Ounilam se releva péniblement. Legolas arriva, traînant son cheval avec lui. Le Roi le suivait.
« Non, seigneur Aragorn, je vous en prie... dit Ounilam. Laissez-les. C'est inutile.
-Que se passe -t- il? rétorqua Théoden. Que signifie ce comportement? »
Les paysans baissèrent tous la tête, craignant la colère du Roi.
« Vous vous abattez encore sur cette jeune fille? Dois-je vous rappeler que nous devons désormais tous nous soutenir? Laissez donc de côté vos superstitions et unissez vous. Ce n'est pas le moment de chercher un coupable à nos malheurs. Comment voulez-vous être disposés à faire face à nos ennemis si le trouble et la querelle règne parmi vous? »
Les paysans restèrent silencieux.
« Que je n'entende plus une seule dispute, me suis-je bien fait comprendre?
-Oui, votre majesté... murmurèrent les paysans.
-Alors, continuons notre route. Il faut atteindre le gouffre avant la tombée de la nuit. »
Théoden s'éloigna et retourna en tête du groupe. Les autres continuèrent à marcher. L'autorité du souverain eut raison de l'arrogance de ses sujets. Mais, cela n'empêcha pas ces derniers de garder un œil méprisant sur Ounilam.
Legolas s'approcha.
« Aragorn… »
Ounilam se remit à marcher tout en restant à l'écart de la troupe, ignorant celui qui l'avait protégée.
« Attendez, Ounilam! »
Elle n'écouta pas le Rôdeur. Aragorn et Legolas restèrent sur place, observant la fille marcher tranquillement.
« Cette jeune femme serait-elle à l'origine de ces querelles? demanda Legolas.
-Oui et j'ignore pour quelles raisons.
-Qui est-elle? Vous la connaissiez auparavant?
-Non, mais elle m'inquiète. Regardez sa façon de marcher; elle souffre des jambes, chaque pas lui est pénible. Et regardez ses bras couverts de blessures. Ce sont ces paysans qui lui ont infligé un tel traitement. Si je n'étais pas intervenu il y a un instant, ils l'auraient lapidée jusqu'à ce que mort s'en suive. Le peuple est enragé par sa seule présence et pourtant elle semble inoffensive.
-Que pensez- vous qu'elle ait put faire pour que tous la harcèlent ainsi? demanda discrètement Legolas.
-J'aimerais bien le savoir, mais j'hésite à lui demander des explications. Elle est effrayée et intimidée. Je ne tiens pas à lui imposer notre présence. »
Aragorn réfléchit un instant.
« Allons nous adresser à Eowyn. Peut-être pourra-t elle nous éclairer davantage. »
Aragorn contourna Ounilam et passa à travers la foule. Legolas le suivit, toujours en tirant son cheval avec lui. L'elfe se tourna un instant et regarda Ounilam qui marchait toujours loin derrière, la tête basse. Elle boitait à présent. La jeune fille sentit qu'on l'a regardait et elle leva les yeux. Elle croisa le regard bleu de Legolas. Il vit quelque chose d'inhabituelle. Il sentait à la fois une force et une vulnérabilité à travers le regard de la fille. Gênée de se faire dévisager ainsi, Ounilam replongea ses yeux vers le sol. L'elfe constata bien qu'un simple regard la désemparait.
