Mélusine d'Oratlante
Métaphysique du Psychopompe
Revieweurs zadorés, bonjour ! De la fenêtre de mon charmant bureau, je peux constater avec quelque humeur que le temps n'est pas au beau fixe, ceci m'obligeant à écourter ma réunion mensuelle du Club des Téléporteurs Imagiversels (à ma grande déception comme vous pouvez l'imaginer… hem) pour cause de turbulences dans le ciel lyonnais. Zut alors. Me voilà forcée de vous terminer un quatrième chapitre… à ce stade-là les enfants, c'est de l'esclavagisme.
D'ailleurs, je réclame sur-le-champ une augmentation : plus de reviews ! plus de lignes ! plus de commentaires ! Littérarisez, les jeunes, courage ! Mais faites gaffe aux inventions, le Conseil est en train de piquer la crise du siècle…
[A ce propos, s'il y a des Mystifileurs parmi vous, laissez-moi vous mettre en garde : suite à des vols plus ou moins importants de Source dans plusieurs Imagivers au cours des mois derniers, l'Assemblée a décidé de prendre des mesures radicales à l'encontre de ceux qui voudraient détourner une partie de l'Energie de leur monde mesures qui s'appliqueront également si des Doués venaient à abuser de leur Imagination, ce qui serait trop dangereux par cette période d'équilibre instable. Enfin, c'est ce qu'affirme Viférine mais vous savez comme moi à quel point ce vieux grincheux aime à chercher des noises, et mieux vaut ne pas se le mettre à dos. Si vous avez besoin d'une Source de quantité dépassant le Fil autorisé, rendez-vous comme d'habitude au Temple de la Grande Lumière, à Altaïr, et demandez l'aide du Faërian Alizar de Girade. Avant cela, ne créez pas de personnages, ou ne modifiez pas une histoire en cours ! Les Raisonneurs sont à l'affût du moindre mouvement de source. Préparez-vous à répondre au premier appel de l'Ordre, nous vous contacterons.]
Bonne lecture,
Mélusine.
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Fin du second chapitre :
« … Il y avait le long couloir bordé d'acajou, de meubles, de marbre, et au bout…
L'escalier.
L'étage.
Le coffre aux merveilles.
Il se redressa, frémissant d'anticipation. Le plaisir lui étreignit la gorge, et il fit un pas en avant pour chasser son angoisse. Il leva les yeux vers l'étage, au haut des degrés, où une porte entrouverte faisait un jour livide.
Un jour ?
Richie secoua la tête pour chasser ces sottes pensées dues à l'imagination. Il était minuit, et si la porte était bien ouverte à son tiers, il n'y filtrait pas la moindre lueur. Saisit par le désir d'aller à la rencontre de son destin, Richie, serrant le sac contre son ventre, les mains serrées avidement par la cupidité, amorça l'ascension de sa Fortune… »
Métaphysique du Psychopompe
Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal
(deuxième partie :)
Vie et Mort en l'Heure enchanteresse
Les yeux humides d'excitation, Richie passa un doigt aux ongles en deuil (Mummie, de son vivant, voulait toujours lui laver les mains) sur le bois lisse de la rampe avec un plaisir intense. Qu'y avait-il en haut ? C'était sûrement les chambres, les coffres remplis de bijoux, la boiserie précieuse des meubles anciens et la fascination inexorable de quelque Ailleurs doré. Richie avait la nette impression que la fortune allait venir à sa rencontre dans une robe de lamé, et lui tendre, avec aux lèvres un sourire enjôleur, sa pipe et ses pantoufles. Il eut un sourire un peu béat et très vague en direction du vide sombre et poussiéreux, et s'engagea dans l'escalier.
D'un premier abord, les marches n'étaient pas si solides branlantes, pour la plupart, certaines brisées par endroits, le marbre taché de couleurs suspectes. A la réflexion, il n'était pas certain du tout que personne n'y fût jamais entré, ou tout au moins – et Richie sentit un long frisson parcourir son échine – des gens avaient dû y pénétrer, quand bien même ils n'étaient pas ressortis. Le faisceau de lumière hésitante parut vaciller quelque peu. Il se dit qu'il aurait pu commencer par le bas, où il devait y avoir de l'argenterie, quelques bibelots.
La main serrée si fort sur la courroie du sac que celle-ci lui meurtrissait l'épaule, il monta lentement, le cœur au bord des lèvres. Le bois lisse au verni un peu terne frôlait ses doigts avec sensualité, comme une peau de fille, et cette pensée le rasséréna. Il aurait le loisir de s'en payer, des filles, et des belles ! une fois fortune faite. Quel imbécile était-il, à prendre peur pour des histoires de spectres ?! Le plus maléfique dans cette maison, était sûrement les araignées ! Quelques chauves-souris tout au plus… Et que peuvent deux-trois bestioles contre deux torches et une matraque ? Matraque dûment volée au demeurant, à un policeman proprement assommé (« il n'y a pas de petits profits », comme Mummie le disait toujours) et dépouillé d'un certain nombre d'effets personnels. Avec la force de la Loi en poche, on ne pouvait rien craindre… Richie ricana.
Ragaillardi, il posa le pied sur le sol marbré du premier étage.
*****
Le couloir était large, mais tout en longueur : une rampe de fer ouvragé et de bois sculpté servait de garde-fou pour le vide en contrebas, et bordait avec une raideur majestueuse les portes placées tout le long, joignant les deux plus grandes en vis-à-vis. La symétrie en était absolue, pièce maîtresse de l'ouvrage et cette perfection vieillissante n'avait rien pour rassurer, participant de l'atmosphère confinée de la demeure. Toutes les portes étaient closes, exceptée celle qui faisait face à l'escalier, paraissant prolonger l'ascension au-delà des marches de pierre. Au contraire des autres, drapées d'ombre et de poussière, elle se présentait curieusement délabrée. S'approchant légèrement courbé, Richie remarqua que le sol en mosaïque était plus usé, à tel point même que quelques morceaux manquaient : cela lui rappelait les vieux palais romains aux murs en ruines, dont on ne voit que le péristyle et où l'on doit imaginer il en avait vu autrefois, lorsqu'un camarade de son père, brocanteur de son état, l'avait traîné par la manche jusqu'à de vieux musées. Richie n'avait pas apprécié ses visites, et il n'avait guère ressenti d'affection pour ces vestiges d'architecture, dont les décombres ne valaient plus rien, mais qui lui évoquaient immanquablement la mort et l'oubli.
Traversé par une inquiétude soudaine, dont il sentait la boule rouler une douleur sourde au fond de sa gorge – n'aurait-il pas mieux valu qu'il commençât par le salon et la bibliothèque, en bas ? – il posa une main hésitante sur le bouton en forme de poire, et laissa glisser ses yeux sur des marques étranges hachées sur le bois, à hauteur d'homme.
La main droite toujours sur la poignée, il suivit de l'autre le contour des empreintes creusées à même le bois, biscornues et qui lui paraissaient pourtant familières. Richie recourba les doigts en crochets, et fit mine de griffer le bois de sa main en serre. Les entailles correspondaient.
Des marques d'ongles.
Des ongles humains.
*****
Qu'est-ce que…
Richie recula brusquement, saisi d'une frayeur soudaine, et son dos rencontra le bois dur de la rampe, et la douleur le fit grimacer autant que l'angoisse – il ne comprenait pas, qui avait pu griffer la porte, pourquoi, qui était-ce, que s'était-il passé, et tout était si silencieux et la porte ouverte et il fallait partir il sentait le danger – mais il ne pouvait renoncer, pas maintenant, pas à présent qu'il l'avait trouvée, il devait la ramener avec lui et revenir, tout prendre, c'était à lui maintenant et…
La porte grinça.
Richie fit un pas en arrière, et un long gémissement de terreur monta de sa gorge, il écarta les bras en arrière, pris d'un réflexe inconscient de survie, et le sac balança sur son épaule, et bascula, et Richie fut tiré en arrière.
Il s'agrippa à la rampe, pesant de tout son poids conjugué à celui du sac sur l'armature de métal. Richie sentit la rampe bouger sous ses mains pris d'un sursaut incoercible, il desserra son étreinte de la courroie et le sac de toile bleue chut dans le vide, lourdement entraîné par le poids de la statue qu'il contenait.
Richie poussa un cri de bête blessée à l'écoute du bruit sourd qui suivit de peu la chute, en voyant le sac rouler plusieurs fois sur lui-même, et s'arrêter cinq mètres plus bas, deux mètres plus loin, en rencontrant le pied d'un fauteuil moisi.
A contempler ainsi le vide, Richie fut pris d'un soudain vertige. Il se détourna du gouffre pour faire à ses peurs, matérialisées sur une porte de chêne. Il se rendit alors seulement compte à quel point la maison était ancienne, et une grande partie de ses craintes s'envolèrent. Après tout, de quand pouvaient bien dater ces marques ? Allez, il avait entendu dire que les précédents propriétaires étaient morts, cela faisait presque quarante ans. A supposer que ces marques fussent la cause de tortures infligées au petit dernier de la famille (Richie fut secoué par un rire nerveux) tout ce qui pouvait en subsister à présent était… quoi, un fantôme ? Les fantômes n'existaient pas, Richie n'était pas à ce point idiot, et puis dans le cas contraire, il aurait déjà été mort depuis longtemps, non ? Richie se souvint d'avoir vu, enfant, un film à la télévision où des fantômes stupides étaient mis en échec par un gamin dégourdi. Richie n'était pas plus bête qu'un autre, et si (hypothèse improbable) il se trouvait des fantômes dans cette maison, ce serait toujours un moyen facile de se faire du fric. Les gens payent pour n'importe quoi, de nos jours, disait toujours son 'Pa, et Richie était sûr que les fantômes plairaient.
Les mains vides mais le cœur plein de voracité conquérante, Richie ouvrit en grand la lourde porte qui grinça sur ses gonds.
*****
C'était une chambre d'enfant, vide et vaste, pleine de poussière et de souvenirs. La plupart des nombreux jouets qui jonchaient le sol étaient brisés le petit lit aux barreaux sombres, dont les couvertures pendaient jusqu'au sol, à-demi rongées par le temps, obstruait le passage vers une grande armoire ouvragée, poussé comme il l'était en travers de la pièce.
Les rideaux tirés lamentablement dans une esquisse de bon goût ne parvenait pas à cacher la déchirure béante du carreau, rendu opaque par les ans, rayé par les intempéries autant que par les jeux de quelques enfants au courage imbécile. Çà et là, des tentures moisies pendouillaient tristement, soutenues faiblement par des anneaux sertis dans la rouille. Les meubles éventrés qui flanquaient les murs douteux laissaient sortir la tripaille colorée de vêtements épars, dégoulinant en traînées flétries par-dessus les tiroirs béants, au bois rongé, et prêts à s'effondrer sur le sol endeuillé du crêpe sordide de la poussière.
Le visiteur s'avançait, muet devant le carnage des tissus flétris et des couleurs fanées, n'osant effleurer ces vestiges de peur de voir la pièce, inévitablement, se désagréger comme volent les cendres de l'urne funéraire, infimes, insensibles, tenaces.
Le sol parqueté était resté solide bien que les lattes eussent été polies dans l'uniforme par le Temps, qui seul fait l'Égalité, il demeurait stable sous le poids d'un homme, et appui rassurant pour celui qui appréhendait de se retrouver un étage plus bas dans un désordre effroyable d'os et de pierres disloquées.
Serrant le plus fort qu'il pût sa torche à bout de bras, Richie fit du regard le tour de la pièce. Que venait-il faire là ? Pas d'objets de valeur, pas de coffres secrets, pas la moindre trace en somme d'un intérêt potentiel. Une chambre d'enfant : là où l'on ne cache rien que des grillons en boîte, des fourmis en bocal et quelques coccinelles – du moins, c'est ce que Richie se rappelait avoir caché dans la sienne, au temps où il vivait derrière un pré, quelque part à la campagne. Peut-être que les gosses de riches ne collectionnent pas les insectes ? Des salamandres, à la rigueur… mais sûrement pas de l'argent, des bagues et autres solitaires. Il n'y avait rien que l'on pût garder, de toute manière, tout était si délabré !
Richie se détourna pour partir, jetant un regard machinal au petit meuble qui surplombait le cheval à bascule. Il y avait au-dessus un petit livre à la couverture noire, et qui avait dû séjourner dans l'eau car les pages gondolées le tenaient ouvert. Richie attrapa le bouquin d'une main désinvolte, le feuilletant avec la nonchalance perplexe qui s'imposait il n'avait jamais compris l'intérêt que l'on pouvait porter à des volumes remplis de texte, qui contenaient pour la plupart tout un imbroglio de fadaises invraisemblables, et n'apprenaient rien au contraire des vraies gens, dont l'enseignement permettait d'ouvrir n'importe quelle porte et de savoir par où passer, lorsqu'il fallait s'enfuir. Ça… un vieux bouquin, à quoi ça pouvait bien servir ?
Les pages étaient vierges. Oh ! pas blanches, non, pleines de taches et d'auréoles dues à l'âge et à de possibles épreuves mais dépourvues de la moindre forme d'écriture.
A moins que… qu'est-ce que c'était que ce nom ? Richie courba l'échine, plissant ses petits yeux perçants pour déchiffrer les initiales gravées à l'encre sur la page de garde, mais le papier était déchiré largement en son milieu, et il ne put rien voir. Bah ! quelle importance… il n'avait rien à faire d'un… d'un quoi ? un journal ?
Richie lança le livre, qui rata le petit meuble et retomba au sol avec un bruit de pages froissées, au moment où Richie portait son pouce fendu à ses lèvres. « Saloperie, » marmotta-t-il entre ses dents, tandis qu'il suçotait la coupure causée par le vélin jauni. De rage, il ploya sa courte taille pour agripper le carnet noir, et s'apprêta à le déchirer pour l'offense. De surprise, il suspendit son geste.
« Non, » était-il écrit sur la première page.
Richie retint l'envie qui lui venait de balancer le livre à travers la pièce, et ouvrit à nouveau le petit volume relié, le tournant sous toutes les coutures pour l'examiner plus avant il relut l'inscription au dos qui donnait l'adresse d'un papetier de Vauxhall Road, Londres (Richie connaissait) et parcourut des yeux le nom, illisible, du propriétaire. Mais impossible de retrouver le mot unique qu'il venait de lire : il avait comme disparu. Diablerie… Un frisson lui parcourant l'échine, Richie tendit le bras pour reposer le livre, avec un luxe de précautions qui frisait le culte, sur le petit meuble poussiéreux où s'imprimait la trace de l'ouvrage. Il le posa ouvert, comme un enfant entrouvre la porte pour ne pas voir ce qu'il y a de caché derrière, et qu'il sait horrible et terrifiant.
Et deux autres mots apparurent.
Trop tard.
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Hahaha !
J'ai cru voir un cliffhanger… et oui, c'est raté pour la super-géniale-grande révélation ! Dommage, hein ? Bah, tout le monde a plus ou moins compris ce qui allait se passer… si ce n'est pas le cas, il faudra survivre jusqu'au prochain chapitre – je vous fais grâce de deux chapitres séparés, vous me remercierez plus tard mes chéris.
Demain je me rend à une brocante, et je dois me lever à quatre du matin… bref, j'ai intérêt à préparer le terrain pour un chapitre pas trop long, et qui calmera la faim des lecteurs en mal de distractions. Courage, preux Galaad ! tout vient à point à qui sait attendre, et je te promets que tu entreverras des rapports entre les chapitres bien assez tôt. Quant à ma chère Angie (à qui je me réfèrerai quand je voudrai écrire une biographie des Grands Méchants de la littérature enfantine, lisez donc son petit guide à l'usage du parfait Mangemort…) qu'elle ne s'inquiète point, je lui donnerai un tout petit spoiler en guise d'amuse-gueule à mâchonner durant le week-end.
En attendant… si le temps vous dure trop, n'oubliez quand même pas que j'ai écrit dix autres fics, et qu'elles ne sont pas toutes bonnes à jeter aux orties, mmh ? Mais non, je ne fais pas de la pub personnelle ! Qu'allez-vous donc penser là… ?
Bises à tous, et gloire à (*biiip* spoiler !) T.M.R. alias T.E.J. !!!
(Et une pensée émue pour mon cher Gary Oldman, qui fera un merveilleux Sirius)
Rêveusement,
Mélusine.
