Chapitre 2 : La quête de l'arbre Sacré
7 Janvier (rassurez-vous il y aura un gros flash-back qui n'en est pas un)
Harry sortit de la cabane d'Hagrid, Crocdur sur ses talons. Le géant avait en effet demandé à son élève s'il pouvait sortir son chien, étant lui-même occupé à (essayer de) corriger les devoirs des 5ème sur les animaux à capacités magiques périodiques.
Le molosse bouscula Harry et sauta dans la neige, s'en mit plein la truffe avant de s'y rouler avec plaisir. Puis, lorsqu'il sembla finalement en avoir assez, il se dirigea vers les arbres qui bordaient la forêt interdite, les reniflant un à un, cherchant celui qui conviendrait le mieux et sur lequel il pourrait lever la patte.
Le Gryffondor éclata de rire - il avait rarement vu Crocdur aussi joyeux, et surtout aussi vif ! Il suivit le gros chien lors de sa quête de l'Arbre Sacré, quand soudain l'animal oublia (momentanément) la forêt et fila vers ce qui semblait une motte de terre. Il se mit à aboyer.
Harry s'approcha, intrigué, et remarqua que le tas de terre en question bougeait - ou plutôt respirait. Il vit le bout d'une écharpe qui dépassait, aux couleurs vert et argent. Sa première impression fut que deux Serpentard s'étaient battus, puis il se rappela qu'aucun d'entre eux n'étaient restés pour les vacances.
Tombant à genoux dans la neige, il secoua la forme inanimée, qui n'eut pas de réaction. Il souleva alors la cape noire qui la recouvrait, tandis que Crocdur estimait son devoir accompli et repartait vers ses arbres.
Harry aperçut une tignasse blonde et son souffle se coupa. « Tant que ce n'est pas… »songea-t-il, mais un gémissement se fit entendre et la personne se redressa, s'asseyant difficilement. Le garçon aux cheveux noirs se releva aussitôt. « Oh-oh, pensa-t-il, je le laisse là et je me barre en courant ou j'en profite pour le tabasser… ? »
Mais le Choipeau n'avait pas placé Harry à Gryffondor pour rien ; le garçon avait beau se souvenir des insultes lancées par le blond quelques jours plutôt, il n'en aida pas moins un Draco légèrement vaseux à se lever et à se débarrasser de la neige qui lui collait aux habits.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda finalement Harry.
Le jeune blond sembla reprendre ses esprits et reconnut enfin celui qui l'avait aidé. « Potter? » Il se massa l'arrière du crâne et eu une légère grimace de douleur. « Bon si tu es là ça doit dire que je suis quand même arrivé à Poudlard. »
« En parlant de ça, Malfoy, qu'est-ce que tu fais ici ? Et étalé dans la neige en plus ? » l'interrogea Harry, qui reprit malgré tout ses distances.
« Dans la neige… ? » commença le Serpentard. Il sembla soudain inquiet, puis il fila vers l'orée de la forêt, semblant chercher quelque chose à terre. Crocdur le rejoignit, tout fou, pensant sûrement qu'il avait trouvé un nouveau compagnon de jeu.
« Qu'est-ce que tu cherches, Malfoy ? » lui lança le garçon aux yeux verts (Argh Daniel on t'aime mais pitié mets des lentilles pour le prochain film !!)
Draco lui répondit, sans cesser de remuer buissons et talus enneigés : « Mes affaires...j'avais un sac…et mon balai. » Soudain il aperçut quelque chose et se précipita dessus ; il dégagea un gros sac gris d'un tas de neige et le mit sur son dos. « Voilà, maintenant mon balai…Oh pitié faites que je ne l'ai pas perdu... »
Il semblait un état de choc, parlant sans cesse et remuant les buissons sans prêter attention à Harry. Celui-ci comprit que le jeune homme n'était pas dans son état normal, et cela suffit à diminuer - temporairement - son antipathie vis-à-vis du membre de la maison qui était rivale à la sienne.
« Heu.Draco ? » dit-il calmement, articulant exagérément. Tu es venu en balai jusque Poudlard ? »
Le Serpentard se redressa, son sac toujours sur le dos et répondit assez vaguement. « Oui, je n'ai pas trouvé d'autre moyen de voyager...et si maintenant je n'ai même plus mon Nimbus. » gémit-il.
« Et…tu es tombé ? » avança timidement Harry.
« Oui, je…je négociais mon atterrissage quand un truc avec des ailes m'a foncé dedans, alors j'ai glissé…Ha te voilà ! « s'exclama-t-il . Il sortit du dessous d'un buisson un balai qui avait certainement du connaître des jours meilleurs. Ayant récupéré ses affaires, Draco se dirigea vers le château, sans un regard pour Harry.
Celui-ci, vexé, le rattrapa en courant. « Attend un peu Malfoy, tu pourrais me remercier, non ?! Sans moi tu serais encore étendu à bouffer de la neige je te signale ! »
Draco s'arrêta et se retourna. « Merci, Harry » dit-il avec un regard absent, mais pourtant presque sincère.
« Bien, maintenant tu pourrais peut-être me dire ce que tu foutais là ? » continua le Gryffondor.
« Ecoute, lui dit le blond en fuyant le regard de son interlocuteur, je...je ne peux pas t'expliquer, il faut que...je dois...oui je dois voir Dumbledore. Tu m'excuseras. » Puis il fit volte-face et se dirigea vers le château aussi vite que son énorme sac le lui permettait.
Harry resta perplexe et se posa des questions pendant un bon moment, jusqu'à ce qu'il décide que ce n'était qu'une des lubies de plus du Serpentard dont la vie de toute façon ne l'intéressait guère. Il fut soudainement ramené à la réalité par un gros chien gris qui venait de décider que les écharpes rouges et or étaient comestibles.
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22 Décembre
« «Au revoir Draco, passe de bonnes vacances ! » s'écrièrent deux Serpentard de 6ème année en descendant du train. Le garçon mentionné fit un signe de la main aux adolescentes puis descendit à son tour.
« Tu as ma valise, Goyle ? » lança-t-il à l'armoire à glaces qui peinait à descendre les marches.
« Oui, oui, je l'ai » répondit-il.
Lorsque tous les élèves furent descendus du train, celui-ci siffla un grand coup puis repartit dans un grand nuage de fumée.
« Tu as vu ça, remarqua Blaise Zabini, le meilleur ami de Draco, à Poudlard c'est plus blanc que blanc et ici on a quoi ? De la pluie ! » « Londres sera toujours Londres » ironisa Draco en refermant sa cape. Dieu merci ils étaient à l'abri des intempéries sur le quai, mais le froid n'en était pas moins mordant. Il salua son ami dont les parents étaient déjà là.
« Tu te dépêches, Goyle ? » lança-t-il à son camarade, qui accéléra le pas pour venir déposer la grande valise de Draco aux pieds de celui-ci.
« Content de te revoir, fils ! » dit une voix derrière eux. Crabe salua son père, qui fut bientôt rejoins par celui de Goyle. Draco se recula, légèrement contrarié (jaloux ?) par ces débordements de sentiments - indignes de la part de Serpentards. Tout autour de lui, des élèves sautaient au coup de leur mère - sous le regard bienveillant du père. Il trouvait ce spectacle écoeurant.
« J'espère que tu as bien révisé les livres que je t'avais prêtés, Vincent ? » fit l'homme. Celui-ci hocha la tête avec un sourire qui le rendait encore plus idiot que d'habitude. Draco ne se rappelait pas que son « ami » lui ait parlé de ces livres, et de toute façon il s'en moquait, Crabe n'étant pas foutu de retenir un sortilège ou même une simple définition.
Le jeune blond dit rapidement au revoir à ses deux camarades et s'éloigna d'eux pour aller s'asseoir sur un banc. De nombreux Serpentard vinrent lui souhaiter de bonnes vacances, dont l'indécollable Pansy Parkinson.
Le quai se vidait lentement, Draco commençait à se demander avec mauvaise humeur si on ne l'avait pas oublié, quand une voix grave et autoritaire se fit entendre derrière lui. « Rassemble tes affaires, Draco, nous sommes déjà en retard »
Le blond se retourna, surpris, puis attrapa sa valise. « Oui, père »
Le jeune Serpentard peinait à tirer sa valise, mais la présence de non- magiciens rendaient impensable l'utilisation d'un quelconque sort de Rétrécissement ou même l'emploi d'un elfe de maison, exceptionnellement forts malgré leur petite taille.
Ils traversèrent la barrière et se retrouvèrent sur les quais moldus. Draco ne put s'empêcher de remarquer que de nombreuses personnes - pour la plupart du sexe féminin - se retournaient sur leur passage. Avec sa prestance, ses épaules larges et ses longs cheveux dorés, Lucius Malfoy était en réalité un homme attirant, tous critères confondus ; aussi cela n'étonnait-il guère le garçon aux yeux pâles.
Cependant, ce dont il ne se doutait pas, aussi vantard et sûr de lui qu'il pouvait paraître, c'était qu'à 16 ans, l'adolescent commençait de plus en plus à ressembler à un homme ; il avait d'ailleurs hérité des atouts de son père, si ce n'est que son visage, plus fin, et ses yeux, plus vifs, révélaient une certaine forme de beauté que son père avait perdue depuis longtemps déjà - un vestige de la pureté de l'enfance, peut-être.
Il sortirent de la gare sans dire un mot et se rendirent au parking souterrain où les attendait une luxueuse voiture noire. Un chauffeur attrapa les affaires de Draco et les rangea dans le coffre, tandis que les deux Malfoy grimpaient dans l'auto.
Le jeune blond soupira discrètement ; le trajet était assez long jusqu'à la maison, mais son père répugnait à utiliser la poudre de Cheminette, qu'il jugeait trop salissante et dégradantes - il laissait ce moyen de déplacement primaire aux familles de basse classe, tels les Weasley. De plus, son antipathie (quel bel euphémisme) pour les Moldus était telle qu'il refusait de les voir, ne serait-ce même les apercevoir, aussi les vitres étaient-elles teintées des deux côtés.
Néanmoins, la marque - et le prix - de la voiture assuraient un confort amplement suffisant pour qu'une heure et demi de trajet soit facilement acceptable, voire semble moindre.
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Lucius observait son fils qui s'était assoupi. En temps normal, il l'aurait réveillé et réprimandé pour se laisser aller de la sorte, mais il en était incapable. Il profitait de cette image de totale décontraction : Draco, dont le visage aux traits fins exprimaient une grande maturité pour son âge. Mais d'un autre côté…Rogue l'avait dit lui-même, il n'était encore qu'un enfant.
L'homme blond crispa les poings involontairement : il s'agissait de sa propre chair, de sa fierté, de l'être qu'il avait juré de protéger même si pour cela il devait s'en faire détester. Avait-il le droit de le « pourrir » de la sorte ? Certes, Draco était un Serpentard, nul doute qu'il ne se laissait pas faire, mais il y avait un sacré fossé entre railler des camarades de classe par jalousie et…
Lucius soupira. Oui, il amènerait son fils au Maître. Il en ferait un Mangemort - et des plus appréciés du Seigneur lui-même. Il n'avait pas le choix.
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« Tu es en retard, Lucius. » L'interpellé s'agenouilla sans un mot. Il n'était pas en retard, il le savait ; le manoir avait beau être gigantesque, sa chambre n'était pas si éloignée des appartements de Voldemort. Simplement, son maître aimait jouer avec ses nerfs, espérant toujours réussir à le déstabiliser - peine perdue, car en surface, l'homme restait imperturbable quoiqu'il ressente. Son dégoût pour les autres Mangemorts venait surtout du fait qu'ils étaient incapables pour la plupart de la moindre maîtrise d'eux-mêmes en public. Ce stupide rat, qui avait les faveurs du Seigneur des Ténèbres depuis qu'il l'avait aidé à ressusciter, était sans cesse en train de trembler et de geindre comme un vulgaire gamine moldue !
« Relève-toi et viens t'asseoir près de moi » lui ordonna une voix froide de derrière le fauteuil. Malfoy fit ce qui lui avait été demandé. Il s'assit à son tour dans un fauteuil et se décontracta en voyant l'expression de son maître.
Ils pouvaient oublier les usages à présent que le rideau était baissé. Lucius savait que lors des réunions il n'était qu'un mouton parmi tant d'autres, mais ici il devenait une personne à part entière.
Le Seigneur des ténèbres pouvait bien effrayer le monde sorcier avec ses désirs mégalomanes et meurtriers, il n'en avait pas moins besoin d'une oreille pour l'écouter, d'une épaule sur laquelle s'appuyer, voire d'une âme sincère à qui se confier - dans l'intimité bien sûr.
La définition la plus appropriée eut été un « ami », mais Lord Voldemort restait un dément qui se croyait (et n'était pas loin d'être) supérieur à n'importe quelle créature humaine. Lucius savait qu'il ne pouvait lui faire entièrement confiance, même s'il avait parfois du mal à s'en souvenir.
Le vieil homme - d'un point de vue uniquement officiel - laissa tomber sa tête en arrière et ferma les yeux, tandis qu'il caressait son serpent qui avait posé sa tête sur ses jambes. L'animal fermait les yeux à chaque caresse, et le Mangemort jura que le reptile eut ronronné s'il l'avait pu.
« Dis-moi, Lucius, tu as eu une rude journée au ministère ? » demanda-t-il d'une voix qui avait perdu de sa froideur, sans pour autant être chaleureuse.
« Ce sont les vacances, Tom ; même si je sais que tu n'aimes pas Noël tu pourrais tout de même essayer de t'en souvenir » répondit l'autre froidement.
Voldemort eut un sourire ironique « Alors…qu'as-tu fais de beau aujourd'hui ? »
Bien sûr le Seigneur des Ténèbres connaissait la réponse, mais il voulait à tout prix que son serviteur s'en souvienne, et surtout qu'il n'en oublie pas les sous-entendus.
« Rien de bien spécial, soupira l'homme blond. Un saut chez Gringotts, un règlement de compte avec un vieil ami et une visite à Fudge, histoire de lui rappeler que je suis de son côté malgré ce que ce vieux fou barbu et sa bande d'utopistes prétendent - tu sais que j'ai des moyens de persuasion beaucoup plus...efficaces que les larmes et geignements de ces amoureux des
moldus… » Il esquissa un léger sourire désabusé puis, à son tour, laissa tomber sa tête sur le dossier et ferma les yeux.
« Je suis également allé chercher Draco à la gare » compléta-t-il nonchalamment.
« Je devine que vos retrouvailles ont été...chaleureuses, après plus de trois mois terribles sans vous être vus. »
L'ex-serpentard se redressa, le regard mauvais. « Je ne fais que t'obéir, tu ne peux pas me - »
« Je sais, Lucius, je sais...ta fidélité à toute épreuve...même dans la mort ; à moins que tu n'aies simplement pas voulu changer les « vieilles » habitudes.. » Il ricana et se redressa à son tour. Reprenant son sérieux, il s'adressa à son voisin :
« Ne te fâche pas, je sais que tu fais de ton mieux. Et dans ton cas, le « mieux » frôle la perfection.. » Le coin de sa bouche s'étira tandis que l'homme blond se radossait lentement au fauteuil, l'air crispé.
Voldemort ôta délicatement son serpent de ses jambes pour se lever, puis se dirigea vers le mini-bar. Il se servit un verre d'alcool et lança à Lucius, toujours en lui tournant le dos : « Martini ou cette bonne vieille Vodka ? »
L'autre ne répondit rien.
L'homme au serpent se retourna, deux verres à la main. Il réfléchit un moment en observant l'homme blond, appuyé sur un accoudoir, qui regardait au loin. Voldemort posa les verres sur la table basse et vint s'accroupir à côté du fauteuil.
« Mon bel édifice » souffla-t-il en attrapant une mèche d'un blond cristallin, presque surnaturel. Malfoy ne bougea pas d'un pouce, refusant toujours de le regarder. « Plus froid et plus dur encore que la pierre.. »
Voyant que son voisin n'avait aucune réaction, il soupira légèrement avant de continuer. « Grâce à toi, Lucius, ton fils est lui aussi presque aussi dur que le roc ; tu lui as fait un grand honneur en lui offrant la possibilité de ne pas souffrir...Nous savons toi et moi que si les plaies du corps cicatrisent vite, celles du coeur prennent plus de temps...en particuliers pour les jeunes gens qui ne sont pas préparés.. »
Voldemort, parler d'amour ! C'en était trop pour Lucius. Il éclata d'un rire sans joie, avant de se retourner.
« Peut-être n'est-il pas aussi fort que tu ne le crois. » Les paroles de Rogue lui revenaient en tête. « Ce n'est encore qu'un enfant...il agit de la sorte parce que c'est ce que TOI tu veux... »
« Après tout, continua-t-il, le fait qu'il ne se confie à personne ne signifie pas qu'il ne ressent rien. »
« Tu as peur » dit le mage noir en se relevant. Malfoy ne dit rien. « En réalité....tu espères que malgré la façon dont tu l'as traité pendant 16 longues années, il ait su voir derrière ton masque d'indifférence et qu'il t'aime réellement...»
Pour toute réponse, l'homme aux cheveux blonds attrapa un verre et en bu une longue gorgée. « Te voilà revenu à des sentiments meilleurs », apprécia le chef des Mangemorts.
L'homme reposa son verre, toujours sans un regard pour le « vieillard » debout à côté de lui. Une fois de plus, son maître lisait en lui comme dans un livre ouvert, et malheureusement pour lui, Voldemort savait aussi trouver les paroles qui brisaient les carapaces les plus résistances pour atteindre directement le coeur.
« Maintenant, écoute-moi, Lucius, dit l'héritier de Serpentard avec une voix qui ressemblait davantage à celle qu'il utilisait pendant les réunions. Ce gosse te respecte, nul doute qu'il est même fier de toi et de ta réputation...mais il ne « t'aime » pas. »
Le Mangemort ferma les yeux, puis se décide finalement à regarder son maître. « Je le sais, dit-il d'un ton métallique, ce n'est pas à moi de jouer le rôle du père aimant. »
Voldemort sourit. « Tu seras fier de ton fils lorsqu'il sera aux premières loges, et à ce moment-là tu te moqueras bien de savoir qui il aime - ou pas. »
Il se pencha et prit à son tour un verre de sa longue main élégante.
« Ton propre père a certes eu du mal à l'accepter, mais je suis sûr qu'il serait fier de toi aujourd'hui...s'il était encore en vie. Après tout, tu as la chance d'être la « favorite de Lord Voldemort » plaisanta-t-il. (note de l'auteur-trice : pas la « favorite » au lit, si ce que vous avez pensé, bande de perverses !) ^-^
« Je ne trouve pas cela drôle, Tom. »
Celui-ci but une gorgée de Vodka avant de répondre. « Ne crains rien, Draco ne te fera pas ce que tu as fait à ton propre père ; je ne le laisserai pas te tuer. Ton géniteur n'était rien sinon un sorcier un peu trop plaintif à mon goût - trop pour me servir bien longtemps en tout cas. » Il reposa son verre et s'approcha du propriétaire du manoir.
« Mais toi, Lucius, tu es important à mes yeux, plus encore qu'en tant que Mangemort - même si tu es l'un de mes meilleurs éléments, je dois bien l'avouer. »
Il s'accroupit à nouveau devant le fauteuil et murmura : « Je te considère comme mon propre fils, tu le sais... »
Il se redressa en prenant appui sur les accoudoirs, puis vint se placer derrière Malfoy. Se baissant, il passa un bras autour de la poitrine de celui-ci, lui chuchotant dans l'oreille : « N'ais-je pas été un bon père, Lucius... ? »
Le Mangemort ferma les yeux. La proximité de son maître l'empêchait de penser normalement, sans compter que ses pensées étaient déjà anormalement brouillées ces temps-ci. « Un père ne fait pas ces choses-là » articula-t-il finalement.
« Il y a tant de manières de l'exprimer, murmura Voldemort en mordillant lentement l'oreille de son compagnon, mais dans le fond...il s'agit toujours d'amour..»
Lucius se dégagea - à contrecoeur. « Ce n'est pas de ça dont je veux parler, Tom. Torturer son fils - aussi bien physiquement que mentalement - voilà ce qu'un père digne de ce nom n'a pas le droit de faire ! »
« J'aime quand tu es en colère, Lucius » répondit le Seigneur des Ténèbres avec un sourire sardonique.
L'homme aux cheveux blonds se leva brusquement et s'éloigna de son maître avant de se retourner. « J'accepte de te donner mon fils, Tom, mais promets-moi de ne pas le faire souffrir - du moins pas comme je l'ai fais moi-même » (NB : nan je parle toujours pas de sexe…rhôô)
Vodlemort se redressa, dans toute sa grandeur, et déclara, une lueur dans les yeux : « Rassure-toi, Lucius ; je ne lui ferai pas de mal. Et Draco, à son tour, m'aimera comme un père..»
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Samedi 8 Janvier
Ce midi-là, la Grande Salle était quasi déserte. Seuls quelques professeurs et les élèves habituels dînaient (ou déjeunaient, pour les Hexagoniens) : 3 filles de Poufsouffle de 2ème année qui avaient voulu passer les fêtes ensemble et des jumeaux de Serdaigle de dernière année.
Harry était le seule Gryffondor. Il rentra dans la salle en baillant. Il venait à peine de se lever - ces lits à baldaquins étaient si confortables - et regretta que les croissants ne fussent pas au menu du dîner. (oh et flûte, chuis belge une fois) :o) Il remarqua que la table des Serpentard, pourtant vide les jours précédents, était aujourd'hui occupée.
Harry réfléchit un instant puis se dirigea vers l'unique garçon qui y était assis. Après tout, pensa-t-il, Hercule lui-même avait préféré affronter Cerbères plutôt que de rester à moisir dans les Plaines de l'Ennui. Quoiqu'à la réflexion, l'adolescent aux cheveux noirs ne se rappelait pas avoir jamais entendu une telle légende - mais l'important était qu'elle lui donnait une bonne excuse.
« Hello, Malfoy, lança-t-il lorsqu'il fut à sa hauteur, pour le tester. Celui-ci releva la tête d'un air neutre et ne dit rien. Au bout d'un moment, il eut un faible sourire. « Salut Potter, tu manges avec moi ? »
Harry, surpris, s'entendit répondre « Ok » avant même d'y avoir réfléchi. Il s'assit pour la première fois à la grande table du fond. Immédiatement, différents plats apparurent devant lui. « Tiens, pas de serpent rôti ou de moldus grillés pour les Serpentard ? » plaisanta-t-il en se servant de cuisses de poulet.
« Non, pendant les fêtes de Noël c'est exceptionnel ; nous avons droit à de la cervelle de loup-garou bouillie» répliqua Draco en souriant.
Harry gloussa. Il ne savait pas pourquoi, mais une trêve semblait s'être installée entre les deux ennemis éternels. Pour être franc, cela ne dérangeait pas tant que cela le jeune Gryffondor ; malgré les visites à Hagrid, il s'ennuyait ferme depuis le début des vacances. De plus, le blond semblait avoir changé. Il semblait...plus mature - et surtout moins arrogant, donc plus sympathique !
« Dis-moi, Harry, commença son voisin d'en face, tu as suivi la saison de Quidditch cette année ? Enfin, l'année dernière plutôt. » Le garçon aux cheveux noirs se dépêcha d'avaler sa purée pour répondre que oui, et ils passèrent quelques minutes à discuter balais et pronostics.
Au bout d'un moment, Harry estima qu'il pouvait parler de « l'incident » de hier. « Au fait, Draco...tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu es revenu à Poudlard ? »
Le jeune blond soupira, mais cela ne semblait pas dirigé contre son voisin. « J'ai une dispute avec ma mère. Rien de bien grave, mais j'ai...comment dire... « pété les plombs » et je me suis enfui. » Il eut un sourire désabusé : « Tu sais comment sont les ados : ils démarrent au quart de tour à la moindre remarque. »
« Comment tu vas faire - ? » commença Harry, mais son voisin l'interrompit. « Tout est arrangé, t'inquiète, je me suis réconcilié avec ma mère. Mais comme de toute façon la rentrée est dans deux jours, j'ai préféré rester ici. »
Il avait dit ça le plus naturellement du monde, aussi Harry se demandait pourquoi son esprit refusait obstinément de le croire. Il décida néanmoins de ne pas le montrer. Se versant un verre de jus de citrouille, il demanda innocemment : « Et ton père, qu'est-ce qu'il a dit ? »
Draco le regarda d'un air méfiant puis sembla rassuré par l'air du garçon à lunettes. « Il ne le sait pas, en fait. Ma mère lui a dit que j'étais retourné ici pour finir mes devoirs au calme, et profiter de la bibliothèque de l'école. De toute façon, il ne s'en occupe pas, il a bien trop de travail en ce moment. »
« Au ministère, tu sais.... » ajouta-t-il précipitamment en observant Harry. Celui-ci accepta de jouer le jeu et se contenta de hocher la tête. La conversation reprit sur les cadeaux qu'ils avaient reçus pour Noël.
Harry savait que Lucius Malfoy était un Mangemort. Et Draco savait que le garçon aux yeux verts était au courant pour les activités pas très claires de son père. Néanmoins, ils laissèrent de côté cette partie de l'histoire et leur trêve muette fut respectée.
Lorsque les deux adolescents eurent fini de manger, leurs assiettes disparurent automatiquement et furent remplacées par un plat contenant une espèce de gâteau brun. « Ho mon dieu, j'en reviens pas, s'exclama Draco, du tiramisu ! » Il s'en servit une grosse part sous les yeux ébahis de Harry.
« Du quoi ? » « Du ti-ra-mi-su, répéta le blond, c'est italien. Goûte, tu verras c'est extra. »
Le jeune orphelin, qui ne se souvenait pas avoir jamais mangé quelque chose de sucré chez les Dursley, s'attaqua lui aussi à la pâtisserie - qu'il jugea d'ailleurs délicieuse.
Alors qu'ils reprirent leur conversation, une ombre passa derrière Malfoy et mit une main sur l'épaule de celui-ci. « Si Potter vous ennuie, Mr Malfoy, n'hésitez pas à me le dire » déclara Rogue d'une voix grave en lançant à Harry son habituel regard dégoûté.
« Il n'y a aucun problème, professeur, Harry est assez gentil pour me tenir compagnie, c'est tout à son honneur. »
Rogue fixa encore un instant le Gryffondor avec une expression étrange, puis il se pencha et murmura quelque chose à l'oreille de Draco, qui le regarda d'un air triste mais cependant plein de gratitude et hocha la tête.
Le maître des potions se redressa. « Dans ce cas, bonne journée, Mr Malfoy....et vous aussi Potter » conclut- il dans ce qui devait être un véritable effort surhumain de sociabilité pour lui.
Harry regarda le grand homme sombre s'éloigner rapidement et recommença à se poser des questions sur lui. Il savait que l'ex-Mangemort espionnait Voldemort pour Dumbledore et qu'il risquait sa vie pour ça. Le garçon aux yeux verts se surprit à souhaiter qu'il ne lui arrive rien de mal....
« Allons, Harry, qu'est-ce qui se passe tu perds la boule ?! Non seulement tu dînes ave Draco - Malfoy ! - mais en plus tu commences à avoir pitié de rogue ! » Il soupira et enfourna une grande cuillerée du gâteau italien - le blond avait fini le sien depuis longtemps déjà.
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25 décembre.
« De toute façon, les Adam ont été exclus du Conseil, donc cela ne change rien à la situation » fit remarquer Narcissa Malfoy en reposant ses couverts. Aussitôt, des elfes de maison vinrent la débarrasser.
« Nous verrons cela avec Andrew, cela ne presse pas » conclut Lucius en se versant un verre de vin.
Draco finit à son tour son repas, qui avait par ailleurs été excellent - les elfes s'étaient vraiment surpassés pour cette veillée de Noël. « Puis-je sortir de table ? » demanda-t-il au bout d'un moment. Après tout, ses parents discutaient politique et relations, ce qui ne l'intéressait guère. Il aurait préféré aller dans sa chambre et examiner son tout nouveau jeu d'échecs de haute gamme version sorciers - un cadeau de sa mère.
Celle-ci acquiesça, mais alors que le jeune blond se levait, son père le retint par le bras. « J'aimerai te voir après le dîner, Draco, lui chuchota-t-il d'un ton sans réplique. Sois dans mon bureau du 3ème étage à 10h. »
L'adolescent hocha la tête et alla embrasser sa mère. Lorsqu'il fut sorti de la pièce, la femme aux cheveux blonds regarda longuement son mari, qui sourit et lui versa un verre de Bordeaux.
« A présent nous somme seuls.... » lui souffla-t-il tandis qu'elle prenait le verre avec un sourire malicieux.
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Lorsque Draco arriva au bureau, la porte était déjà entrouverte ; il frappa néanmoins faiblement contre le battant. Son père lui fit signe d'entrer. Le jeune blond s'assit dans un fauteuil en face de l'homme, qui était lui- même adossé à son propre fauteuil et jouait nonchalamment avec sa baguette magique.
Finalement son regard se posa sur son fils et il lui dit, le plus naturellement du monde : « Le maître aimerait te voir avant la cérémonie. »
Le jeune blond sentit son coeur se crisper - il essaya de ne rien laisser paraître, mais il estimait que là il eut largement le droit de faire fi des recommandations - exigences - de son père sur le contrôle de soi. Il eut pendant un instant l'idée idiote de demander de quelle cérémonie au juste il s'agissait, mais elle partit aussi vite que son appréhension crût.
« Quand aura-t-elle lieu ? » demanda-t-il finalement. « Lors du réveillon du Nouvel An. La symbolique, la tradition, tout ça... » fit Lucius en balayant l'air de la main.
Draco déglutit. Il avait l'impression d'être placé devant un ravin alors que lui-même ne se serait entraîné qu'à sauter des haies minuscules - durant un temps très court.
Bien sûr, devenir un Mangemort, servir le plus grand Mage Noir actuel serait un honneur - il était même prêt à mettre sa fierté de côté rien qu'à imaginer faire tout cela à la barbe de ce vieux fou de directeur et de ce stupide Potter !
Mais en réalité, il ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Y aurait-il des rituels ? Serait-ce douloureux ? Est-ce que le Seigneur des Ténèbres lui demanderait de torturer - voire de tuer quelqu'un ?
Le jeune Serpentard n'avait jamais fait de mal physiquement à qui que ce soit -Crabbe et Goyle s'en chargeaient tellement mieux - mais après tout.... il laisserait sa propre baguette faire le travail.
« Pose-moi tes questions, ordonna soudainement le propriétaire du manoir. Après il sera trop tard. » Draco hésita, puis admit que son père avait raison - après serait trop tard.
« Est-ce que je vais avoir mal ? » demanda-t-il timidement, avec un air qui rappela désagréablement à Malfoy père que son fils pouvait réellement ressembler à un gosse quand il le voulait.
Il parut vexé par la question de l'adolescent, comme s'il s'était attendu à une autre. « Tu souffriras, Draco ; tout le monde souffre un jour ou l'autre- certains plus que d'autres, c'est tout, répliqua-t-il froidement. Mais aux côtés du Maître, tu seras davantage en sécurité que si tu restes collé aux basques de ce vieux fou barbu, comme son troupeau de Sang-de-Bourbe utopistes. »
L'adoelscent baissa la tête, apparemment peu satisfait de la réponse. Lucius arrêta de jouer avec sa baguette et observa longuement son fils, comme s'il le voyait pour la première fois. « Draco......commença-t-il, et l'interpellé releva la tête. Puisque tu ne te révoltes pas, j'en déduis que tu acceptes cette situation. »
« Maintenant dis-moi - et son regard n'exprimait plus aucune arrogance ni sévérité, juste une profonde curiosité - pourquoi veux-tu sacrifier ta vie à être Mangemort ? »
Cette question prit le jeune homme au dépourvu. N'était-ce pas son père qui l'avait poussé - et le poussait encore - sur cette voie ? Et puisque c'était vrai qu'il ne refusait pas, cela signifiait-il qu'il avait réellement envie de le devenir ?
« Pour vous faire honneur, père » répondit-il, le plus sincèrement possible.
« Non, Draco, le contredit Lucius. Tu n'es pas encore majeur, et tu vis sous mon toit. Ne me dis pas que tu m'obéis pour me « faire honneur ». Par obligation, plutôt. Et par crainte. »
L'adolescent sembla légèrement désarçonné. « Non, père, c'est réellement pour vous faire honneur ; je veux que vous soyez fier de moi. »
« Prends-toi ça dans les dents, Tom » songea Lucius, et il sourit intérieurement. Malheureusement, l'envie subite qu'il eut de serrer son fils dans ses bras s'enfuit aussi vite qu'elle était venue - les paroles et désirs du Maître ramenèrent l'homme blond à la réalité.
Pas de sentiments. Seulement du paternalisme.
« C'est au Seigneur d'être fier de toi, pas à moi, répliqua-t-il calmement d'un ton froid. C'est pour lui que tu dois te surpasser ; c'est à lui que tu dois être fidèle. » Il s'arrêta un instant. « S'il souhaite que je lui donne mon fils pour en faire l'un de ses serviteurs, je lui obéis - sans discuter ses ordres. »
« Donc, si cela ne tenait qu'à vous, vous ne me laisseriez pas... » commença Draco, mais son père l'interrompit.
« Arrête ça ! » dit-il d'un ton un peu plus haut qu'il ne l'aurait voulu. Il se rendit compte hélas trop tard que son fils pouvait interpréter son ordre de plusieurs manières. Il se leva, incapable de rester assis une minute de plus.
« Maintenant écoute-moi bien, Draco Malfoy, déclara-t-il. Le Seigneur des Ténèbres est le sorcier le plus puissant au monde et nous avons la chance de combattre à ses côtés les déchets de la société magique. Nous sommes au- dessus de ces Sang-Mêlés et autres Sang-de-Bourbe, ne l'oublie jamais ; nous valons 100 fois plus qu'eux. »
Il marqua une courte pause et se passa la main dans les cheveux. Son coeur battait plus vite qu'à l'accoutumée et son souffle était légèrement plus court. Il inspira longuement avant de reprendre.
« Nous sommes des Malfoy et nous servons notre Maître avec honneur afin de purifier la race des véritables sorciers ; voilà notre but. Et c'est une noble mission, quoiqu'en disent certains pseudo-sorciers. » « Qui essaies-tu de convaincre, Lucius ? » lui souffla une voix désagréable à l'arrière de son crâne. L'homme l'ignora.
« J'espère que tu as bien acquis ceci, Draco ? »
Son fils hocha la tête, impressionné, et le Mangemort se rassit avec mauvaise humeur - il détestait s'emporter de la sorte.
« D'autres questions ? »
Draco ouvrit la bouche mais ne dit rien. Finalement il se décida. « Vous avez dit que...qu'Il voulait me voir ? » dit le garçon aux yeux pâles, et Lucius le félicita mentalement pour avoir repris sa neutralité faciale, telle qu'il lui avait enseignée - même s'il se doutait qu'elle n'était que simulée
L'ex-Serpentard pria cependant pour que son fils ne lui demande pas pourquoi - il aurait été incapable de lui répondre.
« Quand et où devrais-je le voir ? » fit simplement la jeune homme.
Lucius soupira, puis finalement sa bouche s'étira en un sourire sardonique - le rictus typique des Malfoy.
« Ici. Et maintenant. »
Il se leva, sous le regard ébahi d'un Draco totalement pris au dépourvu.
« Suis-moi » lui ordonna l'homme aux cheveux longs en sortant vivement de son bureau.
« Tu veux mon fils, Tom ? pensa-t-il. Alors ne faisons pas traîner les choses. Je te l'offre. Moi, je démissionne de mon rôle de père, je préfère celui du Mangemort sans pitié - j'y excelle, tu l'as dit toi-même. »
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7 Janvier
Severus Rogue se pencha au-dessus de son épaule et lui chuchota : « Lorsque vous aurez le temps - et si vous le désirez - passez à mon bureau. Nous pourrons reparler plus calmement de tout cela. »
Le Serpentard hocha la tête. « Merci » murmura-t-il brièvement.
Le maître des potions se redressa, retrouvant son air austère. « Dans ce cas, bonne journée Mr Malfoy...et vous aussi
Potter. » Puis il sortit de la grande salle d'un pas vif, sa longue cape noire virevoltant derrière lui.
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25 Décembre
Draco ne sembla pas étonné lorsque son père s'arrêta devant la grande
porte de la salle de réunion, dont il connaissait l'existence mais n'y avait cependant jamais mis les pieds. Après tout, où cela pouvait-il être d'autre ?
Lucius ouvrit directement la porte - son maître omniscient et télépathe à ses heures devait déjà certainement savoir. Et il savait.
Malgré la semi-pénombre de la pièce, il le distingua, trônant sur son siège, semblant les attendre. Immédiatement, l'homme blond s'agenouilla et fit un léger raclement de gorge à l'intention de son fils, qui l'imita aussi vite.
Une voix froide, glacée parvint aux oreilles du jeune garçon, frigorifié. « Tu peux disposer, Lucius. »
Draco sentit son père se lever et quitter la pièce. La porte de bois se referma dans un grincement sinistre, puis le silence se fit. L'adolescent gardait la tête baissée, les yeux fixées vers le sol.
Qu'allait-il lui faire ? Peut-être le soumettre à l'Endoloris pour tester sa résistance.... « Pitié, supplia-t-il mentalement, je ferai tout ce que vous voulez mais ne me faites pas de mal.... »
Un long moment passa, puis finalement Voldemort parla à nouveau, de sa voix toujours aussi glacée. « Relève-toi. »
Draco obéit, et les craquements de ses articulations ankylosées résonnèrent dans la pièce silencieuse. Il se sentit rougir.
Il devinait plus qu'il ne voyait l'homme en face de lui - mais était-ce encore un homme ?
Soudain, des torches accrochées au mûr s'allumèrent comme par magie - d'ailleurs ce devait probablement être par magie - une par une, et bientôt la pièce fut baignée d'une lueur quasi fantomatique.
Le garçon blond eut le souffle coupé ; Voldemort n'était pas...ou plutôt il était...en tout cas différent de ce qu'il imaginait.
Son long visage pâle totalement symétrique semblait irréel ; des yeux d'un rouge sang dévisageaient le jeune homme avec une expression indéfinissable. Et son nez.....il n'avait d'ailleurs plus de nez, seulement deux fentes, telles les narines d'un serpent.
L'homme lui-même semblait un serpent. Même assis, Draco devinait la maigreur et la longueur de son corps, et sa peau qui reflétait la lumière des torches était brillante, presque translucide, comme celle d'un reptile.
Vodlemort était un monstre.
Un monstre qui assassinait et détruisait des vies depuis plus d'un demi- siècle maintenant.
Mais sa vision effaça toutes les idées préconçues de Draco. Il le trouvait attirant. Pas beau, non, mais....étrangement envoûtant. Magnétisant.
« Le pouvoir te permet d'obtenir ce que tu veux, Draco. C'est pourquoi nous passons toute notre vie à le rechercher, afin de combler nos propres désirs. Mais le pouvoir est lui-même le désir plus important ; un homme vendrait son âme pour lui. » Ces paroles de son père lui revenaient en tête. Et à présent, il le comprenait plus que jamais.
Le Seigneur des Ténèbres semblait tellement puissant....de l'énergie pure se dégageait de son corps tout entier.
Le garçon blond n'arrivait plus à en détacher le regard ; il lui semblait qu'à chaque seconde il acquérait lui-même une partie de cette énergie.
Lord Voldemort était bel et bien en train de l'hypnotiser ; il lisait au plus profond de son âme.
Au bout d'un moment, Draco sentit que la tension était trop forte et il craqua. Son regard se posa sur les pierres du sol, tandis qu'il avait l'impression réconfortante de récupérer une partie de son esprit.
La bouche du mage noir s'étira en un sourire. « Faisons les choses dans l'ordre. Quel est ton nom ? » dit-il avec une voix relativement différente que celle que Jacques Martin eut utilisé dans la même situation.
« Draco Lucius Malfoy » répondit celui-ci, qui n'osait plus fixer les yeux rouges.
« Pourquoi es-tu ici, Draco Lucius Malfoy ? »
« Mon père.....Vous l'avez demandé, Seigneur, se rattrapa le jeune blond en espérant que sa réponse convienne au chef des Mangemorts.
« Ca, je le sais déjà, fit remarquer l'homme serpent. Mais ta réponse amène une autre question : pourquoi m'obéis-tu, Draco ? Pourquoi choisir de me servir, alors que tu pourrais te livrer aux occupations somme toute innocentes des adolescents de ton âge ? »
« Vous êtes…un sorcier puissant - le plus puissant au monde, répondit Draco, qui avait l'impression que ses artères allaient éclater sous la pressions sanguine. Vous voulez débarrasser le monde sorcier des sangs impurs, voilà pourquoi je désire vous servir, maître. »
Le vieil homme eut un bref rire. « Je ne suis pas encore ton maître, Draco Lucius Malfoy. » Il reprit son sérieux, mais une lueur brillait encore dans son regard.
« Dis-moi, jeune Serpentard, pourquoi ais-je l'impression que tu ne fais que répéter bêtement les paroles de ton noble père ? Avoue que notre...... « collaboration » débute plutôt mal si nous ne sommes pas sincères l'un envers l'autre. »
Draco garda les yeux rivés au sol. Il avait échoué. Mais son père n'aurait même pas le loisir de pouvoir l'en blâmer, puisque dans moins de 2 minutes son unique fils serait un tas de cendres.
L'héritier de Serpentard se leva et descendit de son fauteuil avec une grâce presque surnaturelle. Il s'approcha d'un Draco plus mort que vif. Lui plaçant un long doigt fin sous le menton, il l'obligea - doucement - à relever la tête.
A nouveau, le garçon blond se perdit dans les deux tourbillons de feu, qui le sondèrent pendant un long moment. Ses forces l'avaient abandonné - son esprit s'évaporait peu à peu.
« Suis-moi » dit finalement le Seigneur des Ténèbres en lui tournant le dos.
Le jeune homme aux yeux gris ne sortit pas réellement de sa torpeur et se sentit suivre le grand homme squelettique sans même avoir conscience d'avoir ordonné cela à son corps.
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