Chapitre 5 : «Le temple de la Vérité»
Après plus de deux heures de marche, Véronica et Marguerite avait récolté plusieurs fruits, mais aucun signe de raptor ou de bête. Un bruit les fit aussitôt stopper. Un petit homme à bout de souffle commença à leur parler d'une langue étrangère, mimant des gestes extavagants. Marguerite se mit à lui parler quelques secondes, puis l'homme s'enfuit aussi rapidement qu'il était apparu. Roxton fixa Marguerite pour savoir ce qu'ils avaient bien pu se raconter.
-Alors? pourrait-on savoir de quoi vous parliez?, insista-t-il
-L'homme m'a dit de faire attention...de ne pas entrer dans le temple surtout si notre plus grande vérité risque de nous tuer. Il a aussi souligné de fuir d'ici.
Véronica, avec sa curiosité implacable, tourna la tête d'où l'étranger était arrivé. Elle vit au loin un mur de brique ancienne et s'y aventura. Les aventuriers la suivirent sans beaucoup de choix devant un temple. Marguerite lut tout bas les écritaux qui étaient gravés sur une poutre à l'entrée.
-Prenez garde étrangers, si vous pénétrez dans ces lieux sacrés, vous en sortirez qu'après avoir affronté votre plus grande vérité ou bien qui sait votre plus grande peur! Ici aucun mensonge n'est toléré...
-Intéressant, dit-Malone en s'approchant de l'entrée, n'ayant pas entendu les paroles de Marguerite.
-Non Malone, n'entrez pas!, s'écria Lady Krux d'une voix paniquée
Mais le reporter ne fit qu'à sa tête et franchit le seuil du temple.
-Bravo Ned Malone! maintenant vous êtes pris au piège!, s'exaspéra Marguerite sous le regard de Véronica et Roxton
-Pourquoi?, demanda le journaliste.
-Essayez de sortir...
Malone fit un pas pour la rejoindre, mais un barrage invisible l'en empêcha
-Bien joué, Neddy-Boy, railla John sévèrement.
-Nous ne pouvons pas le laisser seul, décida la jeune blonde en s'engouffrant dans le temple.
Roxton l'approuva et la suivit...
Marguerite, elle, resta figée sur place. Jamais elle n'entrerait là-dedans! C'était du suicide pour elle! D'autant plus qu'elle croyait dur comme fer aux écritaux de temple.
-Vous êtes complètement fous! Vous vous rendez compte que vous ne pourrez sortir que de l'autre coté, puis vous ne pourrez pas mentir!
En entendant la remarque de Marguerite, Roxton et Véronica pouffèrent de rire.
-Oui! il est vrai que dans votre cas, vous seriez incapable de ne pas mentir pendant au moins cinq minutes, se moqua Roxton et Véronica d'une même voix
Irritée au plus haut point, Marguerite soupira, le regard de défi que lui lançait John
Roxton l'incita à entrer...
-Ne me parlez pas jusqu'à la sortie!, dit-elle sèchement.
Même si cet ordre semblait très suspect, aucun d'eux ne riposta. Quoi que les lèvres de John brûlaient de poser quelques questions... Ils s'arrêtèrent devant plus de dix chemins. Vérifiant les alentours, Marguerite trouva une pierre plaquée or où des lettres inconnues pour la plupart était écrites.
-Chaque mortel doit emprunter un chemin différent. Vous ferez face à votre plus grande vérité. Si un mortel décide d'en suivre un second dans ce cas faites attention, votre sort ne sera que plus dangereux...
Puisqu'aucun d'eux ne voulait être suivi, ils prirent un chemin différent en silence.
Malone ne marcha pas très longtemps qu'il fut projeté dans...sa maison! Une belle femme blonde et très élégante descendait le long escalier venant à sa rencontre. Ned n'eut pas à scruter la jeune femme bien longtemps pour la reconnaître.
-Gladys!
-Oh Nedy, mon chéri, comme tu me manques!
-Gladys? c'est impossible...tu...tu es à Londres.
-Je suis bien réelle Nedy, souffla-t-elle de sa voix suave. Elle lui sauta au cou. Ne sachant pas comment réagir, il la serra contre lui, un peu mal à l'aise...
Véronica avançait aisément dans le chemin lorsqu'elle atterrit dans un endroit magnifique où des arbres à fleur garnissaient les alentours. Deux personnes assez agées la regardaient attendries. Elle n'eut pas besoin d'explications sur les deux personnes qui se tenaient devant elle, car déja, la gorge serrée elle versa des larmes de joies. Ses parents qu'elle avait tant cherchés étaient face à elle presque insouciants.
-Véronica...viens ma princesse, murmura sa mère
Elle ne se fit pas prier qu'elle leur sauta dans les bras.
-Je suis tellement heureuse, je vous ai cherchés pendant plus de onze années! mais où étiez-vous? Pourquoi ne pas m'avoir donné signe de vie?...
Roxton, lui, fut transporté dans la maison où il avait vécu une partie de sa vie. William marchait d'un pas pressé à sa rencontre avec un sourire éclatant. La mort de son frère l'avait complètement changé...il avait tenté de repousser la culpabilité qui le torturait depuis assez longtemps, et de le revoir n'attisait qu'encore plus l'erreur qu'il avait commise.
-Johny! mon frère! Comment te portes-tu?, demanda William en lui serrant la main.
Immobile il croyait être dans l'un de ces rêves où les souvenirs sont toujours plus présents.
-Will...tu n'es qu'un mirage...,bredouilla John en secouant la tête.
-Non...bien sûr que non...
-Je suis désolé....
-Pourquoi? cesse de te culpabiliser...tu n'y étais pour rien, de plus tu risqueras de m'en vouloir à ton tour...en tout cas je suis ici pour une raison très simple...tu dois remettre un pendentif, dit-il en sortant une chaîne d'argent avec un petit coeur à l'extrémité...
Marguerite fut propulsée dans sa maison...elle l'avait su dès la minute où elle avait lu les inscriptions sur la plaque d'or. Son seul désir était de s'enfuir à toutes jambes...elle allait avancé lorsqu'une petite fille de cinq ans avec des cheveux noirs et des yeux magnifiques vint à sa rencontre.
-maman!!!
Marguerite n'en croyait pas ses yeux, elle se pencha pour accueillir sa petite dans ses bras. Son coeur se comprima tristement et elle éclata en sanglot. Chacun de ses plus terribles souvenirs refirent surface, mais étreindre sa petite fille lui enlevait un poids énorme. C'était tellement bon de la sentir contre son coeur comme autrefois. Ce qui faisait le plus mal c'était de savoir que celle qu'elle tenait dans ses bras n'était en fait qu'une hallucination. Parfois valait mieux se bercer d'illusions pour ne pas souffrir.
-Amélia! mon bébé...mon ange,
-Maman...tu m'as manqué...Je t'aime, ne me quitte plus...
Marguerite émit un rire entre ses larmes...si elle le pouvait elle le ferait! Pourquoi le destin avait-il été si dur avec elle, envers son petit amour.
Une ombre surgit sur le sol faisant place à une silhouette plus distincte...
-Malone, je t'aime...cependant je sais pertinemment que tes sentiments pour moi ne sont plus les mêmes depuis ton départ.
Bien sûr qu'il ne ressentait plus les mêmes émotions pour Gladys. Auparavant, elle s'était montrée presque gentille et amoureuse, mais son ambition pour l'entreprise de son père l'avait rendue un peu trop obsédée. Il ne trouva pas le courage de lui dire la vérité.
-Bien sûr que no.....noui!
Il n'avait pas voulu faire de peine à la jeune femme, mais les mots étaient sortis seuls.
Il n'avait pas eu l'intention de vraiment les mentionner!
-Malone tu ne peux pas mentir....reprocha Gladys d'une voix mielleuse.
-Alors, c'est vrai...admit le jeune journaliste, mes sentiments ont bien changé...Véronica est si...si...merveilleuse, continua-t-il rêveur en ignorant quasiment
Gladys, je sens qu'elle a besoin de moi, puis elle ne m'enverrait pas sur un plateau pour satisfaire le journal de son père...
-J'en suis consciente et j'ai pris conscience de mes erreurs, je t'attendrai même s'il y a peu d'espoir.
Gladys l'embrassa tendrement et disparut.
-Gladys!!!
-Véronica nous ne pouvons pas changer le destin, dit doucement sa mère.
Le père de la jeune femme sortit un joli coffret qu'il ouvrit lentement. Un superbe bracelet en or reposait à l'intérieur. Le vieil homme le posa autour du poignet de sa fille, puis la prit dans ses bras.
-Écoute Véronica...fait ton chemin, cesse de nous chercher. Lorsque Malone ira à Londres suis le...tu verras dans quelques années nous serons plus près que tu ne le penses...
Et sur cette dernière phrase ses parents disparurent
-Non, attendez! je n'ai pas saisi!
Mais il était trop tard...
-Mais qu'est-ce que c'est?, demanda Roxton en prenant le collier entre ses mains.
-J'aimerais que tu remettes ceci à...Marguerite...je te fais confiance pour ne pas l'ouvrir, répondit calmement William
-Marguerite? tu...tu connais Marguerite Krux?
-John ne pose pas de question, s'il te plait
Roxton hocha la tête, mais il ne comprenait pas certaines choses qu'il devait à tout prix savoir. Il n'était pas idiot; son frère connaissait Marguerite, sinon pourquoi le forcerait-il à lui donner ce collier? Il détestait les mystères! Marguerite ne lui en donnait pas suffisament à résoudre? Vraiment....
-William, dit moi la vérité! Tu connais Marguerite n'est-ce pas? Que s'est-il passé entre vous? Pourquoi ce pendentif?
-Johny...si je te répondais, tu ne comprendrais pas, donc fais ce que je t'ai demandé, va la rejoindre...car elle est en danger...
Puis William partit.
Marguerite leva la tête craignant de rencontrer celui qu'elle détestait le plus au monde...ce fut le cas.
-Philip!, cria-t-elle en se levant, tenant sa fille par la main.
-Marguerite...Marguerite...Marguerite! comme on se retrouve.
Elle le fixa avec des yeux bien plus que meurtriers. La vengeance prit le dessus, puis elle se plaça devant sa fille et sortit son arme. Cette fois elle allait le tuer! Pour de bon! Elle aurait dû le faire il y avait longtemps de ça!
-Marguerite ma chérie, tu crois pouvoir me tuer? Aller vas-y appuie sur la gachette!, dit-il d'une voix maligne.
-Je m'en ferai un plaisir, je peux te le jurer!
Elle pesa sur la détente, mais la balle traversa Philip comme s'il n'y avait personne devant elle. Il éclata d'un rire malicieux comme s'il savourait déjà sa victoire. Il prit à son tour son arme et la pointa vers elle.
-À moi à présent, murmura-t-il...
Roxton atterrit devant les dix passages, comme s'il devait retrouver Marguerite.
-Vas-y appuie!, cria une voix qui était à coup sûr celle de Marguerite. Il fit volte face.
Si quelque chose arrivait à sa Lady il ne se le pardonnerait jamais. Il accourut dans le chemin qu'avait emprunté la jeune femme et se retrouva dans une chambre. Un homme au cheveux blonds, assez grand se tenait devant Marguerite, l'arme pointée sur elle. Il lança un regard à la «victime» puis baissa le tête vers la petite au visage d'ange qui tenait étroitement Marguerite regardant dans le vide. Philip se tourna vers lui avec un sourire diabolique.
-Vous venez fêter avec nous?, demanda l'homme le plus sérieusement du monde.
Roxton jeta un coup d'oeil au visage de Lady Krux. Il ne persevait aucune détresse dans ses yeux, pas même de la peur. Il ne voyait que de la rancune et de la frustration.
Il ne savait plus quoi penser, mais lorsqu'il s'aperçut que l'homme allait appuyer sur la gachette, il ordonna:
-Je vous interdit de tirer!
-Vous, Lord John Roxton, retournez d'où vous venez! Tout cela ne vous regarde pas!
Marguerite approuva sans le vouloir Philip.
-John partez...vous n'avez rien à faire ici...
-Bien sûr, je m'en irai! mais pas avant qu'il ait déposé son arme, rétorqua John en lançant un regard féroce dans la direction de Philip, puis qui êtes-vous?
Philip éclata d'un rire sinistre.
-Elle ne vous a donc rien dit? Toujours la même n'est-ce pas, Marguerite?
En guise de réponse, la jeune femme le fusilla du regard en déglutissant.
-Bien entendu, continua-t-il, tu as oublié de le prévenir des choses importantes de ta vie!
John Roxton fronça les sourcils, tout ceci ne rimait à rien! Il était placé dans une situation où il ignorait absolument tout! D'abord qui était cet homme qui menaçait Marguerite sans pitié? Ensuite, que faisait la petite fille dans toute cette histoire? Il ne comprenait plus rien!!! Quand cette femme déciderait-elle de tout lui dire! Il fixa l'homme qui s'apprêtait à tirer.
-Arrêtez! ou je ne répond plus de mes actes!, cria-t-il
-Vraiment?, répondit Philip avec un sourire dément au visage, que feriez vous? Et puis, comment pouvez-vous protéger une espionne Allemande?
Les traits de John se durcirent...devait-il croire cet homme qui semblait raconter n'importe quoi? Il scruta Marguerite dans l'attente d'une réponse qui ne voulait visiblement pas venir.
-Marguerite? dites moi le contraire!
La jeune femme regarda Philip, puis revint sur Roxton. À quoi bon cacher la vérité maintenant que tout était dit...du moins ce qui la mettait en désavantage au yeux de John...
-Il dit vrai, avoua-t-elle en baissant la tête.
Lord John Roxton avait espéré entendre l'opposé des mots que venait d'admettre Marguerite. Lady Krux une espionne Allemande! Et quoi encore? Pourtant elle le lui avait confirmé. Il s'attendait lui-même à être plus en colère qu'il ne l'était, car les espions allemands qui soient-ils étaient en guerre avec l'Angleterre depuis un bon moment et aucun des traîtres ne méritaient la vie sauve. Rien ne le poussait, toutefois à laisser Marguerite entre les mains de ce psychopathe pour une position sociale. Alors, un peu pour la punir, il décida de jouer le jeu.
-Vous avez entièrement raison...pourquoi laisserais-je cette femme en vie puisque qu'elle trahit son propre pays d'orginie...,dit-il en sortant son arme.
Marguerite leva la tête affolée. Il n'allait tout de même pas la tuer! Bon d'acord elle aurait dû lui en parler bien avant, mais ce n'est pas une raison pour l'éliminer! D'autant plus que d'être repoussée et jugée par John lui faisait déjà assez mal sans en mettre plus!
-Roxton! attendez! il...il ne vous a pas tout dit!
Elle le regarda s'avancer vers elle, il faisait dos à Philip qui arborait un air très satisfait. Lorsque Roxton se posa à quelques centimètres d'elle et d'Amélia, il murmura dans un souffle à peine audible pour ne pas réveiller les soupçons de Philip:
-Je sais et même si je vous demandais de tout me raconter plus tard vous ne le feriez pas, donc à mon signal vous allez sortir de cette chambre.
Soulagée, Marguerite hocha de la tête.
-Maintenant!, cria Roxton
Marguerite dans un réflexe, sans doute maternel prit Amélia dans ses bras. Celle-ci posa sa petite tête sur l'épaule de sa mère et resta calme.
Roxton suivit Marguerite en lançant un dernier coup d'oeil derrière lui. Philip les regarda en souriant méchamment. Ils furent transportés dans un seul passage qui finissait sur la sortie en même temps que Malone et Véronica. Amélia s'était évaporée évidemment et Marguerite tenta de reprendre le dessus de sa personne. Alors, elle soupira un peu trop tristement et leva sa tête baissée vers ses amis.
-Cétait incroyable, dit soudainement Malone, j'ai revu Gladys!
-Moi...mes parents, soupira Véronica mille fois plus désespérée de les retrouver à présent qu'ils lui avaient bien dit de ne plus les chercher!
-J'ai revu mon frère, déclara John en fixant Lady Krux
-Et vous Marguerite?, demanda Véronica innocemment
«Ma fille et mon mari» faillit répondre Marguerite. Elle s'arrêta de justesse et prit tout son temps pour sortir des mots qui ne la trahiraient pas.
-Alors?, insista Roxton malgré lui
-Mon pire cauchemar, finit par dire Miss Krux puisque ce n'était pas un mensonge
Lorsqu'ils furent sortis du temple, Roxton arrêta Marguerite pour laisser les autres s'éloigner un peu et prendre de l'avance. Son regard se posa dans les yeux tellement ensorcelant de la jeune femme.
-J'ignore qui vous êtes, du moins réellement, je ne sais pas ce que vous faites dans l'expédition de Challenger, je ne connais rien de vous à bien y penser...mais maintenant j'en ai assez...j'aurai beau chercher, me fendre en quatre pour discerner vos secrets, mais vous ne m'y aider pas...alors à quoi cela sert-il d'essayer de gagner sur une femme qui se fiche pas mal de l'avenir...
-Écoutez...je...
-Je commençais à vous faire confiance Lady Krux, coupa-t-il.
Il soupira et saisit le pendentif en argent de sa poche pour lui donner.
-Tenez, mon frère m'a demandé de vous le remettre..., dit-il sans l'ombre d'un sourire.
Marguerite baissa la tête. Pour la première fois de sa vie elle se sentait mal dans sa peau. Elle avait toujours eu cette belle assurance qui faisait d'elle cette femme sans scrupule qu'on évitait, qu'on regardait de loin sans s'approcher. À présent, elle avait l'impression de tomber de haut...de trop haut. Elle prit le collier et l'ouvrit. Une magnifique photo d'elle et de sa belle Amélia bébé y était sur le côté gauche et une inscription gravée à droite qui disait «Prenez soin de vous! William » Elle le dévisagea un moment, puis releva la tête.
-merci...
Elle n'aurait sans doute pas dû déposer sa main sur le cou de John, ni l'attirer vers elle, mais elle le fit et sans le regretter qui plus est.
Roxton fut tenté de la repousser...Comment lui résister quand un seul regard d'elle arrivait à lui faire perdre le contrôle de lui-même. De ce fait, il la serra davantage contre lui et s'empara de ses lèvres d'un baiser empli de désespoir. C'aurait été largement plus simple si leur deux corps avait détenu le pouvoir de parler à leur place! Il rompit leur étreinte et murmura en lui prenant la main
-Rentrons
