Chapitre 3.
Je ne me sens pas assez puissant pour les protéger.


Harry prit sa plume et écrivit sur une feuille de parchemin:

Chers Professeurs Dumbledore et McGonagall,

J'ai un peu parlé avec mes moldus de Voldemort...Je ne me sens pas assez puissant pour les protéger. Que dois-je faire ?

Mes respects,

Harry Potter.

P.S: Un séjour chez Ron Weasley serait-il envisageable ou trop dangereux cet été ?
P.P.S: Avez-vous des nouvelles de Sirius et Hagrid ?

Il attacha sa lettre à la patte du hibou sans même prendre le temps de la relire. Le volatile s'envola pour laisser place à un autre oiseau, au plumage cendré. Le coeur d'Harry fit un bond en parcourant ces quelques lignes... Il s'allongea sur son lit et ferma les yeux...
Cho lui écrivait...Cho, la jolie Serdaigle pour laquelle son amour ne cessait de grandir, Cho, l'ancienne petite amie de Cedric Diggory, Cho, l'innaccessible...
Et voilà qu'elle voulait savoir...Que répondre ? Oui, bien entendu, parler de cet instant terrible lui serait douloureux et très éprouvant...Mais après tout, elle avait le droit de connaître les circonstances de l'événement, de savoir qu'il n'avait eu le temps ni de souffrir, ni de se défendre...Et Harry avait besoin de se confier à quelqu'un.

Chère Cho,

Je comprends que tu éprouves le besoin d'entendre toute l'histoire...Ce sera difficile, et pour toi, et pour moi, mais je pense que c'est le mieux à faire...Que préfères-tu ? Ecrit, téléphone ou autre ? J'attends ta réponse.

Je pense à toi et...Te soutiens de tout coeur.

Harry P.

Harry regarda le hibou disparaître au loin tout en réfléchissant. Ce ne serait pas simple... Oh, si seulement il avait pu parler à ses parents à cet instant, rien qu'un tout petit peu, quelques minutes...Il aurait donné n'importe quoi pour cela... Il avait besoin de savoir, lui aussi... Maintenant que Voldemort était revenu, que tout recommençait comme avant...Il aurait eu besoin de parler à ses parents. Il sortit une nouvelle feuille de parchemin et écrivit:

Chers Sirius et professeur Lupin,

J'espère que vous êtes en sécurité... Avec tout ce qu'il se passe en ce moment, j'ai très peur pour vous... J'éprouve actuellement un sentiment très étrange, un besoin de parents... Pourtant, mes rapports avec les Dursley sont meilleurs que jamais...Nous avons eu une petite discussion à propos de Voldemort et ses acolytes. J'ai promis de faire ce que je peux pour les protéger. J'ai écrit à Dumbledore et McGonagall pour qu'ils m'expliquent ce que je peux faire. Mais j'aurais besoin de parler à des personnes qui ont connu mes parents mieux que personne, qui ont partagé beaucoup de choses avec eux...Qui les ai aimés.
Je vous écris donc pour que vous me parliez de mes parents...Ca peut paraître stupide mais chaque jour j'ai plus besoin d'eux, d'en apprendre sur ce qu'ils étaient...
Voilà, donnez-moi de vos nouvelles très vite...

Amitiés,

Harry P.

Et Hedwige s'envola à son tour par la fenêtre. La sonnerie du téléphone qui retentit en bas des escaliers fit sursauter Harry avant qu'il ne se replonge dans son ennui teinté d'angoisse, état qui lui était devenu familier depuis quelque temps.
C'est pour toi ! hurla Pétunia Durlsey de l'étage inférieur.
Le coeur d'Harry fit un bond dans sa poitrine. Il apparut en haut des escaliers, l'air étonné, et interrogea :
Pour...Moi ?
-Dépêche-toi, allez !
Harry sauta même les cinq dernières marches...Il se rua sur le téléphone.
Allo ?
-Harry ?
-Hermione !
La voix d'Hermione était fatiguée et soucieuse. Elle commença par lui demander des nouvelles de sa cicatrice. Harry eut un faible sourire et répondit d'une voix amère:
C'est drôle ces conversations...La première chose dont tu me parles, c'est ma cicatrice...Enfin.... Disons que j'ai mal en permanence, mais c'est à peu près supportable...Et il fallait que je m'y prépare. Il est revenu, Hermione, Voldemort est revenu...
-Tu parviens encore à prononcer son nom ? Oh, Harry, j'ai si peur...
-Moi aussi, j'ai peur, Hermione...C'est vraiment difficile comme période...Pour la première fois, son nom me fait frissonner, moi aussi...Je t'ai vue à la télévision tout à l'heure.
-Je m'en doutais...
-Tu as menti, n'est-ce pas ?
-Sur quoi ?
-Presque tout...Cette histoire d'assommage à dormir debout...
-Il fallait bien inventer quelque chose ! N'oublie pas les précautions anti moldues...
-Que s'est-il réellement passé ?
-J'ai...Je l'ai fait Harry.
Harry dut s'asseoir. Impossible. Il avait mal entendu. Ou mal compris. Impossible. Strictement impossible. Pas Hermione. Jamais. Impossible.
Tu as fait quoi, Hermione ?
-Arrête de faire celui qui ne comprend pas ! J'ai jeté l'Avada Kedavra....Et à deux reprises.
-Mais pourquoi ?? Tu aurais pu... Les stupéfixer, les pétrifier, les immobiliser, les endormir ! Je ne sais pas, moi, mais autre chose !
-C'est pour ça que j'appelle, je dois te prévenir...
-Arrête. Comment as-tu eu mon numéro ?
-C'est toi même qui me l'a donné, il y a quelques années... Tu ne te souviens pas ? Enfin, peu importe. Ce n'est qu'un détail. Je dois te prévenir, Harry...Je leur ai jeté tous les sorts capables de les mettre hors d'état de nuire quelque temps...Aucun n'a fonctionné ! Les sorts ricochaient et à leur regard, j'ai vu qu'ils voulaient me tuer... Alors.... Je l'ai fait. Mes parents m'ont retrouvée en train de sangloter, à deux heures du matin, en chemise de nuit, à côté de deux cadavres...J'ai voulu leur expliquer, mais je pleurais trop. Le ministère de la Magie est arrivé peu après... Cornelius Fudge en personne. C'est lui qui m'a dit ce que je devais raconter aux moldus...Je n'ai fait qu'obéir.
-Tu n'as pas peur ?
-Comme je l'ai dit aux journalistes, je n'hésiterai pas à recommencer...
-Mais...Hermione ! Tu te rends compte de ce que cela représente ?
-Oui. C'est affreux. Mais je ne les laisserai jamais faire de mal aux gens que j'aime, Harry...Que ce soit à mes parents, ma famille, Ron, n'importe qui...Et surtout toi.
-On se protégera mutuellement alors...Je te le promets.
-Merci, Harry, merci pour tout, répondit Hermione d'une voix pleine de sourires, et les Dursley, ils réagissent comment ?
-Ils m'ont demandé de les protéger...Mais, comme je l'ai écrit à Dumbledore, je ne m'en sens pas capable... Je lui ai demandé de me dire ce que je peux faire.
-Tu as fais pour le mieux, Harry. Fais attention à toi...
-Fais attention à toi aussi, Hermione, je ne veux pas te perdre, je tiens énormément à toi...
-J'y songerai... Au revoir, à bientôt, j'espère.
-Ciao Hermione...
Et il raccrocha, un étrange pincement au coeur. Harry Potter venait de prendre conscience qu'à n'importe quel moment, il pouvait perdre ces meilleurs amis, ce qu'il avait de plus cher au monde. A n'importe quel instant, sa vie pouvait basculer, tout le monde pouvait l'abandonner... La mort était proche, et rodait toujours plus près de lui...
Voldemort n'abandonnerait pas. L'un d'eux deux était de trop. L'un devait mourir.