Aragorn l'aida à se relever. Legolas les rejoignit, il descendit de sa monture et s'adressa à Ounilam.
« Pourquoi, Ounilam? Pourquoi ces créatures nous ont tous évités, exceptée vous?
-Je ...je ne sais pas... »
Ounilam était perturbée. Le tonnerre gronda. L'orage allait éclater sous peu.
« Je vous remercie de m'avoir secourue, mais vous ne devez plus me suivre. Je vais vous attirer des ennuis... »
Elle les quitta, la gorge serrée. Elle rattrapa les Rohirims qui avaient déjà pris beaucoup d'avance.
« Ils la visaient. Ils ne l'ont pas attaqué par hasard, dit Legolas.
-D'abord ces paysans, et maintenant ces créatures... Je ne saisie pas. Pourquoi s'en prendre à une jeune fille si vulnérable?
-Et pourquoi nous fuit-elle sans arrêt?
-Elle cache quelque chose...
-Peut-être... Mais, je la sens si troublée. Je crois qu'elle ne comprend pas non plus ce qui lui arrive...
-Avez-vous observé les paysans? Ils ont continué leur chemin, ils ont agit comme si rien ne se passait.
-Ils veulent carrément sa mort... »
Aragorn réfléchit un instant.
« Legolas, je dois en avoir le coeur net. Je vais revoir la princesse et lui demander si elle peut nous renseigner sur cette jeune fille. J'ignore qu'est-ce qui me pousse à penser cela, mais je sens qu'il ne faut pas l'abandonner à son sort. J'apprécierais si vous acceptiez que je vous la confie en attendant.
-Me la confier?
-Oui. On ne peut la laisser seule. Ces paysans n'hésiteront pas à s'en prendre à elle de nouveau et il se pourrait bien que d'autres créatures démoniaques, encore plus redoutables que ces crébains, apparaissent. Je voudrais que vous gardiez un œil sur elle, que vous la protégiez jusqu'à ce que nous ayons atteint le gouffre de Helm. Par le fait même, utilisez votre intuition; essayez de savoir si elle représente réellement une menace quelconque comme tous ces gens le prétendent.
-Très bien. Je vous promets qu'il ne lui arrivera rien.
-Merci mon compagnon. Je vais rejoindre Eowyn de ce pas. »
Aragorn quitta Legolas et courut vers la foule pour tenter de parler une seconde fois à Eowyn. L'elfe, lui, retrouva Ounilam. Il marcha non loin d'elle. Il était discret, mais il restait aux aguets. La fille sentit sa présence. Elle ne savait pas pourquoi il insistait pour la suivre, mais elle ne tenait pas à le savoir.
Aragorn rejoignit enfin Eowyn.
« Ah, vous revoilà...Vous tenez le coup? demanda t elle prestement.
-Il le faut bien. Et vous gente dame?
-Mis à part ces espions du Sorcier Blanc qui nous ont tous effrayés, je m'en sors bien.
-Justement, n'auriez-vous pas remarqué par hasard que ces créatures avaient attaqué une des Rohirims?
-Une habitante a été attaquée? Il ne lui est rien arrivé de grave j'espère?
-Non. Legolas et moi avons chassé les bêtes à temps...
-Mais où cela s'est produit? Je n'ai rien vu.
-Je crois que vous ne pouviez vous en rendre compte; vous étiez trop éloignée.
-Mais si vous avez vu les crébains attaquer, d'autres gens ont dû voir aussi... Pourquoi personne n'est venu aviser le roi et ses gardes?
-C'est la mauvaise foi de ces paysans...
-Que me dîtes-vous là?
-Votre altesse, sans doute que ce n'est pas vraiment le moment, mais pourrais-je vous poser quelques questions?
-Vous m'intriguez, seigneur Aragorn... mais je vous écoute. »
Ils continuèrent leur route.
« Est-ce que, parmi les sujets de votre oncle, le nom d'Ounilam vous est familier?
-Mmhh, je ne connais, de près ou de loin, aucune personne de ce nom.
-Alors, auriez-vous entendu parler de représailles entre les habitants de la cité? Des querelles ou des plaintes au sujet d'une jeune fille pauvre et sans famille?
-Attendez…Eowyn pensa. Oui, mais il y a des mois de cela.
-Parlez m'en, je vous prie.
-Eh bien, quelques temps avant que le Roi se trouve sous l'emprise de Saroumane, un cultivateur du nom de Femléi, fidèle à mon oncle, avait pris sous son aile une jeune fille. Auparavant, Femléi s'était aventuré hors de la cité pour faire du commerce, mais il se perdit. Il se retrouva par erreur dans une tribu primale qui était principalement occupée par des hommes sauvages corrompus par le seigneur des ténèbres. Une jeune fille était leur esclave et Femléi la découvrit. Il décida de la ramener avec lui et ils purent s'échapper sans trop de mal. À son retour, mon oncle accepta que cette jeune fille demeure dans le pays. Par contre, il ne se doutait pas qu'elle éveillerait la colère du peuple.
-Vous savez pourquoi les gens l'appréhendait autant?
-Aussitôt qu'elle fut installée chez ce cultivateur, des malheurs survinrent l'un après l'autre. Il y eut des batailles, la sécheresse rendit quelques terres infertiles et la maladie gagna certains d'entre nous. Par la suite, le peuple a commencé à associer tout ce mal à cette jeune fille. Les gens manifestèrent leur mécontentement auprès du Roi, mais il ne prit pas au sérieux leurs superstitions. Femléi était très attaché à cette petite et il essayait tant bien que mal de la protéger. Comme il était un serviteur loyal, il put bénéficier de la protection du Roi. Du moins, ce fut le cas jusqu'à ce dernier tombe sous l'influence du magicien blanc.
-Tous ces malheurs ne sont dus qu'à un seul être : Sauron. Alors, pourquoi mettre la faute sur une jeune femme inoffensive?
-Justement, les villageois savaient qu'elle provenait d'un environnement manipulé par le Mal absolu. Donc, ils crurent qu'elle avait amené ce mal et qu'elle l'avait semé dans tout le pays.
-Vous pensez qu'une telle chose est possible?
-De la part de Sauron, il faut s'attendre à tout. Il se pourrait bien que, derrière la jeune fille pauvre, se cache une servante de Sauron et qu'elle n'ait pour but que de répandre la désolation, la haine et la maladie.
-Non, je ne pense pas. J'ai rencontré une jeune fille ce matin, celle qui a été assaillie par les Crébains. Je crois qu'il s'agit de la même fille dont vous me parlez, car les paysans ont tous ignoré l'assaut des créatures. Ce fut comme s'ils étaient soulagés de pouvoir enfin se débarrasser d'elle. Mais je ne peux croire qu'elle soit au service du mal. Il ne s'agit que de commérages, de mauvaises langues et de préjugés à son égard.
-C'est ce que pensait mon oncle avant que Grima Langue de Serpent lui soit de mauvais conseil.
-Dîtes-moi, qu'est devenu ce Femléi?
-Il est mort d'une forte fièvre, je crois.
-Votre oncle a l'esprit libéré désormais. Croyez-vous qu'il pourrait faire comprendre au peuple qu'il a tort?
-Son esprit est libéré, mais non pas moins inquiet. Pour l'instant, il se concentre à protéger son pays plutôt que de protéger un seul individu. Par ces temps si troubles, je peux comprendre qu'il privilégie le royaume.
-Je consens également. Néanmoins, je me suis permis de garder un œil sur cette fille, Ounilam. Quelque chose me dit qu'il faut la maintenir loin du mépris des gens et des autres êtres hostiles...»
Aragorn et Eowyn continuèrent à marcher. Le rôdeur réfléchissait et il se demandait bien pourquoi il avait tant à coeur le sort d'Ounilam, mais il laissa sa conscience le guider.
Un merci spécial à Gwendolen et Angelsoflight : votre appui me touche beaucoup. :)
