CHAPITRE 03

Un silence assourdissant suivit la bombe que Severus venait de laisser tomber.

"Adoptée?" Maintenant sa voix était hystérique. "C'est un mensonge, c'est un mensonge de merde, espèces de… espèces de bâtards!" Son visage paraissait ridicule, montrant un mélange de refus enfantin, de négation absolue et totale de ce qui ne devait pas être, et de fureur adolescente. Et il y avait une sensation plutôt tangible de pouvoir dans la salle, qui n'était pas entièrement due aux trois hommes. Elle commença à pleurer, en sanglots sauvages, déchiquetés ; pas pour la première fois, Severus maudit ses parents pour ne pas avoir expliqué plus tôt, pour avoir échoué à ce moment très crucial. Cela aurait été leur devoir de lui annoncer ces nouvelles; il aurait été suffisamment difficile de lui dire le reste .

Donc ils attendirent, plus exaspérés que patients, jusqu'à ce qu'elle se fût un peu calmée. Un peu plus tard, il apparut que, de nouveau, son esprit gagnait le dessus sur ses émotions. "C'est la vérité, n'est-ce pas?" dit-elle catégoriquement, fouillant dans ses poches pour chercher un mouchoir.

Severus hocha la tête. "Oui," dit-il, lui tendant le sien, amidonné et parfait et impeccablement blanc, "C'est la vérité. Mais pas encore toute la vérité "

Soudain, ses yeux s'élargirent. "Je ne suis pas… je ne suis pas votre fille?" Son regard passa de Owen à Lucius puis à Severus, et il n'était pas difficile de lire sur son visage l'anxiété et l'incertitude quant à ce qui serait le pire: être une McNair, une Malfoy ou une Rogue.

"Non " Owen réussit quelque chose qui ressemblait à un sourire. "Pas la fille de l'un d'entre nous. Mais… Mademoiselle Granger, combien en savez-vous sur la première montée au pouvoir de Voldemort ?"

Il s'avéra qu'elle en savait vraiment beaucoup. Après l'aventure de Potter dans la pensine de Dumbledore, et après que Karkaroff ait si imprudemment embarrassé son vieil ennemi dans la salle de classe de Potions—bien sûr, Potter avait immédiatement babillé à ce sujet avec ses amis, aucune surprise là-dessus—elle avait fait autant de recherches qu'elle l'avait pu. La bibliothèque de Poudlard n'était pas trop bien équipée de littérature sur ce sujet; pas que ce soit une grande surprise pour qui que ce soit, car Fudge avait fait de son mieux pour effacer autant de traces que possible du tableau noir de l'Histoire. Malheureusement, pensa Severus, l'histoire n'était nullement un agglomérat de vérités taillées dans la pierre. C'était un tableau noir au mieux, et quiconque était assez rapide pour s'emparer de la craie et de l'éponge pouvait faire croire tout ce qu'il voulait à ses disciples avides.

Il interrompit brusquement le rapport de Hermione, bien qu'il fût conscient que ce simulacre absurde d'examen l'aidait probablement à garder son sang-froid. "Le nom de Lestrange signifie-t-il quoi que ce soit pour vous?"

Son expression, qui avait été plutôt contrariée quand il avait interrompu son discours, revint à une expression choquée. "Ils… oui, ils étaient dans la pensine du Directeur, je veux dire, Harry nous a dit qu'ils ont été jugés avec Croupton, et… et que c'était eux qui avaient torturé les parents de Neville…"

"Eux-même," remarqua sèchement Lucius. "St. Jean Lestrange, ayant maintenant presque cinquante ans, était notre Directeur de Maison à Poudlard. Un sorcier puissant, sans mentionner très beau, et un des premiers et des plus ardents partisans de Voldemort. Sa femme Tabitha était dans la même année que nous "

"Vous avez… le même âge ?" Hermione regarda de l'un à l'autre, avec une telle expression de surprise ébahie que Owen commença à rire.

"Oui, nous sommes pairs. Pas de commentaires, s'il vous plaît, ils seraient certainement très désagréables "

Severus lui lança un regard noir et reprit le fil où Lucius l'avait laissé. "Comme vous pourriez déjà l'avoir deviné, St. Jean et Tabitha Lestrange sont vos parents "

Apparemment, elle était toujours trop confuse pour faire la connexion. "Ils sont… mais ils sont à Azkaban!"

"Oui, ils sont à Azkaban " Severus la regarda prudemment, attendant l'explosion suivante. Elle ne vint pas, cependant. De l'expression intense sur son visage, il supposa qu'elle essayait de résoudre ce qui devait encore lui sembler être une énigme inextricable, et non moins terrible.

"Et où intervenez-vous exactement?"

Lucius soupira. "Nous, Mademoiselle Granger—à propos, Hermione est seulement ton deuxième prénom, car tes parents—" elle grimaça et lui lança un regard indigné "—oui, tes parents, et tu ferais mieux de t' habituer à cette pensée. Comme je le disais, ils t'ont nommée Viviane. Viviane Hermione Lestrange. Quand tes parents ont été attrapés chez les Londubats, nous n'avons pas voulu que tu souffres plus que nécessaire, et nous avons plus ou moins imité ce que Dumbledore avait fait avec le garçon Potter. Nous t'avons laissée dans un orphelinat Moldu, avec un morceau de parchemin, sur lequel nous avions écrit ton deuxième prénom et ta date de naissance, fourré dans ta couverture " Une interprétation très… eh bien, généreuse de la vérité. Après tout, Lucius n'avait pas voulu d'elle dans sa maison en premier lieu.

"Pourquoi n'avez-vous pas…" Sa voix vacilla, et pendant quelque temps, elle regarda simplement le mur d'en face, secouant la tête.

"Pourquoi n'avons-nous pas fait quoi, mademoiselle Granger?" l'incita Severus à continuer.

Son regard retourna vers lui. "Pourquoi ne m'avez-vous pas laissée grandir dans le monde sorcier? Il y a aussi des orphelinats magiques, je suppose?"

"Parce qu'il aurait été impossible de cacher votre identité, et le nom de Lestrange pourrait ne pas vous avoir accordé le meilleur des traitements," répondit Severus. "Pensez à ce qui est arrivé à Black, seulement pour vous donner un exemple. Personne n'était très incliné à montrer de pitié à n'importe qui ou à n'importe quoi ayant un rapport avec Voldemort ou ses Mangemorts "

"Je vois " Elle commença à mordiller son ongle du pouce déjà court. "Cela signifie-t-il que je n'ai pas de famille? Comme Harry?"

Lucius et Severus échangèrent un coup d'oeil rapide. Ce dernier haussa les épaules. Il était probablement mieux de dire toute la vérité maintenant—cela pourrait au moins lui permettre de gagner un semblant de confiance envers eux, confiance qui pourrait grandir avec le temps. Sans cette confiance, aucun d'entre eux n'aurait une seule chance.

"Tu… as une famille, et une famille très nombreuse à cela " Quand son visage rougi aux yeux bouffis montra quelque chose ressemblant à un sourire, Lucius éleva les sourcils. "Ne te réjouis pas prématurément, ma chère. Ma femme Narcissa est ta cousine, ce qui fait de toi la tante au second degré de Drago "

"Ma cousine?" suffoqua-t-elle. "Cette…arrogante, hautaine—"

"Attention à ce que tu dis " Lucius se pencha en avant, la transperçant pratiquement de son regard.

"Désolée, je… c'est seulement que je l'ai vue à la Coupe Du Monde de Quidditch, et elle… je veux dire vous tous…"

"La société, ma chère," la coupa, avant qu'elle puisse continuer, "la société demande que nous jouions certains rôles, comme tu n'en prendras conscience que trop tôt. Alors tu ferais mieux de ne pas juger les gens à partir d'impressions vagues "

"Et vous, alors?" demanda-t-elle sans ménagements. "Je vous ai plus vu que votre femme, et je ne pourrais pas dire que vous m'ayez fait une impression plus favorable. Vous avez donné ce journal à Ginny…"

Lucius roula ses yeux. "Devons-nous examiner tout ton passé maintenant? Seulement pour que tu le saches, je n'ai pas donné quoi que ce soit à Mademoiselle Weasley. Drago l'a pris, pendant que Sev— le Professeur Rogue et moi triions les articles les plus intéressants au Manoir, et il l'a glissé dans le chaudron de cette fille. En partie pour s'en débarrasser, parce qu'il avait peur de ma réaction si je découvrais qu'il l'avait chipé, et en partie parce qu'il pensait que ce serait une plaisanterie extrêmement drôle de donner quelque chose d'évidemment Sombre et Interdit à une Weasley, entre tous "

"Drago a donné… mais vous avez fait emmener Hagrid à Azkaban, et vous avez aussi fait en sorte que les membres du Conseil d'Administration écartent le Professeur Dumble—"

"Utilise ce cerveau, ma fille, pour l'amour de Merlin!" dit Owen d'un ton rogue. "Que ferais-tu si ton enfant était dans une école où les élèves se font pétrifier par douzaines? Et par l'Héritier de Serpentard, rien de moins—ou penses-tu que nous ne sachions pas exactement qui est l'Héritier de Serpentard? Aucun d'entre nous n'était trop impatient de le voir revenir, crois moi"

"Cela signifie-t-il que vous tous…" Elle avala et regarda de l'un à l'autre, incrédule.

"Oui, cela signifie que nous tous, Mademoiselle Granger. Nous avons tous les trois été des instruments de la défaite de Voldemort. Maintenant il est de retour, et nous devons essayer de nous débarrasser de lui le plus vite possible. Il est peu probable que la mauvaise volonté du Ministre à reconnaître son retour rende cette tâche plus facile. De plus, nous devrons nous occuper de toi "

"M-mais, personne ne sait qui je suis…"

"Nous savons " Lucius se leva et commença à faire les cent pas. "Nous savons, et tandis qu'il était relativement facile de retenir cette information en ce qui concernait les autres—après tout, aucun d'entre nous n'a été accusé ni jugé—il ne faudra pas longtemps à Voldemort pour ajouter deux et deux. Tu n'avais qu'un peu plus qu'un an, quand tu as disparu du monde des sorciers sans laisser de trace. Tu n'aurais pas pu le faire de toi-même, et ainsi il est plus que probable que nous ayons joué un rôle là dedans. A cet instant, Voldemort est encore trop occupé à planifier et à comploter, et à regagner des forces. Mais crois-moi, il se souviendra de toi avant longtemps "

"Et vous…" Elle regarda Severus, la compréhension pointant sur son visage. "Vous allez acheter votre retour dans ses bonnes grâces en m'apportant à lui?"

Il fronça les sourcils vers elle, secouant la tête. "Soyez gentille d'arrêter cette tragédie de Gryffondor. A ce moment précis, nous ne savons même pas ce qu'il veut de vous. Considérant le fait que vos parents ne lui seront pas de très grande utilité après presque quatorze ans à Azkaban—"

"Comment étaient-ils?"

Les trois hommes la regardèrent avec surprise. "Je te demande pardon?" dit Lucius d'une voix traînante.

"Comment étaient-ils? Mes parents, je veux dire. Vous devez les connaître assez bien "

Lucius se rassit. Il était clairement exaspéré. "Quel genre de question bête est-ce? T'attends-tu à ce que nous—"

"Oui!" Assez amusé , Severus la regarda se lever brusquement de sa chaise et se diriger vers Lucius au pas de charge. Elle se tenait presque sur ses doigts de pieds, le regardant de haut avec colère, les poings fermement appuyés contre ses hanches. "Ce n'est pas une question bête, Monsieur —Cousin Lucius. Et ne pensez pas que vous pouvez entrer en valsant dans la maison de mes parents, me dire les vérités les plus terribles—et je suis encore beaucoup trop sous le choc pour me rendre compte de ce que tout ceci signifie exactement pour ma vie. Alors ne pensez pas que vous pouvez simplement rester assis ici comme si le monde vous appartenait, et me traiter avec condescendance à votre bon vouloir. Vous venez de me dire que les gens que j'aime, les gens auxquels j'ai pensé comme à ma mère et à mon père…" Les larmes jaillirent à nouveau, et elle les essuya furieusement du dos de sa main. "Et alors vous avez le culot de dire que je pose des questions bêtes, quand je veux savoir quel genre de personnes mes… mes parents biologiques étaient?"

Severus se leva et alla se tenir derrière elle. Mettant ses mains sur ses épaules, il dit, de manière aussi calmante que possible, "Mademoiselle Granger, nous sommes tout sous beaucoup de pression, et vous surtout. Alors soyez gentille de vous asseoir "

Elle renifla et tourna la tête pour lever les yeux vers lui. "Vous êtes… en train d'être gentil," remarqua-t-elle.

"Pas vraiment " Il lui fit un sourire moqueur et la guida de nouveau à sa chaise. "Permettez-moi de vous expliquer quelque chose, avant que nous continuions à parler. Vos parents et votre tante devront entrer en dissimulation immédiatement. Heureusement, la renaissance de Voldemort ne nous a pas pris complètement par surprise, parce que nous avons tous senti que quelque chose se tramait pendant toute l'année scolaire. Alors nous sommes préparés, du moins à un certain degré. Et vos parents le sont aussi. Demain, vous, vos parents et votre tante partirez pour la Chypre, d'où nous trois vous ramènerons immédiatement après votre arrivée, mettant en scène la mort des autres en cours de route. Ils seront bien cachés, jusqu'à ce que tout ceci soit fini. Vous serez amenée au Manoir Malfoy pour le moment, où vous aussi, serez en sécurité. Et là-bas, nous aurons tout le temps dont nous avons besoin pour discuter du passé, du présent et de l'avenir—ce dernier dépendant des prochaines décisions de Voldemort "

"Vous voulez dire que je devrai passer l'été avec… avec lui?" Elle pointa un doigt accusateur vers Lucius.

"Oui, ma chère," dit Lucius avec un sourire moqueur, "Et tu pourrais vouloir t'habituer à la pensée que nous sommes la seule famille que tu ais, en dehors d'un paquet d'idiots habitant en France, qui te considérerait comme le rejeton du diable et te traiterait en conséquence. Mais," ajouta-t-il, et son visage prit une expression plutôt malicieuse, "il y aussi aura quelques visages familiers. Drago, déjà, et bien sûr aussi Severus "

"Et je ne verrai pas mes parents jusqu'à ce que Vous-Savez… je veux dire jusqu'à ce que Voldemort soit battu?" La question était dirigée vers Severus, et Lucius se tourna pour échanger quelques mots chuchotés avec Owen.

"Probablement pas," dit Severus. Aucune utilité de donner des illusions à cette fille; plus tôt elle accepterait cette vérité, mieux ce serait.

Au lieu d'une autre attaque de larmes, son visage prit soudain une expression d'extrême entêtement. Elle souleva son menton avec défi et croisa ses bras. Ses pieds, qui avaient jusqu'ici été croisés aux chevilles, se séparèrent et cherchèrent un soutien solide sur le sol. Viviane Lestrange se préparait à gagner un effet de levier et à l'utiliser, y jetant tout son poids, à l'évidence. "Je n'irai nulle part à moins de pouvoir amener Crooks "*******

Severus ouvrait la bouche pour répondre, sûr que Lucius n'y verrait pas de problème, mais Lucius, qui avait interrompu sa conversation privée avec Owen et s'était brusquement retourné vers elle quand elle avait parlé, fut plus rapide. "Absolument pas," grogna-t-il.

Attrapé complètement par surprise par la réaction imprévue, Severus le dévisagea. Du coin de l'œil, il vit la fille passer à l'écarlate. Si cette dispute continuait comme il supposait qu'elle le ferait, les fenêtres de la maison des Grangers n'allaient pas rester intactes longtemps. Alors il étendit le bras et posa une main calmante sur l'avant-bras de Hermione, main dont elle se débarrassa d'une secousse. Heureusement, la rage semblait l'avoir rendue momentanément muette. "Lucius," dit-il, "je sais que c'est ta maison, mais—"

Les grosses taches rouges révélatrices apparurent sur le cou de Lucius. Si l'été entier allait être comme cela… Severus s'empara à nouveau du bras de la fille. Cette fois, il la tint d'une poigne de mort.

"Es-tu fou, Severus?" siffla Lucius. "Il a de la chance qu'ils ne l'aient pas jeté directement à Azkaban— pourquoi devrais-je accueillir cette créature dans ma maison?"

Il y eut un court silence abasourdi. Puis elle dit, d'une très petite voix, "Azkaban? Mais… mais ce n'est qu'un chat…"

En dépit de toute la tension et de la nervosité, Severus sentit un rire monter en lui, irrésistible, et d'une certaine façon plus qu'un simple rire. Un raz de marée d'hilarité, rendu plus puissante par la tension constante sous laquelle lui et les autres s'étaient mis depuis si longtemps… Un coup d'œil à l'expression très embarrassée de Lucius, et sa retenue était partie. Lui et Owen hurlaient de rire, regardés par un Lucius confondu, qui semblait lentement commencer à comprendre le malentendu, et par la fille, dont la bouche commençait à se convulser de manière inquiétante.

"Eh bien, euh…" commença Lucius, après que les deux autres se soient calmés un peu. Il se tint très droit et redressa ses épaules. Quand la fille lui souri, il fronça les sourcils.

"Alors je peux l'amener, n'est-ce pas?"

"Assure-toi qu'il n'ait pas de puces!"

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La Goutte du Mort Vivant avait fait effet, et le couple Granger était maintenant étendu au travers du divan, Cecily Forrester drapée par terre en travers des pieds de Mme Granger, tous parfaitement morts pour n'importe quel œil sauf un oeil de sorcier. Ils resteraient dans cet état pendant quatre-vingt-dix heures—assez pour qu'ils soient enterrés et déterrés à nouveau par Owen. En Europe Méridionale, les funérailles étaient d'habitude exécutées un ou deux jours après la mort, simplement pour des raisons d'hygiène.

"Êtes-vous sûr que vous avez donné la bonne dose?" demanda la fille, peut-être pour la dixième fois. Severus roula simplement des yeux. "Eh bien, c'est compréhensible que je sois inquiète, non?"

Apparemment, pensa-t-il, son entêtement inné revenait déjà. Tant mieux pour eux, car ils avaient plein de travail à faire pendant les prochaines semaines. "Allez appeler la police," dit-il simplement, lui donnant une poussée aucunement-trop-délicate vers le téléphone. Cela lui gagna un regard de colère.

Mais elle fit avec obéissance comme il le lui avait dit, ramassa le combiné et composa le 112, le numéro d'urgence sur toute l'Europe. "Hallo?" Sa voix était aiguë d'agitation—heureusement, parce que les policiers auraient pu devenir suspects, si elle avait semblé trop tranquille. "Parlez-vous anglais? J'appelle de la Résidence des Pins… oui, des Pins…" Maintenant elle commença à sangloter. Lucius, qui venait tout juste d'entrer dans la pièce, hocha la tête de satisfaction. "Mes parents et ma tante… je pense qu'ils sont morts… Oui, morts!" hurla-t-elle. A la vue des marques rouges intenses qui commençaient à couvrir son visage et sa gorge, les deux hommes échangèrent un regard inquiet. "Oui, j'ai vérifié leur pouls. Non… non… ils ne respirent pas. J'ai essayé avec un miroir. Un miroir, une glace pour se regarder, espèce d'idiot stupide!" Lucius se détourna pour cacher un sourire. "Oui, bien sûr que vous devriez venir! Oui, Résidence des Pins. Oui, je vous attendrai "

Elle raccrocha et les regarda. "Satisfaits?"

"Plus que les mots ne peuvent l'exprimer. Viens maintenant!" Lucius s'empara de son coude. "Nous devons Transplaner "

Avec regret, elle se laissa pousser dehors, où Owen attendait. "Prendra-t-il—" elle lança un regard noir et sinistre en direction d'Owen "—prendra-t-il convenablement soin d'eux?"

"Bien sûr que je le ferai," dit-il d'un ton rogue. "Même si ce n'est seulement parce que, si je te juge correctement, tu ne t'arrêterais pas avant d'avoir trouvé Voldemort, pour pouvoir courir à lui et le lui dire, espèce de gamine têtue et odieuse!"

"Tu paries!" marmonna-t-elle.

"Lequel d'entre nous préférerais tu embrasser pour Transplaner?" demanda Lucius d'un air moqueur.

"Professeur Rogue," répondit-elle, après une courte pause. "Au moins je le connais!"

"Charmante comme toujours, je vois," dit Severus, de manière aussi soyeuse que possible, et il l'entoura de ses bras. "N'oublie pas le chat, Lucius!"

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Le Manoir Malfoy était menaçant, noir et imposant, devant l'arrière-plan de vert riche et d'un ciel se décolorant lentement. La vue était presque identique à celle qui avait salué un Severus de treize ans quand il était venu ici pour la première fois, il y a vingt-trois ans.

Il baissa les yeux vers la fille, qui tenait toujours sa taille d'une poigne qui lui rappelait des bandes d'acier. Luttant contre l'envie de simplement la repousser au loin, pour mettre une fin au contact physique importun, il regarda vers le bas. Elle était mortellement pâle, son front humide de transpiration. "Mademoiselle Granger?"

Elle ouvrit lentement les yeux, les paupières palpitantes, et oscilla légèrement sur ses pieds. "Ce—" coassa-t-elle, puis elle se racla la gorge. "C'était horrible!"

"Ce n'est comme cela que la première fois. Et le Transplanage en groupe est toujours pire. Pouvez-vous tenir debout toute seule?" Elle hocha la tête. "Alors dans ce cas, auriez-vous des objections à relâcher votre poigne? Je ne suis pas sûr que mes côtes puissent faire face à la pression "

Avec un regard à moitié coupable, à moitié irrité, elle le lâcha immédiatement et tituba en arrière de quelques pas. Puis elle se retourna et vit le Manoir. Sa mâchoire tomba. Assez littéralement. "C'est… c'est…" Son bras droit se leva, l'index désignant l'énorme édifice.

"Bienvenue au Manoir Malfoy," dit Lucius, qui s'était matérialisé près d'eux un moment auparavant.

Elle tourna lentement la tête. " Vous habitez ici?"

"Oui. J'y suis même né. Ste. Mangouste n'était pas vraiment un choix à cette époque " du panier d'osier qu'il tenait— aussi loin de lui que possible, et pinçant seulement la poignée de son pouce et de son index, à l'amusement bien caché de Severus — vint un son de sifflement et de crachement furieux. Au moins, cela la fit sortir brusquement de son admiration craintive et silencieuse.

"Donnez le moi!" exigea-t-elle brusquement, et Lucius lui obéit instantanément, esquissant un salut moqueur. Puis il sortit son coffre, rétréci à des dimensions miniatures, de sa poche et le poussa dans son autre main. Après avoir regardé sa montre, il remarqua, "Narcissa et Drago devraient être ici d'un moment à l'autre " Le visage de la fille tomba, et il lui fit un sourire moqueur. "Impatiente de rencontrer ta famille?" dit-il d'une voix traînante, puis il tourna des talons et s'avança au pas sur le sentier de gravier menant à l'entrée.

Elle marmonna quelque chose d'inintelligible mais probablement de très insultant à voix basse puis s'avança dignement après lui. Avec un soupir, Severus les suivit d'un pas nonchalant.

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Au Manoir Malfoy, le dîner était servi à une heure plus tardive et plus en vogue qu'à Poudlard. Si Severus avait cru, cependant, qu'après être revenus de leur mission réussie à Chypre il pourrait apprécier une heure calme de lecture, ou peut-être simplement de relaxation, il avait eu tort. S'il avait plus pensé à la situation—ainsi se gronda-t-il—il aurait même pu l'avoir prévu. Vrai, cette fille avait mieux réagi que n'importe lequel d'entre eux l'aurait prévu, bien qu'il soit assez sûr que le pire soit encore à venir; mais il était peu réaliste de supposer qu'elle puisse être simplement laissée à elle-même, simplement en compagnie de cette dégoûtante boule de fourrure orange, pour pleurer sur son passé, son présent et son avenir sans une épaule sur laquelle pleurer. Pas que Severus ait eu de quelconque intention de lui offrir littéralement son épaule. Cependant, quand il vit son regard d'insécurité et sa lèvre inférieure tremblante, il décida de ne pas l'abandonner à l'entrée de ses chambres.

"Aimeriez-vous que je vous montre la maison?" demanda-t-il, faute de quoi que ce soit de mieux à dire.

Elle jeta un coup d'oeil alentour à la pièce, paraissant tout à fait perdue et pitoyable. "Je pense…" Sa voix trembla puis s'évanouit. Elle inspira à fond et continua, "Peut-être que je devrais d'abord déballer. Pourriez-vous s'il vous plait réagrandir mon coffre?" Elle le lui tendit sur la paume de sa main.

"Vous pouvez faire cela vous-même. Certainement que ce sortilège n'est pas au delà de votre portée "

"Non, mais…" Elle fronça des sourcils vers lui. "Nous n'avons pas le droit—"

"Ceci est le Manoir Malfoy," interrompit-il son objection—ennuyeuse fille, vraiment, trop obsédée par les règles pour son propre bien. "Qui pensez-vous qui viendra vous punir? Le Ministre?"

Sa bouche se tordit en un sourire hésitant. "Probablement pas. Mais j'ai pensé que peut-être que M. Malfoy lui-même…" Elle arrêta de parler, un regard de concentration et d'incrédulité mêlées passant sur son visage, puis elle bégaya, "Cela veut-il dire… je veux dire, puis-je m'exercer…Aurai-je le droite de réviser…"

Petite gamine trop zélée. Severus émit un soupir impatient. "Vous pouvez utiliser votre baguette ici, et vous devrez même l'utiliser beaucoup, car la majeure partie de vos vacances sera dédiée à l'apprentissage et à l'étude " Il était difficile de ne pas rouler des yeux devant son glapissement de plaisir. Le son fut suivi par des grattements et sifflements sauvages venant du panier d'osier qu'elle avait déposé par terre. Il tremblait légèrement.

"Pensez-vous que je puisse le laisser sortir?" dit-elle, mâchant son ongle de pouce bien éprouvé et lui lançant un coup d'oeil dubitatif.

"Non, vous devez le garder là dedans pendant toute la durée des vacances d'été " Severus éleva ses mains d'exaspération. "S'il vous plaît, Mademoiselle Granger, pour l'amour de la santé mentale de tout ceux qui habitent au Manoir Malfoy, arrêtez de poser ce genre de questions bêtes. Vous pouvez vivre, vous pouvez respirer, et vous pouvez faire ce qu'il vous plaira. Si vous enfreignez les règles, vous vous en rendrez compte assez tôt. Maintenant libérez cette pauvre créature, pour l'amour de Merlin "

Elle s'accroupit et s'affaira maladroitement avec les agrafes des sangles de cuir tenant le couvercle en place. Finalement, ils cédèrent à ses efforts, et une grande quantité de fourrure, de griffes et de fureur en sortit en coup de vent, fila droit à la porte de la chambre à coucher jusque sous le lit. Etonnamment, ceci fut la goutte de trop. Severus regarda, déchiré entre impuissance et colère irrationnelle, la fille toujours à genoux par terre se plier en deux, le visage enterré dans ses mains, et commencer à pleurer hystériquement. Ses délibérations quant au fait qu'il soit préférable de la laisser seule, de la gifler ou de verser de l'eau froide sur sa tête furent interrompues par un doux frappement à la porte.

"Entrez!" appela-t-il, espérant que ce n'était pas Drago. La dernière chose dont il avait besoin maintenant était d'un combat physique entre les deux jeunes.

C'était Yelena, cependant, et il émit un soupir de soulagement à sa vue. "Severus," dit-elle, "que lui as-tu fait ? Tu ne lui as pas dit—" Elle s'arrêta de parler et lui lança un coup d'œil de côté, qu'il était trop irrité pour remarquer.

"Je n'ai rien fait. Apparemment, la vile désertion de son chat a été trop pour elle," répondit-il, plus brusquement qu'il n'en avait eu l'intention. "Peut-être pourriez-vous…" ajouta-t-il, d'un ton de voix plus conciliant, faisant un geste vers le tas sanglotant par terre.

Yelena sourit de son sourire de travers et secoua la tête. "Les hommes…" fut tout ce qu'elle dit, tout en s'avançant et en s'agenouillant à côté de la fille. "Viviane?" il n'y eut pas de réponse, mais probablement, pensa Severus, que la fille ne l'avait même pas entendue. Une main mince et blanche vint se poser sur ses épaules tremblantes et massa de légers cercles. Les sanglots désespérés devinrent des hoquets puis finalement s'arrêtèrent. "Viviane?" répéta-t-elle, "Allez, lève la tête et regarde moi "

Lentement la fille fit ce qui lui avait été dit. "Qui… qui êtes vous?" s'étrangla-t-elle.

"Je suis Yelena Malfoy, la mère de Lucius. Bienvenue au Manoir Malfoy, ma chère. J'ai pensé que tu pourrais avoir besoin de quelque assistance… c'est-à-dire assistance féminine" dit-elle, lançant à Severus un regard plutôt malicieux par-dessus son épaule. Severus prit un air maussade et croisa ses bras sur sa poitrine. "J'ai entendu que tu avais apporté ton chat?"

Les larmes jaillirent à nouveau. "O oui . Seulement il… i-il s'est…"

Yelena se mit sur ses pieds et tira la fille vers le haut avec elle. "Alors je suggère que nous essayions de l'attirer pour le faire sortir de là. Est-il châtré?"

"Bien s-sûr que non!" fut la réponse indignée.

"Ah, eh bien, alors peut-être que nous devrions lancer un sortilège de stérilité sur lui. Je pense que Drago serait moins que content si Mina tombait enceinte…"

Apparemment, cette information avait suffisamment éveillé son intérêt pour la faire parler sans bégayer. "Mina? Qui est Mina?"

"La chatte de Drago, bien sûr "

"Drago a une chatte?"

Severus était sûr qu'il avait entendu Yelena renifler d'un air moqueur. Cependant, il semblait qu'elle s'occupait de manière appropriée de la fille—une fois de plus, la supposition de Lucius selon laquelle les femmes s'occupaient mieux d'autres femmes en pleurs se révélait vraie—et donc il se sentit libre de continuer vers ses propres chambres, où Elias l'attendait. Son corbeau, qui comprenait tout ce qu'il disait mais ne répondait pas…

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"Je pense qu'un sermon d'avant dîner est approprié," dit Lucius, comme lui et Severus descendaient les escaliers. "Tu veux participer?"

"Tant que je suis du côté de ceux qui font le sermon et pas du côté des sermonnés," répondit Severus, "avec le plus grand plaisir "

"Mère t'a-t-elle passé un savon?"

"Je m'abstiendrait d'appeler cela ainsi, mais elle m'a certainement sermonné. D'où mes réserves "

Ils entrèrent dans le salon adjacent à la salle à manger, où Drago attendait déjà. Il paraissait absolument boudeur. Son expression s'éclaira un peu à la vue de son père, qu'il se leva immédiatement pour saluer.

"Drago, mon fils," dit Lucius, mettant une main sur l'épaule de son fils, "Je pense que ta journée s'est bien passée?" Il tint le garçon à bout de bras. "Il ne reste aucune trace?"

"Non," dit Drago d'un ton bourru. "Pas de trace physique, en tout cas."

"Tu n'as reçu que ce que tu méritais," dit légèrement Lucius. "Autant que je sois fondamentalement d'accord avec ce que tu as dit à tes camarades d'école, tu devras apprendre qu'il vaut mieux emballer les insultes de compliments. Il faudrait peut-être plus de temps au gens pour les comprendre, mais il est moins probable qu'ils répliquent avec des sortilèges "

Drago se dégagea des mains de son père et lança aux deux plus vieux sorciers un regard sombre. "Vous auriez pu me le dire!" dit-il, "Pour Granger, je veux dire. Je suis sûr qu'elle ne me laissera pas l'oublier pendant une éternité!"

Severus était silencieusement d'accord avec Lucius au sujet du sermon d'avant dîner. Bien qu'il soit assez sûr que l'antagonisme entre les deux adolescents diminue une fois que la fille aurait compris que la plupart des remarques cinglantes de Drago—bien que certainement pas toutes, et certainement pas celles dirigées contre n'importe quel Weasley—étaient faite par nécessité plutôt que par conviction, il pourrait être sage de leur donner à tous deux une poussée dans le bon sens. Après tout, tous deux étaient assez puissants, et le répertoire de mauvais sorts de Drago était impressionnant. Et il y avait des choses plus importantes à faire, pour eux tous, que de lancer constamment des contre-sorts.

Tandis qu'il méditait encore ceci, la porte s'ouvrit à nouveau, et Yelena entra avec la fille, qu'elle traînait plutôt que dirigeait dans la pièce. Evidemment elle connaissait les projets de Lucius, car elle leur fit simplement un court signe de tête et disparut.

"Bonsoir, Viviane," dit doucement Lucius, négligeant intentionnellement le malaise évident de la fille à ce nom, "assieds-toi, s'il te plaît "

Avec obéissance, elle trotta jusqu'au siège et s'assit.

"Toi aussi, Drago, s'il te plaît "

Drago se laissa tomber dans le fauteuil à côté d'elle. Severus regarda leur échange de regards ennemis. Evidemment pas perturbé par le silence hostile, Lucius marcha vers le côté opposé du salon, où une table basse à l'air fragile, placée entre les deux portes-fenêtres, offrait un choix impressionnant de bouteilles.

"Un whisky, Severus?" Il hocha son acceptation, tout en gardant un œil sur les deux jeunes.

"Eh bien alors," dit Lucius, revenant et tendant un verre à Severus, "il y a quelques problèmes que je souhaite porter à votre attention. Et je m'attends à ce que vous écoutiez tous les deux. Attentivement!" Le dernier mot coupa l'atmosphère dense comme un claquement de fouet, et, comme tirées par une ficelle invisible, une tête blonde et une tête brune se levèrent d'un coup. Lucius prit une petite gorgée de sa boisson et leur sourit. A cela, la fille sembla rétrécir juste dans le dossier de sa chaise. "Au cours des quatre années passées," commença Lucius, faisant les cents pas de long en large entre la cheminée et la porte menant à la salle à manger, "une certaine… inimitié a grandi entre vous deux. Ces… ressentiments étaient en partie dus à vos affiliations à des maisons… disons opposées, et en partie aussi à des préjugés des deux côtés. En ce qui concerne les hostilités inter-maisons, il n'y a pas grand chose que n'importe lequel d'entre nous puisse faire. Il y a des différences entre Gryffondor et Serpentard qui ne peuvent pas être surmontées, et peut-être ne serait-il même pas sage d'essayer de les surmonter. Le respect réciproque—" il s'arrêta pour prendre une autre petite gorgée "—ne peut pas être atteint en ignorant les différences. Je vous conseille de reconnaître chacun l'autre pour ce que vous êtes, chacun de votre propre chef, et d'essayer de coexister aussi paisiblement que possible. "

"Je suis conscient—" il s'adressait maintenant à Drago "—que les choses auraient pu se passer beaucoup plus facilement entre vous, si tu avais su qu'elle est la cousine depuis longtemps perdue de ta mère. Tout comme toi—" il se tourna vers la fille "— tu aurais été moins choquée d'être en fait de notre famille, si tu avais été élevée dans le monde des sorciers et sous ton vrai nom. Cependant, les décisions que nous avons prises alors étaient justifiées par la situation. Nous ne pouvons pas modifier le passé, et vous devrez faire face à la situation du mieux que vous le pourrez "

Il plaça le verre vide sur le manteau de la cheminée avec un bruit de tintement doux et continua, "Il est assez évident que toi, Viviane, tu auras des difficultés à t'ajuster. Pendant ton séjour dans cette maison, tu seras traitée comme le membre de la famille que tu es. Tu peux être ou non consciente de l'importance du nom d'un sorcier, mais crois-moi, c'est important, et donc tu seras appelée par le nom que tes parents ont choisi pour toi. Tu devras respecter les mêmes règles que Drago, il y en a peu —raison de plus pour que tu les respectes strictement. Vous ne devez pas entrer dans mon bureau sans ma permission explicite. Vous ne devez pas lire ni même toucher les livres dans la bibliothèque à moins d'être en compagnie d'un adulte. Les Elfes de Maisons ne sont pas considérés comme étant adultes "

Drago renifla doucement—il avait essayé ce subterfuge à l'âge de huit ans. Sans succès durable, bien sûr.

"Vous êtes libres de vous déplacer dans la maison et sur les terres, tant que vous gardez les deux pieds fermement sur le sol. Si vous voulez voler à balai, vous devez demander la permission d'un adulte. Oui, Viviane? Y a-t-il quelque chose que tu veuilles partager avec nous?"

Elle rougit et marmonna, "Pas vraiment, non. Simplement je,…eh bien, je ne veux certainement pas voler à balai "

"Je suis content de l'entendre. Une règle de plus: vous pouvez utiliser vos baguettes, parce que je suis convaincu que deux mois sans pratique font bien plus de mal aux capacités des jeunes sorciers qu'un sortilège allant de travers. Cependant, vous ne devriez le faire que si au moins un adulte est disponible, pour intervenir au cas où ce serait nécessaire. Au cas où vous ignoreriez cette règle, vous devrez en accepter les conséquences, qui, je vous l'assure, seront moins qu'agréables "

"Mais M. Malfoy, le—"

"Ah, oui, une chose de plus: tu t'adresseras à tous les membres de la famille par leurs prénoms. Severus?"

Severus observa la fille, faisant tourbillonner les restes de whisky dans son verre. "Considérant le fait que Drago a la permission de m'appeler Oncle Severus en privé, bien que nous ne soyons pas apparentés, il n'y a pas de raison pour que vous n'utilisiez pas mon prénom tant que nous sommes ici. Si vous pensez que vous êtes plus confortable en m'appelant Professeur Rogue, sentez vous libre de le faire " Elle hocha simplement la tête, les yeux écarquillés et apparemment muette. "Maintenant passons à nos plans pour les vacances: Vous savez tous les deux que Voldemort est revenu. A ce moment-même, aucun d'entre nous ne sait ce qu'il préparer. Nous devrions, cependant, être aussi préparés que possible. Ni Lucius ni moi n'avons de doute quant à l'intérêt que Voldemort a envers vous, vous deux. Nous essayerons, bien sûr, de vous protéger du mieux que nous le pourrons, mais vous pourriez devoir vous protéger aussi. Après l'échec du club de duel dans votre deuxième année—" les deux jeunes eurent des sourires moqueurs "—il semble que vos techniques de duel et de combat aient été tristement négligées. Lucius et moi, nous ferons de notre mieux pour remédier à cela. En plus, vous devrez vous faire une première idée des Forces du Mal. Croupton peut avoir été un imposteur, mais avait certainement raison au sujet d'une chose: pour vous défendre, vous devez savoir ce contre quoi vous vous défendez " Les deux hochèrent la tête à l'unisson. "Je pense que deux heures le matin et deux l'après-midi seront suffisantes. Lucius et moi, nous partagerons les devoirs d'enseignement. En dépit de ces leçons et de vos devoirs de vacances, vous aurez assez de temps à votre disposition pour vous amuser. Des questions? Viviane, nous ne sommes pas à l'école, vous n'avez pas besoin de lever la main!"

La fille vira au rouge betterave et dit d'une voix aiguë, "Puis-je faire des suggestions? Je veux dire, s'il y a quelque chose que j'aimerais étudier…"

"Bien sûr. La dernière chose que je veux est que vous soyez de simples récepteurs d'information. Vous pouvez poser des questions et faire des suggestions "

"Eh bien alors," dit Lucius, "je suggère que nous dînions. Viviane doit rencontrer le reste de la famille "

ßßßß*ßßßß

Considérant combien toute la situation lui semblait absurde, Severus se demandait comment cela pourrait sembler pour cette fille. Au cours des dernières vingt-quatre heures, elle avait constamment reçu une série de coups émotifs, et il aurait été difficile de se remettre d'un seul d'entre eux. Pas qu'il ait pitié d'elle. Il se demandait simplement, à un niveau plus scientifique qu'empathique, quand elle allait finalement craquer. Vrai, il y avait eu cette explosion après son arrivée. Il ne croyait simplement pas que cela allait rester la seule.

A l'instant—il la regardait discrètement au travers de la table, où elle était assise entre Lucius à sa gauche et Drago à sa droite—elle semblait assez calme. Peut-être que le sermon de Lucius lui avait fait quelque bien. Cette fille adorait les règles, et entretenait probablement les fantaisies les plus incongrues sur ce à quoi pouvait ressembler la vie chez les Malfoys ; et avec son sens de Gryffondor pour les effets dramatiques, il soupçonnait qu'elle avait été prête à voir du sang se déverser sous des portes de fer fermées, souligné par les cris de victimes innocentes. Par conséquent, l'effet du discours l'avait très probablement un peu calmée.

Severus inclina la tête pour cacher un sourire—son expression d'incrédulité, quand elle avait vu Lucius ramasser sa petite fille Selene, avait été inestimable. Et elle avait eu l'air très gênée en effet devant l'accueil amical de Narcissa. Tant mieux pour elle, pensa Severus. Il était temps que cette fille apprenne que toutes les choses n'étaient pas ce qu'elles semblaient être. Une leçon très utile, à tout prendre.

Mais le paysage était absurde, une image trompeusement harmonieuse de vie de famille paisible, qui pourrait être brisée par une seule vague d'une main squelettique et reptilienne. Chacun d'entre eux savait cela, et tout de même, chacun d'entre eux jouait son rôle, jouait à la mère et au père et au fils obéissant, jouait à l'ami de famille et à la grand-mère aimante, jouait à la jeune parente craintive et émerveillée. Voldemort trouverait probablement cela très amusant. Pas aussi amusant, cependant, que de démolir l'image, tout comme Black avait démolit le portrait gardant l'entrée de la salle commune de Gryffondor.

Et l'image n'était pas parfaite. De temps en temps, une fissure s'ouvrait pour montrer le canevas sous la couleur… la crainte derrière la façade. Comme il y a quelques minutes, quand la petite Selene, perchée sur le haut d'un haut tabouret entre ses parents, avait laissé tomber sa cuillère, éclaboussant de la soupe partout sur elle et sur la manche gauche de Lucius. Secouant la tête, il avait tiré sa baguette, seulement pour voir son bras droit saisi par la fille, qui hurla, "Non! Elle n'a pas fait exprès !"

Narcissa s'était mordu la lèvre inférieure, plus blessée qu'amusée, et Yelena avait calmement expliqué que son fils avait eu l'intention de lancer un sortilège de nettoyage, et non de lancer Doloris sur sa fille. Alors, bien sûr, les yeux de la fille s'étaient remplis à nouveau de larmes, et elle avait marmonné ses excuses… Non, ceci n'allait pas être un moment facile à passer, pour aucun d'entre eux.

Quand le dessert fut servi, le contour noir des collines entourant la maison avait fusionné dans le ciel d'encre de la nuit. Même depuis la salle à manger, qui était éclairée par le chandelier pendant bas au-dessus de la table, les étoiles étaient visibles, luisant doucement. Elles semblaient moins froides et scintillantes ce soir, et l'air aussi, qui entrait par la porte-fenêtre ressemblait plus à une caresse qu'à une invasion de froid. Avant même que le dîner ne commence, les Elfes de Maison avaient déjà mis une longue rangée de pots remplis de plantes carnivores magiques devant les portes, pour empêcher les papillons et autres insectes d'entrer et de déranger le repas.

Un assez grand spécimen, cependant, avait à l'évidence résisté à l'attirance de leurs phéromones et était tombé plus qu'il n'avait volé dans la salle à manger et vers la lumière. Drago tira sa baguette en un éclair et lança un sortilège étourdissant précisément visé à la créature, qui atterrit sur l'assiette de sa mère avec un doux 'splat'.

"Drago, s'il te plaît!" dit Narcissa, "C'est dégoûtant!"

Un des Elfes de Maison se précipita vers son bout de table et fit léviter l'assiette pour l'emporter, avant que Selene, poussant un cri aigu de plaisir, puisse s'emparer de l'insecte. Une seconde plus tard, une portion fraîche de crêpes** avec des fraises se matérialisa sur la table.

Severus, qui avait été en train de jouer plutôt distraitement avec son propre dessert—il n'aimait toujours pas les sucreries, et préférait prendre des fruits au petit déjeuner que plus tard dans la journée—leva les yeux et remarqua que la fille était assise comme pétrifiée, saisissant sa fourchette et sa cuillère avec des mains aux articulations blanchies.

"Viviane," dit-il, "ce n'était qu'un scarabée! Quel est le problème maintenant?"

Les sourcils levés, Lucius tourna la tête pour la regarder.

"Je…" Ses couverts cliquetèrent en tombant sur son assiette, et elle se leva si brusquement et maladroitement que son verre de vin se renversa. "Je reviens tout de suite!" Et elle sortit en courant de la pièce.

Les autres se regardèrent l'un l'autre avec un étonnement muet.

"Merveilleux!" grogna Lucius, déposant sa fourchette sur son assiette avec un 'clinck' fâché, "C'est exactement ce dont nous avions besoin ! Une adolescente hystérique!" Drago ricana.

"C'est simplement nerveux, Lucius," dit sa mère. "Cette pauvre petite chose a traversé tant de choses. Donne lui quelque temps, veux-tu?"

"Je ne vois pas ce que nous pourrions faire d'autre. Mais si ses nerfs ne vont pas mieux bientôt, nos perspectives d'avenir sont terribles, pour ne pas dire pire "

"Je lui donnerai une potion calmante ce soir," dit Severus, "Et vous verrez qu'après une bonne nuit de sommeil—qu'est-ce que ceci?"

La fille était déjà de retour, rougie et haletant de sa course. Et elle tenait un bocal de verre contenant un peu d'herbe.

"Hé, Gran—je veux dire Viviane," dit Drago d'une voix traînante, "je ne savais pas que tu t'étais trouvé un autre animal de compagnie—"

"Oh, ferme la!" dit-elle d'un ton rogue—apparemment, pensa Severus, elle avait regagné le contrôle de ses nerfs éprouvés plus rapidement qu'ils l'avaient prévu.

Elle s'assit et posa le bocal à côté de l'assiette de Lucius. Il fronça les sourcils, examina l'objet plus de près, puis lui lança un regard noir et dit, d'une voix qui semblait calme mais qui vibrait de colère à peine contenue, "Viviane, je n'apprécie pas ce genre de spectacle. Et les animaux familiers ne sont pas admis à table, que ce soit dans des bocaux de verre ou pas "

Elle sourit simplement—un sourire plutôt rusé, pensa Severus, et il vit la main droite de Lucius tiquer puis se fermer brusquement en un poing. "Devinez qui c'est" dit-elle, une note bizarre de triomphe dans sa voix.

Narcissa lança à Severus un coup d'oeil alarmé à la prise de respiration profonde de Lucius. Il n'avait jamais très bien réagi devant une désobéissance flagrante. "J'ai dit enlève ce pot—"

"C'est Rita Skeeter!" Son sourire s'élargit, et elle ajouta, "Vous devriez la connaître, n'est-ce pas?"

Si elle s'était attendue à des regards coupables ou à des 'Oh!' et des 'Ah!', elle n'allait pas les avoir. Severus vit son désappointement avec satisfaction.

"Intéressant," fut tout ce que Lucius dit. "Et comment, je te prie, t'es-tu emparée d'elle?"

"Elle était dans l'Infirmerie, après le Tournoi, et elle écoutait tout ce que vous—" elle inclina le menton vers Severus "—et les autres disiez. Elle a vu votre Marque Sombre, et Sirius aussi. Alors que pouvais-je faire d'autre que de l'attraper?"

Severus eut un sourire moqueur. "Dix points pour Gryffondor pour avoir pensé rapidement "

"Je regrette de ne pas vous entendre dire cela à l'école parfois," dit-elle d'un ton bourru, lui lançant un regard plein de regret.

** en français dans le texte

******* Note du traducteur: ce passage est intraduisible.

Hermione abrège le nom de son chat: Crookshanks (Pattenrond), en Crooks.

Lucius entend Crouch ( Croupton)