Les deux compagnons retrouvèrent enfin Eowyn qui marchait non loin de son oncle.

« Votre altesse… dit Aragorn pour l'aborder. »

La princesse se tourna et sourit au chevalier.

« Messir de Dùnedain… »

Aragorn s'inclina légèrement en guise de salutation. Legolas voulut saluer également, mais il s'interrompit. Il tendit l'oreille et il perçut un bruit étrange venant des cieux. Il regarda loin devant le Roi et ses cavaliers et il vit un banc de Crébains se diriger rapidement vers eux.

« Aragorn! Les Crébains! Ils sont de retour! »

Le Rôdeur n'eut pas le temps de parler à la princesse.

Il cria.

« Attention! Baissez-vous! »

Paniqués, les Rohirims se penchèrent vers le sol. Eowyn, Aragorn et Legolas firent de même. Le Roi ordonna à ses gardes de se tenir prêt à abattre les Crébains.

Ceux-ci arrivèrent, lâchant leur cris perçants. Ils survolèrent un instant au-dessus des Rohirims, planant près de leur tête. Les créatures ailés ne firent que passer et ne s'en prirent à personne. Ils continuèrent leur chemin en sens contraire de la troupe.

« Les espions de Saroumane! Que cherchent-ils? se demanda Théoden.

-Leur présence n'annonce rien de bon, dit Legolas.

-Ils vont sûrement signaler notre position. Il faut se dépêcher de rejoindre le Gouffre de Helm! répondit à Aragorn.

-Pressons-nous! dit le Roi à ses sujets. »

Les paysans augmentèrent le rythme de la marche. Eowyn encouragea les gens et s'éloigna d'Aragorn, trop préoccupée à rassurer les siens. Le Rôdeur ne put lui demander ce qu'il voulait. Legolas resta sur place. Il sentit que quelque chose n'allait pas. Aragorn remarqua l'inquiétude de l'elfe.

« Qu'avez-vous, mon ami? demanda Aragorn.

- Shut! répondit Legolas. »

Il écouta ce qui se passait autour de lui. Il discerna un cri. Sans rien dire, il enfourcha son cheval et galopa en sens inverse de tous les villageois. Aragorn le suivit en courant, intrigué.

« Que se passe- t- il? »

Aragorn n'eut pas besoin d'explications. À son tour, il entendit un cri. À mesure qu'il se rendait plus en arrière, le hurlement s'intensifiait. Il devina de qui ce cri provenait.

« Ounilam! »

Ils arrivèrent à la fin de la longue file de paysans. Ceux-ci ne se préoccupaient même pas de ce qui se passait derrière eux. Legolas aperçu Ounilam au loin. Les Crébains étaient toujours là et ils s'acharnaient sur elle. Ils chargeaient dans sa direction, la griffaient, la picoraient. La jeune fille criait et se débattait du mieux qu'elle le pouvait. Legolas galopa vers le nuage noir de Crébains. Il saisit ses deux poignards blancs et s'attaqua à eux.

Aragorn arrêta un des derniers paysans qui continuait sa route.

« Allez chercher de l'aide! Trouvez le Roi!»

Le paysan regarda Aragorn d'un air désintéressé. Il passa son chemin. Le Rôdeur était décontenancé. Il cria au reste de la troupe.

« Resterez-vous donc aussi indifférents?! »

Aragorn n'attendit pas qu'on lui réponde; il coura vers Ounilam et se joignit à la bataille que menait Legolas. Il dégaina son épée et tenta de chasser les oiseaux miteux qui s'en prenaient à la fille.

« Ignobles créatures! Retournez d'où vous venez! hurla le chevalier. »

  Ils réussirent à tuer quelques uns d'entre eux. Les Crébains lâchèrent enfin leur prise. Ounilam tomba à genoux et Aragorn resta près d'elle, décapitant les bêtes qui osaient encore s'approcher. Legolas repéra le chef parmi la bande de volatiles qui tournoyaient autour d'eux. Il était un peu plus gros et portait la main blanche de Saroumane sur son plumage. L'elfe prit son arc et tira une flèche en direction du Meneur. Il le transperça. L'oiseau tomba raide mort. Désorientés, les Crébains battirent en retraite et fuirent.

L'elfe ne rangea pas ses armes tant qu'ils ne fut pas certain que les Crébains étaient définitivement partis. Aragorn se pencha vers la jeune fille.

« Ounilam, vous n'êtes pas blessée? »

La fille fit non de la tête. Elle avait quelques égratignures, mais rien de plus; l'homme et l'elfe étaient arrivés à temps.