Chapitre 4.
Chacun a son passé...
Mrs Weasley ouvrit la Gazette du Sorcier du jour. Ron se tourna vers elle, anxieux :
Alors, maman ?
La pauvre femme baissa la tête. Une larme coulait sur sa joue. Elle murmura :
Regarde, Ron, vois par toi-même.
Les yeux du jeune homme parcoururent l'article et butèrent sur un nom avant de reprendre la phrase entière, l'air grave.
Les Patil, souffla-t-il, cette nuit... Ils étaient aurors, non ?
Sa mère hocha la tête et expliqua d'une voix enrouée :
Nous avions étudié à Poudlard, ensemble... Nous étions très proches... Ils ont été très présents dans la maison aux premiers mois de ta vie... Ils ne vivaient pas très loin d'ici. Tous les jours, ils venaient prendre le thé, avec leurs jolies jumelles, Parvati et Padma... Nous vous laissions jouer, elles et toi...Et à chaque fois, tu revenais en pleurs parce qu'elles avaient transformé tes jouets en limaces...C'était toujours pareil, on riait et on était bien, on était tranquille... On oubliait Tu-Sais-Qui pendant quelques heures...
-Maman... murmura Ron, les larmes aux yeux.
-Puis ils ont déménagé, ont suivi des cours intensifs de formation d'aurors... Irina, la maman, m'a expliqué qu'ils voulaient pouvoir défendre leur famille contre les Mangemorts... Je n'ai pas su les retenir, mais j'ai senti immédiatement que ce ne serait qu'une défense éphémère... Lorsque le Seigneur des Ténèbres en veut à une famille, il parviendra toujours à l'exterminer.
Ron ne répondit rien, aux bords des larmes, comme à chaque nouvelle tragique qu'apportait la Gazette. Il continua à lire. Son regard s'illumina soudain.
Maman, lis ça !
Mrs Weasley obéit et son regard s'éclaira à son tour.
Que se passe-t-il ? interrogea Ginny, avachie dans un fauteuil au fond de la pièce, en train de ruminer de très sombres pensées.
-Hermione s'est fait attaquer par deux Mangemorts cette nuit et a réussi à se défendre toute seule...
-Vraiment ? s'étonna la jeune fille, Mais...Comment ?
-Laisse moi continuer à lire...Ce doit être écrit... Oh ! Mon Dieu... L'Avada Kedavra...
Ron et Ginny pâlirent.
Tu as mal lu, m'man, assura cette dernière, ce n'est pas possible...Pas Hermione, jamais...Elle risquerait un emprisonnement à vie à Azkaban !
-Non, non, j'ai bien lu...Viens voir si tu ne me crois pas...
-Mais...Et Azkaban ?
-Ma chérie, tu ne le savais peut-être pas, mais, en cas de légitime défense, tu as le droit de te servir d'un sortilège impardonnable... Simplement, c'est quelque chose qui reste en toi pour toujours...Tu le portes comme une blessure, et, à chaque instant de ta vie, tu y penses...Une voix dans ta tête te le répète J'ai jeté un sortilège impardonnable, j'ai jeté un sortilège impardonnable...Ca te poursuit toujours, toujours jusqu'à ta mort.
-Comment tu sais ça ? interrogea Ron.
-Chacun a son passé, Ron...
Molly Weasley ne put terminer sa phrase. Ginny avait poussé un cri perçant et pointé du doigt la vieille horloge de la famille. Ron et sa mère mirent quelques secondes à réaliser.
La plus grande aiguille s'était déplacée jusque là où sur un cadran moldu, on aurait pu lire le chiffre 12.
Papa... murmura Ginny, toute blanche, sans oser y croire.
-Danger de mort, lut Ron lentement.
-Maman, il faut y aller ! s'écria Ginny.
-Oh mon Dieu, Arthur... Mais comment veux-tu qu'on y aille ? Aucun de nous n'a le permis de transplaner, si ce n'est Percy, qui se trouve avec ton père...
Ron désigna l'horloge d'un signe de tête. L'aiguille de Percy avait elle aussi bougé pour rejoindre celle de son père. Molly Weasley poussa un cri.
Il y eut un bruit de cavalcade dans l'escalier et les jumeaux, Fred et Georges, suivis de près par Charlie et Bill Weasley, entrèrent dans la pièce.
Que se passe-t-il ? interrogea Bill.
-L'horloge...fit Ron, très bas.
Comme un seul homme, les quatre frères tournèrent la tête vers l'horloge et eurent un mouvement de recul.
Et aucun moyen d'agir ! s'écria Mrs Weasley, désespérée, aucun !
Fred et Georges se regardèrent.
Suivez nous tous...
-Fred, Georges ! Restez ici !
-Maman, SUIS NOUS !
En moins de trois minutes, Bill, Charlie, Ron, Ginny, Molly, Fred et Georges Weasley étaient montés dans une ferrari rouge, leur baguette en poche.
Attachez vos ceintures, conseillèrent les jumeaux avant que la voiture ne s'envole avec ses sept passagers à bord, entassés les uns sur les autres.
Mrs Weasley ne cessait de les encourager à accélérer.
Enfin, après dix minutes de voyage à une vitesse peu raisonnable, la famille Weasley atterrit devant le grand bâtiment du Ministère de la Magie. Tout semblait en ordre.
Ne jamais se fier aux apparences, déclara simplement Molly avant de se ruer à l'intérieur du bâtiment. Ron lui emboîta le pas.
Il aurait aimé venir là en d'autres circonstances, pouvoir s'attarder à admirer les grandes colonnes de marbres qui soutenaient le monument, caresser de la main les bas reliefs des murs. Cet endroit inspirait la beauté, la grâce et la puissance.
Une sorcière assise à un bureau les interpella alors qu'ils allaient rentrer dans le Ministère proprement dit par une grande porte à double battants d'or en forme d'hippogriffes.
C'est pour quoi ?
-Oh, nous n'avons pas le temps, laissez-nous passer !
-On ne passe pas sans m'expliquer pourquoi.
-Il faut ABSOLUMENT que nous voyions Arthur et Perceval Weasley !
Mrs Weasley ne prononçait jamais le véritable prénom de son fils. Lorsqu'elle le faisait, c'est que quelque chose de grave se passait...
Vous avez rendez-vous ?
-Laissez-moi entrer, c'est URGENT !
-On n'entre pas sans rendez-vous... Revenez plus tard. Le Ministère est débordé en ce moment.
Molly Weasley agita un laisser-passer trouvé dans l'une des poches de sa robe devant le nez de la secrétaire.
Je suis la femme d'Arthur Weasley et la mère de Perceval ! Laissez moi entrer immédiatement, c'est une question de vie ou de mort !
La sorcière bredouilla quelques excuses et ouvrit la porte précipitemment.
Pourvu que ce ne soit pas trop tard... songea Ron avec inquiétude.
Mrs Weasley courut à toute vitesse à travers le grand hall. Elle se dirigea vers la porte où il était inscrit en lettres d'or Département de la Coopération Magique Internationale.
Bill, Charlie, Fred et Ginny, allez voir au Département du Détournement de l'Artisanat Moldu pour votre père. Je me charge de Percy... Ron et Georges, vous venez avec moi.
Et chaque groupe, prenant une direction différente, se mit à courir dans un véritable dédale de couloirs. Enfin, Ginny repéra la porte portant l'inscription Arthur Weasley.
C'est ici ! s'écria-t-elle à l'attention de ses frères déjà à quarante mètres d'elle, j'ouvre !
-Non ! s'écria Charlie qui était habitué au danger au sein de sa profession, laisse-moi faire, c'est peut-être dangereux !
Mais aucun d'entre eux n'eut à le faire.
Une tête apparut dans l'entrebâillement et interrogea :
Alors, jeunes gens, pourquoi tout ce remue-ménages ? On travaille, ici...
Bill, Charlie, Fred et Ginny restèrent tous les quatre bouche-bée.
