voyait pas trop en quoi sa question était fourbe, au contraire ! La réponse changeait un peu tout : soit Scorpius en était amoureux et il avait décidé d'accélérer les choses en concluant avec elle, soit il ne l'aimait pas et il l'avait embrassée par colère envers lui, parce qu'ils s'étaient engueulés dans le wagon juste avant. Il avait besoin de savoir.

— Je vois pas pourquoi c'est fourbe…

— Parce que ce n'est pas si simple ! Non, je ne l'aimais pas, enfin… Je n'en étais pas, genre, amoureux, mais évidemment elle me faisait un truc…

— Donc tu l'aimais ?

— Non ! Pas comme tu l'entends, je te connais, Al ! J'étais un peu en colère, et je voulais…

— Ah ! interrompit Albus. Donc tu l'as embrassée par colère, parce que tu étais énervé contre moi à cause de la photo !

— Non ! Tu n'écoutes rien, Al ! s'agaça Scorpius.

— Ben explique mieux !

Tous les deux commençaient à perdre patience et à parler avec des tons plus secs qu'ils n'auraient voulu. Scorpius se prit le visage entre les mains.

— Je ne l'aimais pas à fond, expliqua-t-il avec lenteur, mais je voulais accélérer les choses à cause de la photo, oui !

— Tu ne l'aimais pas à fond ? répéta Albus, pas sûr de comprendre.

— Non ! D'autant que je ne la connaissais pas tant que ça…

— Mais si tu la connaissais un peu plus, tu n'aurais pas hésité, n'est-ce pas ?

— Sans doute pas, en effet, admit Scorpius, la voix toujours un peu froide.

— Donc tu l'aimais !

— Ah, mais putain, Al ! Non, bordel, non !

À présent, Scorpius jurait. Il s'énervait. Albus ne comprenait pas ce qu'il essayait de dire, et pourtant il faisait de son mieux !

— Mais tu viens de dire que…

— Mais le monde n'est pas tout blanc ou tout noir, enfin ! s'exaspéra Scorpius. L'amour, ce n'est pas un interrupteur qui passe d'un coup de « off » à « on » ! Sur le moment je ne l'aimais pas spécialement, mais je voulais l'aimer parce que je voulais m'éloigner un peu de toi… Tu comprends ?

— Non… grommela Albus.

Bon, il était un peu de mauvaise foi, mais il n'appréciait pas de se faire enguirlander alors qu'il essayait de comprendre. Il continua :

— Je vois pas ce qu'il y a de compliqué à dire que tu l'aimais, ma question est simple…

— Et ma réponse l'est tout autant, bordel ! rétorqua Scorpius avec véhémence. Tu fais des efforts pour ne pas piger !

— Mais explique-moi, alors ! Tu n'arrêtes pas de dire tout et son contraire, et tu t'énerves tout de suite ! Alors que je pose une simple question…

Scorpius prit une longue inspiration pour essayer de se détendre. Il n'avait pas envie de ruiner cette soirée en s'engueulant avec lui pour rien.

— Ok… Ok. Désolé de m'être emporté. C'est vraiment pas si compliqué, Al.

— C'est pas compliqué, mais tu refuses de m'expliquer !

— Oh putain ! gronda Scorpius en sautant hors de son lit.

Le garçon paraissait avoir envie de donner un coup de poing dans un mur. Il arpentait la pièce d'avant en arrière, comme un lion en cage. Albus, le visage toujours empourpré, avait les poings serrés et refusait de lâcher l'affaire. Il ne comprenait pas pourquoi c'était si compliqué que cela de lui expliquer de quel côté il se situait ! Scorpius s'arrêta près de la fenêtre et fixa le paysage. Les arbres de la Forêt Interdite bruissaient dans le vent, elle paraissait être si pleine de vie et de possibilités…

— Je… Je crois que j'ai besoin d'air, dit-il d'une voix fébrile et en détachant bien les mots.

— De… Hein ? balbutia Albus, surpris par le changement soudain dans l'attitude de l'autre garçon.

— J'ai besoin d'air, Albus. Je suis enfermé ici depuis bientôt une semaine, je vais devenir fou si je ne sors pas.

Albus sentit son cœur accélérer dans sa poitrine, tandis qu'un poids dans son estomac se faisait de plus en plus présent. Il ne savait pas pourquoi l'idée que Scorpius ne le laissât là l'horrifiait autant, mais il n'avait pas le temps d'analyser les raisons. À la place, il laissa son cœur parler pour lui.

— Mais tu viens de passer des heures dehors !

— Avec ton père et en cours, ce n'est pas pareil. J'ai besoin de me balader !

— Mais… Mais il pleut des cordes !

— Je comptais attendre ce soir, à vrai dire. Mais même s'il pleut encore, je mettrais ma grosse cape, ça ira, Al…

— Mais… Tu vas pas me laisser là, si ? couina-t-il d'une voix aigüe, abandonnant toute idée de trouver une excuse valable pour le convaincre de rester.

— Comment ça ? Je n'en ai pas pour longtemps, je…

— Non, mais… Je… Si tu n'es pas là… Je peux pas…

— Hey, calme-toi, Al ! Je veux juste aller me balader autour du lac !

— Je… Je…

Albus ne savait pas d'où lui venait cette panique soudaine, mais l'idée d'avoir Scorpius loin de lui le terrifiait, surtout avec la menace des Fils du Phénix dans l'air ! Son ami, heureusement, n'était pas insensible à sa fébrilité, sa respiration saccadée et son air perdu, et lui proposa pour finir :

— Tu n'as qu'à venir avec moi, si tu veux.

Scorpius l'observait d'un œil inquiet, ce qui n'était pas très étonnant. C'était la première fois qu'il se mettait dans un tel état pour une raison aussi absurde. Cela ne s'était jamais produit auparavant…

— Vraiment ? murmura Albus dont le soulagement était audible.

— Mais oui…

— Oh, merci, Scorp ! Je… Merci…

Il était si rassuré d'un seul coup, c'était à n'y rien comprendre. Surtout que de le laisser venir avec lui ruinait toutes les raisons d'être de la petite sortie clandestine de Scorpius, mais tant pis. Il ne pouvait rester insensible à la détresse d'Albus.

Réconforté par la proposition de son ami, Albus retrouva son état normal sans tarder. Il leur restait un petit problème à résoudre :

— Comment tu comptes traverser l'infirmerie, au fait ? s'enquit Albus.

— Je pensais partir ce soir, après la dernière visite de Shelby. Tu as toujours la Carte du Maraudeur ?

Albus acquiesça. Le plan était donc fixé, et après un nouveau dîner où il se força à manger autant qu'il pût, les deux garçons préparèrent leur petite virée. Le soleil était couché et les nuits restaient fraîches en cette fin de mois de mars, ils devraient s'habiller chaudement. Au moins, il s'était arrêté de pleuvoir.

Shelby était venue pour la dernière visite de la journée quelques minutes avant, si bien qu'ils avaient à présent le champ libre. Albus apprécia se mouvoir dans les couloirs comme une ombre tout en étant accompagné de Scorpius. C'était un exercice qu'il était bien plus drôle de partager que de pratiquer seul.

Ils parvinrent à rejoindre le Grand Hall sans trop d'efforts, si bien qu'après quelques minutes supplémentaires, ils marchaient enfin autour du lac, entre la plage de galets et la lisière de la forêt. Ils étaient muets, tous deux appréciaient le silence bruyant de cette nuit de printemps. La vie perlait à travers la forêt, et ses sons emplissaient l'espace comme autant de petites étoiles brillantes au-dessus d'eux. La pénombre les enveloppait avec grâce, ils marchaient côte à côte sur le sol humide en profitant de l'air frais et chargé des effluves de l'orage de l'après-midi. La Lune resplendissait au-dessus d'eux de telle sorte que son éclat se reflétait dans les ondulations du lac.

Arrivés à la limite du domaine, marquée par un mur de pierre qui partait du lac et s'enfonçait dans la Forêt Interdite, ils s'arrêtèrent et décidèrent de s'asseoir sur un roc qui jouxtait les vaguelettes sur la plage. La pierre plate était suffisamment vaste et confortable pour qu'ils y soient tous les deux bien installés, l'un contre l'autre, quoiqu'ils durent y étaler leurs capes afin de les protéger de la roche froide et humide.

Scorpius s'était étendu de tout son long. Il avait les mollets croisés et se soutenait le haut du corps de ses deux mains, comme une chaise longue. Albus, moins expansif, ramena ses genoux contre son torse, les entoura de ses bras, et perdit son regard dans l'horizon. L'air était frais, mais chargé de cette odeur lacustre des algues et de la vie sous-marine.

— Je commençais à devenir fou dans notre placard à balais, murmura Scorpius lorsqu'ils furent installés, perdu dans la contemplation de l'eau et des reflets argentés des rayons de lune.

Albus ne répondit rien. Il préférait profiter du petit vent qui soufflait entre eux. Maintenant qu'ils n'avaient plus leurs capes, ils auraient vite pris froid s'ils n'avaient été aussi proches l'un de l'autre. Il dut réprimer une envie de se blottir contre le corps chaud de Scorpius.

Il repensa à la panique qu'il avait ressentie dans la chambre, lorsque Scorpius lui avait annoncé vouloir partir sans lui. Cela lui était venu sans qu'il ne sache d'où, mais il avait identifié une chose : c'était entièrement lié à son ami. L'idée seule que Scorpius fusse loin de lui pendant quelques heures avait suffi à le terrifier ainsi. Il soupira.

— J'peux même plus être éloigné de plus de trois mètres de toi… murmura-t-il tout à coup.

Scorpius hocha doucement la tête.

— Oui, je… Je ne m'attendais pas à ça, dans la chambre…

— Je sais pas ce qui m'arrive, Scorp… Je… Je pensais savoir un peu ce que ça voulait dire, d'être amoureux, mais… Ça fait trois jours que je ressens des trucs, je te jure, c'est incompréhensible. C'est pas de l'amour, ce que je ressens, c'est…

— Comment ? Pas de l'amour ? répéta Scorpius, confus et une pointe d'anxiété dans la voix qu'Albus ne manqua pas de noter.

— Ouais. J'ai l'impression que c'est plus fort encore. Plus fort et plus violent. En janvier, j'ai essayé de tout rejeter en bloc, tu sais, de me dire que ce n'était pas possible, que je ne pouvais pas être amoureux de toi… Merlin ! L'idée me révoltait ! Et ça m'a bouffé, vieux, ça m'a bouffé comme jamais ! J'étais incapable de manger, de dormir… J'avais envie de me laisser crever sans sourciller… Et puis y a d'autres trucs. Genre ne pas savoir si tu vas m'accepter ou me repousser, c'est dur, Scorp… Et j'apprends encore aujourd'hui que cette chose que j'ai en moi est capable de me faire paniquer rien qu'à l'idée d'être loin de toi… Je… Je flippe, Scorp ! Je ne sais pas d'où ça vient, tout ça, mais c'est pas normal. Je crois que je vais devenir fou…

L'autre garçon ne répondit rien. Son regard était perdu au loin et sa respiration restait calme, il ne laissait rien transparaître de ce qu'il ressentait. Albus, mal à l'aise avec ce silence, préféra continuer :

— J'essaye de me mettre à ta place, aussi… Ça doit être affreux, pour toi…

Scorpius tourna la tête et le fixa, l'air curieux et sans rien dire. Il avait des yeux brillants, mais Albus ne sut s'ils étaient ainsi parce que ce qu'il disait le touchait, ou à cause du petit vent froid qui soufflait sur le lac.

— J'suis désolé, Scorp, implora soudain Albus en sentant ses yeux devenir humides à leur tour. J'suis désolé d'être tombé amoureux de toi… Je… C'est indigne d'un ami, et j'aimerais tellement pouvoir te dire qu'Oriana est une fille super et que je suis heureux pour vous, tu imagines pas comme j'aimerais ! Mais, c'est… C'est au-dessus de mes forces. Chaque instant où je la sais avec toi me tue à petit feu, savoir qu'elle a volé tout ce que j'aurais aimé découvrir avec toi me fait tellement enrager… J'aurais trop voulu, Scorpius, mais je te jure, je ne peux juste pas… C'est horrible…

— Albus… Ne t'excuse pas.

Il tourna la tête vivement et ils se fixèrent de nouveau. Albus était surpris par la voix chargée de larmes de son ami. Son visage était tendu, ses yeux humides. Il se retenait de pleurer.

— Tu te souviens de cette fois, dans le jardin du manoir, le jour de l'enterrement de ma mère ? continua-t-il, la voix tremblante.

Albus hocha la tête. S'il s'en souvenait ? Ha !

— Je… Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que ta présence au manoir a représenté pour moi, Al. J'étais seul, j'étais dévasté, et tu étais là. Tu m'as tiré vers le haut, tu m'as aidé à passer cette épreuve en étant le meilleur putain d'ami dont j'aurais pu rêver. Et en même temps, il y avait… Il y avait cette chose, ce truc… C'est difficile à expliquer, mais chaque fois que je te voyais, je me disais qu'il ne pouvait pas exister d'être humain plus parfait que toi. C'est idiot, dit comme ça, et je me sens idiot de le répéter, mais… Al, ce soir-là, tu sais, dans le jardin ? Tu me massais, et on avait un peu bu, et l'air était frais, et… et… Je voulais t'embrasser, Al.

Albus ne put retenir un gémissement de surprise et de souffrance à la fois. Bordel. Putain de bordel de merde ! Tout aurait effectivement pu basculer ce soir-là. Il en avait la preuve, désormais.

Scorpius continua :

— C'est… C'est une idée qui m'est passée dans la tête pendant un instant, et sur le moment je voulais tellement que ça se produise et… Enfin, voilà, ça ne s'est pas produit, et dès le lendemain je me disais que c'était stupide d'avoir espéré cela et je n'y ai plus jamais repensé. Mais, depuis que… depuis que je sais ce que tu ressens… Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'auraient été nos vies si je t'avais embrassé, Al…

Albus sentait l'adrénaline couler dans ses veines à présent. Son cœur, son âme, tout le poussait à franchir le pas. Il devait profiter de ce moment.

— Ce n'est pas trop tard, Scorp, murmura Albus.

— Je… Tu crois ? répondit-il, la voix aigüe.

Alors, comme pour lui prouver, Albus rassembla tout le courage et la témérité qu'il fut capable d'amasser en son cœur pour s'approcher doucement du visage innocent et anxieux de son ami. Le temps de quelques infinies secondes, il laissa leurs lèvres s'effleurer dans une caresse distante, vague, mais pleine de promesses… Scorpius ne bougea pas, il ferma juste les yeux et laissa la chose se produire. C'était doux, chaud, Albus sentait le souffle de son ami sur son visage et l'odeur de son parfum ; son cœur tambourinait dans sa poitrine et sa tête paraissait si légère… Il avait envie de tellement plus que cela, mais d'un autre côté, il était incapable de se pousser à compléter le baiser.

Il n'eut pas à le faire. Après quelques secondes de cette petite caresse, agissant d'instinct, presque avec violence, Scorpius l'attrapa par les épaules et l'attira à lui. Leurs lèvres se rencontrèrent avec force, et pourtant, dans cet instant rude, tous les deux sentirent une tendresse infinie pour l'autre envahir leurs veines.

Albus gémit du fond de la gorge. Il s'aperçut que son cœur s'était mis à battre comme un canon dans sa poitrine. Il avait le souffle coupé tant par le baiser que par la force des émotions qui se mirent à tempêter en lui. Il l'embrassait ! Bordel de merde, il l'embrassait ! Les yeux fermés, Albus profitait de cet instant comme d'une résurrection. Plus rien n'existait autour de lui, plus rien excepté cet adorable garçon blond qui le tenait contre lui avec une force désespérée et qui l'embrassait comme si sa vie en dépendait.

Au milieu de son torse, Albus sentit quelque chose crépiter, comme une force étincelante qui cherchait à s'échapper de lui. Bientôt à court d'air, ils se séparèrent de quelques centimètres à peine avant qu'Albus, cédant aux ordres de la tempête qui hurlait en lui, ne fasse basculer Scorpius sous son corps et ne l'embrasse à nouveau. Cette fois, ce ne fut pas que leurs lèvres qui se touchèrent, mais aussi leurs langues et tout leur être. C'était improvisé, c'était maladroit, mais qu'est-ce que c'était bon ! Albus se sentait à sa place dans le monde, ici, sur ce rocher, contre Scorpius, à l'embrasser, à le serrer contre lui, à parcourir ses joues, ses épaules et son corps de ses mains…

D'un seul coup, ce qui crépitait en lui s'échappa avec un bruit de détonation. À cet instant, telle une déferlante, une vague d'une énergie nouvelle prit possession de tout son corps. Il ne mit pas longtemps à se rendre compte que c'était de la magie, mais surtout que ce n'était pas la sienne ! Comme un tsunami, la magie de Scorpius venait de pénétrer son corps, ses veines, ses muscles et tous ses nerfs comme si elle avait toujours été sienne.

Ils se séparèrent, cette fois pour de bon. Ils rouvrirent les yeux tous les deux pour la première fois. L'air autour d'eux crépitait d'un millier de petites étincelles qui disparurent bientôt, les laissant seuls, l'un contre l'autre, lessivés après ce qu'ils venaient de subir.

— Albus… Bon sang… Qu'est-ce qu'on a fait ? murmura Scorpius, qui donnait l'impression de croire qu'il était dans un rêve.

— J'sais pas… Mais c'est foutrement bon.

Scorpius rit, d'un rire clair et franc. Albus se rendit compte alors d'une chose : il pouvait sentir la joie de Scorpius dans son esprit. Son rire résonna en lui autant qu'il résonna dans ses oreilles, c'était une sensation si particulière ! Et à en croire l'expression ahurie de son ami, il était en train de prendre conscience de la même chose de son côté.

La coupe émotionnelle pleine, les deux garçons décidèrent de rentrer. Ils pourraient continuer cette conversation sur le chemin.

— Al… C'est trop étrange, je… Tu le sens aussi ?

— Je crois, oui. Ça fait tellement bizarre, Scorp, j'ai l'impression de savoir ce que tu vas dire à l'avance. Tu crois que c'est lié à ce que je racontais tout à l'heure ?

— Je n'en sais trop rien…

— Je crois que je vais demander à Neville de nous expliquer. Il en sait plus que ce qu'il nous dit depuis le début, et il est temps qu'on sache, tu crois pas ?

Scorpius approuva. Ils approchèrent de la Cour Carrée, et avant qu'ils ne pénètrent le château, Albus demanda, la voix débordante d'espoir :

— Est-ce que ça veut dire qu'on est ensemble ?

— Chaque chose en son temps, Al, tempéra Scorpius. Je… J'ai besoin de la nuit pour analyser ce qu'il vient de se passer, ça te va ? On parle de ça demain.

— D'accord. Mais je vais te tanner à la première heure, demain, je te préviens…

Scorpius s'arrêta tout à coup. Albus s'immobilisa à son tour, surpris.

— Al… Tu es tellement bête et adorable quand tu te mets à stresser comme ça…

— Je… Ah ?

— Oui. Calme-toi, vieux, car s'il y a bien une chose dont je suis sûr... C'est que j'ai adoré ce qu'il vient de se passer.

— Pour de vrai ? s'exclama Albus avec un sourire éclatant.

— Oh oui…

Scorpius l'attira contre lui dans un genre de demi-câlin, l'embrassa du bout des lèvres, puis se remit à marcher vers le château en le plantant sur place. Albus secoua la tête et le rejoignit.

Il ne s'était jamais senti aussi heureux, extatique et privilégié de toute sa foutue vie.


Merci de m'avoir lu ! J'espère que ça vous a plu autant que j'ai aimé écrire tout ça !

Je peux pas vous dire quel plaisir ça a été de les faire enfin s'embrasser... Oh vraiment j'ai trop hâte de lire vos réactions. Cette fois c'est parti, les barrières infranchissables sont dépassées, les bizarreries de l'effet Pewden libérées ! Pour le prochain chapitre, donc, il va être temps pour Scorpius de se poser avec lui-même et de réfléchir un peu à sa vie. Comment réagit-il à tout ça ? Quelle est l'évolution de son petit monde depuis qu'il est dans l'infirmerie ? La réponse vendredi 11 novembre pour le chapitre 20 qui s'intitule tout simplement Scorpius Malefoy.

Je disais tout à l'heure que les reviews et les favs avaient un effet d'attraction sur les nouveaux lecteurs et lectrices et c'est vrai, en fait c'est comme un pouce bleu sur Youtube. Plus y en a plus les gens viennent ! Les reviews sont touchantes, et même si vous n'avez pas le temps d'écrire autre chose que "j'ai aimé merci" ça me va ! Vous avez pris un peu de temps pour moi et je ne peux qu'en être reconnaissant, et puis les compteurs augmentent et le référencement aussi. C'est pour ça que c'est très important !

Merci à toutes et tous de me lire, et à la semaine prochaine !