Chapitre 8.
Des mirages plein les yeux...
Bonjour...
-Bonjour.
-Dudley n'est pas là ?
-Il dort encore.
-Ah...
Un silence gêné s'installa dans la pièce. Harry but son café à petites gorgées avant de murmurer :
Le directeur de mon école m'a répondu.
-Qu'a-t-il dit ?? interrogea immédiatement Pétunia, sans pouvoir dissimuler son impatience.
-Eh bien, vous ne risquez rien... Sauf si Dudley s'amuse à encore renverser Mrs Figgs à vélo.
-Je te demande pardon ?
-Mrs Figgs est une auror...
Vernon fronça les sourcils.
Parle normalement, mon garçon, enfin !
-Excusez moi. C'est une sorcière très puissante qui...
-Moins fort !
-Désolé... C'est une sorcière très puissante, disais-je, capable de vous protéger tous. Son pouvoir est parmi les plus importants de Grande Bretagne. Nous n'avons rien à craindre.
Il n'ajouta rien et termina son café. Puis il interrogea :
Puisque vous êtes en sécurité, est-ce que je pourrais m'absenter pour une semaine, à partir de dimanche ?
-On peut dire que c'est direct comme question, grogna Vernon.
-Je me suis débrouillé pour que vous soyez protégés, c'est ce que vous m'aviez demandé. Je ne vois pas le problème, rétorqua Harry sèchement.
-Qu'est-ce que tu veux aller faire ?
-Une amie m'invite chez elle...
-C'est une... Sorcière ?
-Oui, mais ses parents viendraient me chercher en voiture. Je ne crois pas qu'ils soient sorciers, eux.
Les Dursley se dévisagèrent en réfléchissant. Harry garda la tête haute, attendant une réponse.
Très bien, très bien ! céda Vernon, mais pas plus d'une semaine.
Harry sourit et promit.
Tu vas faire quoi chez elle ?
Le regard du jeune homme se fit lointain et il murmura :
Lui parler... D'un disparu.
Puis il monta dans sa chambre, prit un joli rouleau de parchemin, trempa sa plume dans l'encre et écrivit :
Chère Cho,
Mes moldus sont d'accord pour que je vienne chez toi.Passe donc dimanche, comme prévu, ma valise sera prête. Je te remercie de tout coeur de m'accueillir chez toi, même si j'aurais préféré ne jamais venir dans des circonstances comme celles-ci. Enfin, nous n'avons pas choisi et ça nous fera sûrement du bien à tous les deux de parler...
Je pense à toi,
Harry.
Il regarda quelques minutes Hedwige voler dans le ciel bleu puis referma la fenêtre en soupirant. Ni Ron ni Hermione n'avait proposé de l'inviter cette année... Pourtant, ils savaient pertinemment qu'Harry était troublé parce la mort de Cedric à laquelle il avait assisté... Ils savaient bien qu'il avait besoin d'eux. Mais ils semblaient faire mine de l'ignorer.
Il eut un sourire malheureux... Il se sentait déphasé. Comme en seconde année, lorsque Dobby, l'elfe de maison, avait volé les courriers de ses amis. Il s'assit sur son lit lorsqu'il s'aperçut qu'avant de repartir, Hedwige avait déposé une lettre sur son lit. Il l'ouvrit et aussitôt, son visage s'illumina.
Cher Harry,
Ici Sirius ! Comment vas-tu ? Pas très bien, on dirait. De notre côté, tout va à peu près bien. Nous passons notre temps à transplaner, c'est très éprouvant, je pense que tu imagines.... Mais nous avons rassemblé plus d'une cinquantaine d'aurors, le professeur Dumbledore t'a certainement déjà expliqué cela. C'est du bon travail, je crois.
Je joins à mon courrier une photo que j'ai retrouvée dans le peu d'affaires que j'ai. Elle a été prise lors de notre cinquième année d'étude, le matin de Noël... Ce qui explique nos pyjamas ! (Nous étions des marginaux, mais pas au point de nous balader en pyjama toute la journée)
Nous venions de déballer nos cadeaux.... Peter avait reçu une boîte de pétards au charbon, ce qui explique la couleur plutôt singulière et inhabituelle de son visage. Le collier que porte Lily lui avait été offert par James (à qui elle avait offert une cravate chantante...)... Moi, j'avais reçu une batte ornée, pour ma place de Batteur au Quidditch... Elle a finalement servi à Remus, pour neutraliser la cravate de James qui devenait réellement insupportable... Ah oui, à propos de Remus... C'est la tête ébouriffée qui croule sous les livres, au second plan... Nous avions tous eu la même idée de cadeaux pour lui. Je ne t'énumérerai pas tous les présents qui se sont échangés, ça prendrait un temps fou... En tout cas, je crois que ce fut le plus beau Noël de ma vie. Voilà pour le moment, je te promets de t'écrire plus dès que j'aurai le temps !
Je suis avec toi, Harry...
Patmol.
P.S: Si tu tournes la page, Remus t'a aussi écrit...
La lettre s'arrêtait là, une empreinte de patte de chien boueuse trônant à côté de la signature. Harry sourit et retourna le parchemin.
Bonjour Harry,
J'espère que vous allez mieux que ce que vous laissiez entendre dans votre dernière lettre. Cela ne sert à rien de se laisser abattre, allez de l'avant et vous connaîtrez des jours meilleurs. Telle est la philosophie de vie que j'ai adoptée et jusqu'à aujourd'hui, elle a plutôt bien fonctionné. Vous avez encore toute la vie devant vous et le temps de réussir. Jusqu'à maintenant, d'ailleurs, votre existence a été plutôt bien remplie, et vous avez de quoi être fier de vous. Continuez à vous battre, nous avons tous besoin de vous, ayez confiance en votre force.
James et Lily seraient fier de vous, s'ils vous voyaient, tout comme nous le sommes. Je ne crois pas qu'il eussent pu effleurer l'idée, même dans leurs rêves les plus fous, de mettre au monde quelqu'un d'aussi méritant que vous.
R. Lupin.
P.S de Sirius : Tu as remarqué comme il parle, Harry ? On reconnaît tout de suite les profs, je trouve... Patmol.
Harry sentit la chaleur revenir en lui. Il sourit, un peu ému par la lettre. Avec mille précautions, il la rangea dans un grimoire, pour ne pas la froisser.
Puis il s'étendit sur le lit, des mirages plein les yeux... Et plein le coeur.
