Chapitre 10 : Un souffle d'espoir
Je suis assis là, sur le sol froid, au milieu de la Forêt Interdite. Moi, Draco Malfoy, je suis assis dans la poussière, le visage sali de larmes, mais cela n'a pas d'importance, cela n'a plus d'importance.
Dans mes bras, je tiens le corps d'un jeune homme que je croyais détester, et que pourtant j'aurais pu aimer. Cela ne fait que quelques secondes qu'il a fermé les yeux, mais pour moi ça fait une éternité. Et je reste là, incapable de réagir, incapable de réfléchir.
Il ne bouge plus, je crois qu'il est mort. Mes larmes redoublent de vigueur. Doucement mes doigts tracent la courbe de sa mâchoire, le dessin de ses lèvres…
Soudain ma main s'immobilise, juste au dessus de sa bouche. Je sens quelque chose, comme un léger souffle… Dans mon cœur, une lueur d'espoir s'allume. Non, impossible, ce doit être le vent.
Je me penche vers lui, mes lèvres effleurent les siennes, tremblent sous le léger frémissement… Il respire encore…
Soudain, dans ma tête tout s'accélère. Tendrement mais rapidement, je le soulève dans mes bras, et je cours, je cours comme je n'ai jamais couru. Je cours parce sa vie en dépens… parce que ma vie en dépens.
J'entre en trombe dans l'infirmerie, dépose sur un lit mon précieux fardeau. Je réveille Mme Pomfrey. Elle est surprise, demande des explications à mon intrusion si tardive. Mais lorsqu'elle aperçoit Harry si pâle sur le lit, elle s'arrête, me regarde :
« Dépêchez-vous, allez chercher Dumbledore ! »
Je suis déchiré à l'idée de le laisser là, tout seul, mais je m'exécute. Je cours dans les couloirs jusqu'au bureau de Dumbledore. Je ne connais pas le mot de passe, alors je crie, je frappe de toutes mes forces sur la porte.
Lorsque, après ce qui me semble une éternité, elle s'ouvre, le vieil homme apparaît. Un seul coup d'œil à mon visage lui fait comprendre que quelque chose de grave vient de se produire.
« Professeur, venez vite… l'infirmerie… Harry… »
Il hoche la tête et, sans un mot, me suit à travers les couloirs.
Mme Pomfrey s'active autour d'Harry. En mon absence elle a bander ses poignets, le sang s'est arrêté de couler… Je frissonne, il est toujours si pâle, étendu là sans vie sur ces draps blancs.
Pomfrey entraîne Dumbledore à l'écart et je reste là debout devant la porte, n'osant pas m'approcher. Ils murmurent, mais j'entend quand même quelques brides de leur conversation.
« Il s'est sectionné les veines… grave… perdu beaucoup de sang… une tentative de suicide… »
Oui, c'est vrai… Harry a essayé de se suicider. Bien sûr, je le savais déjà mais l'entendre formulé en mots me glace, la réalité me frappe en pleine figure… Il a voulu s'ôter la vie… Je savait qu'il se mutilait… Je ne croyais pas qu'il irait jusque là… j'aurais dû faire quelque chose, prévenir quelqu'un, …
Je m'approche lentement du lit, doucement je lui prend la main… Je me sens coupable… Bien sûr, ce n'est pas ma faute… mais qu'est-ce que ça change ? Je repense au garçon plein de vie qui ne se laissait jamais démonter par mes mauvais tours… Je me souviens du Harry courageux qui était près à risquer sa vie pour ses amis… et même pour les autres… peut-être même pour moi, malgré toutes les méchancetés que j'avais dites et faites… Un garçon comme ça ne devait pas mourir, ne devait pas vouloir mourir, ce n'était pas juste, pas normal… Il méritait de vivre, d'être heureux…
Dumbledore s'est approché de moi mais je n'ai l'ai pas entendu. Doucement, il pose la main sur mon épaule.
« Professeur, est-ce qu'il va mourir ? »
« Je ne sais pas, Draco, il a perdu beaucoup de sang… Il faudrait lui faire une transfusion… »
Sans hésiter, je relève ma manche, lui tant mon bras. Il doit comprendre ce que je veux dire, parce qu'il hoche la tête et fait signe à Mme Pomfrey d'approcher. Je prie pour que mon sang soit compatible…
Elle m'allonge sur le lit, plonge une aiguille dans mon bras, prélève quelque goûtes de sang. Elle réapparaît rapidement, et je soupire de soulagement lorsqu'elle me fait signe que c'est le cas.
Bientôt, un tuyau relie mon bras à celui d'Harry, lui apporte le sang dont il a besoin pour vivre, mon sang.
Mais je sais bien qu'il a perdu beaucoup de sang, trop de sang, que je ne pourrais jamais lui en donner assez pour être sûr qu'il s'en sorte. Pourtant je serais près à tout lui donner, jusqu'à la dernière goûte. Dombledore ne me laisserait pas faire évidemment…
Lorsque Mme Pomfrey retire l'aiguille, je lève vers elle un sourcil interrogateur.
« Je ne sais pas encore… mais c'est tout ce que tu peux lui donner… Il faut attendre, voire si il est assez fort… »
Si il est assez fort ? Oui il est fort, enfin il l'était… Pourtant après cette nuit, j'ai peur pour lui… Il avait choisi d'en finir avec la vie, est-ce qu'il se battra pour la garder ? J'espère que oui, j'espère que tout au fond de lui il trouvera le courage… Pour lui… Pour moi, parce que j'ai compris ce soir que je ne voulais pas le perdre, que je ne pouvais pas le perdre…
