Vous pensiez qu'il avait désarmé, depuis le temps ? Détrompez-vous... il a la rancœur plutôt tenace !


Chapitre 319 : A story of love and curses

Les filles de Geto fixent le bel inconnu qui vient de se matérialiser sous le large porche du temple, prêtes à répondre en cas d'attaque.

Elles l'identifient immédiatement comme étant l'exorciste le plus redouté de l'archipel : Gojô Satoru.

"Eloignez-vous." ordonne la voix pleine d'autorité de Suguru.

Elles sont prises en charge par Larue, l'un des commandants de son groupe.

"Tiens, tiens, Satoru... que me vaut un tel honneur ?" fixant son adversaire.

"Apparaître sur des terres qui ne te sont pas consacrées ne relève pas de ta seule spécialité, Suguru." approchant.

"Tu n'as toujours pas digéré ma petite démonstration de la fois dernière, Satoru ? Tu es venu me rendre la pareille ?" faisant apparaître son fléau de stockage.

"Je ne te crains pas, Suguru. Et tu veux savoir pourquoi ?" arrivé à hauteur. "Parce que..." s'approchant de son oreille qu'une partie des cheveux tirés en arrière dégage. "... je suis le meilleur."

Sourire de son adversaire en titre. "L'orgueil te jouera un jour un tour à sa façon. Et la leçon te sera amère, Satoru."

"Regarde-toi... tu as besoin de ton arsenal de fléaux... et d'armes maudites pour espérer me faire face... alors que moi... je t'élimine d'un simple appel des doigts."

La mâchoire de Suguru crispe. C'est, ma foi, douloureusement vrai.

"Tu aurais pu me détruire plus de fois que je puis les compter, Satoru."

"Ce n'est pas aussi simple, Suguru... j'ai hésité, vacillé, mettant en péril les fondements déjà bancals de l'exorcisme."

"Je te le demande une ultime fois : qu'es-tu venu faire ici ?"

"Tu demeures mon talon d'Achille, Suguru."

Même si Suguru en avait conscience, l'entendre de la bouche même de Satoru lui procure un frisson.

"Tu occuperais une place de choix dans le monde que je rêve de bâtir, Satoru."

"Parlant d'orgueil, le tien semble aussi avoir fait un bond depuis ce projet." pinçant. "Cette perspective a fait de toi un criminel, demeurant sous la coupe de plusieurs chefs d'accusation."

"C'est un sacrifice auquel j'ai consenti." souriant presque.

Satoru pose la main sur l'épaule de Suguru. Entre eux demeure encore un lien terriblement puissant qui fait que Satoru parle encore de Suguru comme étant son seul et meilleur ami. Jamais il ne place la phrase au passé. Elle demeure d'actualité. C'est là un fait immuable.

"Tu pourrais, d'un geste, détruire tout ce que j'ai mis des années à bâtir..." retombant la pression, reconnaissant la suprématie écrasante du prodige de l'exorcisme.

"Ça n'aurait aucun sens. Je veux que tu reconnaisses t'être fourvoyé et que tu fasses amende honorable. Ce chemin, je ne peux hélas pas le parcourir à ta place, Suguru."


Le portrait qu'il trouve en rentrant le fait sourire de douceur. Eliott est là, tête basculée sur mes cuisses, endormi, tandis que je caresse ses cheveux châtains.

Calmement, il nous prépare un thé, limitant ses mouvements dans la cuisine pour ne pas perturber le sommeil de mon fils.

Il porte le plateau sur la table basse.

Le mouvement fait ouvrir un œil à Eliott qui se redresse lentement, se frottant les yeux.

Satoru prend place à mes côtés, faisant glisser une tasse fumante.

"Merci."

Satoru pose ses verres opaques sur la table, levant une jambe pour placer le pied sur l'assise du canapé.

"Je suis passé voir Suguru tout à l'heure." posé.

"Uh ?" surprise.

"J'espère que mes quelques mots auront atteint leur cible..." savourant le chaud de la tasse sur ses doigts.

"Cool. S'il t'entend, ça veut dire que je vous aurai bientôt tous les deux dans mon lit !..."

Eliott manque de recracher sa gorgée. "Maman !"

Je ris.

"C'est... le fantasme du moment, Eliott." amène Satoru, posé.

"Et toi, tu ne dis rien ?" effaré.

"Non. Si cela permet de ramener Suguru à la raison..." reniflant, faisant la part belle à ses sentiments. "Ce serait même... la plus heureuse des perspectives." souriant, buvant une gorgée.

"Bon. Je sais que maman sait faire des miracles parfois..."

"Comme tout bon spectre qui se respecte." sourit.

Eliott esquisse un sourire. "Tes yeux sont magnifiques, je voulais te dire..."

"Je me contenterai qu'ils aient uniquement cette vertu." sourit, amer.

Je passe le bras autour des épaules hautes de Satoru, l'invitant sur mes cuisses, faisant de même pour Eliott.

Les deux se trouvent face à face, proches.

Satoru en sourit.

"De près, c'est encore plus flagrant..." laissant passer un silence. "Laisse-moi t'embrasser... au moins une fois..."

J'attends le consentement de Satoru. Ce dernier se cale à hauteur de bouche d'Eliott, lui accordant un baiser extrêmement doux, du bout des lèvres, puis le même sur le front.

"Tu as beaucoup de chance d'avoir Rachel pour mère..."

"C'est..." fermant les yeux un bref instant. "... ce que je me répète tous les jours." sur un sourire doux.


"Tu viens à table, Megumi ?"

Il fait glisser l'écouteur de son oreille, acquiesçant.

On frappe soudain à la porte.

Satoru va ouvrir - son œil est déjà informé de la présence qui se tient derrière la porte.

"Hey." avenant.

"Bonsoir."

Je reconnais la voix de Suguru.

"Tu passais par là ?..."

"On va dire ça de cette façon."

"Entre. On va passer à table."

Il entre, se déchausse dans le genkan.

Megumi fixe la scène comme si elle était surréaliste.

Je pose la main sur son épaule, sourire réconfortant à la clé.

Nous nous posons à table, dans un silence relatif.

Le regard de Megumi va de son père adoptif à l'intrus qu'il sait extrêmement dangereux. L'adolescent demeure incrédule quant à ce qui se joue sous ses yeux.

"C'est délicieux. Je reconnais l'épice mais je ne l'utilise pas dans ce type de préparation." pose Geto.

"Elle est très amère au palais mais mélangée à chaud, elle se parfume." dis-je.

"Tu es bien meilleur cuisinier que moi !..." rit Satoru.

"Je veux que mes filles aient le meilleur." fermant les paupières avec affection.

"Et c'est bien normal. Les enfants demeurent notre avenir." souriant, à Megumi.

"Aucun villageois n'a échappé à ta colère de jadis... pas même les enfants. A l'exception des deux fillettes."

"Je n'ai aucun regret sur cette question. Nous l'avons déjà évoqué, Satoru." posé.

"On ne peut pas appeler votre art de l'exorcisme." le charge Megumi.

"Megumi." le reprend Satoru.

"Laisse, Satoru. Je suis prêt à écouter la jeunesse s'exprimer."

"Je comprends même pas ce que vous foutez à notre table." rageur. "Pourquoi tout le monde ici est aussi cool à votre égard alors que vous n'êtes qu'un criminel ?!" appétit coupé, regard allant des yeux étroits de Geto à ceux, clos, de Satoru. "Bordel, pourquoi tu tolères un tel comportement ?!"

La charge est pour le moins directe !...

"Tu as raison ; je suis coupable de tout ce dont on m'accuse. Toi, tu as eu la chance que Satoru te délivre du sort qui t'attendait. Les familles d'exorcistes les plus célèbres ne sont pas réputées pour leur clémence à l'égard des éléments qui peinent à remplir leurs ambitions."

"Attendez... vous insinuez que je ne suis pas doué, c'est ça ?" serrant les poings.

"Non. Je veux dire que le clan Zenin t'aurait réduit à l'esclavage des entraînements jusqu'à ce que tu produises le résultat attendu. Ils exigent des résultats probants et rapides. Ce qui, souvent, nuit au talent inné des exorcistes."

Megumi se tasse. Il est vrai que Satoru le laisse évoluer à sa guise, ne lui imposant aucun entraînement si l'adolescent ne le sollicite pas.

"J'ai tué ces maca... - oups ! - villageois parce qu'ils maltraitaient deux enfants qui valaient bien mieux qu'eux tous réunis."

Je souris aux anciennes appellations qui refont aisément surface.

"Tout ne te sera évidemment pas pardonné, Suguru. Mais je plaiderai en ta faveur auprès des supérieurs."

"Satoru." sur un petit rire presque doux. "Tu en fais ce que tu veux depuis des années..." évoquant les incessantes querelles de son ami avec les hauts placés du système. "Il est temps que les choses changent."

"C'est ce que je m'applique à faire avec la nouvelle génération. Nous, nous sommes déjà abîmés et corrompus par le système. Eux pas."

Suguru se rechausse. "Ce fut un plaisir de partager ce repas avec vous."

"Ta venue nous a fait chaud au cœur, Suguru." posant la main sur son épaule.

Suguru la presse de la sienne avant de se relever, présentant une révérence. "Merci."

Satoru prend Megumi contre lui, paternel. L'adolescent râle et s'en défait. Satoru sourit.


Nous regardons un film, confortablement installés dans le canapé - la DVDthèque de Satoru est riche !

Je me fais un véritable petit nid contre lui, nos jambes entrelacés sur la table basse.

Même au repos, il dégage une énergie constante du fait du sort d'inversion activé en permanence.

Je fais glisser ma paume dans la sienne, large, entrecroisant nos doigts.

Levant le visage, je niche le nez dans son cou, attrapant le lobe délicat du bout des lèvres.

Son étreinte raffermit, petit sourire affiché.

Il aura fallu près de quatre cent ans au clan Gojô pour produire un nouveau prodige comme celui-ci...

Son prédécesseur a fini fou. Fou de voir le monde en résolution atomique. Fou de percevoir ce flux d'informations continu.

Satoru, lui, a développé des ruses. Le sort d'inversion activé de manière automatique en est une. Se couvrir les yeux pour limiter le flux en est une autre.

Peu savent utiliser la Limitless avec autant de précision. De même que le sort ultime dévastateur Hollow Purple.

Il est effectivement le meilleur et le plus abouti de son clan.

Ronronnante, je mordille le tracé de sa mâchoire. OK. Je viens de décrocher du film là...

"Tu ne veux pas... te mettre au lit ?..."

Il sourit, récupérant la télécommande pour désactiver l'écran et le lecteur DVD.

Nous commençons à nous embrasser, faisant part belle à la lenteur qui gagne en profondeur et volupté, laissant nos langues tourner ensemble, se caressant à l'envi, lèvres s'étreignant en douceur.

Le reste se poursuit dans la chambre, bien à l'abri des regards indiscrets.


Mais Suguru... ah, Suguru...

Je m'installe à ses côtés pendant qu'il taille quelques arbustes, robe élégamment repliée, rassemblant les tiges coupées dans son rakusu.

"Merci d'avoir fait un pas dans la direction de Satoru."

"Cela m'a fait grand plaisir de le revoir en des termes apaisés."

La robe de prêtre bouddhiste n'est qu'un leurre pour tromper les fidèles de sa secte. Inspirer la confiance. Et lui ramener un maximum de fléaux.

"C'est une parenthèse qu'il est agréable d'apprécier, oui." glissant les doigts le long des mèches sombres ramenés à l'arrière de l'épaule.

Il termine sa taille et se pose à mes côtés, déposant les tiges dans un panier, secouant le gojogesa pour en évacuer les débris végétaux.

Je reprends mes cajoleries dans ses cheveux sitôt qu'il a terminé. "You are a powerhouse, Suguru. And I like that."

Le terme le fait sourire.

"Je vais nourrir les carpes de l'étang." se conduisant en homme d'extérieur aujourd'hui.

Armé d'un petit seau, nous nous rendons jusqu'au point d'eau.

Aussitôt, les poissons se regroupent, attendant impatiemment la becquée.

Suguru émiette la nourriture du bout des doigts, attentif à ce que chacune d'entre elles en bénéficie.

Puis nous rentrons à l'intérieur, prendre un thé chaud. Il choisit toujours des notes extrêmement florales qui embaument toute la pièce.

Alors qu'il stationne debout, je viens me glisser entre ses bras. "Désolée... je ne peux pas m'empêcher de te toucher... tout le temps... partout..." lui présentant mon dos, paume allant chercher sous le gojogesa, à l'aveugle.

Il vient de poser sa tasse, paumes allant naviguer le long de mes bras, partant des mains, se glissant sous les manches de ma tenue.

"Tu joues à un jeu extrêmement dangereux." à mon oreille, presque haletant. "Tu me donnes férocement envie de toi..."

Le ton est rauque. Un moment j'ai presque l'impression que c'est Kenjaku qui vient de s'adresser à moi...

A présent, c'est sous mon haut que se faufilent ses mains.

Ce que je cherchais se découpe de la robe tant ça enfle avec vigueur.

"Ici ?... Ou bien... ?..."

"Chambre." me l'indiquant des yeux, se détachant pour faire coulisser la porte et m'ouvrir le chemin jusqu'à la chambre.

Là, les gestes se font plus entreprenants, ciblant les organes du plaisir.

Vache ! Il est remonté comme il faut !... J'admire un instant cette verge forgée par les sensations.

Je geins au jeu précis de ses doigts sur mon sexe qui finit par dégorger et à imprégner l'extrémité de ses phalanges agiles.

Nos souffles sont pris, accélérant en même temps que nos rythmes cardiaques.

Ça tambourine très fort dans nos poitrines.

Nos sexes ne sont plus que délices !... Il bloque un instant ma main, freinant ainsi l'orgasme qui monte.

Il me tourne vers lui, affichant un sourire fugace avant de m'embrasser âprement.

Nous échouons sur le futon et je me propose de le chevaucher, ce qu'il m'accorde.

Je fais jouer l'extrémité de son sexe contre le mien, nous arrachant une succession d'appréciations éloquentes.

Tout ne baigne plus que dans le plaisir, sensations enflant à chaque mouvement supplémentaire.

Puis ça éclate, vif !

Il en crie, surpris lui-même par la férocité de cet orgasme. Sur des expressions exaltées, il déverse avec force au creux de moi, m'entraînant immanquablement à sa suite, doigts crispant sur mes hanches.

Les sensations refusant de céder, l'orgasme se prolonge à délice.

Il m'affiche un sourire explicite avant de m'accueillir au creux de ses bras, terrassé de bonheur.

Je sens qu'il veut mettre des mots sur ce qui vient de nous dévaster... mais ils tardent à s'annoncer.

Au final, il ne se lance qu'après un instant de récupération. "Tu m'as fait voyager... si loin... si fort... je ne pensais plus revivre ça depuis... Satoru..." sur un sourire épanoui.

L'aveu est brûlant jusqu'aux reins.


Je viens de m'établir en son temple. Il apprécie m'avoir à ses côtés.

Les filles aussi semblent adhérer à l'idée de voir leur père d'adoption bénéficier d'un peu de compagnie, de noter que je rends Suguru heureux, comme il l'était jadis, avec Satoru.

Nous nous trouvons en marge du jardin intérieur, lui allongé sur les lames en bois, tête sur mes cuisses. Je caresse ses cheveux sombres. Parfois il ouvre les yeux et nous nous sourions.

Il vient de piller quelque chose de précieux à Satoru. A son tour d'en jouir dès à présent.


Je regagne mon appartement, désireuse de rassembler quelques affaires pour fournir ma garde-robe au temple de Suguru lorsque soudain... mon corps entier se raidit, muscles dans une tension folle ! Cette présence... ce n'est ni un exorciste... ni un fléau... c'est bien pire que les deux réunis ! C'est... un Juge plein de rage qui se tient dans mon dos !

"Juge Minos !" me retournant, soulevée jusqu'au plafond par des fils furieux !

Son visage est dément !...

Il écarte mes jambes et mes bras, me tenant en position de croix.

"Qu'as-tu à déclarer, Léviathan, avant que je t'écartèle avec soin ?" pose-t-il.

"Minos ! Repose-moi !" furibonde.

Petit rire de mon adversaire. "En quel honneur, Léviathan ?"

"Repose-moi tout de suite !"

"Tu n'es qu'une traînée, Léviathan." grogné. "Appelle tes mignons au secours et je me ferai un immense plaisir de m'occuper d'eux !"

Sur un cri de rage, j'appelle mon surplis qui vient me revêtir sur un éclat de lueur sombre.

"Peuh. C'est inutile." raffermissant l'emprise de ses fils. "Ce surplis est une véritable insulte à notre Souverain." craché. "Il ne sera bientôt plus qu'un souvenir tombé dans l'oubli."

Une première articulation craque au niveau de la cheville. Je grimace.

Le connaissant, il va prendre son temps, jouir des craquements successifs que sa technique générera.

Il est de notoriété que sans intervention extérieure nul n'est capable de se défaire des fils de Minos. La Cosmic Marionation est redoutable et perverse. Comme lui.

"Depuis que tu as quitté notre clan, ta voie n'a cessé de dévier, Léviathan. Et tu t'es souillée bien plus qu'aucune autre âme. Tu as définitivement le vice dans la peau, Léviathan."

"Je te... préviens une ultime fois, Minos... relâche-moi. Maintenant." le fixant avec des yeux fous.

"Libère-toi." me provoque-t-il. "Romps mes fils."

"Fort bien." libérant une énergie qui se rassemble pour trancher un fil puis le second.

Minos ouvre la bouche de stupéfaction, se reprenant bien vite en appelant quelques fils supplémentaires.

Je sollicite alors la technique du bouclier qui me préserve des attaques tandis que je romps les autres attaches.

"DIABLESSE !" hurle Minos, bras ouverts pour souffler une bourrasque.

Je déploie mes ailes pour atteindre les hauteurs. Il m'y rejoint derechef.

La suite se passera donc dans les airs !...

Nos ailes sont puissantes et nous portent. Nous nous jaugeons.

"Tu demeures fidèle ce que tu as toujours été, Léviathan : une catin."

Évidemment, il ne fallait pas que je m'attende à une amabilité !...

"Je pensais ta jalousie passée, Juge Minos. Force est de constater qu'elle demeure tenace." affichant un petit sourire.

Il grogne et fonce sur moi, me propulsant loin. Dire que je pensais la charge la méthode exclusive de Wyvern !...

"Je vais ramener ta dépouille et la déposer aux pieds de notre Seigneur Hadès, Léviathan !"

"Pour le moment, ta démonstration n'a pas été très probante, Juge Minos !..." rit, faisant monter sa rage d'un cran.

Nos coups portés sont tels qu'ils évoquent des coups de tonnerre.

"JE VAIS TE BRISER, LÉVIATHAN !"

"Essaye donc, Juge Minos !"

L'espace d'une seconde notre histoire passée défile devant mes yeux. Aux bons moments que nous avons eus... au fait qu'il a été le premier des Juges à me courtiser... tout cela me semble bien derrière nous.

Minos se déchaîne, son visage est déformé par la haine qu'il me voue !...

"Je veux sentir tes os craquer, Léviathan !"

"Cela tient du fantasme, apparemment, vu la faiblesse que tu y mets pour y parvenir."

Seigneur... je réalise que cette réplique tient beaucoup de Satoru lorsqu'il se bat !...

Tenir tête à un Juge n'est pas une mince affaire.

"Et quand j'en aurai fini avec toi, j'irai m'occuper de ce freluquet qui a refusé l'offre de notre Seigneur Hadès !" évoquant Satoru.

"Tu es... infecte, Minos."

Je ne veux pas savoir combien de fléaux sont, en ce moment même, en train de se nourrir de la colère folle qui anime Minos... mon dieu, non... La concentration doit être telle que je m'attends à voir surgir Satoru en personne !...

Ce qui, évidemment, ne manque guère ! Son apparition, accompagnée d'une puissance Red, propulse Minos dans un autre coin du ciel.

"SATORU !"

"Tu n'as rien ?"

"ATTENTION !" à la nouvelle charge de Minos.

Limitless activée.

Minos peste et rage. Impossible de toucher Satoru d'une quelconque attaque.

"Tss. Trop de pouvoirs... pour un humain." craché. "J'hésite entre une anomalie et une abomination pour te désigner, Gojô Satoru. J'ignore quel dieu s'est penché sur ton berceau mais il a véritablement fait erreur."

Satoru hausse le sourcil sous le bandeau sombre, finissant par le soulever, révélant le plein pouvoir du sixième œil. "Huh. Ta masse atomique est décidément très intéressante."

Minos grogne, charge, se heurtant à nouveau à la Limitless.

"Achille et la tortue, tu connais ?" sourit Satoru.

"Chacun sait que ce paradoxe ne tient pas la route." gronde Minos.

"Personne n'est encore parvenu à me prouver le contraire, à ce jour. Si tu souhaites m'en faire la démonstration, je t'en prie." amusé, sûr de son pouvoir hérité.

Satoru m'étant proche, la Limitless m'inclut dans sa boucle.

Téléportation.

Minos est soufflé, fouillant la ville des yeux. Mais nous ne y trouvons plus...


Je respire de manière fauve contre la poitrine de Satoru, surplis quitté.

Sa main passe dans mes cheveux, cherchant à m'apaiser. "Tu crois... qu'il va nous retrouver ?..."

"Il est très fort, si ça devait être le cas." posé, presque souriant d'avoir affaire à un tel adversaire.

"Ce n'est pas drôle, Sat'." agacée qu'il prenne toute attaque comme un jeu.

"Il t'effraie ?"

"Non. Mais je sais quel sort il est capable de réserver à ceux qui lui résistent."

"Ne t'inquiète pas, je reste avec toi le temps que ça se calme." embrassant le haut de ma tête, main ouverte dans ma nuque.

Je lève les yeux sur lui. "Pourquoi... tu es toujours là pour moi ?..."

"Parce que je t'aime." souriant. "Je suis du genre chien fidèle quand je tombe amoureux. Demande Suguru..." lissant quelques mèches du bout des doigts. "C'est très con, je sais." fermant les paupières sur sa propre faiblesse, l'espace d'un instant.