L'armée du Rohan se tenaient sur les remparts de pierres qui entourait et protégeait la cité de Helm. Les guerriers de Saroumane étaient bel et bien là et ils cherchaient à envahir la forteresse. Ils étaient venus par milliers. Le Roi Théoden, les Rohirims, les elfes et Gimli essayaient de les repousser, mais ils étaient trop peu nombreux contre les Orques et Uruk-Hai.

« Nous ne tiendrons pas longtemps, mon seigneur! cria un soldat.

-Il le faut! Trop de vies dépendent de nous! répondit Théoden. »

Le Roi regarda le nain.

« Pourquoi a-t-il fallu qu'ils s'entêtent à délivrer cette jeune fille?!

-Sachez que mes compagnons n'entreprennent jamais rien de bénin. S'ils jugent que préserver la vie de cette fille en vaut la peine, ils ont une bonne raison, croyez-moi.

-La guerre vient à peine de débuter et déjà nos défenses s'affaiblissent. Si au moins ils étaient restés avec nous, je suis certain que leur présence aurait fait une large différence.

-N'ayez craintes, ils viendront. Aragorn m'a donné sa parole.

-J'espère que vous dîtes vrai. »

Des orques se ruèrent sur la grande porte de la forteresse, munis d'un énorme pilier de bois. Ils commencèrent à frapper l'entrée.

« Aux portes! Vite! Barricadez-les! hurla le Roi. »

Théoden et ses gardes s'emparèrent de ce qu'ils avaient sous la main pour consolider les portes qui allaient bientôt céder à l'assaut des ennemis.

Soudain, on entendit quelque chose fendre l'air. Théoden leva les yeux et vit une flèche passer au dessus du grand mur. Elle vint se planter dans le front d'un gobelin qui se trouvait de l'autre côté. Le Roi se tourna pour voir de qui provenait ce missile.

C'était Legolas.

« Ils sont là ! cria Gimli. »

L'elfe grimpa sur les remparts pour rejoindre le nain. Et, à lui seuls, il tua une dizaine d'orques qui escaladaient les murs.

Aragorn arriva également, épée à la main. Il salua le Roi.

« Pardonnez notre retard.

-Mieux vaut tard que jamais, répondit Théoden, soulagé que ses deux meilleurs alliés soient enfin de retour. »

Le Rôdeur se joignit à ses compagnons. Ensembles, ils commencèrent à exterminer les guerriers ennemis.

Au même moment, dans les cavernes, Ounilam quittait son corps pour se retrouver qu'avec son âme. Des souvenirs de son existence surgirent de sa mémoire. Elle revit le premier endroit qu'elle avait connu : le village des hommes sauvages. Un sombre délire envahissait son esprit, lui faisant revivre les plus atroces événements qu'elle avait endurer dans cette tribu.

Les coups de fouets.

Ses bourreaux qui la faisaient trébucher dans la boue et qui s'amusaient à la piétiner.

Les bûches lourdes qu'on lui ordonnait de transporter sur ses épaules juste pour le plaisir de la voir tomber sous l'énorme poids de sa charge.

Les brûlures au fer.

Les claques qu'elle recevait si elle osait se révolter contre la cruauté de ses maîtres.

Les mains crasseuses qui la touchaient et la souillaient.

Sa gorge qu'on étranglait si elle n'exécutait pas une tâche convenablement.

 Puis, d'autres images défilèrent devant elle. Le visage de Femlei, son premier bienfaiteur, apparut de sa mémoire pour ensuite se dissoudre rapidement par l'image des paysans Rohirims qui la menaçaient et l'injuriaient.

Aragorn lui tendait la main, mais elle était incapable de l'atteindre. Elle vit le visage de Legolas la regarder avec insistance. Et tous les deux disparurent brutalement.

L'esprit d'Ounilam devint obscur.

Elle entendit une voix l'appeler dans le néant.

« Porteuse de Lumière... »

C'était la voix de Galadriel qui sondait son âme.

« Regardez autour de vous avec votre coeur et la lumière se manifestera d'elle-même. »

Subitement, Ounilam retomba dans son corps. Elle reprit son souffle, ouvrit grand ses yeux et se leva brusquement. Eowyn et les hobbits la regardèrent, stupéfaits. Elle ne semblait plus souffrir de ses blessures. Elle observa autour d'elle et vit des visages effrayés, des enfants cachés dans les bras de leur mère, des paysannes priant pour leur salut et des femmes pleurant leurs maris qui avaient été forcés de se battre. Ounilam oubliait tout le mépris que ces habitants éprouvaient envers elle et comprit que leur sort était entre ses mains.

Elle se mit à marcher sans se préoccuper d'Eowyn qui l'implorait de se reposer. Elle traversa la caverne entièrement, le regard fixe, comme si elle était hypnotisée. Elle monta vers la forteresse, guidée par la volonté de protéger tous ces gens.

« Non, vous serez tuée! N'y allez pas! supplia Eowyn.»

Ounilam ne l'entendait pas.

À l'extérieur, il pleuvait. Elle monta jusqu'au bastion. De là, elle vit la guerre, la violence et le massacre. Les ennemis escaladaient les murs de la forteresse. Les combattants essayaient de les retenir, mais plusieurs parvenaient à s'introduire dans la cité. Des centaines d'hommes et elfes se battaient du mieux qu'ils le pouvaient contre la gigantesque armée d'Orques et d'Uruk-Hai.

Ounilam vit des flèches transpercer des corps et des lames d'épées traverser des poitrines. Elle remarqua de jeunes enfants, contraints de défendre les portes de la forteresse, ainsi que des vieillards, trop vieux pour manier une épée habilement. Elle discerna, parmi la foule de guerriers, ses deux compagnons qui l'avaient secourue et protégée. Ils se battaient bravement aux côtés de Gimli, sur le grand mur de pierre. Ils repoussaient tant bien que mal l'ennemi qui cherchait à envahir la cité. Hélas, les milliers d'Orques et Uruk-Hai étaient redoutables et les soldats du Rohan allaient bientôt devoir battre en retraite.

Toute cette horreur et cette cruauté pétrifiaient Ounilam et la choquaient à la fois. Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Un désir de mettre un terme à cette guerre grandissait en elle. Puis, son regard perdit tout signe de frayeur et la couleur de ses yeux devint à nouveau blanche, sans iris. La pluie s'arrêta brusquement. Une brise leva sa chevelure. Elle descendit du bastion et se mêla à la foule de guerriers qui continuaient à s'entretuer.

Alors qu'il enfonçait un de ses poignards dans le dos d'un gobelin, Legolas sentit la brise qui avait traversé les cheveux d'Ounilam. Il regarda ses mains et ses vêtements. Le sang de la jeune fille, qui les avait tâchés lorsqu'il l'avait prise contre lui, devint blanc. Il se retourna et la vit qui marchait vers les portes. Il courut vers elle.

« Ounilam! »

Aragorn et Gimli se tournèrent à leur tour, alertés par le cri de leur ami elfe. Tous deux regardèrent les portes et aperçurent la jeune fille. Elle marchait sans se préoccuper des Orques qui avaient put pénétrer la cité.

« Elle court à sa perte! cria Gimli. »

De loin, Aragorn put remarquer  le regard blanc de la jeune fille.

« Non, maître Nain. Elle marche vers son destin...devina-t-il. »

Legolas se rua vers Ounilam, tirant sur tout orque qui s'approchait d'elle.

« Ounilam! C'est de la folie! cria Legolas.»

Elle s'arrêta et se retourna dans sa direction. L'elfe vit ses yeux étranges.

« Ounilam, que vous arrive- t-il? »

Intrigué, Legolas voulut toucher son visage désormais sans expression. Mais, il se brûla sévèrement la main. Le chair de la jeune fille était devenue brûlante, animée par un pouvoir intouchable. L'elfe fut trop impressionné et effrayé pour se rendre compte qu'un Uruk-Hai était derrière lui. Le monstre brandissait une hache dans les airs et allait abattre Legolas.

« Assez, dit Ounilam sur un ton neutre.»

Elle leva sa main vers l'Uruk-Hai et il fut stoppé dans son élan, contrôlé par une force invisible. Legolas regarda derrière lui et tira une flèche sur l'orque figé. Celui-ci tomba. L'elfe observa la jeune fille de nouveau et comprit que l'Arme en elle s'exhibait enfin.

Elle continua sa marche, pieds nus dans la boue et le sang. Une puissance inconnue cherchait à émerger d'elle, rendant chacun de ses pas lourds et faisant trembler le sol. La lumière dans sa poitrine se remit à briller. Elle scintillait au rythme de ses battements de coeur. Puis, tout le corps de la jeune fille s'illumina. Elle n'était plus qu'une lueur blanche à forme humaine. Les Rohirims et le Roi tentaient toujours de retenir les orques qui cherchaient à défoncer l'entrée, mais voyant la jeune fille approcher, ils s'écartèrent de son passage. Elle passa à travers la grande porte comme si elle était un spectre. Théoden et ses sujets furent ébahis. Aragorn et Gimli regardèrent la scène du haut du mur, complètement renversés. L'elfe rejoignit ses compagnons pour voir ce qui se passait de l'autre côté de la forteresse.

« Comment a t- elle fait? s'étonna Gimli. »

Personne ne pouvait répondre au nain.

Ounilam passa également à travers les orques qui se tenaient devant la porte. Ceux-ci étaient aussi subjugués que les soldats du Rohan.

Elle marcha le long du grand mur. Arrivée à mi-chemin, elle s'arrêta et fit face à l'ennemi. Elle était à la vue de toute l'armée, mais elle ne s'en souciait pas. Des Huruk-Hai tentèrent de l'assaillir; mais ils se fracassèrent contre une aura qui entourait la jeune fille. Ce champ puissant faisait ricocher les flèches qu'on lui tirait et les épées se brisaient en mille morceaux si on tentait de la frapper.

Rien ni personne ne pouvait atteindre Ounilam.

Puis, elle leva ses bras dans les airs. Son corps forma ainsi une croix. Des centaines d'Orques chargèrent à nouveau dans sa direction, mais au même moment on entendit un cillement venir de l'Ouest. Les ennemis s'arrêtèrent net. Tous regardèrent vers l'horizon Ouest et on vit une masse de feu gigantesque apparaître. La ligne de feu, aussi ardente que les plus puissants volcans, se dirigea rapidement vers Ounilam et la pénétra par sa main gauche. Le feu réduit en cendres ses vêtements et son corps illuminé s'enflamma.

Avant même que personne puisse exprimer une quelconque réaction, un second cillement se fit entendre à l'opposé, venant de l'Est. Un amas d'eau, plus violent encore qu'un raz de marré, déferla et s'introduisit par la main droite d'Ounilam, rendant son corps bleu comme un océan. Et provenant du ciel, tel la puissance d'un typhon, un énorme courant de vent s'abattit sur sa tête, donnant à son corps un aspect transparent. Finalement, le sol gronda sous Ounilam, comme si les fondements de la terre s'étaient mit en colère; et une masse de terre, de racines et de feuilles émergea du sol puis passa par ses pieds, transformant son corps en une couleur verdâtre.

La jeune fille défia toute gravité et s'éleva dans les airs, toujours en position de croix.

Toute bataille avait cessée. Les guerriers du Rohan et leurs ennemis avaient les yeux rivés sur le spectacle.

 Legolas et Aragorn ne pouvaient croire ce à quoi ils assistaient.

Les Rohirims, qui étaient cachés dans les cavernes, furent attirés par ce qui se passait à l'extérieur. Ils montèrent d'un pas hésitant sur le bastion, Eowyn et les Hobbits devant eux. Ils virent de loin Ounilam qui gravitait dans les airs. Les enfants étaient époustouflés et les femmes avaient les yeux grands ouverts.

Le corps de la jeune fille laissa s'échapper une petite masse étincelante de son corps. C'était la lumière qui emplissait son coeur. La masse fut suivit par les quatre éléments, un à un. Au moment où le dernier élément quitta le corps d'Ounilam, celle-ci redevint à la normal, retrouvant sa funeste apparence de fille meurtrie. Elle chuta et tomba au sol. Le Feu, l'Eau, l'Air et la Terre se mélangèrent à la lumière, s'unirent et formèrent un tout lumineux. Ce tout brilla davantage et grandit. Il explosa brutalement en un brouillard de lumière. L'explosion fut si gigantesque que le nuage de lumière recouvrit tout le gouffre de Helm. Ce brouillard intense s'étendit, aspirant rapidement tout ennemi en lui. Les combattants du Rohan se jetèrent à terre et se protégèrent. Les paysans à la sortie des cavernes firent de même. Ils craignaient ce nuage lumineux qui couvrait tout. Le brouillard réduit instantanément en poussière tous les orques qu'il toucha. Cependant, il laissa les hommes et les elfes en vie.

Après avoir recouvert en entier les alentours de Helm, le nuage se dissipa, ne laissant derrière lui qu'un champ de bataille vide.

Le soleil commença à se lever.

Les guerriers se relevèrent et constatèrent qu'ils étaient seuls sur le champ de bataille. Ils ne voyaient plus aucunes trace d'ennemis. Ils étaient sous le choc. Ils ne comprenaient pas ce qui venait de se passer. Ils se regardèrent les uns les autres; à la fois heureux d'avoir été sauvés et inquiets par cette étrange explosion. Les paysannes coururent vers leurs maris, leurs frères, leur pères, leurs fils... Ils se retrouvèrent, soulagés. Les elfes, quant à eux, demeurèrent suspicieux et questionneurs.

Eowyn alla serrer très fortement son oncle dans ses bras. Théoden était sous le choc et il regrettait de ne pas avoir cru plus tôt Legolas et Aragorn.

« De toutes les magies et sorcelleries qui existent en ce monde, ce qui vient de se produire dépasse les plus grands enchantements que j'ai pu connaître... Ils avaient raison de vouloir la protéger, Eowyn...Cette petite a sauvé mon peuple... »

Eowyn observa les sujets de son oncle.

« Ils ont été sauvés par l'être qu'ils craignaient le plus. Quelle étrange ironie... ».

 Les Hobbits allèrent à la rencontre de Legolas et Aragorn. Ces derniers étaient secoués. Tous les quatre regardèrent les plaines désertes qui entouraient la forteresse. Les ennemis avaient totalement disparus. Aucun guerrier du Mordor n'avait été épargné; dix mille Orques et Uruk-Hai s'étaient désintégrés en quelques minutes.

Legolas regarda en bas, au pied du mur de la forteresse. Ounilam était étendue et immobile dans la boue. L'elfe trembla.

« Elle a réussit...murmura Aragorn.

- Est-ce qu'elle est... demanda Pippin qui n'osa point terminer sa phrase. »

Aragorn ferma les yeux.

« Je le crains... »

Il posa sa main sur l'épaule de son ami elfe.

« Allons la chercher... »

Gimli avait ouvert les grandes portes. Il observa l'horizon, perplexe. Il était consterné par les événements. Legolas, Aragorn, Pippin et Merry laissèrent les combattants retrouver leurs familles et descendirent rejoindre le nain. Le Rôdeur et l'elfe franchirent l'entrée et s'approchèrent de la jeune fille lentement. Les Hobbits voulurent les suivre, mais Gimli les empêcha.

« Laissons-les, jeunes Hobbits. Il vaut mieux qu'ils soient seuls pour la recueillir.»

Le nain et les Hobbits quittèrent leurs compagnons et rentrèrent dans la cité.

Les deux guerriers s'accroupirent près d'Ounilam. Elle était toujours immobile, face contre terre. Ils ignoraient si elle était toujours vivante. Ils n'osaient retourner son corps pour se rendre compte de son état, de peur de devoir constater que le pire lui était arrivé. Legolas détacha sa cape elfique et recouvrit chastement le corps nu d'Ounilam.

Pendant ce temps, sur les terres de la Lothlorien, Galadriel méditait. Une lueur venant du Nord, là où le Rohan se trouvait, traversa le territoire des elfes et pénétra la grande demeure du Seigneur Celeborn et de sa Reine. La lueur vola jusqu'à Galadriel. Celle-ci sentit une présence derrière elle, mais elle ne se tourna pas. Elle ferma les yeux et sourit; elle savait quelle était cette étrange lumière scintillante et devina la raison de sa venue.

« Inutile de me remercier d'une quelconque façon. Vous ne me devez rien. J'ai simplement montrer à cette jeune fille la voie qui menait jusqu'à vous. C'est envers l'Elfe de la Forêt Noire et l'Homme de Dunedain qu'il faut être redevable. Et ils ont droit à quelques explications, ne pensez-vous pas? »

Sur ce, la lueur repartit vers le Rohan, obéissant aux paroles de la Reine.

Galadriel replongea dans sa méditation.

Chè pas encore fini!