Chapitre 6: Vision et Décision

La lune brille haut dans le ciel, et seul le hululement lointaint d'une chouette vient rompre le silence qui règne dans la campagne. Dans la maison, il y n'y a pas beaucoup plus de bruit, si l'on ne tient pas compte des ronflements de Ron. Harry est allongé sur le dos, les yeux grands ouverts. Il ne sait pas quelle heure il est, mais en tous cas, pas moyen de fermer l'oeil. Dumbledore avait raison: il a eu une journée extrêmement chargé, et il est épuisé, mais le sommeil ne veut pas de lui et, lui-même, il n'est pas sûr de vouloir s'endormir. S'endormir signifierait probablement rêver, et Harry a toujours peur de ses rêves, qui ont toujours été un peu plus que de simples rêves.

Celui qu'il a eu ce matin, alors qu'il était évanoui, lui revient à l'esprit. Il a entendu Voldemort parler de "troisième" quelque chose, mais il ne voit pas du tout de quoi il voulait parler.

"J'aurais peut-être dû en parler à Dumbledore..." pense-t-il. Il est vrai que le directeur de Poudlard lui toujours demandé de lui raconter tous ses rêves, surtout depuis qu'il a compris l'importance du lien qui relie Harry au Seigneur des Ténébres.

Harry soupire, et se redresse sur son lit. "Je n'arriverai jamais à m'endormir..."

Il décide d'aller chercher un verre d'eau à la cuisine, et sort donc de la chambre en essayant de ne pas faire de bruit. Il passe devant la porte de la chambre où dort sa tante, et ressent un pincement au coeur en repensant au moment où il est aller lui dire bonsoir. Elle ne pleurait pas, mais cela aurait sans doute été mieux. A la place, elle semblait éteinte. Son regarde était complètement morne, et elle ne semblait pas accorder d'importance à ce que disait Harry. "Et si elle recommence à se comporter comme avant?" pense Harry. Le problème c'est qu'elle ne pouvait pas repartir comme ça. Elle était en danger, puisque c'était maintenant la seule personne qui permettait à la bénédiction du sang de protéger encore Harry.

Harry pense à tout ça en entrant dans la cuisine. Il jette un regard un peu partout, en se disant que c'est étrange comme un lieu familier peu nous paraître inquiétant quand il est dans la pénombre. Les meubles ne se distinguent plus nettement, et la grosse poubelle pourrait tout aussi bien être un gros gnome obèse... Harry sourit à cette idée, et va se servir un verre d'eau. Il s'appuie dos à l'évier pour le boire, tout en s'amusant à imaginer des formes dans les objets familiers. L'abat-jour biscornu, au milieu du plafond, rappelle une chauve-souris unijamiste, tandis que là-bas, près de la porte, on pourrait croire qu'il y a quelqu'un appuyé au mur, alors qu'il ne s'agit que du porte-manteau... Ah tiens, non! Le porte-manteau est de l'autre côté de la porte... Harry a pensé cela mécaniquement, sans vraiment y réfléchir. Puis, intrigué, son regard se reporte sur la forme vaguement humaine... Il plisse les yeux, pour essayer de distinguer quelque chose, mais il fait décidemment trop sombre. Harry commence à se sentir mal à l'aise. il toussote et, se sentant profondément ridicule, il dit:

"Euh... Il y a quelqu'un?"

Seul le silence lui répond. Harry sourit, soulagé.

Il détourne le regard et... "Oui".

Harry se fige. Ce n'était qu'un murmure, et la voix semble venir de très loin, mais si le sang de Harry se glace, ce n'est pas pour cela. il CONNAÎT cette voix. "Mais ce n'est pas possible..."

A ce moment-là, la silhouette semble glisser contre le mur, vers la porte. Celle-ci s'ouvre, et la silhouette sort sans un bruit. Mais avant que la porte ne se referme, la lumière de la lune éclaire les longues mèches noires de la chevelure de l'apparition, et Harry distingue le visage émacié et le sourire espiègle qu'il a apprit à bien connaître. Sortant de son hébétude, Harry se précipite vers la porte et l'ouvre à la volée. Le jardin est vide. Il n'y a personne. Harry essaie de voir au loin, dans les broussailles s'il n'y a pas une ombre humaine qui s'enfuit, mais il n'y a rien. Pas même l'ombre d'un chien...

"J'ai dû rêver... Je dors tellement peu, en ce moment, que je fais des rêves éveillés... ça va pas du tout..."

Harry, encore troublé par ce qu'il a vu, remonte se coucher. Et bien qu'il pense qu'il n'arrivera pas à s'endormir, la fatigue l'aide à fermer les yeux et à plonger vers le sommeil, quelques heures avant le lever du soleil.

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- Harry, dépêches-toi, tu vas rater le p'tit déj'!!

Tiré brutalement du sommeil, Harry ouvre les yeux, et a juste le temps d'apercevoir Ron sortir de la chambre au pas de course. Harry a l'impression que son visage est complètement engourdi, preuve que les quelques heures de sommeil dont il a pu profiter n'ont pas été suffisantes. Il se lève en baillant, enfile des pantoufles, et descend à la cuisine.

En entrant, il voit que Mme Weasley, Ron, Hermione et Ginny sont déjà attablés, mais sa tante n'est pas là.

- Bonjour Harry, dit Mme Weasley en le voyant entrer, assieds-toi. Qu'est-ce que tu veux? des tartines? des muffins? ou bien des oeufs avec des lardons?

Harry lui sourit:

- Merci Mme Weasley, je vais prendre quelques tartines. Tante Pétunia n'est pas encore réveillée?

- Non, elle doit encore dormir. Tu sais, il va lui falloir du temps pour se remettre, beaucoup de temps...

Harry soupire.

- Je sais. En plus, au moment où on se rendait compte que nous étions une vraie famille... Et encore une fois, c'est de ma faute.

-Comment, de ta faute? s'insurge Hermione. Tu sais très bien que tu n'es pour rien là-dedans! tu crois que tu aurais pu changer quelque chose?

Ginny, qui n'est pas au courant de tout ce qui s'est passé, les regarde d'un air surpris. Hermione, quant à elle pousse un long soupir.

- Tu dois arrêter de culpabiliser, Harry. Il faut que tu arrêtes de croire que le mal que Voldemort peut faire est ta responsabilité.

Harry est perdu dans ses pensées.

- Oui... Mais tous ceux qui me sont proches s'en vont peu à peu. Si je n'étais pas là, est-ce que ce ne serait pas mieux pour tout le monde?

Mme Weasley devance Hermione, qui veut visiblement répondre à cela aussi, et c'est d'une voix douce que la mère de Ron et Ginny lui parle:

- Harry, je comprend que ce ne soit pas facile de vivre ce que tu vis. Mais il faut que tu saches une chose. Ce que nous vivons en ce moment, toutes ces douleurs, nous avons vécu la même chose avant ta naissance, avant que tu ne renvoie Tu-Sais-Qui loin de nous. C'est toi qui nous a redonné l'espoir et le goût de la vie. Alors crois-moi: si tu n'étais pas la aujourd'hui, ce ne serait pas mieux, ce serait bien pire, car on perdrait l'espoir. Tu sais ce que dit la prophétie. Tu n'es pas responsable de ces attaques. Tu es particulièrement visé, bien sûr, car Tu-Sais-Qui sent que tu est son adversaire le plus dangereux, plus que Dumbledore, même. Mais n'oublie pas que nous sommes lancés dans une guerre, Harry. Il y a deux camps, et l'un des deux sera détruit. Alors le mal que peuvent faire les hommes du Seigneur de Ténèbres, c'est eux les uniques responsables. Personne ne peut en vouloir à d'autres qu'à ceux-là. Alors ne te mets pas dans des états pareils, Harry, d'accord?

Harry voit que ses amis approuvent vigoureusement de la tête les propos de Mme Weasley. Il soupire d'un air abattu.

- Vous avez sans doute raison.

Puis il relève la tête, et demande à Mme Weasley:

- Est-ce que le Professeur Dumbledore doit venir aujourd'hui? J'ai pris ma décision, à propos de l'héritage de Sirius.

- Je vais lui envoyer un hibou pour le prévenir. Je ne sais pas s'il viendra en personne, mais dans tous les cas, il y a aura des membres de l'ordre pour t'accompagner.

Ron et Hermione se regardent bizarrement puis, l'air de rien, Ron demande à sa mère:

- Et si nous allions passer la fin des vacances chez Harry, M'man?

Sa mère lui fait les gros yeux:

- Ron, je pense que Harry aura envie d'être tranquille, et...

- Oh non, Mme Weasley! ça me ferait vraiment plaisir que vous soyiez avec moi. Je me sentirai moins seul, comme ça. Et puis, vous connaissez bien la maison, vous tous...

Mme Weasley regarde Harry, et semble réfléchir. Puis, avec un petit sourire, elle s'adresse à toute la table:

- Bon, j'en parlerais à Dumbledore, et on verra alors.

Ron et Ginny poussent un cri de joie, et Harry et Hermione sourient: Dumbledore acceptera sûrement de les laisser finir les vacances ensemble.

Soudain, l'humeur de Harry s'assombrit, alors qu'il pense à sa tante. Que va-t-elle devenir? Va-t-elle venir habiter avec lui à Grimmald Place? Elle aura forcément du mal à s'habituer aux tableaux vivants (particulièrement celui de Mme Black, qui est... assez difficilement supportable!), au fantôme, à l'elfe de maison... Mais si elle ne vient pas, que pourra-t-elle faire?

Ron et Hermione, qui sont en train de se disputer à propos de leurs futures activités chez Harry, ne se rendent pas compte du changement d'humeur chez Harry. Mais ce n'est pas le cas de Ginny.

- ça va, Harry? lui demande-t-elle d'une voix inquiète. Les deux autres et Mme Weasley reportent à nouveau leur attention sur Harry.

- Oui, je me demandais juste ce que ma tante voudra faire, maintenant...

Les autres se regardent, sans trop savoir rien dire.

Le petit déjeuner fini, les quatre amis décident, fortement influencés par Ron, de disputer une petite partie de Quiddich dans le jardin. Hermione, qui n'excelle pas dans ce jeu, est gardien de but, tandis que les trois autres sont tous rivaux. Ils ne jouent qu'avec le souaffle, et le but du jeu est simplement de marquer le plus de buts possibles. Et, finalement, c'est Ron qui s'impose. Harry, bien plus vif que lui (Attrapeur oblige...), est en effet moins robuste que son meilleur ami, et cela joue énormément.

à la fin de leur partie, en nage mais heureux comme des papes, ils rentrent tous les quatre se changer. Le reste de la journée se passe dans la bonne humeur, et Harry ne pense plus à ce qui s'est passé la nuit d'avant dans la cuisine jusqu'au début de la soirée. A ce moment-là, il a décidé d'aller voir sa tante, qui n'est pas sortie de sa chambre de toute la journée. Il frappe à sa porte, et entre après qu'elle l'ai invité à le faire. Il la trouve assise sur son lit, un album sur les genoux.

- Bonjour, Harry. Tu as passé une bonne journée? Lui demande-t-elle gentiment, avec un petit sourire triste.

" Qu'est-ce qu'elle a changé!" s'étonne Harry. " Son visage est beaucoup plus doux, mais elle semble avoir vieilli de 10 ans..."

- Oui, et toi? Comment te sens-tu?

Tante Pétunia soupire.

- Ca pourrait aller mieux - Sa voix est nouée, et elle semble avoir du mal à contenir sa peine - Molly m'a prêté son album photo... Il y en a quelques unes de Lily, et une de Sirius.

Harry se sent triste, en entendant sa tante parler de sa mère et son parrain, mais poussé par la curiosité, il s'approche, et regarde la photographie dont parle Pétunia. Il s'agit visiblement d'une photo prise lors d'une grande fête, dans le jardin des Weasley.

- Molly m'a expliqué que lors de leur dernière année à Poudlard, son futur mari avait fait une grande fête dans la maison de ses parents (ici, donc...). Tous les membres de sa... maison, c'est ça? les Gryffondors? Et bien ils étaient tous invités. Je me souviens vaguement de Lily m'en parlant, mais on avait déjà commencé à s'éloigner, à l'époque... - une vague de tristesse et de regrets semble l'envahir, mais elle fait un effort pour se ressaisir -. Enfin, bref. Tu peux apercevoir Sirius, là.

Harry se penche et regarde le coin de la photographie que lui montre sa tante. Les jeunes gens bougent dans tous les sens, et régulièrement, on voit apparaître, dans ce coin là de la photo, un jeune homme aux cheveux noirs, qui rigole avec des camarades, et semble bien s'amuser. Harry sent son ventre se nouer. Il déglutit difficilement, puis regarde sa tante.

- Tante Pétunia, Sirius m'a légué sa maison, et si tu veux... enfin, on peux aller s'y installer.

Harry dit tout ça très vite, puis étudie l'expression de sa tante, qui semble surprise. Elle réfléchit un instant, puis semble prendre une décision.

- Je ne sais pas si je me plairais dans une maison de... sorcier, mais je crois que je vais essayer. Et puis, je pense que je ne serais nulle part aussi en sécurité que là-bas, non?

Harry est surpris de voir que sa tante sait cela. Tante Pétunia sourit devant l'air étonné de son neveu.

- Molly m'a expliqué tout ça, tout à l'heure. C'est une femme charmante, je dois avouer. Je m'étais complètement trompée dans mon jugement sur elle.

- Oui - Harry se sent ragaillardi en pensant aux Weasley -, C'est une famille très attachante.

Il fait son plus beau sourire à sa tante.

- Je suis heureux que tu veuilles bien vivre avec moi là-bas. Nous allons pouvoir nous connaître, après tant d'années si... particulières...

Ils parlent un peu encore, tante Pétunia lui racontant des souvenirs d'enfance avec sa soeur, Lily.

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Depuis le foyer, un feu de bois diffuse une douce chaleur dans toute la pièce. Celle-ci est emplie d'un incroyable bric-à-brac d'objets, tous plus surprenants les uns que les autres. Des bibliothèques imposantes et très fournies couvrent la majeure partie du mur circulaire, et le reste est occupé par des portraits, dont certains sont inoccupés, preuve de la grande activité de leurs locataires. Les cinq hommes sont assis dans de confortables fauteuils rouge sombre, et quatre d'entre eux écoutent le plus âgé d'entre eux leur faire part de ses réflexions.

- Je sais que vous êtes inquiets devant la puissance grandissante de notre ami, et que son coup d'éclat de hier a encore renforcé cette inquiétude, mais je vous demande encore une fois de me faire confiance. Harry est encore loin d'avoir acquis sa pleine puissance, mais son pouvoir augmente de jour en jour. Ce qui s'est passé hier est sans doute incroyable pour la plupart d'entre vous, mais je ne suis, pour ma part, qu'à moitié surpris. Le sort Mortel est certes très difficile à lancer, et est souvent l'apanage des mages noirs. Cependant, vous devez savoir que ce sort est parfois, comme cela a été le cas hier, lancé sous le coup d'une intense émotion. D'ailleurs, j'ai une information à vous communiquer à ce sujet. Elle émane de Fudge lui-même: Lucius Malefoy n'a pas été tué par ce sort.

Les quatre hommes affichent tous une expression surprise, et le vieil homme précise:

- Je vous rassure, ce n'est pas un exploit à mettre au crédit du Mange Mort. La puissance de Harry n'est pas encore à son summum, ce qui explique que le sort n'ai pas eu son plein effet. Malefoy est grièvement touché, dans le coma, même, mais il n'est pas mort. Cela vaut sans doute mieux, puisqu'à son réveil, il pourra nous être utile. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle n'a pas, et ne sera pas rendue publique. Nous ne voulons pas que Voldemort - ses interlocuteurs frissonnent en entendant leur mentor prononcer le nom de leur pire ennemi avec autant de désinvolture - sache où nous cachons son serviteur. De plus, cela pourrait entraîner de gros troubles, et des représailles violentes.

Le directeur de Poudlard se redresse sur son fauteuil, et son regard se fait plus aigü.

- Maintenant, il faut que nous concentrions nos efforts sur la suite des opérations. Jusque là, nous nous sommes contentés de subir, ne sachant pas ce que planifie Voldemort. Mais j'estime que cela a assez duré. Nous devons commencer à agir pour de bon.

Il se tourne vers un des quatre hommes.

- Severus, Il ne sait pas exactement si vous lui êtes encore fidèle, mais il sait que vous êtiez un de ses plus redoutables atouts. Je vous le répète: il ne peut pas se permettre de ne pas vous laisser le bénéfice du doute. Si vous êtes toujours d'accord, vous partirez ce soir.

Le professeur de Potions est encore plus pâle que d'habitude, et serre instinctivement son avant-bras droit, là où se trouve la Marque.

- Je suis prêt, Professeur - il jette un regard circulaire aux quatre autres -. Je ne sais pas quand nous nous reverrons, mais je vous demande une chose: quoi qu'il arrive, ne doutez pas de moi. Et, professeur Dumbledore, nommez à ma place quelqu'un qui soit fier d'être le directeur des Serpentards.

- Nul ne doutera, Severus. Et votre remplaçant sera digne de vous, je vous le promet.

L'homme se lève, prend congé d'un signe de tête, et sort de la pièce. Les autres restent silencieux un instant, plongés dans leurs pensées.

- Il va sans doute être l'un des plus exposés, - dit enfin Dumbledore - mais il est sans aucun doute notre seul moyen de connaître les plans de Tom à l'avance.

Dumbledore se lève, imité par ses accolytes.

- Messieurs, je ne crois avoir à vous rappeller d'être vigilants. Quant à moi - son regard se voile légèrement - je dois aller m'occuper d'un déménagement.

{fin du chapitre}

Merci encore à tous les reviewers!

Olivier1: Pour le titre du prochain chapitre, je ne sais pas encore ce que je vais mettre... Je suis pas encore sûr de ce qui va se passer là-bas, mais... tu verras... gniarf gniarf!

Je vous préviens que je pars demain matin en vacances, jusqu'au 27 sept, donc je pourrais pas rajouter la suite, mais dès mon retour, je balance tout ça!

Du coup, j'espère que j'aurais plein de reviews-suggestions-conseils-etc à mon retour!!

Merci encore!!!!!