Eh oui ! Voilà le chapitre tant attendu ! (Je me fais un beau cinéma, là !) Je suis consciente que j'ai été très cruelle pour finir le dernier chapitre par l'ultime phrase (niark niark niark !), vous me l'avez abondamment fait remarqué ! Mais je vous assure que ce n'était pas prévu, c'est venu tout seul. Je ne savais pas quand finir le chapitre alors que je voyais les pages s'allonger. Quoi de mieux pour le finir que cette phrase, franchement ? Vous auriez été à ma place, je suis certaine que vous auriez tous fait la même chose.

Et, Luna, je ne t'ai pas volé ta phrase de fin ! Tu remarqueras que dans tout polar qui se doit, un chapitre se finit par le méchant qui pointe son flingue sur la victime et tire. C'est la même chose ! Et je ne suis vraiment pas la seule à utiliser ce procédé !

Merci infiniment pour toutes les reviews, reportez vous à la fin du chapitre, je vous réponds.

Dernière chose, ce chapitre est dédié à Hermichocos et à Mymye-Potter parce que leurs reviews m'ont tellement fait plaisir ! Et il a été écrit en mémoire de mon père.

Résumé du chapitre précédent : Harry fait une nouvelle crise en voyant Sirius et Cho ensemble. Il prétend que Cédric lui a demandé de veiller sur Cho. Il est à nouveau sauvé par Rogue qui se comporte exactement comme avant. Harry ne se rappelle plus ce qui s'est passé. Il apprend qu'il a été nommé capitaine de l'équipe de Gryffondor et que James, Sirius et Ron rentrent dans l'équipe en tant que poursuiveurs et gardien. Lorsqu'ils jouent contre Serdaigle, Harry a un mauvais pressentiment, tente de prévenir les professeurs mais n'y arrive pas. Cho essaie de lui parler à propos de sa crise alors que des mangemorts apparaissent sur le terrain. Leur leader (pas Voldemort, un mangemort) lance la formule de mort à Harry.

Chapitre 20 : Deuil

« Avada Kedavra ! »

Telle était la phrase maudite. Courte, concise, précise et dévastatrice.

Il l'avait maintenant réellement compris. Il savait comment quelqu'un pouvait cesser de vivre, il savait combien horrible ce sortilège était. Mais il n'en avait jamais vraiment mesuré les répercutions. A présent, James pouvait le sentir. Oh, c'est sûr, il ne connaissait pas très bien la personne disparue mais cela lui faisait un choc terrible.

Sirius était encore plus dévasté que lui. La mort est un vrai mystère. Mais lorsqu'on la subit, on se rend compte, que, malgré le brouillard qui l'enveloppe, elle est infiniment plus proche que ce que l'on croit. Et prête à emporter chacun de nos amis, de nos parents. Par un simple geste, de simples mots, un simple dysfonctionnement d'une partie de l'anatomie.

La souffrance que l'on ressent lorsqu'on l'apprend n'est pas mesurable. On se rend compte que la vie ne tient qu'à un fil seulement à ce moment-là. Mais lorsqu'on voit se dérouler la perte d'une âme...

« Personne ne devrait voir ça, résuma Lily. »

« Personne ne devrait le subir, ajouta Ron. »

« Personne ne devrait supporter sa conscience après ça, finit Harry. »

James avait le coeur brisé. De tous ceux du groupe, Harry était celui qui était le plus touché par le décès de la jeune Serdaigle. Et il y avait de quoi. Elle était morte par sa faute. Le mangemort avait essayé de tuer Harry, probablement sous les ordres de Voldemort. Mais la cible était si loin qu'il n'avait pas pu le viser exactement. Et il avait fallu que Cho se trouve à proximité. En même temps, James se sentait soulagé de ne pas avoir vu son fils tomber de son balai, mort avant de s'écraser au sol.

Car c'était ce qui était arrivé à la belle asiatique. Et personne n'avait pu réagir à temps. Même pas Harry, qui avait un temps de réactivité supérieur à la moyenne. Il s'était contenté de la regarder perdre connaissance, le visage décomposé par l'horreur. Et il avait crié. Non, le mot était mal choisi.

Il avait hurlé. Il avait hurlé à en perdre à tout jamais le timbre de la voix. Il avait hurlé jusqu'à ce que des larmes perlent à ses yeux, mélange de peine, de souffrance, et de la puissance du cri.

Lorsqu'il s'arrêta, à bout de souffle, le silence s'était installé dans les tribunes. Un bruit terrible se fit alors entendre. Le son d'un corps d'écrasant à terre. Harry avait réagit tout de même avant tous les autres, comprenant avant nous qu'on lui avait ôté la vie. Le temps avait semblé s'être arrêté durant la chute d'une trentaine de mètres de la jeune fille.

Cet immonde bruit souleva le coeur de tous, frappés par l'atrocité du geste et par l'écho tardif.

Ce fut le moment où l'assemblée réalisa que l'école avait perdu un nouvel élève. Et que le danger était toujours présent, menaçant Harry.

Les mangemorts n'avait pas bougé, étrangement. Attendant certainement un ordre de leur supérieur. De celui qui avait tué Cho. Alors une huée s'éleva. Certains élèves de septième année s'étaient levés et jetaient des sortilèges aux mages noirs. McGonagall avait mis son visage dans ses mains. Un instant, James pensa qu'elle pleurait. Il n'en était visiblement rien, puisque le directeur apparut instantanément, répondant au supposé appel télépathique de son adjointe.

Il n'eut pas le temps d'attaquer les fidèles de Voldemort. En l'ayant aperçu, ils avaient tous transplané, brisant les protections de l'école.

James soupira en se remémorant le moment qui s'était passé la veille. Il espérait de tout son coeur que son fils n'allait pas avoir une autre crise, puisque la dernière concernait la jeune fille désormais décédée.



********



Lily se sentait floue. Oh, oui, elle était consciente que ce mot ne désignait pas habituellement les sentiments. Pourtant, c'était l'unique terme qui lui venait à l'esprit. Comme si ses contours avaient été effacés. Comme si toutes les règles, les connaissances qu'elle avait acquise au cours du temps, avaient été oubliées.

Elle n'arrivait pas à comprendre comment elle avait pu être aussi stupide. Mais une petite voix lui parvint en elle, lui disant qu'une réaction ne se prépare pas, elle se vit. Silencieusement, Lily médita cette phrase. Et elle en vint à la conclusion que c'était totalement vrai. Comment pouvait-elle savoir comment réagir face à tel ou tel événement ? Lorsqu'on n'a pas vécu une situation, comment savoir si ce que l'on ressentira, ce que l'on dira, ne sera pas complètement différent de ce à quoi on s'était préparé ?

Elle décida d'en faire part à ses amis. Mais, ce qu'elle avait oublié, c'est qu'elle ne devait pas en parler devant quelqu'un dont elle ne pourrait pas prévoir les pensées. S'il y avait bien quelqu'un dont elle ne comprenait pas tous les agissements, c'était son fils. Mais c'était peut- être parce que c'était son fils. Une mère ne peut pas toujours se vanter de décoder les signaux complexes de son descendant ! Bref, sans peser ses mots, elle dit ce qu'elle avait sur le coeur.

« Je dois avouer que je ressens quasiment la même chose, comme si tous mes préceptes s'étaient envolés, dit pensivement Remus. »

Lily se sentit comprise, comme à chaque fois qu'elle donnait son avis à Remus. Ils étaient réellement sur la même longueur d'ondes. Mais, alors qu'elle se félicitait d'avoir pris l'initiative de parler de ses sentiments, Harry grogna. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.

« Vous ne savez pas de quoi vous parlez, grommela-t-il. Ce que vous vivez n'est qu'une infime partie de la souffrance qu'on peut endurer lors d'un décès. Vous n'en êtes qu'à la première phase du deuil. Remerciez Dieu ou je- ne-sais-qui en qui vous croyez pour ne pas vous avoir fait accélérer le processus. Personnellement, j'en suis à la seconde phase depuis presque douze heures. Je ne suis pas croyant, et j'aurais peut-être du l'être vu la souffrance qu'on m'inflige en ce moment. Mais personne n'était là pour m'enseigner la théologie. Personne n'est jamais là. »

Sur ces mots, il quitta la pièce et gagna son dortoir.

Lily avait perçu son discours comme une envie d'être à leur place, un regret de ne pas avoir pu réagir à temps, et, plus important encore pour Lily, un reproche à ses parents de ne pas avoir été présents. Elle ressentit une pointe au coeur en pensant à ses paroles pleines de douleur.

Tout à coup, elle avait envie de lui crier : « Que pouvait-on faire ? Est- ce de notre faute si nous avons été tués ? Comment aurais-tu pu être en vie si je n'avais pas été là ? »

Mais c'était sans doute de là dont partait le problème. Peut-être souhaitait-il en ce moment même ne jamais avoir été conçu ? Peut-être désirait-il avoir succombé à Lord Voldemort ?

Lily éclata alors en sanglots. La mort de Cho l'avait affectée d'une façon bien précise. Elle n'aimait pas cette jeune fille, elle l'avait trouvé à leur rencontre très arrogante et trop sûre d'elle. Harry était d'un tout autre avis apparemment. Son décès ne l'avait pas donc choqué parce qu'elle avait disparu à jamais de la surface de la terre. C'était juste parce qu'elle prenait conscience de l'importance des choses. De l'importance de la vie et du bonheur. De l'importance d'en profiter avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'elle même ne meure, quelques années après l'époque qu'elle avait quitté.

Et elle comprenait une fois de plus qu'elle et Harry étaient complètement différents. C'était la raison de ses pleurs, et sans doute la raison de ceux de James. La peur de construire une idée totalement fausse des parents de Harry. Des gens qui ne sont pas James et Lily. Quoique Lily puisse dire, elle savait au fond d'elle qu'elle n'était pas réellement sa mère. Parce qu'un comportement de mère se construisait avec le port de l'enfant, l'accouchement, la naissance. Tout ce qu'elle n'avait pas encore vécu.

Harry, par contre, l'avait compris tout autrement. Il semblait les porter responsables de son malheur, responsables de leur absence.

Hermione jeta un dernier regard navré aux jeunes 'parents' puis rejoignit ses amis dans leur dortoir.

*********



Harry, avec mélancolie et fatigue, sortit sa Pensine de son armoire par un charme. Il s'installa dans son lit, plaça l'objet devant lui, et ferma les yeux. Des milliers de pensées, de souvenirs, grouillaient dans son cerveau et il avait immensément besoin d'en sortir quelques unes. Et puis, il comprendrait ce qui les reliait et cela ne pourrait que l'aider à avancer. Il porta sa baguette magique à son cerveau et en retira quelques fils argentés.

La matière de la Pensine tourna lorsqu'il la toucha avec le bout de sa baguette. Puis des images apparurent.

En troisième année, lorsqu'il avait regardé Cho pour la première fois. L'année précédente, quand il lui avait demandé de l'accompagner au bal. Toujours en quatrième, Cédric lui conseillant d'ouvrir l'oeuf d'or sous l'eau. Puis des scènes plus frappantes, comme celle de la mort de Cedric, la renaissance de Voldemort.

Tout de suite après, un événement plus récent se fit une petite place dans le raisonnement magique de la Pensine. Sa dernière crise.

*

« Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que je prenne soin d'elle ? Pourquoi tu me tortures comme ça ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? Si tu me laisses, je te rejoindrai. Et je verrai mes parents, mes vrais parents. »

*

« Je suis désolé, Harry, dit franchement Sirius. Je ne savais pas que tu l'aimais. »

« Ca n'a rien à voir avec ça ! hurla Harry, au bord des larmes. Personne ne doit s'approcher de cette fille, elle est à Cedric, à personne d'autre ! Cedric m'a confié sa garde, elle ne doit pas tomber amoureuse de quelqu'un d'autre ! non, elle ne doit pas. »

*

« Promets-moi, Harry, promets-moi de veiller sur Cho, dit Cedric. Espionne- là s'il le faut, mais ne la laisse pas devenir malheureuse. Ne la laisse pas avoir des aventures pour s'en remettre. Je vois dans son esprit, Harry, le sais-tu ? Je sais qu'elle va tout faire pour m'oublier en multipliant les garçons qu'elle séduira. Je l'aime. Et elle m'aime aussi, elle me l'a dit. Ne la laisse pas faire, jure-le. »

*

Harry sentit une nouvelle larme glisser le long de sa joue. Il avait presque oublié cette scène. Le fait de voir Cho avec Sirius lui avait rappelé de sa mission. Il devait obéir à ce que lui avait dit Cédric dans son rêve, la veille de son anniversaire. Harry ne l'avait dit à personne. Mais il s'était trahis lors de sa crise. Les autres devaient se poser beaucoup de questions à ce sujet. Cependant, il avait choisi de ne rien dévoiler de son étrange entretien.

Ron pénétra alors dans leur chambre. Il paraissait légèrement défaillant. Le visage pâle sous ses taches de rousseur, il s'approcha de son meilleur ami.

« Ca va, Harry ? demanda-t-il à voix basse, inquiet. »

« Ca ira dans quelques temps, répondit sincèrement Harry. Mais pour l'instant, je ne vais pas bien du tout. »

Il y eut un court silence, puis Ron reprit la parole.

« Qu'est-ce que tu as voulu dire tout à l'heure ? Que tu étais à la deuxième phase et nous à la première ? »

« Ce que j'ai essayé d'exprimer, c'est la différence de souffrance entre vous tous et moi. Tu te sens comme si tu planais, n'est-ce pas ? »

Ron hocha la tête, le visage étonnement sérieux.

« C'est tout à fait normal, le rassura Harry. Mais je ne me sens absolument pas comme ça. J'avais l'impression de vivre sur un nuage hier. Dans le sens que je n'avais pas conscience de la réalité. Désormais, j'ai passé ce cap et je souffre bien plus. Tu comprends ? »

« Je crois, oui, répondit Ron. »

« C'est de ma faute. C'est entièrement à cause de moi, éclata-t-il, incapable de se retenir plus longtemps. »

« Bien sûr que non ! protesta Ron. Tu ne pouvais pas savoir qu'elle allait te coller ! »

« Tu ne sais pas comment ça s'est passé, Ron, dit Harry. J'ai senti que quelque chose n'allait pas, mais je n'ai pas pu prévenir les professeurs à temps. Et puis, j'avais entamé la conversation avec elle, c'est normal qu'elle me suive pour la continuer. Je n'aurais jamais du... »

Ron devait être dans ses petits souliers en voyant son ami pleurer comme une fille. Pourtant, il ne se démonta pas et vint l'étreindre comme si c'était totalement naturel. Harry, stupéfait, cessa de faire couler ses larmes comme il put et observa le rouquin.

« Qu'est-ce qu'il y a ? s'étonna Ron. »

Harry secoua la tête, n'osant pas formuler ce qui l'avait tant surpris. Apparemment, la brève transformation en fille lui avait fait beaucoup de bien en matière de réconfort.

« Tu sais que tu as beaucoup moins de taches de rousseur qu'avant ? lui fit remarquer Harry. »

« Ah oui ? rougit Ron. »

« Ca signifie que tu t'assagis, mon cher ! Qui sait, peut-être qu'un jour tu arriveras à atteindre le niveau d'Hermione ? »

Ron et Harry échangèrent un sourire complice.

« On parle de moi ? »

Hermione se tenait sur le pas de la porte. Harry et Ron se tournèrent vers elle, se demandant depuis combien de temps elle était là.

« Je viens d'arriver, certifia-t-elle. Ron, je peux parler avec Harry un instant ? »

Ron hésita à protester mais se ravisa et quitta la chambre. Hermione prit sa place et fixa Harry.

« Ce que tu as dit à propos de tes parents a été très mal pris, dit-elle. »

Hermione était toujours aussi directe et dépourvue de diplomatie lorsqu'il s'agissait d'un sujet important.

« Ils l'ont pris comme une attaque personnelle, comme un reproche d'être morts, poursuivit-elle. »

« Pourquoi ? Ils auraient du le prendre autrement ? répliqua Harry. »

« Je veux bien croire que tu es déjà dans la seconde phase du deuil mais ne me fais pas croire que les reproches et critiques à tout le monde en font partie. Tu ne dois pas te comporter de la sorte avec tes parents. »

« Oui, maman, soupira Harry. »

« C'est justement là où ça ne va pas, se fâcha Hermione. Tu me prends pour ta mère. Je sais bien que ce n'est pas vraiment le cas mais tu paraît penser de la même façon envers Lily. Comme un substitut de mère. »

Harry resta silencieux. Il fallait méditer ces paroles, cela pourrait s'avérer intéressant.

« En attendant, tu ferais bien d'essayer de savoir ce que ressentent tes parents pour toi, lui conseilla-t-elle. » « Ah oui ? Et tu suggères que je fasse comment ? rétorqua-t-il, moqueur. »

« Avec ton pendentif, par exemple, répliqua-t-elle, offensée. »

Puis, elle sortit à son tour, laissant Harry seul avec ses pensées.

Elle avait sûrement raison, après tout, c'était Miss-Je-Sais-Tout qui le lui avait proposé. Harry ne prit pas le temps de réfléchir d'avantage, il saisit sa Preuve du Coeur.

Cela faisait très longtemps qu'il ne l'avait pas observé. Elle traînait toujours dans une poche de sa robe, mais jamais il n'avait songé à l'utiliser à nouveau. Pour lui, l'amour de ses parents avait été tout naturel. Jusqu'à ce qu'il comprenne qu'ils n'avaient pas l'âme de parents. Qu'ils n'y avaient pas été préparés. Qu'ils n'étaient finalement que des adolescents amoureux insouciants de leur avenir. Ses vrais parents, il ne les avait connu qu'il y a bien longtemps, à une époque dont il ne pouvait pas se souvenir. Il avait besoin d'avoir un appui de ce qu'il croyait. Il devait savoir si oui ou non il était dans l'erreur.

Le pendentif brillait comme le jour où il l'avait reçu. D'après Lily, elle reflétait tout l'amour que sa famille éprouvait pour lui. Rien qu'à l'observation de la pierre, Harry pouvait voir qu'il était apprécié. Il plaça la chaîne autour de son cou et pensa très fort à James.

Aussitôt, une vague de sentiments divers s'engouffra en lui. Amitié, regrets, tristesse, mélancolie, fierté, colère, admiration... et amour.

Parfois, d'autres émotions le parcouraient si vite qu'il n'avait pas le temps de les identifier. Mais très peu étaient négatives. Harry ne sentait même plus son corps, il ne distinguait plus que son esprit et l'effet de la Preuve du C?ur. Ni sa respiration ni ses muscles ne troublaient le calme soudain. Harry ne comprenait pas ce qui se passait, et à vrai dire, il n'avait aucune envie de le savoir. Il était libéré de tous ses soucis. Il n'était plus rongé par la culpabilité, il ne souffrait plus. L'amour de son futur père agissait sur lui comme une drogue.

Et bientôt, au fil des jours, il se comporta vis à vis de ce traitement comme avec une drogue. Il avait besoin de sa dose. C'était son moyen de s'évader. C'était une façon d'oublier. C'était la forme la plus efficace que tout ce qu'il s'était trouvé pour le divertir. Il ne sentait plus la douleur, il se saoulait de tout son corps de l'amour de ses parents pour effacer à tout jamais sa mémoire. Et il se sentait infiniment mieux. En apparence.

*******

« Harry va mieux, dit Ron. Il est joyeux, plein de vie, il nous prouve son amitié sans cesse. Je retrouve enfin mon meilleur ami ! »

« Oui, je suis ravie de son nouveau comportement, approuva Lily. Il est venu nous voir il y a quelques jours, avec James. Et il nous a dit qu'il avait réagi comme un abruti et que, même si nous n'étions pas encore ses parents, nous avions les gènes en commun. Il a ajouté qu'il nous aimait et qu'il savait qu'on l'aimait en retour. »

« Tu ne peux pas savoir à quel point ça m'a fait plaisir, s'exclama James. Mais je me demande ce qui l'a fait subitement changé. »

« Où est-il, à propos ? demanda Sirius. »

« Dans notre dortoir. Il y passe énormément de temps en ce moment. Il s'enferme aussi très souvent dans la salle de bains. Je me demande bien ce qu'il y fabrique, dit Ron. »

« Ce qu'il y fait m'importe peu, s'écria Lily. Je me contente de le voir heureux. »

« Pour moi, c'est un jugement hâtif, intervint Hermione, ce qui lui valut un regard interloqué de son amie. »

« Je suis d'accord avec Hermione. Ca ne me semble pas clair. Et je sens que ce qu'il fait tout seul a un lien avec son nouveau comportement, dit Remus. »

« Je ne veux pas vous contrarier, mais je les approuve. Harry semble aller mieux mais je sais d'expérience que ça ne peut être qu'un masque, ajouta Sirius. »

« Comment ça d'expérience ? l'interrogea Ron. »

« Lorsque ma s?ur est morte, ma mère a agit à peu près pareil. Mais quelques mois plus tard, elle a véritablement craqué. Et elle allait beaucoup moins bien que quand elle se protégeait. Je me demande si ce n'est pas ce qui va se passer avec Harry. Je vous assure que c'est horrible d'entendre sa mère pleurer à tout moment de la journée, de vous regarder avec des yeux rougis. C'en est même horripilant. Je préfère ne pas revivre ça. »

« Il a raison, dit Hermione. Nous devons l'aider. »

« Et qu'est-ce que tu suggères ? demanda Lily, mécontente de ne pas avoir l'appui de son amie. »

« D'aller lui parler. De comprendre comment il arrive à dépasser sa douleur. Parce que je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je crois qu'il en est à la troisième phase. Alors que la plupart d'entre nous qui sont les plus touchés n'en sont qu'à la seconde. »

« Où veux-tu en venir ? la questionna James. »

« Nous risquons de ne pas très bien comprendre dès le début et il va sûrement nier tout ce que nous soupçonnons. »

« Probable, admit Ron. Mais ça vaut le coup d'essayer, non ? »

« Oui. Vous n'avez pas l'impression que Harry est plus fragile que n'importe lequel d'entre nous ? demanda pourtant Sirius. »

« Il n'est pas plus fragile, Sirius. Il est juste plus accablé que n'importe qui. Remémore-toi toutes les épreuves par lesquelles il a du passer et tu comprendras. Il porte le poids du monde sur ses épaules. Et je t'assure que ça doit être bien trop lourd pour quelqu'un de son âge, rectifia Hermione, l'air grave. »

Lily songea qu'elle devait vraiment s'inquiéter pour son ami. Et Lily aurait du en faire autant mais elle n'arrivait pas à admettre que le bonheur de son fils n'était qu'apparent.

« Alors, comment procédons-nous ? »

**********

« Comment vas-tu, Sirius ? demanda James. »

« Bien, répondit son meilleur ami. »

« Je n'ai pas l'impression, pourtant, fit remarquer Remus. »

« Je vais bien, certifia Sirius. En comparaison avec Harry. »

« Donc tu ne vas pas bien, conclut James. »

Sirius soupira bruyamment. Il baissa la tête, espérant sans doute décourager ses amis. Mais il les sous-estimait. James l'encouragea à parler de ses sentiments. Mais Sirius restait bloqué.

« Pourquoi tu ne veux pas nous dire comment tu vis la mort de Cho ? demanda une fois de plus Remus. »

« Je n'ai aucune envie d'en parler, répliqua Sirius, exaspéré. »

« Tu devrais essayer pourtant, ça pourrait te faire sentir mieux, tenta James. »

« Je n'en suis pas aussi sûr. »

« Tu sais que nous faisons ça pour ton bien ? Tu es celui qui a été le plus affecté de son décès chez les Gryffondors, Harry mis à part bien entendu, dit James. »

« Et alors ? rétorqua Sirius, sa mauvais humeur s'accentuant. »

Il y eut un silence gêné durant lequel James réfléchissait. Si son meilleur ami ne voulait pas parler, tant pis pour lui ! Il le ferait sans son accord. C'était le seul moyen de le faire moins souffrir. Car il savait que Sirius souffrait. Mais il fallait qu'il libère ce qu'il avait sur le c?ur.

« James, je sais ce qui se passe dans ta petite tête de mule, maugréa Sirius. Qui te dis que je me sentirais mieux après avoir fait l'étalage de mes sentiments ? »

« Tout psychologue te le dirait, répliqua James. »

« Depuis quand tu es diplômé en psychologie moldue ? demanda Sirius, sarcastique. »

James allait insister sur la nécessité du dialogue dans son cas lorsque Remus l'en empêcha.

« Ca suffit, James, laisse-le décider. »

« Je croyais que tu avais le même point de vue que moi, s'étonna James. »

« Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il faut aider ceux qui en ont besoin. Mais Sirius n'a peut-être pas besoin de parler. Il est le seul juge. »

« Mais tu sais autant que moi que le seul moyen de se sentir mieux dans un deuil est de dialoguer ! »

« Non, personne ne réagit de la même façon face à la mort, James, s'impatienta Remus. Regarde autour de toi. Il n'y a donc pas une seule façon d'y venir à bout. »

« Très bien, ronchonna James. J'abandonne. Mais ne crois pas pour autant que j'ai arrêté de te venir en aide, ajouta-t-il en direction de Sirius. »



********

Harry s'enferma à nouveau dans la salle de bains des cinquième année. Cela faisait la troisième fois qu'il le faisait aujourd'hui. Mais il avait tellement déprimé pendant la nuit qu'il avait bien besoin d'un remontant. Il frissonna en pensant au rêve qu'il avait fait. Cédric lui avait rendu visite. Harry se demandait bien comment un mort pouvait gagner le sommeil d'un vivant. Si Cedric y arrivait, alors pourquoi Cho ne venait-elle pas ? Ou ses parents ?

Le voilà qu'il recommençait. Pourquoi tenait-il à voir ses parents décédés puisqu'il les avait en chair et en os ? Cela ne rimait vraiment à rien. N'était-il pas capable de se contenter de ce à quoi il pouvait accéder sans effort ? Pourquoi toujours chercher ce qui était quasi impossible ?

Harry secoua la tête, fatigué de toutes ces questions qui tournaient sans arrêt dans sa tête. Il fallait qu'il utilise la preuve du Coeur : il sentait les larmes affluer à ses yeux et ne désirait absolument pas avouer sa faiblesse.

Il saisit alors son pendentif et se concentra sur sa mère. Mais ce qui s'engouffra en lui ne fut pas ce à quoi il s'attendait. Tout ce qu'il distinguait était de l'inquiétude, de l'amertume, de la nostalgie. Et beaucoup d'amour, certes, mais les nouveaux sentiments étaient plus importants que l'amour maternel. Harry ne put pas se sentir partir en une légère transe comme il en avait désormais l'habitude. Pourquoi donc sa mère s'inquiétait pour lui ? Il allait bien et lui avait fait comprendre à maintes reprises.

Désorienté, Harry tenta sa chance de l'autre côté. Malheureusement pour lui, James ressentait à quelques différences près la même chose que sa future épouse.

Harry commençait à s'énerver. Il avait besoin de se sentir aimer, son esprit devait se détacher de son corps afin qu'il ne soit plus torturé. Il fallait qu'il sente l'amour de sa famille se déverser en lui. Harry avait attendu trop longtemps avant de connaître réellement ce que cela signifiait. Quatorze années sans un soutien de ses parents. Il voulait maintenant rattraper le temps perdu.

Il ne souhaitait pas sombrer. Tout ce qu'il désirait était le pardon. Celui de ses parents, celui de Cédric, celui de Cho, celui de tous ceux qui étaient morts par sa faute. Sans s'en rendre compte, une larme coula sur sa joue.

La porte de la pièce s'ouvrit doucement, laissant apparaître Hermione et Ron.

« Harry ? On a senti que tu n'allais pas très bien, dit Ron. »

« Vous avez eu une illusion, je vais parfaitement bien, répliqua Harry en essuyant discrètement la goutte d'eau salée restée sur son visage. »

Puis, il sortit en trombe de la salle de bains. Il n'était pas question que ses amis croient qu'il avait une nouvelle crise. Harry en avait réellement assez de se comporter de la sorte. Il sentait qu'il faisait peur à tout le monde. Non pas qu'il était effrayant mais le monde comptait sur lui pour se débarrasser de Voldemort. Harry avait toujours réagi comme si rien ne l'atteignait, comme si son courage dépassait toutes ses qualités. Alors chacun avait placé sa confiance en lui, sachant qu'il n'hésiterai pas à risquer sa vie pour la leur.

Harry avait été fatigué de ces insinuations et autres implicites. Il leur en avait voulu de tant d'appui. Et il avait craqué sans se soucier des conséquences.

Il était temps de reprendre du poil de la bête et montrer à Poudlard que Harry Potter était plus fort moralement que chacun de ses élèves.



********

« Harry, je dois t'avouer que Voldemort semble préparer quelque chose contre toi, dit Dumbledore. »

Harry avait été convoqué dans le bureau du directeur et s'y était rendu d'un pas assuré, s'appliquant à sa résolution.

« Comme d'habitude, répliqua Harry, impassible à la nouvelle menace. »

« C'est exact mais cette fois, il a appris à te connaître et il exploitera sûrement tes faiblesses. Comme tu le sais déjà, toute une protection a été placée autour de toi depuis un moment. Mais il va falloir renouveler les boucliers. De plus, je préfère annuler tout entraînement de Quidditch, pour ton équipe comme les autres, ainsi que les matchs. »

Harry se sentit irrité mais n'en laissa rien paraître. Il dit seulement :

« C'est compréhensible. Quoi d'autre ? »

Dumbledore sembla légèrement surpris mais poursuivit.

« Puisque tu auras plus de temps dans ta semaine, je veux que tu le consacre à plus d'entraînements. Evidemment, Remus, hem, Moony, ne pourra pas te guider tous les jours. Tu dois comprendre qu'en plus de sa situations, c'est épuisant. »

« Bien sûr, j'apprendrais d'autres sortilèges de défense et d'attaque par moi-même. »

Dumbledore haussa un sourcil au mot 'attaque' mais ne fit aucune objection.

« J'aimerais aussi que Mr Weasley et Miss Granger t'aident de temps en temps. Vous avez la permission d'utiliser la salle désaffectée que vous occupez déjà avec Moony. Je n'ai qu'une chose à te dire de plus : Mr Malfoy a les mêmes obligations que vous. »

Harry fut un peu étonné mais hocha la tête. Il sentit que l'entretien était terminé alors il se leva et atteignit la porte en bois massif.

« Harry ? l'appela Dumbledore »

Harry se retourna, pensant que son mentor avait des habitudes un peu particulières.

« J'espère que tu vas mieux. »

Harry lui fit un sourire rassurant et sortit de la pièce.

Le professeur, une fois seul, resta songeur. Puis, il prit une poignée de poudre brillante et la jeta dans le foyer de la cheminée où flambait un grand feu.

« Minerva, pouvez-vous venir s'il vous plaît ? »

L'enseignant de métamorphose apparût aussitôt dans l'âtre.

« Oui, Albus ? »

« Mr Potter semble s'être remis du décès de Miss Chang. Mais je pense qu'il est encore instable. Pourriez vous le surveiller ? »

« Bien sûr, je ferais tout pour l'empêcher de faire une nouvelle crise. »

Puis, elle disparût comme elle était apparue. Le directeur resta silencieux un moment et une étincelle brilla à nouveau dans ses yeux bleus.



Fin du chapitre !

Je sais qu'il est plus court que les derniers mais je n'arrivais plus trop à écrire vers la fin. Qu'est-ce que vous en pensez ? Ceux qui n'aiment pas le dramatique n'ont pas du apprécier, je suppose. Review please ! Remerciements aux lecteurs assidus qui me font part de leurs remarques :

Casey : Merci beaucoup ! Tu m'as l'air d'apprécier ce que je fais et ça me fait vraiment plaisir !

Luna : Tu as lu ce que j'ai mis au début du chapitre ? Merci de m'avoir laissé une review mais j'ai l'impression que ce 'vol' de phrase t'a refroidi. Je me trompe ?

Mary-evy : toute la journée ? Ca aurait pas été bon pour moi ! Pourquoi ? Parce que tu aurais trouvé toutes les erreurs que j'ai commises et que personne n'a remarqué (j'espère) et tu aurais décrypter mes pitits indices ! Pas bon du tout ! Promets-moi de ne pas décortiquer mon histoire ! s'il te plaît ! *yeux suppliants* . tu te rends compte que je demande l'inverse de tous ce que les auteurs aimeraient ? Je dois être totalement folle. J'en connais quelques unes qui auraient pu me contaminer (non, non, je ne vise personne ! ;) )

Mister-master : auto-dérision, alors ? Voilà une chose dont je ne suis que très peu capable ! Tu as donc l'infime honneur de m'avoir pour admiratrice ! ( je plaisante ! Merci de continuer de me laisser des reviews à chaque chapitre ! Bisous.

Fleur : Ohhhh....je suis désolée de t'avoir arraché un hurlement de rage. Ça n'était pas mon intention, tu le sais, n'est-ce pas ? merci beaucoup pour tes compliments ! gros bisous !

Juliepotter : comme je l'ai déjà dit, si tu adores l'humour, tu ne vas pas être très satisfaite de ma fic mais si ça te plaît quand même, ça ne peut que me faire plaisir ! Bisous et merci !

Bouboule26 : merci encore ! ça me motive de savoir qu'il y a des lecteurs impatients qui trépignent devant leur ordi pour avoir la suite de mon honorable histoire. Si ça continue, ma tête va gonfler, à moins que ça ne soit mes chevilles ! (l'option de la tête plus les chevilles n'est pas à mettre de côté). Bisous

Marie : salut toi ! tu dis que mon chapitre est écoeurant ? Ca ne serait pas le sens québécois, par hasard ? Parce qu'au sens français, je ne vois pas trop pourquoi. Je n'ai pas abusé du sang, si ? Bon, ok, ça devait être pour la fin. Mais vous allez arrêter de m'en vouloir pour ça ? Je plaisante ! Gros bisous et merci beaucoup petite Marie.

Minerva : oh, oui, je commence à le savoir ! Je suis cruelle, je sais ! Mais ce n'était pas intentionnel ! J'y peux rien si j'adore le suspense. Non, en fait, je mens, je déteste quand on m'inflige le suspense, mais j'adore l'infliger aux autres. *sourire diabolique*. Et pour cette loi, ça m'étonnerai qu'elle marche. Qui se priverait d'un si bon suspense ? et puis, la parution de ce genre d'histoire est déjà interdite, non ? Merci beaucoup Minerva !

Mymye-Potter : tu m'as réellement touché. Je te jure, c'est sincère. J'ai presque sauté de joie tellement tu m'as fait plaisir. C'est une des meilleures reviews que j'ai reçue, pourtant, toutes m'ont touché. C'est pour ça que je t'ai dédié ce chapitre, pour te remercier. Ca me permet de remonter mon moral et ma motivation et de mieux juger mon 'travail'. Merci infiniment ! gros bisous.

StarsAngel01 : ah non ! Si tu pleures, je pleure aussi ! Et puis, après ce chapitre, j'ai encore plus envie de pleurer que toi, je suis sûre ! Quoi ? comment ça tu ne me crois pas ? Tu veux qu'on fasse un concours du plus grand torrent de larmes qu'on pourra verser ? hum... j'ai la vague impression que tu m'as contaminé... gros bisous et merci beaucoup de toutes ces super reviews ! je te promets qu'un prochain chapitre te sera dédié. Et je t'interdis de me bouder ! Non mais !

Sarah : wah ! Ca me fait vraiment énormément plaisir. J'adore quand on me fait plein de compliments (qui n'aime pas ça, d'ailleurs ?). et oui, je sais que la fin n'est pas terrible. Celle-là te conviens mieux ?

Ccilia : eh ! salut ! Une de mes traductrices préférées ! combien de fois je vais me répéter ? Merci beaucoup et je te promets de faire à l'avenir des fins plus appréciées ! bisous

Linalyna : de rien, mais ça ne se reproduira plus trop souvent ! Moi aussi, je préfère le chapitre 18, question humour mais en général, je préfère le 19. Quoique... et tu n'auras pas la réponse à ta question ! Et puis, qui te dis que Harry sera casé ? La vie est une immense surprise... Bisous, @++

Hermichocos : coucou Herm ! Je me demandais si tu lisais ma fic, justement et quand j'ai vu arriver cette review magnifique dans ma boîte, j'ai été trop contente ! Tu peux pas savoir ce que ça m'a fait ! J'aime bien quand les lecteurs mettent leur passage préféré ou ce qu'ils ont ressenti à tel moment mais peu le font. Alors, là, j'apprécie ! Et, non, tu te trompes, je n'ai pas été sadique dans une vie antérieure, je SUIS sadique ! Je plaisante ! A propos, tu vas cesser de t'approprier Harry ? Pour la peine, je ne vais le mettre avec personne pour me le réserver ou alors je vais m'inclure dans ma fic. Non mais ! Gros bisous et dès que j'ai le temps, je te fais un gros commentaire sur ta fic à toi.