Chapitre 2.
Elle était ma soeur.


Sur place, notre envoyé spécial, Mike Bazers.
-On s'en fiche, conclut Dudley en changeant de chaîne.
Harry voulut protester mais se retint. De toute façon, il ne ferait pas réaliser aux Dursley l'importance de ce reportage...La moustache de l'oncle Vernon frémit.
Remets, Dudley.
-Mais euh, Papaaaaaa ! se mit à geindre Dudley.
-Ca peut toujours être utile par les temps qui courent, remets moi ça, fiston.
Dursley ronchonna un petit peu et remit les informations. Pétunia cessa d'espionner les voisins par la fenêtre et Harry se redressa sur sa chaise, aux écoutes.
Cette nuit, ici même, dans la banlieue de Birmingham, deux hommes masqués ont tenté de mettre fin aux jours de la famille Granger. Mais leur fille de quinze ans, Hermione, veillait.
-Hermione ! siffla Harry.
Vernon se tourna vers lui, menaçant.
Je veux dire...Euh...C'est étrange comme prénom ! tenta le jeune homme, maladroitement.
Le regard suspicieux de Vernon repartit vers la télévision.
Il y a des imbéciles partout pour donner des noms idiots à leurs enfants.
Le journaliste de la télévision se tourna vers une Hermione fatiguée, lasse et amaigrie.
Alors, Hermione, raconte-nous ce qu'il s'est passé.
-J'étais en train de faire mes devoirs de vacances dans ma chambre...
-Quelle heure était-il ?
-Je ne sais pas...Environ deux heures du matin mais j'avais presque fini et je ne voulais pas aller au lit tant que je n'avais pas terminé...soudain, j'ai entendu deux voix masculines dans la maison. Je suis sortie de ma chambre, un balai en main.
-Un balai ?
-Oui, j'avais fait le ménage dans l'après midi...Donc, je suis sortie et je me suis retrouvée face à face avec un homme cagoulé de noir. Il n'a rien eu le temps de dire, je l'ai frappé le plus fort que j'ai pu et il s'est évanoui. J'ai couru vers la chambre de mes parents. Dans l'encadrement de la porte, il y avait un autre homme. Il me tournait le dos, j'ai visé la tête et je lui ai assené un coup de balai. Lui aussi s'est écroulé. Le bruit que j'ai fait avait réveillé mes parents. J'ai demandé à mon père - qui est dentiste - de faire une piqûre de tranquillisants aux deux hommes. Ensuite, on les a ligotés comme on a pu, on a appelé la police et voilà. Mais ils ont succombé pendant l'interrogatoire. Sous l'emprise de drogues, certainement.
-Et tu n'as pas peur en racontant cela à visage découvert à la télévision ?
-Peur de quoi ?
-D'une nouvelle attaque, que d'autres hommes reviennent...
Hermione serra les dents et fit d'un air résolu:
Qu'ils essaient...
-C'était Mike Bazers en direct de Birmingham...
Dudley changea de chaîne. Plusieurs fois pendant que son amie parlait, Harry avait détecté dans ses yeux une lueur étrange... Il ne faisait aucun doute qu'elle avait menti.
Il s'aperçut soudain qu'ormis la télévision, tout était silencieux chez les Dursley. Vernon et Pétunia semblaient soucieux, contrairement à Dudley qui se régalait d'une bête série américaines et d'histoires de coeur simplistes.
Harry se tourna vers son oncle et sa tante. Quelque chose passa dans leur regard. Ils étaient au courant. Les trois individus restèrent à se dévisager les uns les autres sans mot dire, gênés.
Pétunia, toujours appuyée contre la fenêtre marmonna, pour rompre le silence:
Vernon, viens voir, les voisins ont changé de télé...
Vernon Dursley rejoignit sa femme à la fenêtre et fit mine de s'absorber dans la pauvre vie d'une platitude extrême de ses voisins.
Tiens, ils n'auraient pas changé de canapé aussi ?
-Tu plaisantes, Vernon ? C'est le canapé qu'on leur a offert à leur mariage ! Et puis, ils n'ont pas gagné au loto, non plus ! Pourtant, lui joue tous les jours... Ah, mais tu n'as pas la physionomie des objets, vraiment...
-Ah oui, c'est juste... répondit Vernon d'un air absent.
Harry avala son quartier de pomme, prit une grande inspiration et dit, bien fort:
Oncle Vernon, Tante Pétunia, je crois que nous avons à parler.
-Oui.
Dudley en tomba de sa chaise.
Mamaaaaaaan ! Je peux rester ? Dis, je reste hein ? Oui, je reste !
-Non, mon Duddy, monte dans ta chambre.
Dudley se mit à gêmir et fit semblant de pleurer. Pétunia soupira.
Si tu montes dans ta chambre comme je te l'ai dit, tu auras des gauffres au sucre après.
Dudley sourit largement et courut dans sa chambre. Vernon verrouilla la porte et soupira.
Très bien. Explique-nous ce qu'il se passe.
-Eh bien...Il y a quelques années, un puissant mage noir du nom de Voldemort semait la terreur dans le monde des sorciers...
Harry, inquiet, s'interrompit en voyant le couple frissonnant aux mots et .
Nous sommes au courant de cela, marmonna Vernon, cet homme-même qui a tué tes parents, c'est ça ?
-Je ne sais pas si on peut le considérer en tant qu'homme mais...Toujours est-il que je l'avais réduit à néant.
-Nous savons aussi cela. Le jour où nous avons été forcés de te recueillir, les gens qui t'ont déposé ici nous ont tout expliqué dans une lettre.
-D'accord...Donc, chaque année scolaire, Voldemort est revenu sous diverses formes et je l'ai affronté. Mais cet été, il a recouvré son enveloppe charnelle.
-Venons-en au fait, soupira Vernon, as-tu les moyens de nous protéger ?
Harry resta bouche bée. Jamais il n'aurait imaginé son oncle lui parler de magie d'une manière si franche.
Je ne crois pas. Je pense écrire au directeur de mon école pour lui demander d'envoyer une protection ici. C'est très étonnant que Voldemort n'ait encore rien tenté.
-Fais ce qu'il te semble bon de faire.
Pétunia et Vernon se regardèrent, cherchant dans leurs yeux une réponse à une même question.
Nous...Nous t'aiderons si nous le pouvons, murmura Vernon au prix d'un gros effort, nous avons plus besoin de toi que jamais...Nous avons tenté de renier ta magie, elle nous faisait peur...Mais nous devons aller au-delà de tout cela, maintenant que tu dois nous protéger.
-Nous savons que cela sera extrêmement dur de repartir à zéro, mais essayons tout de même, continua Pétunia, lorsque les temps sont durs, il faut oublier les disputes stupides...Et puis...
-Et puis ? interrogea Harry.
-Et puis...Avant que Lily n'entre dans ton école, elle était ma soeur.
Pétunia détourna le regard, visiblement gênée et émue. Vernon attira sa tête contre lui et ils restèrent tous deux comme cela. Harry sourit et fit maladroitement:
Je vais écrire à mon directeur...
Lorsque le jeune homme monta dans sa chambre, il ne croyait toujours pas ce qu'il venait de se passer...Ca paraissait si...Irréel !
Un magnifique hibou au plumage fauve l'attendait sur son lit. Il décrocha la lettre attachée à la patte du volatile, lui fit signe d'attendre et lut:

Cher Mr Potter,

En raison des récents événements, Poudlard reste ouvert pendant ces vacances. Ne vous rendez pas sur le Chemin de Traverse pour vos fournitures. Par mesure de sécurité, elles vous seront distribuées à Poudlard.
De plus, l'usage de la magie vous est autorisé en cas de force majeure. Tout abus sera sanctionné par un renvoi de Poudlard.
D'autre part, il n'y aura pas de week-end à Pré-Au-Lard cette année.

Sincèrement,

Minerva McGonagall, directrice adjointe.

Harry soupira. En effet, Voldemort était bel et bien revenu...