Chapitre 6 : Est-ce que tu veux vraiment savoir ?

Je me réveille au milieu de la nuit, tellement frustré que je me lève, sort les ciseaux de leur cachette et me réfugie dans la salle de bain.

J'ai fait un horrible cauchemar. Je me sentais comme aspirer dans un océan de ténèbres et je ne pouvais rien y faire. Je voulais que ça sorte de moi et la seule façon que je connaissais c'étais en me coupant.

Je passe la lame sur ma peau une centaine de fois, jusqu'à ce que le sang coule et que tout ce qui reste soit la douleur.

Je viens juste de réaliser pourquoi je me mutile. Quand je me blesse physiquement, j'efface la douleur émotionnelle de tout le reste.

Les ciseaux tombent sur le sol, faisant une bruit monstrueux en rebondissant sur le carrelage.

Je me recroqueville sur le sol, essayant de me forcer à pleurer, mais je ne peux pas. Je ne sais pas pleurer.

Alors je me lève, j'essaye les ciseaux sur ma robe et quitte la salle de bain. Je quitte la salle commune.

Les couloirs sont sombres pendant la nuit, mais ce soir, l'immense château semble encore plus vide, plus noir. Je passe devant une fenêtre et j'aperçois le lac, brillant sous la lumière de la lune

Alors je vois une ombre près de lui, et alors que je la fixe, j'aperçois des cheveux d'un blond platine.

Malfoy.

Avant même d'avoir pu y penser, je cours en bas des escaliers, puis dehors dans l'air frais de la nuit. C'est froid, mais pas intenable, alors je n'y prend même pas garde.

Je marche vers Malfoy, m'arrêtant à quelques mètres derrière lui, hésitant.

"Qu'est-ce que tu veux, Potter ?" il demande en se tounant vers moi, les yeux fixés sur le sol.

"Je voulais juste savoir ce que tu faisais ici au milieu de la nuit."

Ces yeux me suivent alors que je m'approche et que je me laisse tomber à côté de lui.

"Pourquoi tu fais ça ?"

"Pourquoi je fais quoi ?"

"Te couper."

Je me fige. Alors c'est vrai, il sait.

"Pourquoi ça t'intéresse ?" je lui demande durement, "Je n'en ai parlé à aucun de mes amis, pourquoi je t'en parlerais à toi ?"

"Peut-être que tes amis n'en ont simplement rien à faire."

C'était vrai. Ils étaient toujours occupés avec leurs propres vies. Je restais silencieux, jouant avec un brin d'herbe entre mes doigts. Je pense qu'il a sentit que ce qu'il avait dit était vrai.

"Est-ce que tu veux vraiment savoir ?" je demande.

"Est-ce que tu veux vraiment me le dire ?"

Je le regarde dans les yeux. Dans la lumière de la lune, ils sont presque blancs, et ils me fixent intensément. Je secoue la tête.

"Est-ce que tu as déjà été battu par ton père ?"

"Parfois. Mais c'est pas comme si il en avait fait un sport."

"Sans aucune raison ?"

"Non."

J'hésitais.

"Vernon le faisait. Mon oncle Vernon. Il ne l'avait jamais fait avant. Pendant l'été, il a commence à ma tabasser. Chaque nuit. Au début je criais mais il ne m'en frappait que plus fort, alors j'ai abandonné. Il m'a brisé des côtes, j'ai même fini à l'hopitâl. Il m'avait cassé une jambe en me poussant dans les escaliers. Et puis, une fois, il m'a battu tellement fort que j'ai pris les ciseaux, et… et…"

Je prend une longue inspiration, en essayant de ne pas pleurer, et je ne remarque pas les larmes qui coulent déjà le long de mes joues.

"Je finis par me blesser moi-même, et je ne peux pas. Je ne sais pas. Je ne peux pas arrêter. Parfois. Je voudrais juste."

Il me prend dans ses bras, et mes mots se changent en larmes. Sa poitrine est tout contre la mienne, me réchauffe. Je sens son souffle chaud dans mon cou.

"Ca va aller" il me murmure, alors je me laisse aller contre son épaule.

Je reprend finalement le contrôle de moi même et je le regarde. Il a les yeux fixé sur moi, et j'aperçoit quelque chose dans ses yeux que je ne peux identifier.

"On devrait aller au lit" il me murmure, et j'acquiesce.

Il me tient alors qu'on marche vers le château. Je monte les escaliers vers ma chambre, lorsqu'il me retient par la main.

"Je…" il commence.

Je le mors la lève. "Quoi ?"

Il secoue la tête. "Rien. Oublie ça."

Il me regarde, et je peux voir ses yeux argentés dans les ténèbres du grand hall.

"Bonne nuit Harry."

"Bonne nuit Malfoy."

Je sens sa main se crisper un peu. Il laisse échapper un petit sourire figé.

"Je suppose que c'est ce que je serai toujours pour toi, n'est-ce pas ? Un Malfoy ? Un petit snob arrogant ?" Sa voix est calme, mais je sens la colère couler en lui.

"Non- c'est juste que- je-"

"Laisse tomber" Il m'interrompt brusquement.

Je presse doucement sa main, et me rapproche de lui. Son souffle me frôle.

"Je suis désolé-" je commence mais il se détourne de moi, en lâchant ma main.

"Je dois y aller." Il dit et il s'en va, en me laissant seul dans le grand hall, le regardant s'éloigner jusqu'à ce que les ténèbres ne l'avalent.

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