***J'ai décidé d'incruster de temps en temps des chapitres sur la fondation de Poudlard, en voilà un... J'espère qu'il vous plaira, en tout cas... Bonne lecture !
Namarië !
Tili***
------------------------------------------------
Chapitre 10.
L'hésitation et la fragilité de la brume, la fougue des flammes
Lorsque Salazar se leva ce matin là, l'âme amère, les yeux brouillés, la gorge sèche, il aurait tout donné pour se rendormir à jamais... Ces rêves qu'il avait tant essayé de refouler, ils lui revenaient, plus assassins, plus mesquins, plus tranchants... Il se leva, et se dirigea vers ses amis. Ce qu'il vit alors l'éblouit.
Godric, Rowena et Helga étaient tous trois debout, leur baguette magique à la main. Ils se baissaient, puis se relevaient les bras tendus, comme portant un poids trop lourd pour eux. Et les murs du château s'élevaient... Voyant le visage de Rowena, tendu par la concentration, la machoire serrée, il ne put s'empêcher de sourire.
Il s'approcha, un peu hésitant. Les mauvaises humeurs de la nuit s'envolaient soudain. Il hasarda :
Je peux vous aider ?
Rowena se retourna, rejetta ses cheveux en arrière et souffla avec mécontentement :
Oui ! En nous laissant tranquilles. Retourne à tes serpents, on ne veut pas de toi !
Godric posa la main sur son bras.
Calme, Rowena, voyons... Viens, Salazar, bien sûr que tu peux nous aider.
Mais il était déjà trop tard. Salazar avait disparu dans un grand nuage de poussière verte qui les fit éternuer.
Il envoya avec mécontentement un flacon de potion verdâtre qui traînait par là dans le feu. Un immense serpent de fumée émeraude se matérialisa. Puis un à un, chaque fiole y passa, et la pièce fut envahie de cobras, de vipères, de couleuvres multicolores, aux yeux enflammés, qui ouvraient une gueule de feu, prêts à mordre, à déchiqueter, à brûler. Ils se balançaient tous, avec à la fois l'hésitation et la fragilité de la brume, et la fougue des flammes.
Il replia ses bras sur lui-même, et se métamorphosa... Se libérer.
Salazar ! Salazar !
-Tu l'as retrouvé, Helga ?
-Non... Je commence à m'inquiéter. C'est encore la faute de Rowena ! Si au moins elle nous aidait à chercher.
Godric sourit.
Ne juge pas Rowena, Helga...
-Le problème, c'est que Mathilde va s'inquiéter... Et pour de bon.
-Mathilde...Je me demande comment elle fait pour le supporter.
La jeune femme agitait sa baguette magique d'un air distrait dans la soupe, jetant de temps à autre un regard inquiet par la fenêtre. Le soleil était déjà haut. Elle soupira.
Il m'avait pourtant dit qu'il rentrerait à midi...
Elle ramena ses cheveux en arrière en secouant la tête. Il faisait des choses importantes. Elle ne pouvait pas le blâmer. Elle devait être fière de lui, l'envier même. Et pourtant, elle continuait à s'inquiéter... Le soleil avait beau briller, le ciel être bleu, elle sentait qu'une ombre se répandait peu à peu dans le village...
La porte de bois s'ouvrit soudain dans un grand bruit. Mathilde se précipita. Il était enfin rentré... Le visage fermé, et sombre.
Salazar, je commençais à m'inquiéter...
Le concerné jeta un regard vide à la jeune femme. Il haussa les épaules. Puis, avisant un livre qui traînait sur la table, interrogea :
C'est quoi, ça ?
Mathilde rétorqua placidement :
Un livre, pourquoi ?
Salazar rit amèrement.
Tu ne sais pas lire, Mathilde.
La jeune femme serra les poings... Rester calme. Après tout, Salazar était bien plus instruit.
Je t'ai déjà demandé de me l'apprendre...
-Tu n'y arriveras pas.
-Si ! J'apprendrai seule, si tu ne veux pas m'aider. Et j'y arriverai.
-Les femmes ne sont pas là pour penser, fit Salazar amèrement.
Mathilde ouvrit de grands yeux et resta quelques instants muette. Puis elle explosa :
Tu te rends compte un peu de ce que tu dis ?? J'ai d'autres ambitions dans ma tête que celle de te faire la cuisine toute ma vie ! Je ne veux pas me terrer ici, avec toi, indéfiniment !
Salazar eut un sourire mauvais. Il rétorqua lentement :
Et avec qui iras-tu, Mathilde ? Les hommes de ce village ne veulent pas de toi, tu le sais... combien de fois t'ai-je sauvée du bûcher ? Ils te craignent trop.
Mathilde serrait les dents pour empêcher les larmes de lui monter aux yeux.
Regarde, Mathilde, tu pleures...
Salazar essuya une larme qui roulait sur la joue de la jeune femme. Puis il murmura :
Tu avais pourtant promis...
Mathilde s'écarta avec violence. Elle siffla :
Je te hais... Je te hais, Salazar. Cette promesse, c'était un dernier recours, un mot dans les ténèbres, dans le désespoir... Sa main était si froide ! Sa voix si fragile... Comment aurais-je pu dire non ? Elle l'avait pressenti, Salazar, tu le sais au fond de toi...
Salazar fronça les sourcils et interrogea lentement, comme s'il savait déjà la réponse :
Pressenti quoi ?
Mathilde aurait voulu le gifler, hurler, le frapper... Mais pourtant, ce fut une voix incroyablement douce qui répondit :
Ce que tu deviendrais.
Et elle disparut.
Je l'ai vu redescendre la colline...
-Tu es sûre que c'était lui ?
-Oui... Il avait l'air calmé... Mais épuisé. Je sais que je n'aurais pas du lui dire ça... Pourtant, je ne le regrette pas.
Rowena fixa Godric de ses grands yeux.
Je ne le regrette pas, non.
Godric ne put s'empêcher de sourire devant l'air déterminé de la jeune femme. Il passa un bras autour de sa taille et l'attira contre lui. Il murmura :
Je ne te regrette pas...
Et il l'embrassa.
Un cri les interrompit soudain et ils relachèrent leur douce étreinte. Godric fronça les sourcils et, par réflexe, porta la main à son épée. Il vit Mathilde remonter sur le chemin, en larmes. C'était son cri de désespoir qu'il avait entendu. Il descendit en courant vers elle.
Mathilde, qu'est-ce qui se passe ?
La jeune femme releva le visage vers Godric qui retint un cri. Son oeil bleuté était enflé, une grande coupure marquait sa joue droite et du sang s'écoulait de sa bouche, se mêlant à ses larmes...
Oh mon Dieu, Mathilde... Qui t'a fait ça ? Ce n'est quand même pas lui ?
Mathilde se détourna, et tomba à genoux en sanglotant. Godric remarqua alors qu'elle avait déchiré sa robe en remontant en hâte le chemin pierreux. Il lui tendit la main, pour l'aider à se relever. Elle s'éxécuta, avec un reniflement misérable.
Rowena vint les rejoindre tandis qu'elle expliquait qu'après avoir disparue, elle avait été retrouvée par Salazar avec qui elle s'était battue...
Rowena tenta de sourire, pour la réconforter.
Mathilde... Venez, séchez vos larmes... ou... non, pleurez ! Ca ne pourra que vous faire du bien. Nous allons laver vos plaies, les panser, et je vous offrirai une de mes robes, d'accord ?
Mathilde secoua la tête.
Non, non... Rowena - si vous permettez que je vous appelle Rowena - je ne mérite pas tant d'attention... Les belles toilettes m'importent peu.
Rowena lui sourit en lui tendant son bras pour s'appuyer.
Et qu'est-ce qui vous importe, Mathilde ?
La jeune femme ouvrit la bouche pour démarrer une phrase, puis secoua la tête.
Oh non, c'est vraiment trop stupide.
Rowena eut envie de répliquer qu'avec Salazar, les stupidités, elle en avait l'habitude... Mais elle dit simplement :
Non, non, allez-y...
Mathilde la regarda de ses grands yeux perdus et murmura :
Je...Je voudrais apprendre à lire.
Godric sourit.
Eh bien, tu apprendras à lire, Mathilde, je te le promets. Et désormais, te logeras dans mon château. Il est plus digne de toi.
-Et... Mon frère ?
Rowena échangea un regard avec Godric.
Salazar ? Il est assez grand pour se débrouiller seul. Vous avez assez souffert comme ça.
Mathilde s'examinait sous toutes les coutures devant son miroir, encore médusée devant sa métamorphose. Elle ne pouvait toujours pas y croire... Elle allait vivre loin de Salazar, dans le château des seigneurs Gryffondor... Rowena lui avait soigné ses plaies d'un coup de baguette magique et lui avait offert une longue robe bleue qu'elle ne cessait d'admirer, encore incrédule... elle sourit à son reflet.
C'est un rêve, murmura-t-elle.
On frappa à la porte. Elle se retourna et balbutia :
En...Entrez !
Rowena entra. Elle sourit.
Cette robe vous va à ravir, Mathilde, vous êtes magnifique.
Mathilde sourit à son tour mais, se regardant dans le miroir, articula difficilement :
Oui, c'est beau, c'est vrai... Mais...
Elle se retourna vers Rowena, les yeux pleins de larmes.
Ce n'est pas moi, Rowena... moi, je ne mérite pas tout ça.
Rowena s'approcha et posa la main sur son épaule.
Si, Mathilde, c'est bien vous. Vous vous y ferez vite... Vous êtes enfin chez vous, je crois.
-Dites moi Rowena...
-Oui ?
-Pou...Pourquoi ?
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi faites-vous tout ça, Godric Gryffondor et vous ?
Rowena sourit, haussa les épaules, et sortit.
