Si je t'aime…



Chapitre V : Fausse Route



Auteur : Lojie

Date : 25 Août 2003

Disclaimer : Characters of Alias belong to J.J. Abrams, Bad Robot and ABC.

Ship : S/Sa/I/Other

Rating : PG-13

Genre : Angst/Aventure/Drama

Spoilers : post-Telling

Note de l'auteur : La collaboration Sydney Bristow / Natti Hugues débute ;) Sera-t-elle fructueuse ? En attendant, l'ombre d'Irina Derevko n'est jamais très loin et Jack Bristow n'a pas dit son dernier mot dans cette histoire.



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" Et qui nous dit que ce n'était pas un faux enlèvement ? " Lança Will avec sérieux. " On ne sait jamais avec Sark. Il n'est pas le fils d'Irina Derevko pour rien. "

Sydney lui lança un regard noir après son allusion à sa mère. L'ancien journaliste déglutit lentement. En bout de table, Marcus Dixon semblait dépassé, Marshall et Carrie ne levaient pas leurs nez de leurs fiches respectives et Eric Weiss cachait mal sa gêne. L'atmosphère était électrique.

Natti Hugues était la plus calme de tous, ses jambes élégamment croisées, le port de sa tête droit et le dos légèrement cambré. Sydney devinait que cette femme rassemblait tous ce que Sark aimait : allure, sérieux et souci du détail. Les bandages sous ses vêtements étaient à peine visibles.

" J'aimerais vous rappeler que Sark a une puce dans le cerveau, " reprit-elle avec assurance. " Il n'est pas idiot et sait que tôt ou tard s'il reste absent trop longtemps, nous l'activerons et il mourra. Il n'y aucun moyen de l'enlever sans qu'elle n'explose, sauf s'il possède un appareil qu'actuellement seule la CIA a. Je ne crois pas à la théorie du faux enlèvement. "
" Je soutiens que ce sont d'anciens collègues de Stéphan Devot qui l'ont enlevé, " ajouta Sydney. " L'homme que j'ai abattu a été identifié clairement comme appartenant à une organisation mafieuse d'Europe de l'Est, connue pour avoir travaillé avec Stéphan Devot à de multiples occasions. "
" Que proposez-vous donc ? " Questionna Dixon qui semblait plus pencher pour les propos des deux jeunes femmes que ceux de Will.
" D'aller leur rendre une petite visite, " répondit Natti avec un sourire malin. " Ils ne savent pas que nous sommes de la CIA. Durant nos précédentes missions, Sark et moi avons déjà eu à faire avec des intermédiaires de Stéphan Devot, l'un d'eux doit à présent être à la tête de son organisation. Je suis connue sous le nom d'Angela Henry, une tueuse à gages que Sark a prit sous son aile. Sydney peut se faire passer pour l'un de ses hommes. Notre employeur ayant malencontreusement disparu, nous pouvons leur proposer nos services. "
" C'est trop risqué, " intervint Will.
" J'ai déjà été dans des missions bien plus risquées que celle-là, " coupa sèchement Sydney, n'ayant toujours pas digéré son allusion à sa mère.
" C'est parfaitement faisable, " renchérit Natti. " Et dès que nous avons ce que nous voulons, nous disparaissons. "

Dixon acquiesça silencieusement.



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Et me revoilà dans un avion, soupira Sydney. Natti et elle avaient réussi à prendre contact grâce aux intermédiaires d'Angela Henry dont Sark avait réussi à fabriquer une jolie réputation dans le milieu. Un rendez-vous était fixé avec le nouveau patron : Matthieu Marais, un jeune loup à l'appétit insatiable.

Assise à l'une des places centrales de l'appareil, Natti comptait ses doigts. Sydney devinait qu'elle s'inquiétait même si elle tentait de le cacher. Elle se surprit à ressentir de la jalousie à propos de ce lien étrange qui unissait Sark à cette femme. Pourquoi lui accordait-il sa confiance ? Pourquoi riait-il avec elle ? Sydney décida de venir s'asseoir à côté d'elle.

" Comment s'est passée votre première rencontre ? " Demanda l'agent Bristow l'air de rien pour entamer la discussion.

Natti leva un regard surpris vers elle. Elle réfléchit durant un court instant, puis décida finalement de se lancer :

" C'était juste après que Kendall l'ait fait revenir de camp Harris, " expliqua l'agent Hugues le regard absent. " Il avait été amené dans la salle de briefing et Jack Bristow le surveillait. On m'avait prévenu que les deux hommes étaient devenus proches. Quand je suis entrée, j'ai tout de suite su qu'ils étaient liés par le sang, cela sautait aux yeux. Même carrure, même forme de visage, même cheveux, même lèvres, même prestance… Seuls leurs regards étaient différents. Jack Bristow est sorti et je me suis retrouvée seule avec Sark. Ce n'était pas la première fois qu'on m'appelait pour mater, comme on dit dans le jargon, un criminel afin de l'utiliser. C'est mon boulot, c'est pour ça que j'ai été formé. Je n'aurais pas dû être intimidée. Pourtant ce fut le cas. "
" Pourquoi ? " Demanda Sydney curieuse.

Elle se rappela brièvement la première fois qu'elle avait vu Sark, sur une bande vidéo, abattant froidement un homme. Elle avait aussitôt ressenti de la colère et du mépris pour le tueur. Ce jugement qu'elle avait conservé pendant longtemps avait été plutôt ébranlé ces derniers temps.

" Je l'ignore, " répondit franchement Natti. " Il avait quelque chose de félin, de prédateur, sa manière de se mouvoir, de parler. Il était très poli et courtois, et ce regard bleu et vif, brûlant… Je n'avais jamais vu ça auparavant. "

Sydney cacha sa surprise. Un regard brûlant ? Elle l'avait toujours vu froid et glacé, inhumain.

" J'ai eu beaucoup de mal avant qu'il n'accepte de me faire en parti confiance. Au fil des séances, nous avons parlé de lui, mais en échange je devais aussi parler de moi, c'était le marché pour qu'il accepte de se dévoiler. Je ne lui ai jamais menti sinon il l'aurait tout de suite remarqué. Parallèlement, nous avons commencé à être envoyés en mission et nous nous sommes installés dans une sorte de routine, comme deux partenaires ordinaires… Sans vouloir paraître prétentieuse, je crois à présent être l'une des personnes qui le connaît le mieux. "
" Sark n'apprécie pas que quelqu'un sache trop de choses sur lui, " rétorqua Sydney, se rappelant de ses paroles quand elle discutait avec lui à propos de la mort de Stéphan Devot.
" Il y a des exceptions, " reprit Natti en souriant. " Comme moi, Irina Derevko ou encore… Jack Bristow… De toute façon, Sark ne me considère pas comme dangereuse, il n'a donc aucune raison de me tuer. Mais si un jour il sent que mon savoir pourrait lui nuire, il y a de grandes chances qu'il cherche à m'éliminer. "
" Alors pourquoi vous vous inquiétez pour lui ? " S'étonna Sydney. " Alors que vous savez qu'il serait parfaitement capable de vous tuer ! "
" Pourquoi continuez-vous de croire tout ce que vous dit Irina Derevko alors que vos savez très bien qu'elle peut et qu'elle vous a déjà menti ? " Rétorqua Natti. " Ca ne s'explique pas. C'est comme ça. C'est tout. "

Sydney ne chercha pas à répliquer, il n'y avait rien à ajouter. Elle commençait à comprendre pourquoi Natti et Sark s'entendaient si bien. L'un comme l'autre savaient que tout pouvait basculer du jour au lendemain et qu'on ne devait pas attendre de l'aide de l'autre. C'était tout l'inverse de son ancienne relation avec Vaughn quand elle était encore au SD-6. Sydney avait tout attendu de lui et le sentiment fut réciproque. Maintenant, beaucoup de choses avaient changé.

Le reste du voyage se passa silencieusement.



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Un valet repartit avec leur voiture tandis qu'un second les invitait à le suivre dans le manoir. Angela Henry et Betty Samson, anciennes protégées de Sark, suivirent l'homme jusqu'à une annexe collée au grand salon où était mort Stéphan Devot. Pour le moment, le rendez-vous se passait comme prévu. Non loin, une équipe d'intervention commandée sur le terrain par Weiss, et à distance par Dixon, était prête à agir au cas où.

On les fit entrer dans un large bureau aux boiseries somptueuses et aux murs recouverts de livres. Un homme d'une trentaine d'années les attendait, le sourire charmeur. Il était plus grand et plus athlétique que son prédécesseur, sa peau était couleur crème et sa chevelure bouclée et châtain retombait sur ses épaules. Il était impeccablement rasé et sentait une fraîche odeur d'eau de Cologne. Matthieu Marais était un homme tout aussi séducteur que Stéphan Devot.

Pourquoi fallait-il que ces proxénètes soient aussi agréables à regarder ? Marmonna intérieurement Sydney.

" Mesdemoiselles, je suis Matthieu Marais, " s'inclina-t-il avant de leurs présenter deux sièges. " Je vous attendais. Prenez place que je vous pris. "

Elles s'assirent, tentant de paraître calmes et détendues.

" Monsieur Marais, " commença Natti dans un français doté d'accent antillais. " Je suis Angela Henry et voici ma collègue Betty Samson. Nous étions auparavant au service de monsieur Sark qui a malencontreusement disparu. Nous sommes à présent sur le marché. "
" Nous aimerions que malgré le fait que vous n'appréciez pas monsieur Sark, " reprit Sydney. " Vous réfléchissiez à l'offre que vous nous faisons, c'est-à-dire de nous mettre à votre service. "

Matthieu Marais semblait amusé. Il devait connaître quelque chose qu'elles ignoraient.

" Pourquoi n'aimerais-je pas monsieur Sark ? " Demanda-t-il en haussant le sourcil gauche.
" Et bien il a tué votre ancien employeur, " rétorqua Natti avec évidence.
" Vous faîtes fausse route, " reprit l'homme, un large sourire étirait ses lèvres. " Monsieur Sark a agit sous mes ordres. J'avais posé un contrat sur la tête de Stéphan Devot. Il l'a rempli et j'ai reversé sa récompense sur l'un de ses comptes en banque. "

Natti et Sydney s'échangèrent un regard surpris. La situation se compliquait. Matthieu Marais n'était apparemment pas responsable de son enlèvement, pire Sark remplissait des contrats sous le nez de la CIA. Elles continuèrent la conversation comme convenue mais semblaient absentes. Puis elles quittèrent rapidement le bureau. Le proxénète ne fut nullement surpris par leurs réactions. Il ordonna même à ses gardes de les laisser filer malgré leurs attitudes plus que suspectes.

Quand elles furent sorties du manoir, il prit son portable et composa rapidement un numéro. L'attente ne fut pas longue avant que quelqu'un ne réponde.

" Tout s'est passé exactement comme vous l'aviez prévu, " déclara simplement Matthieu Marais avant de raccrocher aussitôt.



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Le retour en avion fut d'une lenteur effroyable. Marshall avait vérifié les propos de Matthieu Marais et plusieurs sources indiquaient clairement qu'un contrat avait été effectivement posé sur la tête de Stéphan Devot. Sydney rageait intérieurement. Et dire qu'elle avait crû Sark quand il lui avait dit qu'il l'avait tué parce qu'il en savait trop sur lui. Remarque, c'était peut-être vrai aussi mais ce n'était pas la vérité en entier. Will avait finalement raison : Sark n'était pas le fils d'Irina Derevko pour rien.

En attendant, Natti et elle en étaient revenues au point de départ. Autrement dit : le néant.



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Natti Hugues sortit lentement de sa douche. Elle en avait cruellement ressenti le besoin après cette journée qui n'avait abouti à rien. La jeune femme s'inquiétait pour Sark. Il était peut-être déjà mort, peut-être le torturait-on ? Elle chassa rapidement ces sombres pensées de son esprit, ce n'était pas constructif. Elle prit une large serviette blanche et s'y enveloppa. Après avoir rapidement séché ses cheveux, elle sortit de la salle de bain, une brosse à dents dans la bouche. Un déclic familier la figea.

Le canon froid d'une arme se posa contre sa tempe. Natti leva les mains devant elle et sa serviette tomba au sol.

" A présent, je comprends le faible qu'éprouve mon fils envers vous, " murmura malicieusement la voix familière d'Irina Derevko.

Natti cracha la brosse à dents sur le sol :

" Allez vous faire foutre ! "

Irina ne sembla nullement s'en offusquer. Elle ordonna à Natti de s'allonger sur son lit et elle la menotta :

" Maintenant nous allons pouvoir discuter tranquillement, " reprit l'aînée en observant sa proie prisonnière.
" Qu'est-ce que vous voulez ? " Demanda agressivement Natti, elle connaissait la réputation de The Man, tous les agents de la CIA la connaissaient.
" La même chose que vous, " rétorqua-t-elle. " Retrouver mon fils. Je sais que votre entretien avec Matthieu Marais n'a rien donné. "
" Auriez-vous en votre possession des éléments que nous ignorons ? " Demanda l'agent subitement curieuse.
" J'en ai au moins un, et je vais même vous le dire car je vous aime bien, " rétorqua Irina non sans humour. " Vous pouvez activer tant que vous le voulez votre bracelet, la puce du cerveau de Sark n'est plus opérative depuis un mois. "
" Comment est-ce possible ? " S'étonna Natti stupéfaite.
" J'ai mes entrées à la CIA, " murmura l'ancien espion russe avec un large sourire. " Je l'ai moi-même mise hors-service avec cet étrange pistolet. Vous pouvez vérifier vous-même, cet appareil a disparu de vos rayons et il est impossible de remettre la puce en marche une fois qu'elle a été éteinte. "

Natti ne répondit rien. Les interrogations fusaient dans son esprit fatigué. Si la puce n'était plus active depuis un mois, pourquoi Sark était-il resté ? Le doute que ce soit un faux kidnapping était en train de naître en elle.

" Il y a autre chose que je sais. Sark a beaucoup d'ennemis, d'anciens employeurs, contacts, partenaires.. et même amantes, " glissa Irina sur un ton chargé de sous-entendus. " L'agent Jack Bristow sait peut-être qui peut lui en vouloir. Ils ont beaucoup travaillé ensemble, et plusieurs fois voyagé. Je crois qu'il serait temps que vous commenciez à coopérer avec lui. "

Sans que Natti ne puisse ajouter quelque chose, elle avait déjà disparu dans l'obscurité. Quelques minutes plus tard, Sydney Bristow surgit précipitamment. Elle avait reçu un coup de fil de sa mère lui disant de rendre visite à Natti Hugues.

Après avoir été libérée des menottes et s'être habillée, cette dernière raconta tout son entretien à Sydney devant deux tisanes dans la cuisine. La fille d'Irina Derevko était perplexe, mais non surprise.

" Sark n'est pas quelqu'un que l'on peut tenir en laisse, " commenta Sydney. " Tôt ou tard, il aurait trouver un moyen de se débarrasser de cette puce. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il n'a pas filé. "
" Peut-être que cet enlèvement était justement sa fuite, " supposa Natti. " Jack sait que la puce sera activée si jamais notre enquête pour le retrouver n'aboutit pas, et il sera déclaré mort. Ca se trouve, il est actuellement en train de bronzer sur un transat, quelque part où il est sûr que nous ne le retrouverons pas. Puis il refera surface et recommencera sa vie de terroriste internationale d'antan. "
" C'est trop simple, " bougonna Sydney. " Beaucoup trop simple. Je n'aime pas dire ça mais je crois que ma mère a raison. Nous devrions aller voir mon père. "
" Sauf que nous allons devoir donner des explications à Dixon, " nota Natti.
" Il suffira de lui dire que certaines pistes nous font penser qu'un ancien partenaire, que mon père a côtoyé en me recherchant, serait susceptible d'avoir enlever Sark. Nous avons donc besoin de Jack Bristow sur le terrain pour nous guider. Bien sûr, il ne faudra rien dire à propos de la puce. "

Natti acquiesça. Les deux femmes s'échangèrent un long regard. Pourquoi rien n'était jamais simple avec les Bristow ?



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Fin du cinquième chapitre



Petit Mot de la Fin : Alors qu'en pensez-vous ? Sark a-t-il été enlevé ou s'est-il enfui ? Irina recherche-t-elle vraiment son fils ou bien a-t-elle d'autres idées en tête ? Jack Bristow pourra-t-il aider Sydney et Natti ? Peut-être quelques réponses dans le prochain chapitre ;)

Prochain chapitre : " D'un Bleu Ardent "