Chapitre 13.
Nous sommes bien protégés, nous vivrons...


Pour la première fois, il voyait donc l'écriture de sa mère... Une bouffée d'émotion amena des larmes au coin de ses yeux. Des lettres rondes, régulières, légèrement inclinées sur la droite couvraient le parchemin. Il entama sa lecture, soulignant les phrases du bout du doigt, les yeux butant sur chaque mot, submergé par ses sentiments.

Godric's Hollow, un soir d'octobre au coin du feu,

Cher Harry,


Je ne sais pas ce qu'il adviendra de nous... Je veux dire de James, ton père, et de moi. De toi non plus, d'ailleurs. Cette lettre, je l'ai écrite au cas où il nous arriverait quelque chose à nous, tes parents... Pour que tu saches d'où tu viens.
Tout ce que je sais, c'est qu'au moment où tu lis ces mots, c'est le jour de tes quinze ans. Tu vas certainement entamer très prochainement ta cinquième année d'étude à Poudlard, et en attendant, tu profites de tes vacances. J'espère que tu connais des temps plus cléments que ceux que nous vivons actuellement... Peut-être que Voldemort a été réduit à néant, que Dumbledore a réussi ce que personne d'autre jusqu'à maintenant n'a pu faire. Peut-être que tu vis entouré d'amis, que Peter, Remus, Sirius et tous ceux que nous avons aimé sont avec toi à cette heure... Seules des suppositions me viennent à l'esprit.
Ici, à Godric's Hollow, tu dors dans ton berceau. Nous sommes le soir d'Halloween et des enfants viennent sonner à la porte de temps en temps. Ca t'amuse énormément... Même si le magicien à qui tu as arraché sa barbe l'était certainement moins.
Assise à mon bureau, j'écris cette lettre, tandis que James lit un livre de Quidditch, allongé par terre. De temps à autre, tu ouvres tes yeux verts encore purs et ton père soutient ce regard d'émeraude en souriant.
Tu es un bébé déjà très éveillé. Tu comprends une grande part de ce que nous racontons et tu aimes beaucoup voler la baguette magique de ton père pour nous jouer des tours plus ou moins dévastateurs. Ce que tu préfères par dessus tout, c'est faire léviter les gnomes de jardin à travers la maison. Parfois, tu cries avec un sourire ravi : Cou's d'nom ! et envoie les pauvres gnomes au travers les pièces à une vitesse vertigineuse. Ca amuse d'ailleurs énormément ton père qui dit que tu deviendras certainement quelqu'un.
Moi, je suis comme la plupart des mères : attendrie, trop gentille, émerveillée. Peut-être trop clémente, mais c'est comme ça. Un enfant de l'amour est toujours traité de la sorte et d'ailleurs, ça n'a pas l'air de te déranger, si on considère ton sourire béat. James râle de temps en temps que je risque de t'irriter la peau à force de caresses et de baisers. Mais il ne résiste pas longtemps, c'est un véritable papa-poule.
Pour ce qui est de ton parrain, nous avons hésité longuement entre Sirius, Peter et Remus... Peter nous a toujours été très fidèle, très dévoué... Nous pouvons lui confier le moindre secret, le moindre souci, il gardera tout pour lui, et nous conseillera toujours. Remus, quant à lui, est une personne pleine de réserve et de sagesse. Sous des airs plaisantins et enjoués, c'est un homme d'une maturité extraordinaire, avec une très bonne vision des choses et des gens. Il sait toujours quoi faire, il est toujours là pour nous.
Pourtant, nous avons décidé de choisir Sirius... Remus et Peter suivront certainement pour tes frères et soeurs ! Ces derniers, à l'heure où tu lis cette lettre, t'entourent peut-être... Je me demande où vous vivez... Sûrement chez l'un de ces trois amis.
Si jamais il leur arrivait quelque chose, vous vivriez certainement chez ma soeur, Pétunia, et son mari, Vernon. Je crois qu'ils ont un fils du même âge que toi... Je ne me souviens plus de son prénom. En vérité, les liens conservés avec ma famille sont très faibles. Mes parents se sont peu à peu détachés de moi depuis ma sortie de Poudlard et mon entraînement intensif d'Auror. Mon mariage avec James n'a rien arrangé. Pétunia, quant à elle, est effrayée par la sorcellerie, depuis sa plus tendre enfance. Mais, je te confierai que ces sacrifices ne sont rien à côté du bonheur que j'éprouve à vivre dans cette famille, entourée de James et toi. Peu importe les concessions, tout ce que je désire, c'est rester auprès de vous.
La famille de James, quant à elle, a subi un triste sort. Ton parrain t'en a peut-être déjà parlé, bien que ce genre de sujets soit douloureux pour lui. Sa famille a été décimée par le Mage Noir, celui qui répond au nom de Voldemort, et que j'ai déjà évoqué dans le début de la lettre. De ses frères, ses soeurs, ses parents, ses cousins, ou tous les autres, il ne reste personne.
Je crois que cela fait partie des raisons qui l'ont poussé à devenir Auror. Il veut se battre, pour pouvoir espérer qu'un jour, Voldemort ne sévira plus, que le monde des sorciers redeviendra sûr pour tous. Il veut croire que personne ne subira plus ce que les Potter ont subi.
La famille Potter a toujours été une grande famille parmi les sorciers, c'est ce que j'ai appris de la bouche de Dumbledore... Dans son sang coule une force tout aussi indéniable qu'inexplicable, un flot magique hors du commun. A en voir les miracles que tu produis, une baguette dans les mains, tu as hérité de ce don incroyable. Mais nous n'en avons pas besoin pour être fiers de toi...
Toutefois, il te faut faire attention... Ce don, comme je l'ai appelé, peut se faire malédiction. C'est pour cette raison que Voldemort est à notre recherche. De tout son coeur, il veut nous retrouver, nous anéantir, parce qu'il a peur de nous. Il a peur de ce que James, ou toi, pourriez engendrer en tentant de lui résister, de le renverser.
Notre seule garantie de sûreté est Peter. Tous nos espoirs sont placés en lui, et mon coeur me dit que nous avons raison de lui faire confiance. Malgré tout, j'écris cette lettre, car il y a toujours un mais, une imperfection dans l'engrenage...
Nous avons utilisé le sort appelé communément Sortilège de Fidelitas. Il consiste à placer un secret dans le coeur d'un être en qui nous avons totalement confiance. Le secret ne pourra être découvert que de son plein gré... Peter a accepté d'être le Gardien du Secret de notre couple. Lui seul détient l'élément qui permettrait à des personnes malfaisantes de s'engouffrer chez nous, et il ne sera révélé que par sa volonté.
Dans un premier temps, c'était à Sirius qu'appartenait cette responsabilité. Seulement, il avait peur de l'accepter, ce que nous avons immédiatement compris. Dans le fond, il avait raison, Voldemort l'aurait trouvé trop vite, et qui sait quelle torture il aurait pu lui faire subir pour obtenir notre secret ? Lorsqu'il nous a confessé ce mal-être, il a pensé à Peter.
Depuis toujours, Peter est considéré comme un être faible par les autres. Voldemort ne se doutera certainement pas que nous avons pu en faire notre Gardien. Quelle grossière erreur ! Nous avons entière confiance en lui, et nul ne peut soupçonner la puissance de son flux magique. Lui-même ne la connaît pas, d'ailleurs. C'est un allié de choix pour le camp de ceux qui luttent contre le joug de la magie noire. Le jour où il prendra conscience de la force de ses pouvoirs, alors tout prendra un nouveau tournant, j'en suis certaine. Mais il faut lui laisser le temps d'apprécier la puissance de ses dons.
A vrai dire, Harry... Je crois que je ne sais pas pourquoi je t'écris cette lettre. Tout est si sûr, pour nous ! Nous sommes bien protégés, nous vivrons...
Pourtant, alors que sept heures sonnent à l'église du village, que la nuit s'installe, je m'apprête à sortir dans le froid pour envoyer cette lettre à Sirius.
Je ne sais de quoi sera fait notre avenir... Tout ce que je sais, c'est que je te vois vivre, Harry, je te sens près de moi, si beau, si pur, si fort... Et que je t'aime.
Je sais que ton coeur bat, que tes yeux verts pétillent, que ton rire résonne dans la maison... Je sais que tu es notre fils, à James et à moi.
Cette lettre sera celle de ta maman, Harry. Je t'aime...

A en mourir.

Liliann Rose Potter.

Des larmes. Indénombrables, puissantes, omniprésentes.
Sirius s'approcha doucement, et prit Harry dans ses bras. Peu importaient désormais les apparences, tout ce qu'il désirait, c'était pouvoir pleurer, de tout son saoul.
Je suis désolé, murmura Sirius, j'avais juste... J'avais ma parole à tenir, tu comprends ? C'était... Leur dernière volonté.
Harry ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de fixer son parrain dans les yeux. Enfin, il murmura, très doucement :
Ils sont morts pendant la nuit, n'est-ce pas ?
Sirius hocha la tête.
C'était aux alentours de minuit, à ce qu'a dit le voisinage... C'est ma faute.
Harry répondit par la négative, d'une voix étrangement enrouée :
Tu n'y es pour rien, Sirius.
-J'aurais du mourir pour eux...
Harry fronça les sourcils et se dégagea de l'étreinte de son parrain. Remus Lupin s'approcha, et força son ami à le regarder dans les yeux.
Sirius ! fit-il durement, cesse ces bavassages stupides. Tu n'y es pour rien, tu le sais ! Qu'aurais-tu voulu ? Que je doive vivre, avec trois cadavres dans le coeur ?
-Tu as bien cru que Peter était mort... on en revient à trois, c'est toujours pareil.
-Sirius... Tu as toujours compté plus que n'importe lequel d'entre eux pour moi, tu le sais. Si vous avez tous été mes frères, tu as aussi été mon père. Murmura Remus, plus doucement.
Sirius secoua la tête.
Je n'ai rien d'un père. J'ai toujours été un enfant... Je ne t'ai aidé en rien. J'ai été le premier à savoir, c'est tout...
-Et c'est toi qui les as convaincus de ne pas me renier ! argua Lupin.
-Ils auraient fait la même chose...
Harry murmura, d'une voix blanche :
Sirius... Tu m'as permis d'exister.
Sirius et Remus se retournèrent vers lui, avec un regard étonné.
C'est...C'est vrai, reprit-il,Tu...je... oh, et puis peu importe.
A nouveau, il vint se réfugier dans les bras de l'homme.
Je veux dire... Merci d'avoir existé.
Remus sourit.
Tu vois, Sirius... Lily avait raison. C'est pour ça qu'elle t'avait choisi en tant que parrain. Elle savait que tu serais là.


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Fin du chapitre, j'espère que ça vous a plu ! Merci à mes zentils beta-readers (Lewef, Neko-Chan, kikoo ^^) et à mes supers reviewers :o)

Tili