CHAPITRE 10 :

« Le manoir Malfoy! »

J'ai été attirée dans un tourbillon qui me semblait sans fin. Tout tournait autour de moi et j'avais perdu toute perception de l'espace dans lequel je me retrouvait. Au moment où je me croyais à jamais perdue dans cette seconde dimension qui n'était pas la mienne, tout s'est arrêté et j'ai du m'appuyé sur la paroi la plus près de moi pour ne pas perdre l'équilibre.

J'ai alors sentie une main rassurante sur mon bras, cette même main m'a tiré hors de l'âtre de la cheminée et a pris la mienne dans son étau. Je retrouvais peu à peu mes esprits.

« Je sais c'est un peu étourdissant la première fois. » Draco m'a soufflé ces mots d'encouragement à l'oreille et j'en ai profité pour me redresser.

Il m'a conduit dans une autre pièce, un peu plus loin. J'ai compris à ce moment que la pièce où ce trouvait l'âtre devait être en quelque sortes l'entré principale du manoir. La résidence familiale de Draco était immense. Partout où nous allions, des portraits de la famille nous regardait (d'un air hautain je dois dire). Draco m'avait un jour dit que les photographies et les portraits de sorciers était comme des films ou des entités vivantes, qu'ils pouvaient bouger et même changer de toile pour aller visiter leurs voisins.

La décoration du manoir était classique, on sentait qu'il appartenait à la famille depuis d'innombrables générations. Tout était très sombres. Les boiseries et les tissus étaient tous de couleurs sombre : vert forêt, noir, pourpre, indigo et violet. Les étoffes étaient de velours ou de soie brodée, parfois même en cachemire ou en satin. Les meubles étaient en acajou ou en ébène et étaient sculptés très finement.

Chaque fois que j'entrais dans une nouvelle pièce, je me sentais épiée. Tous ces portraits de la famille de Draco me rendaient mal à l'aise. J'ai aussi remarqué que les accessoires, que ce soit l'argenterie ou simplement les objets décoratifs, la plupart du temps, représentaient des serpents. Si ce n'étaient pas des serpents, c'étaient des créatures lugubres tels que les dragons.

Une fois près d'une porte française aux rideaux verts presque noirs, mon copain s'est arrêté et m'a lâché la main. Il a prit une grande respiration et m'a jeté un regard réconfortant. Il a ouvert la porte de ce qui semblait être le petit salon où madame Malfoy rencontrait ses invités. La pièce était baignée de lumière qui provenait des fenêtres toutes grandes ouvertes. La pièce contenait un petit foyer, un ensemble de canapés positionnés pour que les gens qui y prenaient siège forment un cercle, et des tables qui accueillaient des vases à fleurs. Pour une fois, il n'y avait pas de portraits dans cette pièce. La décoration était beaucoup plus simple que dans les autres pièces, mais les tissus et les bois étaient tous beaucoup plus somptueux.

Sur le bord d'une des fenêtre, se tenait une dame. Vêtue d'une robe de sorciers complètement magnifique, Mme Narcissa Malfoy nous attendait mais arborait une attitude d'indifférence totale. Quand nous sommes entré dans la pièce, elle nous faisait dos.

« Mère. .. . » Le ton de la voix de Draco, son maintien, son attitude avaient changés. Soudain, il m'apparaissait comme le jeune homme des histoire de son passé.

La dame devant moi s'est retournée et nous a fait face.

« Draco, mon chéri! » Il est difficile ici de décrire l'expression d'une aristocrate richissime qui provient de la maison de Serpentard et qui a marié un Malfoy. Tout dans l'intonation de sa voix, dans ses gestes et son regard étaient calculés. Rien n'était déplacé ou excessif. Narcissa Malfoy était en contrôle total de sa personne et rien au monde ne l'aurait fait sortir de ce moule rigide dans lequel elle se trouvait.

Elle s'est déplacé vers nous avec grâce, ne quittant pas des yeux son fils. Pas une fois depuis que j'était entrée dans la pièce elle ne m'avait regardé.

« Il y a si longtemps que je ne t'ai vue, Draco, que je croyais presque que tu avais oublié le chemin de la maison. Bienvenue chez toi, mon fils. Tout est prêt pour ce soir, je suis contente que tu ais choisi de nous honorer de ta présence. Nous pourrons enfin prouver à Dumbledore que toute la famille Malfoy est passé du bon côté. . . ». Je suis certaine d'avoir perçu un soupçon de sarcasme dans ses dernières paroles, comme si elle ne voulait pas vraiment y croire.

« Mère, je suis également très heureux de vous revoir. J'aimerais, si vous voulez bien, vous présenter Miss Lorélia Pearl, celle qui a volé mon c?ur. Lorélia, je te présente ma mère : Mme Narcissa Malfoy. »

Mme Malfoy m'a jeté un regard, je voyais bien qu'elle faisait un effort pour que l'expression de son visage soit accueillante, mais l'expression de ses yeux restait froide.

« Je suis tout à fait enchantée de rencontrer celle qui rend mon fils si heureux depuis des mois. Soyez la bienvenue dans la demeure de la famille Malfoy, Lorélia. »

Je lui ai fait une petite révérence et j'ai perçue le petit sourire en coin qu'elle m'adressait. Le même sourire que Draco arborait après l'altercation qu'il avait eue avec Potter. Ce sourire qui était, de toutes évidences, une des caractéristiques de caractère d'un Malfoy. Nous avons ensuite tous pris siège pendant que Narcissa faisait apparaître le thé. La conversation était très formelle, le sujet circulait entre les politiques internes du monde magique et les nouvelles de la famille et des amis proches des Malfoys qui devaient être présent ce soir là. Après quelques minutes, Draco a proposé d'aller voir où Kreacher (je n'avait aucune idée de qui il s'agissait) en était rendu dans les préparations.

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Narcissa a déposé sa tasse de thé et s'est levée.

« Suis moi, je te pris. »

Elle m'a guidée dans une autre pièce qui communiquait avec le salon dans lequel nous étions, pièce qui n'était pas du tout conçu pour accueillir une groupe de gens pour le thé. Il n'y avais pas de sièges mais des tables et des armoires avec des toutes sortes de trophées et de prix. Souvent, ces objets avaient le serpent des serpentards gravé quelque part.

Elle m'a pointé deux très grandes tapisseries sur les murs. Une sur chaque mur s'opposant. Sur chacune d'elle ce trouvaient des portraits et des noms, le tout avait l'air de deux immenses arbres généalogiques. Mon hôtesse se tenait au centre de la pièce avec une telle grâce et un maintien rigide qui imposaient. On pouvait sentir son autorité et sa volonté seulement en la regardant.

Le sourire au lèvres et d'un ton excessivement calme et posé, elle me dit :

« Tu vois, ici se trouve devant toi toute la famille Malfoy. Que ce soit de mon côté ou de celui de Lucius, toute la famille depuis des générations te contemple. Pour faire partie de cette famille, tu dois mériter ta place. La première condition, qui n'est pas contestable, est celle d'être de la race des sorciers et d'avoir l'éducation qui vient avec. Tous ici en font parti. La deuxième, et c'est presque une obligation, est que tu dois provenir d'une famille de sorciers. » Elle s'est approchée de moi jusqu'à n'être qu'à seulement quelque centimètres. « Et toi, tu ne remplis aucune de ces conditions. Tu es étrangère, d'une famille de la classe moyenne, jusque là c'est sur la limite de l'acceptable. Mais tu es moldue! Et ça, ce n'est pas acceptable. J'espère que tu profites bien de cette petite histoire romantique avec mon fils, parce qu'elle ne dureras pas. Il va se rendre compte bien assez vite que nous ne voulons que son bien et que nous avons raison. Jamais tu ne feras partie de ce monde, jamais tu ne seras la bienvenue. Avec tes petites attentions et l'attrait de la nouveauté que tu apportes à sa vie, tu éloignes mon fils de sa destinée. Dis-toi bien une chose, jeune fille, on ne sort jamais le caractère d'un Malfoy de sa personne. Il sera toujours ce qu'il a toujours été et une fois les temps idylliques de votre relation passés, il redeviendra lui-même. Ça inclus aussi ses défauts. »

Sur ce, elle s'est dirigée vers le salon où nous étions, comme si de rien n'était. Je l'ai suivie, lui laissant quelques pas d'avance.

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« Alors, comment tu l'as trouvé? »

Pansy venait d'arriver derrière moi avec deux flûtes de champagne. Nous nous tenions dans la salle de réception et l'endroit était bondé de gens que je ne connaissais pas auquel Draco m'avait présenté très rapidement à leur arrivée. Pour l'instant, je me tenais, seule, près d'une colonne et j'observais les gens autour de moi.

« Qui? » lui répondis-je en prenant la coupe qu'elle me tendait.

« Maman Malfoy! Ou la mégère si tu préfères! Haha! Pareille comme ma propre mère. . . »

« Intimidante. C'est le mot, je crois. Et elle n'est pas heureuse d'avoir une moldue dans la famille. »

Pansy dû étouffer un rire car elle s'est mise à tousser.

« Qu'est-ce que tu crois! C'est le plus grand affront jamais porté à l'honneur de la famille Malfoy. Si tu survis à cette soirée, ce sera pire. Je ne veux pas te faire peur, Lo, mais jamais elle ne va t'accepter dans la vie de son fils. Et je ne crois pas que ce soit très gentil de la part de Draco de te faire passer par ces épreuves. . . Tiens! Je me demande quel est le sujet de conversation de Draco et de Professeur Dumbledore, ça m'a l'air important pour qu'ils parlent à voix basse et si près l'un de l'autre. . . »

À ce moment, Blaise est arrivé devant nous avec deux autres amis de leur année, Millicient Bulstrode et Théodore Nott. Ils discutaient de toutes sortes de choses, sujets que je ne connaissait pas très bien. Pansy essayait souvent de m'inclure dans la conversation mais n'y parvenait pas toujours. Subtilement, je me suis glissée hors du cercle pour me diriger vers une pièce adjacente qui semblait vide.

C'était en fait un petit salon. J'ai pris siège près du foyer pour admirer le feu. J'ai dû perdre la notion du temps perdue dans mes pensées. Soudain, j'ai entendu un bruit derrière moi, des bruits de pas sur la moquette.

« Est-ce que vous m'autorisez à déranger le cours de vos pensées mademoiselle? »

C'était le professeur Dumbledore. Impressionnée par le personnage et surtout par la réputation qu'il a dans le monde magique, je me suis empressée de lui faire une place sur la causeuse sur laquelle je me trouvais.

« J'ai toujours trouvé que le feu est un élément hypnotisant. J'adore rester des heures à le contempler et me perdre dans le flot de mes pensées. » Il a prononcé ces paroles sans même me regarder. Il avait le regard plongé dans les flammes.

« Tu as changé la vie de Draco. Il a de la chance de connaître une personne comme toi. Il était déjà un jeune homme très intelligent et cultivé mais sa connaissance de ton monde fait de lui un être encore plus cultivé qu'il ne l'était. »

Je restais sans parole, je ne comprenais pas où il voulait en venir.

« Ne te trompe pas sur lui, par contre. Il peut être différent avec toi mais je n'insinue pas que son attitude envers le monde et les choses est différente de ce qu'elle a toujours été. Viendras un jour où il aura à choisir entre toi et son monde et tu pourrais en souffrir. » Il avait un ton détaché mais je sentais qu'il souffrait de me dire ces paroles.

« Je ne me sens pas très à l'aise dans toute cette nouveauté. Pourtant, je suis habituée de voyager, de voir des cultures différentes mais je ne semble pas m'y faire ici. » Les mots sont sortis tout seul de ma bouche, comme si je parlais à ma s?ur ou quelqu'un de très près de moi.

« Tu ne t'y feras jamais. Les gens vont sûrement t'accorder de l'attention et de l'estime, mais tu ne feras jamais partie de leur cercle. Tu es incapable de faire les même choses que eux et ils ne peuvent le concevoir car ils sont nés avec ces talents. Même s'ils sont nés moldus, ils ne comprennent pas. Je suis désolé. »

Et il s'est levé pour quitter la pièce. Il m'a lancé un sourire chaleureux et est sorti sans faire de bruits. Je suis resté là, retournant ces phrases dans ma tête encore et encore.

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« C'est là que tu te caches! » Draco venait d'entrer dans le salon. Il était magnifique dans ses robes de soirée.

Il s'est approché de moi, a mis un genoux à terre et ma baisé la main. Je me sentais un peu mal à l'aise, surtout après les propos de tout le monde ce soir là. Jamais je ne ferais parti de ce monde et c'est ce qui me pourrais me faire perdre mon amour.

« Qu'est-ce qu'il y a, Lo? Tu sembles triste. »

Je lui ai souris et je l'ai embrassé. Je n'avais pas envi de répondre à la question. Je ne pouvais pas mentir en disant que tout allait bien, et je ne pouvais pas lui dire pourquoi je n'avais pas l'humeur de convenance des soirées.

« Je sais que tu n'aimes pas les foules. . . je m'en excuse! Je devais te présenter par contre, parce que ma mère commençais à s'impatienter. Nous resterons ici pour la nuit si tu n'y vois pas d'inconvénient. »

« Mais je n'ai pas d'autres vêtements! »

« Mais oui! Je les ai fait venir. J'en ai choisi quelques uns et les ai fait apparaître. » Il avait un si grand sourire taquin sur le visage qui a complètement fait disparaître l'humeur noir dans lequel j'étais plongée. Définitivement, j'avais de la difficulté à me faire à toutes les possibilités que la magie pouvait apporter à notre vie.

Nous sommes sortis pour dire au revoir aux invités et ensuite nous sommes montés à l'étage.