Chapitre 20 : Une vie séparée.

            Un visage pâle, une chevelure sombre… Un sourire de la part de cette personne. Mais qui est-elle ? Elle est présente dans son cœur et dans son esprit mais elle n'arrive pas à lui donner de nom. Pourquoi la regardait-il de cette façon ? Etait-il quelqu'un de proche ? Son nom tournait dans sa tête mais elle n'arrivait pas à le retrouver. Et soudain, une lumière blanche, un cri, le néant…

- Non !

            Constance se releva dans son lit, transpirant et haletant. Il lui fallut beaucoup de temps pour se remémorer l'endroit où elle se trouvait. Elle se leva, voyant le soleil passer sous le rideau de la chambre et alla se regarder dans le miroir qui était devant son lit. Elle avait une mine épouvantable, des cernes sous les yeux, les cheveux en bataille…

"Je t'aime"

            Constance se retourna, ayant réellement l'impression d'avoir entendu quelqu'un derrière elle. Elle parcouru la chambre du regard et se tourna à nouveau vers le miroir. Une profonde détresse s'empara d'elle, ainsi que de la colère, de se sentir aussi perdue sans savoir qui était dans son esprit, d'où elle venait ni à quoi ressemblait sa vie auparavant. Elle se laissa tomber sur le sol et pleura les larmes qu'elle avait contenues la veille. Quelqu'un frappa à sa porte et l'instant d'après la tête de Pauline apparut dans l'embrasure.

- Et ben ma p'tite ? On se sent pas bien ? Lui demanda la fermière en rentrant dans la chambre et en se dirigeant vers elle.

- Si… si… c'est juste que…

- Vous vous sentez seule, c'est ça ?

            Constance hocha et redoubla en pleurs. Pauline la fit se relever et la fit poser sa tête sur son épaule. Constance apprécia ce geste d'affection et se laissa caresser le dos.

- Vous inquiétez pas, j'vais vous emmener voir le doc'. En plus il est mignon comme un cœur et il est gentil comme tout ! Il vous aidera sûrement ! Allez, séchez vos larmes ma belle, ça vaut pas la peine de vous mettre dans des états pareils ! Je vais aller faire le petit déjeuner, vous n'avez qu'à aller vous laver pendant ce temps !

- Merci…

- Et puis on ira en ville vous trouver des affaires, vous serez quand même plus mignonne avec des vêtements de votre âge !

- Je n'ai pas d..

- D'argent ? Bah ! Pensez donc. Vous n'aurez qu'à nous aider à la ferme et ça nous remboursera ! Le Jack il paraît pas comme ça mais il aime bien avoir un coup de main ! Et puis les animaux, il leur faut quelqu'un pour les garder…

- Merci beaucoup…

- Bah ! C'est rien je vous dit ! Allez ! Allez donc vous préparer et rejoignez-moi en bas après avec votre p'tite !

- D'accord.

            Pauline se pencha au dessus du berceau et eut un sourire émerveillé.

- Elle est vraiment trop ! Allez, je vous laisse !

            Pauline sortit de la chambre et referma. Constance se sentit soulagée par ces paroles réconfortantes. Elle vérifia que sa fille dormait profondément pour aller dans la salle de bain et prendre une bonne douche après tous ces événements de la veille. Une fois propre, elle prit Lisa avec elle, celle-ci réclamant la tétée matinale et elle descendit au rez-de-chaussée. Pauline faisait cuire des œufs et du bacon et Constance vit que Jack était assis à la table. Il lisait le journal et ne leva pas le nez de son papier quand elle entra dans la pièce.

- Bonjour… Tenta timidement Constance.

            Jack ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de café. Pauline arriva derrière lui et lui frappa la tête avec son torchon.

- Aïe ! T'es pas folle la Pauline ?

- La p'tite a dit bonjour mal élevé ! Tu pourrais lui dire bonjour !

- J'parle pas à ceux  qui sabotent mes champs !

- Elle a pas saboté ton champ grand nigauds ! Elle s'est perdu !

- Et alors ? C'est pareil !

- Vous en faites pas, il est bête comme tout !

- Fais attention la Pauline…

- Je sais, tu vas passer la nuit dans la grange… comme si ça me faisait quequ' chose ! Asseyez-vous ma p'tite !

            Constance s'assit à la place à l'opposée de Jack et fit en sorte de donner le sein à sa fille sans montrer grand chose de son anatomie au cultivateur antipathique.

- Ah ! Regardez-moi ça si elle avait faim ce petit bout ! Ca c'est du naturel ! Pas comme ces boites avec leur poudre ! Je connais rien de meilleur pour les gosses que ça ! Tenez…

            Pauline servit une grande assiette d'œufs avec du bacon et un café à Constance. Dès que Lisa fut repue, la fermière se proposa pour la porter. Elle était vraiment très attentive et sous le charme de la petite fille et s'amusa avec elle.

- Quelle âge qu'elle a ?

- Il me semble qu'elle a un mois. Je ne suis pas sûre.

- C'est risqué de se promener avec un bébé de set âge dehors la nuit !

- Je sais, mais je ne me souviens pas de la raison pour laquelle je me suis retrouvée ici.

- On verra ça avec Tommy.

- Tommy ?

- C'est le doc. Il aime bien quand je l'appelle par son p'tit nom ! Il est chou comme tout ! JE suis sûre qu'il va tomber sous votre charme, il peut pas résister aux jeunes femmes ! Un vrai tombeur celui-là !

            Constance lui sourit mais au fond d'elle elle n'avait pas vraiment envie de rire. Chez quelle espèce d'obsédé cette femme allait-elle l'emmener ?

            Elles se rendirent toutes les deux avec la camionnette de Jack pour aller en ville. Elles se garèrent devant une petite bâtisse et Pauline la fit entrer à l'intérieur.

- Tiens ! Bonjour Pauline. Comment vas-tu ? Demanda l'hôtesse d'accueil.

- Moi ça va. Mais j'amène c'te pauv' p'tiote qui a perdu la mémoire ! Il est là Tommy ?

- Bien sûr qu'il est là ! Il va falloir attendre un peu. Il a quelqu'un là. Asseyez-vous !

- Merci !

            Constance attendit avec Pauline dans la salle d'attente et quand la porte du cabinet s'ouvrit, une femme d'une trentaine d'année en sortit suivie par un homme au physique assez avantageux, à peu près du même âge que la femme qui venait de sortir. L'hôtesse d'accueil parla au médecin qui se dirigea vers Pauline et Constance. Son regard s'arrêta sur Constance et il lui fit un large sourire. Constance sentit son cœur accélérer devant ce sourire et lui sourit en retour.

- Pauline, comment allez-vous ?

- Moi ça va mon grand. Mais ma petite protégée elle va pas bien…

            Le médecin s'approcha de Constance et lui tendit la main.

- Enchanté. Je suis le docteur Thomas Viertle. C'est votre enfant ?

- Oui. Lisa.

- Elle est belle. Elle a un mois on dirait, je me trompe ?

- Oui, enfin je pense.

- Vous pensez ?

- La p'tite a perdu la mémoire. Il faudrait que tu l'aides.

- Vous êtes amnésique ? S'étonna le médecin.

- Oui…

            Il la conduisit dans son cabinet et la fit s'asseoir dans un fauteuil. Il l'examina et en profita pour faire l'examen de Lisa et annonça que la petite fille était en parfaite santé. Il s'étonna même de voir les deux mêmes marques sur les avant-bras de la mère et de la fille. Il conclut ensuite à une amnésie partielle qui n'était pas très grave et que l'état de Constance se résoudrait de lui-même après quelques temps. Cela soulagea Constance.

- Vos souvenirs reviendront petit à petit. Vous devez avoir quelque chose à laquelle vous raccrocher pour avoir des flashs aussi rapidement.

- J'espère…

- Sinon, vous logez chez les Iggins ?

- Pauline a gentiment accepté de m'accueillir. Elle veut que je m'occupe des animaux.

            Le médecin se mit à rire soudainement, ce qui fit sursauter Constance.

- Elle est pas croyable ! Mais vous savez, vous pourriez faire beaucoup plus que vous occuper d'animaux ! Comme venir travailler ici. Nous manquons de personnel pour accueillir les malades.

- Vous me proposez du travail ? Vous ne me connaissez même pas !

- Justement, je pourrais apprendre à vous connaître ! Je vous vois mal en train de suivre les vaches dans un champ ! Et vous pouvez offrir une meilleure vie pour votre fille. Et je pourrais même vous trouver un logement en ville.

- Je peux savoir pourquoi est-ce que vous vous préoccupez de ma vie et de celle de ma fille, alors que nous sommes de pures inconnues ?

            Le médecin la regarda avec amusement.

- Parce que je suis sûr que je peux vous aider. Une jeune femme amnésique a plus besoin de protection que n'importe qui donc. Et je ne pense pas que vivre dans un coin reculé vous aidera à retrouver la mémoire. Vous n'êtes pas obligée d'accepter ma proposition mais je vous le  conseille. Les Iggins sont des gens charmants mais vous ne tiendrez pas avec le bougon de Jack. Je le connais et il est invivable. Et vous voulez que votre fille s'épanouisse, non ?

            Constance le regarda un instant avant de tourner ses yeux vers sa fille qui était endormie à présent.

- Réfléchissez-y et donnez moi votre réponse quand vous le voudrez.

- D'accord.

            Le docteur la raccompagna jusqu'à la sortie et la salua chaleureusement. Constance ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour cet homme charmant (oy !) . Pauline régla la consultation pour elle et elles sortirent pour aller acheter quelques affaires simples pour Constance et Lisa. Constance ne s'empêchait de repenser à ce que le médecin venait de lui dire. Il pouvait lui offrir une nouvelle vie en lui proposant un travail et un logement. Il était vrai qu'elle retrouverait plus rapidement la mémoire de cette façon.

***

            Pendant que Constance faisait quelques achats, Séverus se retrouvait devant un motel dans le sud des Etats-Unis, en Arizona plus précisément. Comment il avait atterri ici, il ne le savait pas mais il était bel et bien dans cet état américain dans la grande ville de Phœnix (sûrement le destin !). La première chose qu'il fit fut de réciter une incantation qui lui permettrait de suivre la bonne route, une sorte de boussole magique, le seul objet magique qu'il garderait avec lui. La seconde chose fut de boire la potion après s'être changé en moldu. Il regarda alors la fiole qu'il avait dans les mains et prit une profonde inspiration avant de porter le flacon à ses lèvres. Il sentit alors une étrange sensation, comme si on lui ôtait une partie de lui. Sa vision se troubla et il dû s'agenouiller après avoir senti une violente douleur à l'estomac.

- Monsieur ? Monsieur, est-ce que ça va ?

            Séverus sentit deux mains se poser sur ses épaules et qu'on l'aidait à se relever.

- Est-ce que ça va ?

- Laissez-moi… Lança-t-il à la voix féminine.

- Dans la rue ? Et puis quoi encore ? Je vais vous aider, venez par ici…

            La personne l'aida à se déplacer et l'assit un peu plus loin dans la ruelle où ils se trouvaient. Séverus était pourtant certain qu'il n'y avait personne quand il avait décidé de boire la potion. Comment était-elle arrivée ici celle-là ?

            Il releva la tête vers elle une fois la douleur passée et il fut prit de stupeur quand il vit son visage.

- Constance ?

- Désolée, je ne connais pas de Constance… Moi c'est Annie. C'est quoi votre nom à vous ?

            Il fronça les sourcils et secoua la tête. Il se releva et avança sans jeter un regard en arrière.

- Eh ! Vous pourriez au moins me remercier ! Je vous ai sauvé la vie !

- Vous ne m'avez rien sauvé du tout, j'avais juste un vertige !

- Un vertige mon œil ! Lui dit Annie en se rapprochant de lui et en passant devant lui. C'était quoi dans votre bouteille ? Pas de la limonade à mon avis…

- Laissez-moi tranquille !

            Il fouillait sa poche dans un geste défensif pour pouvoir prendre sa baguette mais à son plus grand malheur, elle ne se trouvait plus dedans. La potion lui avait ôté son principal objet magique et il ne retrouverait sa baguette qu'un an plus tard.

- Qu'est-ce que tu cherches ? Une arme ? Tu veux frapper une pauvre fille sans défense ? Quel courage !

- Ecoutez, je ne sais pas ce que vous voulez mais si c'est de l'argent que vous désirez, sachez que je n'ai rien ! Maintenant laissez-moi tranquille, j'ai à faire.

- Hors de question. Pas avant que tu ne m'aies expliqué ce que c'était cette bouteille !

            Elle lui barra la route mais Séverus la repoussa. Seulement, elle avait une poigne d'acier et ne se laissa pas faire si facilement. Elle attrapa son bras et le retourna aussi facilement qu'un pantin. Elle le colla à terre et s'assit sur lui.

- Mais vous êtes complètement folle ! Dégagez de là ! Hurla Séverus en essayant de la repousser de ses jambes.

- Hors de question. Je suis plutôt du genre têtu moi ! Alors quand je veux quelque chose, je l'ai ! C'est quoi dans la bouteille ? Du crack en boisson ?

- Mais qu'est-ce que vous me chantez ? Laissez-moi partir !

            Annie sortit quelque chose de sa poche et le pointa sous le cou de Séverus. Séverus vit la lumière se refléter sur la lame du couteau qu'elle passait sou son cou.

- Alors ? Qu'est-ce que c'est ?

- Une potion.

- Une potion ? Pourquoi ?

- Pour perdre mes pouvoirs.

- Pour perdre tes pouvoirs. T'es quoi ? Un sorcier ou un truc dans le genre ? Dans ce cas, elle est où ta baguette magique Merlin ?

- Je ne l'ai plus. A cause de la potion.

            Annie se mit à rire et se releva. Elle lui tendit une main que Séverus repoussa en se relevant à son tour.

- Allez Merlin…

- Je ne m'appelle pas Merlin mais Séverus ! Et arrêtez de me courir après !

- Séverus ? C'est quoi ce nom ? Tu sors d'où ?

- Je vous jure que dans un an, je vous jette l'oubliette ! Lui dit Séverus avant de s'éloigner.

- Hep ! Je crois que t'as oublié ça ! Lança Annie derrière lui.

            Séverus se retourna et vit avec horreur la boussole magique qui avait encore effet dans les mains d'Annie. Elle venait de le voler !

- Rends-moi ça sale voleuse ! Lui dit-il en revenant vers elle.

- Oh ! Aurais-je trouvé quelque chose de spécial à monsieur le sorcier ?

- Rends-moi ça gamine !

- Gamine ? Je ne suis pas une gamine ! Alors, qu'est-ce que c'est ? Lui demanda-t-elle en regardant la boussole.

- Non ! Non ! Ne la frotte pas !

            Trop tard… Annie venait de passer ses doigts tout le long de la boussole et aussitôt après, une carte du ciel apparût une carte en relief au dessus de la boussole. Les étoiles se mirent à tourner et Séverus vit la direction qu'il devrait prendre pour aller trouver Constance. Il s'était demandé pourquoi Fletchus n'y avait pas pensé lorsqu'il était partit à la recherche de sa femme et de sa fille. Cela serait plus simple à présent. Le problème était que cette idiote de moldue venait de voir la carte avec lui. L'image en relief s'effaça et la boussole redevint aussi normale qu'une boussole de moldu.

- Qu'est-ce que c'était que ça ? Image de synthèse ?

            Séverus n'attendit pas plus longtemps et lui reprit la boussole des mains.

- Eh !

- J'ai assez perdu de temps ! Et ne t'avises pas de me suivre ! Lui lança-t-il en s'éloignant à nouveau.

- Là-bas ! La voilà ! Attrapez-la ! Lancèrent des voix au fond de la ruelle.

            Séverus se retourna et vit un groupe de jeunes se mettre à courir dans sa direction, ou plutôt celle d'Annie. Cette dernière d'ailleurs commençait déjà à courir, attrapant au passage la main de Séverus pour l'emmener avec elle.

- Lâche moi ! Lui dit-il en essayant de se libérer.

- Pour te faire tuer ? Ca va pas non ?

- Pourquoi est-ce que je me ferrais tuer ? Ce n'est pas moi qu'ils semblent chercher !

- Mais ils t'ont vu avec moi !

            Séverus s'arrêta, ce qui fit trébucher Annie. Les bruits de pas se rapprochaient mais cela n'affecta pas Séverus.

- Et alors ? Je n'ai rien à voir avec une petite voleuse dans ton genre ! Tu vas où tu veux, moi je vais là où je dois aller !

- Et tu crois qu'ils te laisseront partir ? Laisse moi rire !

            Les jeunes arrivèrent rapidement et Annie reprit la main de Séverus dans la sienne et le tira avec elle. Elle passa sous une grille, disant à Séverus d'en faire autant.

- Il est hors de question que je… Ah !

- La vache ! Bande de sales types ! Lança Annie en tirant Séverus vers elle.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Séverus en gémissant sous la douleur.

- Rien qu'une balle… je vais te l'enlever ne t'inquiètes pas… Il faut qu'on passe la barrière…

            Elle l'aida à marcher et ils arrivèrent devant un immeuble où Annie s'engouffra par une fenêtre. Les jeunes passèrent un peu après devant le bâtiment et passèrent leur chemin.

- Ouf ! Ils sont passés ! Ehlà ! Reste avec moi Merlin !

            Séverus commençait à sombrer dans l'inconscience à cause de la douleur qui se propageait dans son corps. Il sentit qu'Annie le tirait en le tenant en dessous des bras puis il ne sentit plus rien et n'entendit plus rien.

            Il ouvrit les yeux quelques heures plus tard, voyant la faible lueur d'une bougie à côté de lui.

- Ca y est, tu te réveilles Merlin ?

- Pas… Merlin…

- Quoi ?

            Il vit la tête de la fille de ses cauchemars penchée au dessus de lui et il poussa un cri en la voyant.

"Pitié, dites-moi que je rêve, pas elle !"

- Et ben quel accueil pour celle qui t'as sauvé la vie ! Lui dit-elle en l'aidant à se relever.

            Il avait la tête qui tourne et dû se la tenir pour essayer de faire partir la sensation de vertige. Il vit alors qu'il était torse nu et avec des bandages sur le torse. Il avait juste son pantalon sur lui.

- J'ai réussi à enlever la balle mais j'ai eu du mal à arrêter l'hémorragie. Il faudra passer dans une pharmacie pour trouver des produits désinfectants, moi j'ai que de l'eau –je l'ai faite bouillir, fais pas cette tête-là – mais pour le moment, tu vas devoir te reposer et manger un peu. J'ai été faire quelques "courses". Je reviens…

            Annie se leva et le laissa seul. Séverus regarda autour de lui et vit que la pièce était éclairée par des dizaines de bougies et qu'elle ne comportait comme mobilier qu'un vieux sofa, une table, deux chaises, un lit apparemment mais dans un état déplorable et un réfrigérateur. Séverus vit également un de ces postes moldus qu'il n'avait vu qu'en cours d'étude sur les moldus. Annie était en train de regarder à l'intérieur de ce qui devait être un réfrigérateur mais celui-ci ne fonctionnait pas. Elle revint vers Séverus avec deux sandwichs et deux canettes de bière. Elle lui tendit un sandwich et une canette que Séverus regarda avec appréhension.

- Bah quoi ? T'aimes pas la bière ?

- Je préférerais du thé… Lui dit-il sur un ton glacial.

- Ouais bah y'en a pas !

            Séverus la regarda avec mépris. Comment avait-il pu la confondre avec sa douce Constance ? Elle ne lui ressemblait pas du tout en plus ! Bon, à part ses cheveux longs et bruns aux reflets rouges, ses yeux verts, son sourire… mais non, ce n'était pas Constance. Cette fille était folle à lier d'après lui.

- Bah t'as pas faim ? Lui dit-elle en mordant dans son sandwich.

            Séverus était sceptique par rapport à la provenance de son sandwich.

- T'en fais pas, il vient du magasin d'en face. Ils ne mettent pas d'antivols dessus au moins !

- Tu as volé la nourriture ?

- Eh ! Je suis pas Crésus ! Qu'est-ce que tu crois ? Tu sors d'où ? Le quartier dans lequel tu as atterri n'est pas le meilleur côté fric ! Si tu veux une riche veuve qui te fasse des bons petits plats, change de quartier !

             Elle ouvrit sa canette devant l'œil étonné de Séverus. Il n'avait jamais vu de canette pleine, les seules qu'il avait vues étaient toutes rouillées et servaient de portoloin. Annie se mit à pouffer alors qu'elle portait la canette à ses lèvres.

- Tu verrais ta tête ! On dirait que c'est la première fois que tu vois une canette de bière ! 

            Séverus déballa son sandwich et mordit dedans. Pour la canette, cela fut plus difficile pour lui.

- T u n'as jamais bu une canette ou quoi ? Donne !

            Elle lui prit la canette des mains et l'ouvrit sous l'œil attentif de Séverus. Après tout il faudrait qu'il s'habitue au monde moldu pendant un an, autant débuter par quelque chose. Annie lui rendit la canette et entama la conversation.

- Alors d'où tu viens ?

- D'Angleterre.

            Annie s'étouffa avec sa bière.

- Qu'est-ce que tu es venu faire dans le coin Merlin ?

- Je ne m'appelle pas Merlin !

- Oui je sais ! Tu t'appelles Sirius ou…

- Ne m'insulte pas ! Vociféra Séverus.

- Oulà ! Bon c'est quoi ton nom alors ? J'ai oublié !

- Séverus. Je m'appelle Séverus.

- Mouais… moi je t'aurais appelé Brutus si j'étais ta mère.

- Bon, donne moi mon pull et dis-moi où se trouve la sortie… Lui dit-il en se levant.

- Hors de question Pollux !

            Séverus lui jeta un regard glacial et se rapprocha dangereusement d'elle.

- Arrête ce petit jeu et donne moi mes affaires sans me donner de surnom stupide.

- Oulà ! J'ai énervé le grand méchant sorcier !

            Séverus la considéra intensément. Se moquait-elle de lui ou non ?

- Alors, c'est vrai que tu es sorcier ? Après tout, plus rien ne m'étonne ! Tu as emmené ton chaudron avec toi ?

- Non, je n'ai pas emmené mon chaudron avec moi et je ne pourrais rien faire de magique de toute façon… Lui dit-il en se remettant à sa place initiale.

- Ah bon ? Dit-elle en reprenant une gorgée de bière. Pourquoi, tu n'as pas les ingrédients nécessaires ?

- Parce que j'ai perdu mes pouvoirs… Lui dit-il en passant ses mains sur son visage.

- Ah parce que vous pouvez les perdre ? Comment ça se fait que tu les as perdu ?

- Par amour…

            Qu'est-ce qu'il lui prenait à présent de parler de sa vie avec cette folle et inconnue ?

- Par amour ? Et ben ! Elle doit être spéciale pour que tu veuilles abandonner des pouvoirs magiques !

- Elle n'y est pour rien…

- Ah ?

            Devant l'air déterminé d'Annie à vouloir entendre la suite, Séverus se résolu à lui raconter rapidement la situation. La jeune femme parût comprendre facilement.

- Bref, tu dois parcourir les Etats-Unis pour la retrouver ! Ca va pas être facile ! En plus si tu la retrouves pas avant un an, elle ne pourra pas te voir ! Ca promet !

- J'ai ma boussole pour m'aider.

- Seulement une boussole ? Ca va être dur ! Ecoute, je vais te proposer quelque chose. JE n'ai rien à perdre de toute façon. Je peux t'accompagner et chercher ta femme avec toi si tu veux. Après tout, tu ne connais rien à notre monde, alors une aide extérieure pourrait t'être bénéfique.

            Séverus la regarda avec un air étonné.

- Tu accompagnerais un parfais inconnu dans un périple sans planification ?

- Pourquoi pas ? De toute façon, je n'ai rien qui me rattache ici. Et je pourrais conduire…

- Conduire ?

- Bah oui, tu ne vas pas y aller à pied non ?

- Je n'ai pas confiance en vos machines moldues.

- Et après ? Je conduis, tu regardes le paysage… Bien sûr, il va falloir agir à couvert mais on devrait y arriver. Et tu devrais essayer de passer une annonce dans le journal national. Si ça se trouve, ta Constance lit le journal et si tu lui lances un message, elle te répondra peut-être !

- Et comment aurais-je la réponse ?

- Mouais… mais avoue que c'était une idée… Bon, c'est pas le tout mais j'ai du boulot.

- Je croyais que tu ne vivais que de vol et de vie au jour le jour ? Ironisa Séverus.

- C'est bien ce que j'ai dit ! Mais si tu veux manger ce soir, il vaut mieux que j'aille faire un tour ! J'irais te chercher des calmants et du désinfectant pour tes plaies. Je te laisse, désolée, je n'ai que le journal d'hier pour t'occuper en attendant.

            Annie se leva et passa son blouson. Elle jeta un dernier coup d'œil à Séverus avant de sortir de la sorte de studio qu'elle occupait clandestinement. Séverus s'occupa comme il le put en lisant le journal du coin et s'endormit en ne pensant qu'à la seule qu'il aimait et qui pensait sans le savoir à lui au même instant durant la sieste que Pauline lui avait imposée.