- Oui bien sûr.



On reprit donc nos places et la vanne s'engagea sur la route. C'était lui qui conduisait. Pendant ce temps-là, moi, je le regardais sans cesse. Il sembla le remarquer et me demanda :



- Quelque chose ne va ?



- Non, c'est rien.



- Ah, désolé. Je croyais que tu avais quelque chose à me demander.



Je continuai à le regarder quand même. Il avait un visage si innocent, comment ce vieux crotté vicieux a-t-il pu le violer ? Merde. Je pense encore à ça. Finalement, je devrais peut-être lui en parler.



- Tala ?



- Oui ?



- J'peux te parler de quelque chose d'un peu indiscret ?



- Oui, pas de problème.



- D'accord… Tu sais… il y a trois ans, quand tu as été battu par Tyson, Voltaire t'avait dit qu'il allait t'infliger une punition… et que tu l'as reçu quelques jours après t'être fait battre… eh ben… j'ai assisté sans le vouloir… à cette scène.



Il avala de travers et stoppa la vanne.



- Qu… quoi ? dit-il faiblement



Merde, je l'ai mis mal à l'aise.



- Et je voulais savoir… si Voltaire te menace encore comme ça…



Il ne répondit rien. Il semblait embarassé. Avant qu'il puisse placer un mot, une autre voiture nous fonça dedans. Le choc fut si fort que la vanne tomba dans un précipice, nous emportant aussi. Ça ne dura que quelques secondes. J'avais vraiment eu la trouille. Je jetai un coup d'œil à Tala. Il avait les yeux ronds comme des billes et respirait bruyamment.



- Ça… va ? demandais-je



- Eu… je crois que oui… j'ai juste eu… un peu peur…



On sortit lentement de la vanne par le côté du conducteur.



- Plus malchanceux que ça, c'est impossible… dis-je en donnant un coup de pied sur le véhicule



- J'avoue. Bon, qu'est-ce qu'on fait ? On attend une autre vanne ?



- Non merci. Je crois qu'on va devoir rentrer à pied.



- Uh… d'accord…



À contre-cœur, on se remit en route. Aucun de nous deux parlait. Après quelques heures de marche, on arriva à un village.



- Bon, on va tenter le tout pour le tout, dis-je en sortant une pièce de monnaie de ma poche



- C'est-à-dire ?



- Appeler à l'Abbey…



Je pris le combiné et composa le numéro. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Je du donc raccrocher. Je repris la pièce de monnaie en soupirant.



- C'est pas normal que ça ne réponde pas… dis-je



- C'est vrai, il y a toujours quelqu'un là-bas. Alors, qu'est-ce que nous fesons ?



- Je sais pas.



- On demande de l'aide à quelqu'un ?



- Non. Les gens dans ce restaurant sont tous louches…



- Tu veux qu'on continue à marcher ?



- On a pas vraiment le choix.



On reprit donc malheureusement notre marche.



- J'ai une idée ! s'exclama soudainement Tala



- Ah ouais ? Et je peux la savoir ?



- On chippe une voiture !! s'écria-t-il joyeusement en pointant le stationnement



- Wééé… pas mal comme idée !



Subtilement, Tala s'approche d'une BMW noire. Il regarde les alentours pour être sûr que personne nous observe. Il cassa la fenêtre et débarra la porte. Il me fit signe d'approcher. Puis, il s'assit à la place du conducteur. Il tira le volant, prit le fil bleu et le fil rouge et les entremêla. La voiture démarra aussitôt. Vu que la route était déserte, on roulait à une vitesse folle.