Coucou! Voici le (long) chapitre 13, j'espère qu'il vous plaira!! Sortez vos mouchoirs, car il va y avoir de grandes 'discussions', et pas seulement entre Draco et Harry lol. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires! Merci à tous ceux et celles qui m'ont reviewée!
Alician: pourquoi tu trouves Draco bizarre? Il est juste amoureux ^^. Ouais, c'est vrai que Harry est très lent, mais ça va mieux dans ce chapitre lol. Dis, tu serais pas un peu schizophrène en plus d'être folle, toi? Tu te dédoubles souvent en parlant? lol. En tout cas, c'est marrant de lire tes reviews ;)) Ciao!
Umbre77: c'est chou, hein? Ouais, j'arrive à trouver Ron marrant dans cette fic, c'est une première!! Merci, merci!!! Bah, ça me détend de traduire, alors...Puis ça a l'air de faire plaisir à quelques personnes, donc tout le monde est content!! Mais non, tu ne te répètes pas, c'est super sympa de m'envoyer des reviews! J'espère que ce chapitre te plaira...Par contre, je te préviens, tu vas sûrement avoir un sourire encore plus 'niais' que d'habitude lol. Bises.
Mélépha: vi, Ron va remarquer qu'il est dans le même lit de Hermione...lol. Va y avoir de l'action ;) Bye!
Electrastars: encore une fois, ce n'est pas grave que tu ne m'aies pas laissé de review pour le chapitre précédent...Je ne suis pas du genre à faire du chantage pour publier la suite...Mais je ne crache pas dessus non plu, loin de là!! Merci pour tes compliments!! Il y a encore quelques jolies petites scènes dans ce chapitre...Ciao!
Lululle: merci pour ta review! Voici la suite, j'espère qu'elle te plaira autant!
Nagisa Moon: tu t'en es sortie avec ton devoir de physiques? Beurk, c'est l'horreur la physique...Pour l'album magique, ce n'est pas dans ce chapitre, c'est plus centré sur les sentiments...Bises!
Love.drake: merci!!! Je t'annonce que tu as tes trois réponses dans ce chapitre!! C'est-y pas beau, ça? lol. Ciao!
Saael': euh...désolée, je n'ai absolument pas mis le mot 'bander' dans ma traduction...Tu as dû te tromper. Ce n'est pas mon genre, ni le genre de l'auteur d'ailleurs, de mettre un mot pareil dans un moment sérieux. Je suis contente que tu aies aimé le chapitre précédent! Dans ce chapitre, il y a la suite de la roseraie et des prises de conscience de Ron lol. Ciao!
Mione11: voici la suite, avec encore quelques situations marrantes! Merci de ta review!
Westerly: bon, ce chapitre est encore plus long que le précédent, j'espère que tu seras moins frustrée!! lol. Merci pour tout, c'est adorable! Je suis flattée d'être une des rares à recevoir tes reviews ^^.Bises!
Mélina: contente que ça te plaise!! 'Ton' Severus revient, mais dans le chapitre suivant...Il te faudra donc encore patienter un peu, désolée...C'est vrai que Ron est marrant dans cette fic, et puis Draco et Harry sont particulièrement chous ;)). Ciao!!
Eilema: merci pour ta review!! Euh, dans ce chapitre tu sauras surtout beaucoup de choses au niveau des sentiments!! Le livre, c'est pour un peu plus tard!!
Marie: merci!!! Je suis contente que ma traduction te plaise, mais tout le mérite en revient à Aidan Lynch ^^. Voici la suite!
Kochka: merci, c'est gentil! J'espère que la suite te plaira!
Carramella: ouh là, quelle review!! Mais j'ai pas envie que tu me lâches lol. Bah, il est mimi Harry, qu'est-ce qui ne te plaît pas chez Harry??? M'enfin, s'il te plaît dans cette fic, c'est l'essentiel!! Merci de me mettre tes moments préférés!! Et puis merci (je sais, je me répète) de m'encourager pour ma traduction et mes exams (plus que 5 jours...)!! J'espère que tu aimeras ce chapitre!! Bises!
Mangafana: voici la suite, avec grande explication entre Draco et Harry, mais aussi d'autres...lol. Bah, je révise tranquillement pour mes exams, je ne stresse pas, c'est déjà ça!! Merci!!! Ciao!!
Célina: attends, attends, tu vas voir ce que Ron et Hermione vont faire pendant que Draco et Harry ne sont pas là dans ce chapitre!!! Et puis il y a d'autres choses aussi...Bye!!!
LolieShing: merci!! Moi, mes exams ne commencent 'que' lundi...J'espère que ce nouveau chapitre te plaira!! Merci encore! Bises!
Fannie: ah, il va y avoir beaucoup de sentiments de ce chapitre...Enfin, tu verras ça en le lisant!! Bises!
Bonne lecture à tous!!
LE CŒUR DU PROBLEME
"Ca m'est facile de te pardonner, Malfoy. Je ne sais pas pourquoi tu te tracasses autant pour a. Tu l'as dit toi-même: l'intensité entre nous a augmenté en haine au lieu d'augmenter en amour, ce que nous pouvons considérer à présent comme un truc positif dans les deux sens"
"Comment tout ce que je t'ai fait peut être considéré comme positif, Potter?" demanda Draco, toujours bouleversé. "Qu'est-ce que tu veux dire par deux sens?"
"C'est facile. Premièrement, imaginons qu'il n'y ait pas eu la complication de la poignée de main refusée dans le train. On aurait été amoureux, à onze ans. C'est une pensée épouvantable. Aucun de nous deux n'aurait été capable de gérer ça. On ne l'aurait jamais compris, mais maintenant, cinq ans plus tard, on commence à piger l'affaire. Dans un sens, Ron n'a pas été une complication; il a été un fichu sauveur"
"Ouais, je crois" fit Draco , montrant à contrecœur qu'il était d'accord. "Quelle pensée affreuse. Erk, beurk, horrible"
"Quelle éloquence quand tu es énervé, Malfoy. Deux points en moins pour manque de vocabulaire convenable"
Draco lui donna un coup de poing sans conviction, et ils sourirent tous les deux.
"Deuxièmement" poursuivit Harry, "parce que, comme c'était de la haine, on se serait sûrement attendus à ce que l'autre ait un comportement merdique. Curieusement, en entendant tous tes méfaits énumérés en une longue liste comme celle que tu viens de me faire, je trouve ça plutôt flatteur. Chacun est un petit exemple de la puissance de cette émotion. De combien tu me haïssais"
Draco rougit légèrement.
Harry eut un sourire en coin. "Si on pousse cette réflexion plus loin, ces badges auraient pu tout aussi bien dire: Potter est sexy et je veux avoir ses enfants, signé Draco Malfoy, oh et au fait, il a des yeux de rêve"
"Je n'ai jamais rien dit sur tes yeux, Potter" fit Draco, incapable de retenir son sourire. "Et en plus, tout ça n'aurait jamais tenu sur un badge"
"Tu aurais trouvé un moyen, Malfoy" dit Harry en riant. "Tu me haïssais tellement"
"Mais quand même, Potter" protesta Malfoy. "Je ne comprends pas comment tu peux balayer toute cette rancune en quelques mots. Tu ne vas même pas me faire ramper devant toi? Je suis prêt; je me suis entraîné pendant des jours. J'ai même découvert quelques chouettes phrases, qui sont conçues pour te faire implorer pardon en pleurant"
"Vraiment?" gloussa Harry. "Je n'ai pas besoin de les entendre, Malfoy. Comme je l'ai dit, te pardonner tes crimes a été facile étant donné le nuage écarlate. Mais, si tu veux, tu peux quand même le faire, juste pour voir si tes phrases sont aussi efficaces que tu ne le crois!"
"Euh, je ne crois pas pouvoir le faire à la demande" fit Draco, gêné. "C'était sensé être...un truc spontané"
"Y a que toi qui peut trouver des paroles spontanées à l'avance, Malfoy!"
Ils rirent tous les deux.
"Oh, Potter" fit Draco sur un ton tellement sincère et chaleureux que Harry se sentit un peu embarrassé. "Tu es tellement magnanime, bon sang. Tu examines les choses et tu vois ce qu'il y a de meilleur en elles. Tu pourrais justifier les pires atrocités rien qu'avec le bon vieil optimisme des Gryffondors. Je ne serais jamais capable de penser comme toi"
"C'est pas plus mal, je pense" répondit Harry. "D'ailleurs, je ne te demande pas de le faire. Je veux que tu sois toi, pas quelqu'un que tu n'es pas"
"Etre un Serpentard, c'est justement être quelqu'un que tu n'es pas, Potter. J'essaie de me défaire de tout ça, pour toi. Et pour moi"
"Tu n'as pas à te changer pour moi, Malfoy. Sois toi-même, tout simplement. Ecoute, on ne doit pas essayer de changer le passé, ou pardonner et ainsi oublier de construire un avenir. Malgré tout ce que j'ai dit, ce n'est pas vraiment de pardon qu'on parle, parce que tu ne m'as jamais rien fait qui ne puisse pas être expliqué par notre violent refus du nuage écarlate. Donc je n'ai pas besoin de te pardonner. Et tu n'as pas besoin de changer, car reconnaître l'existence du nuage écarlate a déjà modifié notre perception vis-à-vis de l'autre. Il faut simplement examiner les choses sous un jour nouveau"
"Ben merde alors. Quand est-ce que t'es devenu intelligent, Potter?"
"Je ne sais pas" répondit Harry en riant. "Ca doit être toutes ces années passées à être ami avec Hermione. Ca a dû me déteindre dessus"
"Mais..." réfléchit Draco, "Ca m'a tout l'air d'être à sens unique. Je croyais qu'on était tous les deux là-dedans. Pourquoi tu m'as jamais fait de sales coups?". Puis il ajouta, tout doucement. "Tu ne me haïssais pas?"
"Oh Malfoy, je te détestais! En fait, je te méprisais"
"Ouf! Ca fait plaisir à entendre"
Ils éclatèrent de rire tout en se regardant.
"Shhhhh!" fit Draco, toujours en train de rigoler. "On va avoir des ennuis!"
"Je m'en fous" dit Harry. "J'en ai vraiment rien à foutre"
"Oooh" fit Draco. "Un tel manque de respect pour l'autorité, et d'un Gryffondor en plus..."
"Malfoy, je ne suis pas vraiment haut placé sur l'échelle du respect pour l'autorité, pas pour un Gryffondor. En fait, j'ai enfreins un bon millier des règles de l'école depuis que je suis ici. C'est juste que tu en connais seulement quelques-unes. Et j'ai bien peur de ne pas être innocent de complots contre toi, Malfoy"
"Ah oui?" murmura Draco, mystifié . "Qu'est-ce que t'as fait?"
"Eh bien..." commença Harry. Maintenant qu'ils en venaient au fait, il était plutôt gêné de l'avouer, même si Draco venait d'énumérer sans la moindre gêne ses propres crimes. "Ben...ah oui, quand 'Maugrey' t'a changé en fouine, on t'a appelé la Fouine"
"C'est tout?" fit Draco. "C'est le mieux que t'as à proposer? Ah ben ça alors, ça va être extrêmement dur à pardonner. Donne-moi environ une semaine pour m'en remettre, d'accord, Potter? Allez, je sais que ce n'est pas ce que tu allais dire au début"
"Ok, la Fouine" dit Harry. "Mais c'est difficile. Très difficile, donc sois patient avec moi. Tu te rappelles en deuxième année quand des personnes se faisaient pétrifier, Hermione y compris?"
"Oui...?"
"Ben, il y eut toute cette histoire a propos de la Chambre des Secrets qui avait été réouverte, et que seul l'Héritier de Serpentard pouvait avoir ouvert la porte de la Chambre"
"Oui...?"
"Ben, j'ai pensé que tu étais l'Héritier de Serpentard, mais j'avais aucun moyen de le prouver"
Draco resta silencieux.
"Donc il fallait que absolument que je trouve un moyen. J'avais vraiment peur que des vies soient en danger, surtout celle de Hermione"
"Je n'étais pas l'Héritier de Serpentard, Potter. Le seul rôle déplorable que j'ai joué dans cet épisode a été d'être déçu quand j'ai réalisé que c'était quelqu'un d'autre qui était l'Héritier"
"Je sais que tu n'étais pas l'Héritier" dit Harry. "J'ai rencontré le véritable Héritier et, enfin, inutile de parler de ça. Mais le fait est que je croyais que c'était toi. Alors, pour essayer de le prouver..."
"Oui...?"
"Pour essayer de le prouver, oh mon dieu, tu vas me détester! Ron et moi avons utilisé le Polynectar pour nous déguiser en Crabbe et Goyle. On est allés dans la salle commune de Serpentard et on a discuté avec toi. Pendant cette petite conversation, tu as prouvé que tu étais totalement insupportable, mais que tu n'étais pas, en fin de compte, l'Héritier de Serpentard"
"Ben merde. T'as vraiment fait ça? Du Polynectar? Mais c'est une potion extraordinairement complexe à préparer, Potter. Désolé d'être grossier, mais tes compétences en Potions n'étaient pas du tout à la hauteur pour faire cette potion"
"Elles ne l'étaient pas à l'époque et elles ne le sont toujours pas maintenant. Mais celles de Hermione, oui"
"Ah...La Granger m'a eu, encore une fois"
"Pourquoi t'es pas vexé?"
"Parce que, mon vieux Potter...Je te pardonne. Ou plutôt, pour parler en langue Gryffondor, j'ai à présent ré-interprêté cet épisode sous un nouveau jour avec beaucoup de recul. Tu me haïssais, tu te souviens?"
Ils se sourirent.
"Je dois reconnaître que c'était un plan vraiment génial" fit Draco. "Bien plus audacieux et astucieux que tout ce que j'ai pu inventer. Comparons simplement un de tes plans avec un des miens: j'ai enfilé une robe noire et je suis arrivé en hurlant 'wooo' avec une voix effrayante. Et toi, qu'est-ce que t'as fait? Tu as crée un fichu Patronus, dont la puissance n'a sûrement jamais été égalée par un élève à Poudlard. Ca me remet sacrément bien à ma place, Potter"
"Ca, ça n'était pas dirigé contre toi, Malfoy. Je croyais que tu étais un Détraqueur, tu te souviens? Le professeur Lupin m'a appris comment invoquer un Patronus parce que...parce que, eh ben, l'effet que les Détraqueurs ont sur moi est tout bonnement inconcevable"
"Qu'est-ce...qu'est-ce qui t'arrive dans ces moments-là, Potter?"
Il y eut un changement presque imperceptible dans l'atmosphère.
Harry le regarda. "Tu veux vraiment savoir? Pourquoi?"
"Parce que...je veux mieux te connaître, Potter. Je ne te connais même pas à cinq pour cent. Et on est là...dans le nuage écarlate, et je ne te connais pas vraiment"
"Et je ne te connais pas moi non plus, Malfoy"
"Non, c'est vrai. Mais crois-moi, tu n'a pas envie de me connaître. C'est pas une partie de plaisir d'apprendre à me connaître. Peut-être que c'est pour ça que je n'ai jamais laissé personne m'approcher, parce que je ne veux pas avoir à avouer ce que je suis vraiment"
"Ce que tu étais, Malfoy. Tu n'es plus du tout le Malfoy d'il y a quelques semaines, du moins en ce qui me concerne"
"C'est des conneries, Potter, je suis le même; c'est pour ça que je veux changer, comme je te l'ai déjà dit. Tu me vois simplement d'une façon différente. J'ai toujours une tonne de secrets honteux. Ce que le nuage écarlate a fait, entre autres, c'est de me faire vouloir être digne de toi. Et il m'a fait vouloir apprendre à te connaître correctement. Et quand je te connaîtrai correctement, je voudrai te connaître mieux que personne. Donc excuse-moi, je ne voulais pas être indiscret, mais si c'est trop dur pour toi de me parler des Détraqueurs, alors j'accepte. Mais la raison pour laquelle je veux savoir, c'est parce que je veux être capable de t'aider"
Harry resta plongé dans ses pensées un long moment.
Puis il dit: "Mais ça doit être dans les deux sens. Je veux te connaître, j'ai besoin de te connaître aussi bien que tu me connais. Et si ça veut dire qu'on aura à aborder des sujets très difficiles, alors il faut qu'on soit prêts pour ça. Je pensais juste que si je te parlais des Détraqueurs, alors ça ouvrirait des portes à des conversations qui sont plus que simplement pénibles pour moi. On pourrait être blessés tous les deux"
"Je sais où cette discussion nous mène, Potter. Et j'ai peur de ça. Mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas qu'ont ait cette conversation. En fait, il faut qu'on l'ait. Sinon, ce que nous avons, ce que nous pourrons avoir à l'avenir, sera basé sur des sables mouvants. On n'aura jamais vraiment l'impression qu'on peut se faire confiance"
Harry prit la main de Draco et la serra très fort. Il se mit à parler très lentement.
"On est au début de quelque chose, hein? Ca durera peut-être jusqu'à la fin de nos jours. On doit être capables de se faire confiance, ou notre vie sera un enfer d'insécurité et de doute. Quoi qu'on ait à dire, ça doit être dit avant qu'on devienne...plus proches. Ou ça pourrait avoir un effet destructeur"
"Ok" fit Draco en serrant la main de Harry. "J'aurai le courage si tu l'as"
Harry déglutit. "Quand je suis près d'un Détraqueur, j'entends ma mère hurler, juste au moment où elle se fait tuer par Voldemort. Puis il y a un éclair de lumière verte, causé par le sortilège mortel qui l'a tuée. Après, il y a rien du tout. Ce ne sont pas les Détraqueurs qui me font tomber dans les pommes, Malfoy, c'est le pouvoir et la terreur du souvenir qu'ils déclenchent en moi"
Draco sentit les larmes lui monter aux yeux. Il mit son bras autour de Harry et le serra contre lui.
"Je ne peux pas effacer les souvenirs, Potter" dit-il. "Mais je te promets que tu auras toujours quelqu'un pour te soutenir"
Harry frissonna, légèrement crispé.
"Oh mon dieu" murmura lentement Draco. "C'est ça, hein? Tu n'es pas sûr, malgré notre rapprochement, malgré le fait qu'on se soit vus nus, qu'on ait dormi dans le même lit, qu'on se soit embrassés, tu n'es pas sûr de vouloir que ça soit moi qui te soutienne..."
"Non! Je veux que ça soit toi! Mais..."
"Mais...tout à l'heure, tu m'as dit que je n'avais jamais rien fait qui ne puisse être expliqué par le nuage écarlate. Moi. Personne d'autre. Mais tu n'arrives pas à séparer le père du fils" conclut tristement Draco. "Et pourquoi diable devrais-je m'attendre à ce que tu le fasses?" soupira-t-il.
Harry ne dit rien.
"C'est pour ça que tu ne voulais pas me parler des Détraqueurs, hein? Parce que ça n'avait rien à voir avec moi, mais peut-être beaucoup à voir avec mon père. Ou au cas où je pourrais lui révéler un de tes points faibles. J'ai été tellement stupide. Tu n'étais pas anxieux sur le fait de qu'on se pardonne nos crimes du passé. C'est sur le fait de qui on est, et d'où on vient. Et tu ne seras jamais capable de pardonner et d'oublier que je suis le fils d'un Mangemort, parce que peu importe comment tu regardes ça, tu ne peux pas ré-interpréter ce fait sous le jour du nuage écarlate"
"Malfoy...je, euh..."
"Chhh, Potter, et laisse-moi parler. Tu as besoin d'entendre ça, et j'ai besoin de le dire. Je n'arrive pas à imaginer les choses que tu as traversées. J'ai rencontré le véritable Héritier, tu m'as dit tout à l'heure avec désinvolture. Je parie que c'était une expérience terrifiante, mais tu minimises ces choses, comme tu en as l'habitude. Je sais que tu as rencontré le Seigneur des Ténèbres, et que tu t'es même battu en duel avec lui. Cette pensée m'horrifie. Mais elle ne m'horrifie pas parce que j'arrive à ressentir le danger, non. Ca m'horrifie en pensant à ce qui aurait pu t'arriver"
Chaque parole de Draco résonnait dans la tête de Harry. La roseraie cessa d'exister. Il y avait simplement eux deux, et la conversation la plus importante qu'ils auraient jamais. Draco poursuivit.
"Je ne peux plus imaginer ma vie sans toi. S'il fallait en arriver là, ce qui se fera presque à coup sur, je te choisirai toi, pas mon père. Cette décision aurait été inimaginable il y a quelques semaines; mon père a toujours été l'unique force dominante de ma vie. Mais c'était avant que je me rende compte de ce que tu étais pour moi, Potter. Tu dois simplement me faire confiance sur ce point-là. Jusqu'à ce que je trouve un moyen de te le prouver, je te supplie de me croire quand je te dis que tu peux me faire confiance"
Draco se mit à pleurer en silence. Mais il continua de lutter, regardant fixement le sol.
"Tu sais ce que c'est pour moi. Tu l'as vu. Je ne supporte pas d'être éloigné de plus de trois pas de toi. Je n'ai rien à gagner en te trahissant, j'ai tout à perdre au contraire. Tu es devenu une partie de moi, Potter. Te faire du mal reviendrait à me faire du mal à moi-même. Provoquer ta chute reviendrait à me suicider. Et même pire. Parce que je devrais alors vivre sans toi. Et...ce serait inconcevable"
Harry leva son bras et enlaça Draco.
"Je te crois" dit-il doucement. "Je te crois vraiment. Mais...ce n'était pas ma seule inquiétude"
"Qu'est-ce que c'est alors?" demanda Draco, anxieux. "Dis-moi, j'ai besoin de savoir!"
"Ce n'est pas simplement ton père. C'est moi. Je ne suis peut-être pas bien pour toi"
"Qu'est-ce que tu veux dire? Tu es plus que bien. Comment pourrais-tu ne pas être bien pour moi? Tu me fais déjà sentir mieux que je ne l'ai jamais été!"
"Parce que le danger et le drame m'entourent tout le temps". La voix de Harry était froide, lointaine. "Je n'ai pas de parents, Malfoy, parce que des gens voulaient leur mort. Des gens voulaient ma mort aussi, et ils la veulent toujours. J'ai déjà été trois fois en contact direct avec le Seigneur des Ténèbres, et on a tenté de me tuer même ici, à Poudlard. Ma magie n'est pas assez puissante pour résister éternellement"
Harry prit une profonde inspiration.
"Je...ne peux pas t'entraîner dans tout ça. Et si quelque chose t'arrivait, ce serait ma faute? Si Voldemort découvrait un jour ça, imagine le danger que tu courrais! Il pourrait penser à se servir de toi pour arriver jusqu'à moi. Je ne me le pardonnerais jamais s'il t'arrivait quelque chose, pas maintenant, pas après ce qu'on a découvert. Tu es plus en sécurité, bien plus en sécurité, avec ton père, pas avec moi"
Draco s'agitait, nerveux.
"Ma sécurité est sans importance! Tu crois que c'est nouveau pour moi, Potter? Tu crois que je n'ai pas déjà pensé à tout ça? Pourquoi, d'après toi, je n'ai pas dit à mes parents que je suis à l'Infirmerie depuis une semaine? Ta foutue inquiétude pour moi est profondément touchante. Mais c'est à moi de courir le risque, Potter. Si je veux être avec toi, c'est ma décision. Je veux être la personne qui te prenne dans ses bras quand tu entendras ta mère hurler, j'ai besoin d'être cette personne. Parce que..."
Harry avait toujours son bras autour de Draco. Il savait ce que Draco allait dire, il le sentait dans sa tête, mais son cœur battait quand même la chamade.
"Parce que je t'aime, Harry" [YES!!!!!!!! Euh, désolée...lol]
****
"Ils dorment dans le même lit?"
"Ron" fit Hermione. "Les choses ont avancé"
Ils étaient toujours sous les couvertures du lit de Harry, mais aucun des deux n'était gêné par cette promiscuité. Toutefois, cela ne voulait pas dire que Ron n'était pas gêné par d'autres choses.
"Dans ce lit?"
"Oui"
"Oh mon dieu. On est dans le nid d'amour de Harry"
"Ron, je ne pense pas que ce soit un nid d'amour. Je pense qu'ils ne font que dormir ici"
"Tout de même. Tu m'as dit toi-même que Harry transpirait dedans"
"Oui, mais c'était uniquement parce que..."
"Parce que quoi?"
"Oh, Ron, je suis désolée de ne pas te l'avoir dit. Mais je n'avais pas le droit. Je n'en ai probablement toujours pas le droit, mais ça m'a l'air tellement insensé que tu ne saches pas. Harry..."
"Oui?"
"Harry a été dans une sorte de coma pendant cinq jours. Il ne s'est réveillé que hier"
"Il quoi?"
"Endormi. Cinq jours. Dans ce lit. Malfoy a dormi à côté de lui. D'où la sueur"
"Il a été dans le coma et tu me l'as pas dit?"
"Je n'avais pas le droit!"
"J'arrive pas à y croire! Tu sais que je me soucie de Harry autant que toi. Qu'est-ce que tu croyais que j'allais faire?"
"Ron! Excuse-moi! Ne le prends pas pour toi!"
"Et Malfoy a dormi avec lui?"
"Malfoy sent l'attraction du nuage écarlate d'une façon différente de Harry. Ou peut-être pas, je n'en suis pas sûre; Harry n'a pas vraiment été disponible pour parler. Mais Malfoy ne supporte pas d'être séparé de plus de quelques pas de lui. Sinon, il panique. Tu as vu comment il était quand il a cru que Harry allait partir sans lui tout à l'heure. Il était au bord des larmes"
"Ben merde alors. Malfoy a un point faible"
"Ca m'en a tout l'air. Mais ne t'avise pas de songer à exploiter cette faiblesse, Ron. Pour ce que nous en savons, Harry ressent peut-être la même chose. Et plus ils se rapprochent, plus Harry sera bouleversé s'il voit Malfoy blessé"
"C'est très dur à s'y faire, tout ça"
"Mais tu finiras par t'y habituer, Ron. Tout comme moi"
"Herm, tu crois qu'un jour, je sais pas quand, Malfoy sera comme qui dirait...l'un de nous?"
"Seulement si nous lui permettons, Ron. Et si nous ne le faisons pas, Harry s'éloignera peut-être de nous"
"Non, il ne ferait pas ça. Tu sous-estimes tout ce qu'on a traversé ensemble. Malfoy ne partage aucun de ces souvenirs-là"
"Non, c'est vrai. Mais très bientôt, Harry et lui auront des souvenirs dans lesquels nous n'auront aucune part. Ils en ont peut-être déjà. Qu'est-ce que tu crois qu'ils font en ce moment, par exemple?"
"Euh...une promenade?"
"C'est possible"
"Ou une discussion?"
"Oui, peut-être. Le fait est que nous ne savons pas. Et nous ne le saurons peut-être jamais, parce qu'il y a déjà beaucoup de choses qui se passent entre eux qui ne nous regardent tout simplement pas"
"Ca va vraiment être dur à s'y faire"
"Non. Nous n'avons pas le monopole sur la vie de Harry. Exactement comme...il ne sait pas tout de nos vies"
Ron rougit, et même sous les couvertures du lit de Harry dans la pièce obscure, Hermione le sentit.
****
Oh mon dieu. Malfoy avait-il vraiment dit ça?
Evidemment qu'il l'avait dit.
Il avait dit: "Je t'aime, Harry"
Pourquoi le monde s'était-il tout à coup arrêté de tourner?"
Il savait déjà que Malfoy l'aimait. C'était palpable; aussi évident que la couleur de ses cheveux. Mais l'entendre à voix haute...C'était extraordinaire. Et magnifique.
Et il y avait quelque chose d'autre, quelque chose qui lui était venu à l'esprit pour la première fois au moment précis où il avait entendu les paroles de Malfoy: il était la première personne dont il se souvenait à lui avoir dit ces mots précis. Pas sa mère quand il était enfant, pas un autre membre de sa famille, pas même un ami en rigolant à moitié. La première personne à lui avoir dit 'Je t'aime' était...Draco Malfoy.
Est-ce que Malfoy attendait une réponse?
Il n'y avait aucune attente dans la tête de Malfoy. Il y avait simplement...de l'espoir.
Qu'est-ce qu'il espérait? Est-ce qu'il espérait entendre la même chose en retour? Ou est-ce qu'il espérait qu'avoir dit ces mots ne changerait rien du tout? Ou est-ce qu'il espérait que son père quasiment omniprésent pourrait moins être une menace pour eux?
Bien sûr, il savait déjà que Malfoy l'aimait. Et il savait qu'il aimait Malfoy. Mais avait-il déjà pensé à le lui dire?
S'il le faisait, est-ce que quelque chose changerait de façon irréversible, pour toujours?
S'il ne le faisait pas, est-ce qu'il regretterait d'avoir raté cette occasion? Est-ce qu'ils le regretteraient tous les deux?
Il avait dit: "Je t'aime, Harry"
Cependant, Malfoy n'était pas le premier à l'appeler Harry. Harry, Harry, Harry. Tout le monde le disait. Ron le hurlait, le murmurait, le criait, le disait en riant; il semblait posséder ce prénom autant que Harry lui-même. Hermione le criait d'une voix aiguë. Seamus le beuglait. Ginny le roucoulait. Tante Pétunia le braillait. Mais personne ne l'avait dit de cette façon-là, qui faisait bondir le cœur de Harry dans sa poitrine.
Est-ce que Malfoy avait délibérément choisi ce lieu, cette conversation, cet instant, avec ces mots bien précis, comme étant le moment parfait pour prononcer le prénom de Harry pour la première fois? Ou est-ce que c'était sorti impulsivement? Ou est-ce qu'ils étaient tout simplement devenus si proches que ne pas l'utiliser maintenant aurait semblé grossier? Ou est-ce que c'était tellement naturel qu'il ne l'avait même pas remarqué?
Il sentait toujours de l'espoir dans la tête de Malfoy.
Combien de temps s'était-il écoulé depuis que ces mots étaient suspendus en l'air, faisant fondre la neige autour d'eux avec leur chaleur? Deux minutes? Dix? Etait-il trop tard pour répondre quelque chose?
Il y avait une seule chose à faire. Une seule chose à dire. Et son corps lui faisait mal tellement il avait besoin de le dire. Mais maintenant, Malfoy pourrait penser qu'il le disait uniquement parce que lui-même l'avait dit d'abord. Non? Il plongea son regard dans les yeux de son compagnon. Ils étaient le reflet de son âme, et Harry ne put y voir que le même espoir qu'il sentait déjà.
Mais Harry n'avait pas besoin de voir quoi que ce soit, car il le sentait encore plus à présent. Le niveau de perception qu'il y avait entre eux semblait avoir gagné en netteté depuis qu'ils étaient assis à cet endroit. Malfoy lui disait, quelque part dans sa tête, que tout allait bien, qu'il n'avait pas à avoir peur, qu'il pouvait dire ce qu'il voulait, qu'il n'avait pas à se sentir obligé de le dire, que s'il ne le disait pas Malfoy ne l'en aimerait pas moins, que c'était bien d'oser le dire, parce que rien ne se mettrait jamais entre eux, pas même son père, surtout pas son père.
Harry s'éclaircit légèrement la gorge, et serra fortement la main qu'il tenait.
"Je..."
Il sentit que Malfoy lui serrait la main en retour. C'était d'un grand soutien, aimant, rempli d'adoration.
Et finalement, les mots sortirent, aussi facilement et naturellement que tout ce qu'il avait dit.
"Je t'aime...Draco" |Alléluia!!!!!!!!!! Euh, désolée...bis!!]
****
"Mais c'est nos affaires, Herm" fit Ron. "Harry n'a rien à voir là-dedans"
"Euh, ouh ouh, Weasley? Y'a quelqu'un? Ce n'est pas exactement ce que je viens de dire? Désormais il y a une partie de la vie de Harry dans laquelle nous n'avons aucune part"
"Mais c'est justement ça que je n'aime pas. On va jamais sérieusement exclure Harry de quoi que ce soit. Mais lui et Malfoy, ben, ils vont simplement disparaître dans le soleil couchant et on le reverra plus jamais"
"Ron, tu es la personne la plus mélodramatique que je connaisse, et vu que je connais Parvati, ce n'est pas rien. C'est pas du tout ça. Harry ne va pas t'oublier durant la nuit, crétin. Regarde comme il était heureux de te voir juste avant qu'ils sortent. Tu vas simplement devoir accepter que tu n'es plus la personne qui compte le plus dans sa vie. Et si tu arrives à accepter ça, tu verras qu'il reviendra vers nous heureux et enjoué, et aussi toqué et peu perspicace qu'il l'a toujours été"
"Hermione, des fois tu es tellement logique que je croirais entendre ma mère. C'est une habitude que j'espère que tu perdras..."
"Ron, tais-toi" fit-elle doucement. "Pourquoi faut-il toujours que nous parlions d'autres personnes? D'abord Harry, maintenant ta mère...Est-ce que nous n'avons pas des choses à dire sur nous?"
"Ouais" dit Ron avec un petit rire. "Je crois qu'on en a..."
****
Il y eut un long et simple silence.
Passé un moment, les étoiles, la neige et la parfaite immobilité glacée de la roseraie semblèrent revenir doucement dans leur réalité. Leurs doigts étaient entrelacés dans une intimité naturelle, serrés mais lâches en même temps. Harry sentait la douceur de la peau de Draco tandis que celui-ci caressait tendrement ses doigts avec les siens.
"C'est possible d'en être aussi sûr après si peu de temps?" demanda doucement Harry.
"Oui, je crois. Du moins, je sais que moi, j'en suis sûr. J'en étais pratiquement sûr depuis un moment déjà, et absolument certain depuis la fois où on est restés assis près du lac"
Harry le regarda, tout étonné. "Ah ouais? Wow. Je suis...honoré. J'en suis sûr depuis que je t'ai entendu m'appeler Harry"
Ils rirent tous les deux.
"Mais je crois que je le savais depuis plus longtemps que ça. A vrai dire, c'est arrivé tellement vite, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir"
"Eh bien, j'ai eu un peu plus de temps pour y réfléchir, je suppose. Cinq jours en plus pour être précis"
"Mais...c'est impossible, hein? Je veux dire, ton père et tout ça? Comment pourra-t-on être...ensemble, comme on le veut tous les deux? Qu'est-ce qui va se passer quand tout le monde sera au courant?"
"Hé, Harry, tellement de questions. Je n'ai la réponse à aucune d'entre elles. Et puis allez, on vient de partager un moment exceptionnel. N'amenons pas mon père là-dedans"
"Mais comment pourrions-nous faire autrement? Il est présent sur tous les plans. On ne peut rien faire sans le prendre en compte. Draco, écoute, je suis transporté de joie maintenant que je peux mettre un nom sur ce truc qu'il y a entre toi et moi, mais à moins d'aborder ce problème, c'est tout ce que ça sera: un moment exceptionnel. Tu ne veux pas plus que ça? Tu viens de me dire que tu ne supportes pas d'être éloigné de plus de trois pas de moi. Comment allons-nous supporter les vacances, et encore moins le reste de nos vies, si on ne résout pas d'abord la question de ton père?"
"Oh, seigneur. Je croyais que c'était moi qui allait être la personne raisonnable dans cette conversation. Tu commences à ressembler à ma mère"
Harry resta silencieux.
"Qu'est-ce que j'ai dit?" fit Draco, inquiet.
"Exactement ça. Je ne sais pas comment tu peux traiter ce problème avec autant de désinvolture"
"Harry, je suis paumé là"
"C'est une histoire de parents, Draco. Tu en as, moi pas. Ne valent-ils pas la peine de s'accrocher? Quelque homme que soit ton père, quoi qu'il ait fait, n'est-il pas toujours ton père? Tu n'as pas idée de combien j'ai été heureux de t'entendre dire que tu me choisirais moi plutôt que ton père. Et je te crois. Mais ça m'attriste aussi. Je ne sais pas comment tu peux le laisser tomber juste comme ça. Tout ma vie, c'est ce que j'ai voulu plus que tout: des parents. Et tu en as, et tu veux risquer une brouille, ou des choses bien pires, à cause de moi? Juste comme ça?"
"C'est à peu près ça, oui. Tu es extrêmement important pour moi, Harry. Et je sais qu'il n'y aura jamais un moment où ce ne sera pas le cas"
"Mais je n'ai pas envie d'être responsable d'avoir creusé un fossé entre un père et un fils! J'ai toujours pensé que ce lien était plus fort que tout, et je t'envie tellement de l'avoir, quel que soit le père que tu aies! Et maintenant, tu t'en libères, comme si c'était rien du tout!"
"Harry! Tu crois vraiment que mon père et moi, on a une relation typique père-fils? Tu crois qu'on allait à la pèche ensemble, et qu'il m'a appris comment traire les vaches et à faire correctement un nœud de cravate? Tu crois qu'il est fier de ce que je fais? Si tu veux te faciliter la tâche, ne te dis pas que mon père ressemble en quoi que ce soit à ce qu'aurait été le tien"
Harry frémit. "On ne saura jamais ce à quoi mon père aurait ressemblé"
"Non, c'est vrai. Et c'est une grave et terrible injustice" Draco rapprocha Harry de lui. "Mais je parie qu'on sait tous les deux qu'il ne t'aurait pas fait choisir entre lui et celui que tu aimes"
Harry garda le silence.
"Laisse-moi te parler de mon père, Harry. Le grand Lucius Malfoy. La dernière discussion importante que nous avons eue, il m'a chargé de perdre publiquement ma virginité cette année, et il se foutait d'avec qui c'était; n'importe quelle fille de Serpentard ferait l'affaire. Les Malfoy doivent avoir une certaine image, m'a-t-il dit. Le coureur, le mufle; sois l'irrésistible goujat au cœur de pierre. Fais conquêtes sur conquêtes. En bref, sois le salaud. Au-dessus des amitiés et des alliances insignifiantes. Crée-toi simplement une aura de respect, et si tu n'y arrives pas, une aura de crainte. Ca revient à la même chose de toutes façons"
Draco commençait à s'agiter et Harry s'en inquiétait, mais il laissa Draco mettre les choses au clair.
"Et toi. Tu sais combien de fois il m'a raillé avec tes succès? Tu n'auras pas d'Eclair de Feu tant que tu ne le battras pas au Quidditch est une de ses phrases favorites. Je parie qu'il ne se préoccupe pas vraiment de si je te bats ou pas, c'est le contrôle qu'il aime. Si jamais j'arrivais à te battre, il n'en serait pas fier, il lancerait simplement un nouveau défi"
"Tu pourrais. Tu es un bon joueur de Quidditch" fit Harry.
Draco ignora cette gentillesse.
"Tu sais ce que je suis pour lui, Harry? Pas un fils. Je suis son devoir. La preuve qu'il a rempli son contrat, étant donné qu'il y aura un autre Malfoy au Manoir pour continuer la lignée. Quelqu'un avec les gènes des Malfoy pour porter le nom, hériter des millions, conserver le pouvoir, et générer la crainte et le respect qui vont avec. C'est tout. A part ça, je suis une sorte de désagrément dans sa vie, et le pire dans tout ça, c'est que je suis sûr que tu connais cette situation plus que moi"
"Eh ben, et ça alors? Ca ne vaut pas la peine de s'accrocher? Tu abandonnerais ton droit sur le Manoir et tout cet argent, pour moi? Même si tu penses que ton père ne vaut pas la peine de s'accrocher, ça en vaut sûrement la peine, ça, non?"
Draco ricana. "C'est rien du tout. Je laisserais tomber tout ça en une minute. Je préférerais vivre avec toi dans la Cabane Hurlante que sans toi au Manoir"
"On en arrivera pas là, Draco. J'ai de l'argent. Beaucoup, je crois. Pas le dixième de la fortune de ta famille, mais suffisamment pour qu'on soit tous les deux à l'abri du besoin pendant des années"
"C'est beau de ta part, Harry, de partager l'argent de tes parents avec moi. Mais tu as raison; on en arrivera pas là. Peu importe ce que je fais, il est absolument impossible que mon père me déshérite"
"Mais..."
"Tu oublies le snobisme, qui est le moteur de la vie de mon père, encore plus que la recherche de la magie noire ou la soif de pouvoir. Le snobisme dirige mes parents d'une manière que tu ne pourrais pas imaginer. Il définit leur existence. Ils doivent posséder, et le montrer, le meilleur de tout, peu importe le prix. Et ils ont un point de vue consciemment et délibérément anti-Moldu, ne se demandant pas si un jour ils pourraient en aimer un ou pas. Ce qui n'arrivera pas, mais uniquement parce qu'ils ne se permettront jamais d'en rencontrer. Et par-dessus tout, il y a la suprématie de la lignée des Malfoy"
"Euh, je comprends pas vraiment...?"
"C'est tout. Mon père traite son nom comme un objet précieux. Il doit être préservé à tout prix. Me déshériter voudrait dire qu'il a échoué. Ca le blesserait comme s'il recevait une flèche en plein cœur de laisser la maison ou l'argent aller à des cousins, qui sont nombreux, qui lorgnent sans cesse le Manoir, à la recherche d'un point faible. M'enfuir avec toi serait extrêmement mauvais pour lui à court terme, mais en tant qu'événement dans les centaines d'années d'existence de la famille, ça serait tout juste considéré comme une petite anomalie passagère. Il y a eu des meurtres, des massacres, des assassinats et tout un tas de carnages pour s'arracher le contrôle de la fortune à travers les siècles. Pas question pour mon père de risquer de perdre la face parce que son fils a choisi un amoureux peu recommandable"
"Un amoureux peu recommendable? C'est tout ce que je suis?"
"Pas pour moi, abruti. Pour lui"
"Je parlais bien de lui, imbécile. Bien que je me sente privilégié d'avoir eu cet aperçu sur ce que pense l'aristocratie, est-ce que tu n'oublierais pas une chose essentielle?"
"Laquelle?"
"Que à cause du nuage écarlate, notre magie est liée. Imagine si la source de nos deux magies faisait pencher la balance du pouvoir? Imagine si, avec tes capacités ajoutées aux miennes, je devenais plus fort et plus à même de lutter contre Voldemort? Est-ce que ton père pourrait vraiment tolérer ça? Que son propre fils se soit non seulement barré avec un amoureux peu recommandable, comme tu l'as dit de façon si charmante, mais qu'en plus il se révolte sérieusement contre ce que son père défend? Quelle ironie si j'étais uniquement capable d'affronter Voldemort parce que le fils unique d'un de ses partisans dévoués m'avait rendu plus fort! Le danger dans lequel ça te mettrait est trop horrible à envisager. C'est ce dont je parlais quand je disais que je pourrais ne pas être bien pour toi"
"Non! Tu es plus que bien pour moi; tu es tout! Comme je te l'ai dit, je te choisis par rapport à mon père. Quel que soit le danger, pour cette raison bien précise: si notre magie combinée peut faire une différence, je vais bien évidemment laisser notre magie continuer à se lier pour accroître ta sécurité. Et tout ce que je peux faire pour te protéger, je vais le faire, que cela te plaise ou non. Et de toutes façons, tu exagères les choses sur ce point-là. Le snobisme de mon père est aussi grand que le Mage Noir. Il considère la magie noire comme le top du snobisme, le seul terrain qui est non seulement inaccessible aux Moldus, mais aussi à beaucoup de gens du monde magique. C'est le club le plus prestigieux auquel il puisse appartenir. Mais c'est du snobisme quand même"
"Mais alors...?" risqua Harry, plein d'espoir.
"Oui! Si la fortune des Malfoy risquait d'aller à un endroit qui ne lui plaît pas, ça le peinerait, bien sûr; mais pas autant que de la voir aller à un autre que moi. C'est vrai, il pourrait poser des conditions très chiantes sur mon droit de naissance, comme m'obliger à engendrer un héritier avant d'hériter. Ou il pourrait essayer de me laisser sans le sou en engendrant un autre héritier, mais lui-même verrait un tel acte comme un compromis, et même une faiblesse. Et puis de toutes façons, ce n'est que de l'argent; rappelle-toi que c'est le nom qui compte le plus pour lui, et ça, il ne peut pas me l'enlever, quoi que je fasse"
"Mon dieu...Qui aurait cru que l'argent était si compliqué?"
Malgré la tension du moment, Draco eut un petit rire. "En plus, la famille n'a pas toujours été du côté obscur. Ca a fait des allées et venues suivant les siècles. Certains Malfoy ont été de parfaites petites merdes, et certains ont été des philanthropes, des bienfaiteurs et des braves types en général, comme dans n'importe quelle famille je pense. En tant qu'héritier de la fortune, le choix entre la Lumière ou les Ténèbres - philanthrope ou merde, si tu préfères - revient à moi seul"
"Mais quel sera ton choix?" demanda prudemment Harry. "Pourquoi attendre jusqu'à ce que tu hérites? Tu ne peux pas décider maintenant?"
"C'est justement ça, Harry. Je suis en train de prendre cette décision. Mais Lumière ou Ténèbres, ce n'est pas vraiment ça le cœur du problème: je serai dans ton camp, quel qu'il soit, et non dans le camp où mon père n'est pas"
"Mais, ça ne suffit pas, Draco. Il faut que tu penses la même chose que moi sur ce point-là, sinon je ne peux pas laisser ça arriver, quelles que soient les conséquences qui découleront du fait qu'on ne soit pas ensemble. La façon dont mes parents sont morts est plus qu'une simple blessure à mon flanc: c'est tout le foutu problème. Tu dois être contre la magie noire et contre les Mangemorts, sinon je ne saurai jamais si je peux te faire confiance ou non. Et comme je te l'ai dit tout à l'heure, je n'ai pas le droit d'attendre ça de qui que ce soit"
"Harry" fit Draco très doucement. "Je pense que je dis plus que ça. Quand je t'ai dit 'Je t'aime' tout à l'heure, c'était exactement ce que je voulais dire. Les mots clés sont aimer et toi. Pas détester et mon père. Maintenant, je le répète: laissons mon père en dehors de ce moment expectionnel. Il n'est pas un élément dans l'amour que j'éprouve pour toi. Tu peux avoir totalement confiance en moi, Harry, je te le promets. Je t'aime, Harry, et où que tu ailles, quoi que tu penses, quelles que soient les batailles que tu mènes, je serai près de toi. Je serai celui qui te soutiendra quand tu entendras ta mère hurler. Lumière et Ténèbres sont sans importance. Mon père est sans importance. C'est avec toi que je m'engage, et tout ce qui va avec. Et si ça veut dire m'opposer à mon père lors du jour inconcevable du jugement dernier, ça n'a aucune importance"
Harry dévisagea Draco un moment.
"Draco, tu n'as pas idée du bonheur que me procurent tes paroles" fit Harry, un peu ému.
"Si, je sais" dit Draco en riant. "C'est évident pour moi. Ca se voit partout sur ton visage, et dans toute ta tête aussi. Et en plus, je ressens moi aussi ce bonheur"
Draco sentit le soulagement de Harry se répandre sur eux deux, et l'espoir qu'ils osaient avoir en ce moment, l'espoir d'un avenir qu'ils pourraient partager, était contagieux pour tous les deux. Les bases sont posées, songea Draco. Maintenant, on peut construire dessus. Ce projet était délicieux, excitant et inestimable.
Le sérieux de leur conversation s'évapora peu à peu, jusqu'à ce qu'ils redeviennent simplement deux jeunes amoureux partageant un moment exceptionnel dans une roseraie au clair de lune. Inévitablement, ils se rapprochèrent encore plus près l'un de l'autre. Il n'y avait aucune barrière, aucun stress, aucune pression. Il y avait juste de l'amour, rayonnant en eux, comme une force vivante, battante, qui les liait étroitement ensemble, qui les définissait.
Ils se regardèrent au même moment. Draco tendit doucement la main vers le visage de Harry et enleva délicatement ses lunettes. Harry rapprocha Draco de lui, son bras enfoui sous la cape épaisse de Draco et enroulé autour de son dos. Ils étaient quasiment nez à nez, respirant en un seul et même souffle. Les lèvres de Draco caressèrent la joue de Harry, puis son nez et, tel un papillon incapable de se poser, il se mit à parsemer le visage de Harry de doux baisers. Harry gémit à la beauté sacrilège des gestes de Draco. Les lèvres de Harry cherchaient à attraper celles de Draco pour l'entraîner dans le baiser plus approfondi dont ils avaient tous deux envie et besoin. Ils étaient inexorablement attirés l'un vers l'autre, et maintenant qu'ils avaient tous les deux reconnu, accepté et compris le désir qui brûlait entre eux, ils s'abandonnaient totalement. Lorsque la soif d'un contact plus rapproché devint irrésistible, ils sombrèrent dans un baiser fougueux, désespéré qui sembla attiser leurs êtres, si longtemps privés de sommeil et de bonheur. Les yeux papillonnants, le corps tremblant, l'esprit empli de désir, ils plongèrent dans l'âme de l'autre, à bout de souffle, suffocants, mais aucun des deux ne voulant être sauvé.
****
Ce fut le moment le plus fort, le baiser le plus merveilleux qu'ils aient jamais vécu, et quand ils se séparèrent enfin, ils étaient tous les deux à court de mots.
Ils en étaient arrivés à un nouveau type d'entente. Mais cela leur semblait toujours très personnel. Après des semaines de difficultés et de désespoir, passées à s'entraider et à flirter, aucun d'eux deux ne pouvait plus ignorer à présent ce qui venait de se passer.
La parole leur revint lentement.
"Wow"
"Wow? C'est tout? C'est tout ce que je reçois après m'être engagée aussi ouvertement?"
"Zut alors. Je sais pas quoi dire! Ca doit être ce lit. Il émet des ondes d'amour"
"Ron!" s'écria Hermione d'une voix perçante. "Ca n'a rien à voir avec ce lit! Ne gâche pas tout. C'est arrivé parce qu'on en avait tous les deux envie, pas parce qu'on est dans le lit de Harry!"
"Ouais, je crois" dit Ron avec un petit rire. "Heureusement qu'ils sont pas revenus, hein?"
"Peut-être. Mais ça ne les aurait pas dérangés, Ron. Je pense qu'ils sont bien trop amoureux l'un de l'autre pour refuser à qui que ce soit un peu d'intimité"
"Je commence à apprécier l'idée d'un Harry amoureux. Si ça ressemble pour lui à ce que je viens de ressentir, je pense qu'il devrait s'y mettre sérieusement et foncer"
"C'est le truc romantique le plus nul que tu aies jamais dit, Ron Weasley, et crois-moi, il y a vraiment le choix"
Ils rirent tous les deux.
"Désolé. Je ferai mieux la prochaine fois"
"Oh? Donc tu es absolument sûr qu'il y aura une prochaine fois?" fit Hermione, désinvolte.
"Ouais. Je pensais justement à maintenant, en fait"
"Oh! Vraiment? Et si j'étais occupée?"
"Merde. Problème. T'es occupée? Il faut que tu sois quelque part dans la prochaine demi-heure?"
"Euh, non. Je crois que je suis disponible"
Ils rigolèrent encore une fois.
****
"Merde" fit Harry. "J'ai promis à Hermione qu'on en aurait pas pour des heures. Et regarde, le soleil va bientôt se lever, et tu sais à quelle heure Madame Pomfresh vient nous voir!"
Ils avaient fini par se détacher l'un de l'autre et étaient partis se promener, ce qui, comme Harry l'avait rappelé à Draco, était la raison initiale de leur sortie cette nuit-là. Pendant leur tour du terrain de Quidditch et leur circuit autour du lac, ils avaient bavardé comme jamais ils ne l'avaient fait auparavant. Ils s'étaient racontés leurs passés, leurs rêves, leurs passions. Ils s'étaient arrêtés fréquemment pour se bécoter sans aucune honte chaque fois qu'ils atteignaient un nouvel endroit. Et ils avaient marché, couru et gambadé sans jamais cesser de se tenir la main.
Et puis ensuite, tandis que la première lueur du jour pointait à l'horizon, ils s'étaient retrouvés devant la cabane de Hagrid, et Harry savait que Hagrid était réveillé car il voyait de la fumée sortir de la cheminée et entendait le demi-géant marcher d'un pas pesant à l'intérieur.
"Bon, on devrait rentrer alors" décida Draco. "Elle et Weasley ont été cloîtrés là-bas toute la nuit"
"Ouais" pouffa Harry. "Mais je parie qu'ils ont trouvé un moyen de s'amuser"
"Beurk! Tu crois vraiment?"
"Oui. Ca fait des siècles qu'ils se tournent autour"
"Mince alors! Le Cerveau et la Belette. Quel couple!"
"Ne te moque pas d'eux, Draco. Ils disent sûrement la même chose de nous. Le Balafré et la Fouine, sans doute"
"C'est pas juste. Comment ça se fait que tu sois désigné par quelque chose d'aussi sexy qu'une cicatrice, et que moi on me traite de rongeur?"
Harry rit. "Et si c'était parce que je suis sexy et que toi tu es un rongeur?"
Draco lui donna un coup de poing pour rire, et ils s'embrassèrent encore une fois.
"Alors, messieurs" retentit une grosse voix derrière eux juste après qu'ils se soient séparés. "Un peu tôt pour sortir faire une promenade, non?"
"Hagrid!" s'écria Harry. "Comment allez-vous? Vous êtes debout de bonne heure vous aussi!"
"Eh bien, j'allais à une sorte de réunion avec Dumbledore. Bon sang, Harry, tu as l'air d'aller mieux. Je peux pas te dire à quel point on était inquiets. Ca vous dit une tasse de thé, vous deux?"
"Ben..." commença prudemment Harry, "on est pas vraiment sensés être dehors, et Ron et Hermione sont comme qui dirait coincés dans notre chambre à l'Infirmerie jusqu'à ce qu'on rentre, alors..."
"Pas de problème. Je comprends. Vous feriez mieux de rentrer alors. Mais n'oublie pas de passer me voir un de ces quatre, Harry. Ca fait bien trop longtemps, mais je ne vais pas te faire la morale, non. Tu es le bienvenu aussi, Malfoy, si tu le souhaites"
"Merci, Hagrid. J'aimerais beaucoup pouvoir enfin faire correctement votre connaissance"
"Hagrid, vous n'allez pas, euh, dire que vous nous avez vus, hein?"
"Bien sûr que non, Harry. Motus et bouche cousue. Dépêchez-vous à présent, il fera totalement jour dans pas longtemps"
Ils se dirigèrent vers le château. Tandis qu'ils revêtaient la cape d'invisibilité devant la porte d'entrée de l'école, Draco fit: "Est-ce que Hagrid est toujours aussi sympa?"
"Oui. Il est génial, et totalement loyal. Mais quand il dit motus et bouche cousue, fais gaffe. Il n'a jamais trahi quelqu'un sciemment, mais il a la fâcheuse tendance à laisser échapper des trucs. Et s'il va voir Dumbledore avant le petit déjeuner, il y a des chances pour qu'on ait à fournir des explications sous peu"
Ils ne purent s'empêcher de pouffer sous la cape en traversant les couloirs d'un pas rapide jusqu'à l'Infirmerie, où les patients dormaient encore, fort heureusement. Cependant, une fois de retour dans leur chambre, ils la trouvèrent étrangement calme; Ron et Hermione n'étaient pas là.
"C'est bizarre" fit Harry. "Je me demande pourquoi ils ont décidé de partir sans la cape"
"Ils ne sont pas partis" dit Draco. "Regarde!"
Il montra leur lit du doigt. La forme de deux corps se devinait à peine sous les couvertures dans l'obscurité de la pièce.
"Qui est-ce qui dort dans mon lit?!!" s'exclama Harry en riant tandis qu'il enlevait les couvertures.
"Hein? Qué?" leur parvint la voix endormie de Ron. "Hé, Harry! Herm, réveille-toi!"
"Qu'est-ce que vous faites là-dedans, vous deux?" fit Harry, un grand sourire aux lèvres.
"Ben, dormir, principalement" fit Hermione, et Ron eut un petit rire. Elle s'assit et mis de l'ordre dans ses cheveux.
"Flûte! Le jour se lève! Vous avez été combien de temps dehors, vous deux?"
"Des heures, désolé" s'excusa Draco. "On a perdu la notion du temps. Des problèmes?"
"Ca oui!" fit Ron. "Pomfresh est entrée pour jeter un coup d'œil sur vous!"
"Qu'est-ce qui s'est passé?!"
"Hermione a sauvé la mise" répondit Ron.
"N'est-ce pas ce qu'elle fait tout le temps?" fit remarquer Harry en riant. "Qu'est-ce que vous avez fait?"
"On a caché vos pyjamas, sauté dans votre lit et on s'est fait passer pour vous" expliqua Hermione, hilare. "Le problème a été de convaincre Ron en moins de trois secondes que vous deux, vous couchiez dans le même lit! J'ai quasiment dû le tirer jusqu'au lit!"
"Oooh, Weasley" fit Draco avec un sourire. "Je parie que t'as aimé ça!"
"Euh, j'ai eu des plus mauvaises nuits, c'est vrai" répondit le concerné en rougissant.
Tous les quatre éclatèrent de rire.
"Ron" fit timidement Harry. "Je suis désolé que tu aies dû découvrir ça de cette façon"
"Pas de soucis, Harry. J'ai été plus inquiet d'apprendre ton coma que ta façon de dormir. Tu vas bien maintenant?"
Harry regarda Draco, rayonnant. "Je ne suis jamais allé mieux, Ron"
"Je crois" médita Hermione, brisant en douceur ce moment de tendresse, "qu'il faut qu'on opère un rapide changement de places. Ron, debout, et vous deux, vous devriez vous mettre au lit avant que Madame Pomfresh n'arrive"
"Bien pensé" approuva Draco. "Elle vient de bonne heure, d'habitude. Et on sait que Dumbledore est debout lui aussi. Il peut nous rendre visite à tout moment"
"Retournez-vous, tous les deux!" dit Harry en riant. Draco et lui enlevèrent leurs vêtements et remirent leurs pyjamas. Ron pointa la tête hors de la chambre.
"Merde! Elle est déjà là!"
Harry et Draco sautèrent dans leur lit et s'arrangèrent de façon à avoir l'air d'être là depuis des lustres. Ron fut stupéfait de voir les signes d'intimité qu'il y avait entre eux: ils riaient, s'enlaçaient et emmêlaient leurs bras et leurs jambes comme s'ils étaient ensemble depuis des années. Il resta planté là à les regarder, presque fixement, et Hermione lui donna un coup de coude impatient.
"Ron" siffla-t-elle. "Allons-y, vite"
"Non" fit fermement Ron. "C'est trop risqué. Elle est déjà dans l'Infirmerie. On pourrait se cacher dans la salle de bains, ou sous la cape. Ou..."
"Ou quoi?" demanda Draco, intrigué.
"Ou, ben, on est dimanche maintenant, non? on a le droit de vous rendre visite. Pourquoi on ne fait pas tout simplement comme si on était venus vous voir pour le petit déjeuner? Comme ça on aura pas à retourner en douce à la Tour"
"Ron" fit Hermione. "C'est la première idée sensée que tu as depuis des siècles. Mais comment on va faire pour faire comme si on venait d'arriver?"
"Mettez de l'ordre dans vos vêtements et vos cheveux et amenez les fauteuils à côté du lit" répondit immédiatement Draco. "Posez soigneusement vos capes sur le lit d'à côté. N'ayez pas l'air trop à l'aise, et commencez par les habituels 'Comment allez-vous?'"
Les trois autres le regardèrent, époustouflés par son sens du détail.
"Je crois que je suis le roi de la tromperie" fit Draco, presque avec fierté.
"Ok" approuva Hermione, s'amusant comme une folle. "Tout est en place. Prêt pour un début de conversation normale...MAINTENANT!"
"Hé" commença Draco d'une voix un peu plus forte qu'auparavant. "Qu'est-ce qui s'est passé pour le match Serpentard contre Serdaigle?"
"Ah" fit Ron. "Vous avez perdu, je regrette"
"Tu regrettes? T'es pas plutôt ravi?"
"Ben, un peu je crois...ouais, évidemment" fit Ron avec un grand sourire. "Mais c'est la vérité. Vu que vous n'avez tous les deux pas joué les deux derniers matches, les résultats ont été faussés. Gryffondor aurait dû battre Poufsouffle, et vous auriez dû battre Serdaigle, donc quand vous reviendrez jouer tous les deux, ça ramènera un contexte équitable. Avec votre défaite d'hier, et si on gagne chacun nos prochains matches, la finale devrait être Gryffondor contre Serpentard. Ce qui n'est que justice. Après tout, on est les deux meilleures équipes"
"Bon sang. Je suis en train d'apprendre un truc ou deux sur le sens de l'honneur des Gryffondors, ça s'est sûr". Draco regarda Harry, et ils se sourirent. "Qui c'est qu'ils ont pris comme attrapeur?"
"Ah. C'est là que réside l'erreur tactique de Serpentard, d'après moi" dit Ron avec un sourire.
"Allez, qui c'était?"
"Parkinson"
"Pansy Parkinson? S'il te plaît, s'il te plaît, Weasley, dis-moi que c'est une des blagues pas drôles des Gryffondors!"
Hermione et Harry étaient pliés en deux.
"Du calme, Harry, c'est très sérieux" fit Draco, essayant de son mieux d'être convaincant.
"Malfoy" demanda Hermione, intriguée. "Tu viens de l'appeler Harry?"
"Oui, Hermione" répondit simplement Harry.
"Wow. Il y a eu pas mal d'évolution pendant ces dernières heures apparemment" fit Ron.
Les quatre adolescents se regardèrent avec des sourires énigmatiques, qui se transformèrent bientôt en autres éclats de rire.
"Mais pas autant d'évolution qu'il semble y avoir eu dans l'équipe de Serpentard durant mon absence. Pansy Parkinson a été l'attrapeuse de l'équipe de ma Maison?"
"Oui. Et elle a été nulle. Pas de bol, Malfoy"
"Pourquoi ils ont choisi Pansy, bon dieu?"
"Ben, Malfoy, il semble qu'elle ait supplié d'avoir la chance de marcher sur tes traces. Apparemment, t'es une sorte de héros pour elle. Et personne ne sait vraiment comment s'est arrivé, mais Rogue l'a choisie elle parmi tous ceux qui ont passé les épreuves de sélections"
Harry et Hermione échangèrent un regard en voyant cette conversation ouvertement dépourvue d'hostilité entre Ron et Draco.
"Oh mon dieu! Je crains le pire! Comment elle était? Quel a été le score?" gémit Draco, avec un soupçon de réelle détresse.
"Elle a juste tourné en rond au-dessus des joueurs et tenté une feinte de Wromski à environ dix km/h. Elle a même eu le temps de se recoiffer pendant son plongeon, si on peut appeler ça un plongeon. Mais, Malfoy, franchement, ça a été un matchs super amusant. Et vous ne vous êtes pas faits écraser, juste 170-90. Vos batteurs ont été super bons en fait, si on aime les tactiques en coups de vaches"
"La seule façon de jouer, bien sûr" fit Draco avec un sourire. "Je crois que l'exploit de Pansy était en fait un truc super subtil pour déconcentrer les adversaires"
"Malfoy, si ça te fait plaisir de penser ça, je t'en prie, vas-y!"
Ils rirent tous, y compris Draco.
"Mais que diable se passe-t-il ici?" leur parvint la voix de Madame Pomfresh depuis le pas de la porte.
"Euh, on a des visiteurs pour le petit déjeuner, si ça ne gêne pas" fit Harry.
"Harry nous a envoyé un hibou pour nous dire que vous leur ameniez toujours leur petit déjeuner très tôt, donc on s'est dit, comme c'est le premier jour où l'on est autorisés à leur rendre visite, que l'on s'arrêterait en passant pour voir comment ils allaient" ajouta Hermione, avec une assurance sans faille.
Ron et Harry se regardèrent, et sourirent. Draco s'assit tout près de Harry dans leur petit lit.
"Bon. Très bien". Madame Pomfresh avait l'air perplexe, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur un quelconque méfait. "Eh bien, dans ce cas, Miss Granger, M. Weasley, si vous souhaitez vraiment prendre votre petit déjeuner à" - elle jeta un coup d'œil soupçonneux à sa montre - "même pas sept heures du matin, alors vous pouvez venir aider à le préparer. Nous ne pouvons pas décemment nous attendre à ce que les Elfes de maison soient au travail à cette heure-ci un dimanche, et je ne fais pas le service de chambre, tout de même"
Plus tard, tandis qu'ils étaient tous en train de dévorer des œufs et du pain grillé - enfin, c'était plutôt Ron qui dévorait ses œufs, Hermione et Draco en avaient un chacun et Harry picorait distraitement un morceau de pain grillé -, ils sentaient tous qu'un nouveau chapitre commençait. Chacun observait les autres avec grand intérêt pendant que le petit déjeuner se poursuivait. Draco et Hermione voyaient que Harry et Ron étaient tellement heureux d'être en quelque sorte revenus à la normale que le volume de leur bavardages semblait s'amplifier de plus en plus. Ron lui-même remarquait que l'attention que Draco portait à Harry était presque de l'adoration. Alors que Draco pensait que personne ne pouvait l'entendre pendant une conversation particulièrement bruyante, Ron fut ému de l'entendre murmurer: "Harry, s'il te plaît, mange un peu plus". Hermione quant à elle voyait que le langage du corps entre Harry et Draco était incroyablement intime, et basé sur une confiance totale. Et même Harry, d'habitude si lent à déchiffrer les émotions des autres, sentait que Ron et Hermione avaient fait plus que simplement dormir dans leur lit. C'est marrant, se dit-il. Ce lit a vraiment joué un rôle important cette semaine, pour nous quatre.
Et malheureusement, une des nuits les plus importantes de leurs vies venait de s'achever, et Madame Pomfresh surveilla la disparition du petit déjeuner aussi bien que des visiteurs, puis elle pressa Harry et Draco de prendre de la potion du sommeil. Peu de temps après, ils étaient tous les quatre endormis, Harry et Draco enlacés dans leur sommeil magique, Ron ronflant dans son propre lit en rattrapant les heures perdues la nuit précédente et Hermione, sommeillant paisiblement dans le dortoir des filles, rayonnante de bonheur pour eux quatre.
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Voilà, un nouveau chapitre de terminé! Vous voulez un indice pour le chapitre suivant? Oui? Bon, ceux qui me connaissent devraient comprendre: Chaud Cacao!!! lol. Voilà!!! A bientôt pour le suite! Ne tapez pas Jess, Jess faire aussi vite que possible...lol
