Comme tous les matins, à 5h heures, les lampadaires s'éteignirent dans la rue. Comme tous les matins, le train de 5h02 partit à l'heure de la gare, en face de chez lui. Comme tous les matins, Harry Potter poussa un soupir de soulagement, car une nouvelle nuit blanche venait de s'achever.

Depuis maintenant près de six ans, il ne dormait plus. Plus une seconde. Il n'était pas malade. Il n'était pas insomniaque. Il luttait.

Depuis ce jour où il avait été possédé durant son sommeil par son pire cauchemar, le meurtrier de ses parents, et que ce sorcier l'avait forcé à s'attaquer à ses amis, Harry ne dormait plus.

Dumbledore, le directeur de Poudlard, l'école des sorciers, avait réussi à libérer Harry de l'emprise du Seigneur des Ténèbres, mais Harry avais eu le temps de faire du mal. Beaucoup de mal. Ron, son meilleur ami était maintenant à l'hôpital St Mungo, plongé dans un coma profond, à cause de lui. Harry avait essayé de le tuer, et sans l'intervention d'Hermione, il aurait réussi. Celle-ci l'avait stupéfixé, et appellé Dumbledore à la rescousse.

Depuis six ans, Harry prenait une potion, qui lui permettait d'être éveillé en permanence. Il ne relâchait plus un seul instant son attention, et grâce à ses talents d'Occulteur, il pouvait fermer son esprit à Voldemort.

Il devait aller voir Fred et Georges Weasley, ce matin. Harry était encore ému lorsqu'il se rappelait la réaction des Weasley quand ils avaient su. Harry pensait qu'ils ne voudraient plus jamais le voir, mais ils avaient été presque aussi peinés pour Harry.

Fred et Georges, tout comme Harry, étaient entrés dans l'Ordre du Phénix dès leur sortie de Poudlard, quatre ans auparavant, en même temps qu'Hermione, Neville Longdubas et Cho.

Cho…

Harry sentait la tristesse l'envahir dès qu'il pensait à elle. Il aimait la jeune femme, mais il l'avait écartée de sa vie, par amour justement. Il ne voulait pas lui faire de mal, pas à elle.

En fait, Depuis cette sombre année (sa cinquième année à Poudlard), Harry était devenu de plus en plus solitaire. Il avait l'impression que plus il serait seul, moins il aurait de chances de faire de mal. Dans le Daily Prophet, il était même surnommé l'Invisible Harry, et ce n'était pas à cause de sa cape…

Bien sûr, il ne s'était pas complètement coupé du monde. Il correspondait avec Hermione, qui s'était installée en France, en tant que professeur à l'école Beauxbatons. Et il voyait les Weasley, même s'il ne pouvait s'empêcher de se sentir horriblement gêné, dès que l'on évoquait Ron devant lui.

Harry vérifia machinalement que sa baguette se trouvait bien dans sa poche, puis ferma les yeux, se concentra sur le Terrier, et se prépara à transplaner. Mais au moment même où il avait l'impression de plonger, il ressentit une violente douleur au niveau de sa cicatrice.

Qu'est-ce que… eut-il juste le temps de penser.

Mais l'instant d'après, Harry cessa complètement de penser à sa douleur, essayant l'espace de quelques très longues secondes de comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux.

Il était bien chez les Weasley. Dans leur cuisine plus exactement. En ouvrant les yeux, son regard était tombé sur l'horloge, qui indiquait où se trouvaient les Weasley, et il eut le temps de voir que presque toutes les aiguilles pointaient sur "en danger de mort".

L'instant d'après, il y eut l'explosion.