Chapitre 11 : Ton souffle sur mes lèvres

Les heures ont passées, interminables, glaciales, mais je n'ai pas bougé.

Il n'y a que lui et moi entre ces quatre murs blancs, le professeur Dumbledore et Mme Pomfrey ont fini par retourner à leur sommeil en me disant de faire de même…

Retourner dans ma chambre comme si de rien n'était ? Impossible ! Et le laisser là, tout seul ? Inconcevable.

Cela fait des heures que je suis assis sur le lit à côté du sien, des heures que je guète le moindre mouvement, le moindre signe d'amélioration… Comme si le quitter des yeux pouvaient le faire disparaître, comme si mon cœur s'arrêterait de battre à l'instant même où je détournerais le regard…

Les premières lumières de l'aube se glissent doucement par la fenêtre, bientôt Hogwarts s'éveillerait et avec la lumière du soleil naîtraient les premières rumeurs. Le Survivant tentant de mettre fin à ses jours ? Toute l'école allait en faire des gorges chaudes d'ici à la pause du midi.

Bientôt les bruits du matin se font entendre et j'entend des élèves rirent dans un couloir proche. Mon cœur se serre… Quel droit ont-ils de rire alors que lui est couché là, perdu quelque part entre la vie et la mort ? Quel droit ont-ils d'être heureux et insouciants alors que lui se meurt par désespoir ?

Sans que je m'en rende compte, un rayon de soleil s'est posé sur le visage d'Harry, ses joues ont l'air moins pâles, et je me surprend à espérer à nouveau !

La lumière a chassé de la chambre cette impression pesante de veillée funèbre à laquelle je serais le seul invité, la remplaçant par ce calme paisible et réconfortant, à ce moment de la journée où tous les rêves sont permis.

Doucement, sans faire de bruit, je quitte le lit sur lequel je viens de passer la nuit et je m'approche du lit voisin. Je m'assied délicatement sur le bord, et je le regarde… Il a presque l'air de dormir maintenant, j'écoute le rythme doux et régulier de sa respiration, et j'ai terriblement envie de sentir à nouveau ce souffle caresser mes lèvres, de goûter son parfum fruité, de sentir ses cheveux chatouiller mon cou…

Mais je reste assis là à le regarder, j'ai peur de le toucher comme s'il était une porcelaine fragile que je risquerais de briser… C'est vrai qu'il a l'air si fragile, allongé là, mon instinct me dit de le protéger, de le préserver du monde extérieur…

Je me fige brusquement, effaré par ce que je viens de penser… Qui aurait cru qu'un jour Draco Malfoy aurait ce genre de sentiments pour Harry Potter ?

Je le regarde et ces sentiments me semblent les plus naturels du monde, à tel point que même si je sais qu'il ne peut pas me voir, je ne peux m'empêcher de lui sourire tendrement…

J'approche ma main, mes doigts caressent doucement le contour de son visage, effleurent ses lèvres… et je ne vois plus qu'elles, ses lèvres si douces, si tentantes… et je n'ai plus qu'une seule envie… les sentir contre les miennes…

Doucement, je me penche vers lui, j'effleure son nez avec le mien, son souffle sur ma nuque me fait frissonner, et enfin, ma bouche se pose sur la sienne.

Je l'embrasse doucement, presque sans bouger.

Et puis je m'immobilise complètement, surpris, quand ses lèvres répondent aux miennes, et qu'il partage mon baiser…

Sans cesser de l'embrasser, j'ouvre les yeux… et je plonge dans une mer émeraude…