Voilà, déjà l'avant-dernier chapitre ! Je trouvais dommage de couper à ce moment-ci, mais je me consacre à d'autres ch'tites fics plus les devoirs de vacances alors je suis contente de terminer (enfin) celle-ci, même si elle ne paie pas de mine, parce qu'elle m'a tout de même pris pas mal de temps. (tout est terminé mais le temps que je retape tout ça.....)

Donc je résume, Draco a rencontré le Seigneur des Ténèbres, et celui-ci lui a dit de le suivre....Que va-t-il se passer ? Attention s'il y a des fans d'une certaine personne qui lisent cette histoire (en fait s'il y a des gens tout courts, lol) je risque de me faire tuer à la fin...moi-même j'aurais râlé si ça avait été l'histoire de quelqu'un d'autre, mais comme je suis une auto-sadique (ha, ça se dit maso ??) ^-^

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Chapitre 3: jalousie.

Samedi 9 janvier

« Affligeant » marmonna Rogue en relisant une ancienne copie sur les usages abusifs des potions médicinales. L'élève qui lui avait rendu cette dissertation avait certainement du offrir un sacré paquet de Gallions à Fudge pour être passé en 5ème ! L'homme aux cheveux noirs ne prit même pas la peine de lire la suite et griffonna un «E» en haut de la page.

Cela ne lui ressemblait pas ; la rentrée était après-demain, et il n'avait toujours pas fini de corriger les travaux qu'il avait ramassés juste avant les vacances. Il avait néanmoins eu d'autres choses à penser, et à faire, et à ces moments-là la correction de véritables nids d'idioties lui semblait appartenir à un univers totalement différent - un univers futile et insouciant où les punitions étaient de simples retraits de points symboliques qui ne vous laissaient aucune marque ni blessure sur le corps.

Il lâcha sa plume et laissa tomber son front sur sa main, fermant les yeux et soupirant longuement. Dieu du ciel, pourquoi s'était-il débarrassé de cette foutue pensine....?

Deux coups discrets contre sa porte le réveillèrent. Rogue regarda la pendule. 21h.....un samedi soir à cette heure-là, cela ne pouvait qu'être le directeur - il ne restait après tout qu'une vingtaine de personnes dans le château.

Il se leva et alla ouvrir.

Il était là. Bien sûr ; il lui avait lui-même proposé au gosse de passer le voir. Simplement, il pensait que celui-ci avait oublié, ou qu'il n'en avait pas eut l'envie - ce qui l'eut légèrement vexé, il n'offrait après tout que rarement son aide !

« Bonsoir, professeur, j'espère que votre proposition tient toujours ? Je sais qu'il est tard, mais je n'ai pas osé venir plus tôt » expliqua-t-il d'une voix calme.

Rogue ne se demanda pas où était passé l'adolescent arrogant et vantard qu'il couvrait d'habitude ; il savait par expérience que certaines épreuves vous rendait homme avant l'âge.

« Entrez, Malfoy » dit-il en se reculant et en refermant la porte. Un bref coup d'oeil sur son bureau surchargé lui indiqua que ce ne serait pas le meilleur endroit pour avoir une discussion sérieuse. L'homme habillé de noir réfléchit, pendant que le jeune homme blond restait debout au milieu de la pièce, attendant qu'il lui montre où s'asseoir.

A contrecoeur, l'homme se dirigea vers la grande armoire où il rangeait ses ingrédients principaux et murmura un inaudible « Magyar à pointes » (« choisissez un mot de passe plus complexe que le mien, Severus, tout le monde semble connaître ma passion pour les sorbets au citron »).

Le meuble se déplaça littéralement, dévoilant un étroit escalier sombre. « Suivez-moi » ordonna-t-il à Malfoy.

Draco lui obéit, et pour la troisième fois depuis le début des vacances, il se retrouva à suivre un homme de haute taille avec appréhension. Pourtant, il s'agissait ici d'un ami.....ou du moins d'un allié.

Lorsqu'il arriva dans ses appartements, Severus murmura un vague Lumos et fit signe au jeune homme de s'asseoir dans un des hauts fauteuils. Celui-ci s'exécuta en regardant autour de lui. Il constata avec surprise que cette pièce à l'ameublement sobre et austère regorgeait cependant de sculptures et peintures représentant des dragons majestueux et/ou terrifiants - il ignorait que son professeur puisse se passionner pour quoique ce soit d'autre que les chaudrons bouillonnants.

« Quelque chose à boire ? »

« Décidément c'est une manie.... » déclara l'élève de Serpentard pour lui- même.

« Je vous demande pardon ? » fit Rogue d'un air agacé.

« Non merci, professeur. »

Le grand homme sombre s'assit finalement à son tour et observa le jeune blond, qui semblait hypnotisé par le feu qui venait à l'instant de s'allumer dans la cheminée.

Rogue attendit qu'il fasse le premier pas. Après tout, c'était lui qui était venu. Mais c'est toi qui le lui as proposé....

« Comment faites-vous ? » demanda Draco au bout d'un moment, le regard toujours perdu dans les flammes vives.

Le Mangemort ne répondit rien.

« Endurer tout cela....commettre les atrocités qu'il vous ordonne....et garder bonne conscience ? » continua l'adolescent.

« Je n'ai jamais prétendu que je faisais ça de gaieté de coeur, ou que je le prenais à la légère. Et j'avoue que je suis tout sauf fier » admit le directeur des Serpentard. « Vous êtes encore jeune, Draco, plus tard vous comprendrez qu'il n'y a ni noir ni blanc, dans ce monde, pas plus que de Bien ou de Mal ; seulement des nuances, des demi-teintes - et une subjectivité omniprésente. »

Il attendit une réponse - une contestation, peut-être une révolte - mais elle ne vint pas.

Finalement, le blond soupira. « Je ne suis peut-être qu'un gosse de 16 ans, professeur, mais j'ai déjà compris cela. »

« Dans ce cas vous n'êtes plus un enfant, Draco. »

« Non, répliqua aigrement le garçon au nez pointu, je suis un adulte à part entière, maintenant que j'ai brillamment passé mon permis de tuer. »

« Personne n'a ce droit, Draco, le contredit Rogue. Voldemort essayera peut- être de vous inculquer que la mort n'est qu'un passage, qu'elle est futile, banale, mais s'il y arrive, alors à ce moment-là il aura réussi à vous briser et à vous ôter votre dignité d'être humain. »

L'adolescent détacha son regard du feu pour se planter dans celui - sombre, comme à l'accoutumée - du maître des potions.

« La mort est tout sauf « banale », Draco - n'en faites pas une habitude, apprenez seulement à ne pas vous laisser dominer par elle. »

« Mais vous l'avez tué si facilement.... » murmura le blond d'une voix faible.

« Je n'avais pas le choix, se défendit Rogue en secouant lentement la tête, c'était lui ou moi....ou plutôt nous deux. »

De plus il le méritait, pensa-t-il avec amertume - et.....tristesse ? Oui, indéniablement, même s'il ne l'admettrait jamais à qui que ce soit.

« Mais vous torturez à tort et à travers, vous faites comme tous les autres - rien ne bouge pour le moment, combien de temps cela peut-il encore durer ? Peut-être finirez-vous avec tous ces monstres, tué au beau milieu d'une bataille sans avoir pu prouver qui vous serviez réellement ! » s'exclama Draco.

« Je ne suis plus l'un d'eux ! J'ai décidé avant votre propre naissance de.... » protesta Rogue avec hargne.

« Mais où est la différence, professeur !? le coupa le jeune garçon. Rien n'a changé, vous lui obéissez toujours, vous mutilez toujours des moldus innocents, alors peut-être que votre état d'esprit a changé mais le résultat lui est toujours le même ! » fit-il avec rage. Il enfouit son visage dans ses mains et se recroquevilla dans son fauteuil.

Rogue eut envie de lui lancer une réplique cinglante qui le remettrait à sa place, mais au même moment, il comprit que l'adolescent ne cherchait en fait qu'à extérioriser son propre dégoût envers lui-même. Il essayait simplement de minimiser ce qu'il avait fait ; il avait besoin de sentir qu'il y avait des personnes qui faisaient pire que lui.

Mais le maître des potions ne serait pas son bouc émissaire ; le garçon devrait assumer ses actes, et vivre avec. « Draco.....» commença-t-il d'un ton dur.

Le jeune homme ne bougeait toujours pas, le visage caché dans ses mains.

« Draco, reprit-il d'un ton qui se voulait plus doux, croyez-moi je sais ce que vous ressentez. Essayer de nier la vérité ne servirait à rien, elle ne ferait que rejaillir plus tard et avec plus d'intensité. D'un autre côté, sachez que si vous êtes coupable, vous n'êtes pas responsable. »

« Et ça change quoi ? » fit le jeune étudiant en relevant la tête. Des larmes avaient roulé le long de ses joues. Rogue fit semblant de rien ; le garçon avait le droit de craquer, il gardait probablement ça refoulé depuis plus d'une semaine - il se souvenait de son comportement insouciant avec Potter au déjeuner, lorsqu'il les avait observés ; cela avait du être dur pour lui, ou peut-être n'avait-il simplement pas encore accusé le coup.

« Cela fait une grosse différence, Draco , déclara-t-il. Maintenant, deux choix s'offrent à vous : soit vous refusez avoir participé à tout cela et continuez à vous mentir à vous-même en prétendant que vous êtes innocent, soit vous l'assumez et vous conduisez par la sorte en adulte mature et responsable. »

Le jeune homme se laissa glisser en bas du fauteuil et plia ses jambes devant lui, les encerclant de ses bras. « Pourquoi, fit-il d'un air désabusé, vous en connaissez des adultes matures, vous ? »

Le Mangemort savait que ce n'était pas une véritable question ; il ne répondit rien. Il se contenta d'observer l'adolescent dont le visage était faiblement éclairé par les flammes.

Incroyablement beau....comme ton père. Mais je ne te laisserai pas suivre le même chemin que lui. Je ne les laisserai pas faire à nouveau, jura Rogue mentalement, et son coeur se crispa.

« Vous croyez qu'il a souffert ? » l'interrogea Draco au bout d'un moment, le regard vide.

L'homme au nez crochu se demanda de quelle personne il parlait, puis décida que de toute façon ce qu'il devrait dire s'appliquerait probablement aux trois hommes.

« Quel genre de réponses attend-tu ? La vérité, ou celle qui te réconforterait le plus ? Je ne suis pas psychologue, Draco, et contrairement à Dumbledore je n'essaie pas de protéger mes élèves de la réalité. »

Le blond inclina sa tête, la posant sur ses genoux et ferma les yeux. Rogue n'entendit bientôt plus que sa douce et lente respiration et les crépitements des flammes. Il baissa ses paupières à son tour et laissa tomber sa tête en arrière ; pourtant son esprit refusait obstinément de se vider.

« C'était pareil ? » entendit-il au bout de plusieurs longues minutes.

« Pardon ? » fit-il en se redressant.

L'adolescent, toujours la tête inclinée, le regardait fixement de ses yeux gris - un regard troublant, pénétrant.

« Votre propre cérémonie « d'intronisation » ....c'était pareil ? »

Le Mangemort eut un faible sourire. « Oh, c'était quelque peu différent, mais l'idée était là. »

Draco fit un léger « tss » en haussant les épaules, puis fixa à nouveau le feu. « Vous aussi, il avait demandé à vous voir avant la cérémonie ? »

Rogue eut soudain l'air surpris. « Non, nous ne le rencontrions que le soir des Epreuves, où il nous jugeait et s'il nous considérait comme digne de confiance, il nous marquait, sans quoi..... » Il se tut, se souvenant trop tard de sa gaffe, mais l'adolescent ne semblait pas avoir remarqué.

« Il a demandé à vous voir, Draco ? » continua-t-il d'un air intéressé.

« Si on veut, oui, répondit vaguement le blond. Enfin, « demandé » est un mot trop gentil, « exiger » conviendrait mieux....pas vous ? »

« Non », déclara le maître des potions. Il se sentait étrange ; il n'avait jamais parlé à personne de son entrée au sein des Mangemorts, mais d'un autre côté.....personne n'aurait pu le comprendre mieux que le jeune homme au teint pâle assis en face de lui.

« Que s'est-il passé, Draco ? » reprit-il.

Le blond soupira.

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25 décembre

Les portes de la pièce du fond s'ouvrirent d'elles-mêmes et le jeune homme y entra avec crainte - Goyle lui avait raconté qu'il s'agissait de la salle de torture privée de Voldemort, où personne n'avait le droit d'entrer, si ce n'est les malchanceuses victimes.

Il découvrit pourtant, au bout d'un couloir, un ravissant salon tout meublé de bois noir, qui donnait sur plusieurs portes. Etait-il possible que le Seigneur des ténèbres habite dans sa propre maison.... ??

« Assieds-toi », fit l'homme. Draco s'exécuta et s'assit dans un fauteuil incroyablement moelleux et confortable.

« Quelque chose à boire ?»

Cette question prit le jeune garçon au dépourvu. Etait-ce un piège ? « Non merci », choisit-il de répondre.

L'homme au nez de serpent s'assit souplement dans le fauteuil en face de Draco. Il croisa ses longs doigts et observa fixement le jeune blond, mort de peur, avec une expression....bienveillante. Oui, bienveillante était le mot. A la manière d'un grand-père à qui ses petits enfants adorés font une visite.

« Détends-toi, fit-il au bout d'un moment. Nous allons simplement discuter ensemble afin que je puisse décider si tu es apte à me servir. S'il se trouve que non, tu subiras simplement un sort d'effacement de la mémoire et tu ignoreras que les réunions des Mangemorts ont lieu dans ce manoir. »

Le Seigneur mentait, bien sûr. Il avait l'intention de prendre l'adolescent à son service de toute façon, il l'avait suffisamment observé pour savoir qu'il en était digne; et heureusement pour celui-ci, car dans le cas contraire, il n'eut certes pas reçu un simple et inoffensif Oubliettes.

Mais Draco était jeune et crédule. Il connaissait bien sûr les histoires que l'on racontait à propos de Lord Voldemort, mais d'un autre côté il avait confiance en lui-même, et une pointe de sa Malfoy-arrogance rejaillit en lui lorsqu'il se rendit compte que le Maître le jugeait en tant qu'homme à part entière. Il se décontracta lentement, restant toutefois sur ses gardes.

« Maintenant dis-moi, jeune Serpentard, que reproches-tu exactement aux Sang-Mêlé ? » reprit l'homme aux yeux rouges d'une voix douce.

« Ils....ils affaiblissent notre race », expliqua difficilement Draco, pour qui cela avait toujours semblé d'une évidence frappante, mais se rendait compte aujourd'hui qu'il n'avait pas d'arguments logiques.

« Je veux dire, nous sommes supérieurs à ces moldus, mais juste parce que certains d'entre eux parviennent à lancer quelques sorts ils se croient tout permis. Ils débarquent dans notre monde avec leurs idées ridicules, leurs exigences, ils essaient d'imposer leur mode de vie et de pensée - le monde moldu ! Chacun devrait rester de son côté et connaître sa place ; ces imbéciles devraient accepter leur infériorité et ne pas chercher tout le temps à nous discréditer ! »

Il avait dit cela d'une traite, et son souffle manquait.

Voldemort sourit intérieurement ; au moins sa nouvelle recrue semblait motivée. Bravo, Lucius, tes années d'endoctrinement et de bourrages de crânes ont été on ne peut plus efficaces....

« Je partage ton point de vue, Draco, l'approuva-il avec un sourire. Il y a hélas trop peu de sorciers dans ton cas. Ils préfèrent tous continuer leurs petites vies égoïstes, sans se soucier de l'avenir du monde qui est pourtant le leur. »

Il soupira longuement avant de reprendre. « Avec des gens comme toi, Draco, les choses pourront évoluer et reprendre leur cours normal. Tu l'as dit toi-même, les sorciers sont supérieurs, il ne s'agit pas ici de tolérance, pitié ou autre imbécillité de ce genre. Les lions mangent les gazelles, c'est la loi de la nature. Et vouloir respecter les règles de la nature est sans conteste la meilleure chose à faire. »

« Une noble mission..... » murmura le blond en acquiesçant.

« Peux-tu répéter ? » demanda le Seigneur des Ténèbres, qui avait parfaitement entendu.

« Mon père a dit que c'était une « noble mission », reprit Draco, dont les battements cardiaques commençaient seulement à se stabiliser.

« Ah.....fit l'homme aux yeux rouges, Lucius a bien cerné la chose, en effet. » Il était heureux que le gosse ait abordé si vite le sujet paternel.

« Et bien sûr, tu as le même état d'esprit que ton père, je suppose ? C'est un homme brillant ; il doit être ton modèle.... »

Draco soupira discrètement. Lucius Malfoy, son modèle ? Oui et non....pour certaines choses sans doute, à savoir l'aspect qu'il présentait au commun des mortels ; mais si le jeune Serpentard avait des enfants, il ne les traiterait certainement pas de la même manière..... Il n'avait pas envie de parler de ses problèmes personnels avec un étranger. Mais d'un autre côté, il lui semblait que l'homme assis en face de lui n'était plus un étranger....De plus, le garçon avait la désagréable impression depuis le début de l'entretien que Voldemort lisait ses pensées.

« Oui, je fais ce qu'il me demande », répondit-il au bout d'un moment.

« Ce qui n'est pas réellement la même chose.....Es-tu fier de ton père, Draco ? » demanda-t-il brusquement.

Celui-ci releva la tête. « Bien sûr ! Les Malfoy ont toujours eu une haute réputation grâce à lui, et ce n'est pas le genre de personne facilement impressionnable. »

« Tu essaies de lui ressembler.....? »

« Oui, je m'y applique, répondit franchement l'adolescent, car je sais que mon père obtient toujours ce qu'il désire. »

La conversation avait totalement perdu son ton officiel.

« Oui, Lucius est une véritable force de persuasion et de volonté.....c'est ce que j'aime en lui : quoiqu'il désire, il l'obtien Pour peu que je ne m'en mêle pas, songea avec ironie l'héritier de Serpentard, esquissant un sourire furtif. « De plus, Lucius présente aux yeux du monde un visage respectable ; mais même les plus grands ont leurs faces cachées....N'as-tu jamais rien eu à lui reprocher ? » fit l'homme avec des yeux brillants.

Le jeune blond ne répondit rien. Son père avait toujours été généreux avec lui ; il offrait des balais performants à l'équipe des Serpentard chaque année.....Mais à côté de ça ? Jamais il n'avait serré son fils dans ses bras, jamais il ne lui avait dit combien il était fier de lui..... Jamais il n'avait joué au quidditch avec lui dans leur jardin pourtant gigantesque.

L'adolescent se souvint que Crabbe lui-même se vantait que son père, qui maniait soi-disant divinement bien un balai, lui avait donné des cours pendant des heures, mais Draco en avait ri avec les autres car Crabbe n'était pas capable de rester plus de 5 minutes en l'air sans s'étaler au sol. Néanmoins, le garçon semblait sincère...

Sa mère l'avait toujours soutenu, sans toutefois l'étouffer ; elle lui faisait des câlins affectueux lorsqu'il était jeune, il avait toujours adoré son odeur - un parfum aux odeurs de fleurs, assorti à son nom. Son géniteur avait-il seulement eu le moindre petit geste d'affection pour lui, ne serait-ce que lui tapoter sur la tête, comme tout parent qui se respecte fait en moyenne 5 fois par jour ?

Draco se savait fier de son père, mais pouvait-il prétendre avoir de l'affection pour lui ? Lui dirait-il «je t'aime » s'il en avait l'occasion ?

De nombreuses images d'humiliation et de rejets assaillirent l'esprit du Seigneur des Ténèbres, qui se délectait des souvenirs de l'enfant aux yeux gris. Tu as été parfait, Lucius.

Le jeune homme ne disait toujours rien, perdu dans ses pensées. Voldemort l'observait en silence, fasciné.

« J'ai toujours rêvé d'avoir un fils », admit-il au bout d'un moment.

Draco sortit de sa torpeur, surpris.

« Un fils qui te ressemblerait, continua l'homme assis face à lui. Un enfant à modeler à ma façon, à protéger, à voir grandir en me répétant combien je suis fier d'avoir créer quelque chose d'aussi pur. » Il baissa lentement la tête, les yeux dans le vague.

« Hélas, on ne m'a pas laissé le temps, de plus je ne voulais pas d'un enfant dont on aurait pu se servir pour m'atteindre. Je ne pouvais lui promettre une existence sûre, alors j'ai préféré attendre. Mais aujourd'hui, il est trop tard..... »

Draco ouvrit béatement la bouche, puis la referma aussitôt. C'était pas possible, quelqu'un avait du kidnapper le vrai Seigneur des Ténèbres et le remplacer par ce grand-père sénile !

Mais non. Le jeune blond put donner des dizaines de qualificatifs différents au maître des Mangemorts, mais jamais celui de

« sénile ». De plus, en ce moment où il lui faisait part d'une de ses rares faiblesses, Voldemort n'en semblait que plus...puissant.

Draco eut l'envie subite de le prendre dans ses bras. Horrifié, il se rendit compte qu'il s'était déjà redressé, prêt à se lever. Il se rassit avec gêne.

Le mage noir sourit intérieurement. Tout fonctionnait à merveille.

Il releva lentement la tête et fit un clin d'oeil à l'adolescent. « Comme tu vois, dit-il, même moi je ne peux pas tout avoir. »

« Mais vous pouvez toujours...enfin je veux dire...avoir un enfant...., balbutia le blond.

L'homme reptilien secoua doucement la tête. « Je vais te dire un petit secret, Draco. Voire un très gros secret. » Il se pencha en avant et planta ses yeux de feu dans ceux du jeune garçon.

« Je ne suis pas plus immortel que la fleur qui pousse à l'aube et meurt le soir. J'ai seulement réussi à prolonger ma vie, mais je sais qu'un jour moi- même devrais quitter ce monde. » Il se redressa et se colla à son fauteuil.

« Seulement, comme je ne suis pas sûr que ma « noble mission » soit accomplie avant que je doive partir, j'ai décidé de transmettre mes pouvoirs à mon héritier ce jour-là, afin qu'il puisse finir ce que j'ai commencé il y a bien longtemps. »

Il ferma ses yeux un instant, et l'adolescent pu voir ressortir les veines des ses paupières presque translucides. « Le fait est que je n'ai pas de descendance et il est trop tard à présent pour commencer à pouponner ; je n'aurais toute façon pas le temps d'apprendre à mon fils ou ma fille tout ce que je sais. »

Il rouvrit les yeux. « C'est pourquoi j'ai décidé de faire de toi mon héritier, Draco. »

Celui-ci ne dit rien, mais eut l'impression que ses globes oculaires allaient sortir de leurs orbites. Il voulut parler, mais rien ne sortit.

« Tu es parfait pour ce rôle, je te fais confiance, continua Voldemort. Toi et moi partageons les mêmes idées, et je sais pour m'intéresser à toi depuis longtemps déjà qu'il y a une grande puissance en toi, malgré ton jeune âge. Tu es différent des autres, Draco, tu les surpasses. Tu es le fils que j'aurais aimé avoir. »

L'homme au nez de serpent étira sa bouche en un sourire affectueux et le jeune Serpentard sentit une boule se former dans sa gorge. Il ressentit soudain des picotements dans son oeil droit et se le frotta inutilement. Bientôt l'oeil gauche s'y mit aussi, et sa première réaction fut la honte. Pleurer ainsi, devant le Seigneur de Ténèbres ! Pourquoi cela lui faisait- il cet effet-là ?!

Peut-être parce que personne auparavant ne lui avait jamais dit qu'il valait plus que les autres, que personne n'avait simplement été aussi gentil et sincère avec lui, que personne n'avait jamais émis le souhait de l'avoir comme fils.....et que même les carapaces les plus dures pouvaient être percées - surtout les carapaces aussi jeunes - pour peu que l'on ne s'y attaque pas de la manière forte.....

« Merci », fit-il au bout d'un moment, sincèrement.

« Merci....vraiment. »

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« Je ne pensais pas te trouver ici. »

« J'avais besoin de me défouler » se défendit Lucius en refermant la grille de la cellule où deux moldus inconscients baignaient dans leur propre sang.

« Et...est-ce que cela t'a fait du bien ? » chuchota l'homme sans lèvres avec une lueur dans les yeux.

Non, bien sûr. Torturer ces gens-là était comme coucher avec des inconnus. Aucun plaisir, aucune jouissance digne de ce nom. Seuls les personnes que vous connaissez, amis ou ennemis, sont capables de vous faire atteindre le paroxysme du plaisir par leurs soupirs et gémissement - ou cris de douleur, tout était relatif.

En ce moment, le Mangemort sentait qu'il eut particulièrement apprécié d'étrangler lui-même une certaine personne à mains nues.

« Enormément » ironisa le blond avec un rictus.

Il pivota et parcourut d'un pas vif les cachots sombres de son manoir, espérant à échapper à son bourreau, mais celui-ci réapparut instantanément devant lui, par magie, lui bloquant le passage.

Lucius sursauta. « Tu sais que je n'aime pas ça » dit-il d'un air agacé.

« Le Seigneur des ténèbres n'a pas à se préoccuper de ce qu'aiment ou pas ses esclaves », le nargua l'autre.

« Oui, évidemment, Le Seigneur Des Ténèbres est bien trop parfait et bien trop important pour se préoccuper de ce que les autres peuvent bien penser ! » cracha l'homme aux longs cheveux blonds.

Les pupilles de Voldemort se rétrécirent, mais Lucius ne lui laissa pas le temps de parler. « Pourtant vous devriez, Votre Majesté, parce qu'il semble qu'à cause de ce manque d'intérêt vos « sujets » vous laissent tomber à la première difficulté ! »

L'homme aux narines de serpent eu un sourire mauvais. « Je l'ai en effet constaté. Mais je ne ramènerais pas le sujet sur le tapis si j'étais toi ; tu as été le premier à me renier il y a 15 ans. Je croyais pourtant que nous avions passé de bons moments ensemble.... »

« De bons moments, certainement ! » siffla le blond avec un regard haineux. « La vérité, continua-t-il, c'est qu'ils n'ont pas hésité à t'abandonner - et le feraient à nouveau s'ils le pouvaient - parce que tu ne comptes pas pour eux. Tu es un maniaque et un mythomane, Tom ; il n'y en a pas un qui ne souhaite pas te voir mort. »

« Ils me respectent et me craignent » souffla Voldemort, dont le visage avait perdu toute trace d'amusement.

« Ils te respectent ? répéta Lucius avec ironie. Non, tu l'as dit toi-même, ils te craignent, et ça fait une grande différence. Ils ne te sont pas fidèles, et je suis sûr que s'ils pouvaient te faire disparaître et être lavés de tout soupçon, ils le feraient sans

hésiter. » Il pouvait sentir la fureur animer le moindre petit muscle de son corps.

« Même Draco te craint, continua-t-il. Peut-être penses-tu qu'il t'apprécie à cause des débilités que tu lui sors, mais c'est faux ! Il finira par te détester, comme tout les autres. Mon fils ne t'aime pas, Tom, pas plus que moi ou tes autres chiens-chiens ; ils espèrent tous te voir crever comme le vieillard dément et desséché que tu es !! »

Il se fixèrent du regard pendant un long moment. Lucius avait les poings crispés avec rage et son coeur semblait vouloir sortir de sa poitrine.

Ce monstre lui volait son fils...

Non....son fils lui volait l'affection du monstre en question, voilà où était le problème. De qui devait-il être jaloux, à qui devait-il en vouloir ? Il se sentait exclu, de toute manière. Et il n'aimait pas ça.

Le visage contracté de l'héritier de Serpentard redevint lisse. Puis, il leva lentement la main, et d'un seul coup le blond se sentit projeter contre un mur en pierre et retomba, semi-inconscient.

Il leva difficilement les paupières, pour découvrir deux yeux rouges et froids qui le fixaient d'un air étrange.

« Tu me déçois vraiment, Lucius » chuchota Lord Voldemort, accroupi à côté de sa victime adossée au mur.

L'homme-serpent laissa glisser ses fins doigts le long de la joue du blond et lui dit d'une voix peinée : « Je te croyais différent de tous ces idiots. Bien sûr qu'ils me craignent, c'est le seul moyen de se faire obéir, et tu le sais. Mais toi, Lucius....tu étais le seul à compter réellement pour moi ».

Il se releva sans un bruit et sortit de la cellule, qu'il verrouilla avec une vague geste de la main. « Nous nous reverrons à la cérémonie » ajouta-t-il d'une voix froide à travers les barreaux. » Puis, il abandonna Lucius à l'obscurité glacée des cachots.

Celui-ci, le corps douloureux, cacha son visage entre ses mains. Il se sentit misérable. Son propre fils, qu'il avait toujours humilié en dépit de l'affection qu'il lui portait, allait s'allier avec Voldemort, et les deux rejetteraient l'homme blond, qui serait relégué au rang de Mangemort de seconde classe.

Tom...Lucius venait de se disputer avec l'une des rares personnes qu'il aurait pu prétendre aimer quoiqu'il arrive. L'homme qui l'avait recueilli alors que lui-même souffrait de l'indifférence de son père. L'homme qui avait avoué ce soir-même que le blond comptait pour lui.

C'était sa faute, il ne savait pas tenir sa langue, il n'avait aucun contrôle de lui-même ; sa fureur lui avait fait dire des choses qu'il ne pensait pas - et qu'il regrettait.

Tom ne lui pardonnerait certainement pas pour ce qu'il lui avait lancé, et s'il ne le tuait pas, il y avait de fortes chances pour qu'il le torture, ou qu'il l'ignore tout simplement.

« Ce qui serait pire » songea le Mangemort.

« Pardonne-moi, Tom...j'étais en colère.....je ne le pensais pas....prends mon fils, si tu veux, je te le laisse....je t'aime réellement, Tom, ne m'abandonne pas...j'ai besoin de toi.... »

Pour la première fois depuis plusieurs décennies, Lucius Malfoy sentit une larme rouler le long de sa joue.

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Samedi 9 Janvier

« Puisque vous en parlez, je suis désolé pour votre mère, Draco. »

« Vous n'avez pas à l'être, dit celui-ci. Après ce qui est arrivé, je pense qu'elle n'aurait pas pu continuer à vivre bien longtemps de toute façon. Seulement », il soupira doucement, « je pensais être assez important à ses yeux pour que.... » Il ne put continuer.

« C'est après qu'elle soit morte que vous avez décidé de vous enfuir du manoir ? » demanda Rogue, debout dans un coin de la pièce.

« Oui, acquiesça l'adolescent d'une voix faible. Dès que je l'ai vu, étalée dans la neige, » Morte, la figure pleine de sang, les yeux grands ouverts, semblant dire tout est de ta faute, « j'ai fais ma valise et j'ai foncé jusqu'ici en balai. »

« Vous êtes certain que personne ne l'a tuée ? » l'interrogea Rogue d'un air suspicieux.

Draco secoua lentement la tête. Non, la fenêtre du 3ème était grande ouverte, et de toute façon, pourquoi quelqu'un aurait-il voulu la tuer ?

A nouveau les larmes glissèrent sur ses joues, tandis que l'homme au nez crochu lui apportait une tasse de thé brûlant.

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