Legolas et Aragorn prirent la vieille route du Sud pour se rendre jusqu'en Isengard.
Ils galopaient grand train tout en se posant des questions.
« Les forces du Mal connaissent la puissance que Ounilam possède en elle, mais pourquoi nous, défendeurs du Bien, ignorons tout de cette Porteuse de Lumière? demanda Aragorn.
-Ces forces sont tellement sournoises qu'elles ont probablement gardé le secret de cette Arme afin que les serveurs du Bien ne la trouvent pas avant elles. C'est pour cela que nous ne connaissions rien sur la réelle identité d'Ounilam.
-Comment la Dame des Galadhrim aurait pu connaître son existence alors? Elle n'est pas au service du Mal...
-Peut-être grâce à Nenya. Cet anneau lui été offert par Sauron. Il est fort probable que certains de ses attraits permettent à Galadriel d'être en lien avec celui qui l'a fabriqué. C'est ainsi qu'elle aurait put découvrir l'existence cachée d'une puissance convoitée par Sauron.
-Si Galadriel a raison sur la véritable nature d'Ounilam, ce sera notre chance de pouvoir vaincre le seigneur des ténèbres ou, du moins, son armée.
-Oui, mais nous disposons de peu de temps. L'armée dirigée par Saroumane est déjà en route vers les terres du Rohan, j'en suis certain.
-Tant mieux. Cela diminue considérablement le nombre de gardes qui protègent la tour d'Orthanc. Nous aurons plus de chances de réussir.
-Mais si l'armée vainc les Rohirims?
-Leurs défenses tiendront jusqu'à ce que nous délivrions Ounilam... »
Alors que les Orques approchaient Isengard, Ounilam reprit conscience. Les créatures l'avaient attachée et bâillonnée. Ils la maintenaient serrée contre la selle du Warg. Elle ouvrit les yeux et la première chose qu'elle vit est un des Orques bavant de faim et de soif.
« Ah! Regarde qui se réveille!
-C'est Saroumane qui sera ravit. Avec elle, la victoire est à nous!
-Il ne nous en voudra pas si nous lui mangeons un bras ou une jambe. Je suis affamé! »
Ounilam s'agita, essayant de tomber de la selle, mais l'orque affamé la saisit par l'avant-bras. Il posa ses crocs autour de son poignet et mordit. On entendit des cris étouffés de la jeune fille. Quelques gouttes de sang s'écoulèrent de son bras. L'autre Orque le frappa.
« Arrête, triple idiot! Si elle est mal en point, le magicien nous fera pendre!
-Grrr! Allons-nous arriver bientôt?! Je ne tiendrai plus longtemps! Elle est trop appétissante! dit-il en léchant ses lèvres imbibées de sang.
-Regarde, on voit la tour! On y est! »
Ils franchirent les cavernes ténébreuses d'où les orques avaient construits les armes et armures des guerriers. Ils entrèrent dans la Tour d'Orthanc et demandèrent à voir le grand Saroumane. Celui-ci, aussi posé que mesquin, se présenta. À sa vue, les orques jetèrent Ounilam à ses pieds. Elle était toujours attachée et bâillonnée; elle ne pouvait se défendre.
« Que m'apportez-vous là?
-Regardez-la mon Seigneur, c'est la Porteuse. »
Saroumane se pencha et de sa main il leva le menton d'Ounilam pour l'observer de plus près. Il regarda ses yeux effrayés et un sourire diabolique apparu sur le visage du magicien.
« Aah! Voilà une surprise de taille! »
***
La chevauchée de nos deux guerriers continua en silence. La nuit tombait alors qu'ils atteignaient les terres maudites d'Isengard. La forêt de Fangorn était tout prêt et ils y trouvèrent refuge un moment afin de préparer une stratégie d'attaque. Ils se cachèrent derrière les buissons étanches à l'orée de la forêt et ils réfléchirent.
L'elfe était particulièrement songeur.
''Vous êtes aveuglés par vos sentiments et votre compassion, jeunes guerriers.''
Ces mots hantaient Legolas.
« Et si le Roi avait raison?pensa l'elfe. D'où provient réellement notre détermination à délivrer cette jeune fille? Vient-elle simplement de la confiance que nous portons envers les paroles de la Reine des Elfes? J'ai la certitude que non... Nos sentiments y sont aussi pour quelque chose. Mais quel sentiment nous motive à poursuivre Ounilam? La pitié? La compassion? ... ou ... l'amo...
-Legolas, vous semblez bien pensif, dit le Rôdeur. Qu'avez-vous? »
L'elfe fut interrompu dans ses songes.
« Je...Eh bien... Je m'en veux d'avoir laissé Ounilam seule. Si j'étais resté près d'elle comme vous me l'aviez demandé, les orques ne l'auraient pas capturée.
-Ne portez pas le fardeau de sa disparition sur vos épaules. Vous n'êtes pas responsable.
-Oh si... Elle représente peut-être notre unique espoir de vaincre le Mal et je l'ai laissé s'échapper.
-Vous vous trompez. Il y a toujours le porteur de l'Anneau en qui nous pouvons faire confiance. Il parviendra à détruire l'anneau maléfique et Sauron disparaîtra.
-Avant qu'il y arrive, les envoyés du Mordor auront eu le temps de faire énormément de ravages.
-Non. Nous allons libérer Ounilam avant cela.
-Je l'espère, mais...Comment va-t-on s'y prendre? On ne peut traverser les cavernes sans se faire remarquer.
-Nous allons devoir tenter le tout pour le tout.
-Nous ne sommes que deux Aragorn...
-Sous-estimeriez -vous nos capacités? dit l'homme d'un air moqueur. »
***
Saroumane traîna Ounilam jusque dans une cave souterraine creusée sous la tour. Avec son bâton maléfique, il figea la jeune femme sur un mur de terre. Il prononça une incantation et soudainement, des racines percèrent le mur. Elles se transformèrent en lianes épineuses gigantesques. Elles entourèrent tous les membres d'Ounilam. Elles la serrèrent, lui tranchant la peau par les épines. La jeune femme poussa un long cri de souffrance. Legolas perçu ce cri qui avait traversé les murs de la tour.
« NON!!
-Quoi? Qu'y a-t-il?
-Elle souffre! On la torture, j'entends ses cris de désespoir! Il faut attaquer sans tarder sinon il sera trop tard! »
Aragorn et Legolas n'eurent pas d'autres choix que de foncer. Ils enfourchèrent leur monture et galopèrent jusqu'à la Tour sans s'arrêter.
***
Saroumane se concentrait sur sa propre magie pour extraire d'Ounilam la puissance qu'il cherchait.
« Soumets-toi, Porteuse. Soumets-toi à ma volonté. Relâche le pouvoir que tu détiens! »
Ounilam était un véritable pantin, complètement immobilisée dans les airs par les lianes. Elle gémissait, mais ne luttait pas. Sa conscience se questionnait. Elle ignorait totalement ce que le magicien voulait d'elle. Elle ne comprenait pas ce qu'il cherchait à atteindre, mais elle le sentait pénétrer son corps et son esprit. Elle sentait les ténèbres l'envahir totalement pour scruter, épier, voler elle ne savait quoi. Saroumane utilisait toute sa magie et sa puissance pour lui arracher ce qu'il voulait. Pourtant, elle ne se battait pas contre lui. C'était bien malgré elle si le magicien avait de la difficulté à obtenir ce qu'il convoitait. Bientôt, Saroumane vit, à travers les vêtements de la jeune fille, une lumière briller légèrement au centre de son coeur. C'était cette lumière qu'il désirait. Il pointa son bâton directement sur la poitrine de la jeune fille. Le bâton tremblait; Saroumane tentait d'aspirer cette lumière par son arme magique.
Puis, la couleur des yeux d'Ounilam devint totalement blanche et lumineuse. L'intérieure de sa bouche entrouverte scintillait également. Ses blessures ainsi que son sang se transformèrent en une couleur blanchâtre. Tout l'intérieur de son corps était devenu d'une étrange blancheur étincelante. Ounilam ne sentait plus de douleurs. Elle n'entendait plus et ne voyait plus. Elle était dans le néant, et son enveloppe charnelle était abandonnée à Saroumane.
***
Les Orques furent surpris par la soudaine attaque des deux cavaliers. Ils n'eurent même pas le temps de s'armer pour riposter. Legolas tirait sur tout ce qu'il voyait. Aragorn et lui étaient animés par la rage et le désespoir. Ils réussirent à franchir les terres protégées par les gardes. Arrivés au pied de la Tour, ils descendirent de leur cheval et escaladèrent les marches. Des orques avaient barricadé l'entrée et tiraient des flèches empoisonnées dans leur direction. Aragorn se protégea grâce à un bouclier qu'il avait ramassé sur le champ de bataille près du Gouffre de Helm. Legolas, lui, se jeta derrière un pilier de marbre. D'autres orques arrivèrent par derrière et montèrent les marches de la Tour. Aragorn et Legolas étaient encerclés. Ils ne les savaient pas si nombreux à être encore en Isengard et ils ne savaient que faire. Leur tentative d'invasion allait échouer.
« Nous sommes perdus, dit Aragorn. »
