Aragorn arriva. Lorsqu'il constata que Ounilam allait toujours bien, il fut rassuré. La jeune fille s'inclina profondément devant le chevalier.

« Dame Ounilam, je suis heureux de constater que vous avez repris des forces. »

Il s'adressa à Legolas en langage elfique.

« Mon ami, cette femme a un triste passé.

- Je m'en doutais bien. »

Aragorn regarda Ounilam et le nain.

« Voyez là-bas. Nous pouvons apercevoir les vestiges de Helm au loin. Le voyage tire à sa fin. Gimli, je vous laisse Ounilam un instant. Je dois m'entretenir avec notre ami Elfe. »

 Ils parlèrent quelques mètres plus loin, toujours en langage elfique afin que personne ne comprenne.

« On m'a raconté qu'elle fut esclave des hommes sauvages. Elle a été rescapée par un villageois de la cité. Tous crurent qu'elle était au service du Mal parce qu'elle avait fréquenté ces créatures. C'est pour cette raison qu'on la méprise.

-Non. Impossible qu'elle soit une ennemie.

-Je suis d'accord avec vous. Elle n'est qu'une jeune femme victime d'un malheureux destin.

-Elle est plus que cela.

-Plait-il?

-La Reine des Elfes m'a transmis un message par lien télépathique.

-Galadriel?

-Oui. Le plus étrange c'est qu'elle l'a fait par l'entremise de cette jeune fille.

-Que vous a –t-elle révélé?

-Pour résumer, son message m'a fait comprendre qu'elle n'est pas tout à fait humaine.

-Devons-nous la craindre?

-Non. Au contraire, elle pourrait nous être utile, mais j'ignore de quelle façon.

-Donc, j'avais raison de vouloir la protéger.

-Oui. Vous avez pressenti sa grande valeur. L'ennui, c'est que je crois qu'Ounilam ne se doute même pas de ce qu'elle représente.

-Vous, vous le savez?

-La Reine m'a dit qu'elle était une arme. Et plus encore, une porteuse de lumière.

-Que voulait-elle insinuer?

-Je l'ignore, mais nous ne devons pas prendre à la légère ses propos. Maintenant, nous savons au moins pour quelles raisons les espions de Saroumane l'ont assaillie.

-En effet, si vous pensez qu'elle pourrait nous venir en aide, nos ennemis feront tout pour nous dérober cette « Lumière ».

-Je crains qu'Ounilam soit en grave danger.

-Aviez-vous déjà entendu parler d'une porteuse de lumière auparavant?

-Non. Jamais. Aucunes légendes, histoires vécues ou prophéties que je connaisse ne font mention d'une « lumière» ou d'une « arme puissante ».

-Alors, comment Galadriel a-t-elle pu deviner qui était réellement Ounilam? Et pourquoi une Arme puissante résiderait en une petite paysanne? Et surtout, par qui ou quoi cette Arme a été inventé?

-Ce sont des questions auxquelles nous aurons des réponses sous peu. Je le sens... »

Soudainement, Hama, cavalier du Roi en tête du groupe, se fit attaquer par un éclaireur ennemi de l'autre côté d'une colline. L'orque chevauchait un Warg. La bête fut sans pitié et tua Hama grâce à ses énormes crocs. Gamling, second garde, cria et le Roi fut averti.

« Les Orques! Ils arrivent! hurla Gamling. »

Le garde s'attaqua au Warg en lui plantant son épée dans la poitrine. Le monstre s'affaissa. L'orque qui le conduisait tomba et un autre soldat l'abattit sans attendre. Aragorn, Gimli et Legolas se ruèrent vers le Roi.

« Que tout ceux qui portent une arme se rassemblent! ordonna Théoden à son peuple. Les autres, fuyez vers la forteresse! »

Les habitants, prient de peur, se mirent à courir. Legolas grimpa sur son cheval et se dirigea en haut de la colline. De sa vue perçante, il vit une horde d'Orques et de Wargs qui courraient dans leur direction.

Tous les hommes armés montèrent à cheval. Aragorn fit de même et prit les rênes d'un autre, le traînant avec lui. Il se rendit rapidement vers Ounilam.

« Prenez ce cheval et fuyez vite! Galopez jusqu'au gouffre, vous y serez en sûreté! »

Ounilam tremblait de peur.

« Dépêchez-vous ! »

Elle monta, mais hésita à quitter Aragorn.

« Allez!

-Aragorn! Faites vite! Attaquons les avant qu'ils rattrapent les villageois! cria Théoden.

-Vous entendez le Roi? Ils arrivent! Partez! s'empressa de dire Aragorn.»

Il donna une sévère claque sur le flanc du cheval. Celui-ci hennit et partit au triple galop, rejoignant tous les autres paysans qui fuyaient. Legolas, du haut de la colline, observa Ounilam fuir.

« J'espère qu'elle atteindra la forteresse saine et sauve. »

Les cris de guerre des orques retentirent. Legolas se concentra davantage sur la bataille. Il empoigna son arc et décocha une flèche vers les créatures. Tous les autres cavaliers le rejoignirent. Aragorn, Théoden, Gimli, Legolas ainsi que les autres guerriers se jetèrent sur les ennemis. Une bataille sanglante débuta.

Entendant les hurlements affreux des Orques, Ounilam arrêta brusquement son cheval et regarda de loin la bataille. Tous les villageois étaient devant, presque arrivés au gouffre. Mais Ounilam resta là, à regarder l'odieux spectacle. Elle était inquiète pour ceux qui s'étaient occupés d'elle si généreusement.

Les hommes, mêlés aux ennemis, ne purent se rendre compte que quelques uns des Orques avaient réussi à s'éloigner de la bataille et à franchir la colline. Legolas fut le seul à voir les orques se détacher du groupe. En voyant les cavaliers ennemis approcher, Ounilam fut terrifiée et fuit aussi rapidement que son cheval le put. Les orques, qui cherchaient d'abord à envahir la cité, virent la jeune fille et se ruèrent vers elle. Legolas remarqua au loin le cheval d'Ounilam qui allait bientôt être rattrapé par les Wargs. Horrifié, il détourna sa monture pour se lancer à la poursuite de ces quelques orques.

« Aragorn!! cria l'elfe. Aidez-moi! »

Le chevalier entendit son ami. La bataille achevait et les hommes allaient la remporter. Il laissa donc le Roi Théoden et ses soldats supprimer ce qui restait des créatures démoniaques.

Nos deux combattants descendirent la colline, chevauchant à toute vitesse leur monture. Les orques étaient tout près de la jeune fille. Les Wargs grognaient et les gobelins criaient. Ounilam tourna la tête et vit leurs visages hideux, avides de chair et de sang. Elle essaya de les semer, mais sans résultat.

 Ils couraient à coté d'elle à présent.

 Impossible de les contourner; ils l'encerclaient.

« Tiens, tiens! On te connaît toi! lança l'un d'eux. »

Legolas, tout en galopant, tira des flèches en direction des Orques. Il atteignit quelques uns d'entre eux. Ces derniers tombèrent de leurs Wargs, mais cela n'empêcha pas les loups hargneux d'attaquer le cheval d'Ounilam. Celui-ci se cabra et la jeune fille fut projetée dans les airs. Dans sa chute, elle heurta un rocher. Elle perdit conscience et roula sur le sol.

Le Rôdeur avait rattrapé ce qui restait des orques. Dans sa course, il brandit son épée et massacra l'un d'entre eux. En un seul tire, Legolas envoya deux flèches et tua deux Wargs. Lui et Aragorn croyaient que les gobelins allaient continuer leur course vers le gouffre, mais leur attention était réellement rivée que sur Ounilam. Les derniers orques firent demi-tour et se rendirent là où elle était tombée. Legolas et Aragorn les suivirent. Il ne restait que trois orques et un Warg. Deux des gobelins se dirigèrent vers le corps inerte d'Ounilam. L'autre, toujours sur sa monture, retenait les cavaliers. Aragorn se jeta hors de son destrier, sauta sur le dos du Warg et se battit contre le gobelin.

« Occupez-vous des deux autres! cria Aragorn tandis qu'il essayait de maîtriser l'ennemi. »

Legolas débarqua de son cheval et, prit de rage, tira sur les deux gobelins. Il atteignit l'épaule de l'un d'eux. En un cri strident, l'orque enleva la flèche de sa chair. L'autre prit Ounilam au bout de ses bras. Il la plaça devant eux. Legolas ne pouvait plus tirer sans éviter la jeune fille.

« Monstres! cria Legolas. Vous n'êtes que des lâches! Laissez cette fille et battez vous!»

Aragorn vint à bout de l'orque; il lui trancha la gorge. Le Warg sur qui il était se secoua violemment. L'homme tomba au sol, mais il se releva aussitôt. La bête fuit et Aragorn coura vers son compagnon. Il aperçut la jeune fille entre les griffes des Orques.

« Ounilam! »

Aragorn se rua vers les ennemis, mais il s'arrêta brusquement quand l'un d'eux pointa un poignard sous la gorge de la fille.

« Un pas de plus et je fais couler son sang! dit l'Orque d'une voix menaçante. »

Legolas frémit. Son coeur était emplit de haine et Aragorn était pris au dépourvu. Ils ne savaient que faire. Se pouvait-il que les orques étaient conscients de l'identité cachée d'Ounilam? Sûrement que oui, sinon ils l'auraient tuée sans hésiter et se seraient dirigés vers le gouffre de Helm pour attaquer. Legolas visait toujours les créatures, prêt à décocher à la moindre occasion.

« Laissez tomber vos armes, dit l'autre gobelin.

-Il faudra nous tuer d'abord, répondit Aragorn.

-Non, avant nous vous laisserons le plaisir de regarder cette petite mourir au bout de son sang! dit l'orque sur un ton sarcastique.

-Faites ce qu'il vous dit! enchaîna l'autre en appuyant plus fermement son poignard sous la gorge d'Ounilam. »

Forcés d'obéir, ils jetèrent leurs armes au sol; ils ne pouvaient prendre de risques. Un orque siffla. Le Warg qui s'était esquivé fut interpellé. Il réapparut et les orques le montèrent, toujours en tenant Ounilam avec eux. Ils ordonnèrent au Warg de courir. Tous les trois s'enfuirent, emportant la jeune femme inconsciente.

« Où allez-vous? cria Legolas, désespéré. »

Il n'eut pour réponse que des rires cruels. L'elfe courut vers son cheval.

« Il faut les rattraper! »

Aragorn le retena.

« Non, Legolas!

-Mais qui sait ce qu'ils lui feront subir!? On ne peut l'abandonner...

-Le Warg est beaucoup plus rapide et agile que nos chevaux. C'est inutile de les poursuivre, nous ne pourrons les rattraper. Et même si nous tentions quoi que ce soit maintenant, il la supprimeront.»

Legolas regardait les Orques s'éloigner et disparaître de l'horizon. Il était désemparé. Aragorn posa sa main sur son épaule.

« N'ayez aucuns soucis, mon ami. Je crois savoir où ils vont. Ils se dirigent vers la tour d'Orthanc en Isengard pour livrer Ounilam au magicien Blanc.

-Ils savent qui elle est, croyez-vous?

-Oui, ils en savent beaucoup plus que nous même. Les Crébains les ont prévenus de sa présence, j'en suis sûr. Les Orques voulaient faire d'une pierre deux coups : attaquer les Rohirims et s'emparer d'Ounilam. »

Aragorn monta sur son cheval.

« Venez. Il nous faut du renfort. Allons rejoindre les autres. Nous aurons besoin d'eux pour la récupérer. »

Legolas observa l'horizon, mis sa main sur son coeur et prononça une prière dans sa langue.

« Puisses-tu rester en vie, Porteuse de Lumière... »