Chapitre 2 :
24 octobre 1929
Le médecin m'a conseillé de me reposer et d'engager une nourrice pour le bébé, de peur qu'il soit infecté. J'ai refusé. Je sais bien ce que j'ai vu, je ne suis pas folle et ce n'était pas un rêve ni un excès de fièvre.
C'était Marguerite.
Véronica Malone
Roxton sourit en voyant sa fille entrer dans la pièce.
-Papa !
-Hé, bonjour. Tu as faim ?
-Oh oui.
Le repas leur fut servit et tous deux discutèrent tout le long. Priscilla parlait de tout et de rien et Roxton lui répondait et l'écoutait en souriant.
Au loin, il voyait la photographie de lui, Ned, Véronica, Challenger et Marguerite. Sa fille qui parlait lui rappella combien il s'ennuyait d'eux.
Il s'était beaucoup d'amis depuis cinq ans et ne pouvait pas le nier. Un amie entre-autre qu'il appréciait plus que les autres. Et il était devenu un homme sérieux. Il allait dans des grandes soirées à l'occasion, donnait parfois des conférences de presse et s'occupait de sa mère quand elle en avait besoin.
Il s'occupait beaucoup de sa fille mais il savait bien que s'il l'habituait à devenir dépendante à lui, elle deviendrait sûrement un enfant gâté ou un grand bébé, alors il lui laissait juste assez de liberté pour qu'elle devienne indépendante et la surveillait juste assez pour qu'elle sache qu'il aimait plus que tout et qu'il l'aimerait toujours, peu importe ce qui arrivait.
Mais pour le moment, elle avait cinq ans et elle avait beaucoup de jasotte.
-Dit papa, tu m'écoutes ?
-Bien sûr ma chérie, mais je me demandais si tu avais envie d'aller voir des amis à moi demain ?
-On va voir Monsieur Watson ?
-Oh non, ce sont des amis que tu n'as jamais vu.
-Ils sont gentils ?
-Très gentils.
-Alors je veux bien !
La fillette n'avait pas les cheveux aussi foncés que sa mère ou son père mais elle avait de grands yeux verts souriant. Et chaque fois qu'elle souriait, Roxton croyait revoir Marguerite.
*-*-*
Jeanne entendit quelqu'un sonner à la grille et regarda Anatole qui s'occupait à autre chose. Elle décida d'aller voir par elle-même.
La jeune rousse sortit et accourru jusqu'à la grille. Une homme et une fillette se tenaient derrière.
-Je peux vous aider ?
-C'est bien ici que les Malone vivent ?
-Oui. Edward et Véronica.
-Pourrions-nous les voir Mademoiselle ?
L'homme souriait et était très séduisant et Jeanne faillit ouvrir, mais elle se dit que se n'était peut-être pas une bonne idée.
-Qui dois-je annoncer ?
-John et Priscilla Roxton.
La bonne eut un sursaut et ouvrit immédiatemment la grille.
-Entrez, entrez, ils vont être très heureux de vous recevoir.
Roxton sourit de plus belle quand il fut entré dans la maison. Anatole regarda Jeanne, scandalisé et la prit appart.
-Jeanne ! Pourquoi tu as fait entré ces deux personnes ?!
-Du calme Anatole, ce sont John et Priscilla Roxton.
-Et qui te dit que ce ne sont pas des menteurs ?
-Tu as déjà vu les photos ?
Anatole les observa et aquiesça.
-Tu as raison.
Le serviteur sourit et débarrassa l'homme et sa fille de leur manteaux et chapeaux. La petite portait une robe bleue plutôt simple et avait ses cheveux nattés. Elle avait un grand sourire et semblait impatiente de voir ses hôtes.
-Venez monsieur. Monsieur et madame sont dans le parc avec le jeune Thomas. Je vais vous conduire à eux.
Priscilla prit la main de son père et suivit les deux hommes jusque dans le parc.
Ned et Véronica leur faisait dos. Ils discutaient. Véronica avait ses cheveux attachés comme une parfaite Britannique et tenait un bébé dans ses bras. Ned riait.
Roxton s'approcha d'eux et fit signe à sa fille de rester silencieuse. Il posa sa main sur l'épaule de Ned.
-Bonjour.
Le jeune couple sursauta et tous deux se levèrent et se retournèrent.
Ned arriva pour parler mais il était bouche-bée. La même chose arriva à Véronica. Tous deux se regardèrent et ils sourirent.
-Roxton ! finit par dire Ned, toujours en souriant et en riant
Tous deux se prirent dans leurs bras comme le font deux hommes et Roxton déposa un léger baiser sur la joue de Véronica.
-Oh, Roxton, assoyez-vous… et vous pourriez nous présenter, fit Véronica en souriant et en regardant la jeune fille
-Priscilla, je te présente Ned et Véronica Malone, mes meilleurs amis. Ned, Véronica, je vous présente ma fille Priscilla. Mais vous l'avez déjà vu je crois bien.
-À sa naissance, il y a cinq ans. Assoyez-vous, voyons. Roxton, on croyait ne jamais vous revoir ! commença Ned
-Mais je suis là, répondit celui-ci en souriant, et comme ça, nous avons un Ned version miniature à ce que je vois.
Véronica sourit en comprenant qu'il parlait du bébé.
25 octobre 1929
Roxton est venu nous visiter aujourd'hui. Quelle bonne surprise ça été ! Sa fille est adorable et lui, il n'a pas changé. C'est sûr que quelques fois son regard se perd et devient triste mais il reste toujours le bon vieux Roxton que j'ai toujours connu.
Les jours ces temps-ci sont paisibles et on pourrait presque se croire en campagne avec notre maison. Mais il y a quelque chose de bizarre. Quelque chose sur quoi je n'arrive pas à mettre le doigt. Bon d'accord, les rêves que je fais, mais il y a autre chose. Il y a une présence dans cette maison, comme s'il y avait toujours quelqu'un près de moi.
Ce n'est pas menaçant. C'est plutôt réconfortant même. Mais… c'est troublant.
Véronica Malone
Véronica s'éveilla en sursaut, couverte de sueur. Elle avait encore rêvé. Elle avait encore vu la même chose qui se répétait sans cesse dans son esprit troublé.
Véronica. N'ayez pas peur.
Une femme s'agenouilla près du lit. Véronica la reconnu immédiatement et eut un mouvement de recul.
Je vous en prit, écoutez-moi.
Elle devait halluciner. Il n'y avait pas d'autres explications, elle hallucinait, elle était encore fiévreuse. Elle secoua la tête et ferma les yeux.
Véronica, c'est moi, je vous en prit…
-Non, non.
-Véronica ? demanda Ned en se réveillant, Que se passe-t-il ?
-Elle revient elle est là.
-Qui ça ?
Véronica ouvrit les yeux et vit que la femme était partie.
La respiration de la jeune blonde accéléra et elle se leva. Elle se plaça là où le fantôme se tenait quelques instants auparavant et passa ses mains dans ses cheveux, ne comprenant pas ce qu'il se passait.
-Je sais que je ne suis pas folle.
-Véronica, calme-toi, fit Malone en la rejoignant
-Marguerite !
-Elle est morte, calme-toi. Tu as dû faire un cauchemar.
Véronica hocha la tête et finit par se calmer.
-Oui, oui tu as raison. Désolée de t'avoir éveillé.
*-*-*
Priscilla ouvrit lentement les yeux.
Priscilla, réveille-toi…
La fillette ne comprit pas tout de suite. Il n'y avait pas de femme dans sa maison et sa grand-mère qui venait parfois n'avait pas du tout cette voix.
Chérie…
-Maman ?
Oui, c'est moi.
La petite se leva et avança. Une dame se tenait au bout de sa chambre. Le fantôme d'une dame. L'enfant s'approcha et tendit sa main. La dame tendit aussi sa main. Leurs mains se travèrsèrent et Priscilla eut l'impression qu'un courant d'air glacial était entré dans sa chambre. Mais bizarrement, ce n'était pas vraiment désagréable. C'était comme… rafraîchissant.
L'enfant sourit.
Écoute-moi chérie. Demain, tu vas devoir aller voir Véronica. Tu vas devoir aller lui dire de sortir la planche magique. Tu vas lui dire de ne pas avoir peur de moi.
-Papa me dit de ne pas écouter les étrangers.
La jeune femme s'agenouilla et sourit. Elle baissa la tête et ses mèches tombèrent dans son visage.
Ton père a bien raison. Mais tu sais que je suis ta mère cocotte.
-Comment en être sûre ?
Le fantôme ouvrit la main de la jeune fille et y déposa sa propre main. Elle sourit et disparut.
Priscilla regarda sa main. Il y avait un pendentif à l'intérieur. Elle tira ses rideaux et regarda le médaillon à la lumière naissante du jour.
C'était un cœur. Elle l'ouvrit et des choses étaient écrites à l'intérieur. Et des trois mots qu'elle connaissait elle en reconnu un : Marguerite.
Elle s'habilla et descendit lentement pour ne réveiller personne. Elle mit son manteau et son chapeau et sortit de la maison.
Elle courru dans les rues de Londres avec le médaillon de sa mère. Ses petits souliers noirs frappaient le sol et les oiseaux s'envolaient à son passage. Un homme matinal la regarda passer de sa fenêtre et fronça les sourcils.
Mais peu importe ce qu'il se passait, elle faisait ce que sa mère venait de lui demander.
