Auteur : Alana Chantelune (alanachantelune@caramail.com)

Beta-readeuse : Lexyann

Titre : Voler de ses propres ailes

Résumé : Comment Sirius a-t-il fui la maison des Black quand il avait seize ans ? Comme à son habitude : sur un coup de tête… et devant témoins !

Présentation des personnages:

Sirius Black : là, vous connaissez…

Regulus Black : jeune frère de Sirius, adhère complètement aux vues extrémistes de la famille. Je lui ai donné 14 ans dans la fic.

Monsieur et Madame Black : je les ai appellé Antarès (une étoile de la constellation du scorpion) et Regina ("reine" en latin)

Les cousins Black : Servius est le frère du père de Sirius. Bien que d'un an plus jeune, il s'est marié avec Lavinia et a eu des enfants plus tôt. Leurs trois filles sont :

Bellatrix Black : la plus jeune cousine de Sirius, Serpentard entrant en septième année. Future Madame Lestrange. Future Mangemorte.

Andromède Black Tonks : aînée des cousines Black. A été reniée pour avoir épousé un enfant de moldu. Mère d'une petite fille, cousine préférée de Sirius.

Narcissa Black Malefoy : cadette des cousines Black, sœur de Bellatrix et Andromède, jeune épouse de Lucius Malefoy. Futur Mangemorte.

Lucius Malefoy : Héritier du clan Malefoy. Futur Mangemort.

Caius Malefoy : père de Lucius, veuf.

Les Lestrange : grands amis des Malefoy, ils se font vieux et ont deux fils :

Rodolphus Lestrange : fiancé de Bellatrix, Serpentard entrant en septième année. Futur Mangemort.

Rabastan Lestrange : de deux ans plus âgé mais moins brillant que son frère, fiancé à Anaïs MacDull. Futur Mangemort.

Les Mehflua : cousins de la mère de Sirius. Leur fille Ganymède a épousé Rockwood.

Les Rockwood : Augustus travaille au Département des Mystères. Futur Mangemort. Il a épousé Ganymède, la fille des Mehflua. Leur fils Catus a 22 ans, leur fille Altaïr 12 ans.

Les MacDull : importants politiciens, une de leur fille, Cléa, a épousé Walter Bergson ; l'autre, Anaïs est fiancée à Rabastan Lestrange.

Les Bergson : Walter est directeur des Transports Magiques. Il a épousé Cléa MacDull.

Alphart Black : vieil oncle de Monsieur Black, célibataire, pas très courageux, cache son affection pour Sirius.

Cousine Eunice : Cousine de Monsieur Black, vieille fille bigote et raciste.

Tante Elladora : une tante de Sirius, veuve.

Kreacher : elfe de maison des Black, âge avancé.

Tinny : très vieille elfe de maison, elle commence à être trop vieille.

Torchy : fille de Tinny, elle est la plus jeune des trois elfes et la préférée de Sirius.

***

Chapitre deux

Les cousins Black furent les premiers à arriver par la Poudre de Cheminette. Monsieur Black accueillit avec plaisir son frère et la femme de celui-ci, héritière d'une grande famille de sang-pur. Leur fille Bellatrix, une grande adolescente au visage maussade, mais que Sirius savait être une véritable garce pas stupide pour un sou, manqua de déchirer sa robe au bord de la cheminée. Sirius en fut déçu.

Sirius salua brièvement son oncle et sa tante, tandis que Regulus était beaucoup plus démonstratif. Puis il se tourna vers sa cousine, et dit froidement :

"Bellatrix."

"Sirius." répondit-elle sur le même ton.

Sirius haïssait Bellatrix. Il ne supportait pas son arrogance, sa méchanceté, sa servilité pour obtenir le plus de pouvoir et son mépris pour tous ceux qui n'avaient pas du sang-pur. Et surtout, il savait qu'elle était dangereuse. Très dangereuse. Elle était plutôt intelligente, comme fille, même si elle ne brillait pas autant que lui. De plus, Sirius était viscéralement hostile à son attirance pour la Magie Noire.

Bellatrix était à Serpentard, la maison rivale de la sienne, et à part Severus Rogue, elle était l'élève de Poudlard qu'il détestait le plus.

Bellatrix jugeait qu'il était amoral que l'héritier des Black se soit retrouvé à Gryffondor (les Black allaient généralement à Serdaigle ou Serpentard), et qu'en plus il manifeste tant de mépris pour son rang. Mais surtout, c'était ses amitiés pour la famille Potter, une famille "impure" en opposition avec la leur, et pour des "Sang-de-Bourbe" qu'elle n'acceptait pas.

Combien de fois, même enfants, ils ne s'étaient pas battus ? Ils ne pouvaient pas se sentir, c'était tout simple.

Très vite, avant même que les salutations ne soient terminées, la tante Elladora arriva par la Poudre de Cheminette, et le carillon de la porte d'entrée résonna ; presque aussitôt, Torchy fit entrer les Rockwood. Ils étaient apparentés aux Black par mariage, car Valérius avait épousé la fille des cousins de la mère de Sirius, les Mehflua. Ils avaient un fils de vingt-deux ans et une fille d'à peine douze ans qu'ils avaient emmenés. La gamine, dans une superbe robe pêche, garnie de bijoux, ressemblait à une poupée et essayait d'avoir l'air le plus distingué possible. "La pauvre" pensa Sirius "Elle va découvrir l'horreur des receptions ampoulées de ces croûtons de sang-purs."

Ce ne fut que salutations mielleuses et Monsieur Black commença à proposer des apérétifs.

La cheminée cracha une nouvelle fournée d'invités : Monsieur Caius Malefoy et son fils Lucius qui avait épousé l'année précédente la sœur de Bellatrix, Narcissa.

Narcissa était une très belle jeune femme, aux cheveux blonds magnifiques. Mais elle était hautaine, méprisante et si arrogante que Sirius avait envie de lui renverser un seau d'ordures sur la tête à chaque fois qu'il la voyait. La jeune femme se précipita avec un grand sourire sur sa famille. Sirius réussit à rester dans son coin et à ne faire que de petits saluts.

Et puis arrivèrent l'oncle Alphart, un pleutre selon Sirius, la cousine Eunice, une vieille bigote, et les Mefhlua, de vrais pourris. Parmis les autres invités ne faisant pas partie de la famille, il y eut les Lestrange et leurs deux fils, Rodolphus, fiancé à Bellatrix, et Rabastan ; Sirius les connaissait tous deux, ils faisaient partie de la bande de Severus Rogue et avec ses amis de Gryffondor, c'était leurs ennemis personnels. Il y eut aussi les MacDull, avec leurs deux filles et leur gendre, Walter Bergson, Directeur du Département des Transports Magiques et politicien très actif.

Ça faisait vingt-huit convives. Un dîner mortellement ennuyeux se profilait à l'horizon de Sirius. Il sentait qu'il allait passer une des plus horribles soirées de sa vie. 'Encore heureux que Severus Rogue ne soit pas là!' gémit-il dans sa tête. Ç'aurait été le pompon et Azkaban lui aurait parut plus accueillante!

Tout le monde bavardait, un verre à la main. Les dames avaient pris les fauteuils et canapés et parlaient du mariage de Narcissa qui lui réussissait bien à en juger sa mine radieuse, des fiançailles prévues entre Bellatrix et Rodolphus et du futur bébé des Bergson. La jeune sœur de Madame Bergson, Anaïs, une Serdaigle qui entrait en septième année, détaillait Lucius Malefoy et Sirius lui-même avec un regard alléché(Qui lorgne qui?). Sirius grimaça. Pauvre fille, dire qu'elle était fiancée à l'autre imbécile de Lestrange. Elle allait devenir sa cousine par alliance puisque Bellatrix épouserait l'autre Lestrange. Quelle horreur! Il avait intérêt à faire attention! Il savait qu'Anaïs était du genre mangeuse d'hommes. Elle lui avait fait des avances l'an passé et Sirius avait mis un point d'honneur à ne pas les voir. Exercice qu'il maîtrisait très bien depuis des années, avec toutes ces filles qui lui couraient après !

L'oncle Alphart sirotait un verre en faisant mine de participer à la conversation entre Rockwood, Lestrange père et Lucius Malefoy, particulièrement à l'aise malgré son jeune âge. Il n'avait en effet que vingt-deux ans.

Sirius se vit contraint de se rapprocher de son père quand Monsieur Malefoy demanda quel âge avait les fils de Monsieur Black, puis demanda les résultats des BUSEs de Sirius quand il apprit qu'il avait seize ans.

"Douze", répondit le père de Sirius avec un sourire satisfait devant les regards respectueux de Malefoy et des Rockwood et celui, jaloux, de Rabastan Lestrange.

"Oh, brillant! " s'exclama Augustus Rockwood, qui travaillait au Département des Mystères. "Je vois, jeune homme, que vous ne faites pas défaut. Je gage que vos résultats aux ASPICs seront aussi élogieux. "

"Je l'espère de tout cœur", répondit Sirius avec une certaine ironie.

C'est alors que Rodolphus Lestrange se rapprocha.

"Sirius Black est une célébrité à Poudlard, mais pas vraiment pour ses prouesses scolaires. Ses frasques valent à Gryffondor de perdre autant de points qu'il en gagne avec ses brillants résultats. "

"Mais que m'importe puisque notre maison a encore gagné la coupe grâce à notre victoire au Quidditch! " répliqua Sirius. "De combien à perdu Serpentard cette année ? Vingt points derrière Poufsouffle, c'est ça? "

Et il vida son verre en regardant Rodolphus Lestrange avec amusement.

"Une chance que cette victoire, releva l'autre, le regard noir, car avec le nombre impressionnant de retenues que tu as accumulées, je me demande encore comment tu as pu être présent au festin de fin d'année. "

"J'ai eu une dispense spéciale", répliqua Sirius d'un ton supérieur. "Et toi, tu as eu combien de BUSEs l'an passé? Six? Sept? "

"Dix! " cracha presque Rodolphus Lestrange.

"Allons, allons…," dit Monsieur Malefoy, amusé. "Il faut bien que jeunesse se passe! Mais si vous êtes tellement rétif à l'ordre, Sirius, que faîtes-vous à Gryffondor? Je vous aurais plutôt vu à Serpentard. "

"C'est à cause de ce que mon père a pu vous raconter sur moi? " demanda Sirius qui s'amusait, ignorant le regard d'avertissement de ce dernier.

"La plupart des Black sont allés à Serpentard." expliqua le jeune Caius Malefoy. Vos parents, votre frère, vos cousines…"

Il omit bien sûr Andromède qui avait été à Serdaigle.

"Excepté l'oncle Alphart qui était à Poufsouffle, la cousine Eunice à Serdaigle, ou mon arrière-grand-mère qui était à Gryffondor elle aussi", rapella Sirius. "Le Choixpeau a ses propres décisions. "

"Nous le savons, " approuva Augustus Rockwood. Il désigna Catus : "Mon fils s'est retrouvé à Serpentard alors que nous étions persuadés qu'un rat de bibliothèque comme lui finirait à Serdaigle. Pour la petite, on ose plus se prononcer. Altaïr, viens donc! " appela t-il.

La gamine se détacha de sa mère et s'approcha, les yeux baissées.

"Altaïr, voici tes cousins au second degré, Sirius Black, et son jeune frère Regulus, là (Regulus n'avait pas réussit à se rendre intéressant et à participer à la conversation. Il se tenait donc en retrait.). Tu ne les as pas vus depuis très longtemps, je sais. Voici aussi Monsieur Malefoy et Rodolphus et Rabastan Lestrange. Dis bonsoir. "

La petite salua, et murmura :

"Je suis très honorée d'être ici ce soir. "

En vérité, elle était vraiment impressionnée par la maison des Black et la détaillait depuis son arrivée, les yeux ronds.

"Nous parlions des maisons de Poudlard, ajouta son frère d'un ton badin. Où penses-tu aller, Altaïr? "

"Oh! Je ne sais pas. Je pensais qu'on ne pouvait pas savoir avant que le Choixpeau ne décide. "

"Exact, mais j'espère que ce sera Serpentard. Quoique Poufsouffle ne me surprenne pas : elle est tellement serviable et obéissante! " rit Monsieur Rockwood.

"J'essayerai d'aller à Serpentard, père", osa la fillette, un rien contrarié.

"Hum, voilà une demoiselle qui a du caractère", se moqua Monsieur Malefoy. "Nous venons juste de dire que seul le Choixpeau décidait. "

"En fait", coupa Sirius et son père sentit qu'il commençait à perdre sa retenue, "je vais vous dire pourquoi je suis à Gryffondor et non à Serpentard. Figurez-vous que c'est là que le Choixpeau voulait m'envoyer, mais j'ai catégoriquement refusé."

On le regardait avec un peu de soupçon, à présent. Son père ne disait rien mais ses lèvres pincées exprimait sa colère.

"Vraiment? " fit Rodolphus Lestrange, et il y avait un plaisir malsain dans sa voix. "Et pourquoi donc? "

Sirius eut un sourire narquois et se pencha en avant, baissant la voix.

"Je vais vous dire la vérité : je n'aurais pas supporté d'être avec Bellatrix, et je ne voulais pas être condamné pour meurtre. Ce qui est une chance pour toi, Rodolphus. "

Les adultes eurent un petit rire, le prenant à la plaisanterie. Mais Sirius sentait bien qu'ils se demandaient ce qu'il y avait de vrai là-dedans. Rodolphus Lestrange eut une grimace plutôt qu'un sourire et la petite Altaïr le regarda avec perplexité. Il était plutôt fier de son coup.

Madame Rockwood s'approcha.

"Sirius, je tenais à te féliciter. Ta mère vient de me dire, pour tes BUSEs. Remarquable. J'espère qu'Altaïr sera aussi brillante, qu'en penses-tu?"

Sirius haussa les épaules.

"Aucune idée. Le génie n'est pas donné à tout le monde", fit-il en jetant un regard à son frère, qui rougit, et leur père serra son verre convulsivement à cette marque d'insolence.

"Ooh, Sirius, ne soit pas si obtu…", le gourmanda-t-elle de sa voix onctueuse que Sirius détestait. "Mais pourquoi n'expliquerais-tu pas mieux à Altaïr ce qui l'attend à Poudlard, elle entre en septembre et est effrayée…"

Elle poussa ostensiblement sa fille vers Sirius et prit le bras de son mari, l'entraînant vers ses parents et sa sœur. Le père de Sirius eut un sourire satisfait et jeta un lourd regard à son aîné. En voyant la mine condescendante et satsifaite de l'ensemble des personnes qui leur avaient jeté un œil, Sirius eut une grimace. Il avait très bien compris où on voulait en venir. La gamine était une sang-pur et les Rockwood avaient tout interêt à se rapprocher encore plus de la Noble, Très Ancienne et Très Riche Maison des Black. Il regarda la fille et respira un grand coup. Jamais ils ne l'auraient dans leurs filets. Il laissait les mariages arrangés à Bellatrix, Narcissa et Regulus.

"Petite Altaïr, puisque Serpentard t'attire tellement, je te propose de voir cela avec un Serpentard en particulier : Lestrange - Ah, non, il est déjà fiancé - et - oh, mais oui - mon petit frère se fera un plaisir de t'en parler. En plus, il a du mal avec les filles, tu pourras lui refiler des tuyaux, hein? "

Il donna une claque dans le dos de son frère et se dirigea vers le buffet se reservir à boire. Mais sa mère l'intercepta.

"Ça suffit! Tu ne vas pas te rendre ivre!" siffla t-elle. "Comment oses-tu être aussi grossier en laissant cette jeune fille que l'on t'a présenté? "

"Cette jeune fille est ma cousine au deuxième degré, merci bien! Je ne compte pas l'épouser, vous pourrez peut-être la refiler à Regulus.

"Les Rockwood sont des gens très importants! Une telle union est extrêmement intéressante! "

Sirius regarda la gamine et grimaça.

"Franchement, je ne vois rien d'intéressant. Je préfère me soûler avant que vos inviters ne ME soûlent!" fit-il avec son sourire si insolent.

Sa mère ne put répondre, car une cloche retentit : le diner était annoncé. Madame Black se fit aussitôt tout sucre tout miel et d'une voix aimable, demanda aux invités de la suivre dans la salle à manger.

'C'est parti…' se dit Sirius avec répugnance. Il n'avait pas envie de se soûler, en fait. Il n'appréciait pas la sensation que lui procurait le vin : il avait l'impression de perdre une partie de son contrôle sur lui-même.

Monsieur Black trônait au milieu de la grande table, Rockwood en face de lui. 'C'est bien ça, ils veulent me coller avec la mioche', soupira intérieurement Sirius en voyant le père d'Altaïr à la place d'honneur et se voyait assis à côté d'elle. Une colère sourde montait en lui. Ils ne s'imaginaient pas décider de sa vie, quand même!

Le pire, c'est que Bellatrix était assise de l'autre côté de lui. En face, il y avait Lucius et Narcissa Malefoy, ainsi que Monsieur Bergson.

Le repas était bien entendu parfait. Kreacher et Tinny avait travaillé comme des bêtes et s'étaient punis pour le moindre défaut. La soupe et les charcuteries étaient d'un parfum délicieux. Sirius n'avait pas faim. Cette société lui soulevait le cœur. Sa mère parlait avec mépris des elfes avec la tante Elladora et Monsieur et Madame McDull. Les Mehflua écoutaient avec bonhomie les frères Lestrange faire leur propre éloge. Les cousins Black se gaussaient avec son père et Monsieur Lestrange de pauvres Moldus qui avaient subi l'ire du Ministère en coinçant une troupe de fonctionnaires dans une ruelle de Londres la semaine passée.

On en vint au plat principal et Sirius avait réussi à envoyer balader la jeune Altaïr à toutes ses tentatives pour engager la conversation avec lui, contrainte par le regard de sa mère de retenter sans cesse sa chance. Sirius finit par avoir pitié d'elle. Quand Madame Rockwood elle aussi entra dans la danse, il se résigna.

"Et que souhaites-tu faire après Poudlard, Sirius? Suivre les traces de ton père dans la politique? Ou faire carrière au Ministère? " lança-t-elle avec un grand sourire, découvrant des dents tordues et en battant des cils.

"Je n'ai pas décidé. J'ai le temps d'y penser."

"Sirius n'est pas du genre à réfléchir", souligna Bellatrix d'une voix fruitée.

Sirius la snoba avec dédain.

"Vous n'avez pas la moindre idée? Quelle est votre matière préférée à Poudlard? Altaïr aimerait se lancer dans l'Arithmancie, n'est-ce pas, Altaïr? "

"Oui, j'aimerais bien…", murmura celle-ci en essayant de battre des cils comme sa mère.

Quelle horreur quand la gamine singeait sa mère… Quel gâchis…

"Personnellement, je suis plutôt Métamorphose et Défense contre les forces du Mal", lâcha-t-il.

"Vraiment? Comme c'est in-té-ressant! " ronronna Madame Rockwood. "Caius a toujours préféré les Sortilèges et l'Arithmancie. "Quant à moi, j'étais très douée en Divination, mais pas en Métamorphose, malheureusement."

"C'est un des domaines les plus difficiles", acquiesça Anaïs MacDull. "Mais Sirius est paraît-il extrêmement doué en ce domaine. Le professeur McGonagall le dit souvent. "

'Tu ne sais pas la moitié de ce que je suis capable en Métamorphose, chérie. Et James est encore plus doué que moi !' songea Sirius en lui décrochant un sourire crispé.

"Mais que voilà un jeune homme idéal. Qu'en penses-tu, ma chérie? Si j'avais vingt ans de moins, je vous épouserais! " dit langoureusement Madame Rockwood.

'Au secours' songea Sirius. 'Je vais mourir en m'étranglant d'horreur…' Il essaya d'hâter sa fin en avalant un énorme morceau de rôti.

"Quel appétit…", souligna Madame Rockwood d'une voix sensuelle. "Voilà un jeune homme solide et fringant! N'est-ce pas, ma chérie? "

Mais elle fixait Sirius en disant cela et non sa fille. Si elle ne montrait pas ses dents tordues, Madame Rockwood, qui avait vingt ans de moins que son mari, pouvait passer pour une belle femme. Elle avait le même genre de beauté sensuelle, animale et charnelle, que Bellatrix, parfois, bien que cela n'ai rien à voir avec celle, divine, de Narcissa. Non d'un chien, elle le trouvait à son goût la vieille! Et pas que pour sa fille! Sa cousine, en plus !

Il lui fit une grimace en mastiquant sa viande. À l'autre bout de la table, sa mère lui décochait des regards noirs qui n'étaient pas très discrets. Tout le monde avait compris le petit jeu et chacun avait tenté de lier la conversation entre Sirius et la fillette avec tellement d'insistance que cela en devenait grotesque. Sirius entendait la conversation de son père et des Malefoy, critiquant la conduite du Ministère à propos des Moldus et de la présence de leurs enfants à Poudlard…

"Il serait temps que cela change, mais avec Dumbledore…", fit Lucius avec mépris.

Narcissa eut une moue dédaigneuse pour approuver son mari.

"Il ne restera pas longtemps en place si le Ministère le décide", assura Monsieur Lestrange.

"Ils n'ont toujours pas compris qu'ils n'avaient rien à faire dans la haute société avec ce qui est arrivé le mois dernier? " persifla Madame Lestrange.

Le mois précédent, trois sorciers d'origine moldus avaient été retrouvés assassinés à quelques jours d'intervalle. Avec la Marque des Ténèbres flottant au-dessus des cadavres. Deux hommes et une femme qui travaillaient au Ministère et étaient parmis les plus virulents opposants à la montée en puissance de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Cela avait fait la une des journaux et les parents de Sirius en avait beaucoup rit, comme d'une simple plaisanterie. Sirius serra douloureusement sa fourchette. Il les haïssait du plus profond de son être. Ils le révoltaient. Comment pouvait-on rire de cela?

La conversation devint de plus en plus excitée sur la situation politique. C'était des allusions sinistres à la situation du Comité de Défense des Moldus et des lettres de menaces reçues par ses membres ; le regret de la cousine Mehflua de ne pouvoir chasser les moldus ; les moqueries de Bellatrix sur des Sang-de-Bourbes de l'école ; le mépris, l'arrogance, la suffisance, la vantardise.

Sirius sentait sa tête tourner et son cœur chavirer comme s'il allait vomir. Tout cela lui donnait la nausée. Et puis il entendit son père répondre à Monsieur Malefoy :

"Oui, ces méthodes sont peut-être discutables pour beaucoup, mais Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a manifestement plus d'envergure que notre Ministre. Et une vraie vision de ce que doit être le monde de la sorcellerie. Enfin, avec un peu de temps, nous verrons les choses changer et la situation s'améliorer. "

"Je sais que certains, au Ministère, se plaignent de cette situation qu'ils jugent menaçante voir même tyrannique, mais j'échangerai bien cette tyrannie contre celle que nous vivons avec le règne des Sang-Impurs du Ministère! " fit Monsieur Lestrange en riant.

"Il paraît que d'autres moldus on été tué dans le Devon, il y a quelques jours…", fit Monsieur Black.

"Ah, je vois que les nouvelles vont vite", répondit Malefoy avec un ton entendu.

Ce plaisir malsain et les regards complices du père et du fils Malefoy ne laissaient pas de doute. Ils avaient fait parti de l'expédition. Sirius eut envie de vomir. Rockwood parut gêné et changea de conversation.

"On n'entend guère vos fils, Antarès. Le plus jeune à l'air timide, mais j'ai entendu dire que l'aîné était du genre à avoir du caractère. "

'Tu n'imagines pas mon pote...'

"Il a de grandes capacités qu'il n'emploie pas au mieux, " gronda son père. "Contrairement à son frère et c'est déplorable, mais nous ne désespérons pas de lui… La crise d'adolescence, vous connaissez…"

Les hommes sourirent en regardant leurs rejetons.

"J'ai eu la grande surprise de croiser Sirius en train de servir les clients au "Tropico" l'an passé, vous imaginez-vous?" babilla Narcissa avec un regard des plus hypocritement gentil à son cousin.

"Vraiment? " fit Monsieur Lestrange, surpris, alors que Bellatrix et Rodolphus avaient une moue méprisante.

"Tout à fait, répondit Srius. C'était très amusant et j'ai pu m'offrir toute une garde-robe avec ça.

"Voyons ! ", rit Monsieur Malefoy, "Vous n'avez nul besoin de travailler (il avait dit ce mot comme si c'était une maladie contagieuse) pour avoir des vêtements. Enfin, je sais qu'à cet âge, même les garçons se mettent à avoir des goûts particuliers et des idées bien entêtées qui ne sont parfois pas du goût de leurs parents! "

"Ouais, approuva Sirius avec condescendance. Je n'arrive pas à convaincre mon père que le jeans et les chemises moldues sont la mode la plus classe qui existe. Alors quand je suis rentré en short et en t-shirts la dernière fois, vous auriez du voir sa tête! "

Là, Monsieur Black reposa son verre avec un geste de brusque qui n'échappa à personne et le sourire de Monsieur Malefoy se fâna quelque peu. Sirius aimait provoquer sa famille, et ce repas ostentatoire avec les invités les plus anti-moldus possibles lui offrait un terrain de choix pour son activité favorite. Monsieur Lestrange et Monsieur Bergson eurent un petit sourire affecté et Madame Bergson murmura "les jeunes…"

"Travailler pour ces frusques… Des fois, tu me fais vraiment pitié, mon pauvre Sirius…", dit Bellatrix avec nonchalance.

"Attention, tu es prise en flagrant délit de mensonge, cousine. Tout le monde sait que tu n'as pas de cœur et pas de pitié. Tu l'as dit à ton fiancé. C'est un défaut familial auquel j'ai malheureusement échappé…", soupira Sirius de façon exagérée.

"Je crois que nos jeunes gens sont un peu énervé par cette réception, lâcha dangereusement Monsieur Black en regardant les cousins.

Sirius ne put se retenir.

"Mais ça, je crois que je l'avais dit avant même que les invitations ne partent", cracha t-il avec venin.

"Sirius…"

La voix de son père était un avertissement.

Mais Sirius n'en avait cure. Ses parents n'avaient plus aucune prise sur lui depuis longtemps. Il en avait assez. Comment pouvait-il vivre au milieu de gens qui le considérait comme un chien à dresser? Il eut un soupir méprisant en défiant son père du regard. Il s'était décidé. Il ne continuerait pas plus longtemps ce petit jeu. Autant en finir. Il allait tout déballer en beauté…

"Je crois que mon fils ne montre pas assez de reconnaissance envers son rang, contrairement à son frère. Il ne pourrait trouver meilleure compagnie que celle assemblée à cette table, n'est-ce pas, mes amis? "

Et le père de Sirius leva son verre. Tous les convives l'imitèrent. Ils trinquèrent chacun avec le voisin et si Bellatrix lui lança un regard narquois en touchant négligemment son verre qu'il n'avait pas touché, cela se compliqua quand sa mère lui demanda - ou plutôt lui ordonna :

"Allons, Sirius, trinque avec Altaïr."

Il voulut faire mine de ne pas l'entendre, mais, à nouveau, il eut pitié de la fille qui se tournait vers lui avec espoir. Ce n'était qu'une gamine. Alors, il fit tinter son verre contre le sien. Et sa mère en profita.

"Je crois qu'ils vont très bien ensemble", déclara-t-elle.

"Ma foi, j'ai toujours pensé que votre fils avait énormément de qualités", se pourlécha Madame Rockwood.

"Je ne pense pas que l'écart d'âge soit un problème", ajouta son époux.

Évidemment que cela ne le gênait pas, ce gros bonhomme, il en avait plus de soixante alors que sa femme en avait à peine quarante.

"Ils formeront un très beau couple, j'en suis sûre", dit Narcissa avec un ton légèrement moqueur destiné uniquement à son cousin.

"Reste à trouver chaussure au pied de votre cadet", rit Monsieur Malefoy.

"Il a encore le temps, mais je crois qu'Altaïr va faire des jalouses, n'est-ce pas mon lapin?" annonça d'une voix bébête la cousine Eunice.

Sirius se hérissait. La fureur montait en lui.

"Il faut préserver notre sang, cela va de soit", approuva la tante Elladora.

L'oncle Alphart ne dit rien. Il semblait juste commencer à comprendre de quoi il était question. Sirius se mordit la langue. C'était fini, il s'en fichait. Il allait faire ça avec panache.

"Quand pensez-vous annoncer les fiançailles? " demanda la cousine Black qui souriait de toute ses dents jaunes.

Bon sang… Il allait les envoyer paître. Tous autant qu'ils étaient. Le plus gros scandale de la haute société. Il allait les insulter comme jamais.

"Quand Altaïr aura quinze ans, ce sera bien, non ? Sirius pourra l'épouser quand elle quittera Poudlard", répondit Madame Rockwood.

Tout le monde avait une mine satisfaite. Mais pour Sirius, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Il eut l'impression de flotter dans un brouillard blanc, et les seize années qu'il avait vécu dans cette famille maudite lui revinrent en mémoire en un condensé d'émotions…

A suivre…