Bonjour à tous! Oui, vous avez le droit de me détester, je suis affreusement en retard...M'enfin, j'ai des excuses! lol. Et en plus ça fait depuis hier soir que j'essaie de le mettre sur FF.NET!!! Pfff...enfin, j'espère que ça vous plaira!

Merci à:

Caro: ah, mon soutien officiel!! lol. Merci pour tout!! Je t'adore! Et puis plein de gros bisous rien que pour toi!

Melepha: oui, les satyres sont absolument tordants...En tout cas, ils m'ont fait beaucoup rire!

Kaima: je suis contente que tu aies aimé ce chapitre. Bah, ça va prendre un peu de temps quand même pour que les deux se 'réveillent', mais moi j'aime bien, ça garde le suspense! lol

Falyla: je suis ravie que ça te plaise, parce que c'est quand même pour toi à la base que je la traduis! Donc si tu aimes, c'est l'essentiel! Gros bisous!!

Deedlit: toi aussi, t'as aimé les satyres? Oui, j'avoue qu'ils ont eu beaucoup de succès lol. Je suis contente que ça te plaise et j'espère que la suite te plaira aussi! Bisous!

Cedokun: oui, toi aussi tu as remarqué que Draco se réveillait en même temps que Harry? lol. Je suis contente que tu aimes, et j'adore recevoir tes reviews, alors n'hésite pas! Et puis comme tu dis, ils ne vont pas s'en rendre compte avant un petit bout de temps, mais nous on en apprend pas mal...Bye!

Satell: Salut! Oui, les satyres sont plutôt pervers! lol. Sympathique! Et puis tu verras combien de temps ça prendra pour qu'ils soient ensembles, je ne vais pas tout te dire quand même lol. Mais c'est bien d'attendre un peu, non? Merci! Ciao!

Saael': mais je ne parlais pas pour toi! Je n'ai jamais dit que tu étais une perverse! lol. Non, non, je te promets, je parlais sans viser personne en particulier. Je ne me permettrais pas quand même! Enfin, merci de trouver ma traduction 'belle', ça fait toujours plaisir! Et peut-être que tu vas encore rougir pour ce chapitre...Je ne sais pas! Salut!

Nicolina: merci! Je suis flattée que tu trouves ma traduction bonne, surtout que tu as lu l'originale et que tu peux donc comparer! Merci!! Oui, c'est vrai que cette fic est longue, mais je la terminerai, car je l'aime beaucoup et que je déteste laisser les choses en plan! Bye!

Nagisa Moon: oh, ben pour l'instant il n'y a rien de bien méchant...lol. Merci pour tes encouragements, ils me touchent beaucoup! J'espère que la suite te plaira!

Fannie: contente que tu aimes! Bah, cette fois-ci, je n'ai pas réussi à être dans le temps...mais j'étais fatiguée, alors...Moi aussi j'aime bien l'expression 'frisson Malfoy'! Et puis il y en a quelques-unes que je trouve super...Tu verras! Surtout vers la fin lol. Ciao!

Elava: oui oui, je suis parfaitement au courant qu'elle avait commencé à être traduite et j'ai bien précisé dans le chapitre 1 que je m'étais arrangée avec l'ancien traducteur et que je reprenais totalement la fic. J'espère que tu arriveras à te souvenir de l'histoire, parce qu'elle est tout de même assez complexe. Merci pour ta review.

Chari: oui, c'est vrai que la fic est drôle et peu banale! Tant mieux! Mais y'a pas de problème, tu peux continuer à t'égarer autant que tu veux! lol. Après tout, c'est une fic R, alors les commentaires peuvent bien être R! J'espère que la suite te plaira, ça avance, ça avance...Bisous.

BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN ?

Ah, la Bibliothèque.

Livres, Savoir, Apprentissage, Expérience.

L'endroit préféré de Hermione.

Avec les idées claires et une démarche intellectuelle fondée sur la théorie, Hermione était résolue à ne pas tirer de conclusions avant d'avoir terminé sa recherche. Elle contourna les étagères avec attention, le visage figé dans une expression mi-sérieuse mi-enjouée. Faisant tomber adroitement des livres de leur perchoir, elle amassa une pile pour commencer puis, titubant quelque peu sous le poids d'une douzaine d'ouvrages, elle se fraya un chemin jusqu'à la table de travail du coin, posa les livres dessus et tapota la lampe de sa baguette.

"Lumos" prononça-t-elle tendrement. La lampe s'alluma, vacillante.

Hermione se sentait vraiment dans son élément à la Bibliothèque. Cette table était celle qu'elle préférait depuis sa première année à Poudlard, lorsqu'elle avait passé beaucoup de temps à la Bibliothèque, dévorant tout ce qu'elle pouvait sur son nouveau monde. Et puis, durant cette même première année, elle était devenue très amie avec Harry et Ron, mais elle avait pris ses habitudes, et la table de travail du coin était restée celle de Hermione depuis lors. Les autres habitués de la Bibliothèque respectaient son territoire, comme elle respectait le leur. Ce sont de drôles d'endroits, les bibliothèques, surtout celles qui sont magiques. L'atmosphère y est aussi importante que les livres. Hermione regarda sa montre: quarante-cinq minutes avant le repas du soir. Bien assez de temps pour débuter.

Elle commença par Vie et Habitat des Créatures Magiques. Il y avait quatre pages sur les satyres, que Hermione lut avidement. 'Hmmm'. Puis, Le Folklore des Bois. 'Vraiment?'. Puis, à la file, Une Brève Histoire de la Forêt Interdite et Plaisirs Champêtres: une Etude sur le Comportement des Satyres. 'Mon Dieu'. Il semblait que les satyres soient moins simples qu'ils en avaient l'air. Ce savoir nouveau s'emmagasinait dans son esprit méthodique, dans un nouveau dossier: les satyres et leurs éventuelles implications.

'Poursuivons'. Son esprit curieux savait quand chercher plus loin et quand s'asseoir et réfléchir, et la recherche de Hermione montra qu'il avait choisi la première solution. Le livre suivant était Les Principes Essentiels de la Biochimie Magique. Hermione fut captivée: 'Extrêmement intéressant'. Elle tourna à contrecoeur son attention vers Dix Moyens de Voir la Vérité: Interpréter les Emotions. 'Un ramassis d'inutilités'. Pourtant, cela lui avait donné une idée...Elle se leva et alla vivement vers les étagères où étaient archivés les documents officiels: les statistiques que le Ministère publiait chaque année sur les naissances, les décès, les mariages, les recensements, les emplois, les agencements domestiques et toutes sortes de renseignements socio-démographiques à propos du monde magique. Elle semblait plongée dans une profonde méditation. Puis, après avoir rangé rapidement (et correctement bien sûr) les rapports, elle tourna les talons et retourna à sa table. Elle feuilleta les volumes sélectionnés qu'elle n'avait pas encore consultés. Et alors, cinq minutes avant le souper, il y eut Le Nuage Ecarlate: L'Amour dans le Monde Magique. 'Bonté divine...!'.

Oh.

****

Alors que Hermione était occupée à la Bibliothèque, le professeur McGonagall était sur le point de commencer sa réunion hebdomadaire avec le professeur Dumbledore. En vérité, c'était un moment important pour tous les deux. Dans des temps plus heureux, les deux occupaient cet horaire en buvant du thé et en bavardant tranquillement, cimentant leur amitié, pendant que Dumbledore - faisant tous les deux abstraction de ce qu'ils savaient être en train de se passer - s'occupait de passer en revue absolument tout ce qu'il savait à propos des affaires en général et de Poudlard en particulier, en vue du jour que tous les deux savaient arriver tôt ou tard: le jour où elle devrait prendre la direction de l'école. Auparavant, un tel jour leur avait semblé à des années, à des siècles d'arriver. Mais à présent, avec le retour de Voldemort, tous les deux avaient le sentiment que Dumbledore serait obligé de s'absenter pour s'occuper de problèmes de premier ordre, et que la responsabilité de Poudlard échouerait à cette sorcière écossaise déterminée, ayant des principes et extrêmement compétente. Ces derniers temps, leurs conversations s'étaient rapportées à des problèmes plus sérieux et la sécurité de l'école et de ceux qui se trouvaient à l'intérieur de ses murs devenait de plus en plus importante et à l'ordre du jour, la menace omniprésente de Voldemort planant au-dessus d'eux, rarement évoquée à voix haute. Ce jour-là n'était pas différent des autres.

"Minerva!" dit Dumbledore, une lueur chaleureuse dans le regard. "Jus de citrouille ou thé?"

"Je crois que vous devriez savoir ce que je préfère depuis le temps, Albus" répondit-elle sur le même ton chaleureux, en regardant le grand sorcier faire apparaître sans effort un plateau sur lequel se trouvait un thé et un assortiment de choses délicieuses.

Ils s'installèrent pour leur brin de causette qui, même en ces temps traumatisants, était toujours une source de plaisir pour tous les deux.

"J'ai appris que Hagrid avait fait venir quelques satyres aujourd'hui" dit Dumbledore en souriant. "Je me demande quelles en seront les conséquences cette fois"

"Honnêtement, je ne sais pas pourquoi vous avez autorisé cela, Albus" fut la réponse de McGonagall. "Vous savez les ennuis que cela a engendré la dernière fois. Les Serdaigles ont vécu un abominable cauchemar après leur dernière visite. J'aurais pensé que, en ce moment, nous aurions tenté d'éradiquer tout ce qui serait susceptible de bouleverser l'équilibre précaire de cette école"

"Vous avez raison, comme d'habitude, Minerva, mais" - il prit une bouchée de gâteau, puis épousseta les miettes de sa barbe tout en poursuivant - "nous devons nous rappeler qu'après tout, c'est une école. Des créatures aussi intéressantes que les satyres ne viennent pas nous rendre visite si souvent que cela. Les élèves ont parfaitement le droit d'apprendre des choses sur eux"

"Mais tout de même, des satyres!" protesta McGonagall. "Et j'ai déjà appris qu'il y a eu un problème dans l'enclos. Quelque chose a déclenché une véritable orgie. Et mes Gryffondors étaient là-bas!"

"Oui...oui, effectivement"

"Qu'est-ce que cela veut dire? Vous savez quelque chose, n'est-ce pas?"

"Eh bien...oui. La boîte à malices d'Alastor s'est détraquée il y a une heure de cela"

"Oh, cette absurdité...Vraiment Albus, j'aurais pensé qu'un sorcier de votre envergure n'accorderait pas autant de foi dans une collection de vieux jouets"

Alastor Maugrey 'Fol Oeil', ex-Auror et ami de Dumbledore et McGonagall, avait envoyé au Directeur quelques appareils de détection magiques au début du trimestre, pour apporter sa contribution personnelle à la sécurité de plus en plus perfectionnée de Poudlard. Deux scrutoscopes, un gros saphir qui luisait en présence de magie noire, une carte semblable à la Carte des Maraudeurs et une demi-douzaine d'autres gadgets, dont certains étaient de sa création.

"C'est possible, Minerva. Mais cet objet tournoie comme une tornade depuis que les satyres...euh, vous savez, depuis que les satyres, euh, ont fait ce que font les satyres..."

"Donc cette boîte vous dit que les satyres sont de vieux boucs excités de nature. Quel appareil extrêmement utile!"

"Oui, en effet; je n'ai pas besoin d'une boîte pour me dire cela. Mais, quand je l'ai entendue s'agiter avec bruit, j'ai sorti les autres objets, et, eh bien, je pense vraiment que vous devriez voir cela, Minerva. Je ne sais pas encore si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais peu importe, cela va certainement faire beaucoup de bruit, et se révélera peut-être très important". Il présenta une petite sphère à McGonagall. Elle avait la pureté du cristal, mais était légère comme l'air, pareille à une bulle magnifique et délicate. A l'intérieur, il y avait mille et une lucioles minuscules et écarlates, luisant toutes comme des charbons ardents. McGonagall était fascinée.

"Qu'est-ce que c'est?"

"C'est une Orbis Ardens. Si vous voulez, c'est, euh, hum, c'est un détecteur d'amour"

"Oh vraiment Albus. Quelle absurdité!". Elle la lui rendit, plus du tout intéressée.

"Ne vous moquez pas, Minerva. C'est un objet à la perception très élevée provenant d'une grande source de magie et, pour autant que je sache, c'est une des trois qui existent au monde. Alastor m'a dit que celle-ci fut fabriquée par Rowena Serdaigle en personne. Vous savez à quel point la magie entourant l'amour de deux personnes dotées de pouvoirs magiques peut être complexe. Leur magie naturelle s'unissent en quelques sortes; très peu de sorciers comprennent complètement ce phénomène. L'amour en lui-même peut devenir une force indépendante, liant les couples ensembles d'une manière que les Moldus ne peuvent concevoir, et leur donnant une puissance émotionnelle au-delà de leurs capacités réunies. Le fait est que ni vous ni moi, Minerva, avons été suffisamment bénis pour ressentir cette émotion intense, ce qui ne veut pas dire que nous avons fermé nos esprits à ces, euh, perspectives"

"Donc, qu'est-ce que vous essayez de me dire? Que nous pouvons savoir qui est amoureux de qui dans cette école?"

"Non, rien d'aussi indigne. Ni d'aussi futile, non plus. Au départ, j'ai pensé la même chose que vous, que cet appareil serait inutile dans un endroit comme Poudlard. J'ai pensé qu'avec toutes les hormones qui flottaient autour du château, les interprétations seraient confuses et peu claires. Mais...ce globe semble avoir la fonction d'un filtre: il ne prend pas en compte toutes les amourettes adolescentes habituelles, en fait, il les ignore complètement. Cette sphère a été totalement inactive depuis le début du trimestre. Jusqu'à aujourd'hui. Quand je l'ai regardée il y a environ une heure, elle m'a montré une photo je présume, une image de deux de nos élèves, qui ressentaient des émotions si puissantes que les toutes petites mouches en bourdonnaient avec frénésie"

"Où voulez-vous en venir Albus?"

"Imaginons que nous aurions eu cet objet ici à Poudlard par le passé. Que nous aurait-il montré? Des couples que nous connaissons, bien sûr, dont l'amour était si évident, si fort et si intense qu'il amenait la joie tout autour d'eux. Les Brown. Les Weasley. Severus et...". Les deux adultes se regardèrent, les yeux pétillants d'amusement. Puis Dumbledore hésita, et poursuivit lentement et doucement: "James et Lily". Il eut un silence long et triste. Il finit par continuer: "Et peut-être, des couples dont nous ignorons tout, qui ne se sont rendus compte de leur amour qu'après avoir quitté l'école. Et bien sûr, des couples qui ne sont pas réunis du tout, mais qui se sont mariés à d'autres ou sont restés célibataires. Avec cet objet, nous aurions été capable de veiller à ce qu'aucun de ses sentiments ne soit gâché. Nous ne l'aurions pas fait, évidemment, mais nous en aurions certainement eu le pouvoir"

"Oui. Mais pourquoi est-ce important à présent?"

"Parce que c'est une véritable pièce de la merveilleuse magie antique, comme le Miroir du Rised. Et je pense que tout ce qu'elle nous dit, elle le fait pour une bonne raison. Je ne crois pas que quelque chose comme cela soit ici par accident. Je pense qu'il fallait qu'elle soit ici, pour nous dire quelque chose. Quelque chose qui pourrait nous aider. Minerva, si l'amour entre ces deux élèves est aussi fort que ce qu'indique l'orbe, nous pourrions peut-être, euh, l'exploiter d'une certaine façon. Songez à ce qu'une force positive aussi puissante pourrait faire. Songez à quel point ce pourrait être utile dans une lutte contre, disons, un puissant mage noir"

McGonagall pesa les mot de Dumbledore pendant quelques instants. "Mais, c'est jouer à Dieu. Manipuler des enfants pour notre profit personnel"

"Vous avez raison. C'est bien de cela dont il s'agit. Mais, normalement bien sûr, ces atteintes à la vie privée ne seront pas nécessaires. Les deux concernés apprendront aussi clairement par eux-mêmes que nous pouvons voir à travers cette orbe"

"Alors, nous n'avons rien besoin de faire. Comme les deux élèves sont manifestement à l'école en même temps, ils vont se mettre ensembles et quand ils le seront, ils pourront nous aider d'une quelconque manière"

"Vous avez encore raison. Mais, imaginons que le couple concerné ne comprenne pas ce qu'il ressent? Imaginons qu'ils soient face à face, séparés par un si grand fossé que toute conciliation soit improbable? Devons-nous les mettre sur leur voie? Faut-il que nous arrangions ce malentendu pour leur propre bien, ou pour le nôtre, ou pour les deux à la fois?"

Il y eut un autre long silence, pendant lequel Dumbledore remplit à nouveau leurs tasses.

"Qui est-ce, Albus? Qui avez-vous vu?"

Dumbledore tendit lentement la main vers l'orbe et tapota doucement de sa baguette le verre mince comme du papier à cigarettes, en marmonnant une incantation à voix si basse que McGonagall ne put en comprendre ne serait-ce qu'un mot. Il regarda fixement la sphère pendant plusieurs secondes interminables, à nouveau profondément perdu dans ses pensées. Puis il la fit passer à McGonagall.

Laissant échapper une bruyante exclamation, elle la regarda fixement, sans remarquer qu'elle avait laissé tomber sa tasse dans un délicat tintement de porcelaine. Il y eut de nouveau un silence, qui dura cette fois cinq à six minutes. Quand Dumbledore le rompit, sa voix était claire et contenue.

"Pendant cette dernière heure, j'y ai beaucoup réfléchi. Ce n'est pas vraiment surprenant, si vous passez outre le côté 'sensationnel'. Ils ont tout deux des origines magiques très puissantes. Ils sont tout deux extrêmement obstinés et résolument indépendants. De plus, leur degré d'animosité est tel que personne n'est en mesure de savoir avec exactitude ce qu'ils ressentent. A chaque raison que nous trouverions en faveur de leur union, ils seraient capable de nous en fournir dix chacun pour que nous ne nous préoccupions pas d'eux. Et bien sûr, il y avait les satyres. Mais. Mais...nous pourrions peut-être avoir besoin de chaque arme et même plus. Et étant donné la situation actuelle, tout accroissement de pouvoirs serait d'une importance significative. Et souvenez-vous que nous n'allons pas vraiment fabriquer cet amour, il est déjà là, l'orbe nous le dit. Nous pouvons juste les guider un peu". McGonagall était toujours muette comme une carpe. "Mais je comprends vos réserves, Minerva. Evidemment; j'ai les mêmes que vous. Alors...nous attendons. Nous voyons ce qui se passe. Nous attendons"

****

Draco quitta l'enclos, se sentant franchement troublé par l'aventure avec les satyres. De retour dans les cachots des Serpentards, en attendant le repas du soir, il était aussi perturbé et mal à l'aise que lorsqu'il s'était réveillé de son rêve le matin même. Il se prélassa sur son lit, mi-perplexe, mi-furieux contre Dixter le satyre et Harry Potter l'enquiquineur. Crabbe et Goyle étaient en train de concocter quelques bêtises pour le cours de Potions du jour suivant, mais Draco n'était pas intéressé par leurs petits complots. Il fut un temps où il avait été celui qui organisait les coups fourrés, mais à présent, les projets de ses hommes de main lui semblaient puériles et immatures. Et irréalisables: aucune chance qu'ils arrivent à avoir Weasley avec ça!

Il récapitula les événements étranges qui s'étaient produits lors des Soins aux Créatures Magiques. Et précisément la réaction qu'avait eue Dixter. Une réaction. Mais à quoi? Et pourquoi diable Draco s'était-il surpris à regarder aussi intensément le torse de Potter quand il avait enlevé son pull? Et pourquoi avait-il senti un frisson incroyable lui parcourir le corps quand il l'avait regardé? Et POURQUOI, pourquoi avait-il presque remercié Potter de l'avoir tiré hors du chemin du satyre? Et, encore plus bizarre, pourquoi, quand il avait craché son insulte habituelle à Potter, alors qu'ils s'en allaient, avait-il ressenti une pointe de regret? Crabbe et Goyle avait certainement dû trouver ça drôle. Ah! Boire ta propre urine! Joli coup, Dray. Mais, ça avait été vide. Pas de venin. Pas de sentiment. Rien du tout. Juste du regret.

Certainement pas. Non. C'était inconcevable...n'est-ce pas?

Les Serpentard se réunissaient pour le souper. Le souper était le repas où ils se distinguaient. Pas comme le petit déjeuner, pendant lequel les Gryffondor avaient le monopole, avec leurs joyeux bavardages incessants et leurs rires gais. Quand les Serpentard arrivaient pour souper, tout le monde les remarquait. Draco s'asseyait à sa place; ses acolytes se positionnaient autour de lui, suivant leur rang social. Des conversations prétentieuses s'ensuivaient. Pansy le draguait et minaudait. Crabbe et

Goyle riaient de son intelligence. Dieu, non. Pas ce soir. Il n'allait pas y aller.

Crabbe et Goyle furent déconcertés par l'humeur de leur chef. "Tu ne vas pas aller souper? Mais c'est le moment où on montre la fierté des sangs purs! C'est le moment où on est vraiment des Serpentard, et que tout le monde le voit!"

"Bon sang, débrouillez-vous tout seuls pour une fois. Je n'irai pas souper"

Pansy s'en mêla, inquiète. "Tu te sens bien, Draky? T'es pas dans ton assiette? Je dois faire venir Madame Pomfresh?"

"Non. Dégage, Pansy. Je peux être de mauvaise humeur si j'ai envie. Après tout, tu l'es la plupart du temps"

Ils s'en allèrent. Curieusement, Draco ne se sentit pas mieux quand il se retrouva seul. Il ressentait seulement de la...confusion. Draco détestait ne pas comprendre les choses. Il était intelligent. Il était malin. Il était plus que ça. Il pouvait tout faire. Potter le perturbait et c'était presque la fin du monde. Ce n'était rien du tout. S'il pouvait affronter son père, il pourrait affronter Potter.

Quelques temps après que ses copains l'aient laissé seul, Draco essaya tant bien que mal de se sortir de son état apathique. Une douche. Ca avait marché ce matin-là. Il se déshabilla complètement et prit une serviette. C'était bon d'être seul dans la Maison. Il marcha d'un pas conquérant le long du couloir menant à la salle de bains des garçons, une pièce d'une taille immense et au luxe presque indécent. Se sentant légèrement mieux, il se campa devant un des grands miroirs et s'admira. Bon sang, Draco Lucius Malfoy, t'es un sorcier vachement sexy! Il fit courir ses mains dans ses cheveux blond-blanc, puis les ébouriffa sauvagement. Ah! Même avec les cheveux en bataille, t'es super bien! Cheveux en bataille. Cheveux en bataille...

Fous le camp de ma tête, Potter!

Il choisit sa cabine de douche favorite. 'Cabine' n'était pas vraiment le mot qui convenait: un palace de marbre noir avec des installations en or massif; presque aussi bien que certaines des douches du Manoir Malfoy. L'eau ruisselait sur son corps. Chaude, sécurisante, relaxante. Il restait dessous. Totalement immobile, l'eau plaquant ses cheveux sur sa tête et son visage. C'était une super douche. Bonne pression de l'eau (une des raisons d'être heureux de vivre à la base d'un si grand édifice), totalement seul, plein de place. Oui, plein de place. Largement assez pour deux, si c'était votre truc. Si ce n'est que Draco ne connaissait aucune personne dans le monde entier avec laquelle il souhaiterait partager une douche. Maudite Pansy. Comme elle sauterait sur l'occasion. Tout comme pas mal d'autres. Tous des hypocrites. Enfin, peu importait. Il avait tout juste seize ans. Il avait encore le temps, ce n'était pas gênant d'être toujours vierge à seize ans. A dix-sept ans cependant, c'était différent. S'il voulait maintenir la réputation des Malfoy, il faudrait qu'il le fasse bientôt. Ou au moins, veiller à ce qu'on croit qu'il l'ait fait. Qui choisirait-il? Son père, comme d'habitude, avait été ferme et catégorique sur ce sujet, pendant l'une de leur conversation les plus délicates, lors des dernières vacances. Je me fiche du fait que tu couches à droite à gauche, avait-il dit, mais veille à commencer bientôt. Cependant, si tu rends enceinte une demi-sang ou une moldue, je te tuerai. Puis elle, puis le bébé. Tu ne terniras pas notre nom en engendrant des bâtards. Tu sais qui sont les sangs purs, alors trouve ton plaisir parmi eux. Comme ça, il n'y aura aucun 'accident'. Et puis il avait souri, comme s'il venait de partager le secret de la vie d'homme-à-homme avec son fils et héritier. Oh Dieu. Draco sentit ses yeux se fermer de honte, comme s'il était en train de refouler ses larmes. Merde, il était bien en train de refouler ses larmes.

Faisant abstraction de son père, il prit une savonnette et se mit à se frotter nonchalamment la poitrine. Etrangement, la poitrine de Potter avait semblé bien plus musclée qu'il ne s'y était attendu. Attendu? Avait-il vraiment eu une image mentale de la poitrine de Potter avec laquelle comparer la véritable? Certainement pas. Ca devait être tous ces entraînements de Quidditch, pendant lesquels il était perpétuellement tendu, essayant d'attraper le Vif d'or. Mais quand même, Draco était attrapeur lui aussi: pourquoi n'avait-il pas des muscles comme Potter? Oh mon dieu, Potter...

Ses pensées se déchaînèrent alors qu'il tentait d'ignorer son excitation grandissante. Il avait eu un lien avec Potter cet après-midi-là. Draco avait sentit...quelque chose. Et ce maudit satyre. Dixter. Dick-ster ["dick" veut dire "bite"...]. Il l'avait senti. Qu'est-ce qu'il avait dit? Un truc à propos d'un fait inattendu. C'est quelque chose à retenir. Un truc qu'il avait déjà entendu auparavant, mais que ce soit une préférence, un premier choix? Draco connaissait les satyres. Hé, c'était la créature magique préférée des garçons: toute cette fornication sans limite et sans honte aucunes. Ils avaient aussi quelques pouvoirs particuliers. La plupart ayant un rapport avec le sexe. Mais qu'avait-il voulu dire? Certainement pas...

Oh mon dieu, Potter. Potter, VA TE FAIRE FOUTRE! Pourquoi es-tu dans ma tête? Pourquoi me souris-tu comme ça? Pourquoi me tends-tu la main alors que nous nous détestons? Pourquoi tes cheveux sont-ils toujours indisciplinés? Qu'est-ce que ça fait de passer la main dedans? Comment as-tu pris des muscles comme ça? De quoi rêves-tu? Quelle est l'odeur de ta peau? Quel est le goût de tes lèvres? POURQUOI EST-CE QUE JE PENSE A CA? POURQUOI AS-TU CET EFFET SUR MOI?

La honte l'assaillit en même temps que sa jouissance. Il tomba à genoux, les larmes ruisselant sur son visage, sa semence glissant dans les canalisations. Il sanglota comme un bébé, bouleversé, seul, effrayé, coupable, amer, incertain, paniqué, honteux, pleurant comme il ne l'avait jamais fait. La vague d'émotion qui montait en lui était plus puissante que tout ce qu'il avait ressenti auparavant. Il était à bout de souffle, il s'étouffait. Et à ce moment-là, avec l'eau s'abattant sur ses épaules et sur sa nuque, alors qu'il regardait ses genoux sans les voir sur le marbre de la douche, il comprit qu'aucune quantité d'eau, que pas même un déluge apocalyptique ne pourrait enlever les sentiments qui l'avait rendu plus vivant qu'il ne l'avait jamais été. A ce moment-là, sa vie avait changé: épouvantable, terrifiante, inconcevable.

****

Quand Hermione arriva pour le souper, l'hilarité régnait à la table des Gryffondor. Ron, Seamus, Dean, Neville, les jumeaux et bon nombre d'autres garçons de Gryffondor s'étaient rassemblés, tous absorbés par leur nourriture et par quelque chose d'autre sur la table, et partaient régulièrement dans des énormes et bruyants éclats de rire. Les yeux de la jeune fille balayèrent instinctivement la salle en quête de Harry, mais il n'était nulle part en vue. Ayant le choix entre manger avec la grande bande de garçons ou avec le groupe qui gloussait de Ginny, Lavande et Parvati à l'autre bout de la table, Hermione opta pour les filles. Ce n'était pas commun qu'elle choisisse de ne pas manger avec Harry et Ron, mais, eh bien, vu que Harry n'était pas là et que les autres garçons étaient manifestement en pleine conversation à propos de la cochonnerie par laquelle ils avaient été obsédés toute la journée, les filles semblaient être une proposition beaucoup plus agréable. Et de toutes façons, cette réunion de mâles ressemblait à une de ces discussions de garçons pour lesquelles elle éprouvait seulement un intérêt passager.

Ron était tellement pris dans ce dont les garçons discutaient, quoi que ce fut, que Hermione ne put même pas capter son attention pour lui signaler qu'elle allait manger avec Ginny.

"Hmmm" marmonna Hermione pour elle-même, en rogne, plissant légèrement les lèvres sans s'en rendre compte. "Je me demande s'il m'a déjà réellement remarquée"

"Ooooh, voyons voir un peu ça" dit Lavande alors que Hermione déposait une pile de livres à côté d'elle en s'asseyant, au-dessus de ladite pile se trouvant Le Nuage Ecarlate. "Je ne savais pas que tu te penchais là-dessus, Herm" gloussa-t-elle. Parvati était elle aussi extrêmement intéressée, et les deux se plongèrent dans le livre. Ginny leva les yeux vers Hermione.

"Qu'est-ce qui s'est donc passé pendant les Soins aux Créatures Magiques cet après-midi, Herm?" demanda-t-elle, le sourire aux lèvres. "Des rumeurs disent qu'il y a eut une orgie!"

"Eh bien, pour être honnête, je crois que c'est vrai" dit Hermione en riant. "Du moins, entre les satyres! Hagrid nous a fait quitter l'enclos au moment où les choses ont dégénéré. C'est marrant quand même, ça s'est déclenché d'un coup d'un seul. On était tous en train de discuter avec eux - mon dieu Ginny, t'as déjà parlé à un satyre? Ils sont d'une obscénité! - et l'instant d'après, c'était le chaos total"

"Qu'est-ce qui l'a provoqué?"

"Je ne sais pas vraiment" dit Hermione d'un ton songeur, réfléchissant toujours à ce qu'elle avait lu à la bibliothèque. "Mais je suis quasiment certaine que les satyres ne seront plus au programme pour l'instant! Hé, Harry!" s'écria-t-elle en le voyant entrer dans la salle.

Harry la vit et lui fit un signe de la main, mais il se dirigea tout droit vers le petit groupe de garçons cachottiers parmi lesquels Ron avait l'air d'être entouré de sa cour. Hermione fut étonnée de voir Ron refuser (bien qu'avec une extrême gentillesse) que Harry se joigne à leur groupe. Toutefois, Harry ne sembla pas s'en faire, et se glissa sur une chaise à côté de Hermione en souriant.

"Ok" fit Ginny. "Dis-nous tout. Qu'est-ce qu'ils manigancent, bon sang?"

"Hum, euh..." dit Harry. "Franchement, je ne sais pas trop, mais je crois que c'est, eh bien, que ça a quelque chose à voir avec..."

"Oh pour l'amour du ciel, accouche Harry!" dit soudainement Hermione. "Ou est-ce que c'est censuré par ce code éthique ridicule qu'ont les garçons?"

"Eh bien, oui" dit-il en souriant d'un air penaud. "Je crois plutôt qu'en fait..."

"Très bien" le coupa-t-elle, d'un ton peu aimable. "Je m'en fiche de toutes façons!" ajouta-t-elle de manière peu convaincante.

"Vraiment? Ca m'intéresse, moi" dit Ginny en riant.

"Moi aussi" ajouta Lavande en gloussant.

"Et moi aussi" renchérit Parvati avec un petit sourire en coin.

"Eh bien, je ne peux définitivement rien vous dire si vous vous voulez tout savoir" dit Harry en riant. "C'est contre les règles des garçons. On m'annulerait mon adhésion ou quelque chose dans le genre! De toutes façons, je sais pas vraiment de quoi ils parlent. Et en plus, vous avez bien vos conversations de filles avant le petit déjeuner et vous ne nous laissez pas écouter, et je vous avoue que ça rend Ron dingue de ne pas savoir de quoi vous parlez!"

"Ooooh, c'est vrai?" demanda Lavande, les yeux ronds.

"Parfait" fit Hermione avec un large sourire.

Les quatre filles s'esclaffèrent, attirant temporairement l'attention des garçons qui se trouvaient un peu plus loin. Les filles échangèrent des regards entre elles et Harry se rendit compte qu'il était autant paumé sur ce sujet que sur ce que Ron et les garçons avaient voulu lui cacher.

"Vous voyez?!! Vous êtes en train de le faire, là!" dit Harry en riant. "Ce truc de filles est aussi secret que ce dont Ron et cie sont en train de parler! Je devrais penser-"

Mais il fut coupé net par une soudaine douleur aiguë dans son ventre, accompagnée d'étourdissements et de vertiges.

"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda Hermione d'un ton pressant. "Ta cicatrice...?"

"Euh, Herm! Oh mon dieu, oh, rien du tout..." geignit Harry. "Oh Herm, merde, oh MON DIEU, d'où est que CA vient?"

"Quoi?" demanda Ginny, regardant anxieusement le visage de Harry qui était devenu livide.

Hermione prit le poignet de Harry et chercha son pouls.

"Zut alors" dit-elle à voix basse, "ton pouls est-"

Mais elle n'avait pas terminé que Harry s'effondrait fort peu élégamment sur la table, manquant de justesse un verre de jus de citrouille. Evanoui. Dans les pommes.

Hermione jeta un coup d'œil à la salle, cherchant des Détraqueurs, mais évidemment il n'y en avait pas. En réalité, elle était vraiment embarrassée de voir que rien avait pu provoquer cela. Les Gryffondors redevinrent sérieux. Hermione, tout à coup terriblement inquiète pour Harry, tenta d'emmener discrètement son ami à l'Infirmerie, mais il y avait simplement trop de Gryffondor nerveux qui essayaient de ne pas montrer aux autres Maisons ce qui venait de se passer. Elle jeta un autre regard rapide à la salle. Tout avait l'air normal, et miraculeusement, Malfoy ne semblait nulle part en vue.

Ron fut sur place en un clin d'œil, toute plaisanterie envolée de son visage inquiet.

"Herm! Qu'est-ce qui s'est passé?"

"Aucune idée, il riait avec nous et puis tout à coup, pouf! Il faut qu'on le sorte de là". Ron et Hermione, ainsi que tous les Gryffondors, savaient implicitement que le Garçon-Qui-A-Survécu ne s'évanouissait pas sans raison. Il y avait eu des petites nouvelles concernant la montée au pouvoir grandissante de Voldemort en dehors du cocon sécurisant de Poudlard, mais ce qui venait d'arriver était inquiétant. Ron et Hermione savaient à quel point Harry était sensible à toutes sortes de Magie Noire et Hermione craignit une action des Mangemorts, ou des Détraqueurs, ou peut-être même la proximité de Voldemort lui-même.

Les Gryffondor s'organisèrent rapidement et se levèrent comme un seul homme, aussi naturellement que s'ils avaient répété cet exercice des centaines de fois. Ron prit la direction des opérations. Il prit Harry dans ses bras alors que Hermione lançait un enchantement pour qu'il pèse environ le quart de son poids normal. Ron sortit rapidement de la salle, avec un Harry inconscient dans les bras, aussi pâle qu'un mort. Hermione marchait près de lui, tentant de faire bouclier pour que le reste de l'école ne sache pas ce qui s'était passé. Seamus, Dean, Lavande et Parvati les entouraient. Neville et Ginny sortirent derrière eux en faisant beaucoup de bruit pour faire diversion, et les jumeaux restèrent à la table, se mettant soudainement à jouer aux Cartes Explosives pour détourner l'attention de l'école du groupe pressé qui quittait la salle.

Une fois dehors, Ron parla rapidement aux personnes présentes.

"J'emmène Harry à l'Infirmerie" dit-il à voix basse. "Hermione, va voir Dumbledore, et Ginny, va à la Volière et envoie Hedwige à Sirius. Les autres, mettez-vous autour de moi et on va essayer d'éviter que le reste de l'école panique. La vue de notre principal espoir contre le Seigneur des Ténèbres dans les pommes ne va pas insuffler de la confiance chez les autres"

Hermione regarda Ron, un mélange d'émotions diverses 0l'envahissant tout à coup. Qu'est-ce qui n'allait pas chez Harry, bon sang? Ce n'était pas un évanouissement banal, car ça faisait à présent deux minutes environ qu'il était dans les vapes. Son cœur manqua un battement à la pensée de ce que cela pouvait signifier, pour Harry, pour eux tous. Et puis il y avait Ron qui, lorsque c'était important, même lorsqu'ils se disputaient et se chamaillaient, préférerait mourir plutôt que de laisser quiconque faire du mal à Harry. Il y avait une sorte de lien entre eux, Hermione le savait; peut-être le lien entre un garçon qui voulait un frère et un autre qui en avait déjà trois ou quatre; ou peut-être le lien entre un garçon qui avait un besoin maladif d'être utile et un autre qui voulait apprendre en un instant ce que valaient onze années de vie magique. Quand Harry était entré dans le monde magique, Ron avait été la première personne avec laquelle il avait communiqué et par la suite, il avait vu toutes les choses nouvelles en fonction des expériences de Ron, à travers les yeux de Ron: du Quidditch aux Chocogrenouilles, de Dumbledore à Lord Voldemort. Hermione n'avait jamais été un élément de cette facette de leur amitié, lorsqu'autrefois ils restaient debout la moitié de la nuit à discuter de choses que Ron considéraient comme normales et dont Harry n'avait aucune connaissance, mais elle ne le regrettait pas. Elle était ravie que ces deux garçons-là, ses deux meilleurs amis, soient eux-mêmes inséparables. Ils faisaient tout simplement ressortir le meilleur de chacun d'eux et Hermione se prit à penser que ce qu'il y avait de meilleur en Ron était vraiment très bien. Il était merveilleux à cet instant-là, son meilleur ami peut-être en danger, ses amis se ralliant à sa cause, sa capacité naturelle à diriger ressortant dans toute sa splendeur. Elle se secoua, rougissant légèrement, maudissant sa frivolité en un tel moment, et se fraya un chemin dans la direction opposée pour trouver le Directeur pendant que Ron dirigeait efficacement ses troupes vers l'Infirmerie.

Hermione n'était jamais allée au bureau de Dumbledore auparavant. Elle savait où il se trouvait, mais quand elle y arriva, elle n'avait pas la moindre idée de comment y entrer. Elle savait que le mot de passe était susceptible d'être quelque chose qu'on pouvait acheter chez Honeyduke, mais quand elle eut épuisé tout ce à quoi elle pensait, elle s'écroula simplement par terre contre la gargouille en pierre et pria pour qu'un membre du personnel passe bientôt par là pour l'aider. Cela arriva plus vite qu'elle ne se l'était imaginé, et d'une source inattendue. Alors qu'elle était appuyée contre la gargouille, elle entendit tout à coup un grincement provenant de la pierre derrière elle, et quand la porte secrète s'ouvrit, elle tomba à la renverse et atterrit juste devant les pieds du professeur McGonagall.

"Miss Granger! Mais que faites-vous donc?"

"Oh, professeur McGonagall!" s'écria-t-elle en bondissant sur ses pieds. "Il faut que je vois le professeur Dumbledore! C'est Harry! Il s'est passé quelque chose!"

"Montez, Miss Granger" leur parvint la voix de Dumbledore du haut de l'escalier magique. "Vous aussi, Minerva, si cela ne vous dérange pas"

Hermione raconta l'histoire aux deux adultes. Ils s'assirent en silence tout en écoutant. Et quand elle eut fini, il restèrent silencieux. Hermione sentit qu'ils en savaient plus qu'ils ne le laissaient paraître.

"Eh bien" finit par dire Dumbledore. "Qu'en pensez-vous, Minerva? Une catastrophe, ou juste la réaction naturelle d'un garçon qui n'a pas assez mangé en une journée étouffante et riche en émotions et ?"

Oh mon Dieu, se dit Hermione. Mais bien sûr. Ils en avaient fait toute une histoire. Après tout, il s'était juste évanoui. Ils étaient tout simplement trop protecteurs envers lui, ils ne pouvaient pas s'empêcher de craindre le pire.

"Je pense que ça doit être cela" répondit McGonagall. "Vingt points pour Gryffondor pour le calme dont a fait preuve Weasley vu la situation et une tablette de chocolat pour Harry quand il reprendra connaissance. Ce qui doit certainement être fait à présent. La crise est évitée"

Oh, j'ai vraiment l'air d'une sacrée idiote maintenant! gémit intérieurement Hermione.

Mais alors, comme toujours avec Dumbledore, il arriva quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas.

"Miss Granger, pourriez-vous me raconter ce qui s'est passé exactement pendant les Soins aux Créatures Magiques de cet après-midi, s'il vous plaît?"

Désorientée pendant une seconde, Hermione narra rapidement tout ce dont elle se souvenait.

"Des créatures intéressantes, les satyres" dit Dumbledore d'un air songeur, ne s'adressant à personne en particulier. "Ils ont quelques pouvoirs magiques exceptionnels. Enfin, je pense que vous le saviez déjà, Miss Granger, bonne élève comme vous êtes". Hermione ne sut absolument pas dans quel sens prendre ces propos, aussi ne répondit-elle rien.

"On peut apprendre beaucoup des satyres" poursuivit Dumbledore. "Toutes sortes de choses surprenantes quelquefois. Ils ont le don de voir des choses, des choses que nous, nous ne remarquons pas"

Hermione jeta un regard à McGonagall pour qu'elle lui éclaire sa lanterne, mais ce fut peine perdue. Elle avait une expression impassible.

"Oh oui. Certaines choses sont vraiment surprenantes". Il y eut un autre silence, puis Dumbledore eut l'air de se sortir de ses pensées, quelles qu'elles fussent. "Vous avez bien fait de venir nous voir, Miss Granger. Cinq points en plus pour Gryffondor pour vos essais de mot de passe particulièrement inventifs. A présent, retournez vers vos amis, et voyez si Harry va bien. J'irai le voir moi-même dans un petit moment"

Cela signifiait que l'entretien était terminé, et Hermione se retira beaucoup plus soulagée qu'à son entrée.

****

Draco était allongé sur son lit, dépourvu de tout sentiment, et fixait le vide, le regard absent. Il était totalement épuisé, aussi bien physiquement que mentalement, par son aventure dans la douche, un peu plus tôt dans la soirée. Cela l'avait complètement lessivé, et sans baguette en plus, songea-t-il distraitement. Il avait tiré les rideaux autour de son lit et avait ignoré toutes les tentatives des Serpentard pour l'amener à les rejoindre pour une virée nocturne hors des cachots en quête de quelques mauvais tours à jouer.

Ses larmes avaient fini par disparaître, mais pas ses conclusions.

****

Plus tard dans la soirée, tous les Gryffondor étaient assis dans la salle commune, se faisant encore du souci pour Harry, même si Dumbledore n'avait pas du tout semblé inquiet. Ils discutaient des événements de la journée, du cour déjanté de Soins aux Créatures Magiques aux événements du souper et d'après. Madame Pomfresh, comme on pouvait s'y attendre, les avait tous chassés de l'Infirmerie dès qu'elle eût installé Harry sur un lit. Il ne s'était encore pas réveillé, mais elle avait affirmé qu'il n'était pas en danger immédiat. Et alors qu'ils sortaient tous, ils avaient croisés Dumbledore qui était en route pour l'Infirmerie et qui leur avait dit, radieux: "Félicitations, vous tous, et vous en particulier, M. Weasley. Vous avez rapporté de bons points à votre Maison ce soir, mais je suis sûr que Miss Granger vous l'a déjà dit". Ron était devenu écarlate, fier d'être distingué par Dumbledore par des louanges adressées à lui seul. "A présent, retournez dans votre salle commune, et je ne veux pas que vous vous inquiétez pour Harry. Je suis sûr qu'il sera très vite en pleine forme". A présent, ils étaient de retour dans leur salle commune, et même si Harry n'était pas là, la situation semblait bien moins désespérée. Peut-être avaient-ils eu des réactions exagérés. Mais, comment pouvaient-ils savoir?

Hermione réfléchissait toujours à ce que Dumbledore lui avait dit à propos des satyres. Elle était certaine qu'il l'avait encouragée à faire des recherches sur eux. Enfin, encore plus de recherches. Il savait sûrement qu'elle était déjà allée à la bibliothèque pour cette raison bien précise. En fait, il semblait être au courant de tout. Elle se sentit soudainement très fatiguée, et avec les pensées de Harry, Dumbledore et les satyres tournoyant dans sa tête, elle s'excusa et monta se coucher.

"Bonne nuit, Herm" dit chaleureusement Ron alors qu'elle quittait la pièce. Le cœur de Hermione manqua un battement quand il dit cela, mais elle ne regarda pas en arrière.

"Allons-y" dit Ron à Seamus, Dean et Neville, qui étaient les seuls à être encore dans la salle commune. "Finissons-le. Je suis sûr qu'il rigolera bien quand il reviendra"

Leur humeur s'était améliorée. Harry allait bien; il serait bientôt de retour, peut-être même cette nuit-là. Dans leur dortoir, les garçons se remirent à travailler sur ce sur quoi ils étaient occupés au souper, et les plaisanteries et les rires ne tardèrent pas à fuser à nouveau. Ils étaient tellement absorbés par leur tâche que, environ une heure et demie plus tard, quand Harry revint de l'Infirmerie, il put passer inaperçu et regarder ses amis, secrètement occupés par quelque chose sur le lit de Seamus, pendant quelques minutes avant de tousser et de leur faire un sourire.

"Content de voir que vous vous faites un sang d'encre pour moi!" dit-il en riant, alors que les autres poussaient des cris et que Ron se précipitait sur lui. Il tendit le bras et le posa sur l'épaule de Harry.

"On était inquiets, espèce de con" fit-il, la mine épanouie. "Toute la bon dieu de Maison". Puis, plus bas, pour que les autres n'entendent pas: "Tu vas bien? Tu m'a fait une sacrée peur. Qu'est-ce qui s'est passé, bon sang?"

"Je sais pas vraiment. Et Madame Pomfresh non plus. Je me suis juste évanoui, et je sais absolument pas pourquoi. Mais je crois que Dumbledore doit avoir une petite idée là-dessus"

"Ah bon? Qu'est-ce qu'il t'a dit?"

"Rien du tout. C'est toujours comme ça avec lui! Je lui en parlerai demain, j'ai vraiment envie d'aller au lit tout de suite" dit-il avec un sourire.

"Oh non, tu ne vas pas y aller" dit Ron, en souriant jusqu'aux oreilles. "On a une remise de cadeau à faire"

"Hein?"

"Amène-toi un peu par ici, Harry" lui dit Seamus en riant. "On a un petit cadeau pour toi!"

"C'est quoi?". Harry était toujours excité quand on parlait de cadeaux, probablement parce qu'après des années passées avec les Dursley, ça lui paraissait toujours comme quelque chose de nouveau. "C'était ce que vous mijotiez au souper?"

"Bien sûr" dit Dean, avec un sourire aussi large que les autres garçons.

Ils se levèrent tous et Ron tendit un petit livre à Harry. Fait à la main, les parchemins reliés entre eux par de la ficelle, et avec une couverture de cuir noir. Sur le devant, en caractères dorés, les mots LE LIVRE DE SORTS DES GARCONS (EDITION SPECIALE) avaient été gravés par magie sur le cuir.

Harry regarda ses amis, les yeux écarquillés, sur le point d'éclater de rire. "Est-ce que c'est ce à quoi je pense?" dit-il en ouvrant le livre, puis il lut le frontispice [ce qu'il y a de marqué sur la première page]. A Harry, Le-Garçon-Qui-Se-Sert-De-Ses-Mains. Bien amicalement, tes camarades de chambres très patients. Ron, Neville, Dean et Seamus avaient tous signé en dessous de la dédicace.

"Voilà, on t'avait dit qu'il y avait pas de guide, mais maintenant y'en a un!" dit Dean en s'esclaffant.

"Le manuel de la branlette version sorcier" déclara Neville, souriant aussi largement que les autres.

"Incluant un sort de silence" ajouta Seamus. "Comme ça, tu nous réveilleras plus aux aurores tous les matins!"

Harry riait tellement qu'il dut s'asseoir au bout de son lit. "Oh mon Dieu! Vous avez fait ça toute la journée?"

"Chacun y a mis ses sorts et enchantements préférés" dit Ron, les yeux pétillants, sans le moindre embarras. "Fred et George en connaissent des tonnes! Et on a parlé à Charlie par cheminée interposée et il nous a envoyés un sort super qu'il a appris en Roumanie. Enfin, c'est lui qui a dit que c'était un sort super. Nous, on l'a pas encore essayé. Il faudra que tu nous dises comment c'est. Bienvenue dans le monde magique, Harry. Les baguettes ne sont pas en option pour ça"

Harry les regarda tous, rayonnant de bonheur. "Je sais pas quoi dire" fit-il, un peu ému. C'était un moment qu'il n'était vraiment pas près d'oublier.

Voilà! Ca vous a plu? Moi j'ai bien aimé deux trois expressions vers la fin lol. Bon, je vous dis à très bientôt pour la suite et j'attends vos commentaires!