Chapitre 8 : Comme ses yeux

J'ai de nouveau passé le dîner, à la place je suis monté dans mon dortoir et je me suis couché sur mon lit.

J'essaye de penser à ma vie avant cette année, avant que tout ai commencé. Mais je ne peux pas. Les souvenirs ne veulent pas venir. Ce n'est plus qu'un profusion de couleurs, de scènes sans aucun sens.

Ca me rend dingue. Je ne peux plus rester immobile, je ne peux plus respirer dans cette chambre.

Je me lève et me penche. La lame des ciseaux étincelle dans la lumière. Je les ramasse.

Je ne peux pas rester dans cette pièce plus longtemps. Alors je m'en vais, je sort, hors de la pièce commune, hors de l'école, jusqu'à ce que j'arrive à l'orée de la Forêt Interdite.

Je ne sais pas ce qui me pousse à la faire. Tout ce que je sais c'est que, la seconde d'après, je cours entre les arbres, les branches et les racines s'accrochent à la robe, laissent des coupures sur ma visage et mes jambes. Comme si cela me faisait encore quelque chose.

J'arrive dans une sorte de petite clairière. Il commence à être tard, le ciel prend de magnifiques couleurs sombres. Les mauves, les bleus, les jaunes, les rouges, les oranges, ils se mélangent tous tellement parfaitement.

Je tombe sur mes genoux, un bras tendu, les ciseaux dans l'autre.

Je coupe une profonde entaille le long de mon poignet, juste à travers mes veines, les laissant saigner librement.

Je change de main et je fais la même chose à mon autre poignet. Je laisse tomber les ciseaux.

Je regarde le ciel, plus pâle maintenant, se rapprochant du noir.

J'entend une voix, comme dans un rêve.

Mon esprit se brouille, le monde semble recouvert de brouillard, comme si un drap recouvrait ma tête.

"Harry !"

Je l'entend. Je le reconnais. Même avec la peur dans sa voix d'habitude si froide, je le reconnais.

Je tombe et Draco Malfoy me rattrape, glissant dans l'herbe humide.

"Harry ?" il murmure.

A travers le brouillard, je vois qu'il pleure.

Ses doigts touchent mes poignets, essayent d'arrêter le sang qui coule.

Mes mains se lèvent et je trace le fin dessin de son menton avec mon pouce. Sa peau est incroyablement douce.

Ce que je pourrais faire pour la goûter, pour le sentir.

Il se penche et m'embrasse, ses larmes et les miennes se mélangent. Sa langue et la mienne explorent la bouche de l'autre, si douce et chaude.

Il se redresse et tient mon visage dans ses mains.

"Draco," je murmure

Je le vois sourire.

Mes yeux se ferment, ma tête roule en arrière. Je sens mon pouls ralentir, mon cœur se battre pour amener du sang, sans espoirs.

"Harry? " il demande effrayé. "Harry ? Ne meure pas ! S'il te plaît, ne meure pas ! Harry !"

Mais je m'en vais, aspire par les ténèbres.

J'essaye de lui dire que tout va bien, que tout est parfait. Que j'ai finallement trouvé la paix, pour la première fois de ma vie.

Mais je n'ai plus la force de lui dire.

Le monde devient plus sombre maintenant, et les bruits de la nuit meurent dans mes oreilles.

J'ouvre mes yeux une dernière, pour voir le ciel.

C'est un ciel d'un beau gris nuageux, comme ses yeux.