Chapitre 7.
Ce soir, derrière le Grand Saule...


Je prends les cachots !
-Ca, on s'en serait doutés, Salazar...
-Helga ! On essaie de se concentrer, silence !
La petite femme replète adopta une moue boudeuse.
Se concentrer sur quoi, Rowena, on peut savoir ?
-Sur les plans du châteaux. Tu ferais bien de t'y mettre.
La dénommée Helga eut un sourire ravi et s'écria, en bougeant les bras en tous sens :
Impeccable ! J'arrive, je veux plein de bâtiments dans les parcs ! De grandes serres, immenses, très lumineuses, superbes, accueillantes !
-Tu auras tout cela, Helga, ne t'inquiète pas. Et Salazar aura ses cachots, comme il le demande, fit une voix à la fois douce et tendre derrière eux.
Rowena Serdaigle se retourna et sourit très largement:
Godric ! Bonjour...
-Bonjour, Rowena, content de voir que tu as pris l'initiative de commencer les plans. Je peux voir ?
La jeune femme rougit légèrement et hocha la tête. Godric Gryffondor s'approcha et se pencha sur l'immense parchemin.
Superbe ! Rowena, tu m'impressionnes réellement ! Sublime...
Il se tourna vers elle, le regard pétillant et répéta . Puis il détourna la tête vers le sol avant de se replonger dans l'étude du document, un peu rouge.
Godric Gryffondor était un bel homme, jeune, fort, aux belles boucles dorées et au sourire très blanc. Si son apparence physique avait de quoi séduire, elle n'était rien comparée à la pureté et à la beauté de son esprit.
Salazar et Helga m'ont beaucoup aidée, je n'ai pas fait grand chose, Godric, je t'assure...
Le beau regard azur de Rowena Serdaigle se mit à fixer ses pieds nus dans l'herbe encore humide de rosée. D'un gracieux mouvement de la main, elle repoussa ses longs cheveux noirs en arrière. Elle que Salazar avait longtemps considérée comme passive et inutile demeurait au contraire une jeune femme passionnée, aux élans nobles et à la force insoupsonnables. Elle n'avait cure de l'avis des autres à son sujet mais ne jugeait jamais quelqu'un avant de le connaître réellement.
Salazar Serpentard, lui, était un homme profondément méchant et puissant. Grand, pâle, maigre et ténébreux, il parlait peu. Et lorsqu'il le faisait, c'était pour faire mal. Pour blesser, pour railler, pour se moquer.Une longue et fine barbe, du même noir que ses cheveux, descendait jusqu'à son ventre. Ses deux petits yeux noirs perçants, enfoncés dans leur orbite, étaient sans cesse en mouvement et lorsqu'ils s'arrêtaient sur vous, ils, donnaient l'impression de voir jusqu'au tréfond de votre âme.
Donc, reprit Godric, résumons, les cachots pour Salazar, le parc pour Helga... D'ailleurs, Helga, nous te réserverons des salles dans le château...Pour l'hiver.
-Non ! s'exclama-t-elle en tapant du poing sur la table, je ne veux pas ! Laissez-moi seulement le parc ! J'aime la nature !
-D'accord, d'accord, répondit Godric dans un sourire.
Helga Poufsouffle, petite bonne femme rondouillette, brune aux yeux miel, tantôt souriante, tantôt bouillonante, donnait souvent l'impression de ne pas être si redoutable que cela... Et pourtant, s'il arrivât parfois qu'elle se mît en colère, les circonstances en furent dramatiques. La jeune femme détestait que l'on se moque d'elle et quiconque s'y risquait passait un très mauvais moment. Et quand l'affront était plus grave, elle n'hésitait jamais à faire usage de sa baguette. Au départ, la magie, bien qu'elle la portât dans son sang, lui avait semblée innaccessible... Seul le travail intensif lui avait permis de faire partie de l'élite de la sorcellerie.
Je disais donc, le parc pour Helga... Et toi, Rowena, que souhaites-tu ?
-Les tours ! murmura-t-elle dans un sourire, je veux être en hauteur.
-Très bien. Moi je prendrai ce qu'il restera. Helga, rit Godric, je te le demande une dernière fois, ne souhaites-tu pas un peu de place à l'intérieur pour tes élèves ?
-Non, non et non ! fulmina celle-ci, Godric, j'ai dit non !
Et elle s'en alla en tapant des pieds.
Le jeune homme se pencha vers le plan, à côté de Rowena, dessina un rectangle à l'ouest du château et chuchota :
Ca, c'est pour Helga...
Il s'apprêta à dire autre chose mais Salazar s'approcha et le bouscula, volontairement provoquant.
Godric Gryffondor fronça les sourcils, ne releva pas et glissa simplement à l'oreille de Rowena :
Ce soir, derrière le Grand Saule.

***


Salazar Serpentard murmura une formule et dans l'immense chaudron devant lui apparut un feu. Il y jeta deux misérables statuettes d'argile et une odeur de cheveux brûlés se répandit dans l'air.


***


Bien ! Je crois que nous avons terminé nos plans pour aujourd'hui. Helga, s'il te plaît, charge toi de l'Ouest, Rowena, de l'Est, Salazar du Nord, et je m'occuperai du Sud...

***

Alors, voyons voir... Arthélie Dumbledore...

Collège Poudlard,
Ecole de magie et de sorcellerie.
Salazar Serpentard.
Rowena Serdaigle.
Helga Poufsouffle.
Godric Gryffondor.

Chère Miss Dumbledore,

Nous avons le plaisir de vous informer que vous avez été accepté à Poudlard, l'école de sorcellerie. Veuillez trouver ci-joint la liste des fournitures requises.
La rentrée est fixée au premier septembre, à 11 heures précises à l'église de Westminster, à Londres.

Sincèrement,

Godric Gryffondor,
Directeur adjoint.

***

Rowena regarda autour d'elle. Il n'était pas encore arrivé. Elle s'assit contre le tronc argenté de l'arbre, ferma les yeux, et attendit.
Une main se posa sur son épaule. Sursaut.
Godric !
-A qui t'attendais-tu ?
Elle détourna le regard.

Godric lui mit les mains sur les épaules et l'obligea à le regarder.
Dis-moi ce qu'il y a...Rowena, s'il te plaît.
Encore une fois, elle secoua la tête.
Rien, Godric...Il n'y a rien.
-Ecoute, je...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Rowena l'avait attiré contre elle et l'embrassait à pleine bouche, passionnément.