Candice et Antoine se trouvaient devant la maison du fameux élément perturbateur de la classe de 5e5. La commandante sonna avec vivacité et rapidement, ils furent accueillis par un jeune couple qui les laissa entrer avec hésitation. Candice les présenta et expliqua la situation aux parents avant de demander à voir leur fils.

« Vous savez… Rayan est très perturbé par la mort de sa professeure…

- Comment ça se passait avec elle ?

- C'est un enfant difficile, beaucoup de profs se plaignent de lui… déplora la mère. C'est un petit garçon sensible qui a toujours reçu énormément de moqueries… Très renfermé…

- Pourtant ce n'est pas comme ça qu'on nous la décrit, madame. Et les multiples rapports qu'on a pu lire vont dans ce sens aussi.

- Évidemment vous êtes du côté de l'institution ! L'école n'est pas faite pour lui, il est là le problème.

- Alors on va tout de suite redescendre. Je suis du côté de personne, d'accord ? J'essaye juste de comprendre ce qu'il s'est passé avec sa prof.

- Puis tu sais très bien que c'est pas ça le problème ! ajouta le père. Notre fils est un bon à rien, incapable de quoique ce soit ! Le voilà le problème !

- OH STOP ! s'énerva-t-elle.

- Qu'est-ce qui se passe ? lâcha une voix enfantine depuis le couloir.

- Rayan ? On voudrait te parler de madame Moreau.

- J'ai rien à dire… Elle voulait me faire dégager du collège cette…

- RAYAN ! s'agaça sa mère. Surveille ton langage. Cria-t-elle alors que le garçon retourna s'isoler dans sa chambre.

- Est-ce que je peux m'en occuper ? proposa Antoine. »

Les parents acceptèrent et restèrent avec Candice dans le salon. Pendant ce temps, Antoine tentait de pénétrer la chambre dans laquelle Rayan s'était enfermé. Force de persuasion il finit par le laisser entrer. Le commissaire referma la porte derrière lui et observa les murs de sa chambre remplis de dessins.

« C'est toi qu'a fait tout ça ? demanda-t-il épaté.

- Ouais… Je sais c'est moche !

- Pas du tout… Pourquoi tu dis ça ?

Le gamin haussa les épaules.

Moi aussi je dessinais quand j'étais jeune… Ça me permettait de me défouler et de… de lâcher toute la haine que j'avais envers mes parents… et pas qu'eux d'ailleurs…

- Ok… Qui s'en fout ? demanda-t-il piquant.

Antoine éclata de rire.

- C'est dur hein ?

- De quoi ?

- De subir l'indifférence de son père, ses insultes, son manque d'encouragement… T'auras beau faire tout ce que tu veux pour avoir son attention… Ça changera rien… Alors ouais, je sais… C'est injuste… mais c'est comme ça. Mon père était pareil et regarde, j'ai un métier, une femme, une fille… Gâche pas tout… Ça lui ferait trop plaisir…

- Peu importe ce que je fais il s'en fout… Depuis que je suis né il me considère comme une merde !

- Et c'est pour ça que tu fais vivre un enfer aux profs du collège ? Pour avoir son attention ?

- Madame Moreau c'était différent ! Elle s'acharnait sur moi, je le voyais bien. Elle pouvait pas me voir !

- Ouais mais… t'y mettais pas du tiens non plus…

- Bah pourquoi faire ? Mon père en avait rien à faire, il écoute pas ma mère…

- Tu quittais à quelle heure du collège hier soir ?

- J'ai séché les deux heures d'histoire l'après-midi…

- Donc t'étais où ?

- Je traînais dans les rues…

- Tout seul ?

- Ouais, après j'ai pris mon vélo et j'suis allée au petit bois pas loin.

- T'es rentré à quelle heure ?

- Mais en fait vous m'accusez là ? s'étonna le jeune.

- Non ! Je dois vérifier ton emploi du temps pour éviter que tu sois accusé justement.

- Je suis rentré à 18h30 y avait ma mère qu'était là.

- Ok… Bon ! Je te laisse… Réfléchis à ce que je t'ai dit et… si y a quoique ce soit, tu n'hésites pas. Lâcha-t-il en déposant sa carte sur sa table avant de sortir de la chambre. »

Antoine ressortit de la pièce et débarqua sur le salon où il expliqua à Candice qu'ils pouvaient y aller. Les parents les saluèrent et le couple quitta la maison en silence.

« T'as conscience que le gosse à un bon mobile et qu'il a pas d'alibi là ?

- Mais il est incapable de tuer sa prof ! Tout ce qu'il veut c'est l'attention de son père… s'emporta-t-il.

- Mais pourquoi tu t'énerves comme ça ?

- Mais parce que ça m'énerve que des gamins comme ça se retrouvent sans rien à cause d'un manque de considération des parents, voilà !

- Ohhhhh… commença Candice attendrie en se mettant devant lui. Alors ça c'est rare !

- De quoi ?

- Quand tu laisses parler ton petit cœur comme ça… expliqua-t-elle d'une voix enfantine.

- Mais pas du tout… J'expose des faits avérés… C'est tout !

- Moui mais… L'histoire de ce gosse t'a touchée…

Antoine haussa les épaules.

- Non mais… C'est juste que moi je m'en suis sorti mais… c'est pas le cas pour tout le monde… J'sais pas tu l'as vu comme moi… Il est complètement brisé ce gosse…

- Mais on peut pas tout réparer Antoine…

- Non… Mais on peut éviter de le charger en choisissant de le tenir à distance de l'enquête…

- D'accord… De toute façon c'est toi qui décides ! lâcha-t-elle doucement en enserrant sa taille.

- Ouais… »

De retour à la BSU, l'équipe débriefait sur la famille du jeune Rayan. Hélas, le reste de l'équipe avait contacté les autres familles avec qui la professeure avait eu des altercations mais rien de particulier ne ressortait. Pourtant, Candice n'était pas convaincue de la non-culpabilité du gamin. Mais pour ne pas froisser son compagnon elle ne dit rien et décida d'aller rejoindre Nathalie au labo.

« Bon j'ai pas grand-chose hein… C'est bien une chute mortelle. Y a eu lutte mais on a pas pu identifier l'ADN…

- Super… répondit ironiquement la commandante.

- Ouais… Désolé Candice…

- Et est-ce que tu penses qu'un gamin de 12 ans est capable de ça ?

- Bah tout dépend de la corpulence du gosse…

- Je sais pas je dirais 1m40, 40 kilos à vue d'œil…

- Bah c'est pas impossible oui… Justine était grande mais très fine… Dans un accès de colère… Ça se tient…

- Ok… répondit-elle en faisant la moue avant que son téléphone ne sonne. Ah! Excuse-moi… Candice décrocha. Oui qu'est-ce qu'il y a ? Bah comme d'habitude hein… bah dans le tiroir de gauche dans la cuisine… comment ça y a rien ? … bah écoute j'en sais rien! … Demande à Emma… Bon tu sais quoi on verra ça ce soir….

- Eh beh… lâcha Nathalie en rigolant. Tu vois je te l'avais dit! La vie de couple c'est un tue l'amour…

- C'était pas Antoine…

- Hein?

- C'était Laurent…

- LAURENT ? Répéta-t-elle avec étonnement en éclatant de rire.

- Ouais ça fait deux jours qu'il est là… j'en peux déjà plus!

- Eh beh ça doit plaire à Antoine ça…

- Tu parles… puis moi je suis coincée… d'un côté y a Emma qu'est super contente de voir son père s'occuper de la petite tu vois… et de l'autre j'ai Antoine qui râle dès que Laurent respire… puis il est du genre envahissant, à se mêler de tout…

- Mais pourquoi vous allez pas chez Antoine?

- Bah il a quasiment ramené toutes ses affaires à la maison… non mais je te jure c'est invivable ! Hier soir Laurent a quand même lancé un concours de crêpes…

- Un concours de crêpes ?

- J'te jure! Cette rivalité là… ça m'agace ! J'ai l'impression d'avoir deux coqs dans une basse cour… Laurent n'arrête pas de provoquer Antoine et il rentre dans son jeu…

- En même temps je le comprends un peu… vivre avec l'ex-mari de sa femme au quotidien c'est pas…

- Je sais… non mais encore trois jours… j'hésite à me remettre au yoga en attendant ! Plaisanta-t-elle.

- Ah ! Moi en attendant mon Charmant s'est mis au canapé…

- T'as osé ? rigola Candice.

- Bah un peu tiens ! C'est ça de faire le malin…

- Moi j'suis pas allée jusque-là mais… je l'ai menacé !

- Oui puis déjà que c'est tendu avec Laurent on va pas en rajouter hein…

- T'as tout compris ! plaisanta la commandante en levant les yeux au ciel. »

En parallèle, Antoine était sorti de son bureau et avait gagné la salle de repos où se trouvait Marquez en train de se faire un café.

« Ça va Marquez ? lâcha Antoine en déposant une tape dans son dos.

- Aïe !

- Bah qu'est-ce que t'as ? s'étonna-t-il.

- Laisse tomber j'ai un mal de dos à cause du canapé…

- Du canapé ?

- Ouais… Avec nos conneries Nathalie m'a engueulé ! Elle m'a obligé à dormir dessus !

- Merde… Comment elle a su ?

- Bah à ton avis ? C'est Candice ! Elle lui a tout raconté !

- Aïe…

- Elle t'a rien dit à toi ?

- Bah non… mentit-il. Après tu sais… Candice elle est hyper ouverte sur ce sujet hein. C'est rare qu'on se prenne la tête pour ce genre de choses !

- Ah ouais ? Tiens j'aurais pas pensé…

- Ah bah vous êtes là tous les deux ! s'exclama Candice en entrant dans la pièce. Petit problème de dos ? demanda-t-elle malicieusement en voyant son capitaine se tenir le bas du dos.

- Ouais… Je… Jcrois que c'est ma sciatique qu'est de retour… mentit-il en s'éclipsant doucement.

- Sa sciatique ? demanda-t-elle à Antoine.

- Ah je suis pas au courant… répondit-il avant de quitter la pièce à son tour devant Candice qui hochait la tête de gauche à droite en souriant. »