Cette vignette a été écrite en réponse au challenge "Bannières" de HASA.

En l'honneur du 14 juillet et du 4 juillet, et des fêtes nationales en général, Chris a fait la proposition suivante :

"Il y a tant de bannières dans le Seigneur des Anneaux, je me demandais si on pourrait lancer un challenge, écrire des histoires de porte-drapeaux, ou la vue d'une bannière flottant, etc. C'est large et pas nécessairement à propos de la guerre, juste un thème 'patriotique'."


Arda et ses habitants appartiennent à J.R.R. Tolkien.

Le Sang sur le drapeau


Mon capitaine m'a choisi pour être le porte-drapeau. Je suis trop jeune pour avoir une épée, apparemment. Trop jeune pour tuer. Pourtant, c'est ce que je veux faire. L'armée de Morgoth a attaqué notre royaume et je veux le défendre.

Je suis trop jeune pour défendre mon pays, donc on m'a donné ce morceau de tissu à porter. Les couleurs de Turgon fils de Fingolfin, Haut Roi des Noldor, Roi de Gondolin: « la lune et le soleil et le cœur écarlate ». C'est le soleil de Finwë, bien sûr, et je pense que c'est le cœur de Fingolfin, mais je ne vois pas ce que la lune vient faire sur cette bannière. Est-ce qu'on n'aurait pas dû m'expliquer ce que les symboles signifient avant de me demander de les exhiber?

Ai! un autre groupe d'orques! Ne vont-ils jamais s'arrêter? Morgoth en a-t-il tellement à sa disposition? Hum, je ne suis pas sûr de vouloir connaître la réponse…

Je commence à avoir peur. Est-il possible que Morgoth puisse gagner? Ah Elbereth! Dis-moi que ce n'est pas vrai! Est-ce que Gondolin va être profanée par des orques? Je tremble à la pensée de ce qu'ils pourraient faire à la Cité Cachée, de ce qu'ils ont probablement déjà fait…

Nous sommes maintenant encerclés et notre effectif diminue. Eh bien, je voulais prendre part à l'action, n'est-ce pas? Je ramasse une épée et me presse autour du Roi, comme les autres. Mon épée est difficile à utiliser avec cet étendard dans l'autre main. J'ai du mal à garder l'équilibre.

Et pourtant je ne peux pas le lâcher. C'est notre dernière fierté, le symbole de notre Roi, de notre pays, de notre peuple. Le laisser tomber serait reconnaître notre défaite.

Donc je continue à frapper des deux côtés tout en essayant de porter notre étendard aussi haut et droit que possible. Il reste si peu d'entre nous maintenant, et les orques sont si nombreux.

Je ressent une douleur intense au ventre, et mes yeux se voilent de rouge. J'essaie de rester debout, en vain. Je tombe à genoux, mais je tiens toujours l'étendard.

Une autre douleur à l'épaule. Je tombe en avant, et je ne peux pas empêcher ma main de s'ouvrir. Ma tête heurte le sol avec dureté. Vaguement, comme dans un brouillard, je vois notre drapeau tomber, rougi par le sang, piétiné par les orques.

Je ferme les yeux. Pardonnez-moi, mon Roi, car j'ai échoué.