Bonjour ! ^^

Un immense merci à Rinku13, AliFantasque, Petite-Licorne-Arc-en-Ciel, Destrange, Silverbutterfly209 et Moony-Ducky pour leurs chaleureuses reviews ! Ça fait toujours plaisir ! :)

(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling. L'inspiration provient tout droit du film "The Hangover".)

Bonne lecture !


Chapitre 5 ― Le professeur abusé

― Bon, récapitulons, dit Remus pendant qu'ils quittaient Pré-au-Lard sur le chemin du château. Nous sommes arrivés déjà bourrés aux Trois Balais, on a fait la fête avec Rosmerta et ses deux amies…

― On a diverti tous les clients de l'auberge, continua Sirius en donnant un coup de pied dans un caillou.

― On a fait un concours de la plus belle queue, reprit Remus.

― Et tu as gagné, dit Peter en le regardant d'un air admiratif. C'est avec toi que voulaient coucher les filles.

― Je les ai repoussées, rappela Remus d'un ton ferme.

― Et elles me repoussaient, dit Sirius en se frottant la nuque. Elles se sont moquées de moi en me lançant ce pari ridicule… que j'ai accepté de relever comme le plus sombre des crétins.

― Ensuite, McGonagall est arrivée, a vu ma queue encore sortie, t'a vu toi, Queudver, sur le point de faire entrer une quatrième ombrelle dans… heu…, elle nous a ramenés au château de force, on a fait du grabuge à l'infirmerie en exaspérant Madame Pomfresh, tu as bu un laxatif, Patmol, ensuite, d'une quelconque manière, on s'est sauvés à la Cabane hurlante, là où les amies de Rosmerta nous ont rejoints, probablement parce qu'on ne pouvait pas coucher au château avec elles ni se prendre une chambre aux Trois Balais d'où on venait d'être jetés dehors. Voilà.

Sirius soupira.

― Il reste encore des trous à élucider dans cette histoire, fit-il remarquer.

― Je sais, ça n'explique pas tout, concéda Remus.

― Ça explique au moins pourquoi j'ai le gland enflé, dit Peter en se grattant furtivement l'entrejambe. Ces filles-là étaient en feu.

― Peut-être, dit Remus, mais ça n'explique pas pourquoi Rogue était avec nous dans la Cabane hurlante, en caleçon et ligoté, pourquoi exactement les Serpentard nous courent après, et surtout, pourquoi Cornedrue a disparu. J'espère vraiment que McGonagall en sache un peu quelque chose… mais sans trop non plus…

Remus était toujours terrifié à l'idée d'aller voir le professeur McGonagall et d'affronter ses yeux perçants. Ses instincts lui commandaient encore d'aller se planquer d'urgence afin de s'éviter les pires hontes. Mais il ne pouvait pas. Il devait rester auprès de Sirius et Peter et aller jusqu'au bout pour découvrir enfin le fin fond de l'histoire.

― Si c'est vraiment Rogue qui nous a jeté un mauvais sort, murmura Remus, alors il doit être bien embêté de s'être fait prendre par sa propre connerie. À moins que ce ne soit pas lui le coupable ?

― Si, c'est Servilus le coupable, j'en suis sûr, affirma Sirius avec mépris. C'est à cause de lui qu'on a fait toutes ces conneries et c'est sans doute pour ça que les Serpentard nous cherchent.

― Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Remus.

― Ils ont peur qu'on parle, c'est évident, expliqua Sirius. Parce que c'est eux qu'on va renvoyer de l'école si McGonagall ou Dumbledore apprend ce qu'ils nous ont fait.

― Peut-être pas à ce point, songea Remus en réfléchissant. Si c'est eux, ils vont perdre des points et écoper plusieurs retenues, mais être renvoyés… ? Et puis, ça n'a pas de sens, si Rogue est de mèche avec ses amis, pourquoi ses amis lui en veulent ? Et pourquoi il était aussi dans la Cabane avec nous ?

― Parce que son maléfice a été plus puissant que prévu ? avança Sirius en haussant les épaules.

Remus fronça les sourcils, non convaincu.

― Il faudrait d'abord s'interroger sur la raison pour laquelle Rogue nous aurait lancé un maléfice, dit-il. Et quel maléfice ? Connaissez-vous un maléfice qui rend quelqu'un complètement défoncé au point de tout perdre la mémoire le lendemain ?

― Ce ne serait pas la première fois que Servilus invente des maléfices, marmonna Sirius avec hargne.

― Ouais, c'est vrai, appuya Peter qui marchait derrière eux sans faire de bruit. Moi aussi, je pense que c'est Servilus.

Ils arrivèrent aux portes du château, entrèrent dans le hall en se mêlant aux quelques élèves présents et montèrent l'escalier de marbre.

― Est-ce que McGonagall est toujours là, Queudver ? interrogea Remus tandis qu'ils retournaient à son bureau.

― Je jure solennellement que mes inten… ah, elle était déjà activée, dit Peter en rabaissant sa baguette.

― Imbécile, lança Sirius en lui assénant une légère claque derrière la tête. Combien de fois il faut te rappeler de l'effacer après chaque usage ? Je n'ai pas envie que quelqu'un tombe là-dessus, Rusard par exemple, et qu'il nous la confisque.

― J'ai juste oublié ! protesta Peter avec agacement. Ça arrive.

Tout en restant à l'écart des autres élèves autour, il baissa les yeux sur la carte et la consulta en frottant distraitement sa nuque grasse.

― Elle est toujours à son bureau, informa-t-il. Elle n'a pas bougé.

― Merde, jura Remus en se passant une main dans les cheveux. Pourvu, vraiment, qu'elle ne soit pas stupéfixée !

― Elle fait de la correction, tempéra Sirius comme pour se forcer à rester optimiste. Elle passe des heures à faire de la correction ou à remplir des papiers. C'est normal qu'elle reste longtemps à son bureau. Voilà. Il faut croire ça. Et ferme la carte, Queudver !

― Méfait accompli, formula Peter avant de ranger sa baguette et la carte dans ses poches.

Ils s'approchèrent du bureau du professeur McGonagall. Remus s'assura instinctivement que le couloir soit désert, hésita un moment, puis frappa à la porte.

― Professeur ? appela-t-il d'une voix qu'il s'efforça de maîtriser dans l'espoir de paraître moins terrorisé qu'il l'était. C'est encore nous…

Il attendit un moment dans le silence, mais personne ne lui répondit.

― Il va falloir défoncer, déclara Sirius avec gravité. Je veux bien croire qu'elle est occupée, mais si elle ne répond toujours pas, ça devient trop louche.

― Professeur, s'il vous plaît ! supplia Remus dans une nouvelle tentative. C'est important !

― Répondez sinon on défonce ! s'écria Sirius d'un ton menaçant.

Remus tressaillit en le faisant taire d'une poussée sur le torse.

― Tu es con ou quoi ? chuchota-t-il avec affolement. Si elle t'a entendu…

― Elle arrive, je l'entends, couina Peter en reculant d'un bond, comme subitement effrayé.

― Merde ! s'étrangla Remus en percevant à son tour les bruits de pas vifs dans le bureau.

Avec un grincement sec, la porte s'ouvrit à la volée et le professeur McGonagall apparut devant eux. La posture raide, l'air furieux, quelques mèches noires de son chignon habituellement serré retombant sur ses joues, elle les foudroya d'un regard derrière ses lunettes rectangulaires, aux yeux rouges et un peu bouffis, comme si elle avait pleuré durant toute la matinée. En la voyant, Remus sentit son cœur sombrer dans sa poitrine.

― Mais…, balbutia-t-il, éminemment timide. Est-ce que… est-ce que ça va… ?

― Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle sèchement.

― Vous parler, répondit Sirius en échangeant un regard mal à l'aise avec Peter. Vous parler de… heu… d'hier soir…

Le professeur McGonagall frémit de frayeur en vérifiant aussitôt les deux côtés du couloir comme pour s'assurer que personne ne se promenait dans les environs.

― Ne parlez pas de ça ici, imprudents ! gronda-t-elle avec colère. Entrez !

Elle s'effaça de la porte d'un pas de côté et ils s'avancèrent dans le bureau en se regardant avec un mélange de malaises et de terreur. Selon Remus, que le professeur McGonagall ait pleuré était pire que si elle avait simplement été stupéfixée. Telle une furie, elle fit claquer la porte derrière eux, la verrouilla d'un sort et l'insonorisa de surcroît. Peter laissa échapper un petit cri en se cachant derrière Sirius qui ne paraissait pas tellement plus assuré. Remus recommença à tordre sa cravate.

― Hum…, hésita-t-il sans savoir quoi dire exactement. En fait… heu…

― Qu'est-ce que ça signifie ? demanda brusquement le professeur McGonagall en se plantant devant eux, les bras croisés. Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Vous n'avez tout de même pas parlé ?

― Parlé de quoi… ? interrogea Sirius.

― Ne jouez pas aux innocents ! s'emporta le professeur McGonagall, le poing contracté, comme si elle se retenait de les frapper.

Remus ne l'avait jamais vue dans cet état. Ses yeux rouges lançaient des éclairs derrière ses lunettes et son teint avait blêmi de rage.

― Nous avions une entente ! reprit-elle d'une voix tremblante. Vous gardez le silence sur cette affaire et je ne vous renvoie pas de l'école !

― Ah oui ?

Le professeur McGonagall transperça Sirius d'un regard si redoutable qu'il se tut immédiatement en faisant mine de comprendre.

― Je veux dire, ah oui, bien sûr, nous avions une entente, glapit-il avec un sourire nerveux.

― Vous n'avez pas l'air de bien mesurer la gravité de la situation, remarqua le professeur McGonagall.

― C'est parce que…, commença Remus, mais elle l'interrompit.

― Où est Potter ?

Remus se tourna brièvement vers Sirius et Peter, qui haussèrent les épaules en même temps.

― Je… On n'en sait rien, répondit Remus.

Le professeur McGonagall émit un rire exaspéré.

― Toujours aussi délurés, vraiment, déplora-t-elle en calant une mèche de son chignon derrière son oreille. Je suppose que c'est lui qui vous racontera tout en cas de perte de mémoire subite ? Avez-vous aussi écrit tous les détails quelque part de votre main pour bien vous aider à y croire ensuite ? Tellement intelligents et si stupides à la fois…

― Qu'est-ce que vous voulez dire ? demanda Remus dont le cœur se mit à battre à toute vitesse. James va tout nous raconter ? Je veux dire, il se souvient de… ?

― Je ne vais pas vous jeter de sort d'amnésie, interrompit de nouveau le professeur McGonagall, d'une voix plus rauque, l'air désespéré. J'assume mes actes. Mais je vous en prie, respectez notre entente. Ma carrière est finie si on apprend que j'ai…

Elle ferma les yeux en inspirant par le nez comme pour se donner du courage.

―… que j'ai couché avec un élève, acheva-t-elle enfin, dans un souffle tremblant.

Une douleur éclata dans les genoux de Remus qui venait de se laisser tomber brusquement par terre. Tout à coup, il n'arrivait plus à respirer tant l'horreur lui serrait la gorge. Sirius et Peter, bien qu'ils soient restés debout pour leur part, s'étaient également figés dans une stupéfaction muette. Avaient-ils réellement bien compris ? Étaient-ils vraiment allés jusque-là ?

― Mais enfin ! s'exclama le professeur McGonagall, surprise de leur réaction. Qu'est-ce qui vous prend ?

― C'est… c'est trop…, haleta Remus, les yeux fixés au sol, pétrifié. C'est trop… abominable…

― Bien sûr que ce l'est ! approuva le professeur McGonagall sur un ton d'évidence. Mais vous m'inquiétez ! Dites-moi au moins que vous avez su garder le silence, Lupin ! Dites-moi que vous n'êtes pas déjà allé raconter à qui veut l'entendre que nous avons…

― Moi ? s'étrangla Remus en relevant des yeux traumatisés. C'est avec moi que… que vous… ?

― Oh putain ! lâcha Sirius avant de réprimer un fou rire.

Peter pouffa également contre son poing, le regard s'humidifiant d'hilarité.

― Ce n'est pas drôle ! s'indigna Remus en les fusillant des yeux.

― Si, ce l'est, dit Sirius d'un air désolé. Tu… tu as couché avec… Putain, Lunard, mais tu gagnes ! De toutes les bêtises qu'on a faites hier, la tienne remporte le trophée, c'est sûr !

― Pourquoi parlez-vous comme si vous n'étiez pas au courant ? se méfia le professeur McGonagall.

― Parce qu'on n'en savait rien ! s'esclaffa Sirius qui continuait de ricaner avec Peter. Absolument rien !

― Ne me prenez pas pour une idiote, je me rappelle très bien de vous avoir vu entrer en trombe ici, sans même frapper, pendant que lui et moi étions encore sur le bureau…

Sirius éclata d'un rire encore plus fort, tels des aboiements essoufflés se répercutant dans la pièce.

― Sur le bureau en plus ! se moqua-t-il. Oh, ça, c'est fort, Lunard ! Je suis fier de toi !

― Ta gueule ! s'écria Remus en se relevant d'un bond, les oreilles bourdonnantes de honte. Ta gueule, Patmol, ta gueule !

― Alors, c'était vrai, constata Peter en souriant d'un air triomphant. Tu l'aimes vraiment. Je savais que ce n'était pas juste de l'admiration.

― La femme de ta vie, que tu disais toi-même aux Trois Balais, rappela Sirius, narquois. Tout en méprisant Karline…

Remus se jeta brutalement sur Sirius et le plaqua contre le mur. Le professeur McGonagall protesta d'un cri, mais Remus l'ignora.

― Je n'ai pas couché avec elle ! nia-t-il en respirant bruyamment, les dents serrées. Je n'aurai jamais fait ça de toute ma vie, c'est complètement ridicule ! Et puis, personne n'a de preuves de ça !

― Mais non, tu as raison, dit Sirius en cessant de sourire pour paraître plus sérieux. Les suçons dans ton cou et les griffures dans ton dos sont loin d'être des preuves…

Mais ta gueule, j'ai dit ! paniqua Remus en le secouant par les épaules.

La honte lui était si cuisante que l'idée même de tourner la tête vers le professeur McGonagall lui était insupportable. Il aurait souhaité qu'elle parte, qu'elle ne reste pas là à les écouter en silence, sans plus rien dire. Si elle pouvait au moins se remettre en colère et les foudroyer d'un sort. Remus se sentirait déjà mieux s'il pouvait avoir très mal quelque part de sorte à ne plus pouvoir penser du tout.

― Je ne lui ai pas fait ça, Patmol, je t'en prie, gémit-il en le relâchant finalement pour essuyer les larmes qui lui montaient eux yeux. Dis-moi que je ne l'ai pas touchée… pas fait mal… Dis-moi que c'est un rêve… un cauchemar…

― Ce n'est pas à moi que tu dois dire ça, murmura Sirius en regardant par-dessus l'épaule de Remus.

― Je ne peux pas la regarder en face ! Je veux disparaître…

Il y eut un silence seulement entrecoupé des reniflements de Remus qui refusait toujours de se retourner. Derrière lui, le professeur McGonagall ne prononçait toujours pas un mot. Peter avait ressorti de sa poche le petit parasol déchiré avec lequel il joua d'un air mal à l'aise.

― Lupin…, dit enfin le professeur McGonagall avec douceur. Vous ne m'avez pas fait mal…

Remus eut une exclamation d'incrédulité.

― Vous avez pleuré…, marmonna-t-il en fixant résolument le coin du mur.

― Oui, c'est vrai, avoua-t-elle. Mais c'était surtout de regrets. Enfin, comprenez-moi, je…

Elle s'interrompit.

― Laissez-moi seule avec lui, voulez-vous, reprit-elle à l'adresse de Sirius et Peter. Vous pouvez l'attendre dans le couloir, ce ne sera pas long.

Elle déverrouilla la porte qu'elle rouvrit et Remus vit avec détresse ses amis l'abandonner dans le bureau en lui lançant des regards désolés. Il aurait voulu leur hurler de rester, mais sa gorge était encore trop nouée. Lorsque le professeur McGonagall referma la porte sur ses amis, Remus eut l'affreuse impression qu'il allait tout simplement mourir.

― Regardez-moi, Lupin, dit-elle d'un ton sec et grave. Remus…

Remus frissonna. Le simple fait qu'elle ait soudain prononcé son prénom suffit à lui faire lever les yeux dans les siens. Le professeur McGonagall avait le regard brillant.

― Vous ne m'avez pas forcée ou quoi que ce soit. Les choses se sont déroulées d'elles-mêmes et nous nous sommes laissés emporter dans nos émotions. Je suis loin d'approuver ce que ne nous avons fait, loin également d'accepter d'avoir manqué de conviction pour parvenir à me raisonner sur le moment, mais j'étais consentante, ne vous inquiétez pas.

― Mais pas moi, gémit Remus en étouffant un sanglot. Je n'étais pas consentant, moi. Je n'étais pas moi-même hier !

― Vous… n'étiez pas vous-même, bien sûr, je m'en rends bien compte, à vous voir aussi bouleversé… Je… suis désolée…

Le visage du professeur McGonagall se crispa légèrement et une première larme s'échappa derrière ses lunettes. Remus détourna les yeux, mal à l'aise.

― Non, c'est moi qui suis désolé, dit-il à voix basse. Je ne sais pas ce qui s'est passé hier pour qu'on soit devenus tous les quatre aussi incontrôlables…

― Depuis quand avez-vous perdu la mémoire ? demanda-t-elle.

― Depuis ce matin, en nous réveillant. Je ne sais pas si c'est dû à un sortilège d'amnésie ou si c'est simplement parce qu'on a vraiment trop bu, mais on n'a aucun souvenir de la veille. Et voilà qu'on découvre tout après coup. Madame Pomfresh, puis Rosmerta nous ont raconté. C'est horrible tout ce qu'on a fait ! J'y crois à peine ! Ce n'est pas du tout nous de faire tout ça ! Ce n'est pas du tout moi de vous avoir… Enfin, je suis sûre que je vous ai fait mal, Fanny se plaint tout le temps quand je deviens trop excité et que…

―… et que la bête prend le dessus sur vous, je sais, vous m'avez déjà raconté tout ça hier, coupa le professeur McGonagall.

Remus releva la tête et la regarda de nouveau. Elle avait enlevé ses lunettes, sorti un long mouchoir en tissu de sa robe et s'essuyait le coin des yeux en soupirant calmement. Les mèches libérées de son chignon lui parcouraient les tempes jusqu'au menton. Elle paraissait soudain plus belle que d'habitude et cette pensée effraya Remus.

― Qu'est-ce qui s'est passé hier ? demanda-t-il lentement, dans un souffle.

― Êtes-vous certain de vouloir les détails ? relança-t-elle d'un air hésitant. Vous m'avez l'air suffisamment traumatisé comme ça.

― Oui, mais… je ne comprends rien. Rosmerta disait que vous étiez en colère noire contre nous. Comment j'ai pu, après ça, vous… approcher comme ça ?

― J'étais effectivement en colère, confirma le professeur McGonagall en renfilant ses lunettes, retrouvant ainsi sa mine sévère habituelle. Très en colère. Jamais, de toute ma carrière, je n'avais éprouvé autant de honte devant des élèves de ma propre maison. J'imagine que la jeune Rosmerta vous a rapporté le récit complet de vos exploits ?

Remus fit oui de la tête, silencieux, en essayant de ne pas repenser à son érection qui était restée sortie au moment de l'arrivée du professeur McGonagall.

― J'ai dû vous conduire à l'infirmerie, continua-t-elle. Inutile de préciser que Mr Black se plaignait de démangeaisons importantes au niveau du postérieur. Je vous ai confié à Madame Pomfresh afin qu'elle vous dégrise, puis je suis repartie après vous avoir fait bien comprendre que je vous attendais dans mon bureau le lendemain matin sans faute et que vous deviez vous attendre au pire.

― Mais je n'ai pas attendu au lendemain…, devina timidement Remus.

― Non, confirma le professeur McGonagall. Vous n'avez pas attendu le lendemain…

Elle le fixa droit dans les yeux. Remus déglutit.

― Est-ce que ce sont mes amis qui m'envoyaient… ?

― Fort probablement, dit-elle avec amertume. J'ai compris trop tard que j'étais tombée pile dans le panneau. Vous avez un don fou pour la manipulation, Mr Lupin. Je ne l'aurais jamais cru.

― Mais vous avez dit que je ne vous avais pas forcée ! dit Remus en sentant la panique remonter en lui.

― Vous ne m'avez pas forcée, vous m'avez séduite, rectifia-t-elle. Vos paroles m'ont beaucoup touchée. Si c'était un coup monté, vous avez de sacrés bons talents d'acteur. Ce matin encore je me morigénais d'avoir été aussi naïve, mais en écoutant vos amis parler tout à l'heure, je… je m'aperçois que… que vos déclarations n'étaient peut-être pas entièrement des mensonges…

Devant le regard pénétrant du professeur McGonagall, Remus sentit son estomac remuer avec appréhension.

― Je… je suis amoureux de Fanny Karline…, articula-t-il mécaniquement. C'est la seule fille que j'aime…

― Et vous n'éprouvez que de l'admiration pour moi, bien entendu, dit-elle en resserrant la main sur son mouchoir.

― Mes amis voient ce qu'ils veulent. Je n'ai pas de sentiments pour vous en dehors de tout le respect que j'ai pour vous… d'habitude. Je ne sais pas ce que je vous ai dit, mais je suis sûr que c'était juste des balivernes pour vous amadouer. Et le plan a fonctionné, d'après ce que je vois. Je me dégoûte.

Le professeur McGonagall hocha la tête d'un air compréhensif. Ses yeux recommencèrent à scintiller, comme s'il l'avait blessée, mais elle ne pleura pas cette fois.

― Très bien, dit-elle sèchement. Dans ce cas, je crois que tout est clair. Tant mieux si vous ne vous souvenez de rien concernant ce qui s'est passé ici entre nous. Je m'arrangerai pour l'oublier aussi et nous n'en reparlerons plus jamais.

― Vous ne sauriez pas où est James, par hasard ? demanda Remus.

― La dernière fois que je l'ai vu, il s'esclaffait avec vos deux autres amis après m'avoir menacée d'avertir Dumbledore de mon crime ― ce sont ses mots ― si je ne revenais pas sur ma décision de vous renvoyer.

Remus se sentit encore plus mal. Le professeur McGonagall retombait graduellement dans la colère. Ses poings tordaient distraitement le long mouchoir comme si elle s'imaginait en train d'étouffer quelqu'un.

― Heu… moi aussi… ? balbutia Remus d'un air gêné. Je vous menaçais aussi… ?

― Non, vous, vous étiez plutôt occupé à tenir Mr Black à distance. Il s'était mis en tête que j'aurais été ravie de l'accueillir aussi sur mon bureau.

― Quoi ? s'indigna Remus. Il ne vous a pas touchée, j'espère !

― Non, vous l'avez mordu à temps.

Remus garda la bouche ouverte, sidéré. Le professeur McGonagall détourna les yeux en se raclant la gorge. Durant un bref moment, Remus eut l'impression qu'elle essayait de camoufler un sourire, mais il avait dû mal interpréter sa réaction. Pourquoi sourirait-elle soudainement ?

Il attendit qu'elle ajoute quelque chose, mais comme elle restait silencieuse, il reprit avec malaise :

― Hum… merci, professeur… Merci de m'avoir raconté tout ça et… je m'excuse… Je suis tellement désolé pour ce que je vous ai fait… et mes amis aussi…

― Je ne vous en tiendrai pas rigueur, assura le professeur McGonagall d'un ton radouci malgré sa colère. Vous n'étiez pas vous-mêmes, ni eux ni vous. Je l'ai bien compris. Maintenant, retrouvez vos amis et poursuivez votre quête. Si vous trouvez le responsable qui vous a ensorcelés ou empoisonnés, ne vous gênez surtout pas à me l'envoyer. J'informerai Dumbledore de la situation. Bonne journée.

Elle rouvrit la porte et Remus ne se fit pas prier. Il quitta le bureau à la hâte et retrouva Sirius et Peter à l'autre bout du couloir, assis côte à côte sur le socle d'une armure.

― Ça alors ! Elle ne t'a pas tué ! s'exclama Sirius avec humour.

― Non, répondit sérieusement Remus qui n'avait aucune envie de rigoler. Elle comprend très bien que c'est quelqu'un qui nous a jeté un maléfice. Si on retrouve le coupable, elle veut qu'on le lui envoie.

― C'est Servilus, affirma Peter d'un air nerveux.

― Peut-être, dit Remus. Mais il faut en être sûrs.

Sirius se leva d'un mouvement leste en faisant craquer ses jointures.

― Je propose qu'on le retrouve sans se faire prendre par ses amis et qu'on l'interroge de force, suggéra-t-il.

― Oui, bonne idée ! approuva Peter en se relevant également, fébrile. On lui jettera un sort dès qu'il aura le dos tourné.

― D'accord, venez, se résigna Remus en les entraînant le long du couloir. Faisons ça et faisons vite. La journée avance, on n'a toujours pas retrouvé Cornedrue et on est loin d'être prêts pour la soirée chez Slughorn.

Ils marchèrent en direction du hall. Si Rogue et sa bande de Serpentard étaient rentrés, ils les retrouveraient peut-être dans les cachots. Il leur faudrait aussi un plan, mais Remus avait du mal à se concentrer. Son esprit était resté focalisé sur le professeur McGonagall et la manière dont elle s'était montrée compréhensive malgré son affliction d'avoir été abusée. Elle avait décidé de ne pas les punir, alors qu'ils auraient quand même mérité le renvoi pour ce qu'ils lui avaient fait. Remus, en tout cas, qu'il ait subi un maléfice ou pas, ne se pardonnerait jamais d'avoir mis ses mains sur elle. Personne n'avait le droit de la toucher comme ça, pas même lui.

― Tu ne nous racontes pas ? s'enquit Sirius d'un air espiègle.

― Vous raconter quoi ? se méfia Remus, tandis que Peter l'observait également d'un regard avide.

― Bah, comment elle t'a fait ces marques dans ton dos…

― Je ne veux pas parler de ça ! coupa Remus.

Il ne voulait pas même l'imaginer.

― Par contre, je veux bien parler de ta marque à toi, Patmol…

― Quoi, quelle marque ? s'étonna Sirius.

― La marque sur ta main, précisa Remus. Ce n'est pas une fille qui t'a fait ça, c'est moi. Apparemment, tu avais envie de te taper McGonagall toi aussi et je t'en ai empêché.

― Merde, je ne te crois pas, dit Sirius, les yeux écarquillés de stupeur.

― Je te le jure ! C'est elle qui le dit ! Tu voulais la rejoindre sur le bureau…

Sirius éclata de rire, imité par Peter.

― C'était sûrement une blague que je faisais et tu m'as cru ! Tu l'as toujours protégée, de toute façon.

― Ce n'est pas vrai, protesta Remus.

― Si, c'est vrai, intervint Peter d'un ton appuyé. Tu ne me laisses jamais la traiter de vieille chouette.

― Parce qu'elle n'est pas si vieille que ça et qu'elle n'est pas aussi sévère que tu le prétends !

― Parce que tu l'aimes, dit naturellement Sirius.

― Non ! s'horrifia Remus.

― Si ! Arrête de le nier et sors du déni, à la fin, Lunard ! s'agaça Sirius. On devient con quand on boit trop, d'accord, mais on devient surtout plus honnête avec soi-même et plus spontané. Si tu lui as fait une déclaration d'amour hier, c'est parce que tu as réellement des sentiments pour elle.

Remus se boucha les oreilles et accéléra le pas en tournant un coin de mur. Il fut si troublé dans ses pensées qu'il ne vit pas la personne qu'il heurta de plein fouet.

― Tiens, tiens, tiens, dit Rusard en souriant d'un air triomphant, une odeur de moisi émanant de ses vêtements miteux. Je tombe justement sur les petits malfaiteurs que je cherchais. Potter n'est pas avec vous ?

― Qu'est-ce qu'on a fait encore ? demanda Sirius avec appréhension.

― Un crime des plus scandaleux, Mr Black ! Parfaitement scandaleux ! Suivez-moi…


Merci d'avoir lu ! :)

La suite bientôt...